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  • Nul n’est prophète en son pays

    Le nom de Riopy dira sans doute moins que la publicité pour une marque automobile dont il a signé la musique. Bliss, l’album qu’il sort cette année, a la même facture néo-classique : mélodies soignées et minimalistes, piano élégant et influence du courant répétitif contemporain ("La Vernatelle").

    Riopy s’est taillée une solide audience grâce à ses compositions alliant classicisme, contemporain, jazz et pop : le musicien français cumule près de 200 millions d’écoutes sur les plateformes de streaming. Pour son dernier opus, les titres sont relativement brefs (aucun ne dépasse les 4 minutes), ce qui permet à l’auditeur de passer naturellement d’un univers à un autre grâce à des vagues de piano harmonieuses ("Epiphany").

    Bliss démontre que la musique actuelle peut revenir à des fondamentaux sans perdre son âme : l’art de la composition, l’interprétation juste, la simplicité ("Joy"), l’apaisement ("Sweet Awakening") et l’émotion distillée par touches impressionnistes ("Noah"). Debussy semble s’être penché au dessus des épaules de Riopy ("Blee", "Lullaby"), avec toujours cette mélancolie ( "Sense Of Hope").

    Celui qui le monde entier écoute reste peu connu dans son propre pays

    Au grand jeu des références, l’auditeur pourra retrouver l’influence du compositeur Michael Nyman ("Blee"). Riopy sait de qui il tient : une culture musicale soignée et un don pour des compositions immédiatement reconnaissables. Ainsi, "Be A Prelude" est un titre aux multiples éclats alliant romantisme et modernité et serait digne de figurer dans une bande originale de film.

    On peut aussi voir dans l’œuvre de Riopy des compositions aux vertus relaxantes, pour ne pas dire thérapeutiques. Mais comme nul n’est prophète en son pays, celui qui le monde entier écoute avec passion, que ce soit aux États-Unis ou en Chine, reste peu connu dans son propre pays. Inutile de dire qu’il est absolument à découvrir.

    Riopy, Bliss, Warner Classics, 2021
    https://www.riopymusic.com
    https://www.facebook.com/riopymusic

    Voir aussi : "Joli grabuge"

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  • Joli grabuge

    Derrière Geronimal, un pseudo énigmatique dont l’identité est jalousement gardée secrète, se cache un artiste au talent singulier, auteur d’un premier album au titre évocateur, Touch.

    L’auditeur aura bien sûr tout de suite fait le rapprochement avec la French Touh, ce courant électro qui a bercé la fin du dernier millénaire et la première décennie des années 2000. Pour son opus, Geronimal propose 15 morceaux, dont 11 inédits, en forme de voyage alliant morceaux rythmés invitant à la danse ( "You And I", "Universe" ou "Rise Up") et compositions plus exigeantes, pour ne pas dire engagées ("Respect", "Nimal" ou "F**k That").

    Loin d’être un pur album de dance-floor, l’album de Geronimal parvient à séduire et étonner, à l’image de "Ggroove" – avec deux "G" – qui peut se lire comme une fusion réussie entre le premier tube électro Popcorn de l’histoire et une composition à la Daft Punk. C’est un joli "grabuge" que cet étonnant album, pour reprendre le premier morceau de haute volée composée par un musicien qui a choisi un pseudo renvoyant autant au chef indien Geronimo, guerrier rebelle et chaman qu’à la nature sauvage.   

    De ce point de vue, "Nimal" porte l’ADN de cet album à la fois organique et aux aux multiples inventions sonores et rythmiques.

    Un album à la fois organique et aux aux multiples inventions sonores et rythmiques

    Touch semble balancer à chaque moment entre l’humain, la nature brute et la technologie, dans une sorte de dialectique musicale. Ainsi, "Make Me", avec ses voix d’enfant et féminines et ses boucles synthétiques, paraît digne de pouvoir figurer dans un film de Cronenberg – que ce soit le père ou le fils.

    Disons-le : le producteur et compositeur parvient à humaniser et sexualiser ses machines, à l’instar de "Do You Love Me". À dessein : Geronimal présente cette "ode à la séduction" comme un morceau dénonçant l’instrumentalisation du genre féminin. Dans le même esprit, "Welcome" et ses boucles de voix féminines ("Qu’est-ce que tu veux, toi ?"), noyées dans des couches de sons synthétiques inquiétants, se présente comme une bataille rangée entre machines et humains – à moins que ce ne soit entre hommes et femmes.

    On aurait tort de considérer Touch comme un opus désincarné, à l’image du morceau "Kick Me" et son univers mystérieux et futuriste. Geronimal ne laisse pas la main à des machines, aussi inventives et ténébreuses qu'elles soient : le musicien s’engage ("Respect"), s’amuse ("Funking") et parvient à donner des couleurs inédites si l’on pense au titre électro-latino "Vamos".

    Et avec tout ça, il y a bien sûr le rythme, omniprésent : en conclusion, semble suggérer Geronimal, la machine est au service de l’homme pour son plus grand plaisir, et pas l’inverse.   

