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C’est une Amérique que l’on n’a pas l’habitude de voir sur l’écran : celle des premières années du XIXe siècle, entre sa naissance sous Washington et le début de la guerre de Sécession. Pale Blue Eye, le film proposé en cé début d'année par Netflix plante son décor dans ces Etats-Unis là.
Nous sommes précisément en 1830, en plein hiver. Augustus Landor est un inspecteur civil que l’académie militaire de West Point – appelée à un destin prestigieux – contacte pour résoudre une affaire ennuyeuse qu’elle voudrait résoudre au plus vite et ne pas laisser fuiter. Landor est l’homme de la situation : taciturne et secret, accessoirement tourné vers la boisson, il vit seul après le décès de sa femme et la disparition de sa fille.
L’affaire qu’il doit résoudre est celle du suicide d’un jeune cadet à qui l’on a, par la suite, arraché le coeur. Au sein de l’Académie, iul trouve un soutien inattendu chez un autre cadet. Son nom ? Edgar Allan Poe qui se targue d’être poète et se révèle un détective très doué.
Un bon thriller doublé d’un film d’époque
Outre le cadre de The Pale Blue Eye – la jeune République étasunienne – la vraie bonne idée du film proposé par Netflix est de mettre en scène le célèbre auteur des Nouvelles extraordinaires que beaucoup d’écoliers ont lu dans leur jeunesse. Voilà ici un Edgar Allan Poe étonnant et attachant, joué par le formidable Harry Melling, l’ex Dudley d’Harry Potter, et que l’on a vu plus tard dans Le Jeu de la Dame.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule star du film : outre Christian Pale dans le rôle de Landor, on trouve également Gillian Anderson, Robert Duvall, Lucy Boynton et notre Charlotte Gainsbourg nationale dans un rôle finalement très secondaire.
Cette histoire de meurtres rituels transposée dans un univers gothique – pouvait-il en être autrement avec la présence de Poe ? – prend un tour inattendu à partir de la dernière demie-heure. Inutile bien sûr d’en dire plus. Un bon thriller doublé d’un film d’époque, cela ne se refuse pas. Et cela donne envie de relire le génial Edgar Allan Poe.
The Pale Blue Eye, thriller historique de Scott Cooper, avec Christian Bale, Harry Melling, Gillian Anderson, Robert Duvall, Lucy Boynton et Charlotte Gainsbourg, 2022, 128 mn, Netflix https://www.netflix.com/fr/title/81444818
Bon, on ne se le cachera pas : la comédie En même temps , disponible en ce moment sur Canal+, est à classer dans les satires vraiment réjouissantes, non sans intelligence et pertinence.
Dans une petite ville de Province, le maire Didier Bequet (Jonathan Cohen) du parti d'Extrême Centre aux lointains airs macronistes, entend construire un parc de loisirs – avec emplois à la clé – dans une forêt primaire. Pour cela, il faudrait qu'il convainque son confrère politique Pascal Molitor, un élu de gauche et écologiste qui, bien entendu, entend s'opposer à ce projet. Les deux confrères organisent une tournée des grands ducs qui se termine dans un bar, le bien nommé "FMI". Une féministe fomente un coup.
Voilà Didier et Pascal contraints de commencer une déambulation dans leur pays, côtoyant tour à tout un vétérinaire allumé, un barman répétant chaque phrase deux fois, l'ex du numéro écolo et des policiers municipaux décalés.
Burlesque et l'engagement sont la pierre angulaire dans cette farce qui entend appuyer là où ça fait mal
Prenez deux politiciens aussi différents qu'un type de droite moderne, macho, viandard, corrompu, sans vergogne et un gauchiste frustré, angoissé, se mettant à dos des administrateurs chasseurs ("la chasse aux lacets"). Contraignez-les à rester ensemble et à être collées ensemble jour et nuit. Ajoutez des militantes féministes, obsédées par l'inclusion et légèrement dépassées par leur happening. Voilà une bien jolie recette pour une comédie qui, malheureusement, a raté son public.
En même temps propose des scènes tellement hilarantes qu'elles mériteraient de rester culte : les scènes dans le restaurant avec le patron joué par Gustav Kervern, la scène avec les call-girls, le dialogue entre les militantes – India Hair, Jehnny Beth et l'inénarrable Doully.
