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jazz - Page 8

  • Sarah Lancman amoureuse

    "Mélancolie souriante et insolente / Amant-ami / Ainsi va la vie" : l’essence de Parisienne, le nouvel album de Sarah Lancman est tout entier dans ces trois vers de son premier titre (Et ainsi va la vie). La jazzwoman s’y livre avec un plaisir manifeste, avec aussi insouciance, liberté, mais aussi une forme de douce gravité.

    Nous avions parlé d’elle sur Bla Bla Blog comme d’une héritière convaincante de Michel Legrand. C’est particulièrement vrai notamment pour le morceau qui ouvre Parisienne. Un album qui revient vers la France après son escapade italienne (Intermezzzo, Jazz Eleven, 2019). A l'image de l'ensemble de l'opus, Et ainsi va la vie est éclatant, mélancolique, doux-amer et coloré comme une bande original de Jacques Demy.

    Sarah Lancman, à la composition et au chant (et toujours avec son complice et ami Giovanni Mirabassi), se pose en évidente disciple de l’auteur des Demoiselles de Rochefort (Dis-le-moi) et propose un album bien plus fécond et varié qu’il n’y paraît a priori.

    Ainsi, Tokyo Song, déambulation romantique dans une ville qu’elle connaît bien (elle a travaillé et joué à plusieurs reprises avec le trompettiste et chanteur Toku) a des accents jazz américains, et un esprit très européen lorsque la chanteuse use d’acrostiches pour rendre hommage à la capitale nippone : "Take me / Over land and over sea / Keep my heart in Tokyo / You know how to read my mind and feelings / Only you, I love you so /  So you see, I come to you my love / On my way to know you’re / Near tome, I feel your eyes above / Gazing at me if I’m true."

    "J’ai du mal à écrire autre chose que des chansons d’amour", confie Sarah Lancman

    C’est l’amour qui guide la Parisienne (Love You More Than I Can Sing jazzy). "J’ai du mal à écrire autre chose que des chansons d’amour", confie-t-elle d’ailleurs. Dans Parisienne, l’amour est dans tous ses états : parfois évanescent, parfois fuyant, mais omniprésent : "J’avais espoir / Tout ce que j’aimais / C’était en toi" (C’était pour toi).

    Sarah Lancman ne craint pas de voyager entre jazz et chansons. Elle ne craint pas plus de se frotter aux standards, à l’exemple d'une chanson de Charles Aznavour, une des plus belles rencontres du début de sa carrière. La chanson Parce que, que Serge Gainsbourg avait repris avec une rare élégance en 1985, devient chez elle un titre jazzy, servi merveilleusement par l’accordéon de Marc Berthoumieux. Sarah Lancman choisit singulièrement la légèreté pour un titre qui sonne comme l’aveu d’un échec sentimental ("Tu joues avec mon cœur comme un enfant gâté / Qui réclame un joujou pour le réduire en miettes").

    Dans The Moon And I ou A New Star, Sarah Lancman s’affirme avec une belle audace comme une grande crooneuse. Elle semble nous entraîner au Carnegie Hall de New York pour ce qui s'apparente à un bel hommage aux classiques américains des années 50. Et l’amour, toujours : "My love is real for you dear / I want to share all / Your smiles and all your tears."

    L’auditeur s’arrêtera sans doute plus longuement sur le titre Ton silence, par sa manière d’interpréter tout en douceur des sentiments indicibles : "Ton silence en dit long / Ton silence est bien là / Posé, ancré au sol / Telle une statue."

    La reprise de l’Hymne à l'amour est sans doute l’un des gros morceaux du nouvel album de Sarah Lancman. La chanteuse ose un exercice périlleux avec l’adaptation de ce classique indémodable. Elle fait le choix d’un Hymne à l’amour jazzy et tout en retenue, même si la fin de la chanson fait souffler un vent de tragédie : "Et si un jour la vie t'arrache à moi / Si tu meurs, que tu sois loin de moi / Peu m'importe si tu m'aimes / Car moi je mourrai aussi."

    Sarah Lancman, Parisienne, Jazz Eleven, 2020
    https://www.sarahlancman.com
    https://www.facebook.com/sarahlancmanjazz
    https://www.instagram.com/sarahlancman

    Voir aussi : "Retour et parenthèse italienne avec Sarah Lancman et Giovanni Mirabassi"
    "Les bonnes fées de Sarah Lancman"

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  • Jazz or not jazz ?

    Beautiful Life, le nouvel album des NoJazz est, comme leur nom ne l'indique pas, une déclinaison du jazz. Un jazz qui se serait nourri à de multiples influences : pop (We are Mysic, Daylight), world (Outra Vida), funk (Get Ready, Tokyo Touch) ou électro (Croisement, Crazy Days).

