Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

piano - Page 4

  • Franck par Lazar

    César Franck : voilà un compositeur discret, pour ne pas dire oublié, et dont la popularité semble beaucoup se limiter au "Panis angelicus". Dommage. On doit remercier le pianiste français Ingmar Lazar pour ce choix d’œuvres pour piano, à commence par la délicate première sonate commençant par un "Larghuetto-Allegro moderato" tout en finesse.

    Avec César Franck, on est au cœur de cette musique française de la deuxième moitié du XIXe siècle. Alors que la musique allemande et romantique domine et que le modernisme s'annonce, la France reste dans une facture classique, avec parfois une fausse candeur ("Adagio, andante moderato"), mais sans jamais vendre au diable son élégance, ni ses influences romantiques (le troisième mouvement de la Sonate n°1, "Rondo, allegro vicace").

    L’auditeur trouvera ce puissant, subtil et ambitieux "Grand Caprice" (1843), aux arabesques sonores incroyables et demandant à l’interprète – ici, Ingmar Lazar – une virtuosité implacable.

    Puissant, subtil et ambitieux 

    L’album proposé par Hänssler et Ingmar Lazar propose un premier "Prélude, aria et fugue" en trois parties, avec toujours cette facture romantique au classicisme très "musique française". On se croirait dans les salons bourgeois du début de la IIIe République, car l’œuvre a été écrite entre 1886 et 1887. César Franck se déploie avec tact et brillance les trois mouvements.

    L’auditeur s’arrêtera sans doute avec plaisir sur le lent, tourmenté et aux accents nostalgiques et douloureux "Aria" ("lento"), avant un "Final" enlevé, pour ne pas dire agité ("allegro molto ed agitato").    

    L’album d’Ingmar Lazar se termine par un dernier "Prélude, choral et fugue". Écrite en 1884, l’œuvre se place d’emblée, à travers son titre, sur les pas de Jean-Sébastien Bach, avec un "Prélude" moderato au romantisme bouillonnant. Le "Choral, "poco più lento" se déploie avec une grâce indéniable, servi par un pianiste magnétique.

    Avec le dernier mouvement, "Fugue", nous voilà chez Bach. Mais un Bach catapulté en pleine deuxième mouvement du XIXe siècle, avec cette touche française propre à César Franck.    

    Et si l’on concluait en disant que l’album propose là l’une des plus séduisantes découvertes du compositeur français ? 

    César Franck, Piano Works, Ingmar Lazar, Hänssler, 2023
    https://www.facebook.com/ingmarlazarpiano
    https://www.ingmar-lazar.com
    https://haensslerprofil.de/shop/soloinstr-ohne-orchester/cesar-franck-piano-works

    Voir aussi : "Histoires de roux et de rousses"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Rien que de plus classique

    Rien de plus classique que Mozart. Et rien de plus classe ni de plus élégant non plus, semble nous dire Elizabeth Sombart, au piano pour les quatre célèbres concertos pour piano 20, 21, 23 et 27 du génie autrichien. Elle est ici accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Pierre Vallet.

    L’auditeur retrouvera en premier lieu dans ce double album le lustre du 20e Concerto pour piano en ré mineur, romantique avant l’heure, plein de fièvre et de tensions ("Allegro"). La pianiste française s’y meut avec assurance et une solide maîtrise. On a aussi envie de dire que rien n’est sans doute plus piégeux que de se réapproprier des passages de musique classique devenus de véritables "tubes", à l’instar de la "Romanze". Pari réussi pour la pianiste française qui s’en sort sans esbroufe et avec la même assurance. L’"Allegro assai" est interprété avec une joie communicative et d’une magnifique expressivité.

    Le Concerto pour piano n°21 en ut majeur ne peut que caresser les oreilles de l’auditeur, qui retrouvera dès le premier mouvement une de ces mélodies éternelles ("Allegro Maestoso"). Le deuxième mouvement "andante" captera aussi bien les oreilles que le cœur, tout autant que l’enlevé "Allegro vivace assai", à la fausse légèreté.