L'équipe de Groland est dignement représenté, à commencer par Gustave Kervern, Benoît Delépine et Doully. Autant te dire que le burlesque et l'engagement sont la pierre angulaire dans cette farce qui entend appuyer là où ça fait mal : la corruption, l'environnement, la société fragmentée, la misère et surtout la connerie. Vaste programme.
Il y a ces films qui vous laissent muets d’admiration autant que de sidération.L’Été l’éternité d’Émilie Aussel, sorti l’an dernier et visible en ce moment sur Ciné+, en fait partie. Disons-le : ce long-métrage, dont on a finalement assez peu parlé, est un petit miracle en soi autant qu’un joyau, qu’il faut déguster et re-regarder pour en apprécier toute la subtilité.
Le récit commence par les vacances au bord de la mer de jeunes gens, tout juste bacheliers, avec ses corollaires : l’insouciance, les amourettes, les fêtes, les conversations entre garçons et filles. Tout cela fait très rohmérien. Rien de nouveau sous le soleil, oserions-nous dire.
Sauf qu’un événement s’abat sur le groupe d’ami·e·s. Lors d’une dernière baignade, un soir, l’insouciante et fraîche Lola (Marcia Guedj-Feugeas) se noie. La vie se fracasse soudainement et le groupe d'amis est terrassé. La meilleure amie de Lola, Lise (l’exceptionnelle Agathe Talrich) se retrouve, comme ses camarades, désemparée et en proie à une indicible douleur.
L’été est toujours là, le soleil et la mer aussi, mais la mort cruelle et injuste vient rappeler qu’elle peut frapper n’importe qui, n’importe où et n’importe quand. "Y a que les murs qui restent", constate Marlon (joué par le formidable Idir Azougli), à la fois brut, insaisissable et bouleversant. Lise traîne son désarroi. Comment vivre après ce drame et pourquoi vivre ? Un soir, elle quitte ses amis, effondrés comme elle, et croise un trio d’amis et artistes, en vacances en comme elle.
Film miraculeux, bouleversant adresse à une jeune fille morte, ode à la jeunesse et à sa fragilité
Une grande claque ! L’Été l’éternité est le premier long-métrage d’une réalisatrice dont il va falloir absolument suivre le parcours. On lui devait auparavant Ta Bouche Mon Paradis (2016), Petite Blonde (2013) et Do You Believe in Rapture (2013), des courts-métrages traitant eux aussi de l’adolescence, du sud mais aussi de rencontres sur la plage (Petite Blonde).
Pour L’Été l’éternité, la réalisatrice laisse vite de côté les amours de vacances, les réflexions légères sur les relations garçons-filles, les flirts, Tinder et les fêtes arrosées à la bière et au rosé pour inscrire son film dans une trame sombre où plaisir et souffrance, vie et mort, désespoir et espoir s’entrecroisent et s'affrontent.
Après le drame de Lola, le temps se suspend. Le film adolescent prend des allures de fable métaphysique, avec des choix esthétiques forts comme l’absence d’artefacts modernes – téléphones, ordinateurs et même voitures. Si la technologie apparaît à partir de la seconde moitié du film c’est au service de l’art, salvateur, qu’il soit vidéo, poétique, musical ou chorégraphique.
Mettre la jeunesse insouciante en tête-à-tête avec la mort : voilà ce qui guide la réalisatrice. "Quand on est jeunes, on croit qu’on est invincible, qu’on est immortel et que ça durera toujours… Moi je voulais que ça dure toujours", dit, face caméra, un des protagonistes effondré et démuni. Sans pathos, avec une retenue digne, Émilie Aussel filme le chagrin, la consolation impossible et une morte toujours présente.
Lise entame un parcours salvateur pour accepter la mort de Lola et vivre avec, après être passée par des phases successives, l’incompréhension, l’inacceptation, la culpabilisation et le désespoir. Et si l’apaisement passait par les autres mais aussi par l’art ?
Film miraculeux, adresse à une jeune fille morte, ode à la jeunesse et à sa fragilité, L’Été l’éternité est surtout un joyau bouleversant dont plusieurs scènes et dialogues resteront gravés longtemps dans les mémoires, à l’instar de cette phrase de Rita pour Lise, à la toute fin du film : "Il manque quelqu’un".
