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  • Fais comme l’oiseau

    Et si les grands bonheurs ne pouvaient être que murmurés ? Tel est le postulat de Rosemarie qui signe avec son nouveau single "Comme un oiseau" un étonnant et convaincant titre délicat comme une pluie de rosée. Voilà qui fait du bien.

    De sa voix juvénile et acidulée – comme l’est d’ailleurs le clip, tout en rose et en pastel -  la jeune chanteuse chante les émois de l’amour qui vous cueille subitement, "comme un oiseau dans l’eau et un arbre dans le ventre".

    L’artiste présente cette nouvelle création comme une ode à la résilience, un retour à la vie : "J’ai dormi de longues heure / Et j’ai trouvé le repos / Maintenant la paix demeure en moi / Résonne son écho".

    Le premier EP de Rosemarie sortira le 4 mars prochain. Nous l’attendons avec impatience. 

    Rosemarie, Comme un oiseau, single, 2022
    https://www.facebook.com/rosemariemusique
    https://www.instagram.com/rosemariemusic
    Chaîne Youtube de Rosemarie

    Voir aussi : "En attendant 1988"
    "Le temps des cerises avec Cecilya"

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  • Soudain, Vanessa Philippe

    C’est avec une fausse légèreté et une vraie mélancolie que Vanessa Philippe marque les esprits avec son nouvel album Soudain les oiseaux. Pour annoncer la sortie de l’opus, Vanessa Philippe a crée une trilogie de clips avec un poisson rouge sur les trois premiers singles "Suivre le soleil", "Les maux" et "Soudain les oiseaux".

    L’album s’apparente à une vraie catharsis : à la suite du décès de sa grande sœur en août 2019, Vanessa Philippe a écrit entièrement Soudain les oiseaux, qu'elle lui dédie. Elle lui fait une vraie belle déclaration d’adieu dans "Sister" : "Mon héroïne ma divine aux cheveux courts au cœur clair… Loin de l’enfance / Ce monde si dur / Qui t’a jeté sous terre… Mon cœur est ravagé".

    De sa voix fluette et faussement détachée, Vanessa Philippe parle dans "Si ce soir-là" de ce départ cruel : "Si ce soir-là tu reviens pas qu’est-ce que je vais faire de moi ? Je boirai de la vodka ?" La légèreté n’est qu’apparente pour cet album personnel et grave, enveloppé de surcroît d’une grande poésie : "Je ferai une avant-première des acteurs en plastique / Seule au bras Jusque en bar de chez moi".

    On saluera l’exigence d’un album dans lequel le minimalisme électro-pop ("Suivre le soleil") côtoie la chanson française ("Combien d’efforts") mais aussi le rock. L’auditeur pourra notamment voir derrière  le morceau "Soudain les oiseaux" une parenté avec le désormais classique "Silence des Oiseaux" de Dominique A ? : "Je suis l’eau qui circule / Entre les vagues je gis / Je suis comme sur un  fil / Je me lance dans le vent / Et le chant des oiseaux / M’accompagne le matin / Et toute la journée".

    Douleur, toujours, lorsque Vanessa Philippe chante "Les Maux" : "Ce soir j’me jette face contre terre / De mon futur je n’ai que faire / Je n’ai que dalle". Avec une fausse indolence et une vraie mélancolie, elle s’interroge sur le sens que peut avoir une vie après de grandes douleurs. C’est le message porté par "Malgré tout", enregistré en public, avec un son lo-fi nineties, une orchestration ramassée et une voix sans fard qui dit l’urgence et la douleur : "C’est ta mort qui me tape sur le système / C’est ta mort qui me tue… Malgré le monde, malgré tout ce monde".

    Important et bouleversant

    Dans "Parfois", c’est avec économie dans le texte comme dans l’interprétation que la chanteuse confie ses émois de femme qui, parfois, "explose" ou "implose", dans ces moments de fragilité où l’on est au bord du gouffre.