    De véritables "tubes"

    Dans ce double album, il était impossible de passer à côté du chef d’œuvre incroyable qu’est le 23e Concerto pour piano en la majeur. Les trois mouvements respirent du même souffle et de la même luxuriance mélodique. Que l’on pense à cette arrivée magique du piano dans le premier mouvement "allegro". Il suffit de quelques notes pour le rendre bouleversant et inoubliable. On ne saura trop répéter à quel point Mozart sait rendre la légèreté profonde, alors que l’apparente simplicité mélodique se fait vite labyrinthique.

    Peu de concertos pour piano dans l’histoire de la musique n’ont proposé mouvement aussi bouleversant que le célèbre "Adagio" de ce 23e. Pas de maniérisme, pas d’exubérance, pas d’effets appuyés comme certains "tubes" populaires, mais un moment de grâce de près de sept minutes et demi, servi par une Elisabeth Sombart s’effaçant derrière la composition de Mozart. Le concerto se termine avec le luxuriant "Allegro assai" – une "résurrection" selon Olivier Messiaen – avec pas moins de huit épisodes thématiques. Une vraie œuvre dans l’œuvre.

    Pour compléter ce double album mozartien, Elisabeth Sombart propose son tout dernier concerto pour piano, le numéro 27 en si bémol majeur, que le compositeur autrichien a écrit en janvier 1791, soit quelques mois avant sa mort. Ce n’est certes pas le plus connu, mais la maîtrise du génie est indéniable et éclate à chaque mesure, non sans facéties (le premier mouvement "allegro"). Le mouvement suivant, "Larghetto", a ce singulier dépouillement, que vient contrebalancer la dernière partie, un "Rondo : allegro" mené avec une belle efficacité toute mozartienne.  

    Elisabeth Sombart fait plus que servir Mozart : elle lui rend hommage et le magnifie. 

    Wolfgang Amadeus Mozart, Concerts pour piano 20, 21, 23 et 27,
    Elisabeth Sombart au piano, Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Pierre Vallet, Rubicon, 2023

    https://www.elizabethsombart.com
    https://rubiconclassics.com/release/mozart-piano-concertos-nos-20-21-23-27

    Voir aussi : "Les Schumann en majesté"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Rui Lopes, le basson peut lui dire merci

    Le basson. Voilà un instrument rare, peu mis en valeur dans le répertoire classique, si ce n’est dans les grands orchestres, mais noyé dans la masse... Voilà qui rend la démarche du bassoniste Rui Lopes passionnante. Grâce à son album Close Encounters, il nous fait découvrir son instrument à travers un choix d’œuvres d’Édouard du Puy, Wynton Marsalis (et oui!), mais aussi Camille Saint-Saëns et Astor Piazzolla. À noter aussi la présence d'artistes moins connus, la compositrice Helena Winkelman et Marcelo Nisinman.

    Le son rond, grave, picaresque, pour ne pas dire pittoresque, du basson se déploie avec fraîcheur dans le "Quintette pour basson, violons, alto et violoncelle" d’Édouard Du Puy. L’auditeur découvrira sans doute ce compositeur suisse de la fin du XVIIIe siècle, à la facture très classique, pour ne pas dire mozartienne, mais qui nous ouvre une jolie œuvre mettant en relief et en valeur le basson.  

    L’auditeur sera certainement intrigué par l’apparition de Wynton Marsalis dans ce programme classique et contemporain. Le jazzman figure dans une pièce à la contemporanéité déconcertante, "Meeelaaan, pour basson et quartette à cordes". Une composition à la fois austère, rigoureuse et où le jazzman se joue paradoxalement du rythme. Les cordes se triturent ans tous les sens et tous les espaces pour ce morceau en trois mouvements à l’étonnante modernité mais où le jazz n’est pas absent, pas plus que ses revisites de styles et de danses populaires, "Blues", "Tango" et "Bebop". Marsalis propose ainsi une rencontre inédite entre des musiques et des rythmes que tout opposait a priori

    Après cette légende de la musique, place à des nouveautés, avec d’abord la compositrice Helena Winkelman et sa création pour Rui Lopes, "Gott-Fa", sous-titrée "Deux scènes pour basson et orchestre à cordes". Les deux mouvements, ou "scènes", "Gott – In nomine" et "Fan – Respect the machine", sont à découvrir avec attention. La première scène, "Gott – In nomine", est un lancinant chant de plus de 12 minutes, tour à tour méditatif, plaintif et inquiétant. Dans la deuxième scène, "Fan – Respect the machine", plus courte (moins de 6 minutes), c’est le rythme et le mouvement qui est au centre. Comme une machine infernale, le basson de Rui Lopes prend les choses en main, avec un appétit insatiable et une audace, à l’égal de celle de la compositrice. 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ?

