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roman - Page 8

  • Le Livre d’Hanna

    roman,confrérie,geraldine brooksMélange de roman historique et de polar érudit, ce brillant roman (ouvrage culte aux Etats-Unis nous dit le 4ème de couverture) suit les traces d'un livre légendaire, La Haggadah de Sarajevo.

    Désignée pour examiner ce manuscrit hébreux du XVème siècle, une jeune conservatrice australienne, Hanna, tente de percer les secrets de ce livre. La tâche sera plus ardue et complexe qu'elle ne le soupçonne. Là où le roman est fort est qu'il part de minuscules traces et indices (une tache de vin, une aile d'insecte, un poil de chat, des traces d'eau salée) pour reconstituer le parcours hors du commun de ce manuscrit.

    De Séville à Vienne en passant par Venise et la Bosnie, on suit les pas des différents propriétaires du livre qui sont le plus souvent d'ailleurs des femmes. Un roman très subtil, passionnant comme une enquête policière.

    A noter que la postface, qui raconte la véritable histoire de La Haggadah de Sarajevo est à lire absolument : une preuve supplémentaire que très souvent la réalité dépasse la fiction.

    Geraldine Brooks, Le Livre d’Hanna, éd. Belfond, 2008, 414 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/01/26/16671555.html

    Voir aussi : "Jan Karski"

  • Jan Karski

    yannick haenel,jan karski,roman,confrérie,seconde guerre mondiale,shoah,jan karskiEn 1942, Jan Karski est désigné comme messager de la résistance polonaise pour avertir les Alliés du sort fait aux Juifs. Arrivé aux Etats-Unis, Karski s'emploie au mieux dans sa mission et parvient à rencontrer Roosevelt, sans résultat hélas, pour les Juifs européens.

    Cette vie aventurière de Jan Karski (décédé en 2000), Yannick Haenel choisit de la traiter sous une forme hétéroclite, mi roman, mi récit. Ce choix artistique explique en partie la polémique qui concerne ce livre sorti en 2009. Le roman s'articule en trois parties : la première parle du témoignage de Karski pour le film Shoah de Claude Lanzmann) ; la seconde parle toujours sous forme d'un récit du parcours de Karski de ses premières années jusqu'à son rôle de messager ; la troisième, la plus polémique, est écrite à la première personne. Haenel prend la liberté de se mettre à la place de Karski pour évoquer l'échec de sa mission.

    Cette dernière partie a provoqué les foudres des historiens et aussi de Jacques Lanzmann, accusant l'auteur de malhonnêteté intellectuelle et d'approximations. Un livre certes imparfait mais qu'il faut lire, au moins pour connaître la vie de ce très grand résistant qu'était Jan Karski.        

    Yannick Hanenel, Jan Karski, éd. Gallimard, 2011, 208 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/01/26/16671707.html
    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Jan-Karski

    Voir aussi : "Les champs d’honneur"

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  • Rien n’est écrit d’avance

    delphine bell,récit,roman,papa,paternité,spDelphine Bell sort en ce moment Roi et toi (éd. Le Lys Bleu). Un récit plus qu’un roman sur un homme, un père, trop tôt parti. Voilà ce qu'écrit l'auteure : "Un matin, mon père a décidé de partir, nous laissant… Sans un mot, une trace. Où es-tu, papa ? Qui es-tu vraiment ? Toi, le père magnifique de mon enfance, dévoué, libre aussi. Ce livre est une quête, un roman policier et existentiel sur un père que je cherche encore. Il entrelace les écrits de celui qui fut un passionné de l’écriture et de la littérature. Et il pose une question : les êtres que l’on aime nous échappent-ils ? Possède-t-on vraiment ceux qu’on aime ? Qui est-on vraiment ? Papa est parti mais… Je peux écrire."

    Est on vraiment au contrôle de sa vie Décidons-nous de tout. Et qui sommes nous vraiment ? Le journal fait le balancier entre plusieurs époques, l’une éclairant l’autre.  Ce journal tente aussi de retracer historiquement une période définie. Sommes-nous vraiment confinés ou libres ? Première ou dernière liberté ?

    Delphine Bell, Roi et toi, éd. Le Lys Bleu, 2023, 268 p.
    https://www.lysbleueditions.com/produit/roi-et-toi
    http://intelligently-fashionable.blogspot.com

    Voir aussi : "Papa, mon amour"

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  • Les champs d’honneur

    jean rouaud,goncourt,roman,confrérie,première guerre mondiale,grande guerre,poilusRécompensé par un Prix Goncourt lors de sa sortie en 1990, le premier livre de Jean Rouaud est encore aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs romans français de cette décennie.

    Fausse chronique familiale qui dépeint la vie d'une bourgade de la Loire-Atlantique, Les Champs d'Honneur s'attache à trois personnages décédés à quelques semaines d'intervalle : le père, puis une vieille tante et enfin un grand-père. L'auteur trace les portraits de ces personnages grâce à des souvenirs anodins, cocasses ou poignants. De fil en aiguilles, des indices et des allusions nous amènent de ces petites histoires quotidiennes à la Grande Histoire : celle de jeunes hommes tuées pendant la première guerre mondiale, des morts qui hantent longtemps après leurs proches.

