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  • Guillaume Léglise à confesse

    Homme des années 80 comme il le chante lui-même ("80’s Born"), Guillaume Léglise frappe un grand coup avec son album, son premier véritable opus solo, Autofictions.

    Sa voix grave et chaleureuse, aux lointains airs de Jean-Louis Murat, s’appuie sur une musique sophistiquée à souhait d’un dandysme attrayant et évidemment autobiographique, comme l’indique le titre de l’opus. "Je voulais faire de chacune de mes chansons des récits scénarisés, des histoires de rencontres, de séparations, d’amours heureux ou contrariés. Chaque histoire pouvant se suffire à elle-même ou être écoutée comme un puzzle, se répondant les unes aux autres. Pour chaque titre j'ai cherché une orchestration et des sonorités qui bousculeraient le format « chanson française »", commente ainsi le chanteur.  

    En parlant d’artistes emblématiques des eighties, il y a du Serge Gainsbourg mais aussi du Alain Chamfort dans cette manière de chanter l’érotisme avec classe, à l’instar de "Prononce mon nom", en duo avec Lisa Li-Lund : "Fais-moi rougir, en public ou dans le noir / Un sourire, une main ou un mot / Qu’on n’oublie pas". 

    Sophistiqué, dandy, sensible et sensuel

    Impossible non plus de ne pas citer cet autre morceau, "L.O.V.", en forme de confession sur une rencontre et un coup de foudre : "Ce moment si brûlant" serait-il "la grande histoire" ? Guillaume Léglise s’interroge, grâce à une pop aussi séduisante que cette fille croisée par hasard : rythmique impeccable, trouvailles sonores étranges et cette belle voix envoûtante. Dandy dans l’âme, Guillaume Léglise n’hésite pare certains morceaux d’une noirceur éclatante ("Monde incandescent").

    Oui, Guillaume Léglise a tout pour séduire, dans sa pop chatoyante et amoureuse et mélodieuse ("Elle"), tout en proposant un album intime dans lequel l’auteur, compositeur et interprète avoue paradoxalement sa difficulté à "trouver les mots" pour parler d’amour ("Les mots").

    Cléa Vincent l’accompagne dans cette douce et aventurière ballade dans "Les dunes". La délicate et aérienne voix de la chanteuse parisienne donne à ce titre plus nineties qu’eighties une fraîcheur indéniable à écouter en voiture – en balade, bien entendu.

    Guillaume Léglise fait le choix du talk-over dans "Flashback", une suite de pérégrinations sentimentales en de flash-back à la fois nostalgiques et tendres ("Je me souviens de tout… Je me souviens de vous") mais aussi de sons eighties ("À la lueur de l’eau").

    Sophistiqué, dandy, sensible et sensuel, Guillaume Léglise offre avec Autofictions un peu de son univers et de son talent, jusqu’à cet ultime titre bref, "Les rives du lac", qui pourrait s’écouter comme un hommage planant aux romantiques du XIXe siècle, comme si Lamartine s’était transporté en 2023.

    Guillaume Léglise, Autofiction, La Tebwa, 2023
    En concert le 05/04/2023 au Popup du Label / Paris
    https://www.facebook.com/guillaumeleglisemusique

    Voir aussi : "Il se passe quelque chose avec Auren"
    "Ex-pop"

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  • Lina Stalyte au Triton le 23 mars

    Nous avions parlé sur Bla Bla Blog de Lina Stalyte (Lina Štalytė dans le civil) et de sa pop délicieusement vintage.

    La Parisienne d’adoption célèbre la sortie de son premier album Summer Nights avec un concert au Triton, ce jeudi 23 mars 2023.

    Voilà une occasion de découvrir cette chanteuse proposant un univers musical mêlant pop, R&B, soul et jazz.

    On ne peut que conseiller de se précipiter vers la salle du Triton à côté de la Mairie des Lilas.

    Lina Stalyte, le 23 mars Au Triton, concert de sortie d’album Summer Nights
    https://www.facebook.com/linastalyte
    https://www.instagram.com/linastalyte
    https://letriton.fnacspectacles.com

    Voir aussi : "Lina Stalyte, délicieusement Vintage"

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  • Il se passe quelque chose avec Auren

    Auren, de retour avec un nouvel album, Il s’est passé quelque chose. Elle propose une chanson française hyper pop, à la fois urbaine et électro, à l’instar du titre "Au bord de la nuit", moins noctambule que le récit d’une insomnie remplie d’"idées noires". Ah, qui n’a pas ressassé et refait son film : "Si j’avais su, j’aurais dû, j’aurais pu… et le réveil qui n’avance pas" !

