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Ne vous fiez pas à la facture pop d’Immersion, le premier EP de J. Frey. La voix, la puissance et la sensibilité du chanteur peut facilement le caractériser comme un bluesman à suivre absolument. Immersion est un mini-album mixant des sons urbains et une rythmique navigant entre pop-rock, urbain, reggae et blues, donc ("Tender Love"). Voilà qui dénote une belle audace et une forte personnalité de la part d’un artiste généreux.
Le musicien français va sur des terres mystérieuses, avec un mélange d’aplomb et de fraîcheur. Sans renier ses influences, il utilise l’électro à bon escient, à l’instar de "Sunrise", avec ces vagues lumineuses, apaisantes et mystiques. Oui, J. Frey sait être mystique dans cette manière de concevoir l’amour, omniprésent dans son séduisant opus.
Immersion se révèle tour à tour pop-folk ("She’s Gone", avec ses percussions reproduisant les battements de cœur), eighties ("We Don’t Have The Time") ou carrément rock à l’instar de "Get Up", un titre brut presque animal en forme d’appel au combat à la Bob Marley.
"Immersion", le titre éponyme, vient clore cet EP joliment produit. Ce premier opus se veut une promesse, tant le travail de J. Frey s’impose à chaque mesure. Rendez-vous est donc pris pour l’avenir.
Révélée il y a trois ans comme une nouvelle voix de la pop, Tess revient avec son EP, Origin. "Origine" comme celle de cette chanteuse venue tout droit de la Réunion et qui entend bien bousculer les canons de l’électro pop.
Les 4 titres de son mini-album se veulent, comme elle le dit, une véritable introspection de l’âme mais aussi une ode à la vie, à l’amour de l’être et surtout à l’acceptation de soi. Un message qui parlera évidemment à tout le monde.
Mais intéressons-nous plutôt au premier extrait d’Origin. "The Ritual" a le mérite de désarçonner l'auditeur avec un sujet fort : réhabiliter nos démons. La chanteuse le dit sans faille dans un clip somptueux, à la fois gothique et sensuel, réalisé par Francis Courbin : "Que le rituel commence… / Je parle à mes démons… J'ai besoin de toi dans ma vie / Je n'ai pas besoin de les appeler / Ils sont là depuis toujours" ("Let the ritual begin / I talk to my demons / I don’t need to call them/ They’re right here have always been").
L’univers de Tess et ses choix artistiques sont assumées : voilà qui rend sa découverte si importante.
Elle sera à suivre coup sûr les prochains mois et les prochaines années.
On entre dans le premier EP du duo Bastien & Taly avec le sourire, tant la joie de vivre, de danser et d’aimer éclate à chaque note. "Mibalé" s’écoute comme un vrai futur tube de world chaleureux et lancinant, porté par la voix de Taly, originaire de la République Démocratique du Congo et qui chante ici en lingala.
La musique représente un moyen pour Bastien et Taly de faire passer un message d’acceptation de l’autre. Leur projet musical est aussi l’occasion de constituer un espace d’expression pour intervenir sur la question de la diversité culturelle. Pour, Taly qui chante depuis son plus jeune âge, son art est autant un exutoire qu’un moyen d’expression, comme elle le dit elle-même.
Avec "Elikia" nous sommes toujours dans une appropriation des sons africains, ce qui ne veut pas dire que leur EP éponyme reste sur les rivages de l’Afrique. Car Fabien et Tally savent se baigner dans le courant pop international avec plaisir comme le prouvent "Thanks", une pop funk intense et aux qualités dansantes indéniables. "Forever", en anglais lui aussi est une chanson qui appelle au lâcher prise, à l’appréciation du moment présent et au retour à soi.
Bastien & Tali proposent avec leur EP métissé et envoûtant le meilleur des remèdes à la morosité qui viendrait vous clouer sur place. À écouter sans modération.
En un autre temps, si un vocable pouvait s’appliquer à l’EP Dreamers de Purple Ashes, ce serait celui de "trip hop" : même voix éthérée à la Portishead, mêmes sons synthétiques, même travail sur la rythmique. Mais là où le groupe emblématique de la chanteuse britannique Beth Gibbons avait su construire une œuvre mystérieuse et fragile, le duo formé par la Française Clémence de la Taille et son acolyte Syan, avance avec volonté, aplomb et maîtrise ("Get My Way") dans leur nouvel EP.
