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pop - Page 10

  • Respect pour Naud

    Naud, c’est la fusion quasi parfaite entre la pop et l’électro. Dans son premier EP, Cames, le musicien français se sent comme un  poisson dans l’eau dans un univers à la fois fun, coloré et bourré de trouvailles sonores et textuelles.

    Les 5 titres forment un ensemble à la fois homogène et déclinant plusieurs visages de la pop, tout en se servant intelligemment de l’électronique. À côté de l’aérien "Déjà vu", Naud propose le joyeux et sautillant "Déjà vu". La voix aérienne de Naud se joue des nappes synthétiques, sans jamais perdre l’auditeur. "Dads" atterrit doucement, avec sa facture de titre pop-folk, et avec un message de tolérance : "2 Dads are not the best thing a child can get / It can have two mothers as well / Harassing has become a full-time job / Maybe happiness should decide what’s good for all".

    Le compositeur insuffle du funk et du reggae dans "Sad Gurus", un morceau tout aussi engagé et aussi diablement bien écrit : "And they don't know, that's the way I will teach. Please respect my disrespect / If I can't grasp, maybe I should learn before getting these big cameras all around me". Bien dit. "Respecte, s’il te plaît, mon irrespect" : respect pour cette trouvaille en forme d’appel à la paix autant qu’à la liberté d’expression.

    "Chemin noir" est le dernier titre de l’EP, est aussi le seul en français. Une composition solide dans laquelle la chanson française se marie à merveille avec l’électro : "Y’ a plus de râle, notre jeu se fige, Narcisse se fane enfin / T’as plus mal depuis que je suis ton meilleur pote et plus un despote / victimaire amer / Les autres ont pris un nouveau sens / Mon feu ne t’allume plus à l’essence."

    Un vrai beau tour de force que cet opus étonnant et séduisant, que Naud commente de façon définitive : "Produire et mixer un EP de A à Z en moins d'un mois était intense, stupide mais gratifiant… Je ne referai plus jamais ça de cette façon !"

    Naud, Cames, 2020
    https://naud-music.fr

    Voir aussi : "Consolation"

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  • Le retour des Ninja

    NinjA Cyborg, c’est Martin Antiphon et Marc Botte, de retour avec The Sunny Road, un EP au titre aux mille promesses. Pour illustrer leur EP, le duo français a choisi un visuel de Georges Gold Design renvoyant aux affiches de cinéma fantastique des années 70 et 80. Les morceaux du groupe sont majoritairement réalisés en analogique, et mixés dans la Studer 903 de Music Unit, donnant à cet opus un cachet vintage.

    Avec "Supramount pictures" et "Psycho Panic", nous sommes dans une entrée en matière, toute en vagues synthétiques à la manière d’une BO de série B,.

    De même, "The Sunny Road", qui donne son nom à l'EP, se veut un hommage appuyé aux Robocop, Supercopter et autres monuments cultes de la pop culture. Films de SF et nanars sont assumés grâce à, un son électro eighties régressif. Pour ce titre, le duo a imaginé un vidéo-clip réalisé en stop motion par Jef Dubrana et Olivier Hernandez de Freaks Motion Studio. "The Sunny Road" raconte les aventure de Gordon, un Cyber Ninja suivant les ordres pour aller défier les méchants de la ville de Sun City. Le film a été réalisé image par image, en pâte à modeler.

    Un hommage aux Robocop, Supercopter et autres monuments cultes de la pop culture

    Avec "A Walk With Jane", NinjA Cyborg montre qu’il est capable de morceaux planants, à la manière de capsules spatiales catapultées à des milliards d’années-lumière et ponctués de respirations extra-terrestres. Tout aussi intersidéral, "Lighting" adresse un clin d’œil appuyé à Jean-Michel Jarre.

    Avec "Sky Diving", en featuring avec Wild Fox, les NinjA Cyborg sont sur le terrain d’une pop plus classique, mais qui ne tourne pas le dos pour autant à la facture eighties, avec une voix juvénile à la Kylie Minogue,, lorsque la toute jeune Australienne se faisait connaître dans ses premiers tubes.

    On ne peut pas dire que les NinjA Cyborg s’arrêtent à un seul style : "Masters Of Fury" propose un rock échevelé dans lequel les guitares électriques s’enveloppent dans des nappes synthétiques. Ça cavalcade dans un instrumental qui ne se pose pas de questions.

