Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

sexe - Page 12

  • Les deux manières de lire Driven

    driven,bromberg,new romance,sexeIl y a sans doute deux manières de lire Driven. La première pourrait être réservée aux millions de fans de cette trilogie de new romance : poursuivre la lecture des aventures sulfureuses de Rylee Thomas et Colton Donovan à travers un quatrième opus (ou plutôt une saison 3.5 pour reprendre le sous-titre de Driven – Raced). Ce tome rassemble en effet des scènes complémentaires des trois premiers volumes, Driven, Fueled et Crashed, que les amoureux de K. Bromberg retrouveront avec plaisir.

    La seconde manière pourrait être celle d’un nouveau lecteur désireux de découvrir cette trilogie à succès : Raced peut en effet être parcouru chapitre par chapitre parallèlement lors de la lecture de chacun des trois tomes précédents. Voilà une manière originale de se plonger dans cette oeuvre de new romance. Et pourquoi pas ? Après tout, "la vraie vie commence au-delà de la limite de ta zone de confort", pour reprendre une citation de la romancière américaine.

    Soyons clair. Raced n’est pas stricto sensu un roman. Il s’agit autant d’une parenthèse littéraire à destination des fans de Driven que d’un projet éditorial autant qu’artistique. K Bromberg a choisi, dit-elle en préambule, d’écouter ses lecteurs – ou ses lectrices pour être plus exact : "J’ai décidé de me lancer un défi à moi-même… J’ai fait une sélection drastiques des scènes à réécrire." L’auteure américaine a pioché dans Driven, Fueled et Crashed ses scènes favorites, ainsi que celles de ses admiratrices consultées via son blog. À l’instar de Grey de EL James, K Bromberg revisite des passages de sa trilogie en se plaçant du point de vue du personnage principal masculin, Colton Donovan.

    Fans de Driven, vous vous retrouverez plongés dans un univers familier. Nouveaux lecteurs et curieux, Raced offrira une manière alternative de découvrir la trilogie à succès de K Bromberg, best-seller sur la liste du New York Times et de USA Today.

    K Bromberg, Driven, Raced, saison 3.5, éd. Hugo Roman, 2016, 230 p.
    http://www.kbromberg.com
    K. Bromberg sur Instagram

  • Layana et ses mecs

    Dans Black Lies, Layana Fairmont, sémillante et ambitieuse trentenaire californienne, avoue sortir avec deux hommes. Jusque-là, rien d’exceptionnel. Un roman ayant pour thème le triangle amoureux est un des classiques de la littérature au point que, sur ce sujet, tout semble avoir été dit. Mais attendez un peu la suite car cette histoire savamment épicée réserve son lot de surprise : "Si vous croyez avoir déjà lui une histoire comme la mienne, vous vous trompez" prévient Layana dans un prologue qui fleure bon la manipulation et le mystère.

    Brant et Lee sont donc les deux amants de la narratrice, deux amants aussi différents l’un que l’autre. Le premier est un brillant et fringant informaticien devenu directeur milliardaire de BSX, une multinationale que gère avec une main de fer la directrice financière Jillian Sharp. Le second mec de Layana, jardinier de son état (et l’on sait depuis Desperate Housewives le potentiel érotique insoupçonné de cette profession), est aussi rustre et brutal que son adversaire ne se montre attentionné et gentleman – trop gentleman ? Le feu couve sous la braise, et ce n’est pas dû qu’à cette relation amoureuse aussi compliquée qu’aventureuse. Entre ces deux hommes, qui choisir ? Et faut-il choisir ? "Allez-y. Jugez-moi. Vous ne pouvez pas imaginer les conséquences que cette situation entraîne."

