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  • Crimes, flegme et glamour

    Un Agatha Christie est toujours un plaisir à la limite de la perversité : un crime parfait, un coupable insoupçonnable, une intrigue alambiquée : voilà qui est parfait pour ce triturer les méninges. Hugh Laurie, que le grand public a connu sous les traits de l’inimitable Docteur House, est à la réalisation pour l’adaptation d’une des énigmes les plus retorses de la "Reine du crime".

    Pour une fois, la traduction française du titre, Pourquoi pas Evans ?, s’avère à la fois plus écliptique et plus mystérieuse que l’original, Why Didn't They Ask Evans?

    On se doute que le ou la Evans en question n’apparaît qu’au terme d’une longue enquête, qui est bien entendu le point fort du roman et de la série disponible en ce moment sur Canal+.

    Tout commence par un crime dans une de ces bourgades typiques de la campagne anglaise. Nous sommes au milieu du siècle. Bobby Jones (Will Poulter, que l’on avait découvert dans Midsommar), découvre au cours d’une partie de golfe au bord d’une falaise le corps d’un homme agonisant. Le fils du vicaire vient porter assistance au moribond. Les secours sont appelés. Le jeune homme entend le malheureux prononcer une phrase : "Pourquoi pas Evans ?" Il découvre aussi la photo d’une jeune femme. Un individu débarque pour s’occuper, dit-il, de la victime. Il dit s’appeler Roger Bassington-Ffrench (avec deux "f") et être médecin. Quelques temps plus tard, le mystère de l’identité du mort est dévoilé mais Bobby Jones, secondé par la pétillante Lady Frances – Franky – (Lucy Boynton) ont des doutes et mènent leur propre enquête. 

    Les fans d’Agatha Christie goutteront leur plaisir      

    Évidemment, impossible d’en dire plus sur cette énigme policière, particulièrement retorse, et qui sera résolu par le couple irrésistible que forment Bobby et Franky. Hugh Laurie – qui apparaît brièvement dans le rôle d’un médecin inquiétant – utilise avec talent les qualités de la mini-série (4 épisodes) pour déployer patiemment une enquête, où les détails ont leur importance, tout autant que les relations subtiles et pleines de séductions entre deux jeunes gens aux positions sociales différentes – mais qui se ressemblent sur pas mal de points.

    C’est simple : Will Poulter est impeccable dans le rôle de fils de vicaire devant assumer une position sociale peu simple et Lucy Boynton est juste irrésistible dans celui d’une jeune lady avide de liberté. Le message féministe n’est pas absent de cette série, ce qui lui apporte une réelle touche de modernité.

    Les fans d’Agatha Christie goutteront leur plaisir l’enquête, en dépit de quelques longueurs. Ajoutez à cela les paysages anglais, les costumes, les voitures : voilà qui nous plonge dans une atmosphère so british.      

    Pourquoi pas Evans ?, mini-série policière britannique de Hugh Laurie, avec Will Poulter, Lucy Boynton, Lucy Boynton, Hugh Laurie, Maeve Dermody, Conleth Hill, Daniel Ings, Jonathan Jules, Amy Nuttall, Miles Jupp et Richard Dixon, 4 épisodes, Canal+
    https://www.canalplus.com/series/pourquoi-pas-evans/h/18517447_50001
    https://www.agathachristie.com/stories/why-didnt-they-ask-evans

    Voir aussi : "Quand je pense à la vieille Anglaise"
    "Lumineuse secte"

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  • Disparues

    Ne nous y trompons pas : derrière son pitch, qui s’inspire d’un  fait divers authentique – le crash d’un avion dans la Cordillère des Andes dans les années 70 et la survie des passagers pendant plusieurs mois – la série Yellowjackets choisit de proposer une fiction complexe mêlant récit survivaliste, thriller, horreur, romance, réflexion féministe et drame adolescent.

    Nous sommes en 1996. Une équipe de footballeuses américaines se rend en avion pour le match le plus important de leur saison. Hélas, le drame arrive : l’avion s’écrase dans une région reculée, laissant les survivants et surtout survivantes – il n’y a que deux garçons, dont le coach – désœuvrés et obligés de survivre. 25 ans, plus tard, quatre rescapées doivent faire face à leur passé.

    Parmi ces adultes survivantes, il y a Shauna (Melanie Lynskey), la mère de famille ordinaire, mariée et mère d’une adolescente indispensable, Taissa (Tawny Cypress), la femme politique promise aux plus hautes fonctions grâce à une pugnacité sans limite, Natalie (Juliette Lewis), paumée et abonnée aux drogues et aux alcools et enfin Mysty, la plus mystérieuse. Christina Ricci joue avec un talent et une gourmandise certaine cette infirmière inquiétante. Nos quatre survivantes sont contactées par une journaliste pour avoir le récit de leur histoire. Le passé les rattrape et les oblige à renouer contact pour se liguer. 