Si on reste dans le jeu des comparaisons, il y a de l’Eurythmics dans cette manière de proposer un court album étincelant qu’on s’approprie avec plaisir, à l’exemple du titre pop "Dreamers in Sleepless Night". "Et si les rêveurs ne dormaient plus ?", se demande en substance la musicienne. Le clip détourne les films Métropolis, Faust et Nosferatu pour nous entraîner dans un rêve, ou plutôt un cauchemar.
L’auditeur appréciera la sophistication de la composition et les constructions sonores de Purple Ashes, dans une pop-rock sachant puiser dans l’électro ("Nothins Is Better") pour servir des morceaux d’une belle complexité. On sera tout autant sensible au message engagé de Clémence de la Taille dans l’épidermique "Seasons Change" qui va droit aux tripes. Du bel ouvrage.
Le voilà donc, ce fameux deuxième album de Clara Luciani, Cœur : 12 Titres écrits en plein covid avec l’amour et le disco comme fils conducteurs. L’auditeur y trouvera a priori plus de légèreté que dans son précédent premier opus Sainte-Victoire qui étaitplus personnel, plus engagé, plus féministe, plus sombre aussi.
L’amour guide le nouvel opus de l’auteure de "La grenade" avec de la gourmandise, de l’envie et de la joie de vivre. L’ex-interprète de La Femme semble prendre son envol dans un album qui n’est qu’un chant d’amour et qui commence d’ailleurs par des battements de cœur. Le choix du disco prend à cet égard tout son sens avec son tempo en quatre temps réglé sur le rythme cardiaque.
"On ne meurt pas d’amour", nous dit en substance la chanteuse pour reprendre un titre de son précédent opus : c’est le sujet du morceau éponyme : "L’amour n’a jamais tué personne / Et les seuls coups que l’amour pardonne / Sont les coups de foudre" ("Cœur").
Clara Luciani assume pleinement ses désirs, ses élans et ses plaisirs : "Je ne peux pas oublier ton cul / Et le grain de beauté perdu / Sur ton pouce et la peau de ton dos / Le reste je te le laisse / Mais je retiens en laisse / Mes souvenirs émus de ton corps nu".
Avec "Le chanteur", toujours aussi rythmé, nous sommes dans une facture seventies et funk. Clara Luciani fait moins le portrait d’une star que celui d’une d’une fan qui commet une " erreur d’amateur " : tomber amoureuse d’un chanteur. "Quelle grossière erreur / Tomber amoureuse du chanteur… / Mais on n'épouse pas plus / Les chanteurs que les comètes / Les étoiles filantes, les poètes."
Pour "Tout le monde (sauf toi)", l’un des meilleurs morceaux de Cœur, Il faut toute la grâce et le talent de Clara Luciani pour chanter les frustrations, la banalité du quotidien ou les mensonges et tracer en même temps le portrait d’un homme, tout en chaleur, en gentillesse et en admiration : "Toi, tu as ton style et tes manières / Et t'as toujours l'air d'arriver / D'un long voyage, en mer / Toi, tu as tes ombres et tes mystères / Tu vas, le cœur en bandoulière / Et moi je veux juste te regarder faire".
Nous parlions de la période de crise sanitaire qui avait permis l’écriture de l’album. Pour "Respire encore", Clara Luciani parle justement de cette période de confinement, de "l'immobilité forcée". Et d’ajouter : "Ce soir la vie va recommencer". Parlant d’une femme (sans doute de la musicienne elle-même ?), il est question dans ce formidable morceau du retour post-covid à la vie, à l’amour, à la danse et à la musique : "Il faut qu'ça bouge, / il faut que ça tremble / Il faut qu'ça transpire encore / Dans le bordel des bars le soir / Débraillés dans le noir / Il faudra réapprendre à boire / Il faudra respirer encore". Et toujours avec ce rythme disco, comme si Clara Luciani avait choisi d’enrober sa mélancolie dans une BO de Fame.
Le choix du disco prend tout son sens avec son tempo réglé sur le rythme cardiaque
L’auditeur retrouvera avec "J’sais pas plaire" et "Sad & Slow" le retour de ce qui faisait la spécificité de Sainte-Victoire : des titres pop plus lents, plus mélancoliques et plus sobres. Plus sombres aussi : "J'sais pas faire / J'sais pas plaire / C'est tout un savoir-faire / Faut aimer s'enrober de mystère". Pour l’élégant "Sad & Slow", la musicienne est accompagnée de Julien Doré au piano et au micro : "Joue moi quelque chose de beau / De sad and slow / Quelque chose sur ton piano".
