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Lady Vegas : la surdouée, le prof et la poissarde
Tamara Drewe et Beth Raymer. Les héroïnes des deux films de Stephen Frears, Tamara Drew et Lady Vegas, ont au moins trois points communs : l’ambition de deux jeunes femmes de refaire leur vie, leur outrageante beauté qui va faire tourner la tête de quelques hommes et l’art de porter le mini-short !
Mais là où Tamara Drewe (Gemma Aterton), le personnage principal du film éponyme, pose ses bagages dans le village de son enfance so british, la candide Beth (Rebecca Hall) entreprend de faire fortune dans la plus artificielle des villes occidentales, Las Vegas. Après une brève carrière dans le strip-tease à domicile, notre Lady Vegas y découvre sa voie dans les paris sportifs où elle s’avère vite surdouée et chanceuse. Elle y trouve, pour le coup, un ami attentif en la personne de Dink Heimowitz (Bruce Willis) et une famille de substitution dans laquelle Tulip (Catherine Zeta-Jones), l’épouse de Dink, finit, contre toute attente, par jouer un rôle non négligeable.
On peut faire la fine bouche devant cette petite comédie de Stephen Fears. L’auteur des Liaisons dangereuses ou de My beautiful Laundrette offre, avec Lady Vegas, une escapade fraîche mais sans surprise dans le milieu de l’argent facile, avec un happy-end à la clé. Frears est cependant bien trop doué et malin pour se cantonner dans un film commercial uniquement distrayant.
Il convient de rappeler que Lady Vegas est aussi et surtout l’adaptation du récit de Beth Raymer, Lay The Favorite. Cette ancienne journaliste y conte son expérience de l’industrie du sexe et des jeux d’argent. Les chassés-croisés amoureux et amicaux, les ambitions et les jalousies sont l’occasion de brosser le portrait d’une Amérique libérale obnubilée par le Roi Dollar. "Las Vegas et Wall Street : même combat !" semble asséner Frears lorsque la fausse ingénue rejoint son petit ami Jeremy (Joshua Jackson) à New York, avant unes escapade professionnelle au Costa-Rica avec son nouvel associé Rosie (Vince Vaughn), le double sombre de Dink. Bravant les lois fédérales sur les jeux d’argent, Beth y découvre aussi amèrement le revers de cette fortune, avant une pirouette finale et une fin convenue.
Lady Vegas, modeste étape américaine dans la brillante carrière de Stephen Frears, trouve finalement son plus grand intérêt dans le jeu des acteurs. Rebecca Hall est la révélation de cette comédie sympathique pour son rôle d’ingénue ambitieuse et sexy. Bruce Willis, en contre-emploi, se distingue quant à lui en quinquagénaire installé, blasé et bienveillant. Soulignons enfin le retour sur les écrans de la trop rare Catherine Zeta-Jones : un brin cabotine, elle s’en sort plutôt bien dans le portrait d’une épouse superficielle, jalouse et poissarde.
Finalement, Stephen Frears a su tirer vers le haut cette comédie légère. Qui aurait pu en douter ?
Stephen Frears , Lady Vegas : Les Mémoires d'une Joueuse, 100 mn, 2012