    Des actrices aux traits physiques ressemblants

    Faire un simple récit de survivantes durant les années 90 – l’occasion d’un peu de régression nostalgique – avait finalement peu d’intérêt. Yellowjackets (les fameuses tenues jaunes des footballeuses) propose un aller-retour spatio-temporel entre 1996 et 2021. Les rêves, les projets et même les caractères des protagonistes (que l’on pense à la formidable Misty, fille coincée à l’adolescence, s’avérant une femme fatale des plus redoutables) sont mises à l’épreuve d’un drame sans pareil.

    Pour servir l’histoire, les créateurs de la série ont réussi à trouver des actrices aux traits physiques ressemblants. Sophie Nélisse s’avère complètement convaincante dans la peau de Shauna adolescente, Melanie Lynskey prenant le rôle de la même Shauna, cette fois adulte. Yellowjackets, au-delà du récit d’aventure, propose d’interroger l’âge adulte, le temps perdu, les trahisons et aussi le rôle des femmes. La série ne passe pas à côté de faiblesses, notamment lorsqu’elle se fait teen drama, mais pour le reste elle assume tout : y compris ses sauts dans le mystère "à la Lost", son caractère thriller et policier, tout comme ses influences du côté de Desperate Housewives.

    Cette saison 1, succès outre-Atlantique, ne devrait être que le début d’une saga qui s’annonce déjà passionnante si l'on pense au dernier épisode plein de questions.

    Yellowjackets, série fantastique et thriller américaine de Ashley Lyle et Bart Nickerson,
    avec Sophie Nélisse, Melanie Lynskey, Jasmin Savoy Brown, Tawny Cypress,
    Sammi Hanratty, Christina Ricci, Sophie Tha
    tcher et Juliette Lewis, saison 1, 2021
    https://www.sho.com/yellowjackets

    https://www.canalplus.com/series/yellowjackets/h/18138310_50001

    Voir aussi : "Dans la dèche"

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  • Projet Visser

    Parmi les succès surprises de Netflix, il faut citer la pourtant discrète série fantastique Archive 81. On comprend d’ailleurs pourquoi cette histoire abracadabrantesque a suscité un certain engouement, avec son délicieux goût nostalgique tournant autour de la culture pop, des séries télé et du cinéma fantastique.

    Oui, il y a du régressif dans ce récit nous entraînant sur les pas de Dan Turner, un professionnel reconnu dans la restauration de vieux films. Le voici engagé par une multinationale, la LMG, pour enquêter sur un lot de vieilles vidéos VHS des années 90 : à l’époque, en 1994 précisément, Melody Pendras, une étudiante en sociologie, enquêtait sur les locataires d’un immeuble le Visser, incendié avec tous ses habitants. La jeune femme a disparu, non sans entraîner avec elle le mystère sur cet immeuble.

    Une grosse dose de nostalgie

    Le Président de la LMG, Virgil Davenport, invite le spécialiste et restaurateur à travailler sur la restauration de ces cassettes dans un centre de recherche aux Catskills. Dan y découvre les vidéos tournées par l’étudiante 25 ans plus tôt. Un sentiment de familiarité commence à se saisir du jeune homme.

    Les ingrédients d’Archive 81 sont suffisamment riches pour intriguer : meurtres, disparitions, voyages dans le passé, ajoutez à cela une secte, des mondes parallèles, des personnages inquiétants et une grosse dose de nostalgie… La série de Rebecca Sonnenshine a des atouts certains. À cela s’ajoutent des influences du côté du cinéma et de la télévision : Shining, Solaris, Le Projet Blair Witch, voire la série Lost.  

    Archive 81 peut même être revu et revu pour jouer à déceler les clins d’œil innombrables. Bref, un bon moment autant que des frissons de bon aloi. 

    Archive 81, série fantastique et d’épouvante américaine de Rebecca Sonnenshine,
    avec Mamoudou Athie, Dina Shihabi, Martin Donovan et Matt McGorry,
    saison 1, 8 épisodes, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/80222802

    Voir aussi : "Dans la dèche"

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  • Dans la dèche

    Et si je vous disais que la série sociale la plus percutante nous vient d’Amérique ? C’est la plateforme Netflix qui la propose : Maid de Molly Smith Metzler, avec Margaret Qualley (Mon année à New York) dans le rôle-titre, conte sans pathos mais avec réalisme, le parcours d’une jeune femme, obligée de faire des ménages pour subvenir à ses besoins et ceux de sa fille Maddy. 
    Alex Russell, 25 ans, avait sûrement bien d’autres rêves dans sa vie que celle d’une séparation douloureuse, d’une bataille avec son ex pour s’occuper seule de sa fille et d’un métier peu reluisant.

