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Parce que le cinéma c'est aussi ses affiches, à la fois indispensables, souvent marquantes mais rarement commentées, le réalisateur mexicain Pablo Fernández Eyre a choisi de leur laisser la vedette grâce à un clip visible sur Internet.
Grâce à lui, seize affiches d’œuvres importantes du 7e art (Shining, Lostin Translation, Rocky ou encore Eraserhead) prennent vie et s'animent.
Cette initiative est d'abord et surtout un hommage aux artistes et graphistes aux affiches de cinéma insuffisamment reconnues à leur juste valeur. Il y a quelques années de cela, l'Académie des Césars attribuait une statuette récompensant une affiche. Cela a été, hélas, un feu de paille.
Grâce à l'initiative de Pablo Fernández Eyre, l'affiche de cinéma est mise en vedette.
Le cinéma français consacrait cette année le film Timbuktu d'Abderrahmane Sissako, bouleversant tableau d'un village malien écrasé par l'Islam radical.
Pour traiter du djihadisme international avec une telle puissance et une telle justesse, il fallait une musique à la hauteur. Celle d'Amine Bouhafa parvient à relever le défi haut-la-main. C'est l'ambition qui frappe d'emblée l'auditeur : instruments traditionnels, la voix bouleversante de Fatoumata Diawara, un orchestre à cordes "sublimant" (le mot est du compositeur lui-même) les scènes du film.
L'extrait sans doute le plus inoubliable de Timbuktu est celle de la partie de football, sans ballon, qui mérite de figurer parmi les scènes d'anthologie du cinéma. Le compositeur tunisien a composé et orchestré pour l'occasion un des plus morceaux de sa bande originale. Bouleversant et lyrique, cette partie de foot – et la bande-son qui l'accompagne – est la plus belle réponse aux fondamentalistes interdisant toute forme de distractions – musiques, jeux, sports...
Le 13 novembre, ce sont justement des endroits dédiés aux loisirs, au sport et à la culture auxquels qui ont été pris pour cible par des terroristes islamiques.
Amine Bouhafa, Timbuktu, 2014 Timbuktu, film franco-mauritanien de Abderrahmane Sissako avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, 2014, 1H48
A l'occasion de la sortie de son tout nouveau long-métrage, Vers l'autre Rive (sortie, le 30 septembre 2015), Kyoshi Kurosawa fera l'objet ce mois-ci à Paris d'une rétrospective, du 16 au 22 septembre 2015 au cinéma Reflet Médicis.
C'est l'occasion pour le bloggeur de revenir sur un film plus ancien du cinéaste japonais, Tokyo Sonata, à travers une critique écrite pour l'association des Cramés de la Bobine.
Kiyoshi Kurosawa, réalisateur japonais (qui n’a aucun lien de parenté avec Akira Kurosawa), s’est d’abord fait illustré dans des films d’horreur et d’épouvante : des longs-métrages comme Cure, Kaïro ou Charisma (puis l'incontournable Shokuzai en 2012) l’ont fait connaître dans le monde entier après un début de carrière chaotique. Depuis plusieurs années, tout en ne reniant pas ce genre cinématographique, il a choisi de tourner des films plus réalistes, non sans succès puisque Jellyfish a par exemple fait partie de la sélection officielle à Cannes en 2003.
En 2008, Cannes a honoré une nouvelle fois Kiyoshi Kurosawa en le sélectionnant dans la catégorie Un Certain Regard pour Tokyo Sonata, qui a reçu finalement le Prix du Jury.
Ce drame suit une famille japonaise confrontée à la crise économique, au chômage mais aussi aux traditions patriarcales japonaises multiséculaires et en pleine déliquescence en ce XXIe siècle.
Tokyo Sonata est le portrait à la fois cru et subtil de quatre personnages englués dans des contradictions, des voies sans issues, des révoltes ou des interrogations sur leur raison de vivre : le père, ancien cadre supérieur, subit de plein fouet la mondialisation économique et se retrouve subitement désœuvré et humilié par le chômage ; la mère, femme triste et soumise, voit sa vie complètement chamboulée du jour au lendemain suite à un événement autant inattendu que cocasse ; le fils aîné choisit de "déserter" le domicile pour une cause qu’il juge importante tandis que le cadet découvre un but dans sa vie – devenir pianiste classique professionnel. Pour ce but, il choisit de se battre malgré son jeune âge. Kiyoshi Kurosawa parvient au sublime dans l'ultime scène qui voit ce projet commencer à prendre forme.