La douce mélancolie est encore présente dans "La place" qui est le constat du temps qui passe : "Me revoilà, tout comme avant mais en adulte / Même si le temps est une brute / Face au cœur il ne fait pas le poids / Me revoilà, tout comme avant mais en adulte / Même si le temps est une brute".
Il faut absolument souligner le travail sur les mélodies et sur les orchestrations soignées, à l’instar de "Bandit", vraie et authentique chanson d’amour : "Bandit / Tu as braqué mon cœur et ma vie / Et de cambriolages en baisers volés / J'ai appris à céder."
"Au revoir" vient en toute logique terminer un album résolument seventies. Mais le ciao de Clara Luciani est à la fois élégant, amical et non sans amertume : "Au revoir, je referai l'Olympia, au zénith les yeux fermés, toute l'éternité / Et faudra pas pleurer / après / Quand j'aurai tout chanté / Qu'enfin je me tairai". Évidemment, ce n’est qu'un au revoir, sur le même battement de cœur qui ouvre un opus inoubliable.
Derrière le joli nom de Laughing Seabird se cache la Française Céline Mauge, à l’œuvre dans son très beau deuxième album, The Transformation Place, avec ses 12 titres arrangés par Emmanuel Heyner.
La chanteuse se fond à merveille dans un répertoire lorgnant tant du côté de l’Irlande ("My Shell"), de l’Angleterre ("Scarborough Fair"), des États-Unis ("In Spite Of") que de ce côté-ci de La Manche et de l’Atlantique ("Le somptueux règne des absents", "Karmen KéroZen", "Les filles sages et les autres").
Avec une fausse légèreté, Laughing Seabird aborde des sujets sérieux et parfois même rarement traités, comme la grossophobie dans le titre "I Feel Hat" qui ouvre l’opus : "I feet fat today / I ate too much yesterday evening". Pour le morceau "Vivre (No Way Back)", c’est la dépression qui est au cœur de cet appel à se ressaisir et avancer : "Chaque jour, travaille à te grandir / Réveille-toi, la terre est bien ronde / Chaque jour, œuvre à ton avenir / Et tu trouveras la voie".
Balançant sans cesse entre folk, brit pop et chanson française, la musicienne d'origine bretonne revendique ses inspirations musicales anglo-saxonnes et irlandaises, à l’instar de la reprise du chant traditionnel "Scarborough Fair". On se ballade avec plaisir dans The Transformation Place, tant Laughing Seabird sait allier mélodies travaillées, rythmes entraînants et textes sensibles ("Direction oubliée (Let Go)").
"The Transformation Place", le titre éponyme de l’album, s’avère l’un des plus réussi : lancinant, coloré et gourmand, il frappe justement par ses transformations incessantes, ses ruptures et ses contrastes, tout comme par le travail sur la voix de Laughing Seabird, toujours sur le fil dans cet appel à ne jamais abandonner ses rêves d’enfant et à ne pas se fier aux premières impressions ("You have just opened the doors of your perception"). Tout cela est chanté, joué et interprété non sans clins d’œil assumé pour la musique psychédélique des années 70 (on pense par exemple au fameux "Bicycle Race" de Queen).
Lancinant, coloré et gourmand
L’étonnant et passionnant album de Laughing Seabird a beau être très cohérent, il n’hésite pas à prendre des chemins détournés, lorsqu’elle choisit de nous emmener du côté de l’Irlande, dans un voyage dépaysant et amoureux ("Just won’t fall in the trap / Take the road without a map / Sure to find not look for / Any key to a door… / I become the laughing seabird / And you’re my shell", "My Shell").
Dans sa facture pop-rock assez classique, "Le somptueux règne des absents" dévoile un peu plus des failles de la douée et prolifique Laughing Seabird, comédienne, doubleuse et, ici, musicienne et chanteuse. Derrière ce titre énigmatique, se cache un morceau poignant sur une disparition qui ne passe pas : "J’ai beau me dire / Qu’il faut tenir / L’hiver s’installe et le froid empire… / J’ai beau vouloir et vaillamment croire / Mes combats sont vains quand vient le soir" ("Le somptueux règne des absents"). "L’appel du monde" semble répondre à ce cri de douleur : partir, découvrir le monde, chante-t-elle, comme en écho à ce qu’elle disait dans " The Transformation Place".