    Auren se dévoile dans ce nouvel opus, avec un mélange d’authenticité et de sophistication dans la facture. Citons "Davantage", une déclaration d’amour faite d’attente, d’envies, de désirs ("Je te veux davantage / Débordant et sauvage"), avec l’insatisfaction au bout du compte : "Et personne à ma porte / Que le diable m’emporte".

    "Je m’enfonce" peut s’écouter comme une confession dans lequel Auren assume non sans humour grinçant son esprit cash, mais sans doute est-ce pour mieux se dissimuler  : "J’altère et je déguise mes sentiments / En réponse on ne sait pas qui je suis… "Ma bouche est un crime presque parfait… J’avoue, j’avoue je m’en fous".

    La pop d’Auren balance entre son des eighties, slam, électro bricolée et vraie ambition musicale

    Dans Il s’est passé quelque chose, on a plaisir à retrouver Jeanne Cherhal, dans un duo complice, revivifiant et non sans sensualité. C’est le morceau "Vivante" : "Vois-tu comme je suis vivante / Vois-tu comme j’ai faim en moi / As-tu peur de ça dis-moi". Auren avait envie d'écrire une chanson qui considère vraiment la femme comme celle qui se connaît, qui aime, qui ressent, qui a faim… Et ce fut une évidence pour elle d’inviter Jeanne Cherhal (précurseuse en la matière) à partager ce titre.

    À l’instar du morceau "Il s’est passé quelque chose", la pop d’Auren balance entre son des eighties, slam, électro bricolée et vraie ambition musicale. "Il s’est passé quelque chose" répète l’artiste dans l’un des titres les plus intéressants de l’album : engagement, féminisme, coups de colère.

    L’opus d’Auren peut se lire évidemment comme le portrait d’une femme avec ses espoirs, et ses désirs et toutes ses fragilités (le poétique et lumineux "Avec des si"). Elle ne cache pas plus ses douleurs, ses regrets et ses appels (le sophistiqué "J’ai eu mon heure"). L’influence musicale des années 90 est évident à l’écoute de l’intime et amoureux "J’te laisse aller".

    "Monde fini", qui vient clore l’album, séduit par son choix d’une facture pop-folk enrichie de sons électroniques et de variations vocales. L’auditeur, attentif, saluera, ici comme ailleurs, la qualité d’écriture du texte ("J’ai trouvé la liberté avec les mots", confie-t-elle d’ailleurs). Oui, vraiment, il se passe quelque chose avec Auren.

    Auren sera en concert à la Boule Noire à Paris le 27 mars 2023 et en tournée.

    Auren, Il s’est passé quelque chose, Kuroneko, 2023
    http://www.auren-officiel.com
    https://www.facebook.com/aurenmusics
    https://www.instagram.com/auren

    Voir aussi : "Samuele met des paillettes dans sa vie"

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  • Loïe Fuller sur les pas de Salomé

    L’album consacré à la Salomé de Florent Schmitt est précédé d’une autre œuvre, Loïe, de Fabien Touchard, un hommage à la danseuse et chorégraphe américaine Loïe Fuller, dont la modernité et le travail sur les voiles lui a permis d’incarner une Salomé légendaire dans l’œuvre de Florent Schmitt.

    Commençons donc par parler de cette Loïe, une œuvre de 2021 pour flûte et électroacoustique. Dans cette création de musique contemporaine, une place importante est laissée au silence ("Prologue") et aux vibrations mêlant le son acoustique de la flûte, comme venu des âges lointains et des percussions. Dans le deuxième mouvement de Loïe, modernité, classicisme et archaïsme se mêlent dans des élans tour à tour primaires, malheriens, avec une énergie brute semblant venir d’une chamane habitée. Le mouvement renvoie l'auditeur aux inventions sonores d'Igor Stravinski dans L'Oiseau de feu. Assurément, Fabien Touchard est un nom qu'il faudra retenir. 

    Restons au XXe siècle avec l’œuvre principale de cet album, la pièce La Tragédie de Salomé, opus 50, de Florent Schmitt, composée en 1907 et pour laquelle Loïe Fuller a dansé sur scène, au service de ce rôle des plus sulfureux. On a quelque peu oublié ce compositeur, figure pourtant importante de la musique classique du XXe siècle, à l'instar de Fauré, Ravel ou Saint-Saëns.

