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fantasy - Page 2

  • Fantasy pour rire (et pour vendre)

    L’une des meilleures pubs du moment nous vient de Canal+. "Le secret de Wakany", réalisé par Antoine Bardou Jacquet pour BETC. Sa version originale d’une minute trente devrait se décliner en format deux fois plus long pour le cinéma.

    Véritable court-métrage, cette publicité humoristique entend mettre à l’honneur les séries à succès, le binge-watching (certes en perte de vitesse actuellement) et la déception de spectateurs addicts jusqu’à la folie et pouvant être déçus par la fin de leur série favorite. Inutile de donner des exemples : tout le monde a connu des épilogues tellement décevants et que le sentiment de gâchis est énorme et mémorable.

    Puisqu’il s’agit d’une œuvre commerciale, le commanditaire, Canal+, termine par son message et slogan : “Ne confiez pas votre imagination à n’importe qui”.

    "Le secret de Wakany", véritable coup de maître publicitaire, est une jolie réussite et un coup de griffe aux créateurs de série parfois dépassés par le succès.

    Publicité "Le secret de Wakany" pour Canal+, 1 mn 30
    Réalisé par Antoine Bardou Jacquet pour BETC
    https://tbtc.fr/secret-wakany-canal-campagne-pub

    Voir aussi : "Différenciation de la vitesse d’évolution intellectuelle"

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  • Retour sur Tolkien et sur la Terre du Milieu

    Tolkien serait-il la grande star de cette fin d’année ? Il faut le croire, avec la sortie de la série Les Anneaux de Pouvoir, considérée comme la création télé la plus chère jamais tournée. Le magazine Première surfe sur le phénomène d’un des auteurs majeurs du XX siècle et dont l’œuvre est devenue culte.

    En moins de 100 pages, le magazine spécialisé revient dans un numéro spécial sur cette saga de fantasy et repart "sur les traces de l’écrivain le plus passionnant du XXe siècle… [fait] l’inventaire de son héritage, et [examine] l’impact de son chef d’œuvre sur la pop culture", comme l’écrit Gaël Golhen dans son éditorial.

    Dans ce hors-série, honneur à l’actualité avec un large dossier consacré aux Anneaux de Pouvoir, la série d’Amazon, résultat aussi, nous explique Sylvestre Picard, d’une bataille juridique autour des droits de l’œuvre de Tolkien.  

    Le journaliste souligne que la somptueuse création télé a été écrite d’après les appendices du Seigneur des Anneaux. D’où la question : pourquoi les créateurs n’ont-ils pas jeté leur dévolu sur le Silmarillion, l’autre œuvre emblématique de Tolkien ? La réponse risque de déconcerter plus d’un et plus d’une. 

    Un adaptation par Kubrick à laquelle auraient collaboré Les Beatles

    Une interview du scénariste J.D. Payne et du réalisateur Juan Antonio Bayona permet au lecteur d’entrer – un peu – dans les arcanes de la création de la série.

    Le magazine a également la bonne idée de revenir sur quelques personnages emblématiques du Seigneur des Anneaux, que la nouvelle création d’Amazon reprend, avec certes de nouveaux visages. Et l’on pense inévitablement à Galadriel, portant fort bien ses 1970 ans.

    Outre une interview de John Howe, artiste incontournable quand on pense à Tolkien, Première s'intéresse à l’écrivain britannique et sur la lente maturation d’une œuvre capitale de la littérature mondiale. La question des droits revient sur le tapis, avec une autre figure, Christopher Tolkien, son fils, décédé il y a quelques années, et farouche défenseur de la mémoire de son père.

    Le lecteur apprendra sans doute que Le Seigneur des Anneaux a suscité dès les années 60 des passions et des soifs d’adaptation. À ce sujet, François Léger détaille le vrai du faux s’agissant d’un projet de film réalisé par Kubrick à laquelle auraient pu collaborer… Les Beatles. Autre adaptation, celle en dessin animé de Ralph Baski en 1978, mais qui, hélas, se contenta d’un seul film contre trois imaginés à l’origine.