C’est l’heure du grand bilan pour 2022. Quels sont les chroniques qui ont été les plus buzzé cette année. Musiques, expos, livres, BD : il y en a pour tous les goûts cette année.
La compositrice et violoniste Elise Bertrand ouvre la marche de ce Top 10 annuel. Qui a pu dire que la musique contemporaine n’intéressait plus personne ? Avec cette chronique, Bla Bla Blog entendait faire découvrir une formidable créatrice avec un premier album audacieux, intelligent et plein de souffle. Une très grande compositrice venait de naître. Formidable !
Extrait: "Les Lettera Amorosa, qui donnent son nom au premier album d’Elise Bertrand, marquent la découverte d’une nouvelle venue dans la musique contemporaine. La maison de disques Klarthe Records a eu la bonne idée de sortir les premières œuvres de la jeune compositrice et violoniste, et en premier lieu cet opus 10 que sont le quatuor avec flûte "Lettera amorosa". Elise Bertrand a mis en musique le recueil éponyme de René Char, que l’écrivain présentait ainsi dans son épigraphe : "Amants qui n’êtes qu’à vous-mêmes, aux rues, aux bois et à la poésie ; couple aux prises avec tout le risque, dans l’absence, dans le retour, mais aussi dans le temps brutal ; dans ce poème il n’est question que de vous…"LA SUITE ICI...
Quel plaisir de voir bien positionnée cette chronique sur Le Diamant Bleu, un cabaret situé à quelques encablures de Montargis ! Preuve qu’on sait s’amuser dans le Gâtinais et que même un village modeste peut devenir un lieu de toutes les fêtes !
Extrait : "Dans la grande famille des cabarets, Bla Bla Blog ne pouvait pas ne pas parler du Diamant Bleu, un lieu de fête sexy qui a ouvert ses portes il y a déjà vingt ans en plein cœur du Gâtinais, à Barville-en-Gâtinais. C'est le cabaret du Loiret par excellence, à une heure de Paris et quelques kilomètres de Montargis et qui n’entend pas se laisser impressionner par les Moulin Rouge, Crazy Horse et autres Paradis Latin. Non sans raison, Le Diamant Bleu peut se targuer de porter l’étiquette de "plus grand cabaret de Province"…" LA SUITE ICI...
La première exposition à l’honneur dans notre classement est celle que Le Louvre consacre aux objets. Peu sexy a priori ? Bien au contraire : merveilleuse, passionnante et intelligente. Le public aura jusqu’au 23 janvier pour découvrir ce qui se cache derrière la représentation des objets dans l’histoire de l’art. Un projet culturel, ambitieux et largement réussi.
Extrait : "Derrière "Les choses", l’énigmatique titre de la dernière exposition au Louvre qui se tient jusqu’au 23 janvier prochain, se cache une aventure de plusieurs milliers d’années au cœur de la représentation des objets. Grâce à 170 œuvres prêtées par plus de 70 institutions et musées, la vénérable institution propose de revenir sur la question de la représentation des choses, depuis les stèles funéraires de l’Égypte ancienne jusqu’à l’intelligence artificielle, en passant par les objets religieux médiévaux, les peintures classiques de Chardin, ou les installations et ready-made du XXe siècle. Le parcours muséographique fait l’objet de 15 séquences chronologiques passionnantes…" LA SUITE ICI...
À la septième place du classement de cette année, figure un focus sur une autre admirable exposition, cette fois en Province, à Nîmes. D’avril à octobre, le Musée de la Romanité nous rappelait l’importance pour notre culture des Étrusques.
Extrait : "Du 15 avril au 23 octobre 2022, le Musée de la Romanité de Nîmes met à l’honneur une civilisation antique méconnue et pourtant l’une des plus fascinantes et raffinées de la Méditerranée : les Étrusques. L’histoire de ce peuple d’habiles navigateurs et d’artisans raffinés se développe à partir du IXe s. av. J.-C., connaît son apogée entre le VIIe et le Ve siècle, et finit par tomber progressivement sous la domination débordante de Rome, entre le IVe et le Ier s. av. J.-C…"LA SUITE ICI...
C’est bien connu : les Allemands sont devenus nos plus chers et nos plus rares amis. Mais nous connaissons-nous vraiment ? Dans son livre Douce Frankreich, dont la chronique est bien positionnée en 6e place, Frank Gröninger nous tend un miroir réjouissant autant qu’amoureux.
