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  • Yves, Ariana et Caroline 

    C’est une création majestueuse qui nous est proposée, via la pianiste Caroline Fauchet. Yves Levêque la dirige, ainsi que l'Orchestre Colonne, pour son Concerto en do mineur, surnommé "Ariana". Cette œuvre, enregistrée en création mondiale en novembre 2022 à la Salle Colonne, a remporté les premiers prix aux concours internationaux "World Classical Music Awards", "World Grand Prix Music Contest", "Royale Music Compétition", "Royal Sound Music Compétition", "Franz Schubert International Music Compétition" et le "World Online Music Competition". N’en jetez plus ! Voilà qui est en tout cas un indice que nous avons à faire à une œuvre contemporaine qui a toutes les chances de rester dans les annales. Ajoutons aussi qu’au départ de ce concerto, il y a une série télévisée pour lequel Yves Levêque avait composé en 2019 un court générique.  

    Ariana s’inscrit dans une veine néo-romantique, marchant avec audace sur les pas de Rachmaninov. Le premier mouvement "Allegro molto moderato" est d’une puissance incroyable, servie par le jeu virtuose de Caroline Fauchet. Le souffle slave est indéniable dans ce qui s’apparente au portrait musical d’une Ariana rêvée. Est-elle russe, slave, orientale ou française ? L’auditeur pourra s’en faire son idée. 

    On s’attendait pour cette création néo-classique à un deuxième mouvement adagio ? On l’a.

    On s’attendait pour cette création néo-classique à un deuxième mouvement adagio ? On l’a, et c’est même un "Adagio Sostenudo". Ce mouvement s’étire avec grâce et une suavité toute mélancolique, servi par une pianiste décidément au diapason. Les cordes vibrent comme jamais, comme aux grandes heures compositeurs russes romantiques. C’est une respiration aux teintes orientales que nous propose Yves Levêque et l’Orchestre Colonne.

    Un "Allegro Scherzando" vient compléter le concerto pour piano. Très "musique française" – on pense à Ravel et Saint-Saëns – Yves Levêque propose une partie comme apaisée, mais non sans couleurs. Le piano de Caroline Fauchet se fait plus subtile encore. L’œuvre devient également ici contemporaine, avec ces rythmes mystérieux, et presque primaires. L’auditeur notera par ailleurs l’équilibre dans la composition de cet allegro tout aussi puissant que le premier mouvement. Les cordes font là aussi merveille, sans que jamais le piano de Caroline Fauchet s’efface ou ne soit au contraire écrasé par l’ensemble Colonne. Il prend même le lead dans la toute dernière partie du mouvement, avec une grâce mêlée de joie de vivre et de lyrisme, concluant avec conviction ce que le compositeur nomme "une fresque musicale tonale".

    C’est une œuvre classique qui vient compléter l’album, comme pour rappeler l’une des influences d’Yves Levêque. Honneur donc à César Franck, avec une œuvre tardive, son Prélude, Choral et Fugue composé en 1884 et que Caroline Fauchet, de nouveau, interprète avec passion.  Le premier Prélude Moderato se déploie sur une délicate ligne mélodique romantique. Le Prélude est suivi d’un Choral à la solennité évidente, pour ne pas dire au mysticisme. Le style classique français est à l’honneur dans ce sens de l’équilibre et de la retenue. La surprise vient sans doute pour l’auditeur de la Fugue. César Franck suit ici les pas de Jean-Sébastien Bach, tout en y ajoutant sa modernité et les derniers échos du mouvement romantique. Vraiment éclatant.   

    Yves Levèque, Ariana Concerto en do mineur, César Franck, Prélude, Choral et Fugue, FWV21,
    Caroline Fauchet (piano), Orchestre Colonne, IndéSens Calliope Records, 2024
    https://yves-leveque.com
    https://www.caroline-fauchet.com 
    https://www.lapetitemaisonalourmarin.com

    Voir aussi : "Franck par Lazar"
    "Winter is coming"

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  • Toi + moi

    Le couple : cette "grande aventure de notre temps". Comment penser la vie à deux ? Comment y faire face ? Le couple est-il un concept daté dans notre société hyperconnectée et parfois perdue en raison de sollicitations et d’injonctions à l’épanouissement de soi sans les autres et sans l’autre.