    Lorsqu’elle quitte le domicile conjugal après une dispute de trop, c’est pour tomber dans la dèche et devoir assumer des contraintes écrasantes : un budget toujours plus serré, la recherche d’un domicile, trouver un travail et surtout préserver le mieux possible son enfant. Il faut aussi compter sur une mère ingérable et complètement à l’ouest, interprétée par Andie MacDowell ou par un père à la fois calme, gentil et singulièrement rejeté.

    Fulgurances poétiques

    "Je ne comprends pas trop ce qui m’est arrivé", confie un moment Alex, qui parvient cependant à garder la tête haute et à trouver dans ce métier ingrat de femme de ménage une nouvelle dignité.

    On entre dans la vie d’Alex qui elle-même entre dans celle d’inconnus et d’inconnues : une femme richissime dont la vie va se fragmenter ou la maison d’un cambrioleur qui ravive des souvenirs. Maid parle aussi de l’entraide entre femmes, de féminisme, de la pauvreté aux Etats-Unis mais aussi des blessures intimes et indicibles, à l’image de la mère d’Alex.

    Citons enfin les fulgurances poétiques, à l’exemple de l’épisode 8, lorsqu’Alex traverse une période où tout fout le camp.

    Lorsque les Américains osent le social, cela peut donner ce genre de petits bijoux, à la fois cruels et d’une très grande humanité. De quoi aimer Alex, notre meilleure amie. 

    Maid, série dramatique américaine de Molly Smith Metzler, avec Margaret Qualley, Andie MacDowell, Nick Robinson, saison 1, 10 épisodes, Netflix
    https://www.netflix.com/fr/title/81166770

    Voir aussi : "Mon année Salinger"
    "Patinage pour les filles, hockey pour les garçons (et inversement)"

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  • Flow de neige, de sons et de baisers

    Pas de doute : Tayc est bien l’un des artistes français de l’année. Après ses succès musicaux, sa victoire à l’émission Danse les Stars, le voici dans une des séries à succès de Netflix, Christmas Flow.

    Mini-série en trois épisodes, Christmas Flow peut de fait être catalogué comme un film de Noël : a priori, rien que du très classique pour un genre presque aussi vieux que le cinéma. Au programme de cette fiction : de la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo, un homme et une femme bien mal assortis mais tombant dans les bras l’un de l’autre, du romantisme et des familles alambiquées qui vont tout compliquer.

    Voilà un sujet très traditionnel donc, sauf que les créateurs ont choisi un angle d’attaque assez inédit pour cette histoire de conte de Noël. Marcus (Tayc), rappeur de son état, doit se dépatouiller avec un mini-scandale en raison de propos sexistes dans une de ses chansons. Pour redorer le blason de l’artiste, son producteur imagine de le lancer sur un nouveau projet musical : une chanson de Noël. Au même moment, Marcus croise Lila (Shirine Boutella), une journaliste féministe très engagée. Évidemment, elle reconnaît le rappeur et le toise. Les deux vont pouvoir se croiser cependant, à la faveur de cadeaux intervertis.

    De la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo et un homme et une femme bien mal assortis

    On ne fera pas la fine bouche sur ce "miracle de Noël" : les créateurs ont eu la maligne idée de faire rentrer dans la danse un rappeur sympa mais un tantinet sexiste, son amie Mel (Camille Lou), parfaite en fille superficielle, et surtout le trio de militantes féministes, Lila, Alice (Marion Seclin) et la formidable Aloïse Sauvage dans le rôle de Jeanne. Voilà qui promet de faire des étincelles et d’interroger avec légèreté les bouleversements sociaux de la France contemporaine, à commence par les droits des femmes.

    Je ne vous spolierai pas si je vous dis que tout se terminera pour le mieux, au milieu de baisers, de flow de musiques et de flocons de Noël. Avec de gros coups de cœur pour Taïc, Shirine Boutella et Aloïse Sauvage. 

    Christmas Flow, mini-série de Henri Debeurme,Victor Rodenbach,Marianne Levy,
    avec Tayc, Shirine Boutella, Marion Séclin, camille lou,aloise sauvage et estelle meyer

    https://www.netflix.com/fr/title/81214396

    Voir aussi : "Sauvage !"