    Dans Daylight, le jazz pop et vocal est nappé de douces vagues d'électronique et de rythmes funks.
    L’album de NoJazz ne s'interdit pas un passage par le trip hop dans Loose Control, avec en featuring Raashan Ahmad. Par son histoire (une naissance remarquée en 2001), ses rencontres (citons Maurice White, Stevie Wonder ou Claude Nougaro) ou et ses tournées à travers le monde (Montréal Jazz Festival, Jazz à La Villette, Jazz Open à Stuttgart ou le Festival International Cervantino au Mexique), NoJazz s’affirme comme un groupe qui n’est jamais plus à l’aise lorsqu’il sort des sentiers battus.

    Un chemin nouveau et hors espace-temps

    Pour Beautiful Life, en prenant des chemins de traverse (Outra Vida, avec Toto ST), le jazz se montre le vrai maître de cérémonie, intransigeant, fun et comme revigoré (que l’on pense au morceau qui donne son nom à l’opus).

    Au fur et à mesure que l’album avance, Le jazz s'éloigne de plus en plus de ses racines américaines pour prendre un chemin nouveau et hors espace-temps (Massive, Tokyo Touch, Crazy Days). Sans doute pourrions-nous parler d'une forme de world jazz capable de nous emmener dans les quatre coins du monde, de l'Amérique latine (Outra Vida) à l'Asie (Tokyo Touch) en passant par l'Afrique (Méroé), jusqu'à prendre des teintes orientalisantes (le très inspiré titre instrumental Indian Mood).

    Jazz or not jazz ? That is the question.

    Nojazz, Beautiful Life, Pulp Music / Kuroneko, 2019
    https://www.nojazz.fr
    https://www.facebook.com/nojazzofficiel

    Voir aussi : "Manuel Anoyvega Mora, premier album"

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  • Manuel Anoyvega Mora, premier album

    Comme son nom l’indique, il souffle sur Cubacuba, l'album de Manuel Anoyvega Mora un parfum de Caraïbes. 40 ans de carrière mais un premier album : pour l’occasion, le pianiste cubain est accompagné de Pierre Guillemant à la contrebasse, Abraham Mansfarroll Rodriguez à la batterie, Guillaume Naturel au saxophone et à la flûte et Inor Solotongo aux percussions.

    On entre dans la danse dès le premier morceau, Veneracion : un jazz latino, frais et rythmé dans lequel le musicien ne trahit ni ses origines ni ses appétences pour le jazz… et la salsa. Un jazz frais et mené tambour battant donc (Alizé), comme si le musicien proposait dans son opus un bœuf avec ses amis.

    Manuel Anoyvega Mora est un pianiste à la technique sans faille. Sa touche magique le place dans le sillage de très grands interprètes jazz et classiques (Preludiosa Mantanzas, Marinna). L’opus alterne plages de détachement debussyennes (Soplos de Musas) et moments dansant au tempo irrésistible (Ilduara Carrandy).

    Cuba ! Cuba ! Perla Preciosa est un authentique morceau de bravoure proposant, en un titre, un concentré du talent de Manuel Anoyvega Mora : du rythme, de la virtuosité, de la densité, des couleurs (Ah, cette flûte poétique !) et des voix heureuses d’être là.

    On navigue entre ses mouvements, comme un bateau affrontant tous les temps (Frescoson) : résolument voyageur, Manuel Anoyvega Mora fait de son jazz un brillant exemple de mariage franco-cubain.

    Manuel Anoyvega Mora, Cuba Cuba, Fofo Production / Caroline International, 2019

    Voir aussi : "Mais qui sont ces Cubains ?"

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  • Ozma, hyperjazz

    C'est un jazz étonnant qui nous est proposé par le quintette Ozma - French Explosive Jazz. Un jazz XXIe siècle et, dirions nous, très urbain. C'est en effet la ville qui sert de fil conducteur à un album dans lequel cuivres, batterie et machines sont au service d'un projet musical ambitieux.

    Il souffle sur Hyperlapse, le septième album d’Ozma, un vent à la fois magnétique (le trombonne de Dust City, nous entraînant à Pékin) et déroutant dans son approche electro-pop (le son industriel du titre qui donne son nom à l'album et placé sous le signe de Hambourg).

    Ozma conduit son véhicule jazz aux quatre coins du monde. A côté de villes bien connues (Beijing, Marrakech, Hambourg ou Djakarta), il est question de coins plus confidentiels : Ahmedabad en Inde, Purwokerto en Indonésie ou Bulwayo au Zimbabwe.