    "Une montagne de mensonges" : tel est le cœur du roman d’Alessandra Torre qui cache derrière les scènes pimentées de Black Lies une intrigue savamment dissimulée que le bloggeur se gardera bien de dévoiler. Chacun des protagonistes dissimule une part d’artifice, y compris chez la narratrice qui prend chair comme rarement. Layana Fairmont a beau parfois tenir des propos faciles et entendus, elle ne devient jamais plus passionnante que lorsqu’elle est placée dans des situations extrêmes. Tour à tour, malmenée, aimée, dissimulatrice et manipulatrice, elle n’en devient que plus attachante parce que plus humaine. Là est la grosse réussite de ce roman. Le lecteur peut également se féliciter qu’Alessandra Torre ait pris soin de faire tomber les barrières de la new romance pour proposer une fiction mêlant sexe, mensonges, folie, thriller et bien entendu passion amoureuse. Une réussite dans le genre qui a permis à Black Lies de figurer dans la liste des meilleures ventes du New York TimesSi vous ne devez lire cette année qu’un seul ouvrage de la new romance, c’est celui-ci.

    Alessandra Torre, Black Lies, éd. Hugo, Paris, 2016, 422, p.
    www.Alessandratorre.com

  • Homo erectus on line

    nc_sex_love_recto.jpgComme 6 millions de personnes, Alice, divorcée, mère de quatre enfants, a choisi de s’inscrire sur un de ces milliers de site de rencontre sur Internet. Elle nous raconte dans Sex&love.com de Nathalie Cougny (éd. Sudarènes), son expérience de l’homo erectus à l’heure de l’e-rencontre. 

    Comment trouver l’amour sur Internet ? Vaste et grave sujet. "Si tu penses rencontrer l’homme de ta vie sur un site de rencontres, autant te préparer psychologiquement pour ne pas sombrer dans une dépression pré-orgasmique." Et Alice d'ajouter : "Ne dis pas non plus que tu cherches l’homme de ta vie, c’est d’un ringard, dis plutôt que tu cherches les hommes de votre vie."

    Dans un monologue mordant, la candidate au grand amour (ou à un grand amour) fait un portrait à charge des sites de rencontres ("le plus gros annuaire de baise interplanétaire organisée") comme de leurs abonnés. Tout y passe : l’addiction aux Meetic, Gleeden et autres Attarctive World, la loi de la jungle pour trouver le partenaire d’un soir et plus si affinités, l’obsession des flashs, les fiches descriptives un peu trop belles pour être honnêtes, la plaie des hommes mariés ("les lâches") ou le véritable abattage pour multiplier les rencontres et les chances : "Au bout d’un certain nombre de rencontres, c’est tout juste si tu ne deviens pas une machine, t’as plus de sentiment, c’est comme si t’étais à la chaîne, ça défile et tu fais plus que de regarder c’qui cloche chez le mec et dès qu’y a un défaut de fabrication, hop, poubelle, au suivant. Bah oui, y a tellement de mecs que tu vas forcément trouver la perfection."

    Alice ne passe pas sous silence le moment mémorable – qu’il soit heureux ou malheureux – de la première rencontre, moment d’excitation et souvent de déception : "Tout se joue dès la première minute, le premier regard, le tout premier battement de cil. Bah ouais, va pas planter ton battement de cils, parce qu’à l’instant même de la rencontre, on sait tout de suite si ça va durer : deux minutes, deux jours ou deux mois." Quoique, dit-elle en substance, tout cela varie selon l’expérience du candidat : "Quand tu t'inscris en général t’es limite dépressive, où tu viens de te faire larguer où, comme moi, t’as demandé le divorce, donc dans les deux cas ça va pas trop fort … t’arrive toute timide, innocente, fragile et désemparée … puis au fil des mois ... quand t’as un peu plus d’expérience et que tu reprends le contrôle de tes facultés ... tu te transformes, sans t’en rendre compte, tu deviens Terminator, La Guerre des Mondes et Alien en même temps."

    Au-delà de cette plongée dans l’univers des sites de rencontre, ce dont il est question est aussi la relation homme-femme. Le genre masculin reçoit au passage quelques coups de canif : annonces à côté de la plaque, photos de profil embellies ou coupées pour cacher une calvitie et surtout l’obsession du coup d’un soir pour ces messieurs.

    Derrière le discours léger et virevoltant, se cachent des considérations sur la question de l’incompréhension entre femmes et hommes ainsi que de l’égalité des sexes : "Ça suffit qu’on nous prenne pour des vagins en puissance. Vous allez voir les mecs qui est-ce qui domine maintenant. Ouais, parce que vous jouez les gros durs, mais n’empêche que l’ascenseur pour le septième ciel c’est que si on en a envie et pas autrement."