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  • Familles de patineuses (et de patineurs)

    Et si l’on donnait une nouvelle chance à la très bonne série Spinning Out dont on apprend que la saison 1 ne sera pas reconduite par Netflix. Dommage pour ce qui s’annonçait comme un début de saga familiale tout à fait intéressante, dans le milieu – et ce n’est pas la moindre de ses qualités – du patinage artistique.

    Ce sport fait figure de véritable drogue pour les principaux protagonistes de cette série mêlant sport, romance, secrets de famille et amitiés.

    Au cœur de Spinning Out il y a d’abord la fille, Kat (ou Katarina), sportive-née mais dont une chute sérieuse au cours d’une compétition a cassé sa carrière : finis pour elle les pirouettes, les sauts et les combinaisons techniques. Chez les Baker, tous les espoirs se portent donc sur la cadette, Serena, à la technique hors-pair et dont les prochains Jeux Olympiques lui sont promis. Leur mère Carol Baker – on verra plus tard réapparaître son mari avec qui elle est divorcée – fait de ses deux filles des rivales. Elle engage un entraîneur pour Serena et semble faire peu de cas de Kat.

    Pour Kat, une nouvelle chance de patiner à haut niveau survient à la faveur d’un sémillant – et insupportable – sportif, Justin. Il recherche une partenaire pour patiner en double. Et devinez à qui il pense ?

    Il faut souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage

    Bon, je sais ce que vous allez dire : une romance sur patins est quelque chose qui semble plutôt convenu. Sauf que le miracle marche : la série a beau fonctionner comme une belle machine, on est séduits par les personnages en raison de leurs failles étonnantes, de leurs dérapages incontrôlés (à tout point de vue) et par les déchirements familiaux au sein des Baker.

    Parmi les interprètes, un gros coup de cœur pour deux des actrices principales : January Jones en mère bipolaire et sachant haïr et aimer avec la même conviction et Willow Shields, en adolescente tour à impressionnante sur patin, insupportable, jalouse, tête-à-claque, séduisante et ne devenant jamais aussi touchante que lorsqu’elle s’égare. Et n’oublions pas non plus Kaya Scodelario, capable de tenir sur ses frêles épaules un récit de feu et de glace.

    Il faut enfin souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage, avec des figures d’une haute technicité. Mais comment ont-ils fait ? 

    Spinning Out, série américaine de Samantha Stratton,
    avec  Kaya Scodelario, January Jones, Willow Shields, Evan Roderick,
    Sarah Wright, Svetlana Efremova et Amanda Chou, 2020, une saison, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/80201590

    Voir aussi : "Des balles aux prisonniers"

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  • À double détente

    La nouvelle série française de 13e Rue, J’ai tué mon mari, commence de manière assez classique pour un thriller : Anna (la formidable Erika Sainte) est arrêtée après avoir fait disparaître son mari. Nous sommes en Charente-Maritime. Cette mère d’un petit garçon doit se justifier de la scène de lutte chez elle et d’avoir été vue sur un pont après avoir jeté un corps dans une rivière. Anna ne peut nier les évidences et avoue qu’elle a tué son mari après une dispute violente. Lorsqu’elle est déférée devant une juge, la meurtrière apprend qu’en réalité son mari est innocent et que son fils est menacé. Elle décide de s’évader.

    Une femme au-dessus de tout soupçon accusée de meurtre. Un disparu qui ne l’est pas vraiment. Un complot pervers. Ce sont des thématiques assez classiques, avec un autre sujet abordé, qui constitue la double détente du récit : les violences conjugales. Les créateurs ont choisi de ne pas la traiter frontalement, préférant les flash-back et des saynètes peu démonstratives mais tout aussi choquantes (la fête d’anniversaire, épisode 5).

    Syndrome de Stockholm à l’envers

    J’ai tué mon mari s’intéresse moins à la disparition de Manuel qu’au parcours mental de son héroïne, mère de famille ordinaire se transformant en une Nikita perdue dans les couloirs du palais de justice. Là est justement le point fort de cette série qui fait de la fuite impossible et d’une prise d’otage improvisée le cœur du récit. Il est captivant de voir Anna se débattre pour chercher à comprendre les secrets de son mari et les raisons du complot ourdi contre sa famille. Les scénaristes, malins, ont mis sur sa route Lucas, un otage avec qui elle partage des journées claustrophobiques, au point d’en faire un complice et d’expérimenter un syndrome de Stockholm à l’envers.