    Les Clés de l'Intelligence amoureuse de Florentine d'Aulnois Wang est devenu un best-seller depuis sa sortie en 2018. Les éditions Larousse proposent, en ce début d’année, une édition augmentée pour celles et ceux qui seraient sortis à côté de cet essai prenant parfois à contre-pied les idées toutes faites sur le couple, qu’il soit hétéro ou non. 

    Trois parties constitue cet essai qui propose aussi, dans sa dernières section, des "principes" et des "rituels". L’auteure invite le lecteur à se munir d’un crayon pendant la lecture de son ouvrage pour faire quelques exercices afin d’y voir plus clair dans sa situation de couple.

    Le livre de Florentine d'Aulnois Wang est salutaire, dans la mesure où il pointe le profond désarroi que l’on peut ressentir dans un monde libre et hyperconnecté, avec des injonctions venus de toute part, des écrans omniprésents, "un monde qui prône l’épanouissement personnel", des couples qui ne sont plus créés selon des contingences extérieures mais par amour, et en même temps l’absence de transmissions, de règles ou d’écoles. "Bravement, tous et chacun, nous avançons, composons, inventons, improvisons. C’est joyeux, délicieux, libre et créatif… mais cela manque parfois de repères, de fil rouge, de recul". Or, comme en témoigne la thérapeute, lorsque les couples viennent la consulter, beaucoup de temps ont été perdus et parfois il est même trop tard. 

    Psycatrices

    Florentine d'Aulnois Wang se réjouit de voir que notre liberté de vivre à deux, avec qui nous voulons, est une chance. Une chance qui ne doit cependant pas faire oublier qu’il existe des obstacles : "Nous avons été bernés par les légendes populaires ! Le conte ou le film s’arrête lorsque le héros et l’héroïne se retrouvent enfin (…), nous laissant entendre que les épreuves sont terminées une fois le couple créé. Intox magistrale : elles ne font que continuer, mais à deux, et parfois l’un contre l’autre…"

    ne première vérité, centrale, fondamentale et bienvenue, met à mal un préconçu : Il faudrait "« travailler sur soi-même » avant de tomber amoureux". Faux ! s’insurge la spécialiste : "C’est la double peine". Le couple apparaît au contraire comme une belle et formidable aventure, souvent compliquée, dans lequel le mal-être souvent venu de l’enfance (le néologisme "psycatrices" revient plusieurs fois dans le livre) peut trouver grâce au regard de l’autre de l’apaisement, voire un début de guérison.

    En parlant du couple, c’est aussi à l’individu, à ses souffrances et à ses "psycatrices" que l’autrice s’intéresse. Grâce aux apports de la science mais aussi à son expérience, Florentine d'Aulnois Wang identifie les obstacles à une vie sereine : l’incompréhension, le poids de l’enfance, les non-dits, qu’ils soient conscients ou non, la vie quotidienne usante, le doute et le déficit en intention. Et si nous attendions tout de l’autre sans chercher à apporter ?

    La jalousie, le ou la partenaire toxique ou le polyamour forment des parenthèses à une partie fondamentale : celle des saisons du couple, de la période romantique des débuts à celle des crises, inévitable et qui constitue une vraie "aventure"… à deux. "Ils se marièrent et eurent… beaucoup de crises !" Comment y faire face ? Sans doute grâce à ce concept qu’est "l’intelligence amoureuse". "Le pacte de l’Intelligence Amoureuse est de savoir que les  vagues arriveront et de décider de ne se lâcher sous aucun prétexte (ou de se rattraper aussi vite que possible)".

    Un essai salutaire !

