En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Attention les yeux ! En mettant à l’honneur Élisabeth Báthory, la "Gilles de Rais" hongroise, Le dessinateur espagnol Raúlo Cáceres choisit la voie de la légende plus que du biopic, si l’on excepte toutefois les chapitres 15 et 17, consacrés à la "comtesse sanglante", coupable de meurtres, d’actes de torture et de barbarie sur au moins une centaine de jeunes victimes entre 1585 et 1610, avant d’être condamnée à l’enfermement à vie dans une pièce de son château.
Raúlo Cáceres a préféré, dans cette œuvre de jeunesse, s'appuyer sur les légendes, les traditions populaires et le folklore pour construire un personnage qui ferait passer le vampire Dracula pour un innocent enfant de chœur : bains de sang pour trouver la jeunesse éternelle, supplices insoutenables, sorcellerie ou cannibalisme. Le tout avec son lot de perversions sexuelles. Voilà qui ne pouvait qu’inspirer l’artiste espagnol qui s’était déjà attaqué à l’œuvre de Sade (Justine et Juliette).
Prenant pour fil rouge un voyage dans le nord de l’Espagne où se dirigent un cercueil et un varcolaci, une créature fantastique du folklore roumain, des créatures horrifiques se croisent, se rencontrent, copulent, racontent leurs histoires d'orgies, de supplices et de crimes tous plus monstrueux les uns que les autres, avec pour figure centrale la plus grande tueuse en série de l’histoire.
On ne viendra pas chercher dans cet Élisabeth Bathory (éd. Tabou), réédition d’une série de jeunesse de la fin des années 90, un roman graphique réaliste et édifiant. C’est même plutôt l’inverse, si l’on oublie le travail graphique, le soin apporté aux corps et les ébats représentés dans toute leur crudité et toute leur cruauté.
Une misogynie que l’on trouvera aisément datée
"Crudité" : voilà le mot juste. Raúlo Cáceres en est au début de sa carrière lorsqu’il raconte, avec une débauche de moyens, et dans un scénario décousu mais aux plans soigneusement travaillés, la vie d'outre-tombe de la "dame sanglante de Csejte". En préface de l’édition française, José V. Galadi écrit ceci : "Raúlo a profondément aimé écrire cette histoire, où il a versé une bonne partie de ses vues artistiques, personnelles et bédéphiles."
Parmi les références, comme le dit José V. Galadi, il y a le "porno américain des années 70" au "ton festif et ludique", la BD européenne mais aussi le manga japonais, sans oublier les références chrétiennes et le folklore européen, dont évidemment Dracula… et Élisabeth Báthory.
Le choix du noir et blanc était évident dans cette histoire qui aurait fait pâlir le Marquis de Sade. On n’enlèvera pas à Raúlo Cáceres son talent pour représenter les corps suppliciés et les scènes de copulation, toutes plus effarantes et incroyables les uns que les autres, avec une misogynie que l’on trouvera aisément datée, la femme étant pour l’essentiel utilisée comme un objet de fantasme et d’assouvissement des plaisirs masculins – même s’ils sont pour l’essentiel d’outre-tombe !
Proprement monstrueux, ce Élisabeth Bathory, version BD trash, la première publication professionnelle de son auteur (elle est sortie en 1998) n’est pas à mettre entre toutes les mains. Mais ça, Raúlo Cáceres nous y avait habitué.
Une année 2021 très riche se termine : cinéma, musiques, livres, expositions, séries ou publicité. Bla Bla Blog ne s’est jamais rien refusé dans son désir de chroniquer ces artistes, ces créations et ces œuvres qui contribuent à enrichir notre vie culturelle. 317 articles ont été publiés cette année. Quels sont ceux qui ont le plus buzzé ? Comme les années précédentes, voici le top 10 de cette année.
C’est avec bonheur que l’on retrouve à la 10e place la pianiste classique Haley Myles pour un enregistrement des Nocturnes de Chopin qu’elle avait d’abord joué pendant le Grand Confinement.