    Impossible enfin de parler de J’ai tué mon mari sans évoquer Thiphaine Daviot, dans le rôle de Caldera, policière décalée, tour à tour perspicace, brouillonne, pugnace et souvent à l’ouest. L’humour vient éclairer cette série et cette histoire de mort, de violence et de perversité.

    Cela se passe sur la chaîne 13e Rue en ce moment.

    J’ai tué mon mari, mini-série policière française de Sophie Dab,
    Rémy Silk Binisti, Lucie Fréjaville et Justine Kim Gautier,
    d’après une idée originale d’Henri Debeurme,
    avec Erika Sainte, Antoine Gouy et Tiphaine Daviot, saison 1, 6 épisodes, 2021, 13e Rue

    https://www.13emerue.fr/jai-tue-mon-mari

    Voir aussi : "Des balles aux prisonniers"

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  • Des balles aux prisonniers 

    Au moment de chroniquer la série à succès coréenne Squid Game, devenue un véritable phénomène de société, débarrassons-nous tout de suite de ce qui a créé la polémique, spécialement en France. Les autorités, et pour commencer le ministre de l’Éducation nationale, ont pointé du doigt la violence de la série, qui s’est immiscée sur les cours de récréation. Squid Game est devenu un jeu malsain parfois pratiqué par des enfants – à qui la série est d’ailleurs vivement déconseillée, à commencer par Netflix qui la propose sur sa plateforme. Les mises en garde ne sont bien entendu pas pour rien dans le succès planétaire de cette création venue de Corée du Sud qui met au cœur d’un jeu sanglant d’anodins jeux pour enfants. Disons-le enfin : Squid Game est à interdire formellement aux moins de 16 ans et est, une fois cette mise en garde faire, une excellente série. 

    Fermons la parenthèse et parlons maintenant de la série. Seong Gi-hun vit désœuvré chez sa vieille mère après un divorce compliqué. Son seul bonheur est sa fille, dont il s’occupe avec plus ou moins d’attention, mais qui devrait bientôt s’envoler avec sa mère et son nouveau compagnon à des milliers de kilomètres de chez lui. Professionnellement, cela ne va pas mieux pour le quadra désœuvré. Petits boulots, jeux d’argent, dettes, menaces de petits malfrats : Seong Gi-hun voit son avenir bouché. Le salut finit pourtant par venir au détour d’une station de métro : un inconnu lui propose de gagner beaucoup d’argent grâce à un jeu. Seong Gi-hun appelle un mystérieux numéro de téléphone et se voit embarquer avec 500 autres personnes dans une compétition de survie. Il dévient un simple numéro – 456 – et croise d’autres compagnons de jeu, dont un ami d’enfance, un vieil homme, une mystérieuse femme nord-coréenne et un immigré. Bientôt le petit groupe fait équipe pour survivre. 

    Les mêmes ficelles que Dix petits Nègres, puissance 10

    Malins, les créateurs de Squid Game ont imaginé un jeu de massacre impitoyable et sadique laissant le spectateur pantois et à cran, car la série nous propose qu’au bout du compte, tel Koh Lanta, "il n’en restera qu’un" (ou qu’une) !

    La critique anticapitaliste a ressurgi dans les critiques sur cette création télé pas comme les autres. Bien qu’elle peut être discutée, il n’en reste pas moins vrai que ce qui ressort de Squid Game est  l’esthétique pop : couleurs acidulées, cadrages méticuleux qui ont leur importance scénaristique, omniprésence de formes géométriques – symboles, portes, agencements des salles – ou costumes des prisonniers et de leurs gardiens. À ce sujet, une intrigue secondaire s’enclenche, à la faveur de l’irruption d’un policier à la recherche de son frère.

    L’esthétique pop est d’autant plus troublante qu’elle s’appuie sur un univers concentrationnaire et dictatorial, maquillé par des règles de jeu simples (le "un, deux, trois, soleil", un jeu de billes ou un tir à la corde cruel), des directives énoncées par une voix suave et des accessoires sadiques (des cercueils enveloppés de cadeaux d’emballage).  

    Il reste le scénario utilisant les mêmes ficelles que Dix petits Nègres (Ils étaient Dix), puissance 10 : qui survivra dans ce jeu de massacre ? Il faut aller jusqu’au bout de la série pour découvrir toute l’essence du récit. Un récit, encore une fois à interdire formellement aux enfants !

    Squid Game, série coréenne de Hwang Dong-hyeok,
    avec Lee Jung-jae, Park Hae-soo, Wi Ha-joon et Jung Ho-yeon, 2021, saison 1, 2021, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81040344

    Voir aussi : "Serments oubliés pour les héros d’Hippocrate"

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