    Il s'agit bien d'un voyage musical sans répit, dépaysant et d'une grande densité, à l'instar du morceau Clay Army (Xi'An). L'exotisme est très présent, notamment lorsque le jazz se teinte de couleurs méditerranéennes et orientales, avec par exemple le titre À Leila (Marrakech). Hyperlapse ne se refuse rien : ni l'hypermodernisme de Hambourg, ni le zen et l'ivresse du bien nommé Spleen Party (Ahmedabad), ni non plus la mélancolie du voyageur perdu en Indonésie, loin de ses terres (Infinite Sadness, Entre chien et loup).

    Puissant et même naturaliste – Tuk-Tuk Madness (Mumbai) – le jazz de Ozma – French Explosive Jazz revendique un son world mais qui ne renie jamais son souffle occidental (One Night In Bulawayo), cette cool attitude ou ce goût de l'improvisation présent dans Die Gielde (Lübeck).

    Du vrai jazz globe-trotteur.

    BC

    Ozma, Hyperlapse, Cristal Records, 2020
    https://www.facebook.com/ozmajazz
    https://www.instagram.com/ozmajazz

    Voir aussi : "Glass Museum, une certaine vision du jazz"

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  • Le temps d’une chanson

    Lou Tavano revient avec Uncertain Weather, un deuxième album qu’elle a écrit avec Alexey Asantcheeff. Un retour aux sources pour un opus revivifiant, mélancolique et interrogeant un temps incertain, comme son titre l’indique. "J’avais atteint le point de rupture, je devais partir de Paris. Alexey, écossais par sa mère, avait une maison là-bas, face à la mer, vide, avec un vieux piano à queue. C’était exactement ce qu’il me fallait. Là-bas je me suis retrouvée face à face avec une nature-miroir de mes propres émotions. Un équilibre parfait entre paix et fureur. Le fil conducteur m’était révélé. Avant même d’avoir les chansons, je savais que l’album s’appellerait Uncertain Weather", résume la chanteuse.

    As One, le premier titre, commence par une note plaintive maintenue par des cordes avant que ne s'élève une voix veloutée et hyper tendue, celle de Lou Tavano. Le duo qu’elle forme avec Alexey Asantcheeff ose l’économie de moyens, à l’instar de Memories Of Tomorrow et surtout de Simples Way To Be : une boîte à rythmes minimales, un piano, un violoncelle et cette voix qui nous parle du désir d'être. Tout simplement.

    Lou Tavano fait de sa voix magique un authentique instrument de recherche sophistiqué, lorsqu'elle se lance par exemple dans un concerto pour voix et piano dans The Dancer, où se mêlent construction harmonique et improvisation jazz. Avec As We part, Lou Tavano prouve son talent à se mettre au service de balades qui, par leur classicisme, restent d'une rare efficacité.

    Digne de figurer dans une BO de James Bond

    Artiste pop ou jazz? La chanteuse sait déjouer les frontières, à l'exemple de Memories Of Tomorrow, un titre digne de figurer dans une BO de James Bond, ou du délicat You See Me Now, dans lequel la palette vocale de la chanteuse s'étend avec bonheur.

    J'attends est l'un des deux titre français, interprète dans un parler chanté bienvenu, afin de laisser la place à un texte existentiel sur l'attente et l'espoir : "Il y a des jours comme cela / Où seul le silence couvre ma voix." Seule Lou Tavano pouvait parler le temps d’une chanson de la solitude d'une chanteuse de jazz. "Je doute en permanence. Je suis à la fois ma meilleure amie et ma pire ennemie. Ce disque est l’histoire de ce combat intérieur", commente-t-elle.

    Le fil de la vie empreinte un chemin poétique que Michel Legrand n'aurait pas renié. On imaginerait volontiers Lou Tavano chanter et danser dans un Paris féerique : et si l'on tenait là autant un miracle vivant du jazz, et pourquoi pas une future très grande interprète de comédie musicale ?

    L'album se termine avec Uncertain Weather qui lui donne son titre. L'artiste propose une dernière ballade, brillante grâce à l’osmose d’un violoncelle métaphysique et d’une voix venue de nulle part.

    BC

    Lou Tavano, Uncertain Weather, L’Un L’Une, 2020
    https://loutavanomusic.com
    https://www.facebook.com/loutavanomusic

    Voir aussi : "Vole, Céline, vole"

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  • Étincelant Thomas Grimmonprez

    Étincelant : voilà le terme qui caractérise sans doute le mieux la dernière production de Thomas Grimmonprez. Pour son dernier album Big Wheel, Le musicien a réuni autour de lui un quartet composé de Manu Codjia à la guitare, Jérôme Regnard à la contrebasse, Benjamin Moussay aux claviers et bien sûr lui-même à la batterie. "Une longue amitié nous lie, cʼest celle-ci qui mʼa poussé à écrire Big Wheel : La grande roue. La roue qui nous rappelle notre rapport au mouvement et au temps. La roue libre du lâché prise , du moment suspendu" dit le jazzman au sujet de son dernier opus.