"S’il est un répertoire classique archi-interprété, il est possible que les Nocturnes de Frédéric Chopin (1810-1849) tiennent le haut du pavé. La pianiste Haley Miles en propose une version intimiste et passionnante. Avec son projet musical "Chopin Nocturne Project", la pianiste installée à Lyon a choisi d’enregistrer un nocturne différente chaque vendredi de février à juin 2021. L’album – son deuxième – a suivi presque naturellement, après un enregistrement record en trois jours…"
Une réédition de l’ouvrage culte Gens de France fait une entrée surprise dans le classement de notre Top 10. Voici un rappel pour cette réédition à marquer d'une pierre blanche.
"En ce mois de juin, ressort en librairie le mythique Gens de France et d'ailleurs de Jean Teulé. Il avait été publié une première fois à la fin des années 80, avant de connaître une réédition il y a un peu plus de 15 ans (éd. Ego Comme X). C’est aujourd’hui les éditions Fakir qui proposent de découvrir ou redécouvrir cet album, l’ultime album graphique de Jean Teulé, avant que celui-ci ne se lance avec succès dans le roman…"
Attention les yeux ! Lorsque nous avons appris que la chanteuse lyrique Adrineh Simonian faisait une reconversion pour le moins osée dans le porno, avec un sérieux sens de l’engagement, il paraissait nécessaire de lui consacrer un article. Cela méritait assurément une étonnante chronique, particulièrement remarquée cette année.
"Cette information est sortie de manière relativement confidentielle il y a une dizaine de jours. Nous apprenions que la mezzo-soprano autrichienne Adrineh Simonian a choisi une reconversion inattendue, passant de l’univers feutré et bienséant de l’opéra pour celui, plus sulfureux du porno... féministe..."
En septième position, nous trouvons la chanteuse d’origine malgache Henintsoa, qui se faisait remarquer fin 2020 et en tout début d’année 2021 pour plusieurs titres.
"Coup de projecteur en ce début d'année sur Henintsoa, une des nombreuses espoirs de la jeune scène francophone. Celle-ci nous vient de Madagascar, même si si c’est à Paris qu’elle a fait ses premières armes, après être arrivée en France à 18 ans pour poursuivre des études supérieures. La chanson et sa voix l’ont fait sortir du lot, comme le prouvent quelques concours de chants remportés (La truffe d'argent, Plus de talents ou la Moog Academy)…"
Une exposition à Toulon a fait parler d’elle : elle a eu lieu cette année à la galerie Simona de Simoni et présentait des œuvres de Patricia Tozzi-Schmitzer. Il s'agit de la seule chronique sur une exposition classée dans le Top 10 de Bla Bla Blog.
"C’est à Toulon que l’on trouve la galerie Simona de Simoni, située en face de la Porte d’Italie. Celle qui en est l’initiative est Aliénor de Cellès, dont nous avions déjà parlé sur Bla Bla Blog. Cette artiste passée par le stylisme, la mode et les costumes de scène a choisi la peinture comme terrain d’expérience et de création. Le dernier exemple en date est celui de la galerie qu’elle a fondée au cœur de la Préfecture du Var…"
En fin d’année, Bla Bla Blog vous faisait découvrir le nouveau show-woman de Martineke Kooistra. Un anniversaire, ça se fête. L’artiste d’origine néerlandaise le faisait en spectacle, avec un sérieux sens d’humour, tout en faisant découvrir le cabaret batave.
"Martineke Kooistra célèbre son demi-siècle, et elle ne le fait pas à moitié ! Cela se passe au Théâtre Essaïon les dimanches à 17 heures 30 jusqu’au 16 janvier 2022. Venu des Pays-Bas, l’artiste propose un show mariant le one-woman-show, le stand-up et le tour de chant, dans son univers très à elle…"
On aime Flore Cherry pour ses engagements, les événements qu’elle organise et son actualité artistique. Elle arrive au pied du podium de cette année, grâce à une interview menée à l’occasion de la dernière édition du salon de la littérature érotique.