    Florentine d'Aulnois Wang, Les clés de l'Intelligence amoureuse, éd. Larousse, 2023
    https://www.lespaceducouple.com
    https://www.facebook.com/florentinedaulnoiswang
    https://www.instagram.com/lespaceducouple

    Voir aussi : "Un seul être vous manque"

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  • Jazz-songs

    Lorsque la chanson française se pare de jazz, ça donne A French Songbook, un album du Antoine Delaunay Quintette, un ensemble mené par Antoine Delaunay, avec la chanteuse Mélanie Dahan en vedette, Gilles Barikosky au sax ténor, Marc-Michel Le Bévillon à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie.

    L’opus commence dans le mystère et la mélancolie avec la reprise des "Passantes" le classique de Brassens, sur un air de jazz épuré, chanté par Mélanie Dahan, une vraie revisite jazz. "Je veux dédier ce poème / À toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets".    

    On sera sans doute un peu plus décontenancée par cette "Jolie Môme", moins espiègle que la version de Léo Ferré. On a là une promenade germanopratine et joyeuse propre à autant éclairer les cœurs que la "Jolie Môme" originelle, avec en plus les improvisations d’Antoine Delaunay.

    L’une des grandes réussites de cet opus est "Cécile ma fille", que l’on trouve d’ailleurs dans deux versions. On connaît l’amour de Claude Nougaro pour le jazz. Il avait complètement sa place pour le quintette d’Antoine Delaunay. Mélanie Dahan navigue dans le morceau avec une aisance et une grâce que l’on peut saluer. 

    Hyper-modernisée et hyper-jazzifiée

    Julien Clerc est présent à travers son célèbre "Fais-moi une place", coécrit avec Françoise Hardy. C’est délicat, velouté et souriant ("Fais-moi une place au fond d'ton cœur / Pour que j't'embrasse lorsque tu pleures / Je deviendrai tout fou, tout clown, gentil / Pour qu'tu souries"), avec l’éclairage du piano d’Antoine Delaunay. Chanson d’amour également avec "Forteresse", écrite par Michel Fugain et Brice Homs et que Maurane a immortalisée ("L'amour est une forteresse / Dont les murs sont faits de promesses / C'est là que dorment les amants / Cachés de tout, cachés du temps"). La chanteuse belge est également présente avec une reprise de son titre "Balancer", un morceau romantique, dansante et sexy : "Balancer, valser, balancer jusqu'à toi / Balancer java de haut en bas / Balancer reggae, balancer bossa / Déboussole-moi, déshabille-moi".    
    L’auditeur s’arrêtera sans doute sur un titre plus étonnant car moins connu. Il s’agit du délicieux "Fontaine de lait" de Camille, déclaration d’amour comme il y en a peu, transformée en un titre jazz de fort belle facture : "Et voilà que je fais / Une fontaine de lui / Et voilà que je suis / Une fontaine de lait". 
    Deux créations d’Antoine Delaunay sont proposée dans l’opus. C’est "A vous qui naissez dans le rose", un morceau de chanson française jazzy, véritable hymne aux incompris, déçus et laissez-pour-compte. C’est aussi "Vingt ans encore", jolie déclaration amour bafouant le temps, toute en simplicité.  
    Le Quintette d’Antoine Delaunay offre une place à un standard de jazz, en l’occurrence, "Caravan" de Irving Mills, Duke Ellington, et Juan Tizol mais aussi le classique "Carmen", dans une version de Stromae, évidemment hyper-modernisée et hyper-jazzifiée.  
    A French Songbook se termine de la plus belle manière, avec le magnifique, ténébreux et bouleversant "La noyée", traitée cette fois avec des teintes claires… et bien sûr jazz. 

    Antoine Delaunay Quintette, A French Songbook, Inouïe, 2024
    https://antoinedelaunay.com
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100007180695186
    https://www.instagram.com/delaunay
    Le 02/03/24 à Chanteloup-les-Vignes, saison culturelle, quintet
    Le 16/03/24 au Sunside, Paris, quintet
    Le 20/04/24 à la Salle Edmond Desouches, Lucé, quintet
    Le 24/05/24 à Saint-Maur-des-Fossés, quintet

    Voir aussi : "Le pouvoir de consolation de Sarah Lancman"

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  • Franquin, ce génie méconnu

    Bob Garcia, auteur l’an dernier d’un passionnant essai sur les derniers secrets d’Hergé, propose en ce début d’année une étude sur un autre grand de la bande dessinée : André Franquin (1924-1997).

