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  • 3 est un chiffre impair

    Séduction garantie dès les premières notes de Wanderer pour le poétique album Valse en U du trio Espace impair.

    Espace impair, "impair" comme le chiffre 3, c’est Gérald Lacharrière à la flûte, Matthieu Buchaniek au  violoncelle et Frédéric Volanti au piano et au mélodica. Impair également comme les rythmiques impaires données aux 9 morceaux de l’opus. Les 3 artistes ont fait le choix de l’instrumental et d’une musique croisant le jazz, le contemporain, la  pop et la musique du monde.

    Wanderer, qui ouvre l’opus, est en soi un univers mixant avec bonheur rythmes jazz et pop, sons de musique de chambre et dépaysement comme seuls les musiques du monde peuvent se le permettre.

    Espace impair rend très pop-rock ce formidable opus. Dépaysement garanti avec le méditerranéen Pizza di Spagna mêlant astucieusement jazz et musique contemporaine.

    C’est la nostalgie qui domine Malinconico, tout aussi jazz. Plus court mais tout aussi passionnant, il déploie de jolies lignes mélodiques, servies par le trio de musiciens dialoguant en parfaite harmonie. 

    Dépaysement garanti

    Valse en U, qui donne son titre à l’album, s’approche plus de la création contemporaine que du traditionnel ou du jazz. Voilà une valse digne de figurer dans tous les concerts de musique de chambre. Les trois musiciens font preuve ici d’audace dans le travail sur les sonorités et les rythmes et où l’improvisation n’est pas absente. Toundra se déploie sur la même facture, avec un enthousiasme certain et le sens du swing.

    L’auditeur sera touché par les vagues harmoniques de Mer morte, morceau jazz à la fois méditatif et mélancolique. Dans le court Ségolène Swing, c’est le minimalisme qui prévaut, dans un morceau qui n’est pas sans adresser un clin d’œil appuyé au courant répétitif américain. Flûte, violoncelle et piano viennent dialoguer avec bonheur.  

    Pour Uzivaj, nos trois compères font le choix d’un alliage contemporaine-traditionnel, avec des rythmes tout droit venus des Balkans mais là aussi dopées au jazz, avec le piano incroyable de Frédéric Volanti.

    Silencio vient clore l’album de la plus belle manière. Le morceau se déploie avec nostalgie et mélancolie, pour ne pas dire tristesse (félicitations particulières pour la flûte de Gérald Lacharrière). Aussi pop que jazz, Silencio est une lente déambulation dans lequel s’exprime tout l’esprit d’indépendance du groupe Espace Impair. À découvrir absolument. 

    Espace impair, Valse en U, Booster Music, 2024
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100066700990993
    https://www.instagram.com/espaceimpair

    Voir aussi : "Pas de réserve pour Paris Orly"

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  • Pas de réserve pour Paris Orly

    Il y a comme un parfum années 80 dans le dernier EP de Paris Orly, La réserve. Dès le premier morceau Il va falloir déménager, on est dans le grand bain avec cette chanson électro-pop à la fois survitaminée et aux accents désabusés sur nos existences.

    Derrière Paris Orly, se cache un homme, Stéphane Loisel. Aux manettes de A à Z dans cet album autoproduit, l’artiste propose un univers à la fois vintage et ultramoderne, dans une pop acidulée dominée par des sons synthétiques et une voix humaine qui tente de se faire sa place (Lotus Elan).

    Il y a autant de de la poésie dans cet opus singulier ultrasophistiquée (Le jardinier systématique) que de l’engagement.

    Engagement

    Bien dans son époque, Paris Orly se fait le critique de la société de consommation, à l’instar du titre parlé-chanté Je suis unique chez Prisunic. Grande distribution, consommateurs choyés, magasins achalandés jusqu’au dégoût, services clients, "identités visuelles" ou "niveau de contestation". L’artiste vilipende la culture autant que la novlangue de notre société mercantilisée, avec une voix robotisée. Implacable.  

    Tout aussi sombre, Paris Orly s’attaque aux dangers environnementaux avec le sombre et lourd Paris sous 50 degrés. Le désenchantement est là, dans cette french pop bricolée avec amour (Joueur de fond de court), même si ça et là percent des sons presque réconfortants (l’harmonica bienvenu des Éléments).

    Le titre éponyme vient conclure La Réserve. Accents eighties là encore pour un morceau pourfendant les ordres et la discipline.