"Flore Cherry a accepté de répondre aux questions de Bla Bla Blog à propos de son actualité. Il y a, pour commencer, sa pièce de théâtre Le plus beau jour (de votre vie). Mais il y a aussi le salon de la littérature érotique, de retour le 28 novembre, salon qu'elle organise avec la foi du charbonnier. Ou de la charbonnière. Bla Bla Blog – Bonjour, Flore. Journaliste, rédactrice, entrepreneuse, animatrice, auteure… On ne t’arrête plus… A ce sujet, préfères-tu écrivain, écrivaine ou auteure ? Flore Cherry – Je préfère que mon interlocuteur choisisse son propre vocabulaire, surtout. Si pour lui, un écrivain est une femme, c’est OK. Mais j’ai une petite corde sensible pour auteure. Avec un joli -e…"
En troisième position du classement de cette année, la chanteuse Andrea Ponti prouve qu’il est toujours temps de faire le buzz. Elle se place remarquablement sur le podium de cette année. Cette médaille de bronze permet de refaire parler d'elle.
"Repérée sur les réseaux sociaux l’an dernier durant le Grand Confinement, Andrea Ponti sort cet été son single "Il était temps", composé et écrit par François Welgryn et William Rousseau. Ce marque la naissance d’une interprète qui, à quarante ans, se lance dans la chanson. "Enfin j’ose et je réalise mon rêve en me sentant tellement épanouie dans cette nouvelle aventure que je souhaite la plus aboutie possible. Enfin, comme jamais auparavant je me sens alignée, centrée, complète… à ma place", explique-t-elle…"
Une interview arrive en seconde position. Elle concerne Thomas Pourchayre, un auteur que nous avions chroniqué pour son dernier ouvrage, Ève et l’Ange. Pour l’interview qu’il nous a accordés, il fait partie des grandes vedettes de 2021. Mérité, bien sûr !
"Après avoir parlé du singulier conte Ève et l’Ange de Thomas Pourchayre, nous avons voulu en savoir plus sur l’auteur. Il a accepté de répondre à nos questions. Bla Bla Blog – Bonjour, Thomas Pourchayre. Vous sortez aux éditions Abstractions un nouveau livre, Ève et l’Ange. Peut-on dire qu’il s’agit d’un ouvrage hybride ? Thomas Pourchayre – Ah... ! "Récit / nouvelle" ou "poème" ? Je crois qu'il a une unité, ce texte. Il est très homogène dans sa forme, même si elle est effectivement spéciale. Mon roman en cours, par différence, est fait de fragments de différentes natures : on peut dire qu'il est hybride. Mais Ève et l’Ange, à mes yeux, devrait être vu comme relevant d'un genre à part, rare mais pas inédit. Il est peut-être plus proche du conte, même si son style est singulier pour un conte. Bref, renonçons aux classifications !…"
Et la grande gagnante des chroniques de Bla Bla Blog est une chronique inattendue sur - et c'est une nouveauté depuis que notre Top 10 existe ! - une publicité... Elle a été voulue par EDF et conçue par l’agence BETC/Havas. La vénérable entreprise publique a choisi de suivre Eva, croustillante et irrésistible looseuse magnifique. Un énorme coup de cœur, assurément !
"Parlons pub avec cet excellent spot proposé par EDF et l’agence BETC/Havas Paris, Eva et Violette. Le film a été réalisé par Réalité, de l’agence Big. La vénérable entreprise nationale d’électricité choisit l’humour et le contre-pied pour parler de son énergie vertueuse ("97 % sans CO2, grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables")…"
Cette année marque le retour de la 5e édition (la crise sanitaire est passée par là) d’un événement qui met à l’honneur, et de manière sexy, la littérature.