Loin d’être le simple portrait d’une famille japonaise, ce film brillant d’un réalisateur capital du cinéma japonais est aussi une œuvre universelle sur la lutte quotidienne et la révolte, comme sur la crise économique mondiale, source monstrueuse d'aliénation. Qu'un cinéaste longtemps cantonné aux films d'horreur et d'épouvante s'emploie à décrire une société japonaise paumée ne peut qu'interpeller chacun d'entre nous.
Rétrospective Kurozawa, du 16 au 22 septembre 2015 au cinéma Reflet Médicis Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa, avec Koji Yakusho, Teruyuki Kagawa, Kyôko Koizumi, Haruka Igawa, Yû Koyanagi et Kai Inowaki, Japon, 2008, 119 mn Les Cramés de la Bobine
Angèle et Tony a été une des surprises de l'année 2011, un film âpre et réaliste tenu à bout de bras par un couple d'acteurs inspirés.
Angèle, c'est Clotilde Hesme (César du meilleur espoir féminin en 2012), longue brindille sauvage dont le spectateur apprend au cours du film son passé tragique, son projet familial, comme les conditions de son arrivée à Cherbourg. Tony, c'est Grégory Gadebois (César du meilleur espoir masculin en 2012), marin-pêcheur droit et bourru, empêtré dans un deuil impossible depuis la disparition de son père en haute-mer. Ces deux personnages que tout sépare a priori se croisent, se toisent, s'apprivoisent, se séparent et finissent par adopter mutuellement leurs déchirures.
Alexis Delaporte, dans ce premier long-métrage remarqué et multiprimé, maîtrise de bout en bout une histoire simple de gens simples, malmenés par l'existence ou par la société. Angèle et Tony, grâce à la force de leur interprète comme à la direction d'acteurs, deviennent des personnages bouleversants et universels. La mer omniprésente, les regards entre Angèle et Tony, les silences éloquents, la photographie magnifique (je pense aux superbes scènes d'Angèle sur sur VTT en pleine campagne normande), des scènes touchantes (par exemple le spectacle pour enfant) : tout concourt à la réussite de ce film exceptionnel.
Alexis Delaporte, Angèle et Tony, avec Clotilde Hesme et Grégory Gadebois, France, 2014, 87 mn
Depuis quand n'a-t-on pas vu de polar français au caractère aussi bien trempé que L'Été meurtrier ?
Les raisons de ce succès cinématographique de ce film de 1982 tient d'abord au scénario adapté du roman de Sébastien Japrisot, qui l'avait d'ailleurs écrit pour Jean Becker. Convaincu par le livre, le réalisateur releva le défi.
L'autre ingrédient capital de ce long-métrage noir et sulfureux tient son actrice principale. Isabelle Adjani tenait là l'un de ses plus beaux rôles : femme fatale autant que meurtrie, celle que l'on surnomme "Elle" se sert de son physique pour faire tourner les têtes des hommes du village et fomenter une vengeance contre un village qu'elle hait plus que tout. Star au zénith, Isabelle Adjani qui recevra un César pour ce rôle, est entourée dans L'Été meurtrier d'acteurs qui font plus que tirer leur épingle du jeu. Suzanne Flon sera elle aussi récompensée pour son rôle de "Cognata". Citons aussi Alain Souchon, Pin-Pon dans le film, le pompier sans histoire et naïf qui va devenir le jouet de l'érinye provinciale. Un autre second rôle brille par sa présence, François Cluzet (Mickey), qui tournait là son cinquième film.
Mais en dehors de ces brillants personnages, de cette histoire de souffre, de pleurs et de sang, de son actrice glamour au sommet de son art, soulignons l'autre grande qualité du film : la plongée dans un village provençal ordinaire des années 70, avec des habitants simples, bien loin de certains archétypes du polar à la française qui inonde petits et grand écrans. C'est en cela aussi que le caractère bien trempé de L'Été meurtrier détonne.