    L’ouvrage Franquin, les Secrets d’une Oeuvre (éd. du Rocher) interroge d’emblée sur la portée d’une œuvre sans doute sous-estimée. Bob Garcia rapporte d’abord ces propos élogieux du grand Hergé interrogé par Numa Sadoul : "Quand je vois un Franquin, par exemple, je me dis : « Mais comment peut-on nous comparer ? Lui, c’est un grand artiste, à côté duquel je ne suis qu’un piètre dessinateur »".

    Franquin, c’est Spirou, le Marsupilami, Modeste et Pompon et surtout Gaston Lagaffe, ce héros maladroit, poète, rêveur et humaniste, une sorte de double du dessinateur belge.

    Spirou est le personnage qui a fait connaître Franquin. Bob Garcia rappelle que le garçon est au départ une création de Jijé pour le magazine Spirou – justement. Bob Garcia revient sur les 30 albums que Franquin a patiemment dessiné et en grande partie scénarisé. Contextes de création, influences et clins d’œil permettent d’éclairer la genèse, l’histoire et l’importance des albums aussi différents que Les Voleurs du Marsupilami, Le Dictateur du Champignon, Le Nid des Marsupilamis ou encore Z comme Zorglub. L’étude des albums de Spirou constitue une grosse moitié de l’essai, une importance toutefois inversement proportionnelle à l’influence artistique de Gaston Lagaffe et surtout des Idées noires

    Une importance inversement proportionnelle à l’influence artistique de Gaston Lagaffe et surtout des Idées noires

    Comme le note Bob Garcia en fin de son ouvrage, l’œuvre de Franquin apparaît comme un chaînon manquant entre la bande dessinée pour enfants (Spirou) et la BD adultes (Les Idées noires).

    Après une biographie d’une dizaine de pages, l’auteur plonge avec passion, érudition dans les albums que Franquin a écrits et dessinés jusqu’à épuisement, au point d’abandonner Spirou à la fin des années 60.

    Même si les aventures du jeune groom, de son ami journaliste Fantasio et du Marsupilami apparaissent comme des BD de pures aventures destinées aux enfants et adolescents, Franquin les enrichit de clins d’œil à Tintin, au cinéma, à l’actualité des Trente Glorieuses mais aussi à la société de consommation.

    Le lecteur passera rapidement la courte partie consacrée au jeune couple Modeste et Pompon, une création toutefois importante en ce qu’elle traduit une rupture artistique avec le magazine Spirou, avant qu’il ne retourne dans son giron pour Gaston Lagaffe. Jusqu’en 1991, Franquin fait de ce garçon lunaire, inventeur à la fois génial et raté, collègue insupportable et amoureux transi de la jolie femme à lunettes "M’oiselle Jeanne", un anti-héros plus révolutionnaire qu’il n’y paraît. Rappelons qu’il est vraiment né comme personnage autonome quelques années avant 1968. Gaston se fait même engagé dans plusieurs histoires où sont abordés des sujets aussi graves que la peine de mort, l’écologie, la société de consommation ou l’antimilitarisme.

    Voilà qui nous mène presque naturellement vers l’une des œuvres les moins connues du grand public, ces fameuses Idées noires. Franquin fait une infidélité à Gaston en proposant, en 1977, des planches destinées pour le Trombone illustré, "journal « pirate » de 8 pages insérés dans le magazine Spirou". Puis, il continue l’aventure dans Fluide Glacial. Franquin parle à l’époque de "rigolade". Voire. Ces Idées noires sont une manière de desserrer le "carcan" de Spirou pour proposer des sujets plus sérieux, voire plus provocateurs. Un besoin pour Franquin qui veut ainsi s’exprimer comme artiste engagé. La pollution, la guerre, les religions, la malbouffe, l’enfance martyrisée font partie des sujets traités. Mais aussi, plus frappant, la pandémie. En 1982, soit près de cinquante ans avant le Covid-19, Franquin imagine un virus s’abattant sur le monde et contraignant ses habitants à vivre masqués. Franquin apparaît là non plus comme un dessinateur perfectionniste mais aussi comme un intellectuel doué d’une "lucidité extraordinaire". Bref, un génie que Bob Garcia nous propose de connaître un peu mieux.