    La délicatesse et les mouvements soyeux et élégants éclatent dans ce drame muet en deux actes et sept tableaux mettant en musique un épisode du Nouveau Testament. Le travail mélodique apparaît presque comme un pied-de-nez et un défi, alors que les premières années du XXe siècle voyaient la musique s'ébrouer et revisiter ses fondamentaux (Schoenberg, Satie et – nous en parlions – Stravinski).

    Salomé fait se rencontrer la séduction et le sexe avec la peur et la mort

    Après un "Prélude" à la longueur singulière (plus de neuf minutes), le deuxième tableau fait le choix de l'expressivité. On imagine aisément les danseurs et danseuses – et en premier lieu Salomé/Loïe Fuller – évoluer sur scène. Le terme de musique de ballet prend tout son sens, d'autant plus qu'elle est servie par un orchestre - Les Apaches!- dirigé avec fraîcheur et nuance par Julien Masmondet.

    Parler d'accent orientalisant n'est pas absurde si l'on parle d'une œuvre se déroulant autour du bassin méditerranéen et moyen-oriental. Rappelons que l'œuvre date des premières années du XXe siècle, à une époque où le colonialisme était triomphant. Florent Schmitt n'oublie pas ces respirations bienvenues ("Troisième tableau", les quatre préludes, "Les enchantements de la mer") entre des morceaux de bravoure non dénuées de sensualité ("Danse des perles"). Quelle autre personne légendaire n'est aussi attaché à la chorégraphie que, précisément, Salomé ? C'est là que le compositeur français se montre le plus inspiré, à dessein. Fidèle à l’histoire légendaire, Florent Schmitt égraine les danses comme la fatale Salomé dans son strip-tease diabolique : à la romantique "Danse des perles", succède une luxuriante et orientalisante "Danse du paon", une "Danse du serpent" tentatrice à souhait (rappelons que nous sommes dans un épisode biblique) et une "Danse de l’acier" mêlant sensualité, mystère et puissance.

    Floerent Schmitt a fait le choix singulier d’attendre la fin de son œuvre – le "Chant d’Aïea" – pour faire intervenir la voix humaine, envoûtante et surnaturelle mélopée d’un peu plus de deux minutes. L’air est interprété par la soprano Sandrine Buendia dans cet enregistrement capté au Théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet en décembre 2021.

    La Tragédie de Salomé se termine par les deux dernières danses, la "Danse des Éclairs" et la "Danse de l’Effroi", moins sensuelles que glaçantes et mortifères. Salomé fait se rencontrer la séduction et le sexe avec la peur et la mort pour cette mise en musique et en ballet d'un personnage secondaire de la Bible devenu un mythe.

    Florent Schmitt, La Tragédie de Salomé et Fabien Touchard, Loïe,
    Les Apaches!, dirigé par Julien Masmondet,
    avec Marie Laforgue (flûte) et Sandrine Buendia (soprano), b.records, 2023

    https://www.b-records.fr/la-tragedie-de-salome
    https://www.ensemblelesapaches.com/l-ensemble
    http://www.fabientouchard.fr

    Voir aussi : "Amour, musique et nostalgie"

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  • Une guerre des sexes

    Les Arcanes de la Maison Fleury mérite de figurer parmi les sagas de bande dessinée les plus étonnantes, les plus envoûtantes et les plus épicées de ces dernières années. Les éditions Tabou proposent une adaptation française de cette BD érotico-policière venue tout droit d'Italie. Gabriele Di Caro en est l'auteur pour le scénario et le dessin.

    Nous sommes à Londres au XIXe siècle, sous le règne de Victoria. La capitale anglaise est encore traumatisée par les crimes de Jack L’Éventreur lorsque survient une série de meurtres tout aussi atroces et perverses, et dont les victimes sont - là encore - des femmes. Le commissaire Barnes, secondé par l'inspecteur Reid, sont chargés de l'enquête. L'identité d'une victime les conduit au cœur d'une maison close tenue par Madame Fleury.

    L'établissement est renommé. Les femmes qui y logent se prostituent pour la bonne société. Une pensionnaire sort du lot. Elle se nomme Pearl et est étrangement isolée et "préservée". Elle intéresse le commissaire Pearl car elle a visiblement bien connu l'une des victimes du tueur en série. L'enquête commence alors que le bordel de Madame Fleury continue cahin-caha son commerce sulfureux. Entre en jeu un photographe qui propose un singulier marché à la tenancière, mais aussi à Pearl : faire des photos érotiques de celle-ci.