    Autre création contemporaine et création, "Rui’s Tango" est, comme son nom l’indique, une autre création autour de la célèbre danse argentine, cette fois par Marcelo Nisinman, qui nous vient – est-ce un hasard ? – d’Argentine. En trois mouvements, son tango prend des allures de revisite audacieuse – moins sans doute que celle de Winton Marsalis toutefois – sans pour autant trahir l’essence du tango : rythme, passion, sensualité, mais avec cette folie amoureuse que l’on trouve dans le deuxième mouvement "Andante, Vielas de Alfama", sans oublier ce sens de l’expérimental ("Allegro"). 

    Il est heureux qu’après ces découvertes et ces créations, Rui Lopes revienne aux grands classiques, à commencer par la "Sonate pour basson et piano op. 168" de Camille Saint-Saëns. L’auditeur sera agréablement chatouillé par cette œuvre à la fois modeste (moins de 13 minutes pour les trois mouvements), délicate et d’une belle construction mélodique et harmonique, à l’instar du troisième mouvement "Adagio – Allegro moderato". 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ? Car ce genre fait de nouveau l’objet d’un titre, le dernier de l’album. Le bassoniste reprend la célèbre "Etude n°3" d’Astor Piazzolla. Superbe, passionnant et un très bon exemple d’adaptation réussite, pour un instrument que le musicien défend admirablement bien : "J’ai toujours été fasciné par la façon dont le son du basson se mêlait à celui du quatuor à cordes. Pour cet album, j’ai choisi des œuvres que j’aime jouer, certaines originales, d’autres « ré-arrangées ». J’ai ensuite demandé à des compositeurs que j’admire d’écrire pour cette formation. Deux des pièces ont été enrichies d’une contrebasse".

    Exemplaire et remarquable, à plus d'un titre.

    Rui Lopes, Close Encounters, Prospero, 2023
    https://www.facebook.com/ruilopesmusic/?locale=fr_FR
    https://www.rui-lopes.com

    Voir aussi "Majeur !"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Majeur !

    Derrière le singulier titre Bach’s Book Of Zen se cache l’une des œuvres musicales les plus exceptionnelles de l’histoire de la musique. La pianiste Edna Stern s’attaque en vérité à une véritable montagne : Le Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, et plus précisément le livre I.

    Il a été beaucoup écrit au sujet de cette œuvre à la fois magnétique, conceptuelle et pédagogique, dans laquelle Bach a composé 24 préludes et fugues dans toutes les tonalités (do majeur et do mineur, ré majeur et ré mineur, etc.).

    La fascination pour Le Clavier bien tempéré doit sans doute beaucoup à Glenn Gould qui en a fait, au XXe siècle, de passionnantes relectures.  Edna Stern s’y attaque elle aussi dans ce passionnant enregistrement, moins rythmé que Glenn Gould, mais d’un très beau classicisme, presque romantique (le Prélude n°7 en mi bémol majeur, le Prélude n°10 en mi mineur ou encore le Prélude n°18 en sol dièse mineur), et non sans puissance (la magnétique Fugue n°4 en do dièse mineur).

    L’auditeur y trouvera les véritables "tubes" que sont le premier Prélude en do majeur BWV 846 et le deuxième Prélude BWV 848 en do dièse majeur qui semble avancer masqué, comme si la pianiste se montrait tout en retenue. On prend tout autant plaisir à redécouvrir le célèbre Prélude n°6 en ré mineur.

