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  • Ecce homo

    Revoilà Jordane Tumarinson, dont nous avions déjà parlé à l’occasion de son album Terra Incognita, sorti en 2019. Avec Odyssée, le compositeur et pianiste poursuit de tracer sa route, bien décidé à faire sa place, grâce à l’appui de labels influents.

    Fortement influencé par la nature dans la vie comme dans l’art, Jordane Tumarinson est également le porteur de l’ambitieux projet d’Uto’pians, une compilation où sont invités chaque année des compositeurs du monde entier et dont une partie des bénéfices est reversé à une association de protection de la nature.

    Odyssée se revendique comme un opus humaniste, celui d’un artiste tentant de décrire l’homme au cœur de l’univers. Le sens de la mélodie est intact chez le musicien, comme le prouve "Hominidée", un titre à la facture romantique.

    Il est encore question de légèreté avec "Corps céleste", un  très court morceau – moins d’une minute – où Jordan Tumarinson choisit l’envol, avant de se faire debussyen dans "De l’intérieur". Parlons aussi d'"Éléphant blanc", un titre aussi mystérieux qu’attendrissant, tant la grâce est évidente dans sa manière d’exprimer la démarche lente et majestueuse du pachyderme.

    Debussyen

    Expressif, Jordane Tumarinson l’est sans aucun doute, que ce soit avec  "Désolation", un morceau court et lancinant aux accents tragiquement actuels, "Le chant des sirènes", mystérieux et gracieux avec cette suite d’ondulations musicales ou encore la délicate variation "Dieux et démons".

    L’auditeur s’arrêtera sans doute avec intérêt sur "Métal rouge", un titre étonnant, sans doute le meilleur de l’album. Dans cet hommage au milieu ouvrier et sidérurgique, la mélancolie domine grâce à un clavier d’airain.

    Nous parlions de Debussy. Il y a aussi du Satie dans le convaincant "Momentum", auquel vient répondre le bien nommé "Force et douceur", aux mille nuances. "Se retrouver" est lui aussi un très joli titre à la construction intelligente et encore une fois marquée par le sceau de la sensibilité, tout comme "Quintessence", plus minimaliste encore.

    "Les montagnes se soulèvent" un dernier morceau en forme d’élévation pour terminer un album en hommage à l’humanité. Nul doute que Jordane Tumarinson signe avec Odyssée un album qui fera date. On en fait le pari.  

    Jordane Tumarinson, Odyssée, Naïve Records / Believe, 2022
    https://jordanetumarinson.com
    https://www.facebook.com/jordanetumarinson
    https://www.instagram.com/jordanetumarinson
    https://www.naiverecords.com/jordane-tumarinson

    Voir aussi : "Jordane Tumarinson en terre inconnue"

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  • Maxence Cyrin, entre gris clair et gris foncé

    Pour son septième album Melancholy Island, Maxence Cyrin navigue entre classicisme, électro-pop et contemporain – version école répétitive américaine.

    Composé au fil d’une période de près de deux ans, les titres de l’album peuvent s’entendre comme un journal intime, ou une série de nouvelles, qui documentent les états et les sentiments, ainsi que les lieux, les villes et les paysages que l’artiste a pu traverser, de la Bourgogne à Montmartre (où il vit), en passant par la région de l’Algarve, ses côtes et ses îles.

    Contemplatif, le pianiste français l’est assurément, comme le prouve le premier titre "Faro Bay", passionnant et proposant une authentique invitation au voyage – au Portugal plus précisément.

    La délicatesse du toucher frappe l’auditeur (les mélancoliques "Soft Skin" et "Antica"), tout comme son art de nous emporter dans ses créations mélodiques qui deviennent cinématographiques, à l’instar de "Seasons" ou "Dust", deux titres sur la fuite du temps que l’on dirait influencés par Yann Tiersen. 

    Si l’on parle références musicales, il faut aussi citer Debussy 

    Si l’on parle références musicales, il faut aussi citer Debussy ("Rivages") ou encore la grâce mystérieuse de Gabriel Yared dans cet autre morceau, "Salon de musique", qui n’est pas sans faire penser à la bande originale que le compositeur oscarisé a signé pour L’Amant de Jean-Jacques Annaud. Il y plus encore du Satie dans le titre onirique "Der Raüber und der Prinz", une reprise du titre eighties de DAF.

    Tout le talent de Maxence Cyrin est d’offrir dans son album abouti jusqu’à l’apport de sons électroniques, toujours à bon escient ("Voyage").

    Gris clairs et gris foncés : telles seraient les couleurs de ce très bel album avec ces sombres accents ("As The Darkness Falls"). Véritable hymne aux voyages ("Faro Bay", "Voyage"), Melancholy Island est aussi une formidable expérience sonore où le mystère affleure à chaque instant, comme le montre la revisite de DAF, "Der Raüber und der Prinz" ou de cette autre reprise, "The Carnival Is Over".

    Maxence Cyrin, Melancholy Island, Warner Classics, 2022
    https://www.facebook.com/maxencecyrin
    https://www.instagram.com/maxencecyrin

    Voir aussi : "Nul n’est prophète en son pays"

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  • Encore un mot d’Alba

    Parlons aujourd’hui d’Alba. Rien à voir avec le célèbre groupe de pop international suédois. Alba est une musicienne franco-mexicaine qui propose son nouvel album Les Mots, après un premier EP sorti en 2015. Artiste protéiforme, rien ne fait peur à Alba : artiste NFT, elle s’est illustrée dans la composition, l’écriture, la sculpture et bien sûr la musique. 

    Avec son exubérance, son insouciance et sa poésie, disons aussi qu’Alba pourrait être une lointaine descendante de Brigitte Fontaine. Pour le moins, Alba montre un univers déjà bien installé et un caractère bien trempé où le combat féministe n’est pas un vain mot.

    Prenez par exemple le premier morceau qui donne son nom à l’album : "Encore un mot / Plus haut que l’autre", chante l’artiste. Le choix des armes revient visiblement aux mots dans cette histoire commençant par une dispute et une scène de ménage. "Les mots sont des salauds / Ils blessent et tuent jamais solo… Les mots sont forts / Les mots sont des pistolets chargés".

    Dans "Range-toi", c'est la voix de Serge Gainsbourg qui est convoquée pour une critique sans concession des personnes trop bien installées et faussement libres : "Tu crois que tu es une bombe mais / T’es une météorite / Sans conscience / Tu te sers de la liberté pour / Masquer ton insolence / Sans patron / Tu crois que t’es libre mais / Tu es toujours aussi con.

    L’hypersensibilité d’Alba saute aux yeux et aux oreilles

    Le titre "Préface", placé singulièrement vers le milieu de l’album, fait le tableau d’un quotidien solitaire, sur un son mêlant accordéon et électro, auquel vient répondre "Mirador", le récit d’un amour naissant avec son lot d’angoisses et d’interrogations après "une dernière tasse érotique" ("J’ai toujours cru savoir aimer / Qu’un jour je saurais m’adapter / Mais au fond du compte je suis seule / Entourée de mon tilleul"). De solitude et de retrait du monde, il en est également question dans "J’y vais pas", un morceau à la facture nineties et lo-fi.

    L’hypersensibilité d’Alba saute aux yeux et aux oreilles. On pensera au titre plein de nostalgie "Quimey Neuquen", mêlant sons et rythmique latinos et électro. La voix de la chanteuse franco-mexicaine se fait sensuelle, mystérieuse et envoûtante.

    L’auditeur s’arrêtera avec plaisir la très belle ballade, "Quand le bateau coulera", l’un des plus beaux titres de l’album. Alba y parle avec grâce et une fausse indolence du départ, des tourments de la vie, du destin et de la fin : "Quand le bateau coulera / Et que le vent trop soufflera / Je sais bien que ça ira / Car tu seras encore là". Qu’y a-t-il de mieux que d’être bien à deux ? "Et si l’amour est ainsi / Je préfère être sur ton dos / Que devoir en rester là / Toute seule à contempler le sable".

    Alba, Les mots, Sound And Vision Music, 2022
    https://www.facebook.com/bonjouralba
    @albalala
    https://www.instagram.com/accounts/login/?next=/albalala

    Voir aussi : "Le petit monde de Yohann Le Ferrand"

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  • Aimons-nous vivants

    Le nom de l’auteure de Time Space Love est marqué en tout petit sur la couverture de l’album : Émilie Pello, écrite de la main de l’auteure lorsqu’elle était enfant. Dans ce qui est un opus introspectif, son quatrième, l’artiste a choisi d’utiliser des photos souvenirs pour ce qui ressemblerait à un montage de scrapbooking. Voilà pour l’aspect marketing d’une production soignée de bout en bout.

    11 titres dont 3 en français : c’est l’anglais qui a été choisi, pour un opus pop puisant son inspiration dans les 70's, les 90's et les musiques de film. Dans des morceaux patiemment écrits : "Du temps, de l'espace, de l'amour, Ce mantra a guidé toute l’écriture de l’album. Cette chanson s’adresse à mon fils, à qui j’enseigne cette philosophie, et le soin du lien qui nous lie" explique Emily Pello. Ce disque signe le retour d'une artiste aux multiples talents ayant déjà fait ses preuves en premières partie de Liza Minelli à l’Olympia ou d’Amy Winehouse à Londres.

    De sa voix veloutée, Emilie Pello propose une pop sans esbroufe à écouter à deux, dans un opus plein de mélancolie ("Is There Anything", "Windy Day"), consacré principalement à la recherche de l’amour  ("Time Space Love"). Le bonheur affleure dans un opus parfaitement abouti. Que l’on pense à "You Will Find Me" au son nineties, à la fois enlevé, plus rock et plein d’espoir ("But I know that someday you will find me"). "Another Millenium" peut être présenté comme une ballade mélancolique et nostalgique" ("The suns will burn your wings too hard / So help me plant a brand new forest").

    L’artiste se portraitise elle-même dans "Fourty" : ce morceau se veut autobiographique. Émily Pello se présente comme une artiste qui a déjà bourlingué, mais aussi comme une mère et une femme de quarante ans qui révèle ses failles et ses doutes : "Give me just a little chance / To rise above that fear / Of me older, weaker, uglier, but me!" Ce titre soul et attachant vibre de sincérité.  Et si derrière cette musicienne discrète se cachait une "herbe folle" qui chante ainsi en anglais et en français : "Comme elle est dure, dure à entretenir, cette herbe folle" ?

    Et si derrière cette musicienne discrète se cachait une "herbe folle" ?

    Parlons aussi de ces morceaux tout aussi intimes : le joli portrait de deux artistes, "Jean et Jo", le pop-folk "Ghosts In My Songs" sur un être aimé, arrivé, comme le dit Emily Pello, tel un guerrier et parti comme un fantôme, non sans laisser des blessures que la chanteuse exprime ainsi : "Without you, I see ghosts in my songs".

    On pourra tout aussi être sensible à "Windy Day", un morceau comme susurré au texte mélancolique : "I feel like Dcarlett O’Hara in love / waiting alone in Tara". L’auditeur ou l’auditrice aura sans doute plaisir à l’écouter un plaid sur les genoux et une tasse de thé à la main, par un jour venteux, en pensant à celui qui est parti et ne reviendra pas : "Should I stay here without your love, without your heat".

    Mais l’amour serait-il tout de même possible, comme l’évoque "Steel Feel Love" ? Emily Pello a écrit là une très belle ballade sur l’attente et l’espoir : "I wish you could tell me how angry you are / I wish you could tell me how sad you feel / I wish I could hear it".

    "Ramène-nous vivants" vient clore en français ce séduisant quatrième album d’Emily Pello, une vraie déclaration d'amour pour la musique : "Regarde les noires et les croches / Des vagues qui s’en fichent".

    Emily Pello, Time Space Love, 2022
    https://emilypello.fr
    https://www.facebook.com/EmilyPelloOfficiel
    https://www.instagram.com/emilypelloofficiel

    Voir aussi : "Encore un mot d’Alba"

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  • À bouche que veux-tu 

    À l’écoute de Rovski, c’est un autre duo féminin qui vient en tête : celui de Brigitte. Tout aussi pop, sensuel, fusionnel et enlevé, Sonia Nemirovsky et Olive Perrusson proposent, avec La Proie est reine, un album plein d’humour, de poésie et de sensualité, en commençant par un titre à la thématique rarement abordée : "Catch".

    Le moins que l’on puisse dire est que les chanteuses de Rovski savent étonner avec leur opus brassant de nombreuses influences : latines (l’envoûtant "Miedo" et son mantra : "No tengo miedo"), celtes ("Crache" : "Crache crache le vent / Les corbeaux les cormorans / Qui s’écrasent sur tes chants / Crache nous le venin par les dents") et ses sons urbains ("Sous l’eau", "La pieuvre").

    L’amour et la séduction forment le corps de "La proie est reine", un titre mystérieux qui invite au lâcher prise en amour mais aussi au combat pour que l’amour ne soit pas un abandon aveugle ce que les chanteuses évoquent dans Amoureuse", un formidable et spectaculaire morceau : "Amoureuse / C’est pas vraiment le mot / Elle l’a cherché longtemps / Et posé son stylo / Amoureuse / C’est pas vraiment beau, / Elle l’a cru longtemps / Et puis finalement / Amoureuse / C’est peut être un peu tôt".

    La vie palpite dans ce très joli album

    La vie palpite dans ce très joli album, à l’image de cet hommage à une danseuse, sur un rythme de halètements : "Tu vacilles des hanches et tes cheveux touchent tes fesses / Tu marches comme tu danses et tu transpires l'ivresse / Tes bracelets t'accompagnent en chantant".

    Tout aussi ensoleillé, "Trinidad" est le récit d’un voyage libre ("Rien avant vous / Je vous le jure / N’avait le goût de l’aventure") qui peut aussi s’écouter comme un récit amoureux et sensuel : "Nos souvenirs à deux / Sur le papier mon rendez-vous / A l’abri des arcades / Sur le papier mon rendez-vous / Je n’ai rien pris pour Trinidad".

    De sensualité, il en est plus que jamais question dans le séduisant et un rien désinvolte "L’aventure" : "Dans la chambre enfumée / Hier au soir / C’était l’aventure / Tout juste sorti de l’origine du monde". Le duo Rovski s’attache à un homme qu’elles observent avec tendresse : "Tu remontes le col de ta veste / Précis dans l’allure dans le geste".

    L’album se termine en douceur, avec "Comme tu es beau", un hommage amoureux qui est aussi un chant de départ plein de mélancolie : "Je pars mon amoureux / Je décline je faillite / Je n’entends plus les jeux / Je t’aime comme on se quitte".  

    Rovski, La Proie est reine, 2022
    https://www.facebook.com/Rovskiofficiel
    https://www.instagram.com/rovskimusique

    Voir aussi : "Encore un mot d’Alba"

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  • Amours sauvages

    Les "Lamentations spectrales", l’instrumental aux couleurs celtes en ouverture de Prince de Plomb, premier EP de Marcia Higelin marque l’entrée en scène d’un album qui entend faire date – et qui touche par sa sincérité : "Cet EP est le fruit d’une expérience vécue. Je voulais sceller ça en chanson. Pour relativiser. Me libérer", confie la chanteuse.

    Marcia Higelin se livre sans fard, accompagnée le plus souvent d’un simple piano, dans un EP où la nature vient répondre à des confessions d’une artiste libre et combattante ("Je sais pouvoir être celle qui se bat", "Dragon, Tigre ou Loup"), et qui ne revendique sa part d'animalité ("Je demande une courte trêve / Et j'adopterais le regarde sec et froid du reptile", "Les larmes du crocodile").

    Dans "Dragon, tigre ou loup" Marcia Higelin se présente comme une femme animale "prête à mordre", excessive, mais aussi amoureuse prête à tout : "Contre tes lèvres je deviens immortelle / Pour être dans mes bras je ferais n’importe quoi / Tuer ou mourir ce n’est pas un problème / Tout ça pour t’enlacer une dernière fois".

    Femme animale "prête à mordre", excessive, mais aussi amoureuse prête à tout

    Ce caractère entier se reflète dans "Mauvais sort", un chant sur une rupture, exprimée dans une langue tranchante : "Car lui c'est mon homme / Lui c'est ma bouffée / Infâme aphone / Ne veut pas s'incliner". Ce qui n’empêche pas l’artiste de garder ta tête haute, telle une reine : "N'avais tu pas vu ? / Que je suis amazone / Je garde le trône / Je sors les crocs".

    Il est encore d’empire sentimental dans "Prince de Saba", un titre mémorable où l’amour prend l’allure d’un royaume invincible autant qu’aveugle : "Tu me dis « suis moi » / Et ton regard chaud de / Haut en bas me toise / C'est mieux que des mots", avant de devenir une illusion, du "blabla" puis une série de violents coups au plexus : "T'es folle t'es folle toi femme t'es conne / Même trop pour être la maman / De ce bébé qui sera le mien… Et regarde toi t'as pas les mots / Tu sais rien faire c'est aberrant". L’auditeur ne pourra qu’être marqué par cette violente confession, à la sincérité désarmante.

    Dans "Mélopée d’infortune", sur un rythme de flamenco, Marcia Higelin chante une fuite "Les narines aux vents". Face à cette course contre l’infortune, l’artiste proclame la puissance de la vie et de la liberté malgré tout : "Je ne fuis pas la mort / Je ne crie, ni ne mords / Un miracle si je m'en sors / Malgré moi / Je suis là".

    Non, la force de Marcia Higelin est inébranlable, comme elle le chante dans "Les larmes du crocodile" : "Je ne te pleurerais plus que dans mes rêves / Trop de larmes se sont pendues à la couture de mes cils". Puissante, vivante et fortifiante, Marcia Higelin se fait déjà un nom sur la scène française. 

    Marcia Higelin, Prince de Plomb, Blue Line Productions, 2022
    https://www.facebook.com/marciahigelin
    https://www.instagram.com/marciahigelin

    Voir aussi : "La grande Zarra"

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  • La fille de la porte d’à côté

    Figure marquante de la bande dessinée italienne, Fumettibrutti signe avec P. mon Adolescence trans (éd. Massot) le deuxième volet d’un récit autobiographique commencé avec le remarqué Romanzo esplicito (Feltrinelli Comics, 2018), récompensé chez nos amis transalpins du le Prix Micheluzzi de la meilleure première œuvre.

    Il faut remarquer que le lecteur français qui n’aurait échappé au premier tome pourra découvrir sans difficulté ni frustration P. mon Adolescence trans.

    Fumettibrutti démarre son récit au moment de ses quinze ans. Il ou elle a quinze ans, fréquente un lycée sans grande motivation, pense aux garçons, se fait draguer, fume, fait l’amour et aussi dessine. P. Fait de son corps à la fois une carapace, un objet de désir et de séduction mais aussi toute la problématique de son identité : en refusant de citer son prénom civil, P. marque d’emblée ses interrogations : fille dans le corps d’un garçon,  Fumettibrutti– littéralement "bédémoches" – raconte comment P. suscite critiques, rejets, incompréhensions mais aussi attirance y compris chez les jeunes hommes hétérosexuels. 

    "Si on arrêtait tout ça et qu’on acceptait les différences ?"

    Comment dépasser cette adolescence rythmée par des relations toxiques, des produits euphorisants, des rendez-vous dans des lieux interlopes, des insultes et surtout un corps qui ne correspond pas à l’identité de P. ?

    Le coup de crayon rageur et efficace de l’auteure sert une histoire faite de saynètes ordinaires (dans un salon de coiffure, en boîte de nuit, dans la rue ou dans une salle de classe), de déambulations, d’échanges via les réseaux sociaux ("La fille de la porte d’à côté" est son pseudo) et surtout d’un parcours personnel autour de l’intime et de l’identité.

    Ce deuxième tome marque de ce point de vue d’une forme d’aboutissement, avec un message humaniste  venant non pas de P. mais d’un médecin :"Si on arrêtait tout ça et qu’on acceptait les différences ?"

    Fumettibrutti, P. mon Adolescence trans, éd. Massot, 2022, 208 p. 
    https://www.facebook.com/fumettibrutti
    https://www.instagram.com/fumettibrutti
    https://massot.com/collections/mon-adolescence-trans

    Voir aussi : "24 heures dans la vie d’une femme"

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  • Rammstein en version classique par le Duo Jatekok

    Adapter en version acoustique et classique Rammstein, le groupe de rock metal allemand le plus emblématique de la scène mondiale : voilà un  projet qui ne pouvait qu’interloquer Bla Bla Blog. C’est le Duo Jatekok, formé par les pianistes Nairi Badal et Adélaïde Panaget, qui s’est attelé à la tâche.

    À bien y réfléchir, le projet a du sens si l’on pense à l’intrusion de sons symphoniques chez Rammstein ("Mein Herz Brennt" ou "Ohne Dich"). De plus, les fans du groupe allemand savent que les deux pianistes assurent depuis 2017 leur première partie. Ce pont entre deux courants musicaux, a priori aussi antinomiques que le metal et le classique, est à saluer. Le résultat est ce Duo Jatekok plays Rammstein, un passionnant album de reprises qui sort cette semaine. Un opus qui ravira autant les fans du groupe de rock que les familiers du classique – deux mondes qui peuvent d’ailleurs parfois se confondre.

    Précisons aussi que le Duo Jatekok est l’auteur de trois enregistrements classiques et contemporains. Le premier, Danses, rassemble des œuvres de Grieg, Barber, Ravel et Borodine et le deuxième, Boys, propose des créations de trois hommes – comme son nom l’indique : Poulenc et sa sonate pour deux pianos, Points on Jazz de Dave Brubeck et trois pièces de Baptiste Trotignon.

    Impertinentes, précises et virtuoses, Nairi Badal et Adélaïde Panaget adaptent donc cette fois Rammstein pour leur nouvel enregistrement, à travers des revisites balayant toute la carrière du groupe, depuis leur premier album Herzeleid ("Seemann") jusqu’au Rammstein 2019 ("Puppe", "Diamant"), en passant par le fameux Sehnsucht  de 1997 ("Klavier", "Engel") ou Mutter ("Mutter", "Mein Herz Brennt") en 2001.

    Les musiciennes du Duo Jatekok étincellent dans ce projet instrumental (il manque évidemment, dans ces reprises, le texte des morceaux, que l'auditeur pourra retrouver dans les albums originaux ou live), projet qui séduira autant les fans de du groupe aux guitares lance-flammes qu’il interpellera les habitués du classique – qui pourront y trouver une porte d’entrée vers un des groupes les plus célèbres de la scène metal internationale. 

    Ce projet séduira autant les fans de du groupe aux guitares lance-flammes qu’il interpellera les habitués du classique

    La sonorité brute de Rammstein laisse place dans cet opus à une facture classique ou néoclassique, à l’image du fameux "Engel". Le duo met en valeur l’écriture harmonique et mélodique que l’interprétation originale très rock de Rammstein efface pour le moins.  

    Nairi Badal et Adélaïde Panaget entendent pour autant respecter l’esprit de Rammstein, que ce soit l’insouciance inquiétante de "Puppe" avec ces explosions de sons pianistiques, la puissance sombre de "Mein Herz Brennt" ou la ballade "Ohne Dich", une des chansons phares du répertoire de Rammstein sur le deuil, la mort et la solitude.

    L’inquiétant "Klavier" est, quant à lui, peuplé de fantômes, de portes ouvertes sur le mystère et d’une étrange pianiste. Les musiciennes de Duo Jatekok en font une lecture très contemporaine, onirique, mais non sans ce rythme dingue, servi par leur virtuosité remarquable.  

    "Frühling in Paris" est à saluer comme une superbe composition sur le souvenir d’une histoire d’amour ("Oh non je ne regrette rien / Wenn ich ihre Haut verließ / Der Frühling blutet in Paris"), l’un des plus beaux morceaux de album, lumineux et au souffle romanesque incroyable. Le titre est habité d’éclairs mélancoliques, à la tristesse insondable. L’influence d’Edith Piaf est évidente dans ce qui sonne comme un hymne à la France.

    "Mutter", lui, démarre doucement avant de trouver une puissance assez fidèle à Rammstein. Nairi Badal et Adélaïde Panaget font de ce morceau en hommage aux mères un bouleversant chant mêlant les regrets et la rancœur. Parlons aussi de "Diamant", sorti en 2019, qui a droit aussi à une revisite. Cette histoire d’amour toxique devient une ballade romantique très fidèle au titre original tout en retenue, mais son sans trouvailles sonores ni ce romantisme noir singulièrement plus présent dans cette version que dans l’original.

    Le morceau "Ausländer", inspiré par Prokofiev, parle de la découverte de l’étranger et de l’étrangère ("Ich bin Ausländer / Mi amore, mon chéri"). Le Duo Jatekok en fait une fantaisie plus romantique, mais tout aussi légère. Romantisme aussi, mais cette fois sombre, avec l’étonnante et bouleversante adaptation de "Seemann", un chant funèbre que les fans de Rammstein connaissent bien.

    L’album se termine avec "Sonne", tout aussi classique, adapté comme une marche lente et douloureuse, à l’image de l’œuvre originale, avec ces éclairs jazz qui en font un étourdissant voyage musical. 

    Duo Jatekok plays Rammstein, Vertigo, 2022, sortie en mai 2022
    https://duojatekok.com
    https://www.facebook.com/DuoJatekokOfficiel
    https://www.instagram.com/duojatekok
    http://www.rammstein.com
    https://www.rammsteinworld.com

    Voir aussi : "No Dames, no drames"

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