    Pas de réserve pour cet album qui vient confirmer tout le bien que l’on pense de Paris Orly. 

    Paris Orly, La Réserve, 2024
    https://www.facebook.com/music.parisorly
    https://www.instagram.com/parisorly_music
    https://parisorly.bandcamp.com/album/dans-les-espaces-interm-diaires

    Voir aussi : "Dans la ronde du blues-rock"
    "BT93 ou le miracle d’une résurrection"

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  • Dans la ronde du blues-rock

    Place au rock, plus précisément au blues rock, avec le groupe Circle of Mud, de retour avec leur deuxième album Inside the circle.

    Dès le premier morceau, nommé le plus simplement du monde The Circle, les guitares font le show dans une ronde à la fois inquiétante et séduisante. Voilà qui nous met tout de suite dans l’ambiance d’un style intemporel, les pieds bien ancrés dans le sol poussiéreux du sud américain.

    Ce qui nous mène au deuxième morceau, Six Feet Under Ground, à la forte odeur de diesel et aux sons poussés bien hauts, comme si le groupe de Flo Bauer nous entraînait avec lui dans son vieux pick-up sur les routes entre la Louisiane et le Mississippi.

    Qu’on ne s’y trompe cependant pas. Le groupe Circle of Mud, tout entier tourné vers les racines du blues-rock américain, est bien français. Son jeune et charismatique leader, Flo Bauer, peut se targuer d’une participation à The Voice 3 et d’un Prix révélation Blues sur Seine. On peut saluer à la fois l’audace de ce nouvel opus confirmant tout le bien que l’on pense de Circle of Mud.

    Labourer les terres du blues

    Inside The Circle mord s’agrippe furieusement aux oreilles, à l’instar de Snake, l’un des meilleurs morceau de l’opus.
    L’auditeur sera pareillement séduit par le son pop-rock de Since You’re Gone, preuve que les quatre musiciens de Circle of Mud – Flo Bauer, Gino Monachello, Franck Bedez et Matthieu Zirn – ne se contentent pas de labourer les terres du blues, même s’il n’est jamais mis de côté par la bande à Flo Bauer (Perfect Kinf Of Guy).

    À l’écoute de cet album, impossible de ne pas avoir en tête l’influence de leurs brillants aînés ZZ Top. Les guitares accrochent, ronflent et "riffent" avec enthousiasme (Wrong, Deep Inside Of Me), portées par la voix de l’ex candidat de The Voice. Le blues se trouve au passage modernisé par des sons pop (Stop Praying, You’re Planning Me), permettant à un large public de se retrouver et de découvrir les attraits et la puissance du blues. Fédérateur : tel est l’objectif des quatre artistes, bien décidés à sortir le blues de sa zone de confort. Séduisant, comme le titre qui conclut l’album, Where We Belong.    

    Circle Of Mud, Inside The Circle, Dixiefrog, 2024
    https://www.circleofmud.fr
    https://www.facebook.com/CircleOfMud
    https://www.instagram.com/circleofmudmusic

    Voir aussi : "La Norvège, l’autre pays du blues"
    "Vivre malgré tout"

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  • Vers l’apaisement

    Digne d’une véritable BO pour film à grand spectacle, Mt. Mundame, le dernier opus du compositeur néerlandais Stephen Emmer s’écoute les yeux fermés. On prend sa respiration et on se laisse entraîner par ce voyage épique autant qu’intérieur (que l’on pense au second mouvement In search for meaning).

    L’opus a été écrit pour grand orchestre, défiant l’habitude de faire du contemporain minimaliste er vite ténébreux. Ici, tout est plus vaste (Belvedere’s exotic garden), comme si l’on se trouvait face à un panorama à couper le souffle, voire à un voyage intergalactique dans une bulle apaisante, bercée par un majestueux piano (Don’t force the path). Tout cela donne des morceaux d’une belle puissance expressive (Everyman’s journey). Il faut préciser que Stephe Emmer s’est entouré de beau monde pour sa création, que ce soit Anthony Weeden (Le Seigneur des anneaux : Les anneaux de pouvoir) ou Andrew Dudman (la trilogie du Seigneur des anneaux).

    Véritable BO pour film à grand spectacle

    Voyage musical et intime, écrivions-nous. En effet, Stephen Emmer a beau faire le choix de l’harmonie et de constructions mélodiques, il sait aussi se faire méditatif (The here and the now).