    Le EP se termine par un atterrissage en douceur, avec "Gentle Corps", une courte étude sombre à la Mike Oldfield. Et aussi, de nouveau, un hommage à ces chères années 80.

    NinjA Cyborg, The Sunny Road, EP, 2020
    http://www.ninjacyborg.fr
    https://www.facebook.com/NinjACyborgMusic

    Voir aussi : "Vortexvortex, du côté de chez Harley Quinn"

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  • Salvatrices turbulences pour Océline

    La naissance d’un groupe n’est jamais anodine. Le duo Océline fait une entrée discrète mais convaincante sur la scène pop avec leur premier single, Turbulences, en attendant un premier EP prévu pour cette fin d’année, financé par KissKissBankBank.

    Pour cette histoire d’amour fortement contrariée, les chanteuses ont choisi de tourner leur clip dans la forêt de Fontainebleau, un lieu cher à Bla Bla Blog.

    L’osmose entre les deux interprètes d’Océline est évident : le duo a fait le choix d’une électro pop servant de manière équilibrée un texte sur une rupture douloureuse mais salvatrice : "Tu montes et moi je vais tomber / Et tout va se mettre à trembler / Décélère, va prendre l’air / Je te libère / De mon espace solaire."

    Du beau travail qui augure le meilleur pour le groupe.

    Océline, Turbulences, 2020
    https://www.facebook.com/elineoceane

    Voir aussi : "Les amis sont de retour (et parlent d'amour)"

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  • Girl Warrior de la guitare

    Si Morgane Ji était un personnage de fiction, il est certain qu’elle aurait choisi celui de cow-girl dans un western de Sergio Leone ou de Tarantino.

    Il est vrai qu’il plane dans son album Woman Soldier un souffle à la fois sauvage, aventurier et aussi très actuel, grâce à ses compositions travaillées et l’utilisation de l’électronique. Avec "Mon Nom est personne", nous voilà dans un western à la chaleur plombante, et en français : "Mon nom est personne je ère dans ton désert comme personne / Je suis ta prisonnière. "

    Un hommage bien sûr à Sergio Leone pour cette chanson d’amour qui finit mal : "Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse" ! Il flotte réellement sur cet opus cette atmosphère de western-spaghetti à l’exemple des rythmiques appuyées, lourdes comme un soleil désertique ("Fear No More"). Cette référence cinématographique est présent dans l’album dans une version électro. Électro comme du reste le premier morceau de l’opus, "Tom Thumb".

    Le son soul et électro rock est porté par une voix tour à tour soyeuse et vindicative, dans un morceau rugueux. Il faut dire que Morgane Ji se révèle comme une vraie warrior, une guerrière de la guitare qui décoche ses notes comme on envoie des flèches en plein cœur. Gare à elle : "I feel like a ticking time bomb".

    Morgane Ji nous séduit avec une pop à la fois sophistiquée, ponctuée ça et là de vagues d’électro ("Radio On"), et revenant aux classiques, comme le prouve le choix d’instruments acoustique : il y a les guitares, bien sûr, mais aussi cet étonnant banjo : "Somebody sang a song on the radio / I grabbed my banjo". Sans oublier sa voix, puissante et soul, à l’instar de "No", un titre consacré à une séparation : "We live in a world of separation / Where every man can be a lion… Stay out of myy land / We must try to remain friends... / Don’t stay so close."

    Révélation réunionnaise de l'année

    Dans "Homo sapiens", morceau mêlant pop et world musique, Morgane JI se met dans la peau d’une australopithèque : "Dans ma tête d’australopithèque / Sous ma peau de bête rien ne m’arrête." Des rythmes tribaux mêlés à des sons électroniques propulsent l’auditeur dans le temps pour dire que le Sapiens ne change décidément jamais dans sa soif d’écraser l’autre et de "faire la guerre" : "Je fais la guerre et traque mes frères à grands coups de hache, / A coups de revolver, je veux plus de tout, surtout plus de terre." Oui, rien ne change, même si les mœurs sont a priori plus policés : "Je fais la guerre dans les rangs de derrière les affaires sont les affaires / J’ai les dents longues et une peau de bébé je suis homo habilis customisé… Mais faut pas me dire que je ne suis pas sérieux, costumes et boutons, / De manchettes, moi monsieur, j’ai des talonnettes."

    Tout autant engagée, c’est sur des rythmes martiaux que Morgane Ji lance "Woman Soldier", un nouvel hommage au western autant qu’un chant féministe pour dire la puissance et la force des femmes : "I’m a soldier / A woman soldier, proud a a man. / A red rainbow through sunlight / One last arrow, one fast fight."