    Il y a du modernisme dans ce Bach’s Book Of Zen, à l’instar de la sixième Fugue en ré mineur, tout comme ce je ne sais quoi de récréatif (la septième Fugue en mi bémol majeur). Il semble qu’à tout moment le "cantor de Leipzig" prenne son monde par surprise. Que l’on pense aux sophistiqués Prélude et Fugue n°19 en la majeur ou encore au plus ludique Prélude n°20 en la mineur.

    Une véritable montagne

    Dans cette œuvre pédagogique, le génie Bach insuffle ces moments de grâce, bouleversants (le Prélude n°8 en mi bémol et ré dièse mineur ou la Fugue n°11 en fa majeur BWV 856).  

    Tout l’esprit Bach est dans cette superbe interprétation du Clavier Bien Tempéré, que ce soit dans ce mélange et de justesse (les Prélude et Fugue n°13 en fa dièse majeur BWV 858), l’harmonie élevée au rang de création géniale (Prélude n°17 en la bémol majeur). L’auditeur devra écouter à ce sujet le bouleversant Prélude n°14, cette fois en fa dièse mineur, à la concision – on aimerait même dire efficacité – remarquable. Bach a déployé tout son talent dans cette œuvre, y compris dans des morceaux brefs, de moins d’une minute (le Prélude n°15 en sol majeur BWV 860 en sol majeur) ou au contraire plus longs et se déployant sans esbroufe (La Fugue n°20 en la mineur d’un peu plus de quatre minutes).

    Edna Stern se révèle aussi impeccable lorsqu’elle se laisse aller à une certaine langueur (Prélude n°16 BWV 861 en sol mineur) ou au contraire lorsqu’elle s’approprie l’étonnante et moderne Fugue en sol mineur. La pianiste parvient à étonner l’auditeur lorsqu’elle fait le choix d’un jeu "gouldien" dans la Fugue n°18 en sol dièse mineur. Edna Stern sait jouer de la nuance, comme le montre le délicat Prélude n°22 en si bémol mineur ou encore la magnétique Fugue n°23 en si majeur.

    On sort de Bach’s Book Of Zen de la plus belle manière, avec les Préludes et Fugues n° 24 les plus longs du premier volume du Clavier bien tempéré. Comme si le cantor de Leipzig et son interprète proposait une dernière promenade musicale. Avant bien sûr de se pencher sur le Livre II

    Bach, Bach’s Book Of Zen, Edna Stern, piano, 2 CD, Audio Note Music, 2023
    https://www.edna-stern.com
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100015246303750
    https://www.youtube.com/channel/UC8xTdVDa1sRrvtGdlz7Xp3g/featured

    Voir aussi : "Amour, musique et nostalgie"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • No Symphony Jazz

    Qu’on ne s’y trompe pas : l’album Symphony de Jean-Michel Pilc est, contrairement à ce qu’indique son titre, une suite de solos de piano. Et, à vrai dire, les influences de l’album seraient plus à chercher du côté du jazz que du classique, à l’instar de "Leaving", qui ouvre l’album.

    L’opus est né lors d’une séance d'improvisation en solo en 2021 au studio OJM au Portugal. "Juste après l’enregistrement de l'album Contradictio du saxophoniste espagnol Xose Miguelez, j’ai été inspiré par les conditions parfaites des studios OJM au Portugal - un magnifique Steinway, une acoustique et des paramètres techniques parfaits. J'ai alors décidé qu'il était temps de faire une session ‘mémorable’ dans le cadre de mon projet solo", confie le musicien. C’est dans ce climat de totale liberté que s’exprime le mieux le prolifique et inclassable pianiste. Qu’il est justement nommé son album "Symphony" prouve s’il en était besoin que l’artiste est autant facétieux que hors- cadre. 

    Jean-Michel Pilc fait de son opus une pérégrination aventureuse, assumant complètement le goût pour la découverte, les influences contemporaines et l’improvisation ("Discovery").  La sensibilité du musicien est évidente dans "The Encounter". La retenue et le choix de la mélodie donnent à ce morceau une facture romantique, à telle enseigne que le morceau aurait complètement sa place dans le répertoire classique ou dans une BO de film.