    Une nouvelle preuve que les relations hommes-femmes, traitées ici avec humour et sous l’angle des sites de rencontre, restent un sujet de débat intarissable. Mais tout n’est pas à jeter dans l’univers impitoyable de l’e-rencontre, comme le rappelle Nathalie Cougny et son personnage : "Les deux tiers des personnes ayant noué une relation avec une personne rencontrée sur Internet déclarent avoir vécu une véritable histoire d’amour."

    Sex&lov.com sortira en librairie aux éditions Sudarènes à partir du 2 juin 2016.

    Nathalie Cougny, Sex&love.com, éd. Sudarènes, 2016
    Nathaliecougny.fr
    Sex&love.com "Alice se libère !"
    Mis en scène par Bruno Romier, Comédie Angoulême du 18 au 28 mai

  • Femmes de papier

    12795462_1715771775362931_4402653180996076033_n.jpgL’auteur de bandes dessinées Alex Varenne est l’invité des Écrits Polissons, ateliers d’écriture ludiques organisé par Flore Cherry, le 11 mai 2016 au 153, rue Saint-Martin, à Paris.

    Alex Varenne, auteur mythique des séries Ardeur (1980-1987), Erma Jaguar (1988-1992) et des romans graphiques Angoisse et Colère (1988) ou Gully Traver (1993) ou, plus récemment, La Molécule du Désir (2014) viendra présenter ses splendides femmes de papier, qu’elles soient aventurières, dominatrices, aimantes ou prudes.

    Cette rencontre avec un auteur mythique ayant participé à Charlie Mensuel et l’Écho des Savanes sera au centre d’une soirée d’ateliers d’écritures, de dessins, de nouvelles, de concours et de travail en groupe. Le tout sous les yeux d’un maître averti.

    Flore Cherry pour plus d'informations
    Cherry Erotic Corner

    Les Écrits polissons, mercredi 13 avril
    au 153, rue Saint-Martin - 75003 Paris
    (Métro - Les Halles ou Rambuteau)
    19H30 à 21H30
    Entrée : 10 € (boissons non comprises)

  • Lettres à mon utérus

    Logo-LAMU.jpgCherry Erotic Corner propose de découvrir les Écrits polissons le mercredi 13 avril 2016, avec entre autre la présence d'Octavie Delvaux, auteure d'une trentaine d'ouvrages et Julia Palombe, artiste prolifique aux multiples talents, elle chante, danse, joue, avec le sens de l'engagement pour la liberté, l'égalité et les sexualités. Ces deux intervenantes ont participé à l'ouvrage collectif Lettres à mon Utérus (éd. La Musardine.

    Le rendez-vous des "Écrits polissons", c'est un atelier d'écriture érotique ludique, une rencontre avec un ou une intervenant(e), des jeux, un travail d'écriture en groupe et un cocktail. Flore Cherry est l'initiatrice et l'organisatrice de ce concept.

    Cette manière d'aborder de renouveler les traditionnels ateliers d'écriture promet d'en ringardiser plus d'eux et d'attirer un nouveau public. Comme le disent les organisateurs : "Que vous soyez seul ou accompagné, jeune ou moins jeune, homme charmant ou femme aventureuse, que vous ne connaissiez pas l'orthographe précise de "khammassoutra" ou que vous soyez un sex'crivain averti... Venez comme vous êtes, on vous fera une petite place !"

    Cherry Erotic Corner
    Les Écrits polissons, mercredi 13 avril
    au 153, rue Saint-Martin - 75003 Paris
    (Métro - Les Halles ou Rambuteau)
    19H30 à 21H30
    Entrée : 10 €

  • Aurélie Dubois unmakes sex

    "Qui es-tu pour ne pas te reconnaître ?" annonce le site Internet d’Aurélie Dubois. La citation de Daniel Androvski, psychanalyste et écrivain, annonce la couleur : les œuvres qui sont proposées par l’artiste risquent d’en dérouter plus d’un et nous tendre un miroir dérangeant sur le corps, le désir, le fantasme et le sexe. Une démarche revendiquée par Aurélie Dubois, "artiste de garde", qui affirme ceci : "Je considère que je ne fais que traduire la météo des pulsions."