Extrait : "Ces chroniques d’un Allemand en France, Douce Frankreich de Frank Gröninger (éd. AlterPublishing), sont un hommage appuyé autant qu’un récit amoureux pour un pays – la France – à la fois attirant, fascinant, mais qui est aussi mal compris, sinon mal aimé. Qui peut le mieux en parler que précisément un étranger, qui a aujourd’hui la double nationalité ? L’auteur, Frank Gröninger, cite à ce sujet cette phrase de Kurt Tucholsky : "Un Allemand, il faut le comprendre pour l’aimer ; un Français il faut l’aimer pour le comprendre…" LA SUITE ICI...
C’est le premier film à entrer dans le top 10 de cette année. La chronique consacrée au long-métrage Les fantasmes de Stéphane et David Foenkinos entre dans le cadre du hors-série consacrée à l’auteur de La Délicatesse. Le film à sketch est incontournable pour les fans qui, ici, avec son frère, s’en donne à cœur joie. Réjouissant comme un roman de David Foenkinos.
Extrait : "Les films à sketchs, un genre à part et considéré avec méfiance, peut vite tomber dans le piège de sketchs de qualités variables. Les fantasmes de Stéphane et David Foenkinos n’évite pas cet écueil, ce qui ne l’empêche pas d’être une œuvre à la fois osée, souriante et étonnante. Soulignons d’emblée le choix de la bande originale, choisie avec soin, avec notamment la découverte ou redécouverte de "Teach Me Tiger" d’April Stevens. Stéphane Foenkinos et son écrivain de frère, auquel Bla Bla Blog consacre un hors-série spécial, ont choisi un thème unique : le fantasme en amour…"LA SUITE ICI...
Chauds les marrons ! Bla Bla Blog avait consacré plusieurs chroniques à Raúlo Cáceres avant cet album particulier à bien des égards. D’abord parce qu’il s’agit non pas d’une bande dessinée mais d’un art book. Ensuite parce que le dessinateur espagnol se distingue par ses univers sombres mêlant horreur, sadisme, sexe, tortures, érotisme mais aussi une sérieuse dose d’humour noir. Pour public (très) averti, bien entendu !
Extrait : "Le dernier ouvrage de Raúlo Cáceres, Eros et Thanatos (éd. Tabou) est à part dans la bibliographie du dessinateur espagnol. Cet art book rassemble sur 80 pages une sélection d’illustrations, pour la plupart inédites ou appartenant à des collections privées et datant des années 2018 à 2021. L’univers de Raúlo Cáceres est celui du sexe, de la violence, des monstres, de la cruauté mais aussi du mal, parfois incarné par des vamps aussi terribles qu’attirantes. Derrière ses adaptations de Justine et Juliette de Sade ou l’incroyable roman graphique des Saintes Eaux (toujours aux éditions Tabou), le dessinateur de Cordoue parvient à "radiographier les profondeurs de l’âme humaine, avec ces espaces sombres, qui ont peu changé au cours des siècles", comme l’écrit Serafín Pedraza Pascual, en présentation d’Éros et Thanatos. Il ajoute ceci : "La profondeur inégalée du graphisme de de Raúlo le place à un niveau d’excellence à la hauteur des plus grands auteurs de bande dessinée contemporaine…"LA SUITE ICI...
Nous arrivons au podium de ce classement. Il est rare qu’un film arrive à cette place dans un classement annuel de Bla Bla Blog. Preuve que cet étonnant et captivant biopic sur Anne Franck et son amie Hannah a su marquer l'année 2023. Bouleversant, bien entendu.
Extrait : "On ne va pas se mentir : l’histoire d’Anne Franck n’a jamais été aussi bien traitée que par le film de George Stevens (The Diary of Anne Frank, 1959) et bien entendu par le Journal d’Anne Franck. Le manuscrit de l’adolescente néerlandaise, retrouvé par miracle par son père après la guerre, est par la suite devenue une œuvre majeure de la littérature mondiale, le journal le plus célèbre du monde et aussi une des pierres angulaires de la littérature concentrationnaire. Le film Anne Frank, ma meilleure amie, proposé par Netflix, est consacré à ce sujet sensible et difficile sous un biais inattendu. Il fallait être culotté pour revenir sur ce récit, ce que Ben Sombogaart et ses deux interprètes principales, Josephine Arendsen et Aiko Mila Beemsterboer, font avec conviction…"LA SUITE ICI...