    Bob Garcia, Franquin, les Secrets d’une œuvre, éd. du Rocher, 2024, 352 p.
    https://www.editionsdurocher.fr/product/130734/franquin---les-secrets-d-une-uvre/
    https://www.facebook.com/bobgarciaauteur/?locale=fr_FR
    http://www.franquin.com

    Voir aussi : "Aux sources d’Hergé"

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  • Amour cérébral

    Derrière le groupe Falling For Frankie, il y a en premier lieu Delphine Godin, aux commandes de l’album Animal Cérébral, à la fois pop et d’une jolie facture chanson française.

    Delphine Godin se prélasse amoureusement, pour ne pas dire lascivement dans le premier titre, "Nos corps", sensuel à souhait, un "érotique track d’une allumée", comme elle le chante.

    Il y a assurément de la pop eighties dans cette manière de proposer des morceaux cachant derrière leur légèreté apparente une vraie épaisseur. C’est par exemple cette confession d’"Animal cérébral" qui donne son nom à l’opus. Delphine Godin – véritable Dr Jeckill de Ms Hyde –  se livre amoureusement : "Je te sens emmuré / Moi j’ai envie de crier / Tu deviens cérébral / Moi je me sens animal". La jeune femme se dit prête à se faire violence et à oser tout, y compris à calmer ses ardeurs : "Quand finiras-tu par comprendre / Je suis prête à tout même attendre".

    L’amour est ce qui guide et même fait cogiter Falling For Frankie, comme le laisse entendre la pochette de l’album. C’est aussi le cœur de cet autre extrait, "Mots d’amour". Moins sensuelle et joueuse, Delphine Godin fait le constat de la fin d’une belle histoire ("Je me souviens d’avoir pleuré vraiment / Le jour où j’ai compris qu’il était temps De dire adieu à mon âme d’enfant"), avec dureté ("Fuck les mots d’amour / Va-t-en"), mais non sans nostalgie ("Je garde en moi le goût de tes baisers / Le son de ta voix pour m’apaiser / Des mots si doux qu’on voudrait en crever").

    Espiègle et faussement légère ("De travers"), la leadeuse de Falling For Frankie impose sa voix fragile au service d’une chanson pop à l’instrumentation synthétique soignée (la mélancolique "Si belle"), et avec ce sens du texte que l’on ne peut qu’admirer dans "Règles de bonne conduite", ou comment transformer une soirée en en boîte de nuit en charge féministe et contre tous les relous qui vous empêchent de passer une excellente soirée. Et tout cela sur des rythmes électro. Sans doute l’un des meilleurs titres de l’opus. 

    Espiègle et faussement légère

    Laissez-moi vivre libre et aimer : c’est ainsi que l’on pourrait résumer le cœur de cet album. C’est aussi le thème du morceau, "Il voulait me couvrir de sable et d’or blanc", au rythme lancinant et emplit de douleurs. Douleurs et regrets, aurions-nous envie d’ajouter à l’écoute du très beau "Le jour d’après", qui est le récit d’un amour déçu ("Je sais / J’ai dit oui / Je suis toujours là / De bons amis / Regard bien droit / Comment peut-on / Faire semblant / Et tourner le dos / À tant d’instants / Troublants".

    L’album se termine sur un morceau très eighties, "Juste un détail". En digne héritière de Lio, Delphine Godin s’attaque avec ironie sur les mœurs de l’amour et de la drague à l’époque des réseaux sociaux : "L’amour version 2020 / En voilà un truc de bien / À coups de douzemecs.com / Que des femmes qui cherchent des hommes… Je suis pas une meuf comme ça / J’rêve d’un type sur une moto / Tatoué qui me fera rire / Juste avant de me faire jouir".