    Avec de tels moyens symphoniques (30 musiciens pour un album enregistré dans les prestigieux studios Abbey Road) Sphen Emmer aurait pu choisir la démesure. Il n’en est rien. La priorité est laissée à des morceaux brefs et denses (Expedition of the self), voire néoromantiques (Scotch Rose). L’auditeur trouvera dans cet opus ambitieux matière à se réconcilier avec une musique contemporaine aux fortes qualités sonores… et visuelles, que ce soit l’exotique et vibrant Personal Shangri-la, l’étrange Monsieur Chroche, l’inquiétant Imaginary Climbing ou le sombre Mirror of distraction.

    Mt. Mundame est présenté par son compositeur comme le fruit du dépassement d’une crise personnelle. La gravité est là, tout le long de l’opus, que ce soit dans les cordes et les percussions de Seven Storys, la ronde envoûtante de Travels of a young man ou le formidable dernier morceau, Reaching the peak, mélange de retenue et de majesté qui vient conclure en beauté ce formidable opus. 

    Stephen Emmer, Mt. Mundame, Electric Fairytale Recordings, 2024
    https://stephenemmer.com/audio/mt-mundane

    Voir aussi : "Caroline Leisegang ressort de l’ombre"

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  • Vivre malgré tout

    Un premier opus est souvent un autoportrait. Celui d’Axel Zimmermann, Exister, ne déroge pas à la règle. Dès les premières mesures, dans un morceau qui donne son titre à l’album, l’artiste s’y dévoile avec sincérité et dans un son pop-rock : "J’voudrais sentir ce que ça fait d’avoir le frisson de l’excès / D’avoir une vie, une vraie", Exister). L’impression d’étouffer dans une existence morne et grise trouve sa réponse dans l’extrait suivant, Justine, dans lequel Axel Zimmermann, sur un rythme envolé, se félicite d’être sous l’emprise d’une drogue planante et bien vivante : "Je suis comme sous morphine, / Je suis sûr, je suis sous Justine").

    Comment vivre vraiment sa vie ? C’est la question centrale de cet album. Axel Zimmermann interroge son propre art tout autant que la vanité de nos existences et le temps qui passe (Rien n’a changé). Le titre plus léger, l’estival et dansant Summer Santana, cache mal un album sobre et sombre, imaginé par l’ancien guitariste métalleux du groupe BlackRain. Le titre Buy n’Obey, l’un des meilleurs sans doute de l’opus, fait d’ailleurs la part belle aux riffs de gratte dans un morceau où le chanteur ne cache, là encore, ni son mal-être ni son amertume face aux faux-semblants, y compris dans les relations humaines et amoureuses ("Il faut se faire adopter pour avoir ton numéro / La seule chose qu’on te donne, c’est du mauvais porno").

    Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles

    L’auditeur sera sans doute attendri pas cette singulière page de tendresse qu’est La reine du Queen. Il y fait le portrait d’une artiste de la nuit, avec sincérité, sensibilité et sans cacher la noirceur de ces existences festives et nocturnes : "Elle n’est plus si fraîche, quant au petit matin / Elle retrouve un lit vide, personne pour lui tenir la main / Elle veut se persuader qu’elle s’est bien amusée / Elle finira quand même par pleurer dans son oreiller".

    "N’abandonne jamais tes rêves d’enfant", chante-t-il encore dans le très joli titre Mon père m’a dit qui est aussi un remerciement et un hommage à son paternel ("Je peux lui dire merci").

    Artiste sans fard et brut, Axel Zimmerman sait se dévoiler avec grâce, à l’instar du formidable Une fleur en hiver, une déclaration touchante à une femme partie mais que le chanteur ne veut pas oublier : "Mais moi, j’y croyais, à tes yeux clairs / Mais toi, tu te fanais, comme une fleur en hiver". Il y a aussi cet autre portrait tout autant attachant, celui de son enfant (Petit rubis).

    Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles, comme si la vanité du début de l’opus laissait place à l’essentiel : les proches, la famille et les êtres que l’on aime. Rien ne s’éternise, le dernier titre est d’ailleurs un autre portrait, celui d’un homme simple et ordinaire, le propre grand-père de l’artiste. Un dernier hommage en forme d’apaisement.  