Ce salon a été pensé comme un lieu de rencontres avec des auteurs tout autant qu’un univers qui incite le participant à s’impliquer et à devenir lui-même acteur de l’événement par des défis d’écriture érotique (chaque auteur possède sa propre contrainte), des happenings, des animations, des conférences-débats et des cadeaux à gagner.
Cette année, le salon peut se targuer d’avoir pour invitée vedette Maïa Mazaurette. La chroniqueuse chez Quotidien (TMC), France Inter et au Monde a fait de la sexualité son sujet de prédilection dans tous ses écrits. Elle est considérée aujourd’hui comme la journaliste sexo n°1 en France.
Le salon peut se targuer d’avoir pour invitée vedette Maïa Mazaurette
Parmi les autres invitées de marque, mentionnons aussi Dora Moutot, créatrice du compte @tasjoui (500k abonnés), et pionnière des comptes sexo sur Instagram. Son livre Mâle-baisées s’est très vite hissé en tête des ventes françaises. Bebe Melkor-Kadior est une performeuse et afro-féministe qui a signé avec Balance ton corps un manifeste pro-sexe qui est très vite devenu une référence pour toutes celles qui tiennent à user de leur corps comme elles l’entendent.
Vous l’aurez deviné, ce sont les femmes qui sont les voix puissantes de l’érotisme aujourd’hui, ce que Flore Cherry confirme en interview. Parmi les autres artistes, mentionnons aussi Ivo Da Silva, Valérie Hervo, Rita Perse, Julie-Anne de Sée, Soisic Belin, Chloé Saffy, Zoé Vintimille, Eva Delambre, La rockeuse Julia Palombe, Sonia Saint-Germain, Vera Mar ou Manon (@lecul_nu).
Le public pourra assister à des conférences et des débats autour des conseils pour écrire des livres érotiques (Emmanuel Jay de l’Atelier Eros, Eva Delambre ou Anne Hautecoeur et Sophie Rongiéras, éditrices à La Musardine), réfléchir sur l’aspect politique et social de l’érotisme (Bebe Melkor Kadior, Dora Moutot, Lucile Bellan, Julia Palombe) ou encore faire le plein de sextoys avec Quentin Bentz du spécialiste Lelo.
Rendez-vous est pris donc pour aller faire un tour au salon littéraire le plus sexy du monde.
Flore Cherry a accepté de répondre aux questions de Bla Bla Blog à propos de son actualité. Il y a, pour commencer, sa pièce de théâtre Le plus beau jour (de votre vie). Mais il y a aussi le salon de la littérature érotique, de retour le 28 novembre, salon qu'elle organise avec la foi du charbonnier. Ou de la charbonnière.
Bla Bla Blog – Bonjour, Flore. Journaliste, rédactrice, entrepreneuse, animatrice, auteure… On ne t’arrête plus… A ce sujet, préfères-tu écrivain, écrivaine ou auteure ? Flore Cherry – Je préfère que mon interlocuteur choisisse son propre vocabulaire, surtout. Si pour lui, un écrivain est une femme, c’est OK. Mais j’ai une petite corde sensible pour auteure. Avec un joli -e.
BBB – Ta dernière actualité c’est une pièce de théâtre, Le plus beau jour (de votre vie), au Sweet Paradise. J’imagine que c’est une grosse satisfaction en tant qu’auteure mais aussi créatrice d’événements. Quel bilan peux-tu déjà faire de l’accueil de cette pièce ? FC – Très bon ! Nous avons d’excellents retours sur Billetsreduc, le site de réservation pour les pièces de théâtre – et nous sommes pratiquement complets chaque soir. C’est une vraie surprise car c’est toujours difficile d’attirer les foules dans un nouveau lieu, il faut faire ses preuves, redoubler d’efforts. Mais grâce à l’excellent metteur en scène Arthur Vernon, la mayonnaise s’est montée et le texte a pris une saveur supplémentaire.
BBB – La suite logique pourrait-elle être un roman ? FC – Tout à fait ! Suis-je si prévisible que ça ? Un roman est prévu pour une sortie le 6 janvier 2022 à la Musardine. Son titre ? Matriarchie. Des femmes qui prennent le pouvoir, bien sûr. Avec des scènes érotiques dedans.