    On a beau être cérébral, chante en substance Delphine Godin, on n’en pas moins amoureuse. 

    Falling For Frankie, Animal Cérébral, Whatever / Kuroneko, 2023
    http://fallingforfrankie.com
    https://www.facebook.com/fallingforfrankie
    https://www.instagram.com/fallingforfrankie
    https://www.facebook.com/delphine.godin.73

    Voir aussi : "Loulia, libre et amoureuse"
    "D’abord un gros plan sur Muet"

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  • Aimer, dormir, mourir et finalement aimer

    Nous avions déjà parlez d’"Aimez-moi" de Kloé Lang", le premier single de son EP Ce que la nuit, qui sort en ce début d’année. Faussement léger, ce titre – et son clip – avait dévoilé une artiste partageant l’univers doux dingue de Clarika, de Camille, de Philippe Katerine ou encore de Sophie Le Cam.

    De nuit, il en est question dans le mélancolique, pour ne pas dire sombre, justement, dans le morceau "Ce que la nuit". La chanteuse laisse porter sa voix à nu déplorant un amour mort : "Ce que la nuit me donne un arrière-goût d’automne / De feuilles mortes sèches, de passé tête bêche".

    Dans le poignant "Maman", c’est une artiste perdue qui recherche les conseils d’une mère, dans un monde si difficile : "Que faut-il faire, Maman ? / Mentir tout le temps, Maman ? / Que faut-il être apparemment ? / Je ne comprends pas le monde Maman".

    La poésie est présente, dans toute son évidence, dans ce mini-album, à l’exemple du joli titre "Si dormir c’est mourir" : "Je dors ou je m’endors / Dormirai-je toujours / Jour sans fin, nuit sans lune / Lunatique vision".  

    Amour fini, amour possible ou amour qui se fait attendre

    C’est la simplicité qui frappe l’auditeur à l’écoute de "Mille Pages". Kloé Lang est devant sa page blanche et tente de parler de l’être aimé : "Je voulais écrire sur toi / Pour te parler et pour t’aimer / Pour t’avoir chaque soir à mes côtés / Écrire sur toi, te convoquer. / Mais je ne me sens pas inspirée".

    Amour fini, amour possible ou amour qui se fait attendre. L’amour se fait insaisissable autant que cruel. Dans "Si tu voulais", Kloé Lang interprète, avec la même pudeur et la même économie de moyen l’impossible route à deux : "Mais tu n’es pas prêt pourtant moi j’ai tant envie / De ce printemps, de cette folie".

    L’EP se termine par "Aimez-moi", à la fois joyeux, gentiment bricolé, gracieux. On y devine une femme assoiffée d’amour, jusqu’à la folie : "Me laissez pas partir sans jamais revenir / Attachez-moi si vous le pouvez / Que je ne puisse pas m’échapper / Que jamais je ne puisse m’évader".

    Comment, justement, ne pas aimer Kloé Lang ? Nous, on l'adore.

    Kloé Lang, Ce que la nuit, Kloche / Inouïe Distribution, 2023
    http://www.la-centrifugeuse.fr/kloelang
    https://www.kloelang.com
    https://www.facebook.com/kloelang.music
    https://www.instagram.com/kloelang

    Voir aussi : "Dingue d'amour"

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  • Les Soignantes à Olivet

    Il arrive parfois que lors de concours, on ne retienne pas le gagnant mais un candidat perdant qui a su marquer les esprits. Tel est sans doute le cas de figure des Soignantes,  finalistes à la dernière saison de La France a un incroyable talent, concours finalement gagné par la troupe de danse Mega Unity.

    Les Soignantes est un trio vocal formé par Aïcha, chirurgienne cancérologue, Abigaël, urgentiste et Amandine, podologue. Les trois amies médecins et aujourd’hui artistes, peuvent se targuer d’avoir su émouvoir un large public. Les Soignantes ont fait de la musique un outil thérapeutique autant qu’un moyen d’apporter de la joie et du plaisir aux patients, familles et proches des malades mais aussi au personnel soignant travaillant avec elles. Le groupe a été formé par Loïc Manwell suite à une expérience en Ehpad pendant le confinement. Lors des auditions de La France a un incroyable talent, les chanteuses ont eu le privilège de recevoir un golden buzzer avec leur reprise de "Unstoppable".