    Axel Zimmerman, Exister, Single Bel, 2024
    https://www.facebook.com/AxelZimmermanMusic
    https://www.instagram.com/axelzimmermanmusic
    https://www.single-bel.com/axel-zimmerman
    https://push.fm/fl/u0kxzbme

    Voir aussi : "Vraies rencontres vraies"
    "Calmos !"

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  • Vraies rencontres vraies

    Partons à la découverte d’Yves-Marie Bellot. Après Grand Plongeoir, il nous revient avec son nouvel album, Corps silex. On entre dans son univers en douceur. Sa chanson française se déploie avec une belle élégance et grâce à une facture acoustique de bon aloi.

    Yves-Marie Bellot, troubadour de notre temps, entend nous ouvrir les yeux sur notre époque et notre mal-être. Il y a un "problème" comme il le chante dans le premier titre de l’opus : "Ce n’est pas ta lenteur le problème mais tes incohérences". Il met en garde contre les pièges de notre société et à ses illusions ("Encore une dose, encore une dose, encore une dose…" (Le problème).

    Dans Joli songe, l’artiste s’interroge sur une rencontre et un amour inexplicable : "Serais-tu mon amour ou pas ? Je ne connais ni ton nom ni le son de ta voix". Là encore, c’est l’ultra-moderne solitude qui est coupable : l’incommunicabilité et l’écran tactile qui est pour beaucoup devenu l’unique moyen de rencontre ("Tes doigts glissent, soli songe, sur ton écran tactile, absorbée parce fil qui défile quand moi je t’envoie des signes", Joli songe).  

    Loin des artifices modernes, Yves-Marie Bellot entend revenir vers le cœur de l’humain : la rencontre, la tendresse, les souvenirs, la nostalgie et finalement l’amour (Nos plus beaux souvenirs).

    Le silex, cette matière peu noble mais néanmoins essentielle dans l’histoire de l’humanité, devient un symbole fort : les corps vivants, l’authenticité et finalement l’amour ("Laisser place au feu de nos deux corps silex").

    Filles "cabossées"

    Yves-Marie Bellot croit en l’aventure de l’amour, même pour ces filles "cabossées" et "légèrement abîmées" (le souriant titre Julie). Le risque sentimental, il faut le prendre et ne pas le regretter, comme il le chante dans la belle déclaration Collée contre moi : "C’est toi que je veux maintenant collée contre moi".

    C’est sur du rock blues que le chanteur doute d’un amour et parle d’une relation biaisée, pleine de non-dits douloureux. L’amant n’en est pas dupe : "Tout se sait, tout se sait, tout se sait, un jour ou l’autre. Je le sais, je le sais, je le sais, qu’il y en a un autre" (Tout se sait). Ses yeux sont ouverts sur une relation bientôt amenée à se dissoudre.

    Yves-Marie Bellot se fait sage et philosophe dans cet autre morceau, Sans peine pas de victoire. Oui, réussir est difficile malgré beaucoup d’efforts. À quoi bon ? Pour autant, pas de quoi désespérer, dit-il à son interlocuteur, "petit homme plein de courage" : "Attends encore. Laisse le temps changer le plombe en or".

    Du temps, il en fait aussi pour une histoire d’amour, la faire durer, y croire, continuer à se plaire. C’est le sujet du très joli titre Des nœuds. Il le répète en guise de conclusion : "Faire de notre mieux ce n’est pas assez si pour nous deux c’est pas s’parler et faire des nœuds qu’on ne dénouera jamais".

    Et si cela ne marche pas ? Dans Les étincelles éternelles, lucide, Yves-Marie Bellot fait le constat de la cruauté de "la fin d’un amour". L’artiste n’est pas dupe qu’il ne sert à rien d’écrire des poèmes, de beaux discours et mettre "les formes". Quand c’est mort, c’est mort.  

    Une fois parti, est-il possible de positiver ? Non, chante Yves-Marie Bellot, on a beau dire que "ça va aller", en réalité "je vois ce que je perds et seulement ce que je perds". Cruel et inconsolable.

    Comment passer l’orage après tout ça ? Dans le duo Après l’orage, Yves-Marie Bellot parle aussi bien des tourments de l’existence, des erreurs, de la solitude dans ces moments de défaite, mais aussi aux futures victoires et à la vie sans "nuages" après l’orage. Une jolie éclaircie pour terminer l’opus, en somme.     