L'Été meurtrier, film de Jean Becker, avec Isabelle Adjani, Alain Souchon, Suzanne Flon et François Cluzet et Michel Galabru, 1982, 130 mn
L'histoire du cinéma est riche de ces films qui n'ont jamais vu le jour... Plus que dans n'importe quel art, il existe une histoire alternative et parallèle du cinéma qui a vu des passionnés s'intéresser à des films qui ne sont jamais sortis. L'ouvrage de Simon Braund, Les plus grands Films que vous ne verrez jamais, fait le point sur ces projets avortés.
Les raisons de ces œuvres inabouties sont diverses : décès du réalisateur, désaccords entre artistes et producteurs, contextes historiques et sociologiques, adaptations impossibles ou projets trop ambitieux pour être menées à bout.
En introduction, l'auteur rappelle avec justesse que la sortie d'un film est en soi un miracle, tant la difficulté est grande de voir un scénario prendre vie sur grand ou sur petit écran. Le long-métrage Les Dents de la Mer (1975) est cité en exemple : scénario mal ficelé, budget dépassé, metteur en scène inexpérimenté (Steven Spielberg n'en était qu'à son deuxième film), effets spéciaux défaillants, techniciens et acteurs peu motivés et instillant une ambiance délétère sur les plateaux. Et pourtant, au final, Les Dents de la Mer a connu le succès exceptionnel que l'on connaît et propulsé son réalisateur comme un artiste majeur.
Mais à côté de ce succès, ce livre répertorie ces films qui n'ont jamais vu le jour : le Napoléon de Charlie Chaplin (Return from St Helena), un Jésus de Carl Dreyer (1949), La Genèse de Robert Bresson (1963) - l'un des rares réalisateurs français cité dans ce livre avec Henri-Georges Clouzot pour L'Enfer (1964) -, La Tempête de Michael Powell (1975), Dune d'Alejandro Jodorowsky (1977), Night Skies de Steven Spielberg (1980), Moon Over Miami de Louis Malle (1982), Leningrad de Sergio leone (1989), Nostromo de David Lean (1990), Crusade de Paul Verhoeven sur lequel a également travaillé Arnold Schwarzenegger (1995), Superman Leaves de Tim Burton (1998), Batman: Year One de Darren Aronofsky (2000), To the white Sea des frères Cohen (2002), The Lady from Shangai de Wong Kar-wai (2005), Gladiator 2 de Ridley Scott (2006) ou Potsdamer Platz de Ridley Scott. Ce sont quelques-uns des titres de films qui ont failli voir le jour mais qui ont été abandonnés (provisoirement ou définitivement) par leurs créateurs.
Parmi les auteurs maudits figure en bonne place Orson Welles dont les projets cinématographiques ont été, hélas, légion : It's all True (1942), Don Quixote (1969), Le Marchand de Venise (1969), The Other Side of the Wind avec John Huston et Dennis Hopper (1973) et The Cradle with Rock (1984)
Dans toute cette liste de films inachevés, très souvent de réalisateurs confirmés, il en ressort quelques-uns du lot, en raison de leur histoire légendaire.
Un autre film est entré dans l'histoire : Something's Got to Give de George Cukor avec Marilyn Monroe, décédée pendant le tournage (1962). 37 minutes ont été dévoilé au public en 1990 et l'auteur ne désespère pas que la magie des effets spéciaux numériques permettra un jour de voir le film terminé.
Les fans de Hayao Miyazaki seront sans doute surpris d'apprendre que le réalisateur japonais a eu pour projet en 1971 de réaliser une adaptation du classique Fifi Brindacier (La Fille la plus forte du Monde). Encore peu connu à l'époque, Miyazaki se voit déposséder de ses droits à l'adaptation par l'auteure elle-même, Astrid Lindgren. Cependant, ajoute Simon Braund, tous les films de l'animateur semblent s'inspirer de la célèbre fillette à la force surhumaine.
On ne peut pas passer non plus sous silence le projet de science-fiction A Princess of Mars de Bob Clampett (1936). Une adaptation sera finalement faite par les studios Disney sous le titre John Carter (2012), qui sera aussi l'un des plus grands bides de l'histoire du cinéma.