    Et si le salut viendrait de la fuite, des voyages ("J’aimerais tant m’évader sur une planète / Et pouvoir m’envoler sans avis de tempête / Planer au loin / Traverser les nuages / Comme un dragon aux écailles de sable") et, plus poétiquement, de se transformer en oiseau ("Battant l’air de mes bras / Je volerai un matin / Mes pieds quitteront le sol / Et la terre en survol / Vers une autre planète / J’irai en voyage quelque part sur la terre / ailleurs dans l’univers", "Une autre planète") ?

    "Trop de larmes", sans doute l’un des meilleurs morceaux de l’album, séduit par sa recherche mélodique et par son travail sur le son. Il y est également question d’oiseau ("Ton plumage me colle à la peau"). Vanessa Philippe fait de cette lamentation sur les nuées grises et sur un "ciel bien trop bleu" une quête existentielle, avec, en filigrane, la disparition de sa sœur, ce fameux oiseau personnifié. La chanteuse y parle de son envie de "dévaliser l’air" et le besoin de s’envoler. Ah, "Si nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le le vent glacé", chantait encore Dominique A…

    L’auditeur trouvera un peu de légèreté à travers le délicat "Pantalon de soi" ("Je danse en pantalon de soi / Et je tourne en manteau rose des bois / Je chante la musique parfois / Seule dans le salon et dans le noir"). Ne serait-ce pas un hommage à cette même sœur ? "Je mets un pantalon de soi / une blouse au parfum de ta voix / Je m’habille avec ton sourire / Je m’imprègne de tes souvenirs".

    "Paradise" clôt en anglais et en douceur un album important de la scène française. Important et bouleversant.

    Et soudain, Vanessa Philippe apparut. 

    Vanessa Philippe, Soudain Les Oiseaux, Le poisson spatial / Modulor, 2022
    En concert aux Trois Baudets, Paris, le 23 février 2022

    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi
    @vansphi

    Voir aussi : "Paris-Salvador avec Vicente et Marianna"

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  • Moi, Marie-Madeleine

    Après la chronique consacrée au Jésus de Roland Hureaux (éd. Desclée de Brouwer), faisons le grand écart avec cette fois une autobiographie romancée sur une de ces femmes qui a accompagné la prédication du Christ.

    On la doit la journaliste, écrivaine et féministe espagnole Cristina Fallarás, dont le roman L’Évangile selon Marie-Madeleine (El Evangelio según María Magdalena), publié en France aux éditions Hervé Chopin, a fait couler de l’encre de l’autre côté des Pyrénées. C’est au lecteur français de se faire une idée grâce à la traduction de cette fausse autobiographie qui a décidé pour le moins de prendre ses libertés avec les sources canoniques. L’antithèse donc de la biographie sage (trop sage ?) de Roland Hureaux.

    La Marie-Madeleine de Cristina Fallarás, loin d’être la prostituée colportée par la tradition, est une fille de commerçant, issue d’une puissante lignée aristocratique, celle de la reine juive Salomé Alexandra, "la dernière à occuper un trône indépendant pour les juifs". Une fierté pour cette femme, mais aussi, on s’en doute, un modèle pour cette habitante d'une civilisation patriarcale. Marie-Madeleine regarde avec intérêt son père s’occuper de la conserverie de poisson au bord de la mer de Galilée, apprenant par là-même les rudiments du métier. Une vie paisible donc, jusqu’à l’assassinat de son  père par la secte des Zélotes, en raison des fête qui tourne au massacre.

    Orpheline, l’adolescente est envoyée à Rome et y reste quelques année, avant de revenir s’occuper du commerce de son père. Alors qu’elle reprend en main l'entreprise familiale, elle apprend que les prêches d’un Nazaréen draine des foules. C’est d’autant plus mauvais pour les affaires que plusieurs pêcheurs ont abandonné leurs bateaux pour suivre ce prophète qui est surnommé "fils de Dieu". Intriguée, Marie-Madeleine, par l’entremise de son ami Lévi (Matthieu dans les Évangiles synoptiques), propose à ce Nazaréen son aide, alors que les disciples grossissent à vue d’œil. 