    Un récit où se mêlent sexe et violence, magie et sorcellerie, crimes et utopie, violences masculines et désirs d’émancipations féminines

    De multiples rebondissements attendent le lecteur des Arcanes de la Maison Fleury tout au long des trois tomes de la saga : crimes pervers, suspects (trop) évidents, fausses pistes, génies du mal, secrets intimes et paranormal. Gabriele Di Caro déploie un récit aux multiples ficelles sur fond de complots, mais aussi de sexe et d'érotisme.

    Le dessin assez classique de Di Caro lui permet d'entrer dans l'intimité de la maison close, sans rien cacher des ébats qui y ont lieu, et sans taire non plus le sordide de ces établissements particulièrement prisés par la bonne société.

    L'enquête policière et l'univers victorien renverront au fait divers et au serial killer le plus connu du monde – et aussi le plus mystérieux : Jack L’Éventreur. Mais c'est pour mieux s'en éloigner en proposant un récit où se mêlent sexe et violence, magie et sorcellerie, crimes et utopie, violences masculines et désirs d’émancipations féminines.

    Il faut aller jusqu'au troisième tome, sorti en ce début d'année, pour connaître le fin mot de l'histoire, avec deux figures qui sortent du lot : l'étrange et fascinante Pearl et un modeste boulanger muet, à qui l'auteur réserve un destin  inattendu.   

    Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 1, Le Rossignol, éd. Tabou, 2021, 56 p.
    Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 2, Les Coulisses, éd. Tabou, 2022, 56 p.
    Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 3, Utopie, éd. Tabou, 2023, 56 p.
    Traduction de Claire Nyman 
    http://www.tabou-editions.com/fr

    Voir aussi : "Libres et affranchies"

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  • Libres et affranchies

    Inguinis, sulfureuse saga historique paru aux éditions Tabou, propose ici une nouvelle plongée dans la Rome du premier siècle avant Jésus-Christ. Mais c’est un univers plus que vivant. Oubliez les manuels d’Histoire ou les péplums policés. Dans Inguinis, les orgies sont vraiment des orgies et les relations entre hommes et femmes, maîtres et esclaves, maris et femmes ou concubines ne s’embarrassent pas de précautions ni de romantisme.

    Chrysanthe est une perceptrice, se voyant bien professeure de rhétorique. Sa condition d’esclave est au service de Nicomède, un artisan sculpteur sans envergure. La jeune femme doit avant tout s’occuper d’Artémis, une gamine de presque sept ans, la fille de Nicomède. Spurius, l’amant de Chrysanthe, lui promet que Nicomède acceptera bientôt de signer son affranchissement. Une signature qui tarde trop pour l’esclave qui décide de prendre les choses en main. Une orgie, à laquelle elle se donne bon gré mal gré, lui en donne l’occasion.

    Histoire mêlant histoire, antiquité et sexe

    Katia Even, auteure de la jolie et érotique bande dessinée de fantasy Le Peuple des Brumes, est aux origines – si l'on peut dire – de cette histoire mêlant histoire, antiquité et sexe. Nicolas Guenet est au crayon et au dessin : un travail pas si évident que cela pour représenter étreintes, corps sculpturaux, orgies, mais aussi décors plus vrais que nature de la Rome du Ier siècle. On peut à ce sujet saluer le gros travail de documentation qui lui a été nécessaire pour dépeindre cette Rome du Ier siècle.

    L’histoire – celle d’un précieux papyrus qui décidera du devenir d’une esclave au fort tempérament – compte finalement moins que les déboires amoureux et sexuels de sa protagoniste. De plus, un complot se trame dans les plus hautes sphères du pouvoir, mais aussi dans les ruelles sombres de Rome qui voient disparaître de jeunes enfants.

    Ce premier tome des Origines d’Inguinis se laisse lire avec curiosité et prouve, avec Katia Even à la barre, que l’érotisme en littérature et dans la BD se conjugue bien au féminin.   

    Katia Even & Nicolas Guenet, Inguinis, Origines, tome 1, Sanguis Mulieris, éd. Tabou, 48 p.
    http://www.tabou-editions.com
    https://katiaeven.net

    Voir aussi : "Mon corps est à moi"
    "Butineuse !"

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  • Samuele met des paillettes dans sa vie

    Cinq ans après Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent (prix Coup de Cœur Chanson 2018 de l’académie Charles Cros), Samuele est de retour avec son nouvel album, Une paillette dans l’engrenage.