    Le pianiste revient dans "First Dance" à ce qui est le cœur de son opus : le jazz. Mais c’est un jazz  à la fausse coolitude, traversé de passages où la virtuosité de Jean-Michel Pilc s’exprime.  "Just Get Up" sort des sentiers battus avec le choix de sons contemporains où s’exprime une forme de douleur, comme un appel vibrant et brutal à se relever. 

    Symphony ressemble à un chaînon manquant entre jazz, classique et contemporain

    Né à Paris et aujourd'hui citoyen américain, Jean-Michel Pilc a joué avec de nombreux géants du jazz tels que Roy Haynes, Michael Brecker, Dave Liebman, Jean Toussaint, Marcus Miller, ou John Abercrombie.

    Symphony ressemble à un chaînon manquant entre jazz, classique et contemporain. C’est d’autant plus évident dans la composition "Way To Go" qui désarçonnera forcément – mais qui séduira et passionnera tout autant. 

    Jean-Michel Pilc connaît tout autant ses classiques. Que l’on pense au délicat "Understanding" ou à l’étonnante et légère valse "Waltz For Xose", dont les lointaines inspirations de Bach émergent, mais c'est un Bach qui se serait catapulté dans un jazz-club de New York City. Voilà qui fait de ce morceau une des plus belles réussites de l’album.

    De là à dire que Jean-Michel Pilc renie son univers jazz ? Non. La preuve avec le cool "Not Falling This Time" où l’improvisation se fait reine, ou encore cet autre morceau en forme de promesse : "I’ll Be Bach", dont l’orchestration symphonique ferait à coup sûr merveille. Grandiose ! Du très grand Pilc !

    Jean-Michel Pilc, Symphony, Justin Time Records, 2023
    https://jeanmichelpilc.com
    https://www.facebook.com/jeanmichel.pilc.5

    Voir aussi : "Jordane Tumarinson et les petites histoires de son enfance"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Amour, musique et nostalgie

    Nostalgie, quand tu nous tiens. Ces Chants nostalgiques, proposés par la soprano Marie-Laure Garnier la pianiste Célia Oneto Bensaid et le Quatuor Hanson, s'intéressent à la musique classique française du XXe siècle, avec des œuvres de Gabriel Fauré, Ernest Chausson, mais aussi une compositrice que l’on découvre, Charlotte Sohy. Voilà une sélection bienvenue, tant la musique classique n’en finit pas de sortir de ses archives des artistes féminines qui ont été "oubliées", en raison précisément de leur sexe. Chants nostalgiques est l'enregistrement public d'un concert à l'Estran de Guidel en mars 2022.

    C’est la nostalgie qui est le fil conducteur de cet album, avec d’abord l’opus 81 de Gabriel Fauré, La Bonne chanson. Ce sont des airs généralement assez courts (le plus long fait un peu plus de trois minutes) qui ont été composés à partir de poèmes de Paul Verlaine. On retrouve le souffle et l'âme de Fauré et son sens mélodique, à commencer par le titre "Une sainte en son auréole", que Marie-Laure Garnier interprète avec flamme et sincérité. Célia Oneto Bensaid vient accompagner "Puisque l'aube grandit" pour donner du souffle à ce répertoire de musique française très XXe siècle fortement teinté de symbolisme ("La lune blanche").

    Le néo-classique Fauré étonne avec "J'allais par des chemins perdus", un titre plus moderne, derrière lequel on peut discerner l'esprit de Darius Milhaud. Gabriel Fauré vient se livrer plus intimement encore avec le plus classique "J'ai presque peur, en vérité". Outre "Avant que tu ne t'en ailles", un rien désuet mais néanmoins charmant pour cet ode à la nature et à l'attente, Fauré fait le choix de la légèreté avec "Donc, ce sera par un clair jour d'été", dans lequel le compositeur semble faire le lien avec le romantisme, le classicisme à la française et la modernité. Précisons que morceau reprend des mesures de son Requiem dans ses dernières notes. "N'est-ce pas ?" frappe par sa modernité, à l'instar de "J'allais par des chemins perdus". La Bonne Chanson se terminer par le titre le plus long de l'opus, "L’hiver a cessé", plus complexe, dense et caractérisant un Gabriel Fauré indéfinissable autant que délicat.