    Yves-Marie Bellot, Corps silex, 2024
    https://yvesmariebellot.fr
    https://www.facebook.com/YvesmariebelloT.officiel
    https://www.instagram.com/yvesmariebellot

    Voir aussi : "Sucré, salé, amer"

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  • Haydnissimo !

    Figure capitale du XVIIIe siècle, Joseph Haydn (1732-1809) aurait pu être écrasé par ses géniaux contemporains que furent Mozart (qu’il rencontra et avec qui il se lia tant amicalement qu’artistiquement) que Beethoven qui fut son élève. Et ne parlons ni de Jean-Sébastien Bach ni de Haendel. Alors oui, Haydn n’est certes pas le premier compositeur que l’on cite lorsque l’on parle de classicisme musical mais il en fut certainement une figure essentielle. Ce qui explique pourquoi ses œuvres sont encore jouées et admirées.

    Parmi ces œuvres, il faut absolument citer ses Symphonies (on le surnomme d’ailleurs "le père de la symphonie"). Haydn a tant labouré ce genre qu’il en a sorti pas moins de 106 symphonies. Dans le dernier album de la Tafelmusik, c’est la 43e Mercure et la 49e La Passione qui sont proposées, avec la violoniste Rachel Podger – "La gloire britannique inégalée du violon baroque" selon le prestigieux Times – au premier violon et à la direction de l’orchestre canadien Tafelmusik.  

    L’ensemble ontorien joue sur des instruments anciens ces deux symphonies écrites entre 1768 et 1771. À l’époque, le prestigieux compositeur viennois suit la cour impérial en Hongrie au Palais d’Esterházy dans la ville de Fertöd. Le livret précise que cet éloignement de la luxuriante et exaltante capitale austro-hongroise pour un lieu plus calme permit à Haydn de se concentrer sur ses créations sans distraction excessive. Le livret de l’album nous apprend qu’entre 1770 et 1774, dans ce lieu de villégiature hongrois, le compositeur autrichien écrivit pas moins de 17 symphonies, 12 quatuors à cordes, une demi-douzaine de sonates pour piano, 2 messes, un Salve regina et 4 opéras… Un  vrai stakhanoviste !

    Lignes mélodiques architectoniques

    La Symphonie 43 Mercure frappe d’emblée par sa vivacité et son classicisme que Mozart a certainement dû apprécier. Il y a, pour commencer, un Allegro lumineux et dense que les riches instruments d’époque viennent d’autant plus embellir. Avec Rachel Podger au premier violon, inutile de dire que les cordes ont le beau rôle. L’incroyable Adagio, à la fois quiète et mélancolique, est vraiment caractéristique du XVIIIe siècle classique, tout en retenues et en lignes mélodiques élégantes. Haydn n’exprimait-il pas ici sa mélancolie de Vienne ?

    Arrêtons-nous sur le court Menuetto & Trio, un troisième mouvement lui aussi représentatif du style et des rythmes de l’époque. L’orchestre s’en empare sans complexe, avec une solide assurance. Autrichien dans l’âme, il est possible, dit le livret, que ce mouvement ait pu plonger la reine Marie-Antoinette dans une profonde nostalgie de son pays. La dernière partie de la 43e, avec son Final enlevé et dynamique, a donné à l’œuvre le surnom de Mercure, le dieu messager et celui des voyages. L’Allegro termine ce périple dans un bel enthousiasme, avec un orchestre mené tambour battant par Rachel Podger.

    La seconde œuvre présent dans l’album est la Symphonie 49, dite La Passione. Écrite en 1768, elle s’inspire de la Passion chrétienne, d’où son titre. Elle aurait d’ailleurs été composée à l’occasion d’un Vendredi Saint. Il est vrai que cette symphonie est beaucoup plus grave et solennelle que la 43e, avec son long Adagio qui n’est pas sans majesté. À la plainte de ce premier mouvement succède un Allegro di molto vigoureux, à la fois grave et étincelant. Haydn fait preuve d’une audace certaine. Tout le classicisme du XVIIIe siècle est dans cette densité, ces rythmes envolés et ces lignes mélodiques architectoniques.