La superbe reprise de Sailor Song" de Rickie Lee Jones ("I could fly away / But i take the sea / For stranger days than these") ainsi que le rock régressif "Karmen KéroZen" ont été inclus dans la bande original du film Ça tourne à Saint Pierre et Miquelon, réalisé par Christian Monnier et dans lequel joue, comme par hasard, Céline Mauge. La musicienne propose là aussi de nouvelles invitations au voyage, en pleine mer. Idéal pour laisser derrière soi ses tourments : "KarmenZéro, j’ai brisé mes chaînes / Rompu les barreaux de ma cage / Je suis pour toujours en voyage. "
Laughing Seabird choisit le talk-over pour la dernière chanson faussement insouciante, "Les filles sages et les autres" : avec humour, effronterie et non sans un vibrant message féministe, Céline Mauge égratigne les contes pour enfants qui s'avèrent souvent être de vraies prisons mentales : "Les filles sages vont au paradis / Les autres, où elles veulent / Moi je poréfère suivre mon envie / Car la liberté n’a pas de prix." À bonne entendeuse…
Les Part-Time Friends sont des artistes que l’on a plaisir à suivre, en raison de leur électro-pop sans chichi, admirablement bien produite et qui vous caresse doucement les tympans.
Ils sortent ce printemps leur troisième album, Weddings & Funerals et continuent de tracer leur sillon. Le single phare de leur opus est "Paris en août", un titre qui n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, une déambulation dans la capitale en plein été mais, comme ils le disent eux-mêmes, "une allégorie naïve du sentiment que l'on ressent quand on trouve le ou la bonne personne. Quand la ville se vide de son monde, sous un soleil radieux, et que le quotidien s'en retrouve sublime et sublimé."
Rencontrer la bonne personne, partager avec elle sa vie et ses passions : voilà qui doit forcément parler à Pauline et Florent, inséparables depuis 10 ans, et qui proposent avec "Weddings & funerals" un album personnel, attachant et au son acidulé. Ils le disent autrement : "Nos chansons sont des petits pansements pour l’âme. Nos textes parlent d’amour, de nos espoirs et de nos peurs… tous ces sujets qui comptent pour nous. Nous essayons de les exprimer avec des mots simples".
Inséparables depuis 10 ans
Dans un opus principalement en anglais et qui prouve les affinités des deux artistes avec la britpop ("Cold Hearts", "Looking Forward"), les Part-Time Friends chantent en français dans le morceau "Même si", qui peut se comprend autant comme une déclaration d’amour que comme un hymne du groupe : "Et si on est deux amis / Avec le temps on s’est compris..."
"Leave It All Behind" se présente comme une électro-pop enlevée et au son sophistiqué (on pense aussi à cet autre piste, "Sacrifice") et que l’on peut comparer avec le minimalisme bricolé de "2 AM" ou "Next Big Thing". C’est simple : il semble que nous nous baladions par moment dans la lo-fi des années 90, à l’instar du bien nommé "Sober".
À la recherche de nouveaux terrains de jeu, le groupe ose la ballade folk avec le délicat "Dad" mais aussi l’électro-world avec un texte espagnol ("Mariposas").
Les Part-Time Friends savent surprendre mais aussi séduire grâce à leur électro-pop séduisante et rafraîchissante.
C’est avec un peu moins de trois ans de retard que la France découvre Andra Laszlo de Simone, musicien italien reconnaissable à son look à la Franck Zappa. Mais mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? Top 3 des Inrocksen 2020 pour son album Uomo donna, le chanteur turinois avait déjà marqué les esprits avec son EP incroyable, Immensità, sorti en France en plein Grand Confinement.
Uomo donnas’avère une entrée en matière passionnante pour un musicien jouant du contrepied permanent. Andra Laszlo de Simone navigue entre pop seventies, sons électros, mélodies incroyables et passages lyriques ("Uomo donna"). Impossible non plus de ne pas parler de la voix inimitable du chanteur italien, sombre et mystérieuse ("Sogno l’amore").