Le Duo Jatekok a fait l’objet d’une interview et d’une chronique sur leur album d’adaptation du groupe allemand Rammstein. Preuve qu’en matière de musique, metal et classique font décidément extrêmement bon ménage. La 2e place du duo formé par les pianistes Nairi Badal et Adélaïde Panaget le prouve.
Extrait : "Adapter en version acoustique et classique Rammstein, le groupe de rock metal allemand le plus emblématique de la scène mondiale : voilà un projet qui ne pouvait qu’interloquer Bla Bla Blog. C’est le Duo Jatekok, formé par les pianistes Nairi Badal et Adélaïde Panaget, qui s’est attelé à la tâche. À bien y réfléchir, le projet a du sens si l’on pense à l’intrusion de sons symphoniques chez Rammstein ("Mein Herz Brennt" ou "Ohne Dich"). De plus, les fans du groupe allemand savent que les deux pianistes assurent depuis 2017 leur première partie. Ce pont entre deux courants musicaux, a priori aussi antinomiques que le metal et le classique, est à saluer. Le résultat est ce Duo Jatekok plays Rammstein, un passionnant album de reprises qui sort cette semaine. Un opus qui ravira autant les fans du groupe de rock que les familiers du classique – deux mondes qui peuvent d’ailleurs parfois se confondre…" LA SUITE ICI...
Pour 2022, c’est la chanteuse Adé qui est la grande gagnante du Top 10 de Bla Bla Blog. Son premier single puis son premier album solo ont prouvé que l’ex de Thérapie Taxi est déjà une voix de la scène français sur laquelle il faudra compter.
Extrait : "C’est l’énorme coup de cœur de cet été ! Celui qui vous fait complètement chavirer et qui vous envoie aussi une énorme frustration : celle de devoir attendre un album, qui viendra inévitablement. En un seul single, "Si tu partais", Adé montre qu’elle n’est plus seulement la co-leadeuse et chanteuse envoûtante de Therapie TAXI ("Coma idyllique", "Hit sale", "PVP"), le groupe de pop-rock le plus passionnant et le plus détonnant de ces dernières années. La séparation du groupe avait désespéré ses fans, et à juste titre. En promettant de revenir en solo, Adé, Adélaïde Chabannes de Balsac dans l’état-civil, n’a pas menti : elle propose, quelques mois après la séparation, son premier single, "Tu partais"…" LA SUITE ICI...
Un bien énigmatique titre pour une histoire qui ne l’est pas moins.La Ruse, film d’espionnage réalisé par John Madden et sorti en France l’an dernier, se présente comme un récit d’autant plus ahurissant qu’il se base sur une historie vraie, survenue en pleine seconde guerre mondiale. Et l’un des protagonistes – certes un des personnages secondaires – n’est autre que Ian Flemming, le père de James Bond.
En 1943, les Alliés s’apprêtent à reconquérir l’Europe dominée par les armées hitlériennes. La première étape est un débarquement qui doit avoir lieu en Sicile, "le ventre mou de l’Europe", selon Churchill lui-même. Le hic c’est que les Allemands le savent aussi. Une opération de désinformation est lancée par les services secrets britanniques. Le moyen ? bâtir de toute pièce un récit sur un officier britannique retrouvé noyé sur les côtes espagnoles et transportant avec lui des faux-documents pour duper l’ennemi.
Derrière cette opération d’intoxication se cache une célébrité : Ian Flemming
L’histoire de cette opération surnommée "Mincemeat" ("Chair à pâté") fait partie des opérations d’intoxication militaire les plus impressionnantes de l’Histoire. Elle a surtout permis d’épargner, nous dit le film, la vie de dizaine de milliers de soldats lors du Débarquement d’Italie en 1943. Autant dire que cela méritait bien un long-métrage et une reconstitution, depuis les discussions sur sa faisabilité jusqu’aux retournements complètement imprévus, en passant par le choix du cadavre et la création de l’identité du noyé. Le film s’avère de ce point de vue efficace.