    Première consacre évidement une grosse moitié de son numéro spécial à la version légendaire, majestueuse et définitive du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson. Comment a travaillé lé réalisateur néo-zélandais ? Comment a été reçu le film ? Pourquoi la communication a joué sur les nouveaux médias de l’Internet pour susciter le buzz ? Des interview, des focus sur les versions DVD et Blu-ray, une analyse croisée des sagas Star Wars et de Tolkien et un regard sur l’influence sur la culture pop achèvent de faire de ce numéro une passionnante visite de La Terre du Milieu. 

    Fans de fantasy, ce numéro spécial est carrément inratable. Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et maisons de la presse jusqu'à fin octobre.

    Numéro spécial Première "Retour en Terre du Milieu",
    septembre-octobre 2022, 98 p.

    https://www.premiere.fr

    Voir aussi : "Avant Frodon, Bilbo et Gandalf"

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  • Un podcast sur la fantasy pour les présenter tous 

    Alors que sort sur Amazon Les Anneaux de Pouvoir, le préquel du Seigneur des Anneaux, il n’est sans doute pas inutile de faire un focus sur ce genre littéraire passionnant qu’a révolutionné Tolkien en profondeur et pour longtemps. Mais que recouvre la fantasy ? d’où vient-elle ? Qui l’a créé ? Pour répondre à ces questions, rendez-vous sur la série de podcasts, C’est plus que de la fantasy, proposé par le site C’est plus que de la SF du journaliste Lloyd Chéry.  Anne Besson, la marraine de la saison 1, est l’invitée du premier épisode, "Introduction à la fantasy".

    L’universitaire et spécialiste en fantasy répond aux questions de Lloyd Chéry avec un plaisir et une passion communicative, balayant en moins d’une heure près d’un siècle et demi d’un genre littéraire  finalement très jeune. Elle commence par répondre à une question fondamentale : quel est le point commun de toutes ses œuvres de fantasy aussi différentes que Le Seigneur des Anneaux, la saga des Conan, Le Trône de Fer ou les œuvres de Robin Hobb. "La magie", répond-elle et les "mondes magiques", qu’ils soient autonomes, décalés, qu’ils ressemblent aux nôtres ou qu’ils y soient reliés.  

    L’Heroic fantasy, ce sous-genre ancré dans un monde médiéval imaginé (avec l’influence des légendes arthuriennes), est souvent identifié à la Fantasy. C’est un raccourci, commente Anne Besson, qui rappelle les autres sous-genres comme la dark fantasy.

    L’auditeur découvrira un auteur peu connu William Morris, l’auteur à la fin XIXe d’une série de romans constitués de contes et de mythes imaginaires (Aux Forges de Vulcain). Il est redécouvert des années plus tard et réédité. La fantasy est identifié comme un genre à part entière avec Linn Carter dans les années 60, mais il ne deviendra une littérature dite "sérieuse" qu’avec la reconnaissance de Tolkien.

    Les années 30 voient l’arrivée d’une deuxième étape dans l’émergence de la fantasy, avec la série Conan de Robert E. Howard, imprimée en pulps. Pourtant, c'est bien Tolkien qui "re-relance" la fantasy avec le Hobbit en 1937 et Le Seigneur des Anneaux en 1954. Des éditions pirates dans les années 60, puis le succès de Conan dans le même temps, voit l’explosion de la fantasy, y compris dans des aspects jusque là inédits : la naissance des jeux de rôles, des éditions pirates de Tolkien et des copies grossières du Seigneur des Anneaux.

    Fantasy et SF restent statistiquement genrés

    Les années  1990 seront celles d’un retour fracassant de la fantasy en France, avec de jeunes maisons d’éditions spécialisées (Mnémos, Bragelonne) et les premières recherches universitaires. Par contre, nuance Anne Besson, les universités n’ont pas encore ouverts complètement leurs cours à la fantasy, pour de bonnes et de mauvais raisons.

    La fantasy est un genre aimé particulièrement par un public jeune car il y "un lien fondamental avec l’enfance", que ce soit la place du merveilleux, de la magie ou encore l'importance de jeunes héros avec qui les enfants et les adolescents peuvent s'identifier.

