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C’est une découverte que je vous invite à écouter, et je peux dire qu’au départ on a eu chaud.
Imaginez : une jeune chanteuse propre sur elle, cheveux impeccables et guitare sèche. On avait tout lieu de craindre une artiste marketée, à la folk produite au kilomètre par une multinationale pour un public d’adolescents. Et bien non !
Jade Bird signe en ce moment son dernier single Uh Huh pour le label indépendant Glassnote Records. Après son premier EP Something American, qui l’a fait découvrir l’an dernier, la jeune Anglaise, tout juste vingt ans, revient pour transformer l’essai.
Auteure et interprète, Jade Bird cité volontiers parmi ses influences Patti Smith, Cat Power, ou Alanis Morissette. Il est vrai qu’il y a de la rage dans ce titre à fleur de peau.
Portée par une guitare sèche qu’elle manie comme une arme, l’artiste britannique laisse dérouler le flux de son histoire, le portrait d’une femme libre et fatale ("If you’re thinking that she is good / I think you should be told"). Jade Bird cache derrière les ellipses de ses paroles un vrai scénario, cruel, mâture et sans fioritures : "She’s got you where it hurts / But you don’t seem to see / That while she’s out at work / She’s doing what you did to me." Sa voix est à l’avenant, et l’on peut parier que la Britannique a déjà trouvé ses marques et est prête à marcher ses les pas de ses brillantes aînées.
En attendant un prochain album, qui sera scruté avec le plus grand intérêt, Jade Bird prépare déjà une tournée, qui sera absolument à suivre.
C’est une électro estivale que je vous invite à découvrir avec le premier EP de Beauté Sauvage, The Sound of the Waves.
Impossible de ne pas se laisser enrouler dans les vagues synthétiques de ce single langoureux. Les flux et les reflux de la mer accompagnent un album pop, chill et minéral (The Sound of the Waves).
Zen attitude requise pour le duo parisien mené par Jay-b Bricklear, aux manettes d’un mini-album au son french touch, électro-pop et funky (Sunset). Les voix chaleureuses accompagnent un EP parfait pour accompagner ces chaudes et paresseuses journées d’été.
Il y a de la fraîcheur eighties chez les trois garçons d’Amoure, un groupe de la scène pop strasbourgeoise né en 2014. Ils signent leur nouvel EP, Vague, léger comme un farniente estival et d’un séduisant dynamisme. Prise de tête interdite : "Je veux faire des vagues / Quitte à nager en plein délire. / Je veux faire des vagues, / Les chevaucher jusque Agadir"(Vague).
Les quatre titres pop ne lésinent pas sur l’énergie, et vous serez bien en peine de ne pas les écouter à plein volume lorsque vous lézarderez sur votre plage préférée. C’est une joyeuse parenthèse dorée que nous proposent les trois membres du groupe, Nicolas Lietaert, Julien Hermann et Thibault Dutt : du vague, des plages (Sable), de la lumière (Claire) et un trip à Rome en bonus.
Le premier titre, Vague, annonce la couleur : ce nouvel EP des Amoure se veut estival. Estival et aussi, quelque part, new wave : c’est en effet du côté d’Indochine mais aussi d’Étienne Daho que nos trois musiciens viennent chercher une partie de leur inspiration. Des influences qu’ils revendiquent dans l’adaptation, en forme d’hommage, de Week-end à Rome. Et l’on repart, sous le soleil italien et avec Daho cette fois : "Week-end à Rome, / Tous les deux sans personne / Florence, Milan, s'il y a le temps / Week-end rital, en bagnole de fortune / Variété mélo à la radio."
Voilà une exposition qui va en mettre plein les yeux aux amateurs de pop music, comme aux amateurs de graphisme. Le Centre du graphisme d’Échirolles avait déjà présenté entre novembre 2017 et mars 2018 Pop Music 1967 – 2017, Graphisme & Musique. Cette exposition est de nouveau visible à la Cité internationale des arts de Paris jusqu’au 13 juillet.
Pourquoi le choix de 1967 alors que le disque vinyle faisait partie du paysage depuis des lustres ? Pour les organisateurs, cette année révolutionnaire avant-l’heure (les pavés de mai 68 n’allaient pas tarder à faire parler d’eux) marque la naissance d’une contre-culture pop-rock et beatnik avec le concert de Jimi Hendrix au festival de Monterey mais aussi la sortie de l’album Sergent Pepper des Beatles. Un album qui a autant marqué les esprits pour ses titres légendaires que pour sa pochette. À partir de cette époque, les maisons de production vont prendre un soin tout particulier dans la conception graphique des disques qu’elles sortent. Les plus grands graphistes conçoivent d’authentiques joyaux pour le plus grand plaisir des amateurs de musique pop-rock.