    "J’ai toujours su que Simon-Pierre était un nuisible"

    Prenant à contre-pied les Évangiles, Cristina Fallarás conte le ministère de Jésus à travers le regard d'une femme - et pas n'importe laquelle. Mieux, l’auteure espagnole fait une lecture féministe de ces quelques années qui ont révolutionné le monde, et le moins que l’on puisse dire est que les paroles de Marie-Madeleine sonnent clairement à nous, contemporains et contemporaines du XXIe siècle.

    Cristina Fallarás imagine une femme non seulement éduquée mais en plus forgée par une histoire familiale édifiante. Il y a cette aïeule, Salomé Alexandra, l’assassinat de son père ensuite, victime de fous de Dieu, une éducation humaniste auprès des conquérants romans et surtout un caractère bien trempé dans un pays dominé par les hommes. Il faut aussi souligner son idéalisme, lorsqu’elle regarde ses consœurs écrasées par des lois masculines et la société guidée par la violence : elle veut "en finir avec le pouvoir, les lois, le Temple, l’obéissance, la tyrannie du châtiment et la violence…" Rien d’étonnant si elle trouve dans Jésus un alter-ego : "J’avais découvert ce que nous avions en commun".

    En romancière,  Cristina Fallarás imagine un destin commun pour ces deux-là, qui fera hurler, on s’en doute, pas mal de croyants.

    Marie-Madeleine réserve ses mots les plus durs pour les disciples et les apôtres de Jésus. Elle les qualifie d’idiots ("Bande de simples d’esprit", "J’ai toujours su que Simon-Pierre était un nuisible") et, pire, de lâches lorsque le Nazaréen (Jésus, donc) est arrêté ("Face à la mort, ceux qu’on appelle disciples ou fidèles partisans disparaissent… et (…) seules les femmes restent"). Après son arrestation, qui sera suivi de ses tortures et de son exécution, seules quelques femmes vont tenter de le soutenir, alors que les hommes fuient Jérusalem. Ce sont pourtant eux qui vont s’atteler à réécrire le récit des Évangiles officielles à leur compte, ce que Marie-Madeleine condamne comme une injustice, un mensonge et une faute morale : "Tous les faux témoignages des scélérats qui alors même qu’ils n’ont pas accompagné le Nazaréen, profitent de lui, ne sont que des bobards".

    Le lecteur prendra ce livre pour ce qu’il est : un roman. Mais c’est un roman engagé qui met à l’honneur les femmes des Évangiles, trop effacées dans les textes officiels, pour des raisons bien entendu idéologiques. Grâce à son best-seller, Cristina Fallarás met à l’honneur une figure importante du ministère de Jésus, qualifiée à tort, sans doute, de prostituée. L’éditeur rappelle que le pape François a décidé, en 2016, d’élever Marie-Madeleine au rang "d’apôtre des apôtres".

    Cristina Fallarás, L’Évangile selon Marie-Madeleine, éd. Hervé Chopin, 2022, 256 p.
    Traduit de l’espagnol par Anne-Carole Grillot
    https://www.hc-editions.com/livres/levangile-selon-marie-madeleine
    https://www.facebook.com/herve.chopin.5
    Cristina Fallarás : Chaîne Youtube


    Voir aussi : "Jésus, l'inconnu le plus célèbre du monde"

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  • Angel Art

    Allier l’art et le caritatif : quoi de plus noble ? La maison de ventes Aguttes organise le jeudi 17 février à Neuilly une vente caritative au profit de l'AFSA, Association Française du syndrome d’Angelman.  

    Mais d’abord, qu’est-ce que le syndrome d’Angelman ? Il s’agit d’une de ces nombreuses maladies génétiques rares qui se caractérise par un retard global de développement, une absence de langage oral, des difficultés de motricité et de la marche, une épilepsie, des troubles du sommeil et de l’attention. Les personnes avec le syndrome d’Angelman nécessitent d’un suivi multidisciplinaire tout au long de leur vie et restent peu autonomes même à l’âge adulte. Bien évidemment, ces personnes malades ont besoin d’aide. Voilà pourquoi des personnalités du monde du sport et du spectacle se sont mobilisées pour l’AFSA.