BBB – Le 28 novembre a lieu une nouvelle édition du Salon de la Littérature érotique, que Bla Bla Blog a soutenu dès la première année. Où aura-t-il lieu et qu’est-ce qui est prévu pour ce salon ? FC – Il se déroule cette année à la Bellevilloise, comme chaque année, une vingtaine d’auteurs seront présents, ainsi qu’une bonne dizaine de conférences et d’animations. Au sein du salon de la littérature érotique, les participants ne sont pas juste des simples spectateurs mais sont également invités à s’investir, à jouer, à oser à travers des défis d’écriture érotique…
"La drague, c’est comme le sexe. Si ça fait mal, c’est qu’il y a un problème"
BBB – Où en est aujourd’hui, d’après toi la littérature érotique ? J’ai d’ailleurs l’impression que ce sont les femmes qui se démarquent le plus. FC – Il y a en effet un gros regain d’intérêt de la part des plumes féminines ces dernières années ! Avec 50 Nuances de Grey, je pense qu’elles se trouvent plus légitimes à poser des mots sur leurs désirs, à décrire des situations qu’elles aimeraient vivre, vraiment. Je trouve que c’est un formidable pas féministe.
BBB – Quelles auteures te semblent d’ailleurs les plus intéressantes ? FC – Maïa Mazaurette, bien sûr ! Ses livres sont des pépites de justesse, son écriture est souvent très enjouée, joyeuse, documentée. Dora Moutot également, même si son livre n’est pas érotique – il parle de l’érotisme et invite les femmes comme les hommes à une nouvelle réflexion au lit. Valérie Hervo également qui a signé Les Dessous des Chandelles, une plongée très intime dans le commencement des Chandelles, le club libertin le plus connu de France.
BBB – Quels sujets ou thèmes aimerais-tu voir aborder dans la littérature érotique ? FC – Pour ma part, j’essaie de concilier féminisme et érotisme. Je pense que c’est le grand enjeu de ces prochaines années : trouver de nouvelles narrations sur nos sexualités, sans rapport de pouvoir, sans mépris, sans violence.
BBB – Je ne peux pas ne pas te demander de nous parler de ces ateliers polissons. Peux-tu nous parler de ces lieux de rencontres pas tout à fait comme les autres ? FC – Cela fait maintenant sept années que j’organise ces événements qui m’animent toujours avec autant de joie ! J’incarne en quelque sorte "la maîtresse d’école", je donne des interros, des bons points, des exercices… les participants jouent de bon cœur à mes défis. Et repartent avec des cadeaux. Nous découvrons l’univers d’un auteur à chaque session. C’est vraiment un bon moment !
BBB – Lors d’une rencontre il y a plus de trois ans, et quelques mois après le déclenchement de l’affaire Weinstein et du début de #MeToo, tu avais dit être consciente que certains hommes risquent, suite au coup de tonnerre de l'affaire Weinstein et du phénomène de société #MeToo, de réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une drague trop insistante. Avec le recul, dirais-tu la même chose aujourd’hui ? FC – Oui, tout à fait. Je pense que la drague hétéro a été remise en question en 2018 brutalement, et qu’elle l’est toujours aujourd’hui. J’ai écrit Osez draguer un mec… pour offrir une alternative à cette drague masculine gênante, parfois intrusive, parfois ringarde quand l’homme se sent obligé de rouler des mécaniques alors qu’il manque de confiance en lui, parfois compétitive entre hommes… Comme si la drague masculine était quelque chose qui pouvait se résumer à "importuner", "conquérir", "insister". La drague, c’est comme le sexe. Si ça fait mal, c’est qu’il y a un problème. Au final, quand les femmes font le premier pas, on observe une séduction de bien meilleure qualité (pour celles qui osent et qui en ont envie).