"Solo un uomo", un titre pop à la construction harmonieuse définit parfaitement ce qu’est l’opus : un concept album intelligent aux constructions sonores ambitieuses revisitant l’utilisation de l’électro dans la pop ("Eterno riposo"). Qui dit concept-album dit morceaux aux durées inhabituelles, bien loin des standards classiques : plus de 11 minutes pour "Gli uomini hanno fame", un ébouriffant chant de révolte contre les soumissions, que le chanteur exprime ainsi : "Ne vous laissez pas séduire par les fléaux ou l'esclavage / Qu'est-ce qui peut encore vous effrayer ?… / La vie est brève / Dégustez la grande gorgées" ("Non vi fate sedurre da piaghe o schiavitù / Che cosa ancora vi sa spaventare?… / Ben poco la vita / Bevetela a gran sorsi"). On ne saurait mieux dire.
"Vieni a salvarmi" est un morceau pop semblant sorti tout droit des années 70. Il faut dire qu’Andrea Laszlo de Simone sait surprendre et brouiller les pistes, comme il l’a fait récemment avec le lyrique "Immensità". Pour "Vieni a salvarmi", à la composition savante, se mêlent pop, rock progressif et électronique. Le tout se fond dans des constructions harmoniques labyrinthiques, à grand renfort de sons concrets, de riffs de guitare, d’envolées vocables et d’un superbe solo de violon venant conclure un titre d’une rare intensité.
L’apport dingue de constructions sonores intelligentes et sans esbroufes
Nous parlions de brouiller les pistes. L’artiste péninsulaire prouve avec "Meglio" qu’il est capable de proposer du minimalisme à la Dominique A, avec ce je ne sais quoi de moments de grâce.
Captations de bruits de poulaillers, extraits grésillant d’émissions de radio, musiques des sphères : Andrea Laszlo de Simone ne s’interdit rien, dans la mesure où la mélodie doit avoir le dernier mot comme aux plus belles heures de la variété des années 60 à 80 ("Questo non è amore", "La guera dei baci").
Cela ne veut pas dire que le musicien prenne de haut la pop. Dans "Che cosa?", une balade à la guitare, voix et flûte, ne manquent ni cette patte folle, ni cet art de prendre l’auditeur à contre-pied. Si l'on voulait s’en convaincre, l’auditeur n’a qu’à s’arrêter sur "Fiore moi", un morceau au look délicieusement régressif mais dans lequel le musicien italien intègre des sonorités bien actuelles.
9 minute 23, c’est la durée de "Sparite tutti", le dernier titre de l’opus Uomo donna, minimaliste à souhait, mais non sans l’apport dingue de constructions musicales intelligentes et sans esbroufes.
Parlons maintenant de ce fameux EP Immensità. Dans le titre éponyme, un degré de plus est franchi dans l’excellence. L'impressionnant morceau lyrique est appelé à rester dans les annales de la pop. Tout est immense, dit en substance le chanteur : "Toute réalité est immensité / Alors que le rêve se dissoudra alors / Ça va commencer demain / une nouvelle immensité" ("Tutta la realtà è immensità / Come il sogno poi si dissolverà / Da domani inizierà / una nuova immensità").
À côté de ce titre incroyable, il y a la place pour "La nostra fine", à la facture pop a priori plus "traditionnelle" mais tout aussi métaphysique, plus sombre aussi : "On peut en parler si tu veux, oui mais / La nuit est venue pour nous / C'est notre fin" ("Possiam parlarne se vuoi, sì ma / La notte è giunta per noi / È la nostra fine.").
"Mistero", tout aussi lyrique, s’appuie sur un texte à la concision poétique rare : "Mystère / Rallume la lumière / Qui était là / Là dans ta voix? / Lueur / Produire un souffle / C'est comme / Un piège dans le cœur / Pendant ce temps / Fondre dans le corps / Douceur / Refusé / Mystère." ("Mistero / Riaccendi la luce / Chi c'era / Lì nella tua voce? / Bagliore / Produci un respiro / È come / Una trappola al cuore / E intanto / Scioglievi nel corpo / Dolcezza / Negata / Mistero").
Andrea Laszlo de Simone prend le parti de la trinité musicale mélodie-textes et sons, à l’instar de "Conchiglie" qui vient conclure son dernier EP qui marque la révélation d'un artiste exceptionnel. Juste immense !