    La perruque de Brice de Nice,  l’iconique marionnette Bobo le bâtard des Tuche 4 ou un clap de cinéma du film Chocolat

    Ce jeudi 17 février, les objets proposés à la ventes par la maison Aguttes ont été confiés pour être mises en vente : souvenirs de tournages, places de concerts, dédicaces ou encore moments privilégiés avec un artiste. Cette vente est avant l'occasion de faire une bonne action.

    Parmi les objets proposés à la vente, la perruque de Brice de Nice, une tenue portée par l’acteur Jean Dujardin sur le film OSS 117, l’iconique marionnette Bobo le bâtard des Tuche 4, un clap de cinéma utilisé lors du tournage du film Chocolat avec Omar Sy, un dîner et une séance photo avec Yann Arthus Bertrand ou encore d’autres archives de célébrités de la scène musicale, comme Grand Corps Malade, Angèle, Amir, Alain Souchon ou encore du monde du sport.

    Cet événement mérite à tout point de vue d'être mentionné : rendez-vous donc à Neuilly chez Aguttes ce jeudi 17 février pour cette vente exceptionnelle et qui promet d'être passionnante. 

    Vente aux enchères caritative "Angel Art", Aguttes
    164 bis, avenue Charles-de-Gaulle

    17 février 2022 à 18h à Neuilly-sur-Seine 
    Également en ligne sur Drouot Live
    https://www.aguttes.com/actualite/84057
    https://www.angelman-afsa.org

    Voir aussi : "Sempé en vente chez Artcurial"

    Photo : Angèle © Aguttes

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  • David Linx invite

    Revoilà le jazzman belge David Linx, dans une série de performances vocales, mais cette fois pour un album de duos et de featurings, Be My Guest. C’est peu dire que, véritable athlète de la voix, David Linx, le plus parisien des jazzmen bruxellois, nous avait tapé dans l’œil avec son précédent album, Skin in The Game, sorti en 2020. Le musicien invite cette fois du beau monde dans un opus produit avec soin et se jouant des frontières musicales. Pensez un peu : le pianiste argentin  Gustavo Beytelmann, le guitariste Nguyên Lê, le pianiste israélien Or Solomon ou le percussionniste belge Bart Quartier. Grâce à de pareilles pointures, le jazzman ne pouvait que proposer des créations ou des reprises d’une incroyable diversité et originalité.

    “Ce projet est venu à moi très naturellement tel un inventaire qui se réclame, un peu comme si je retournais à l’école. Il est un hommage à la transmission, à l’esprit de curiosité indissociable et indispensable à cet apprentissage par soi-même" a expliqué David Linx pour présenter son nouvel album.

    Au minimalisme contemporain et étrange de "Close To You" avec Magic Malik à la flûte répond la mélancolie de "Making Do, Making News" avec Eric-Maria Couturier au violoncelle. La voix de Linx s’empare des lignes mélodiques d’Elgar avec délectation. "My Bee", avec le guitariste Nguyên Lê est un jazz apaisé puisant des inspirations dans un ailleurs que sert admirablement le guitariste français, avec la voix autant en nuances qu’en puissance du chanteur belge.     

    Avec "By The Seine, nous voilà maintenant à Paris dans une création mélancolique du percussionniste Bart Quartier ("By the Seine I walk, I deam / Sitting down, letting off steam…". David Linx retrouve aussi Diederik Wissels pour le titre "The Bystander effect". La complicité des deux artistes est évidente dans cette manière de mixer jazz, électro et musique urbaine, dans une fusion incroyable de jazz et d’électro à la Kraftwerk.

    Écoutons maintenant "Vanguard » avec Ran Blake : là, les qualités de crooner de David Linx font sens, non sans une facture très contemporaine et des expressions sombres et tourmentées, tels des fantômes rôdant autour des artistes : "Soon the night is here / They all reappear / The shadows of thought are real". 