    Les Champs d'Honneur est un authentique chef-d'œuvre : grâce à une écriture minutieuse et virtuose, Jean Rouaud fait resurgir le traumatisme de la Grande Guerre et redonne vie aux petites gens de sa région natale. Du très, très grand art. 

    Jean Rouaud, Les Champs d’Honneur, éd. de Minuit, 1990, 192 p.
    http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Les_Champs_d%E2%80%99honneur-1816-1-1-0-1.html
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/02/13/16896111.html

    Voir aussi : "Le fils de l’homme invisible"

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  • Lost

    Séance de rattrapage pour ce roman paru chez HarperCollins en 2021. Nicolas Druart sortait son troisième roman, L’Enclave, un thriller bien enlevé et bien tordu, comme on les aime. Non sans des scènes à la limite de l'insoutenable et capable de vous donner la nausée. Voilà pour vous donner envie.

    Alors que la France vibre pour les exploits de la Coupe du Monde de Football, l’adjudant-chef de Buzac, modeste bourgade de l’Aveyron, doit gérer une histoire de disparitions. Deux touristes se sont volatilisés au cours d'une excursion dans une région sauvage. Sale temps, alors que le climat invite plus à l’allégresse footballistique qu’à une enquête obscure.

    À Paris, justement, un groupe d’handicapés est amené par Vanessa et Simon, deux animateurs chargés d’amener le petit groupe, dans l’Aveyron justement. Des vacances en forme de bouffée d’air pour des jeunes gens plus habitués à la vie en centre qu’à un trip dans les beaux paysages du sud. Beaux mais dangereux. Vanessa est mise en garde contre l’enclave, une région à l’écart du monde où les légendes les plus folles sont colportées par les habitants.

    Le climat invite plus à l’allégresse footballistique qu’à une enquête obscure

    Des disparitions, des crimes, des supplices, un monstre légendaire et un génie du mal – à moins qu’il n'y en ait plusieurs. Dans ce chassé-croisé entre un gendarme tenace, sa subalterne pugnace et une jeune Réunionnaise, parisienne d’adoption, les surprises ne manquent pas. Nicolas Druart nous balade en ménageant ses effets et en alternant le chaud de cet été meurtrier et le glacial d’une enclave bien mystérieuse, et tout cela dans une ambiance festive de coupe du monde.

    Quelle est justement cette zone en dehors de toute société ? Une ZAD ? Un mini-royaume ? Une zone de non-droits ? Et quelle est cette étrange créature cannibale ?  

    Impossible ici d’en raconter plus, sauf à spoiler les futurs lecteurs de ce thriller à déguster les doigts de pied en éventail. Une idée de roman pour les vacances ? Vous en avez un tout cuit, avec quelques surprises à la clé, bien entendu.  

    Nicolas Druart est bien allé droit au but.

    Nicolas Druart, L’Enclave, éd. HarperCollins, coll. Noir, 2021
    https://www.harpercollins.fr/products/lenclave

    Voir aussi : "Désir ou amour, tu le sauras un jour"

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  • Le jeu de l’ange

    roman,confrérie,carlos ruiz zafon,espagne,espagnol,barceloneA Barcelone, dans les années 20, David Martin, jeune écrivain à la recherche du succès, est contacté par un mystérieux mécène pour l'écriture d'un livre religieux. David accepte ce juteux contrat avant de le regretter.

    J'ai été déçu par ce thriller historique d'un des meilleurs écrivains espagnols actuels (l'auteur de L'Ombre du Vent, son premier livre, beaucoup plus réussi à ce qu'il paraît).

    Certes, Le Jeu de l'Ange est bien écrit et bien mené, avec des chapitres courts qui rythment bien ce roman et des personnages bien construits (Isabella, Vidal, Sempere, Cristina). Cependant, j'ai été frustré par une histoire (de damnation ou d'immortalité) qui semble se perdre en cours de route : l'intrigue du cimetière des livres, bien imaginée, tombe à plat à la fin ; les motivations du criminel m'ont semblé en partie obscure ; l'identité du mécène est laissée (volontairement ?) dans l'ombre ; quant au dernier chapitre, il m'a laissé dubitatif.

    Par contre, ce livre est à lire pour ce voyage dans le Barcelone des années 20 !    

    Carlos Ruiz Zafón, Le jeu de l’Ange, éd. Actes Sud, 2020, 640 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/03/02/17101733.html
    https://www.actes-sud.fr/catalogue/pochebabel/le-jeu-de-lange

    Voir aussi : "Jour de souffrance

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  • Désir ou amour, tu le sauras un jour

    Le moins que l’on puisse dire est que Noé Margolis sait accrocher le lecteur et parler à sa corde sensible. Le premier chapitre de son roman Ça fera des souvenirs (éditions Michalon) interpelle le lecteur directement tout autant qu’il l’interroge : "Ce n’est pas seulement l’histoire de ce livre que vous découvrez. C’est votre propre histoire. Vous nagez dans le temps, vous replongez en vous-même pour vous rappeler ce qui a eu lieu, ce qui n’a pas eu lieu, ce qui aurait pu avoir lieu".