    Qui dit fantasy, dit science-fiction. Entre les deux genres, la spécialiste fait remarquer que le premier est plus présent en littérature alors que le second est plébiscité au cinéma. Il est vrai que sur grand ou petit écran "la fantasy fait facilement kitsch". Deuxième observation : il faut admettre que fantasy et SF restent statistiquement genrés, la fantasy étant plus apprécié du public féminin et la SF plus masculin. Pour l’universitaire, la grande tradition des conteuses explique en partie l’attrait du public féminin pour les œuvres de Tolkien ou Hobb.  

    Anne Besson évoque deux sagas importantes : Game of Thrones d’abord, plus réaliste, plus politique, plus historique aussi. Mais est-ce un renouvellement ? Oui, répond l’universitaire, en ce qu’il plus âpre et plus manipulateur… Populaire grâce à la télévision, Le Trône de Fer est devenu une saga poids lourd.

    Autre œuvre poids lourd : Harry Potter. Mais est-ce de la fantasy ? Oui, répond Anne Besson. Et c’est aussi une œuvre qui a renouvelé  la fantasy en la rapprochant du fantastique, avec des moments d’horreur gothique.

    L’épisode se termine par l’évocation des autres univers de la fantasy : la fantasy africaine, asiatique et plus généralement non-occidental.

    Honneur enfin à la France, avec une fantasy de qualité mais manquant d’un grand succès pour faire sa mue. Il manque sans doute de relais – médiatiques ou adaptations télés à succès – pour faire sortir la "french fantasy" de sa niche.

    Avec cette introduction à la fantasy, C’est plus que de la fantasy entend bien participer à la reconnaissance d’un genre encore – très jeune – et appelé à se développer avec le temps. 

    Un autre podcast est d'ores et déjà en ligne : "La Quête de l'Oiseau du Temps - Régis Loisel & Serge Le Tendre"

    Podcasts, C’est plus que de la fantasy, saison 1, 2022
    https://podcast.ausha.co/c-est-plus-que-de-la-fantasy
    https://podcast.ausha.co/c-est-plus-que-de-la-sf

    Voir aussi : "Vous reprendrez bien un peu de fantasy ?"

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  • Avant Frodon, Bilbo et Gandalf

    La série de tous les superlatifs, la plus attendue de 2022, la plus chère et l’une des plus commentées est l’un des événements majeurs de cette rentrée. Les Anneaux de Pouvoir, préquel à la trilogie du Seigneur des Anneaux et aussi du Hobbit, a débarqué la semaine dernière sur la chaîne payante Amazon Prime. Que valent – subjectivement bien sûr – les premiers épisodes ? Une des réponses, ici.

    Tour d’abord, une mise au point s’impose : ce nouvel opus de la saga consacrée à l’imaginaire Terre du Milieu n’est pas une adaptation de l’œuvre de Tolkien mais une inspiration, qui se situe au cours du second âge dans sa chronologie imaginaire. Les admirateurs invétérés de l’écrivain britannique auront sans doute à redire dans la série télé et dans certains choix scénaristiques. Pour le reste, nul doute que les créateurs, avec la bénédiction des ayant-droits de l’auteur de Bilbo le Hobbit et du Seigneur des Anneaux, retrouveront dans Les Anneaux de Pouvoir l’ADN des livres adaptés avec génie par Peter Jackson.

    Disons aussi que la fiction événement d’Amazon a su mettre les moyens : pas d’actrices ou d’acteurs bankables mais des paysages à couper le souffle, des effets spéciaux visuels magnifiques, des costumes et des accessoires conçus avec des luxes de détail et une pléthore de personnages tout aussi marquants les une que les autres, avec notamment une héroïne fière et courageuse. 

    Il faudra attendre la moitié du deuxième épisode pour que le récit commence à se mettre en branle

    Plusieurs milliers d’années avant les quêtes de Bilbo puis de Frodon et Gandalf et leur redoutable anneau unique, la Terre du Milieu semble vivre dans un calme relatif. Une guerre meurtrière vient de défaire l’être divin maléfique Morgoth, suite à une alliance entre elfes, nains et humains. La paix semble promise aux différentes peuplades, les Piévelus inclus, des hobbits indépendants et vivant en osmose avec la nature.