Ce qui l’est moins est la partie sentimentale : une sémillante secrétaire et fonctionnaire (Kelly Macdonald) courtisée par deux brillants officiers (Colin Firth et Matthew Macfadyen). Cette jeune veuve assez peu éplorée est prête à tomber dans les bras d'un mari dont le couple flanche, sous les yeux d'un agent jaloux en mal de reconnaissance. Cette partie du film est la moins convaincante et tend à alourdir un film d’espionnage qui tenait largement la rampe avec cette histoire de manipulations, d’imprévus et de coups tordus.
C’est là aussi qu’il faut parler de ce qui s’avère être le vrai sel de La Ruse. Car, derrière cette opération d’intoxication se cache une célébrité : Ian Flemming, le créateur de James Bond. Les scénaristes ont fait du futur écrivain la voix off du récit. Une liberté, certes, mais qui cache aussi les origines du célèbre et fictionnel 007 : l’amiral John Henry Godfrey, le supérieur de Flemming, surnommé M, et Q trouvent leurs origines dans l’opération "Mincemeat". Et si James Bond était réellement né durant ces années de sang et de feu ?
La Ruse, film d’espionnage et de guerre britannico_américain de John Madden, avec Colin Firth, Kelly Macdonald, Matthew Macfadyen, Penelope Wilton et Johnny Flynn, 2021, 128 mn, Canal+ https://www.canalplus.com/cinema/la-ruse/h/19150840_50001
Un film italien se fait remarquer cet hiver comme un succès surprise pour la plateforme Netrflix. Il s’agit du thriller Il mio nome è Vendetta de Cosimo Gomez avec Alessandro Gassmann, Ginevra Francesconi dans les rôles titres.
Santo Romeo mène une existence tranquille dans le Trentin avec sa femme Ingrid et sa fille Sofia. Lors d’une sortie avec son père, l’adolescente poste une photo de lui sur son Instagram. Cet acte anodin marque le début d’une chasse à l’homme, car Santo est en réalité Domenico Franzè, un ancien mafieux recherché par la Ndrangheta, la mafia calabraise.
Nous sommes là dans un film d’action honnête et même haletant
Le terme "liens du sang" prend tout son sens dans cette histoire où une famille italienne banale se trouve rattrapée par cette autre "famille", sanglante cette fois-ci, bien décidée à régler ses comptes. Le duo père et fille reprend les codes du Léon de Luc Besson, jusqu'à la coupe de cheveux de Sofia.
Mais ne glosons pas inutilement cette histoire de liens familiaux, de vengeance, de passé qui ne passe pas et finalement de bâton-témoin transmis du père à la fille. Nous sommes là dans un film d’action honnête et même haletant, mené jusqu’au dernier quart d’heure et avant un épilogue dont je ne dévoilerai rien.
Au final, disons aussi que la pieuvre mafieuse est la grande perdante de ce jeu de massacre qui ne laissera toutefois personne d’impact.
Il mio nome è Vendetta, thriller italien de Cosimo Gomez, avec Alessandro Gassmann, Ginevra Francesconi, Alessio Praticò et Remo Girone, 2022, 90 mn, Netflix https://www.netflix.com/fr/title/81458368
Disons-le tout de suite : la première qualité de la comédie policière Murder Party est son esthétique. Les images, les costumes, les accessoires, les couleurs et la lumière en font un film assez unique, certes non sans imperfection. Mais parlons d’abord de l’histoire qui est celle d’une intrigue policière.
Jeanne Chardon-Spitzer est une architecte un rien dépassée par une mère encombrante mais aussi par la concurrence. Le contrat que lui propose César Daguerre, un homme d’affaire devenu richissime grâce au succès de ses jeux de société, tombe à pic. Jeanne est invitée à se rendre à son manoir qu’elle est chargée de transformer de fond en comble. Elle y fait la connaissance de la famille du vieil excentrique, majordome inclus. Les choses se gâtent lorsque César est retrouvé assassiné. L’enquête peut commencer, mais aussi le jeu - de massacre - car tout le monde est potentiellement coupable et tout le monde peut mourir.
Nous sommes chez Agatha Christie – version Dix petits Nègres – et Rouletabille dans ce premier film de Nicolas Pleskof. Un premier film dans lequel les moyens ont été mis, que ce soit dans le casting (Alice Pol, Miou-Miou, Eddy Mitchell, Zabou Breitman) ou dans les décors, les costumes ou les accessoires. Le pastiche est revendiqué dans cette comédie policière qui balaie tout sur son passage, avec une esthétique pop assumée.