    Mais de quelle histoire parlons-nous au juste ? Il s’agit de celle de Darius, un adolescent de dix-sept ans, un peu dégingandé du haut de son mètre quatre-vingt deux, pas forcément bien dans sa vie ("Grandir à la bonne place"), sans être forcément paumé, un peu en manque de reconnaissance dans sa famille, et avec les filles, ce n’est pas forcément très simple.

    Lorsque le roman commence, Darius assiste, avec sa famille, aux funérailles d’Alain, un ami de son père qui a compté pour l’adolescent. Un soutien mais aussi un jalon important dans sa jeune vie. Alors que la cérémonie se déroule au cimetière du Père-Lachaise, avec son lot de discours et de musique (l’auteure en fait d’ailleurs le métronome de son roman), Darius se replonge dans son passé, au sujet duquel Alain disait : "Au moins, ça te fera des souvenirs".

    Ce ne sont pas les parents ni même le frère de Darius qui forment le cœur de ses réflexions, mais trois personnes qu’il a connues, trois adultes, à la fois exemplaires, édifiants et bouleversants. Ils forment l’armature des souvenirs du jeune homme, appelé à grandir et vieillir.

    Ça fera des souvenirs est un des plus beaux livres écrits sur la manière d’être adulte dans notre société moderne


    Ça fera des souvenirs est une très jolie surprise littéraire de ce printemps. En dépit de ce que pourrait penser de ce récit plein de mélancolie, on en sort bizarrement ragaillardi, après avoir parcouru les quelques dizaines d’années du personnage principal, de l’adolescence jusqu’au mitan de sa vie.

    La compassion que le lecteur a pour Darius vient paradoxalement de sa simplicité, de ses failles et de ses défauts. Les premières idylles, les amours déçus ("Désir ou amour, tu le sauras un jour", cite l'auteure qui reprend les paroles d'une chanson d'Axelle Red), la rencontre avec un lycéen venu d’une famille huppée – où l’on découvre que les concerts des Enfoirés peuvent prendre une tournure métaphysique ! –, les rêves déçus (la danse) ou au contraire en construction (une librairie) ou la rencontre avec la femme de sa vie deviennent des aventures en soi.

    Mais là où Noé Margolis se montre sans doute la plus clairvoyante est dans sa manière de mettre la mort au centre du récit – car trois enterrements ponctuent le récit – et surtout de faire de trois adultes, en âges plus ou moins avancés, à la fois des références (Alain), des exemples bouleversants (Charline) et des personnages mystérieux aux lourds secrets (Gilbert).

    La vie, l’amitié, les rêves, le temps passé qui ne reviendra plus et, finalement, les souvenirs. Il faut ajouter à cela l’amour, le désir, les histoires jamais abouties (Charline et Alain) ou les souvenirs que l’on ne racontera jamais. Tels sont les thèmes du roman de Noé Margolis. Mine de rien, Ça fera des souvenirs est un des plus beaux livres écrits sur la manière d’être adulte dans notre société moderne (car le roman se déroule des années 80 à notre ère technologique), avec, comme observateur et acteur, un Darius grandissant, observant, expérimentant et vivant. Non sans mélancolie et nostalgie, car, comme le dit l’auteure : "Vieillir, c’est s’éloigner de soin époque, comme on s’éloigne du rivage".  

    Noé Margolis, Ça fera des souvenirs, éd. Michalon, 2023, 192 p.
    https://www.michalon.fr

    Voir aussi : "L'un dans l’autre, l’un contre l’autre"

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  • Fatherland

    livre,robert harris,roman,uchronie,confrérieFatherland est une uchronie, c'est-à-dire une fiction inventant des événements historiques passés.

    Dans ce roman du célèbre auteur de thriller britannique, nous sommes à Berlin en 1964. L'Allemagne a gagné la seconde guerre mondiale et les Etats-Unis, gouvernés par un Kennedy (Joseph !), cherchent un modus vivendi avec Adolf Hitler qui s'apprête à fêter ses 75 ans. L'Europe est unifiée, mais sous l'égide de l'Allemagne hitlérienne. Voilà pour le décor très impressionnant de ce roman.

    Dans un Berlin méconnaissable (reconstruit par l'architecte nazi Speer), un policier est chargé d'identifier le cadavre d'un homme. Son enquête le mène rapidement vers des révélations fracassantes. Les masques tombent les uns après les autres.

    Un excellent thriller qui se lit d'une traite. Et qui n’est pas sans rappeler Le Maître du Haut-Château. 

    Robert Harris, Fatherland, éd. Pocket, 1996, 425 p.
    https://www.lisez.com/livre-de-poche/fatherland/9782266071178
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/03/21/17314921.html

    Voir aussi : "Et si on refaisait l’histoire ?"

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