    David Linx a pour instrument une voix aux possibilités presque infinies

    David Linx a pour instrument une voix aux possibilités presque infinies, promettant d’emmener l’auditeur vers des territoires musicaux dépaysants. On pense bien évidemment à "Waves" que le musicien interprète avec Theo Bleckmann.  

    Après "Letter to Trevor", un premier titre slam interprété avec Trevor Baldwin, c’est une reprise de Björk, "Hunter", que le Belge met à la sauce jazz avec le piano d’Or Solomon, tout en nappes irréelles.

    Le jazz de David Linx se pare en vérité de mille couleurs, à l’instar de "Pagina de Dor", en featuring avec Hamilton de Holanda au cavaquinho. Il s’agit là d’une autre reprise, cette fois d’un titre brésilien traditionnel  de Cãndido Das Neves et Pixinguinha.

    L’amateur de jazz retrouvera d’autres visites, dont une pas si étonnante que cela : "Round Midnight". Pour cette reprise de ce standard incontournable, le chanteur belge s’est entouré du pianiste arménien multi récompensé Tigran Hamasyan. La voix posée de David Linx choisit la sobriété, la concentration et la précision au cordeau pour servir ce classique du jazz.

    Revisite encore, avec "Tonight You Belong To Me". Rani Weatherby  accompagne au ukulélé le jazzman donnant tout sa fraîcheur et son exotisme à ce classique de la musique populaire américaine des années 1920.

    Avec "I Think It’s Going To Rain Today", avec le guitariste belge Peter Hertmans en featuring, c’est un autre standard, cette fois de Randy Newman, qui est remis au goût du jour, dans une ballade toute en nonchalance : "Lonely, Lonely, / Tin can at my feet. / Think I`ll kick it down the street, / That`s the way to treat a friend."

    "Emportez-moi" avec Marc Ducret est la seule chanson française de l’album de duos. Elle a été écrite par le guitariste français sur des paroles d’Henri Michaux, sur des notes volontairement discordantes, bienvenues pour mettre en musique le poème surréaliste de l’écrivain belge : "Emportez-moi sans me briser, dans les baisers, / Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent, / Sur les tapis des paumes et leur sourire,/ Dans les corridors des os longs et des articulations."

    La chanson argentine emblématique "Como La Cigarra", de María Elena Walsh est reprise avec Gustavo Beytelmann, dans un tango lent et mélancolique terminant magnifiquement cet album d’amitié et de passions : "Tantas veces me mataron / Tantas veces me morí / Sin embargo estoy aquí / Resucitando".  

    David Linx, Be My Guest, The Duos Project, Cristal Records, 2021
    http://www.davidlinx-official.com
    https://www.facebook.com/DavidLinxOfficiel
    https://www.instagram.com/linxdavid

    Voir aussi : "David Linx, trouble-fait"

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  • Johnny chez la psy

    Contrairement à ce que pourrait laisser penser le prologue du livre de Jeanne Boyaval consacré au "Taulier" (Johnny Hallyday sur le Divan, éd. Envolume), Johnny Hallyday ne s’est jamais allongé sur le divan et l’auteure, psychothérapeute de son état, a encore été moins sa praticienne. Malgré tout, elle imagine et propose en annexe une séance de thérapie avec Jean-Philippe Smet, quelques jours avant son décès, le 6 décembre 2017 à l’âge de 74 ans. Pour autant, c’est bien une analyse psychologique dont a droit le musicien, disparu il y a moins de 5 ans.

    C’est peu dire que sa disparition a suscité l’émoi dans notre pays. À l’époque, c’était un hommage spontané, populaire et national qui lui avait été réservé, avec une cérémonie suivie par près de 15 millions de personnes, du jamais vu depuis les obsèques… de Victor Hugo en 1885 : "Il [Johnny] était devenu une religion nationale… Il est parvenu à relier dans ses concerts et il est impressionnant de constater qu’il continue de relier ses fans trois ans après sa mort un dimanche par mois dans l’église de La Madeleine".  

    Jeanne Boyaval rappelle que le chanteur a une relation particulière avec les Français, relation mystérieuse et fascinante, "christique" même, qui transcende de beaucoup son œuvre, par ailleurs importante et ayant traversé les générations. Sans lui faire offense, dit l’auteure, Charles Aznavour, disparu un an plus tard, n’a pas suscité pareille émotion.  