BBB – On sent chez toi l’envie de dédramatiser le sexe, si c’est encore possible, et d’en parler sous l’angle des étudiants et étudiantes, des parents ou de la business girl. Avons-nous encore tant à apprendre en 2021 sur le sexe ? FC – Je pense qu’il y a eu une véritable révolution de la parole et de l’éducation autour du sexe, et que cela a fait beaucoup de bien à tout le monde, aux étudiants, aux jeunes parents, aux femmes actives… Je pense qu’il y a des choses qui s’apprennent – mais aujourd’hui beaucoup de médias, de livres et de comptes sur les réseaux sociaux s’expriment à ce sujet ! Et c’est super !
BBB – Après le salon de la littérature érotique, quels sont tes autres projets ? FC – 6 janvier 2022. Matriarchie. Mon premier roman ! Affaire à suivre…
Les séries, on le sait, sont l’une des grandes révolutions culturelles de ces vingt dernières années. C’est donc fort logiquement que l'elles peuvent être d’un intérêt considérable lorsqu’il s’agit d’étudier leur impact dans la société.
Marie Potvain, doctorante chercheuse en Santé Publique, travaille actuellement sur les séries (Netflix, Amazon ou Disney+) et leur usage potentiel pour la promotion de la santé sexuelle des jeunes. Cette étude a pour but de promouvoir une éducation aux sexualités plus inclusive, plus ancrée dans les centres d'intérêts des jeunes. L’un des objectifs est de développer de nouveaux outils de promotion de la santé.
Pour ce faire, la chercheuse de l’Inserm est à la recherche de jeunes volontaires ayant entre 11 et 24 ans pour participer à des entretiens. Pendant 1 heure 30 à 2 heures environ, les personnes intéressées peuvent parler de ce qu’ils aiment, de ce qu’ils regardent sur les écrans et de leurs expériences avec les séries et comment les séries parlent d'amour, de sexualité et de genre. Tel est l'objet de ces entretiens qui prennent la forme d'une discussion informelle. Aucun prérequis n'est nécessaire à part regarder des séries.
Les personnes intéressées (âgées de 11 à 24 ans) peuvent contacter Marie Potvain. La participation se fait sur la base du volontariat. Chacun peut se retirer de l'étude à tout moment.
Cette information est sortie de manière relativement confidentielle il y a une dizaine de jours.
Nous apprenions que la mezzo-soprano autrichienne Adrineh Simonian a choisi une reconversion inattendue, passant de l’univers feutré et bienséant de l’opéra pour celui, plus sulfureux du porno... féministe.
Après ans de carrière dans l’art lyrique, de Vienne à Nice en passant par Munich, la chanteuse lyrique a sauté le pas et s’est engagée dans une voie inattendue. C'est via son site Arthouse Vienna qu'elle propose un catalogue de films X.
L’objectif de la nouvelle venue dans ce milieu suscitant bien des fantasmes (dans tous les sens du terme) est d’apporter un message féministe : le respect, le consentement mais aussi l’esthétisme, l'approche "non-conventionnelle et hautement symbolique" et l'art. Une évidence pour cet artiste qui vient tout droit de l’opéra.
Le site Arthouse Vienna est évidemment pour adultes et public averti.
C’est à un lieu atypique que s’intéresse cette chronique : le Sweet Paradise, joliment nommé "bar à fantasmes". Cet endroit est présenté comme "un espace bienveillant où chacun peut librement exprimer ses désirs, loin de tout jugement" et où l'érotisme et la sensualité règnent en maître. Sweet Paradise a une ligne claire : les fantasmes et leur réalisation. Deux salles existent, dont une est dédiée aux spectacles.
Le projet artistique "Sweet Experience" propose à partir du 15 septembre la première pièce de théâtre de Flore Cherry, Le plus beau jour (de votre vie), mis en scène par Arthur Vernon. Journaliste, responsable éditoriale à Union et chroniqueuse radio à Sud Radio, Flore Cherry est également auteure. Nous en avions déjà parlé sur Bla Bla Blog. Elle se lance aujourd’hui dans le théâtre avec cette comédie amoureuse et loufoque qui réutilise à sa manière les ficelles du vaudeville, avec une bonne dose d’impertinence et de sensualité.