    Trois ans après Kaléidoscope, nous voilà embarqués dans un jazz à la fois classique dans sa structure cristalline (le titre Big Wheel, qui donne son nom à l’album) et très personnel.

    Thomas Grimmonprez parle de son dernier opus, un vrai hymne à "l’idée de cycle," à la "création perpétuelle" : en un mot à "l’éternel retour." Voilà ce qu’en dit le musicien : "La symbolique de cette grande roue inspire mythes et thèmes sacrés, elle se rapporte à lʼidée de perfection comme le cercle, elle renvoie surtout au mouvement, au devenir et à lʼévolution. Cʼest aussi le recommencement, la création perpétuelle. Cʼest cette idée de cycle et de recommencement qui mʼa donné lʼenvie de composer cet album, un nouveau répertoire avec des compagnons de toujours."

    Comme quoi une guitare électrique aussi peut atteindre des sphères métaphysiques

    Loin de tout dogmatisme esthétique, le quartet fait le lien entre jazz, pop-rock psychédélique (Heavy Soul) ou musiques traditionnelles, à grands coups d’envolées de piano et de guitares électriques (Sweet Cake). Thomas Grimmonprez ne s’éloigne pourtant jamais d’une idée d’un jazz cool – cool, du reste, tels ces space cakes musicaux qu’il nos offre, mais toujours avec délicatesse (Suspended Time).

    Avec Cats And Dogs, le jazz se pare de couleurs mi-américaines mi-orientales dès les premières notes, avant de s’envoler derrière la guitare étincelante de Manu Codjia Manu Codjia.

    Quiet choisit l’apaisement avant une débauche de sons et de rythmes qui se croisent, se touchent, hésitent et se rapprochent dans des valses hésitations sensuelles, mêlant singulièrement chants tibétains et jazz cool. Un choix artistique aussi étonnant que le morceau suivant, Hypnosis, qui dénote par sa facture brute et très expérimentale : percussions, claviers et guitares virevoltent dans des arabesques déconcertantes. Comme quoi une guitare électrique aussi peut atteindre des sphères métaphysiques.

    Avec Spain Time, nous sommes paradoxalement plus du côté de New York que de la Méditerranée. Le jazz du Thomas Grimmonprez Quartet se prélasse, prend son temps et déambule amoureusement, au diapason d’un piano lumineux, joueur, mais aussi volontiers swing.

    L’album Big Wheel se clôture avec Highway, une déambulation apaisante mariant à merveille piano, guitare contrebasses et rythmique. Un étincelant voyage.

    Thomas Grimmonprez Quartet, Big Wheel, Outnote Records, 2019
    https://www.facebook.com/thomasgrimmonprez

    Voir aussi : "Voyages en jazz avec Anne Paceo"

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  • Vole, Céline, vole

    Des les premières notes de Still Running on devine que Céline Bonacina va nous proposer dans son cinquième album Fly Fly des paysages musicaux inédits et un jazz largement métissé, à l’instar du leitmotiv du premier titre, une mélodie enjouée portée par un chœur aux teintes latinos. Un vrai concerto pour saxo et voix aux multiples variations y compris orientales (Tack Sa Mycket) ou zen (Caméos Carvings).

    Car les voix sont très présentes dans cet opus où le jazz se fait voyageur (Care Her Gone) : "On y retrouve l’évocation de paysages et de souvenirs, de lieux où nous avons séjourné, de moments forts de nos vies respectives" explique la musicienne. Le saxophone soprano et baryton de l'une des meilleures jazzwoman de sa génération s'avance avec une présence moins tapageuse que joueuse.

    Aux côtés de Céline Bonacina, plus lyrique que jamais (Ivre Sagesse), on retrouve Chris Jennings à la basse (et co-compositeur de l’album), Jean-Luc Di Fraya à la batterie et au chant, et Pierre Durand à la guitare électrique.

    Une des meilleures jazzwoman de sa génération

    On est dans un va-et-vient incessant entre saxo esseulé, et parfois plaintif (Du Haut de là), sinon mélancolique (An Angel's Whisper). La jazzwoman peut révéler des titres métaphysiques (An Angel's Caress, Vide Fertile) ou proposer des titres plus enlevés, voire carrément rock, et tout autant travaillés (High Vibration, Friends & Neighbours Too).