    La princesse et guerrière elfe Galadriel a combattu contre le Morgoth et a perdu notamment son frère adoré. Lorsque la guerre prend fin, elle est cependant persuadée qu’une nouvelle menace rampe, menace qui se nomme Sauron. Sa traversée dans les glaces montagneuses du Helcaraxë, l’une des premières séquences impressionnantes de la série, ne la convainc pas qu’elle a tort. Elle est cependant priée, avec les autres guerriers et guerrières de son peuple, de remiser les armes. Le doit-elle, tant il est vrai que "le mal ne dort jamais,  il patiente" ?  

    Les Anneaux de Pouvoir est la série la plus chère de l’histoire de la télé, et ça se voit. Tout a été fait pour donner à ce préquel du Hobbit et du Seigneur des Anneaux le statut de saga de Fantasy emblématique. Le spectateur devra par contre s’attendre à un premier épisode relativement lent, qui campe patiemment ses personnages. Patience. Il faudra attendre la moitié du deuxième épisode pour que le récit commence à se mettre en branle, avec une Galadriel prenant son destin en main alors que son bateau approche de Valinor, un forgeron elfe ambitieux, des piévelus découvrant une étrange et divine apparition, un soldat elfe et une paysanne humaine découvrant un très grand danger, sans oublier des nains roublards et fiers de leur indépendance.    

    Ça promet pour la suite. 

    Les Anneaux de Pouvoir, série de Fantasy de J. D Payne et Patrick McKay,
    avec Morfydd Clark, Robert Aramayo, Owain Arthur, Megan Richards
    et Charles Edwards, 2022, Amazon Prime

    https://www.primevideo.com
    https://www.tolkienestate.com/fr

    Voir aussi : "Vous reprendrez bien un peu de fantasy ?"

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  • Les cygnes du crime

    Pour Encens (éd. SNAG), Johanna Marines transporte le lecteur à la Nouvelle Orléans, en 1919. Mais il s’agit d’une Louisiane imaginaire, dans un style steampunk. Ce sous-genre de la fantasy utilise la culture et l’esthétique des révolutions industrielles. Dans ces mondes imaginaires, se côtoient machines à vapeur, costumes victoriens ou second empire, bâtiments haussmanniens et omniprésence de l’acier.

    Dans Encens, l’Amérique de Johanna Marines est celle d’une Louisiane encore marquée par l’esclavagisme, la ségrégation et la Guerre de Sécession. Mais les progrès scientifiques ont conduit à la création d’illusionnautes, des ouvriers mécanisés qui ont remplacé les esclaves noirs ("[Les] automates [ont] remplacé nos pères dans les champs de coton") et ont pu par là même générer de nouveaux problème pour la société – imaginaire – de l’époque. Aux revendications de liberté pour ces machines répond une défiance de la part des êtres de chair et de sang. Cette coexistence difficile a conduit à des drames : "Les conflits entre automates et humains n’étaient qu’un éternel recommencement. Il y avait eu trop de morts dans les deux camps. Les souvenirs des fusillades et des exterminations de masse des illusionnautes, les automates de première génération, étaient dans toutes les têtes". Voilà pour le tableau général de ce roman. 

    Grace Parkins travaille au Mechanic Hall comme voyante dans le plus célèbre aérocabaret de la ville, au milieu d’artistes aussi bien humains que mécaniques. La jeune femme - noire - vit, comme ses contemporains, les pensées absorbées par une sombre menace : un tueur à la hache sévit à La Nouvelle Orléans. Il se trouve d’ailleurs que son propre père, policier, est chargé de l’enquête. Et si, en fait, il y avait deux tueurs au lieu d’un ? 

    Maligne, Johanna Marines fait de l’imaginaire un médium pour parler finalement de nous et de nos sociétés

    Le premier intérêt de cet étonnant roman de Johanna Marines est bien entendu l’univers de fantasy steampunk : une Amérique fantasmée, des robots mécaniques, un XIXe siècle imaginé. Nous voilà dans un monde fascinant, avec une héroïne attachante et non sans blessures ni secrets. Ajoutez à cela des inventions incroyables, avec notamment ce fameux cabaret aérien.