    Restons dans ce XVIIIe siècle prérévolutionnaire avec le 3e mouvement sous forme de menuet (Menuetto & Trio). Rachel Podger s’y meut avec une belle aisance. Les instruments anciens ne sont pas pour rien dans cette impression d’être face à un Haydn comme ressuscité, sachant se faire délicat dans les cuivres mais aussi plus nostalgique que pieux. Ne serait-ce pas un Haydn qui, depuis la Hongrie, se languit de son Autriche de cœur ? Le Finale Presto termine en beauté une symphonie passionnée – dans tous les sens du terme.

    Violoniste renommée, Rachel Podger a très bien fait de se mettre en danger pour la direction de ces deux symphonies. Elle prouve que le le XVIIIe siècle ne se limite ni à Bach ni à Mozart. Haydnissimo !  

    Joseph Haydn, Symphonies 43 & 49, Mercure & La Passione,
    Tafelmusik, dirigé par Rachel Podger

    https://tafelmusik.org
    https://www.rachelpodger.com

    Voir aussi : "Caroline Leisegang ressort de l’ombre"
    "Compositrices entre classicisme et romantisme"

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  • Synthèses

    Derrière le nom Passepartout Duo, se cachent la pianiste italienne Nicoletta Favari et le percussionniste américano-italien Christopher Salvito. Ensemble ils explorent les possibilités infinies de la musique pour créer un univers à part mais aussi des expériences sonores à mi-chemin entre l’électronique et les instruments acoustiques acoustiques, sinon traditionnels (piano, flûtes traditionnelles japonaises, quatuor à cordes, contrebasse). Leur quatrième album, Argot, a été conçu en grande partie comme un album studio lors d'une résidence à l'Electronic Music Studio de Stockholm. Argot a été enregistré sur le Serge System des années 1970.

    La musique contemporaine ne se trouve aucune barrière pour avancer et nous interroger sur les sons, les rythmes et la composition. Pour autant, pour Argot, l’auditeur n’est ni déstabilisé ni en terrain tout à fait inconnu. Si dépaysement il y a, il est au service d’un vrai beau voyage méditatif (Get Along). Les instruments analogiques n’y sont pas pour rien. Le duo Passepartout fait se mêler recherches musicales, ponctuations électroniques et rythmiques et impressions presque naturalistes (le fascinant Much Of A Sunflower).

    Nous sommes dans une belle réconciliation de l’ancien et du moderne. Voilà qui fait du bien. L’auditeur s’en convaincra avec le zen Colorful Quartz dans lequel flûtes japonaises et synthétiseur s’approchent, se goûtent, dialoguent et s’amusent. 

    Nous sommes dans une belle réconciliation de l’ancien et du moderne. Voilà qui fait du bien

    Cela ne veut pas dire que le groupe abandonne la recherche pure, à l’instar de la pièce Imitates A Penguin, un titre singulier assumant son humour comme son excentricité, y compris dans la composition échevelée et faussement déconstruite.

    Le duo ne s’interdit rien. Au mélancolique et suspendu Back In Time, avec ses nappes synthétiques comme venues d’un autre univers et son long silence final, vient se succéder le faussement foutraque Uncommon dans lequel les artistes s’inspirent du jazz pour bâtir un morceau à la fois étrange et cool.

    Arrêtons-nous également sur la séduisante et passionnante pièce Kissing In The Park. Nous sommes dans un moment suspendu, plein de sérénité et de douceur. Nicoletta Favari et Christopher Salvito donnent aux instruments électroniques une âme humaine. Pour le titre It’s Just A Thought, c’est le jazz qui est revisitée grâce à l’électronique, de nouveau. L’auditeur se trouve en terrain familier grâce au rythme mais aussi au travail sur la mélodie et l’harmonie.  

    Argot se termine avec Viols And Violas. On redescend en douceur, mais aussi avec un gros coup de nostalgie. Un magnétique quatuor à cordes vient habiter le dernier mouvement, comme si la musique de chambre traditionnelle réapparaissait dans de nouveaux habits. Même pas morte. Fascinant.  

    Passepartout Duo, Argot, 2024
    https://passepartoutduo.com
    https://www.facebook.com/passepartoutpianopercussion
    https://www.instagram.com/passepartoutduo
    https://passepartoutduo.bandcamp.com/album/argot
     
    Voir aussi : "Touchés !"
    "Hanni Liang et les voix (féminines) du piano"

    Argot Album Artwork - © Deanna Pizzitelli / Courtesy of Stephen Bulger Gallery

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