Faire en sorte que son mariage soit bien le plus beau jour de sa vie
Quelques mots sur l'histoire. Rose-Marie se marie mais n'a jamais connu l'orgasme. Après avoir révélé ce problème gênant à sa sœur et sa mère, toute la famille décide d’ aider Rose-Marie et faire en sorte que son mariage soit bien le plus beau jour de sa vie.
Le public est mis à contribution pour guider la jeune femme dans cette quête personnelle et sensuelle. L’interactivité est au cœur de la comédie de Flore Cherry : avant de rentrer sur scène, chaque spectateur et spectatrice peut choisir le niveau d’interactivité à l’aide d’un bracelet : bracelet bleu, vous restez un simple spectateur observateur ; bracelet jaune, vous assistez activement Rose-Marie dans sa quête ; bracelet rouge, vous n'avez aucune limite et vous êtes prêt à tout pour aider Rose-Marie. Voilà qui promet d'épicer chacune des représentations !
Flore Cherry et le Sweet Paradise, dont elle est la cofondatrice, promet un spectacle alliant le théâtre, la sensualité, l’intimité et l’humour. On n'en doute pas une seule seconde.
Le plus beau jour (de votre vie) est sur scène au Sweet Paradise (Paris, 2e) à partir du 15 décembre, chaque mercredi et samedi à 20h30. Pour personnes majeures et public averti.
Jusqu’au 23 août 2021, Arte propose en replay le documentaire Clélia Cohen consacré à un film mythique, Emmanuelle. Véritable "coup de tonnerre" dans la France post-gaulliste, le long-métrage réalisé par un illustre inconnu, Just Jaeckin, photographe de son état, provoque le scandale autant qu’une véritable révolution sexuelle dans un pays corseté, rigide et moraliste.
Le documentaire de Clélia Cohen, Emmanuelle, la plus longue caresse du cinéma français, raconte la genèse de ce long-métrage qui n’aurait jamais dû exister, son tournage chaotique par une jeune équipe et le formidable succès pour un film qui aura eu la chance de sortir au bon moment, avec le succès exceptionnel que l’on connaît : 9 millions de spectateurs en salles et plus de 500 millions dans le monde en comptabilisant les diffusions à la télévision.
Un homme porte le film : le producteur Yves Rousset Rouard, jeune publicitaire ambitieux, non sans un côté "Rastignac" : lorsqu’il se lance dans le cinéma au début des années 70, c’est pour faire beaucoup d’argent avec peu de financements. Le succès du Dernier Tango à Paris le convainc de s’intéresser à l’érotisme et de tourner lui aussi un film sulfureux. Guy Sorman propose à son ami l’adaptation du roman Emmanuelle d’Emmanuelle Arsan, sorti en 1959. Voilà qui tombe bien : lorsque le jeune producteur commence ses démarches pour les droits du livres, ces droits optionnés sont libres depuis 15 jours et n’ont pas été renouvelés. L’affaire est conclue pour quelques centaines d’euros. Le coup du siècle.
Le plus dur reste à venir : financer et tourner le film. Le choix de Just Jaeckin pour la réalisation peut surprendre : l’homme est un photographe et pas cinéaste. Le projet d’Emmanuelle aurait-il fait peur ? Yves Rousset Rouard assume en tout cas sa décision : Just Jaeckin aura l’œil pour prendre en main l’esthétisme du film et "faire de belles images", à défaut d'être un conducteur d'acteur honorable. Son but est de faire de l’érotisme chic : une sorte de Lui sur grand écran. Le documentaire d’Arte s’arrête sur le recrutement d’Alain Cuny parmi les rôles principaux. Bertolucci avait fait appel à Marlon Brando pour Le Dernier Tango à Paris ? Le producteur décide qu'Emmanuelle devra avoir elle aussi sa "star" : ce sera Alain Cuny, un nom prédestiné pour un film érotique, souligne, amusée, une spécialiste.