    C’est donc en psychothérapeute que Jeanne Boyaval s’est emparée du personnage à la fois vrai et romanesque de Johnny. Ni fan, ni proche de son entourage, mais citoyenne française attachée à ce chanteur hors-norme, l’auteure a choisi de reprendre les grands jalons personnels de la vie de Jean-Philippe Smet et de s’arrêter sur ses grandes blessures. Pierre Billon, l’ami de toujours qui a signé la préface, met en avant le caractère inédit de cet essai aussi court que pertinent, pour ne pas dire essentiel. 

    Blessure originelle

    La psy et écrivaine rappelle les faces sombres de l’artiste : l’addiction à l’alcool, au tabac et aux drogues, son magnétisme, ses relations mouvementées avec les femmes – y compris avec sa dernière épouse, Laeticia – son caractère à l’emporte-pièce, parfois sa dureté dans les relations humaines, y compris avec ses proches.

    Replongeant dans l’enfance du futur interprète du "Chanteur abandonné", Jeanne Boyaval rappelle la manière cruelle dont le petit Jean-Philippe Smet a été rejeté à l’âge de six mois par son père. Il laisse son enfant seul sur le sol de l’appartement familial, sous une couverture, après avoir emmené tous les meubles pour les vendre et s’adonner à l’alcool. Les deux hommes ne se reverront que des années plus tard, dans des circonstances pas moins cruelles. "Le traumatisme est massif", d’autant plus que c’est sa mère qui le délaisse quelques temps plus tard pour préférer une carrière de mannequin. Jean-Philippe Smet est finalement élevé par une tante, une femme dure mais aimante et avisée, qui pousse son neveu à se lancer dans la vie artistique. Sa nouvelle famille va devenir un jalon capital dans son existence, ses cousines devenant même de vraies sœurs (l’une d’elle, Desta, se marie avec un danseur américain, Lee Ketcham Hallyday, dont la future star reprendra le nom, avec le succès que l’on sait).

    Johnny Hallyday sur le Divan fait de ces premières années la blessure originelle qui explique beaucoup de choix personnels : son hypersensibilité, son besoin de réussir, de se surpasser et de se faire aimer, son rapport avec les femmes et notamment avec Laeticia, jeune femme à la carrière de mannequinat arrêtée net (comme sa mère biologique !), son obsession de la famille et bien entendu l’adoption de ses deux dernières filles, Jade et Joy.

    Le lecteur découvrira d’autres blessures moins connues, comme celle de son premier amour, une actrice, Patricia, décédée accidentellement. L’essai insiste sur ses relations incroyables avec son public, mêlant professionnalisme, engagement personnel et existentiel (l’auteure rappelle le danger qu’il pouvait mettre lors de ses shows, en arrivant par exemple en hélicoptère, alors qu’il avait le vertige) mais aussi et surtout l’amour. Un amour qui pouvait être âpre, puissant et aussi complexe que sa propre vie; johnny le chantait ainsi : "Derrière l'amour il y a / Toute une chaîne de pourquoi / Questions que l'on se pose / Il y a des tas de choses / Les pleurs qu'on garde sur le cœur / Et des regrets et des rancœurs / Des souvenirs éblouissants / Et des visions de néant."

    Jeanne Boyaval, Johnny Hallyday sur le divan,
    préface Pierre Billon, Ed. Envolume, coll. Sur le divan, 2021, 192 p.   

    https://editionsenvolume.com/johnny-hallyday-sur-le-divan
    https://www.facebook.com/jeanne.boyaval.1

    Voir aussi : "Les loups sont entrés dans Paris

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  • Le temps des cerises avec Cecilya

    Cherry Blossom, c’est pour Cécilya l ’album des grands départs, les départs vers ailleurs pour laisser le passé derrière, comme elle le chante dans "Road To Nowhere" : "I’m on the road to nowhere / Just left my past behind". C’est l’album d’une grande voyageuse mais aussi, mine de rien, une introspection sur l’identité de soi ("It’s Not Me") et sur le désir de changements ("Angel"). Logique pour une artiste qui a bourlingué de pays en projets, alternant concerts et festivals en Espagne d’où elle est originaire, participation à The Voice et collaborations diverses (Nacho Ladisa et la Vienna Blues Association).