    Encens est aussi une histoire policière sur fond de tueur en série (au masculin ou au pluriel – je ne vous en dit pas plus). L’intrigue criminelle va vite mettre Grace Perkins, bien malgré elle, en situation de protagoniste mais aussi de témoin. Car le passé peut  revenir comme un boomerang : "Les objets et les gens de notre enfance nous semblent toujours en vie dans notre esprit. On pense qu’ils ne vieillissent pas quand ils sont loin de nous, pas vrai ? Pourtant le temps passe pour eux aussi. On croit qu’ils plongent dans un profond sommeil".

    Les meurtres particulièrement pervers deviennent une histoire personnelle et familiale, avec la présence de William Perkins et de son confrère Anton en enquêteurs perdus dans cette course au coupable. Et si les illusionnautes pouvaient être la clé de ce mystère ?

    Dans cette Amérique décalée et étrange, les ferrailleurs, machines humanoïdes et autres robots mécaniques font figure de victimes renvoyant à la ségrégation noire. Car, ici, le racisme change de couleur, si j’ose dire. Roman de fantasy autant que thriller, Encens envoie une série de messages engagés. Maligne, Johanna Marines fait de l’imaginaire un médium pour parler finalement de nous et de nos sociétés. 

    Johanna Marines, Encens, éd. SNAG, 2021, 500 p. 
    https://www.facebook.com/JohannaMarinesAuteur
    https://www.instagram.com/johannamarinesauteur
    http://www.gesteditions.com/snag/encens

    Voir aussi : "Les veilleurs immobiles"

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  • Une pièce de plus dans la saga One Piece

    Peut-on regarder le dernier One Piece (Red) sans avoir jamais vu aucun des films précédents ni non plus les quelques cent tomes des mangas éponymes. La réponse est : oui. Pour les non-familiers, One Piece est l'une des plus fameuses saga japonaise shōnen (dans le jargon, un manga destiné aux adolescents, donc bien genré…) qui a été créée en 1997 par Eiichirō Oda.

    Petit rappel pour les non-initiés : le "One Piece" désigne le trésor qu’un pirate légendaire a caché dans le royaume imaginaire de Grand Line. Le héros à chapeau de paille, Luffy, qui a acquis des pouvoirs de super-héros en devenant un adolescent élastique, se lance lui aussi dans la piraterie et suit de picaresques individus – souvent aux pouvoirs extraordinaires – sur les mers. Parmi ses compagnons de voyage, il faut citer le fameux capitaine Shanks le Roux.

    Les mangas sont connus pour leur longueur et pour des séries de plusieurs dizaines de volumes. One Piece ne déroge pas à la règle : après 25 ans d’existence, la série livres compte cette année 101 tomes, la série animé pour la télé pas moins de 1 000 épisodes au bout de 20 ans et 15 films ont été réalisés pour le cinéma. Le dernier en date, One Piece Film: Red vient de sortir, et c’est celui-ci qui va nous intéresser.

    Au moment où commence l’animé, l’île imaginaire d'Élégia voit une star de la pop music, la sémillante Uta, se produire au cours d’un concert retransmis dans le monde entier. La jeune chanteuse, qui est la fille du pirate Shanks, a connu une ascension spectaculaire et est devenue une idole pour un large public, y compris chez nombre de pirates qui sont présents sur Élégia. Luffy, qui a connu Uta lorsqu’elle était enfant, est également là. La chanteuse a cependant un but qui dépasse largement la sphère artistique et musicale. Grâce à ses pouvoirs vocaux, elle entend bien instaurer une nouvelle ère : mettre fin à la piraterie pour commencer, puis envoûter les populations, les endormir et instaurer une paix mondiale, quitte à asservir les corps de ses auditeurs et les rendent dépendants. Ce projet utopique cache une menace plus terrible encore : la libération d’un esprit malfaisant, Tot Musica.

    Un film qui donne la part belle au fantastique, à la fantasy mais aussi à la musique

    Disons-le tout de suite : cette énième création de One Piece est avant tout destinée aux fans, dont certains et certaines se sont particulièrement révélés lors de projections publiques cet été. Mais passons. Les non-initiés parviendront cependant à raccrocher les wagons dans un film qui donne la part belle au fantastique, à la fantasy mais aussi à la musique. Les détracteurs verront dans le nouvel opus de la saga un – très – long clip musical, avec Hoshi en doublure vocale d’Uta, un choix logique au regard de l’univers de l’auteure de "La Marinière", et qui se sort honorablement bien dans cet emploi pour la bande-son de l'animé.