L’acteur, plus habitué à Claudel qu'à des productions érotiques soft, accepte – sans l’assumer vraiment – le contrat. Il est pour autant cocasse de penser que ce n’est pas pour cet acteur important du cinéma et du théâtre que l’on retient Emmanuelle mais pour la quasi inconnue Sylvia Kristel, une mannequin néerlandaise d’une vingtaine d’années. Le documentaire s’arrête longuement sur l’actrice, littéralement phagocytée par ce qui sera le rôle de sa vie : elle frappe par modernité, ses cheveux courts, sa féminité, sa sensualité et son look androgyne atypique et ultra-moderne qui n’est pas dans les critères de l’époque. C'est la vraie grande découverte des créateurs du film culte et ce qui va asseoir la popularité d'une œuvre scandaleuse portée par une inconnue.
La "star" Alain Cuny, un nom prédestiné pour un film érotique
Le documentaire décrit les affres du tournage incognito en Thaïlande avec une jeune équipe restreinte pendant 6 semaines et qui prend ce voyage pour des vacances. Just Jaeckin, inexpérimenté et souvent désabusé, doit tenir des engagements impossibles avec un budget serré et des acteurs aussi novices que lui : que l’on pense à une scène à cheval avant laquelle Sylvia Kristel avoue qu’elle n’a jamais monté de sa vie. Le film évoque aussi l’aventure de la scène la plus sulfureuse du film – celle de la cigarette.
En juin 1974, contre toute attente, le film connaît un succès prodigieux : on vient voir le film en couple ou entre amis et les tours operateurs prévoient même une sortie au cinéma pour permettre aux touristes étrangers de voir Emmanuelle sur grand écran. Le triomphe assure la fortune du producteur qui, grâce à son flair, a déjà prévu de tourner une suite.
Emmanuelle serait-il un film comme un autre ? Les interviewés répondent que non : il s’inscrit dans la révolution sexuelle des années 70 et propose une nouvelle lecture des rapports amoureux : féminisme, lesbianisme, expressions du désir féminin ou relations de couples. Mais un autre aspect est abordé dans le documentaire : celui de l’esthétisme qui a été dès le départ un facteur majeur du projet. Le look de Sylvia Kristel est abordé mais aussi d’autres éléments visuels qui ont influencé des graphistes comme Delphine Cauly. Elle parle de "choc graphique". N’oublions pas non plus le fameux fauteuil en rotin, paradoxalement très discret dans le film mais devenu un élément iconique.
Il reste la plus triste histoire de ce film : Sylvia Kristel, elle-même. Elle ne se remettra jamais complètement de ce rôle d'Emmanuelle qui l’a habitée jusqu’au bout, en dépit de ses rôles suivants. Elle est certes devenue un modèle et un sex-symbol mais son destin a un goût amer, comme s’il fallait qu’elle aide à "libérer les femmes en s’enfermant pour toujours".
Le documentaire proposé par Arte, Emmanuelle, la plus longue caresse du cinéma français, est disponible en replay jusqu’au 23 août 2021. Quant au magazine Première Classics, il propose dans son numéro de juillet 2021 une passionnante enquête sur le film : "Emmanuelle : les secrets inavouables d'un film cul(te)".
Emmanuelle, la plus longue caresse du cinéma français, documentaire français de Clélia Cohen, 2020, 53 mn, Arte, jusqu’au 23 août 2021 Emmanuelle, comédie érotique française de Just Jaeckin, avec Sylvia Kristel, Alain Cuny, Marika Green et Christine Boisson, 105 mn, 1974 https://www.arte.tv/fr/videos/094507-000-A/emmanuelle-la-plus-longue-caresse-du-cinema-francais "Emmanuelle : les secrets inavouables d'un film cul(te)", Première Classics, juillet 2021