    Pour "Maloya", qui se réfère à une musique et une danse réunionnaise, la chanteuse choisit le contrepied, avec un morceau qui faut le choix du créole, sans abandonner pour autant sa facture pop world étincelante et bouleversante, avec toujours ses ponctuations d’électro et de guitares électriques qui en font toute la modernité. Cette revisite du maloya fait sens pour une artiste qui a été consacrée cette année révélation réunionnaise de l'année pour cet album, justement. Sa biographie indique par ailleurs qu’elle a fait partie des 2000 enfants ex-mineurs transférés de la Réunion vers la métropole durant la page sombre de l'histoire des "enfants de la Creuse".

    Avec "I Miss You", on découvre derrière une composition maîtrisée une femme délicate et plus attentionnée et attentive que l’on imagine : "Pardon me, Oh try / Excuse me, / New I’m so so sorry / Pardon me ! Oh try ! / Excuse me, / Now watch me ! / I’m small and petrified."
    Excuses acceptées.

    Morgane Ji, Woman Soldier, Aztec Music, 2020
    https://www.morganeji.com
    https://www.facebook.com/morganeji

    Voir aussi : "AURUS, poétique et vivant"

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  • Les amis sont de retour (et parlent d'amour)

    C’est avec plaisir que nous retrouvons le duo français Part-Time Friends dans leur nouveau single, Même si. Il faut préciser d’emblée que le clip a été produit par Iconoclast.tv et réalisé par Sarra Ryma,

    Dans une pop pétillante, rythmée et brillante, Pauline Lopez de Ayora et Florent Biolchini parlent d’amour, tout simplement. Une belle déclaration mise en image au cœur d’une fête foraine : "Tant qu’on me voie encore / A travers tes yeux / Je peux rouler sans phare / Même si on est deux demis / Pour n’en faire qu’un / On s’est choisis / Ça me fait me sentir infini."

    Les Part-Time Friends commentent ainsi ce nouveau titre : "Nos textes parlent d’amour, de blessures, de nos espoirs, de nos peurs… tous ces sujets profonds qui comptent, et qu’on essaie d’exprimer avec des mots simples – à commencer par notre amitié, très forte, mais aussi parfois conflictuelle."

    Ce nouveau single annonce l’arrivée de leur prochain album en janvier prochain.

    Part-Time Friends, Même si, Un Plan Simple, 2020
    http://www.parttimefriendsmusic.com
    https://www.facebook.com/theparttimefriends

    Voir aussi : "Deux amis"

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  • AURUS, poétique et vivant

    AURUS c’est Bastien Picot, à la composition et au chant dans ce premier EP à la fois poétique, enlevé et rigoureux. Une écriture riche et inspirée nous donne ce premier mini-album éponyme.

    Il s’ouvre avec des sons majestueux de cuivres sur le titre "Monumentum", un morceau dévoilé en mai 2019, avant qu'AURUS ne se produise à la Réunion au SAKIFO puis dans le cadre du Festival Opus Pocus.

    Son premier opus déploie une pop mêlant voix, électro et acoustique ("The Abettors", en featuring avec Sandra Nkaké). 

    C’est un euphémisme de dure qu’AURUS puise à des inspirations plurielles : il y a ainsi quelque chose de tribal dans "Scalp", comme si des guerriers de Game of Thrones venaient prendre possession des rues de Paris ou New York.

    Enlevé, vivant, onirique, aérien : tels sont les adjectifs que l’on pourrait donner à AURUS pour son EP passionnant, à l’image des dernières pulsations de "Mean World Syndrome", qui clôt l’opus. Il faut noter que La vidéo du clip a été réalisée par l'artiste visuel Sébastien Labrunie. Le "Mean World Syndrome" désigne une tendance à percevoir le monde comme étant plus dangereux qu'il ne l'est, à cause d'une exposition trop importante aux médias.

    Le message est lancé.

    AURUS, Sakifo Records, 2020
    https://aurusmusic.com
    https://www.facebook.com/aurusmusic

    Voir aussi : "Meylo vient faire le mélange des couleurs"

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  • Meylo vient faire le mélange des couleurs

    Meylo n’est pas une totale inconnue sur la scène française : découverte lors de l'opération French VIP , organisée par la SACEM, le Bureau Export, le FCM et le Midem, elle a pu se produire sur les scènes des Francofolies de la Rochelle, du Printemps de Bourges ou encore de la Boule Noire.