    Graphiquement, l’influence de la bande dessinée est flagrante dans les œuvres de l'artiste datées de 2006. Il y a aussi de l’Egon Schiele dans cette manière de représenter ses nus et ses scènes de couples : corps contorsionnés, visages grotesques, scènes de sexe caricaturales, travail sur les cadrages. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Aurélie Dubois reste une artiste au talent de portraitiste indéniable, comme le prouvent ces portraits de 2007 et 2012, ainsi que ces autres dessins de 2008 à 2010 d’une élégante maîtrise graphique – ce qui n’exclut pas son travail sur la déstructuration des corps.

    À partir de 2010, Aurélie Dubois a travaillé sur les lavis. Exit le réalisme graphique. Cette fois, les personnages sont ces masses sombres grimaçantes, des êtres hybrides sortis de nulle part et rejetant des sécrétions de toute nature (urine, sperme, excréments et cetera).

    2011 voit arriver une série de dessins tout aussi surréalistes : les personnages qu’Aurélie Dubois met en scène sont ces petits êtres que l’on croirait tout droit sorti d’une autre planète. Têtes surdimensionnées, yeux globuleux, absence d’oreilles et de cheveux... mais pourvus de sexes. Ces aliens – mais nous sont-ils si étrangers que cela ? – se tancent, copulent (en couple ou en groupe), se mutilent, se démembrent et se torturent.

    aurélie duboisLe spectateur peut être troublé par ces œuvres. Il le sera sans doute bien plus par cette série de dessins de 2013, faits sur des pages de cahiers d’écolier. "Mes parents m’ont donné la vie par le sexe" annonce le texte en écriture cursive et scolaire. La série de dessins est un parcours fait de douleurs, de tortures et de mutilations d’une jeune fille. On pourra y voir autant des scènes tout droit sortis d’un livre du Marquis de Sade que des représentations de meurtres sordides si familiers des rubriques faits-divers ou bien des représentations symboliques de la souffrance humaine.

    Tout en gardant son attrait pour les corps déstructurées, les dessins suivants de 2013 et 2015 brillent par leur fausse naïveté (voir ces exemples), leur maîtrise graphique et ce surréalisme poétique non dénué d’humour noir. Aurélie Dubois "décapite" également le genre masculin dans cette autre série pour s’intéresser aux femmes : scène de nativité, nues dans des positions atypiques, filles démembrées ou écorchées, femmes-arbres, danseuses, arlequin, acrobate, scènes érotiques lesbiennes ou encore ce somptueux trio rouge et noir.

    Les lavis au format Jésus (2015) frappent par leur noirceur, le travail d’ombres et de représentation des corps et des organes dans tous leurs états : disputes apocalyptiques, accouchements monstrueux, meurtres, mutilations, scènes familiales où l’inceste n’est jamais loin.

    Dans ses dessins les plus récents datant de 2015, Aurélie Dubois propose des scènes faussement naïves et bourrées d’humour noir que Topor ne renierait pas avec ces personnages grotesques voire libidineux. Les lavis à l’eau croupie (sic), présentent, eux, des portraits à la facture expressionniste.

    aurélie duboisAurélie Dubois est aussi photographe. Son site nous donne un aperçu de son travail, basé sur l’autoportrait. Des portraits naviguant entre intimité, humour décalé (HDA love) et mises en scène morbides (Cut). Une troublante série de trois photographies de l’auteure buvant à un robinet, avant qu’elle ne disparaisse du champ (Urolanie). Des montages photographique de l’artiste dupliquée (Insexualité). L’humour noir, le travail sur le corps et le sexe et le fantasme se matérialise avec ces personnages grotesques, mutants et grimaçants (n’y aurait-il d'ailleurs pas l’influence du peintre chinois Yue Minjun dans un de ces personnages au rictus si caractéristique ?) : Skin, Mutants, Dirty water et Human Behavior (2013).