    Une vraie découverte : celle de la compositrice Charlotte Sohy

    Autre compositeur à l'honneur dans cet enregistrement public : Ernest Chausson. Les Chants nostalgiques proposent sa "Chanson perpétuelle" op. 37, une œuvre d'adieu dans lequel le désespoir affleure, dans un classicisme tout français. Chausson se distingue avec son sens de la mélodie et sa plainte pour la mort du bien aimé qui "s'en est allé".

    Parlons ensuite de la grande découverte de l’album : celle de la compositrice Charlotte Sohy (1887-1955). La musique classique est en train de se rendre compte qu'un vaste répertoire écrit par des femmes a été mis aux oubliettes. L'album Chants nostalgiques, à l'instar de l'association "Elles Women Composers" et un coffret dédié à son œuvre (La boîte à pépites), propose de découvrir Charlotte Sohy à travers ses Trois Chants nostalgiques (opus 7). Une œuvre nostalgique, oui, mais aussi sombre et mélancolique, composée sur des textes de Cyprien Halgan (1838-1896). Charlotte Sohy s'inscrit bien dans la tradition de la musique française ("Pourquoi jadis t'ai-je trouvé ?"), mais avec une modernité certaine dans son expressionnisme et dans sa manière de se libérer du carcan harmonique ("Le feu s'est éteint"). On a ici affaire à un opus crépusculaire que les interprètes s'approprient avec une grande sincérité ("Sous ce ciel d'hiver"). Ce qui est remarquable pour une œuvre peu connue et d'une compositrice qui ne l'est pas plus.

    Retour à Ernest Chausson avec une transcription de Franck Vuillard de son "Poème de l'amour et de la mer", opus 19. Les trois chants, relativement longs (de deux minutes – un "Interlude" – à plus de quatorze minutes) font de cette œuvre un magnifique final. D'un très beau classicisme, que l'on pourrait dire néoromantisme, illustrent musicalement les poèmes symbolistes de Maurice Bouchar (1855-1929). Marie-Laure Garnier, le quatuor Hanson et Célia Oneto Bensaid font de ce "Poème de l'amour et de la mer" une œuvre tourmentée et vivante, non sans de bouleversants éclats instrumentaux ("Interlude"). On se laisse finalement bercer par la dernière chanson, "La mort et l'amour", singulière alliance, interprétée avec un mélange de légèreté et de nostalgie, justement.

    Voilà qui clôt en beauté un album intelligent de découvertes et de redécouvertes classiques. 

    Chants nostalgiques, Marie-Laure Garnier, Célia Oneto Bensaid, Quatuor Hanson,
    L'Estran Live, B Records, 2022

    https://www.b-records.fr
    https://www.celiaonetobensaid.com
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100039928732584
    https://www.facebook.com/people/Marie-Laure-Garnier-Soprano/100063568958709
    https://elleswomencomposers.com/festival-100722-chants_nostalgiques

    Voir aussi : "Résurrection"
    "Album univers"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Turquoise M et son amour de piano

    Piano-voix : voilà un style musical qui prend tout son sens dans le dernier single de Turquoise M, "À mon piano", que la chanteuse présente avec un clip d’une belle poésie réalisé par Pénélope Marcadé.

    Le piano est bien entendu au centre de cette chanson qui est une déclaration d’amour pour un instrument autant qu’un hommage à la chanson française : "Sans toi je suis sans défense / t'es le seul endroit où je suis en transe / Samedi soir ou même dimanche / Je ne vois personne t'es ma romance quand je travaille sur tes notes".  Une vraie belle histoire d’amour avec un piano qui accompagne sa vie et ses créations. 

    Avec "À mon piano", Turquoise M clôt ce premier cycle de piano-voix très épurés 

    Turquoise M revendique ses racines musicales, à commencer par Véronique Sanson : "On me dit c'est fou t'as le même grain de voix que Veronique Sanson / On me dit c'est drôle tu restes accrochée à cet âge d'or des chansons".