L’exposition Pop Music 1967 – 2017 propose un voyage inédit et passionnant à travers 1200 albums, 600 biographies de groupes et d’artistes, 100 pochettes de disques commentées et 16 studios graphiques invités.
Des graphistes prestigieux
Trois époques sont traitées séparément : de 1967 à 1982, l’âge d’or du microsillon, de 1983 à 1999, qui marque la naissance et le développent du CD, puis de l’an 2000 à 2017 correspondant à la fin progressive du support physique et l’arrivée de l’iPod (2004-2005). Dans l’exposition, l’accent est mis sur les productions américaines, britanniques et françaises.
Près de 1300 pochettes d’albums sont présentées sur l’ensemble de l’exposition, accompagnées de nombreux repères et commentaires musicaux, historiques et graphiques. Des portraits d’artistes, photographies de concerts et des magazines musicaux complètent le propos, ainsi qu’une bande-son personnalisée.
Les spectateurs seront en terrain connu avec des artistes qui continuent de nous accompagner : David Bowie, Björk, Daft Punk, Aretha Franklin, Michael Jackson, Madonna, Massive Attack, Joni Mitchell, Nirvana, Queen, Patti Smith, Shakira, Telephone, Tina Turner, Stevie Wonder ou Amy Winehouse.
Des graphistes, aux noms souvent prestigieux (Laurent Fétis, M/M (Paris), Jean-Paul Goude, Vaughan Oliver, Form Studio, Julian House, Tom Hingston, Martin Andersen, Laurence Stevens, Big Active Agency, The Designers Republic, Zip Design, Matthew Cooper, Stylorouge, StormStudio et Malcom Garrett), seront les autres vedettes de cette exposition à la fois visuelle et musicale. "Les graphistes, les illustrateurs et les photographes ont des inspirations tous azimuts : ils puisent dans l’histoire de l’art, les innovations technologiques, les productions underground ou les autres cultures (Inde, Afrique, Caraïbes…)" commentent Michel Bouvet et Blanche Alméras, les commissaires de l’exposition.
Les visiteurs pourront s’arrêter sur ces pochettes d’album élevées au rang d’authentiques chefs d’œuvres, que ce soit l’album Foreverland de Divine Comedy (2016) par Matthew Cooper à la facture klimtienne, le visage amoureusement déstructuré de Grace Jones par Jean-Paul Goude (Slave To The Rhythm, 1986), le regard bouleversant d’Annie Lennox capté pour l’album d’Eurythmics, Shame (1987), les créations graphiques magnétiques de Big Active Agency pour MonnBoots (First Landing, 2017) ou Bag Raiders (Checkmate, 2016), le design de Laurent Fétis pour Tahiti 80 (Darlin, 2010) ou encore la célèbre et mythique pochette de Pink Floyd, Division Bell (1993) par Storm Studios.
Tout cela est à voir en ce moment à la Cité internationale des arts de Paris. Et à écouter, bien entendu.
Pop Music 1967 – 2017, Graphisme & Musique, proposé par le Centre du graphisme d’Échirolles Cité internationale des arts, Paris 4e, 18 rue de l’Hôtel de Ville Du 14 juin au 13 juillet 2018, entrée gratuite Catalogue Pop Music 1967 – 2017, Graphisme & Musique, éd. du Limonaire / Centre du graphisme d’Échirolles, 400 p. 2018 www.citedesartsparis.fr www.echirolles-centredugraphisme.com
Sur la pochette du premier album de Palatine, se tient une silhouette mystérieuse au regard triste, menaçant et sombre. Sombre ou plutôt rouge, car c’est bien la couleur dominante de Grand Paon de Nuit. La voix androgyne à la M de Vincent Ehrhart-Devay plane sur un album pop aux images obsédantes.
Et avec toujours ce rouge, véritable fil conducteur : rouge rassurant (Comme ce Rouge me plaît), rouge passion (Stockholm), rouge violence (Ecchymose) ou le rouge dépaysant d’un road-movie dans le sud des États-Unis (Baton Rouge).