    Aujourd’hui, c’est à Paris que Cecilya s’est installée pour y écrire son premier album. "Cherry Blossom", le formidable titre qui a donné son nom à l’opus, renvoie au Grand Confinement et à cette période si particulière où le temps était suspendu ("The spring has just started / Life’s a burst of coulours… Birds sing sweet melodies / And bees plan their alibis"), et la liberté mise sous cloche ("I forgot how to fly").

    Les influences américaines sont évidentes dans les 11 titres que propose Cecilya dans son album : pop ("Take Me To The End Of The World"), folk ("Paris Night Has No Stars"), r’n’b ("Tell Me") mais aussi country ("Don’t Buy Me Flowers", en featuring avec Marco Cinelli). 

    Les voyages sont au cœur de Cherry Blossom, mais aussi la recherche de soi

    "Angel", avec ce mélange de pop-folk à l’orchestration acoustique rassurante, a cependant des racines très européennes. L’artiste raconte l’avoir composée en 2013… sur la route de Saint-Jacques de Compostelle. L’ange en question fait référence à une rencontre de la musicienne avec un Français, ce fameux "ange" dont elle parle.

    Les voyages sont au cœur de Cherry Blossom ("Road To Nowhere"), mais aussi la recherche de soi, dans une quête existentielle, à l’instar de "Find Yourself" ou de "It’s No Me". Dans ce morceau, la chanteuse se demande qui elle est réellement : "I just don’t recognize  / Who I am really".

    Tout aussi mélancolique, le morceau "My Own July" à ce parfum de nostalgie qui est aussi un appel aux voyages, aux paysages sauvages et à la liberté : "Take me to the sea / I need to be free / Take me back to my July".

    Avec "Streets Of Tears", une ballade folk mélancolique folk sur une rupture amoureuse ("You left me crying /Thought I was dying"), Cecilya prouve son talent de compositrice, grâce à des lignes mélodiques imparables.

    Voyageuse dans l’âme, Cecilya a bien fait de poser ses bagages en France pour proposer Cherry Blossom, le premier jalon d’une carrière que l’on espère longue et fructueuse.

    Cecilya sera en concert au Triton (Les Lilas) le 12 Février 2022 de 20h00 à 22h00

    Cecilya, Cherry Blossom, Cecilya Mastres, 2021 
    En concert au Triton le 12 février à 20 heures
    Le Triton, 11 bis rue du Coq Français, 93260 Les Lilas 
    https://www.facebook.com/cecilyamestres
    https://www.instagram.com/cecilyamestres
    @cecilyamestres
    https://www.youtube.com/cecilyamestres

    Voir aussi : "Le b.a.-ba de Pamina Beroff"

    Photo : Philippe Poitevin

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  • Pouvoir pour les femmes

    Le moins que l’on puisse dire c’est que Flore Cherry nous prend à contre-pied avec son premier roman Matriarchie (éd. la Musardine). Alors oui : la journaliste, chroniqueuse radio spécialiste des questions sexuelles, créatrice du salon de la littérature érotique et des "Écrits polissons" est dans son domaine de prédilection avec un roman faisant la part belle au sexe, au féminisme et aux rapports entre hommes et femmes. Elle est aussi publiée chez son éditrice favorite, La Musardine, spécialiste historique de la littérature érotique exigeante et engagée. Ceci étant dit, il faut souligner l’audace de l’auteure avec ce roman que l'on peut qualifier de science-fiction, qui ressemble à peu de livres connus et qui risque bien de secouer le lecteur.

    Nous parlions de féminisme. C’est bien le thème central de Matriarchie, un mot qui est bien évident à rapprocher de la patriarchie, ces gouvernements et autorités uniquement détenus par des hommes. Flore Cherry imagine justement une revanche des femmes dans un futur relativement proche.    