    aurélie duboisAurélie Dubois est présente au salon d’exposition collective Salo IV du 8 au 10 avril 2016. Elle y présente son oeuvre-phare, "Mes tresses s'amusent" (papier moisi et mine graphite, 150x188cm). Ce dessin, pièce maîtresse du salon, marque une étape importante dans l'oeuvre d'Aurélie Dubois. Mes tresses s'amusent frappe par ses dimensions (150x188cm) mais aussi par sa construction. Le visage centrale de la fille aux tresses, inquiétante de douleur, le visage marqué et comme écorché, alpague le spectateur. Dans un décor floral digne de ces vieilles tapisseries qui ont pu marquer notre enfance, une ronde de personnages surgit. Ces créatures apparaissent, flottent, nous interrogent ou se font menaçant. Deux mains se serrent, applaudissent ou se crispent. Une tête de mort est portée par une ménade. Une fillette que l'on croirait sortie d'un roman de Stephen King semble attendre son heure tout en se laissant envelopper par "des tresses-lianes". Une femme repose, endormie - ou morte  ? - dans les bras de son amant. Et toujours ces tresses, fil conducteur d'une oeuvre si complexe que l'on peut s'y perdre des heures. Chaque figure, chaque personnage apporte son lot de questions. Qui sont-ils ? Des souvenirs ? Nos rêves ? Les représentations d'un inconscient ?  Mes tresses s'amusent est le titre calembour choisi par une artiste qui se plaît à user de l'humour noir pour ses créations. Cette œuvre dessinée parvient à transcender l'érotisme, grâce à la maîtrise d'une artiste qui a fait du sexe et du fantasme son terrain de recherche.

    Le bloggeur ne peut enfin qu’inviter à se plonger dans le passionnant portrait filmé Dans l’Atelier d’Aurélie Dubois. Ce reportage sous forme de questionnaire de Proust permet de comprendre cette archéologue du désir et du fantasme au talent immense et féroce. Ses œuvres graphiques, photographies, performances et vidéos (The Corridors, Anamnèse ou Amour écrit en Fer) entendent nous remuer, nous interpeller, avec une vraie éthique : "éviter le toc de la morale".

    Le site d'Aurélie Dubois
    Page Wikipédia consacrée à Aurélie Dubois 

    Dans l’Atelier d’Aurélie Dubois
    Chez Cherry Gallery
    Salo IV, Salon du dessin érotique, du 8 au 10 avril 2016, 11 heures -20 heures
    Entrée libre, interdit aux moins de 16 ans
    © Aurélie Dubois 2016

    Dans l'Atelier d'Aurélie Dubois from Aurelie Dubois Artiste de Garde on Vimeo

  • Salo IV

    SALO-AD.gif"Salo" s’installe pour la quatrième fois à Paris depuis 2013. Pendant quatre jours, du 8 au 10 avril 2016, à l’Espace 24 Beaubourg, le salon du dessin érotique ouvre ses portes au public pour présenter les œuvres de 70 artistes.

    Aux sceptiques qui verraient dans "Salo IV" un événement au titre sadien et pasolinien qui n’a pas de quoi fouetter un chat, Laurent Quénéhen, le commissaire d’exposition, évoque la pertinence et l’utilité civique d’un tel salon : "Quoiqu’on en dise, une chape de plomb a recouvert l’insouciance, une arrière pensée traîne dans nos sorties et les extrêmes de tous bords se sont engouffrés dans la voie de la peur. Même les courants politiques les plus ouverts se crispent, cèdent à la panique financière et moraliste."

    La représentation des corps et plus largement la liberté d’expression auraient-elles fait de grands bonds en arrière depuis plusieurs années ? Beaucoup le pensent : "Ce que portait une majorité sans souci est devenu rare ; nous marchons en arrière, revenons à l’après-guerre. L’art lui-même s’en ressent, s’autocensure ou devient gros, lisse et cher, comme une berline de luxe."

    Souvent et longtemps brocardé comme un art grossier, l’érotisme parle aussi de nous, de l’inconscient, de la société, du féminisme et, bien entendu, de l’amour sous toutes ses formes.

    Laurent Quénéhen souligne que Salo IV est majoritairement féminin : "Peut-être [les femmes artistes] s’intéressent-elles moins au gros œuvre de l’art qui à l’instar des grands fauves pissent un peu partout."