Murder Party en orbite dans une autre dimension
L’audace vient singulièrement moins de l’histoire – une riche victime jalousée et souvent détestée – que dans le choix de mettre Murder Party en orbite dans une autre dimension, jusque dans les génériques et la bande-son. Murder Party se situe dans les années 60, mais ce serait des années 60 fantasmées, avec l’apport d’inventions bien de notre époque, à commencer par le téléphone portable ou l’escape game. On pourra y trouver le même esprit uchronique qu’avaient mis Berthet et Duval avec leur série de BD, Nico.
En parlant de la chanteuse du Velvet Underground, nous sommes dans un esprit résolument pop. Les décors sont peaufinés – trop sans doute – et l’artifice et l’artificiel sont pleinement revendiqués, jusqu’à l’intrigue se jouant des acteurs comme des spectateurs. On adhère ou pas à cette comédie se transformant en jeu de massacre qui ne se prend jamais au sérieux.
Grâce à leur métier, les comédiens s’en sortent bien. Alice Pol est pétillante dans ce rôle d’architecte coincée dans cette maison de fous. Même si le spectateur peut rester sur sa fin, la dernière image nous ferait dire que la comédienne serait parfaite dans le rôle d’une espionne ou d’une détective, cette fois dans un rôle des plus sérieux. À découvrir sur Canal+ en ce moment.
Sorti cette année et disponible en ce moment sur Canal+, "le" Maigret de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu était attendu au tournant à plus d’un titre. D’abord parce qu’un film de notre Gégé national est toujours un événement. Ensuite parce qu’une adaptation d’un Georges Simenon réserve très souvent des surprises, tant l’écrivain belge a bâti une œuvre exceptionnelle parvenant à fouiller l’âme humaine derrière le vernis de polars et d’enquêtes policières. Et puis, il ne faut pas oublier que Patrice Leconte, après son succès populaire des Bronzés, est parvenu à amadouer les critiques grâce au superbe Monsieur Hire, qui était déjà une adaptation d’un roman de Simenon. Ici, Patrice Leconte s’est attaqué à un autre livre, Maigret et la Jeune Morte, sorti en 1954.
Sous le titre sobre Maigret, Depardieu endosse le célèbre commissaire parisien du 36 Quai des Orfèvres. Nous sommes dans les années 50. Une jeune femme sans identité a été retrouvée morte sur la Place Vintimille. Elle portait une luxueuse robe de soirée mais aucune pièce d’identité. Le policier commence une enquête peu ordinaire à la recherche d’abord du nom et de l’adresse de cette jeune femme mineure.
Quant à Depardieu, il campe un Maigret avec une économie de moyens
Des esprits chagrins ont pu regretter l’adaptation impeccable mais froide et académique de cette énième adaptation de Maigret. Mais que n’aurait-on dit à l’inverse d’une relecture biaisée d’une œuvre de l’auteur belge ? Et puis, soyons juste : Gérard Depardieu incarne un Maigret incroyable, sombre, puissant et d’une noirceur bouleversante. C’est à l’image de cette période post-seconde guerre mondiale, ce qui n’empêchait pas la bonne société parisienne de rire et de s’amuser. Que l’on pense à Jeanne, convolant en juste noce avec le "bien né" Laurent.
Patrice Leconte respecte à la lettre le contrat moral qui le lie à Simenon, quitte à laisser dans l’ombre les personnages secondaires – si on excepte les formidables Betty (Jade Labeste) et Jeanine (Mélanie Bernier).
Finalement, l’intrigue policière compte moins que le souffle tragique, pour ne pas dire métaphysique de cette histoire de jeune fille morte et quasi oubliée.
Quant à Depardieu, il campe un Maigret avec une économie de moyens. Le spectateur aura longtemps en tête la silhouette massive, l’imperméable ample et le chapeau vissé du tenace commissaire. L’affiche très réussie nous renvoie de manière subliminale, avec ce clin d'œil à la "ligne claire", du côté de la Belgique de Simenon et d’Hergé. Le film se termine sur cette image du policier déambulant dans les rues pavés de Paris et croisant une de ces nombreuses jeunes Provinciales, déracinées et perdues.