    Imaginez, nous dit en substance l’auteure, que la France soit, en 2100, une "matriarchie". Les femmes ont pris le pouvoir sous la pression de mouvements féminismes. Elles ont surtout été bien aidées par une opération de communication et de manipulation "pour faire passer l’envie aux hommes de voter" lors des Présidentielles de 2022, et ce grâce à des parties fines organisées à des fins politiques. Lors de cette année politique et historique, la France bascule dans un nouveau régime, une matriarchie, donc.

    En 2100, une Présidente est chef de l'Etat. Elle se nomme Éléonore et pousse sur le devant de la scène Diane Maurepas. De nouvelles élections présidentielles approchent et un parti concurrent, le Parti Familial, dirigé par Fernand Fuego, entend bien mettre fin à la matriarchie à l’œuvre dans le pays. 

    Un récit où la science-fiction et l’anticipation ont toute leur place

    Mais en quoi consiste cette matriarchie précisément ? C’est là que tout le talent de Flore Cherry s’exprime, à travers un récit où la science-fiction et l’anticipation ont toute leur place. Les femmes sont au pouvoir et ont proposé aux hommes, avec succès, de se défaire librement de leurs droits civiques afin de pouvoir accéder aux "Maisons des plaisirs", des bordels institutionnalisés, fréquentés par des hommes comme par des femmes - qui les dirigent. Parmi les responsables de ces maisons closes d’un nouveau genre figure Athéna Sollipe, l’une des personnages-clés du roman.

    Outre cette tenancière et la figure montante Diane Maurepas, deux hommes, Matrior Marcel, un domestique ("matrior") au service de la politicienne et Fernand Fuego, futur candidat aux Présidentielles, sont les autres voix du récit. Soulignons ici l’ironie de l’auteure qui choisit des prénoms de déesses grecques pour ses héroïnes (Athéna, Diane) et deux prénoms, disons d’un autre âge pour être gentil, pour ces hommes (Fernand, Marcel).

    La multiplicité des points de vue sert à merveille la fluidité du roman alternant luttes politiques pour le pouvoir, histoires d’amour pour le moins contrariées, étreintes épicées et destinées parfois cruelles, à l’image du parcours pathétique (dans tous les sens du terme !) de Marcel, ancien haut-fonctionnaire devenu homme à tout faire, chauffeur et nounou, devant se séparer de sa patronne Diane et surtout de la fillette dont il s’occupe et dont il est attaché.

    Les scènes d’alcôves sont autant de prétextes à mettre en scène les rapports de force entre hommes et femmes, comme des réflexions sur la normalisation sexuelle et la place de la sensualité. Flore Cherry réserve quelques surprises à Diane et Fernand, dans une fin plus ouverte que jamais.

    Avec Matriarchie, Flore Cherry apporte un vent de fraîcheur à la littérature de SF, en y insufflant un souffle sensuel et érotique incroyable, tout en parlant d'amour, avec justesse. L’auteure connaît son sujet et on peut la suivre les yeux fermés lorsqu’elle nous guide par la main dans les couloirs de l’ex-magasin de La Samaritaine, devenue cette luxueuse maison de plaisirs où les orgies ont toute leur place.

    Mais derrière ces scènes où le sexe peut parfois être triste, il y a un discours réfléchi sur le féminisme et sur la place des hommes et des femmes. Athéna l’exprime ainsi : "Matriarchie n’était pas conçue pour que ce genre d’émotions circule librement, sans pouvoir en tirer avantage. Ils avaient tout normalisé : ils m’avaient transformée en poupée et ils l’avaient transformé en client… Ce monde avait tué notre amour."

    Flore Cherry, Matriarchie, éd. La Musardine, 2022, 224 p.
    https://www.lamusardine.com
    https://m.facebook.com/flore.cerise
    https://www.union.fr
     
    Voir aussi : "Union TV : un nouveau média pour une nouvelle révolution sexuelle"
    ”J’incarne en quelque sorte « la maîtresse d’école »”

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