    Mentionnons parmi ces femmes Aurélie Dubois, l’une des artistes françaises les plus en vue. Elle y présentera son dernier dessin "Mes Tresses s’amusent", issu de la série "Céleste fond de culotte". Cette œuvre réalisée en mine graphite sur papier moisi est "un coup de bistouri dans le monde du dessin, une épisiotomie de la Renaissance et de la tapisserie symbolique et, surtout, un face-à-face avec nos petites morts puisqu’elle laisse pour tout commentaire que ce seul épitaphe, repris à Daniel Androvski « Qui es-tu pour ne pas te reconnaître ? »"

    Nous aurons bientôt l’occasion de parler de cette artiste.

    Salo IV, Salon du dessin érotique, du 8 au 10 avril 2016, 11 heures -20 heures
    Entrée libre, interdit aux moins de 16 ans

     

  • Il n'y a pas que la beat dans la vie

    Une réflexion m'agace lorsqu'il est question de Serge Gainsbourg : s'attarder sur les quinze premières années de sa carrière et oublier volontairement ses dernières œuvres, sur l'air du "Je préfère le Gainsbourg de La Javanaise que le Gainsbarre de Love on the Beat".

    Ce rejet reflète sans doute une forme de pudibonderie pour ce qui est certainement un des albums les plus originaux et les plus mieux écrits de l'Homme à la Tête de Chou. Sorti en 1984, Love on the Beat peut même être qualifié d'un des meilleurs disques français de la décennie 80 (comme l'indique le classement des 1001 Albums qu'il faut avoir écouté dans sa Vie). 

    Ce qui a fait la (mauvaise) réputation de l'avant dernier album de Gainsbourg sont ces chansons sulfureuses qui ont heurté le public de l'époque : "Love on the Beat", "No comment" et surtout "Lemon Incest". 

    Arrêtons-nous sur la spécificité de cet album provocateur.

    C'est avec audace que l'auteur de "L'Eau à la Bouche" a pris le parti d'écrire et composer un disque homogène, dont chaque titre est décliné sur les thèmes du sexe, de la grivoiserie et de la pornographie. "Love on the Beat", la chanson qui introduit l'album (sic), est un long et rugueux chant d'amour érotique, aux paroles exceptionnellement travaillées, et traversé durant les huit minutes par des gémissements féminins et des cris d'orgasme que d'aucuns trouveront à la longue insoutenables.

    Les auditeurs des ondes FM de l'époque ont été certainement tout autant choquées par "Lemon Incest", une balade composée sur l'Etude n°3 "Tristesse" de Frédéric Chopin, et interprétée par Serge Gainsbourg et Charlotte Gainsbourg, sa fille âgée de treize ans à l'époque. Il a été reproché à son auteur d'écrire une chanson glorifiant l'amour incestueux, et surtout d'avoir entraîné sa propre fille dans cette aventure scabreuse. Une critique pleine de mauvaise foi comme l'affirmera toujours Charlotte Gainsbourg. La jeune interprète considère qu'elle participait de plein gréé à un projet artistique qu'elle soutenait. L'admiration du père et de la fille était réciproque. 

    Deux autres titres ont émergé auprès du grand public : "Sorry Angel" et "No Comment", un succès qui peut se lire comme un tube drôle et osé. Moins connus, signalons : "HMM HMM HMM", "Kiss Me Hardy", "I'm The Boy" et "Harley David (Son of a Bitch)". "Harley David (Son of a bitch)", à ne pas confondre avec le "Harley Davidson" que Gainsbourg avait écrit pour sa muse de l'époque, Brigitte Bardot, passerait presque pour une parenthèse amusante : "Hé, dis donc David fils de pute, qu'est-ce que tu fais sur ma Harley ?... Ses vibrations te font de l'effet...".   

    Gageons au passage qu'aucun de ces titres ne passerait de nos jours le filtre de la censure et de l'autocensure. Mais ceci est une autre histoire.  

    Serge Gainsbourg, Love on the Beat, 1984, Philips
    Sergegainsbourg.net