De tous les films répertoriés, il en est un qui un sort particulièrement du lot. Et paradoxalement, il s'agit d'un long-métrage qui a été terminé, existe en copie mais que le public ne verra sans doute jamais. Il s'agit de The Day the Clown Cried de Jerry Lewis. Tourné en 1972, ce drame interprété par Jerry Lewis lui-même, suit les pérégrinations d'un clown allemand pendant la seconde guerre mondiale, chargé de distraire des enfants que l'on conduit vers les chambres à gaz. Cette histoire a des points communs avec La Vie est belle de Roberto Benigni (1997). Mais elle en diffère par son traitement caricatural qu'en aurait fait le réalisateur et acteur (le conditionnel est de mise, tant sont peu nombreuses les personnes qui ont visionné le film de Lewis) : "Un film radicalement choquant au pathos et à l'humour déplacés" a t-on pu entendre au sujet de ce "film culte le plus extraordinaire que vous ne verrez jamais."
Concis et passionnant, l'ouvrage de Simon Braund nous gâte avec deux trouvailles éditoriales géniales. Tout d'abord, chaque film est illustré par des affiches conçues par des designers et des illustrateurs, donnant vie à ces projets qui n'ont jamais vu le jour (en illustration de cet article figure une représentation de The Lady from Shangai de Wong Kar-wai). Ensuite, l'auteur nous propose, sur une note de 0 à 10, la chance qu'a chaque film de sortir un jour.
On pourra certes critiquer l'aspect arbitraire et subjectif de ce choix mais il reste tout de même intéressant en ce qu'il nous propose quelques beaux projets à venir : Ronnie Rocket de David Lynch, Megalopolis de Francis Ford Coppola, The Captain And The Shark de Barry Levinson, White Jazz de Joe Carnaham, Black Hole de David Fincher (une adaptation de la BD de Charles Burns), The Trial of the Chicago Seven de Spielberg mais aussi Franck or Francis de Charlie Kaufman, qui "a plus de chances de sortir que n'importe quel autre film de ce livre."
À noter que depuis la sortir de ce livre (en 2013) le film satirique et "maudit" Nailed de David O. Russell devrait finalement sortir en 2015 sous le titre Accidental Love, avec comme réalisateur un certain Stephen Greene, alias David Russell qui a porté cette oeuvre contre vents et marées : un film qui ne devait jamais sortir et que finalement nous pourrons voir.
Simon Braund, Les plus grands Films que vous ne verrez jamais, éd. Dunod, 2013
Regardez quelques secondes l'illustration de cet article. Ce pictogramme ne vous dit rien ? Je vous aide : il symbolise un film célèbre et multiprimé, interprété par Leonardo di Caprio et Kate Winsley. Vous y êtes : ce pictogramme symbolise le long-métrage Titanic, réalisé par James Cameron et sorti en 1997...
Résumer en quelques coups de crayon 150 films aussi cultes que Metropolis, Jurassic Park, Taxi Driver, Les Dents de la Mer (vidéo ci-dessous) ou La Fièvre du Samedi Soir est un tour de force qui vont ravir tous les fans de cinéma. Dans leur ouvrage 150 Films en Bref, Matteo Vivaschi, Gianmarco Milesi et le studio de design italien H-57 ont repris l'idée de leur précédent ouvrage (180 Histoires en Bref) : résumer un film en cinq secondes (Film in Five Seconds est le titre original). L'objectif est, comme le disent les auteurs en introduction, de supprimer le maximum d'informations "en ne gardant que l'essentiel en quelques pictos".
Utiliser la pictologie pour parles des 101 Dalmatiens peut être simple ; la chose devient moins évidente pour Inglorious Basterds, Inception ou Shining. Et que dire de la saga en trois films du Seigneur des Anneaux, mise en image de manière extrêmement concise... et géniale !
Le pari est au final tenu et largement gagné, au point que le lecteur pourra tout autant lire ce livre de la première à la dernière page que s'en servir pour jouer et défier ses amis. Au fait, et vous ? Comment résumeriez-vous en pictogrammes Le Magicien d'Oz ?
Matteo Vivaschi, Gianmarco Milesi et H-57, Pictologies, 150 Films en Bref, éd. Prisma, 192 p.