    C’est dire si la chanteuse de 25 ans est une artiste à suivre. Elle le prouve avec son premier EP, Ladyblues, sorti cette année. À l’exemple de "Come Again", la chanteuse revendique le mélange des couleurs, pour reprendre de célèbres paroles de Francis Cabrel : pop, soul, électro, rythmes hip hop, avec ce soupçon de soul, sans oublier cette voix chaleureuse : "I will be here still here looking you" ("Come Again").

    On peut sans se tromper déceler la marque de Tracy Chapman dans sa pop-folk pulsée à l’électro ("Dance With Me Tonight", "Next To Me", "Mean Man"). "La" Lady Blues (car ne s’agit-il pas d’elle-même dans le titre de son premier mini-album ?) propose avec son dernier morceau éponyme une électro folk survitaminée.

    Audacieux, convaincant et sans nul doute mémorable.

    Meylo, Ladyblues, EP, Underdog Records, 2020
    https://www.facebook.com/Meylo.Officiel
    https://www.instagram.com/meyl0

    Voir aussi : "Hoze, qui l’aime la suive"

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  • Joplin's families

    Il était question il y a peu du biopic en BD consacré à Jimi Hendrix, publié par Graph Zeppelin. L’éditeur poursuit sa série musicale avec une autre figure de la pop : Janis Joplin (Janis Joplin, Piece of my heart, éd. Graph Zeppelin).

    Pour ce deuxième volume de la collection Rock Odyssée, c’est Giulia Argnani qui s’empare de cette légende musicale, morte à 27 ans – elle aussi, à l’instar de Jim Morrison, Kurt Cobain, ou Jimi Hendrix.

    La scénariste et dessinatrice italienne a choisi de coller au parcours à la fois personnel, familial et artistique, depuis son enfance à Port-Arthur dans le Texas jusqu’à Los Angeles en 1970, dans un hôtel où Janis Joplin est morte d’une overdose, seule et désespérée. Un paradoxe pour cette musicienne saluée et admirée, et que Giulia Argnani explique en s’arrêtant sur ses fêlures qu’elle date de ses primes années.

    Dès le début des années 60, Janis Joplin se démarque avec son look androgyne et son refus d’être une fille "convenable" et traditionnelle, qui ne s’habille pas comme les autres : "J’aime être à l’aise ! On ne peut rien faire avec une robe !", lui fait dire la dessinatrice italienne. Dans un État conservateur, les revendications féministes – nous pourrions ajouter "inclusives", même si le terme est anachronique – ne pouvaient que se solder par une rupture avec son milieu et sa famille, à l’exception de sa sœur Julie.

    Blessure originelle

    Très tôt, l’adolescente se trouve une passion et un talent pour la musique, le chant, et en particulier le blues, qu’elle interprète comme personne. "Je ne connais aucune blanche capable de chanter comme ça !" commente un de ses amis.

    La rupture avec sa famille entraîne pour Janis Joplin la construction de son autre famille, musicienne, via ses groupes, Big Brother and The Holding Company, les Kozmic Blues puis le Full Tilt Boogie Band. Des noms qui restent inconnus pour beaucoup de lecteurs, mais qui ont une importance capitale pour la blues woman, dans la mesure où c’est avec eux que l’artiste s’est libérée, dans tous les sens du terme.

    Drogues, dragues, vie communautaire hippie et surtout rock and roll : Janis Joplin, Piece of my heart est une plongée dans les sixties, jusqu’au décès de l’artiste, un an après Woodstock. Janis Joplin apparaît, y compris dans ses excès, comme une artiste très en avance sur son époque, et qui a été capable de révolutionner le blues comme sans doute jamais personne avant elle – si on excepte toutefois les Rolling Stones.

    Giulia Argnani a choisi de ne pas suivre un scénario stricto sensu chronologique, grâce à des va-et-vient entre ses dernières années et les années 60, comme si Janis Joplin en revenait toujours à sa famille naturelle. Sa blessure originelle. De là aussi viennent aussi sans doute ses blessures qu’elle a su si admirablement transcender en musique.

    Giulia Argnani, Janis Joplin, Piece of my heart, éd. Graph Zeppelin, 2020, 160 p.
    https://graphzeppelin.com
    https://www.facebook.com/GraphZeppelin
    https://janisjoplin.com

    Voir aussi : "L’expérience Jimi Hendrix en concept album"

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