    Avec "À mon piano", Turquoise M clôt ce premier cycle de piano-voix très épurés en s'adressant directement à l'instrument qui l'accompagne depuis l'enfance. Heureuse de s'être d'abord révélée au public avec des chansons brutes et "dénudées", elle travaille maintenant avec Colin Russeil pour trouver les arrangements qui permettront d'habiller au mieux les morceaux de son premier EP, dont la sortie est prévue pour 2023. Elle promet plus de rythme, de chœurs ou de synthés, mais toujours autant d'émotion dans la voix.

    Turquoise M, À mon piano, 2022
    https://www.facebook.com/Turquoiseaime
    https://www.instagram.com/turquoise_aime

    Voir aussi : "Au paradis avec Vanessa Philippe"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Frontières

    Envoûtant, planant, mystérieux, dépaysant : les mots ne manquent pas pour qualifier Missing Island, le nouvel album de Snowdrops. Après leur premier opus Volutes, le collectif composé de Christine Ott et Mathieu Gabry est rejoint par l’altiste Anne-Irène Kempf.

    Loin d’être un opus hors-sol, Missing Island entend au contraire faire un "retour à La terre". C’est d’ailleurs le titre du premier morceau, à la simplicité revendiquée, ce qui n’exclue pas de belles trouvailles sonores et une alliance entre classicisme, musique répétitive et influences traditionnelles, avec cet accordéon aux tonalités envoûtantes.

    Snowdrops cite, au sujet de ce premier morceau, quelques vers du poète Rainer Maria Rilke : "Tout est gestation et enfantement. Laisser chaque impression et chaque germe de sentiment s’accomplir entièrement en soi, dans l’obscurité, dans l’inexprimable, l’inconscient, au-delà de la portée de sa propre intelligence, et attendre avec une profonde humilité et patience l’heure de naissance d’une nouvelle clarté."

    Missing Island a été conçu comme un album entre terre et ciel, terrien et lunaire, à l’image de cet autre titre, "Firebirds", plus grave et plus mystérieux. Grâce aux ondes Martenot, de singulières apparitions viennent planer tels des oiseaux qui pourraient être autant de feu que de nuit et de ténèbres.

    Les trois musiciens de Snowdrops font du plus long morceau de l’album, "Land Of Waves" (un peu plus de neuf minutes), une évocation des quatre éléments. Le mystère mais aussi la contemplation planent dans cet extrait dont l’influence de l’album berlinois Low de David Bowie (1977) peut frapper l’auditeur.

    Ondes Martenot

    La deuxième partie de l’album se veut plus contemplative encore – "métaphysique", précisent les trois artistes – avec notamment ce "Nostalgia de la Luz". Ce morceau est inspiré du documentaire du même nom, réalisé par Patricio Guzmán. Dans son film, des astronomes du monde entier se rassemblent dans le désert d’Atacama pour observer les étoiles. Au souffle de la nature, avec les ondes Martenot jouées par Christine Ott, répond le piano mélancolique de Mathieu Gabry.

    Ne pourrait-on pas entendre, derrière "Radioactive Breath", de sombres prédictions et menaces ? Ce single fait du désert un endroit inquiétant, avec un piano sombre et des vagues synthétiques donnant à "Radioactive Breath" une atmosphère post-apocalyptique.

    Parlons aussi de cet autre extrait, "Et Comme Un Souffle Qui Vient", dans lequel l’auditeur se trouve projeté dans un singulier moment vivant. Christine Ott, Mathieu Gabry et Anne-Irène Kempf font se rencontrer avec audace musiques traditionnelles, classicisme, contemporain et électronique pour ce titre naturaliste et d’une belle mélancolie.

    "Mémoires Élémentaires" vient clore leur programme passionnant dans une jolie douceur. Piano, alto et synthétiseur se rencontrent avec tendresse. Revendiquant le terme de post-folk, les musiciens de Snowdrops repoussent les frontières des genres musicaux pour proposer un dernier morceau subtil et planant. 

    Snowdrops, Missing Island, Injazero Records, 2022
    https://www.facebook.com/snowdropsmusic
    https://www.instagram.com/snowdropsmusic

    Voir aussi : "Elise Bertrand, ultra moderne romantique"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !