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  • Où va Charlie Pâle ?

    Charlie Pâle nous vient de Nantes et place ses influences du côté de Fauve, Cœur de Pirate, Aloïse Sauvage ou encore Terrenoire. Voilà pour l’univers du jeune chanteur, qui témoigne dans son premier titre, "Je vais où ?", de ses doutes, de ses interrogations et de ses rêves : "J’ai la sensation d’être impuissant / De voir des histoires trop décevantes / Peut-on réinventer le passé Juste une seule fois / Peut-on tout effacer."

    Que le clip de "Je vais où ?" ait été tourné dans un lycée (avec Zoé Cavaro la réalisation) n’est évidemment pas un hasard : le musicien a quitté l’école avant le bac pour partir travailler à l’usine. L’école de la vie. Voilà qui donne de la substance à un artiste dont la sensibilité frappe et émeut : "Il faut se détruire et puis en rire / On voit la sortie en face de nous / Mais on fait demi-tour pour éviter les coups."

    Voilà une voix qui est à découvrir et que l’on suivra avec attention. 

    Charlie Pâle, Je vais où ?, single, Abatjour Records, 2022
    Chaîne Youtube de Charlie Pâle
    https://www.facebook.com/charliepaleofficial

    Voir aussi : "Penser juste à l’amour"

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  • Cet étrange Monsieur Klein

    "Catharis", "Episode", "Down" ou "Poem" : Klein a fait le choix de titres brefs dans Sonder, un premier album mêlant avec bonheur jazz, rock, pop et électro. Klein c’est Jerome Klein, vibraphoniste, pianiste et batteur qui choisit une voie artistique à la fois séduisante et empruntant des chemins de traverse. Autour de Jerome Klein, il convient de citer ses acolytes : Niels Engel à la batterie, Pol Belardi au vibraphone, à la basse et aux claviers et Charles Stoltz à la programmation et au sound design.

    Prenez "Catharis", le premier morceau de l’album. Ses lignes mélodiques et ses chœurs savent envelopper les notes dans des vagues synthétiques paradoxalement très jazz. Un vrai tour de force.

    Klein sait se nourrir dans différentes influences, que ce soit la pop eighties ("Episode"), les sons orientaux ("Down") et bien entendu le jazz cool ("Solace" , "Introversion").

    Ni tout à fait jazz, ni complètement pop, avec un son électronique surgissant en loucedé

    "Catalyst" se présente comme un fascinant morceau tendu et amenant l’auditeur vers un paysage mystérieux, avec une grâce mélancolique grâce à ces envolées et ses ruptures de rythmes.

    La plus grande surprise de l’album vient sans doute "Creator", un titre qui sait manier le contre-pied avec talent : ni tout à fait jazz, ni complètement pop, avec un son électronique surgissant en loucedé.

    "Poem" séduit par son accent onirique et son  minimalisme. Il n’est pas pour autant dénué de couleurs que l’on croirait de pastels.  

    L’album se termine sur le titre qui donne son nom à l’album. "Sonder" propose un jazz à la fois mélancolique et voyageur. La tête dans l’espace, le groupe de  Jerome Klein utilise à plein les sonorités du piano et du vibraphone pour entreprendre un voyage intersidéral, comme si la sonde Voyager envoyait quelques notes d’adieu avant de disparaître dans l'infini de la galaxie.

    Klein, Sonder, Cristal Records, 2021
    https://jeromekleinmusic.com
    https://www.facebook.com/jeromekleinmusic
    https://www.instagram.com/klein.music_

    Voir aussi : "Penser juste à l’amour"

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  • No Dames, no drames

    C’est une anthologie à la fois étonnante et engagée que propose le contralto Théophile Alexandre, accompagné du Quatuor Zaïde. Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf et Juliette Salmona sont évidemment au cœur d’un album singulièrement titré  No(s) Dames.

    Le propos de l’opus est de s’intéresser aux grandes héroïnes de l’art lyrique pour qui "dames" rimaient surtout avec "drames". Parmi ces femmes fatales, figurent Carmen (Bizet), Salomé (Strauss), La Reine de la Nuit (La Flûte enchantée de Mozart), Manon (Massenet), Eurydice (Orfeo Ed Euridice, Gluck), Violetta (La Traviata de Verdi) ou Dalila (Saint-Saëns).

    La principale singularité de l’opus est de "réunir 23 icônes opératiques de 17 compositeurs différents, dans un cadavre exquis musical reliant ces arias les unes aux autres, dérangeant leurs clichés de madones, de putains ou de sorcières, et dessinant en creux le portrait d’une seule et même idole masculine : la Dame, telle que fantasmée et imposée aux femmes par les hommes depuis des siècles, par-delà les cultures ou les continents."

    L’auditeur pourra trouver quelques grands tubes du répertoire classique, baroque et lyrique :  La Sonnambula de Bellini ("Ah! non credea", acte 2), La Force du Destin et La Traviata de Verdi, Bellini (Norma, I Capuleti E I Montecchi) ou le bouleversant "L'ho perduta" des Noces de Figaro de Mozart.

    Le chef d’œuvre qu’est "Youkali"

    La chanson de Solveig de Peer Gynt de Grieg sonnera doucement aux oreilles françaises qui retrouveront bien entendu la mélodie qui a inspiré "Lost Song" de Serge Gainsbourg.

    Théophile Alexandre s’épanouit avec panache dans des airs baroques, que ce soit l’Orfeo Ed Euridice de Gluck ("Odio, furor, dispetto", Armida d’Haydn ou Alcina d’Haendel ("Ah! Mio Cor"). On frissonne au son de Cavalli, "Dell' antro magico" (Il Giasone), avec cette expressivité servie par la voix puissante et tourmentée de Théophile Alexandre.

    Le quatuor à cordes féminin Zaïde s’attaque en instrumental à d'autres morceaux du répertoire classique :  le "Barcarolle" des Contes d'Hoffmann, le prélude d'I Masnadieri de Verdi, un autre prélude, celui de Samson et Dalila de Saint-Saëns et "La Reine de la Nuit" de La Flûte enchantée.

    Il faut aussi s’arrêter sur ces titres que sont l’étonnant extrait de La Pucelle d'Orléans ("Adieu, forêts") de Tchaïkovski, le tango "Yo soy María" tiré de María De Buenos Aires de Piazzolla, sans oublier, bien entendu, l’aria de l’opéra Zaïde de Mozart ("Tiger, Wetze nur die Klauen!").

    Dans cet album, il faut enfin ne pas passer à côté de ce chef d’œuvre qu’est "Youkali", le bouleversant tango tiré de l’opéra Marie-Galante de Kurt Weil.

    Un énorme vent de liberté souffle sur l’album de Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, avec le projet que, pour une fois, "drame" ne rime plus avec "dame".

    Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, No(s) Dames, 2022
    http://www.theophilealexandre.com
    https://www.quatuorzaide.com

    Voir aussi : "Emoción à tous les étages"

    Photo © Julien Benhamou

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  • Lady Di, celle qui ne voulait pas être reine

    Un an après sa biographie sur Simone Veil, c’est sur une autre femme que s’est penchée Amandine Deslandes : Diana, que la postérité à surnommé Lady Di (Diana, éd. City). Celle qui fut princesse de Galles, mariée à Charles, héritier du trône britannique, a connu une célébrité aussi brève que flamboyante. Son décès tragique le 31 août 1997 à Paris, suite à un dramatique accident de la route, a été aussi surmédiatisé que sa vie d’altesse royale et de people.

    Une abondante littérature est revenue sur l’existence de Diana. La biographie d’Amandine Deslandes déroule avec limpidité l’histoire de cette jeune femme morte à l’âge de 36 ans et qui a bousculé, comme personne avant elle, les traditions pour le moins sclérosées de la couronne britannique.

    L’histoire débute pour elle comme un conte de fée : Diana Spencer est issue d’une double lignée aristocratique, avec des ascendances "impressionnantes" (avec notamment "un lien d’alliance avec Churchill", tout de même). Son histoire familiale est cependant déchirée par le divorce de ses parents. Ce scandale pour l’aristocratie britannique ne va pas pour autant empêcher son union avec le Prince désigné de la couronne : Charles de Windsor, le Prince de Galles.

    À l’âge de 17 ans, Diana rencontre le fils d’Elisabeth II lors d’une partie de chasse. Celui dont la réputation de coureur de jupons n’est plus à faire jette son dévolu sur cette fille simple, "fleur bleue" et timide qui lui a tapé dans l’œil : "Elle était belle, joyeuse, amusante et pleine de vie". Le hic c’est qu’une autre femme est déjà au cœur de l’existence du Prince Charles : Camilla Parker Bowles.

    Le couple Charles-Camilla aurait mérité à lui seul un chapitre entier, tant leur relation est à la fois passionnée, complexe et romanesque. La maîtresse de Charles est omniprésent dans la vie de Diana ("l’ombre au tableau"), y compris le jour de son mariage, un événement médiatisé comme jamais avant lui : le faste et la pompe royale côtoient la modernité d’une retransmission télé et d’un merchandising qui prend des proportions inédites.

    Le "mariage du siècle", en juillet 1981, est le réel point de départ d’une Dianamania : le public qui se reconnaît dans la nouvelle princesse ("[Les Anglaises] veulent toutes lui ressembler") et la presse populaire sont fascinées par cette jeune femme aux cheveux bonds et courts qui va vite devenir une égérie de la mode et une people incontournable. Une nouveauté pour l’époque, qui ne va pas être sans conséquence sur sa propre existence. "Diana est devenue le membre le plus populaire de la famille royale", ce qui n’est pas sans provoquer jalousies et désapprobations, y compris chez la reine, pourtant attachée à sa belle-fille.

    Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles

    L’auteure revient longuement sur les aspects de sa vie privée : les relations avec le Prince Charles qui font alterner froideur, dédain, incompréhension et franche haine, y compris lors des voyages officiels. La personnalité de Lady Di peut être vilipendée ("La princesse serait capricieuse, tatillonne et difficile à vivre"), le public voue une admiration sans borne à "la prisonnière de Galles".

    Les aventures et les amants de Lady Di ne sont pas oubliées (un de ses amants parle à ce sujet de "baise de protestation"). La famille princière, agrandie très vite de deux fils, William et Henry, se déchire, jusqu’à rendre public leurs affaires privées : c’est le Camillagate en 1992 puis l’interview choc de  Lady Di en 1995, qui a fait scandale 25 ans plus tard en raison des méthodes douteuses du journaliste Martin Bashir.

    Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles : luttes contre la pauvreté, sensibilisation au problème du Sida, mines anti-personnels. Finalement, c’est dans ce domaine que l’action de Diana a été la plus déterminante, quitte à faire de cette aristocrate anglaise une madone qui a bousculé les comportements (notamment lorsqu’elle "a touché un malade du Sida") et qui a fasciné autant qu’elle a permis de drainé des centaines de millions de dollars en faveur des plus pauvres et des plus faibles.

    Avec le divorce de Diana, négocié pied à pied avec la famille royale, l’existence de celle qui ne voulait et qui ne sera pas reine prend un nouveau virage, jusqu’à l’accident du Pont de l’Alma.

    Amandine Deslandes consacre un dernier chapitre sur les suites de son décès. Elle pointe du doigt la mainmise des Spencer sur sa mémoire ("Nul ne saura jamais où la princesse repose") autant que les influences de Diana sur la couronne britannique, à commencer par ces fils qui ont été les premiers marqués par leur mère, disparue trop tôt.

    Nul doute que cette biographie tombe à point nommé, alors que nous fêteront en août prochain les 25 ans de sa mort. 

    Amandine Deslandes, Diana, Princesse des larmes, éd. City, 2022, 335 p.
    https://www.amandinedeslandes.fr
    https://www.facebook.com/amandine.deslandes.marseille
    http://www.city-editions.com

    Voir aussi : "En suivant la route de Simone Veil"
    "Amandine Deslandes : « Je pense que l’on a fait de Simone Veil une icône féministe contre sa volonté »"
    "Le trône de mère"

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  • Oh, les beaux jours

    Dandelion risque bien de rendre indifférent celles et ceux qui sont hermétiques à la magie, à la fantaisie et à la poésie. Après un voyage dans le premier tome de la série de Salvatore Callerami, voilà que sort en ce début d’année le deuxième volume des aventures de la petit Wéma, sous-titré "Gardez espoir", proposé par l’excellente maison d’édition Shockdom.

    Les dandelions sont ces esprits invisibles de pissenlits chargés de réaliser les vœux des hommes, têche qui s’annonce souvent des plus ardus, notamment lorsque la mort se mêle au jeu.

    Wéma, la dandelion du lion sacré Jua, suit son maître et protecteur dans un pays imaginaire, alors qu’un hiver rigoureux vient de s’abattre. Au même moment, sur la terre ferme, une vieille dame est en train de s’éteindre à l’hôpital. La mission pour Wéma est d’accomplir le vœu d’un enfant afin que sa grande sœur puisse dire au-revoir une dernière fois à sa grand-mère. Mission impossible ? Pas pour la déterminée dandelion. 

    Des fées, des esprits, des spectres, des gardiennes de la mémoire, des conseils de sages ou des âmes malfaisantes

    Des fées, des esprits, des spectres (les wigos), des gardiennes de la mémoire, des conseils de sages ou des âmes malfaisantes : voilà grosso modo les ingrédients de cette saga fabuleuse venue tout droit d’Italie, et dont on doit la traduction française à Federica Giuliano.

    Dandelion ravira les enfants, petits et grands, pour ses messages mêlant humanisme, altruisme et empathie. Tout cela se passe dans un univers fantastique, mais où le dérèglement climatique existe sous la forme d’un hiver dont "la transition a été brève".

    On aura bien entendu compris que l’auteur entend apporter sa contribution à un sujet sensible : "L’hiver ne veut pas s’arrêter ! On dirait que l’esprit du nord ne veut pas quitter ces terres…"

    Un vent de fraîcheur souffle sur ce deuxième volume de Dandelion, grâce évidemment à la charmante Wéma dont les paroles peuvent résonner chez chaque lecteur et lectrice : "Tu ne seras jamais vivant, Si tu restes convaincu que la seule solution est de demeurer à l'écart, loin de tous !"

    Salvatore Callerami, Dandelion, vol. 2, Gardez espoir, éd. Shockdom, 2022, 96 p.
    https://shockdom.com
    https://www.facebook.com/salvo.callerami
    https://www.facebook.com/fassioantonio

    Voir aussi : "Faites un vœu"

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  • Ce qu’elles veulent

    A l’origine, c’est sous le titre "All I want..." qu’a été imaginée l’exposition conçue pour la présidence portugaise de l’Union européenne en 2021. La Fondation Calouste Gulbenkian, au Centre de création contemporain Olivier Debré à Tours propose de découvrir cet événement.

    40 artistes portugaises de 1900 à 2020 servent de fil conducteur à un large panorama de la création lusitanienne : peintures, sculptures, dessins, objets, livres, céramiques, installations, films et vidéos, du début du XXe siècle à nos jours.

    Sous le signe de Lou Andreas-Salomé, une des premières voix féministes, les femmes sont mises au devant de la scène pour rappeler que dans les galeries des musées, la moitié de l’humanité a été "oubliée" depuis des siècles. Ce sont 40 créatrices – toutes venues du Portugal – que l’exposition "Tout ce que je veux" entend faire découvrir ou redécouvrir.

    Sous le regard sombre et bouleversant d’Aurélia de Souza

    Grâce à ces créations, l’exposition explore comment, dans un univers majoritairement masculin, les femmes sont passées du statut de muse à celui de créatrice. Le public pourra y découvrir des artistes de référence comme Aurélia de Sousa, Maria Helena Vieira da Silva, Lourdes Castro, Paula Rego, Ana Vieira, Salette Tavares, Helena Almeida, Joana Vasconcelos, Maria José Oliveira, Fernanda Fragateiro ou encore Grada Kilomba.

    "La motivation [de l’exposition] la plus immédiate est certes de concourir à la réparation de certaines injustices dans le vaste contexte de l’historiographie au Portugal mais cette exposition cherche aussi à comprendre pourquoi et comment, dans la seconde moitié du XXe siècle, les artistes portugaises ont atteint tant de notoriété, au niveau international notamment" a commenté ainsi Isabel Mota, Présidente du Conseil d’administration de la Fondation Calouste Gulbenkian.

    Sous le regard sombre et bouleversant d’Aurélia de Souza, peint en 1900, il semble que l’injustice soit en partie réparée grâce à un projet artistique rondement mené dans toute sa diversité.

    Exposition "Tout ce que je veux, 40 artistes portugaises de 1900 à 2020"
    Fondation Calouste Gulbenkian,
    Centre de création contemporain Olivier Debré, Tours 

    Du 25 mars au 4 septembre 2022.
    https://gulbenkian.pt/paris
    https://www.cccod.fr

    Voir aussi : "Angel Art"

    Aurélia de Souza, Auto-retrato (Autoportrait), 1900, huile sur toile,
    Museu Nacional de Soares dos Reis, Portugal © Photo Pedro Pina

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  • Animale et fatale

    Parmi les découvertes de ce début d’année, figure Edva, un duo – Ed et Tina – venu tout droit de Russie mais venu s’installer en France depuis deux ans. C’est d’ailleurs le français qu’ils ont choisi pour leurs premiers singles et leur futur EP, à paraître en mars prochain.

    Edva choisit l’électro pour parler d’amour, à l’instar de leur titre "Jim", qui portera le nom de leur futur album. Sur les images psychédéliques de leur clip, Edva fait se rencontrer, non sans audace,  Enya et  Krafterwerk, le tout sur des paroles oniriques : "À la vie à la mort / Prends ma main serre la fort / À la vive à la mort / Retiens-moi si je dors".

    Le romantisme du duo est fortement teinté de noirceur dans cet autre morceau singulièrement nommé "Blanche". Il y est question d’une "womanimal", une "femme-bête" ou "femme-monstre" se sentant comme une paria dans notre monde moderne. Cette quête de la nature est illustrée par le clip réalisé par Elisabeth Haust. Elle fait de cette femme instinctive et attirée par la nature un être à la fois insaisissable et à la recherche de celui ou celle qui pourra la comprendre et vivre avec elle : "Tu ne seras qui jamais je suis… Je me fusionne dans l’air pour que tu me respires".

    Il est également question de sens dans "Remember", qui explore la notion de surdité. Edva commente ainsi ce titre généreux : "Dans un monde sourd, où il est difficile de s’entendre, les réponses pourraient bien venir de l’intérieur. Si on est prêt à écouter cette voix au plus profond de nous, le monde se met alors à sonner".

    Voilà un duo à surveiller de près pour les prochaines mois. 

    Edva, Jim, 2022
    https://www.instagram.com/edvaofficial

    Voir aussi : "Le temps des cerises avec Cecilya"

    Photo : Edva - Ed et Tina

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  • À fleur de Poe

    Luc Loiseaux, il en a déjà été question sur Bla Bla Blog. Musicien, auteur, compositeur, chanteur, photographe, conférencier, il est aujourd’hui homme de lettres avec son premier livre, le recueil Le Poison et autres nouvelles.

    Si le terme de dandy s’applique à quelqu’un, c’est bien à Luc Loiseaux. Son univers est fortement influencé par les artistes de la fin du XIXe siècle, que ce soit Baudelaire, Verlaine, Edgar Allan Poe ou encore Oscar Wilde. De cet intérêt pour la décadence fin de siècle, Luc Loiseaux en a fait le leitmotiv de son recueil où la mort rôde, insidieuse et parée souvent des plus beaux atours.   

    "Les naufragés", la nouvelle qui ouvre le récit est une déambulation dans une ville dont le lecteur ne sait rien. Le narrateur décrit avec talent cette "nuit lamentable" où il traîne comme une âme en peine "de bars « canaille » en cabarets borgnes". Il y parle des hères croisés au gré des rencontres, "de pauvres égarés", "spectres du passé" et autres "anciennes gloires". Ce premier texte bref à la sombre mélancolie ouvre un recueil où ce sont des fantômes, des êtres inquiétants, voire la mort elle-même, qui intéressent l’auteur.

    La nouvelle qui donne son nom au livre donne la parole à Isis, quelques heures après un assassinat d’autant plus pervers qu’il a été imaginé par elle et sa victime comme un jeu sous forme d, le double suicide raté... Isis se félicite d’avoir joué ce sale tour à la personne qu’elle a à la fois le plus aimée ("Tu es mort de m’avoir trop aimée") et le plus haïe ("Je n’aurais jamais osé te dire combien j’avais envie de rire"). Contre toute attente l’éternelle victime a ainsi pris sa revanche, comme le dit avec ironie : "C’est une femme, une faible femme, elle ne me tuera pas. Quand donc cesserons-nous ces enfantillages ?" C’est non sans délectation, ni surprise, que le lecteur découvre cette histoire familiale de vengeance, dans laquelle l’influence d’Oscar Wilde est bien présente.

    La décadence comme un des beaux-arts

    Un autre auteur imprime sa marque dans l’ouvrage de Luc Loiseaux : Edgar Allan Poe. A l'instar de l'auteur américain, avec "Le chat pétrifié", nous voilà cette fois dans un univers fantastique fait de mystères, de magies, de sorciers d’un autre âge, de phénomènes inexpliqués et de sorts funestes. "Le double" pourrait lui aussi sortir d’un recueil des Histoires extraordinaires.

    La mort est plus que présente dans Le Poison et autres nouvelles : elle est personnifiée et se joue du rationnel et de l’évidence. Ainsi, dans "Ange", lorsque Claire voit Paul, son amour éconduit tambouriner à la porte de sa chambre, elle ne peut soupçonner que c’est un étrange voisin qui va donner une issue à une relation pour le moins compliquée. Dans "Julia", c’est dans un cimetière que le narrateur, un certain Honoré Moustache, romancier de son état, va chercher à la fois l’inspiration mais aussi l’amour.

    La nouvelle qui vient clore le recueil, "À trois sur la banquette arrière" – dont on peut saluer le titre – fait le choix plutôt rare de personnifier la grande faucheuse, à travers l’enquête menée par une journaliste aussi curieuse que naïve. Mal lui en prend : "Quand à toi ma belle Isabelle, j’avais très envie de te faire connaître les mystères, tous les mystères assurément, jusqu’à celui de la mort !"

    Pour illustrer son livre mêlant finesse d’écriture, romantisme noir et efficacité, Luc Loiseaux a fait le choix d'ajouter des calligrammes de sa composition. Ce sont autant de ponctuations visuelles et poétiques qu’Apollinaire n’aurait pas reniées.

    L’auteur ne fait pas mystère que le noir lui va très bien. En donnant à la mort le premier rôle dans ses nouvelles, il entend bien montrer que la décadence peut être un des beaux-arts.

    Luc Loiseaux, Le Poison et autres nouvelles, LSR, 2022, 154 p.
    https://moonccat.weebly.com
    https://www.facebook.com/Moonccat
    https://www.facebook.com/luc.santiago
    https://www.amazon.fr/Poison-autres-nouvelles-Luc-Loiseaux/dp/2958138208

    Voir aussi : "Rimbaud, sors de ce corps"
    "MoonCCat a une autre corde à sa guitare"
    "L’âme de fond"
    "C’est le plus dandy des albums"

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