    Les connaisseurs de la saga seront sans doute déconcertés par le scénario. Pas d’explorations en bateaux dans le film ni de recherches de trésor, mais un épisode centré avant tout sur Uta, au destin forcément atypique. L’artiste adulée fait l’objet au cours du film d’un joli conte, une sorte de dessin animé dans le dessin animé, et de loin la séquence la plus réussie du film.

    Pour le reste, dans une facture manga assez classique, non sans quelques piques d’humour, le public assiste à des scènes menées tambour battant : une chanteuse illuminée, un jeune pirate volant au secours de ses amis, le secret d’une jeune enfant douée pour la musique, une force maléfique et surtout beaucoup, beaucoup, beaucoup d’actions.

    Les combats se succèdent aux combats, que ce soit dans le monde réel ou celui des rêves, au point de rendre le film parfois confus. La séquence finale de bataille contre le mal fait le choix du spectaculaire, au risque de devenir abstrait.  

    Il ne reste plus qu’à connaître la suite des aventures de Luffy et consorts, dans la quête du fameux "One Piece", le créateur Eiichirō Oda parlant déjà d’une fin programmée de ses héros pour les prochaines années. Les fans auront donc encore quelques beaux moments de plaisir devant eux. Et, si ce n’est déjà fait, ils se précipiteront sans aucun doute sur ce épisode du jeune pirate super-héros.

    One Piece Film: Red, animé japonais de Gorō Taniguchi, studio Toei Animation, 2022, 115 mn
    https://www.kana.fr/univers/one-piece
    https://onepiece.fandom.com/fr/wiki/Toei_Animation

    Voir aussi : "Complètement baba de bulles"
    "Ce que l’on fait et ce que l’on est"

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  • Faites un vœu

    Salvatore Callerami au texte et au dessin et Antonio Fassio à la couleur signent le premier volume de la bande dessinée Dandelion (éd. Shockdom).

    Ce n’est pas une mais trois histoires qui sont proposées, en plus d’un prologue. La magie est le dénominateur commun de ces contes, destinés autant aux adultes qu’aux enfants.  

    Wéma est la charmante petite héroïne du volume. Il s’agit d’une dandelion, un esprit invisible née à partir d’un pissenlit sur lequel on souffle – le dandelion étant en botanique l’autre nom de cette fleur commune.

    Wéma ("Bienveillance") est une créature protégée par son guide, le lion Jua. La mission du dandelion ? Contribuer à rendre le monde et les hommes meilleurs en réalisant des vœux ("Le mal est partout. Il peut surgir au coin de la rue… la plupart du temps il se manifeste… comme une vocation naturelle de l’être humain"). Une petite fille lui donne l’occasion d’exercer son pouvoir le jour où elle souffle sur un pissenlit : Wéma doit répondre au vœu de rendre le chat de cet enfant éternel. Sur les conseils d’Yvonne, une déesse de retour d’exil, le dandelion part à la recherche de Kadish, une magicienne et protectrice des chats. Wéma s’embarque dans une aventure délicate et dangereuse. 

    Un chant d’amour pour les chats

    Le premier volume de Dandelion se lit comme un ensemble de contes à la fois fantastiques et philosophiques. Dans ce récit initiatique, Il y est question de l’enfance, de la cruauté de la vie et de la consolation que peuvent-être les souvenirs et la mémoire : "Apprendre à connaître le souvenir est important. Mais aussi savoir maintenir l’équilibre entre les plus tristes et les plus heureux".

    Le récit de Wéma ("Les lunes des chats") est suivi par deux autres histoires. L’une est consacrée à la genèse de Kadish, l’esprit des chats ("Kadish, la Dame des Chats") tandis que l’autre, plus moderne, raconte l’histoire de "Liubov, la petite fille à la robe de soie", dans une mise en page pastel, aux traits esquissés et au graphisme s’approchant de celui de certains mangas.