    Bref, incisif et racé, cette création s’appuie sur un son rock, à telle enseigne que l’on sent l’urgence dans cet opus souvent engagé (le titre country-rock "Qu’essé qu’on queer ici ?", "Pastel" ou encore le morceau post-#MeToo "« Non » est une phrase complète").

    Samuele, c’est d’abord une voix et un accent, cher à nos oreilles de ce côté-ci de l’Atlantique. Mais l'artiste est aussi une personnalité forte, qui s’assume trans et non-binaire. Elle accepte de se livrer, non sans poésie ("La noix de coco est un fruit / Je suis fruit moi aussi", "La noix de coco"). Poésie encore dans "La Machine" qui propose de vivre un monde irréel et utopique, plein de couleurs, de fêtes et de paillettes ("Qu’est-ce qui s’est passé ? / Il y a des paillettes dans mon café").

    L'artiste est aussi une personnalité forte, qui s’assume trans et non-binaire

    Retour au réel, pourtant, avec des confessions sur l’incommunicabilité et un “mecspliqueur” ("Tu parles, tu parles"). Samuele parle aussi de la vieillesse et de la mort (elle chante, dans "Par cœur" : "J’ai tellement dansé avec la douleur / J’en ai fait une prophétie"), de la peur ("Je pense que j’ai peur d’avoir peur", dans le morceau pop et jazzy "La peur"), sans oublier le tourmenté "Anxiété High" ("Il n’y a rien qui marche dans mes souliers").

    Là où Samuele vise fort c’est lorsqu’elle se livre avec pudeur. On pense au titre "Papillon", un joli morceau pop, délicat, doux et sensible : "Je suis comme un papillon / Les ailes encore mouillées dans une belle et grande maison". Et si la "paillette dans l’engrenage" du titre n’était pas dans ces belles déclarations d’amour que sont "Ta toune" et "Là pour toi" ?

    Samuele, Une paillette dans l’engrenage, InTempo Music, 2022
    https://www.samuelemusique.com
    https://www.facebook.com/samuelemusique
    https://www.instagram.com/samuelemusique

    Voir aussi : "Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent"

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  • Rama, dans les étoiles

    Attachante Elodie Rama ! Avec son nouvel album Constellations, la chanteuse française propose une pop aux multiples influences, servie par une voix douce et chaloupée. Que l'on pense à "Letter To A Sister Friend", un chant d’amour en anglais pour une "amie sœur", mélange de funk, d’urbain matinée de world, sans oublier une riche orchestration. Avec une mention spéciale pour cette flûte inspirée.

    Elodie Rama puise ses influences de l'autre côté de l'Atlantique, à l'instar d'"Indigo"morceau résolument humaniste, contre la servitude, avec un featuring remarqué et remarquable d’Akenathon.

    Ce mélange d’influences est encore visible dans "City Blues", titre pop et urbain lui aussi, dans lequel la chanteuse franco-vénézuélienne La Chica, en duo, vient apporter un peu de son latinos.

    L'auditeur sera tout autant séduit par "Ra" – avec Témé Tan en featuring – plus pop, sensuel, feutré, mais pas moins rythmé et dansant pour un titre amoureux et romantique – oui, romantique ! Ici, l’amour fait appel à des influences plus anciennes encore (la reine de Saba pour ne citer qu’elle).

    Featuring remarqué et remarquable d’Akenathon

    La voix d'Elodie Rama est impeccable et suave à merveille. Elle s'en sert admirablement pour "Les voiles", un morceau très eighties, non sans quelques apports de sons urbains. Citons aussi "Lajoso" résolument jazzy ou "Constellations", qui donne le titre à l'album sous firme d'une une ode aux étoiles.

    Amoureuse de culture créole et insulaire, Elodie Rama fait d’Edouard Glissant, Aimé Césaire, Maryse Condé et Patrick Chamoiseau ses compagnons de route. C'est d'ailleurs ce dernier qu'elle a fait appel pour le slam "Frères migrants".

    Après le titre électro-pop "Perseus" et le morceau funk et urbain "Home", la chanteuse conclue son opus avec "Lonely Star". On est là sur un titre pop et dirigé vers les étoiles. Elodie Rama choisit une fois de plus de regarder au-dessus d’elle, dans son très beau voyage cosmique. D'ailleurs, Rama n'est-il pas le nom d'un chef d'œuvre de space opera d'Arthur C. Clarcke ?

    Elodie Rama, Constellations,10h10, 2023
    https://elodierama.fr
    https://www.facebook.com/elodie.rama
    https://www.instagram.com/elodierama

    Voir aussi : "Je suis d’ici et d’ailleurs"

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