Le grand paon est un animal de nuit annonce Palace dans le rock nimbé d’électro, City Of Light, et dans Paris - L’ombre où le noctambule parle de ses défauts sublimés.
Fil rouge conducteur
Les quatre garçons de Palace, JB Soulard, Adrien Deygas, Toma Milteau et bien entendu Vincent Ehrhart-Devay, proposent onze titres alternant le rock sombre à la PJ Harvey (Golden Trickets), l’easy-listening (Marions-nous), l’électro pop (City Of Light) ou encore la chanson française, celle d’Alain Bashung ou de Christophe (Faux-Brouillards). Baton Rouge est un voyage dans les bayou, grâce à un électro country-folk aux guitares joueuses. Ce titre avait déjà été enregistré dans une version publique pour le premier EP de Palace, sorti en 2015.
Beaucoup plus sombre, Ecchymose est un titre aux accents grunge, aussi torturé, provocateur et paradoxalement lumineux que le Where The Wild Roses Grow de Nick Cave & The Bad Seeds et Kylie Minogue : "Bye-bye bye-bye / Je dois partir / Là où mes mains se posent / Poussent des ecchymoses."
Palace c’est aussi du symbolisme mis en musique comme la chanson titre, Grand Paon de Nuit : "J’ai les yeux rouge / Je sors seulement la nuit/ Personne ne bouge / J’aime le silence."
Il y a quelque chose d’unique et de fatal dans ce premier album, obsédant comme cette femme croisée dans C’était un Loup : "On voyait tout / mais pas son âme / C’était un loup sous une peau de femme." De nouveau, le rouge passion.
Palatine, Grand Paon de Nuit, Yotanka, 2018 En concert au Café de la Danse le 15 mai 2018 http://palatinemusic.fr
C’est un rock ambitieux, engagé et sombre que propose Louis Arlette dans son premier album, Sourire Carnivore. Un rock à la Noir Désir, travaillé avec un son électronique (À cœur ouvert), cher à un artiste fasciné par l’univers de Kraftwerk et ayant collaboré avec le groupe AIR. Sourire Carnivore a d’ailleurs été enregistré en partie dans leur studio de l’Atlas. Pour son premier album, le musicien a également été rejoint par le batteur Julien Boyé (Gush, Nouvelle Vague) et le guitariste Daniel Jamet (membre fondateur de La Mano Negra, Gaëtan Roussel et Saez).
Que l’on ne se fie pas à ce nom vintage : Louis Arlette propose un opus soigné dans la musique et les paroles pour offrir un opus moderne et âpre (Sourire carnivore), aux rythmiques appuyées et sophistiquées (Providence) et aux textes où se mêlent désillusions (À la dérive), spleen (Tristesse limpide), colères (À la dérive) mais aussi percées de lumières et de soleil (L’Avalanche).
Idole de Proust
À l’instar de Jean-Louis Murat, Louis Arlette excelle dans ces textes d’une belle maîtrise (Jeux d’Or), tel ce titre pop lumineux qu’est Tristesse limpide : "Comme tu es rigide / Et si bien contrôlée / Il n’y pas une seule ride / Sur ton calme frigide / Triste comme un rocher / Sombre comme un passage à vide." Et l’on apprend non sans surprise que l’artiste cite volontiers quelques gens de lettres l’ayant influencé : Balzac, Hugo, Flaubert, Aragon, Villon et surtout Marcel Proust, son "idole". Rien que ça.
Louis Arlette est parti à la recherche du temps pour mettre bas un album franc et engagé qui peut se lire aussi comme un marqueur de notre époque. L’auditeur pourra trouver dans À notre Gloire une référence au Bataclan dans cette "jeunesse dorée" fauchée par le "carnage" au "monstrueux reflet" qui "a changé de visage."
Sombre, vivant et sacrément actuel, Sourire Carnivore marque la naissance d’un chanteur à la personnalité forte et à l’univers hors des modes. Un album à mordre à pleines dents.
Louis Arlette, Sourire Carnivore, Le Bruit Blanc / One Hot Minute / Wagram, février 2018
Un été électro : c'est ce que propose le groupe Fergessen dans leur album bien nommé L'Été. Le duo français formé par David et Mikaëla propose une pop acidulée dans laquelle voix et électronique se répondent, voire s'affrontent joyeusement (Tu veux la guerre).