    La bande dessinée de Callerami et Fansion est aussi un chant d’amour pour les chats : "Égocentriques et toujours à la recherche d’attentions. [Les chats] ont l’habitude d’enchanter ceux qui les aiment par des miaulements langoureux, pour que l’homme préserve leur mémoire, seul moyen que leur esprit ne se dissipe pas complètement… Des souvenirs qui peuvent apporter du plaisir, mais aussi nous faire regretter ce que nous avons perdu."

    Salvatore Callerami et Antonio Fassio, Dandelion, vol. 1, Faites un vœu,
    éd. Shockdom, 2021, 96 p.

    https://shockdom.com
    https://www.facebook.com/salvo.callerami
    https://www.facebook.com/fassioantonio

    Voir aussi : "Frohe Weihnachten, Giulia"

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  • À Karim Berrouka, la fantasy reconnaissante

    Les fans et spécialistes auront immédiatement identifié Karim Berrouka comme l’ex-chanteur du groupe punk-rock emblématique Ludwig von 88. Pour autant, c’est de l’auteur de fantasy dont il sera question dans cette chronique.

    Il sort en effet en ce début d’année son dernier roman au titre provocateur et annonçant tout de suite la couleur : Le Jour où l’Humanité a niqué la Fantasy (éd. ActuSF). Comme on ne se refait pas, Karim Berrouka ne manque pas de consacrer plusieurs chapitres à une bande de punks en 1989, en bien fâcheuse posture au cours d’un festival autant déjanté que capital pour le récit. 

    Il faut dire que le roman part sur ce sacrées bases. Dans une obscure médiathèque, une prise d’otage a lieu. L’auteur est un étrange personnage habillé en lutin et au nom imprononçable (Puckamspinnrade) et dont les revendications et les menaces sont pour le moins étonnantes : "Vous avez niqué la fantasy !" Au même moment,  l'une des héroïnes du récit, Olga, a jeté son dévolu sur un coup d’un soir, un étrange personnage qui finit par ruiner son appartement en mitraillant son intérieur… à l’aide de son sexe ! La jeune femme s’en sort en se défendant à coup de batte et tuant du même coup celui qu’elle a eu tort de faire entrer chez elle. Sauf que son cadavre disparaît quelques heures plus tard. Aurait-elle rêvé ? 

    Des auteurs réels pris en otage pour les besoins du livre

    Voilà pour l’entrée en matière de Le Jour où l’Humanité a niqué la Fantasy. Si je vous dit qu’il est aussi question d’un enfant "schizophrène" conversant avec un démon, d’un étrange couple de spécialistes ès surnaturel, d’auteurs de fantasy séquestrés, de fées mal intentionnées, de vagues apocalyptiques, de boutons de manchette magiques ou de sacrifices humaines, vous comprendrez que Karim Berrouka entend bien donner un bon coup de pied dans la fourmilière dans un milieu littéraire toujours en plein renouvellement du genre.

    Le moins que l’on puisse dire c’est que l’écrivain ne s’embarrasse pas de précautions d’usage dans son roman mixant avec bonheur récit azimuté, personnages court-circuités, références littéraires assumées, clins d’œil appuyés et dialogues mêlant drôlerie et férocité.

    Karim Berrouka va jusqu’à mettre en scène des auteurs réels pris en otage pour les besoins du livre : en l’occurrence, Li-Cam, Elisabeth Ebory et Stefan Platteau. Les fans de fantasy seront aux anges. Karim Berrouka  s’offre même le luxe de faire intervenir son propre éditeur, Jérôme Vincent, auteur du dernier chapitre ("Scène finale post-narrative") qui est plus une présentation de la politique d’ActuSF qu’une réelle conclusion d'un récit complètement dingue.

    Tout cela donne un livre sous amphétamine qui se dévore d’une traite et qui fait de la fantasy le sujet principal de ce roman… de fantasy. Karim Berrouka entend ainsi montrer que ce genre sait non seulement se renouveler mais est également capable de ne pas se prendre au sérieux. Rien que pour ça, merci monsieur Berrouka.

    Karim Berrouka, Le Jour où l’Humanité a niqué la Fantasy, éd. ActuSF, 2021, 430 p.
    https://www.editions-actusf.fr/a/anonyme/le-jour-ou-l-humanite-a-nique-la-fantasy
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Karim_Berrouka

    Voir aussi : "Lorsque la réalité dépasse la science-fiction"

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