    Céline Bonacina se fait chercheuse, sur la piste d'un jazz ouvert à tous les horizons, à l'instar du titre Borderline, sombre dense et naturaliste, porté par le leitmotiv de Still Running.

    Avec ces envolées qui n'ont peur de rien (Fly Fly To The Sky), l'album de Celine Bonacina n'a jamais aussi bien porté son nom.

    Céline Bonacina, Fly Fly, Cristal Records, 2019
    En concert le 17 janvier 2020 au Théâtre de Sartrouville (78)
    https://www.celine-bonacina.com
    https://www.facebook.com/C%C3%A9line-Bonacina-Official

    Voir aussi : "Une création de Céline Bonacina à La Défense Jazz Festival"

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  • Le S3NS du jazz d’Ibrahim Maalouf

    Après une incursion séduisante d’Ibrahim Maalouf dans la musique classique, avec la Levantine Symphony, boudée par certains ayatollahs du jazz mais réellement séduisante, voici Ibrahim Maalouf de retour avec S3NS. Un onzième album résolument jazz cette fois, qui prouve une fois de plus que le trompettiste franco-libanais est déjà en train de marquer l’histoire de ce genre.

    L’album s’ouvre sur Rosa Blanca qui, après une entrée délicate et mélancolique, se déploie avec générosité et luxuriante, grâce au featuring d’Harold López-Nussa. Un titre auquel vient répondre, plus loin dans l’opus, le tout aussi coloré et fantasque N.E.G.U., avec cette fois Alfredo Rodriguez.

    "Luxuriance" : le mot est trouvé pour qualifier un opus à la fois classique dans sa facture (orchestre de cuivre, rythmes enlevés, couleurs de jazz band, rythmes latinos) et d’une réelle maîtrise – mais on n’en attendait pas moins d’Ibrahim Maalouf. Luxuriance mais aussi audace car, de la même manière que Maalouf était entré dans le classique, en y apportant ses influences jazz et orientales, le trompettiste ne dédaigne pas plus la fusion, à l’exemple du canaille Na Na Na où viennent se rejoindre free jazz, manouche, pop et électro dans un joyeux fatras qui vient narguer les bien-pensants d’un jazz sous naphtaline.

    Un joyeux fatras qui vient narguer les bien-pensants d’un jazz sous naphtaline

    Le trompettiste fait feu de tout bois, ne s’interdisant pas de se nourrir de pop-rock, à l’exemple de l’attendrissant et mutin Happy Face, ou de proposer des architectures musicales faisant se concentrer l’électronique et le cuivre, dans S3NS, le titre qui a donné le nom à l’album. Pour Harlem, en featuring avec Irving Acao, nous voici, bien sûr, au cœur de New York, dans un morceau au funk assumé. La trompette d’Ibrahim Maalouf cavale toute bride apparue dans les quartiers bigarrés et colorés de la Big Apple. Harlem ce n’est pas juste un titre jazz virevoltant : c’est aussi une vraie scène cinématographique, au point qu’on l’imagine bien faire les honneurs d’une bande originale de film.

    Le musicien franco libanais s’offre le luxe de s’allier avec Roberto Fonseca pour Gebrayel, un titre latino à souhait, à la joyeuse exubérance mais non sans des respirations mélancoliques et bouleversantes. Bouleversantes comme le sont les sonorités et la facture de All I Can’t Say, dans lequel la trompette vivante d’Ibrahim Maalouf se déploie, langoureuse, lyrique et romanesque, avec des accents orientaux. Il semble que pour S3NS, Ibrahim Maalouf propose un album bien plus intériorisé qu’il n’y paraisse. Le titre qui termine l’opus, Radio Magallanes, nous parle de solitude et de repli à l’écart des autres, à l’instar de cette terre chilienne proche de l’Antarctique. Après la chaleur méditerranéenne, voilà pour terminer le froid du pôle sud, pour un opus qui nous a fait cavaler aux quatre coins du monde. Un vrai album qui fait S3NS, quoi.

    Ibrahim Maalouf, S3NS, Mister Ibe, 2019
    En concert, le 23 novembre au Zénith de Dijon
    Le 24 novembre au Zénith de Nancy
    Le 30 novembre à l’Opéra Garnier de Monte-Carlo
    Le 1er décembre au Dôme de Marseille
    Le 8 Décembre au Zénith Sud, deMontpellier
    https://www.ibrahimmaalouf.com
    https://www.facebook.com/ibrahim.maalouf

    Voie aussi : "Ibrahim Maalouf, déjà un classique"

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