Le premier album de Fergessen, Les accords tacites, était paru sous le label Mvs Records en 2011, avant que les deux artistes ne soient repérés dans The Voice en 2015. Pour ce deuxième opus, on assiste bien ici à une des nombreuses métamorphoses que nous offre en ce moment la chanson française.
Séduisant et électrisant
Sous la direction artistique d’Antoine Essertier, Fergessen surfe sur la vague électro avec une énergie et un enthousiasme communicatifs (Old is beautiful) sans perdre de vue, à l'instar de La Femme, l'importance du texte ("L'eau du ciel a jeté un peu de chagrin / Sur la ville / Là je ferme mes yeux / Le temps a changé. / Un rayon audacieux tente une percée", L'été), y compris dans les titres anglais à la facture eighties (I want love, Old is beautiful ou Wet dragon).
Le groupe Fergessen propose avec L'Été un album séduisant et électrisant, que soit dans la langueur suffocante de L'été, l'efficacité pop d’Old is beautiful ou le lyrisme de Tangerine.
Encore une histoire de soleil, de plages et de saison estivale. Pas de doute, avec Fergessen, l'été sera bien électro dans les maillots.
Fergessen, L'Été, Echoïd Prod, 2018 En tournée en Chine avec l’Alliance française tout le mois de mars En France, le 14 avril à Nilvange (57), le 21 avril à Jassans-Riottier (01), le 12 mai à Saint-Pée-sur-Nivelle (64), le 26 mai à Valentingey (25) et le 61 juin à Erstein (67) http://www.fergessen.fr Page Facebook de Fergessen
Le Coton a le grain du Vivement Dimanche de La Fossette. Quant à Je Marche Je Respire, ne renvoie-t-il pas au Je ne respire plus, Milos dans La Mémoire neuve ?
Certes, la voix tendue et si particulière de Dominique Ané fait place à un timbre moins aérien (à l’exception toutefois de l’onirique All the world flees), mais il n’en reste pas moins vrai que Mariscal marche bien sur les traces de son brillant... aîné. Ajoutons d’ailleurs que Jeff Hallam, collaborateur notamment de Dominique A, a collaboré à ce premier album : bon sang ne saurait mentir.
Comme lui, Grégory Mariscal empreinte le rock par des chemins de traverse, offrant par là-même un opus passionnant et personnel. Le dernier titre, qui donne son nom à l’album, est à ne pas manquer. Sur une ballade acoustique, Grégory Mariscal parle du temps qui passe et de son propre parcours : "Plus le temps nous laisse /Plus on le conteste / On est tous quelque-part / Le temps défile / En fuyant le hasard / Le temps défile / Être de quelque-part" (Plus le Temps passe).
Un univers à la fois brut, intime et poétique
L’écoute de Plus le Temps de Mariscal réserve des surprises étonnantes et un parti-pris artistique à saluer : pop minimaliste (All the world flees), travail artisanal soigneux (Cimetière de l’Amour), sujets rarement traités (La Rouille) ou textes charpentés (La Rue Des Corps Saints).
Le musicien tourangeau impose son univers à la fois brut, intime et poétique : "Poser tes mains avant un rêve / Regarder l’animal qui dort / Penser aux gens à qui tu rêves / Poser tes lèvres et puis ton sort / Écoute les mots et les regards / Par la fenêtre la nuit très tard / Respire le corps juste à côté / Qui dort doucement sans se soulever / Fier de sa solitude" (Fier de sa Solitude).
Rock, pop, chanson et électro se mêlent dans une jolie symbiose, à l’exemple du séduisant Buvons, un hymne à l’amitié, à l’insouciance et au lâcher-prise : "Allez buvons / Parce qu’il faut boire : Un dernier soir / Avant l’hiver / Buvons / Assis au bord / Du Guadalquivir / Qui dort."
L’amateur de mots pourra goûter les texte simples, lumineux et efficaces d’un vrai auteur : "Ils marchent dans la rue des Corps Saints / Marchent sur un chemin / Portent tous un rêve. / Ils marchent, agitant leur destin / dans la rue des Corps Saints / entendent des Sirène / Et ils chantent My Way" (La Rue Des Corps Saints).
Huit clips accompagnent la sortie de ce premier album et déroulent une narration à tiroir, comme un puzzle qui s’assemble, avec des personnages croisés dans les chansons de Plus le Temps.
Marsical a mis huit ans pour sortir son premier album. Le résultat final est là, dans cet opus âpre, soigné et inventif.