    Après la saison de la célèbre émission de M6, l’aventure musicale continue pour les Soignantes avec un premier album de reprises, Les Voix du Cœur ("Unstoppable" de Sia, "Vivre pour le meilleur" de Johnny Hallyday ou "Survivor" des Destiny’s Child), sans oublier des inédits.

    Les Soignantes seront présentes à Orléans le 6 janvier dans le cadre de la promotion de leur album Les Voix du Cœur sorti le 15 décembre dernier. Showcase et dédicace à l’espace culturel du Leclerc Olivet.

    Les Soignantes, Les Voix du Cœur, Parlophone, 2023 
    Showcase et dédicace à l’espace culturel du Leclerc Olivet, 6 janvier, 15H
    https://lessoignantes.lnk.to/lesvoixducoeur
    https://www.instagram.com/les_soignantes
    https://www.facebook.com/p/Les-Soignantes-100091658214469

    Voir aussi : "Roxane Elfasci…"

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  • La fille des âges pas farouche

    On a retrouvé la consœur de Rahan, le "fils des âges farouches"… Connie est aussi rousse que le fils de Craô était blond. Les aventures de la jeune guerrière mêlent allègrement voyages, bagarres et parties de jambes en l’air, tant la jeune femme ne crache pas sur la "baguette" (sans "r").

    Un mot sur le tome 1 tout d’abord, qui voit Connie partir à la recherche de contrées anciennes et reculées. Dans Connie, la Barbare (paru aux éditions Tabou), Gianluca Maconi transporte l’intrépide rouquine au beau milieu d’une attaque de barbares contre un groupe de jeunes femmes, membres d’une confrérie de jeunes femmes pacifiques - entre autres qualités. L’issue est non seulement des plus favorables pour le groupe de jeunes femmes – Connie comprise – mais il permet en plus un rapprochement qu’on laisse deviner.

    Ce n’est que le début de la saga des plus rocambolesques, où l’humour n’est pas plus absente que l’érotisme. Les hommes en prennent également pour leur grade.

    Une saga des plus rocambolesques, où l’humour n’est pas plus absente que l’érotisme

    Cet automne, sortait le deuxième tome et la suite de Connie, la Barbare, avec toujours le dessinateur Gianluca Maconi aux commandes. Pour Les Bijoux du Transistan, la jeune barbare passe des temps préhistoriques à un pays des mille et une nuits, le Transistan. Là, le calife attend l’épouse qui lui est promis. Une jeune femme sculpturale, mais aussi aux sombres desseins. Or, le calife n’est pas franchement intéressé par le projet d’union qui lui est promis. Il risque de même de perdre beaucoup plus. Or, c’est ce moment que choisit Connie pour arriver en ville.

    Gianluca Maconi multiplie les scènes croquantes et pimentées, au service d’une histoire de quêtes, passant par des boudoirs, des chambres d’auberges plus ou moins bien fanées et de lieux plus "nature". Connie donne de son corps pour déjouer les situations les plus périlleuses, et elle le fait avec un zèle des plus louables. Tout cela, évidemment, n’est ni sérieux ni réservé à tous les publics. Chez Tabou.  

    Gianluca Maconi, Connie, la Barbare (1) : La Nuit du Gloriole, éd. Tabou, 2022, 131 p.
    https://www.tabou-editions.com/bandes-dessinees/70841-connie-la-barbare-1
    Gianluca Maconi, Connie, la Barbare (2) : Les Bijoux du Transistan, éd. Tabou, 2023, 131 p.
    https://www.tabou-editions.com/bandes-dessinees/70946-connie-la-barbare-2

    Voir aussi : "Une guerre des sexes"

    gianluca maconi,bd,bande dessinée,tabou,sexe,érotisme

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