    Geronimal, Touch, Artpills Records, 2021
    https://www.geronimal.com
    https://www.facebook.com/geronimalmusic
    https://www.instagram.com/geronimal_music

    Voir aussi : "Tripes hop"

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  • Lorsque le saxo résonne

    C’est avec son trio Triple Roots que le saxophoniste Eric Seva a réalisé son album bien nommé  Résonances. "Résonances", comme le rappel de sons venus de loin, aussi bien géographiquement que temporellement.  

    Il est vrai que ce nouvel album est une invitation au voyage autant qu’une ode au dépaysement. Que l’on pense au mystérieux et languide "Luz de Port Coton" et surtout à  "Les roots d’Alicante" qui ouvre l’opus avec son jazz cool et soyeux, pour ce morceau frais comme un matin d’été et sachant s’encanailler. 

    Coloré et teinté de mélancolie

    Pour cet album à la fois coloré et teinté de mélancolie ("Résonances"), le saxophoniste est accompagné par Kevin Reveyrand à la basse et Jean-Luc Di Fraya à la batterie et aux percussions.

    Eric Seva et ses amis de Triple Roots ne prennent pas en otage l’auditeur : ils le prennent délicatement par la main pour une jolie déambulation ("Le village d’Aoyha"). Tout aussi globe-trotteur, "Green Landscapes" a ce je ne sais quoi de délicat dans ce jazz qui vient doucement caresser les oreilles.

    "Canopée", qui vient conclure l’opus du saxophoniste, exprime une superbe mélancolie, comme un atterrissage après un long voyage. Et de jolies vacances.

    Éric Séva - Triple Roots, Résonances, Laborie Jazz, 2021
    https://www.ericseva.com
    https://www.facebook.com/EricSevaofficiel
    https://www.instagram.com/ericsevaofficiel

    Voir aussi : "Ola Kvernberg brouille les pistes"
    "Éloge de la folie"

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  • Hopare au Forum des Halles

    Alexandre Monteiro, alias Hopare, est tout l’été invité exceptionnel du centre de shopping Westfield Forum des Halles à Paris. L’artiste plasticien propose au public une fresque immense sur le sol du Patio Pina Bausch.

    Hopare revient ici à sa discipline première le Street Art, à travers un visage, son thème de prédilection : le visage.

    L’artiste a commencé à se mettre au travail le 21 juin dernier. Il a pris possession du sol du Patio Pina Bausch, sous la canopée. Sa fresque coloré occupant plus de 250 m² prend la forme d’un visage féminin, que l’on imagine venant du bout du monde. L’œuvre est visible tout l’été par les Parisiens et les voyageurs de passage jusqu’à la rentrée.

    Le mystère plane sur l’identité de ce personnage, mais à vrai dire l’essentiel est ailleurs : Le centre Westfield Forum des Halles a décidé de faire proposer cette œuvre d’art à son public : "Après de longs mois de séparation, nous avions à cœur d’offrir aux Parisiens une occasion de se retrouver autour d’une expérience culturelle et artistique hors normes !" déclare Jeremy Desprets, directeur du centre commercial des Halles.

    Hopare au Westfield Forum des Halles, Paris
    https://fr.westfield.com/forumdeshalles
    https://www.hopare.com
    https://www.instagram.com/hopare1

    Voir aussi : "La Bretagne déconfinée de François Avril"

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  • Sombres Pyrénées

    sylvain matoré,roman,thriller,polar,pyrénées,crime,écologie,spUn personnage inattendu domine le polar de Sylvain Matoré, À l’abri du mal (éd. Le Mot et le reste) : c’est la nature et en particulier le massif pyrénéen.

    L’intrigue se passe dans un coin reculé de cette région, dans la vallée de la Himone où coule la Lisette. On sera bien en peine de trouver trace de ce cours d’eau sur Google Maps, mais à vrai dire ce n’est pas ça le plus important.

    Au milieu de la nature sauvage, une usine a été construite, une forge devenue un atelier de tissage puis, au XXe siècle une entreprise spécialisée dans le lait, Laely. Pour ses activités, les rejets toxiques sont devenus monnaie courante, des pratiques illicites mais faites en toute discrétion. Jusqu’au jour où le cadavre d’une femme est retrouvé sur la rive de la Lisette, non loin de l’usine en question. Sur le corps de la jeune femme, en sous-vêtements déposés non loin de là, on découvre des traces de brûlures au troisième degré. Les soupçons se portent très vite sur l’entreprise agroalimentaire, et en particulier sur son directeur, le cynique et ambitieux Jean-Paul Lanteau.

    L’enquête, menée par la gendarmerie locale et deux agents vaillants mais peu habitués à ce genre d’affaires, font monter la pression sur l’industriel et le personnel de l’usine dont Abdel, un employé parti refaire sa vie dans les Pyrénées après quelques sales coups et un tour en prison de quelques années. Le coupable idéal. Sauf que ce dernier, ainsi que sa compagne Mélanie ne s’en laissent pas conter. Persuadés que c’est du côté de la direction de Laelys qu’il faut chercher la cause de la mort, ils montent une opération punitive contre celui-ci grâce à un autre couple, Marco et Angèle. 

    Simenon pyrénéen

    À partir de la découverte d’un corps trouvé au pied d’une usine, une "malfaisante", Sylvain Matoré s’intéresse aux habitants d’un village perdu : un notable industriel, un ouvrier venu de la région parisienne au passé peu reluisant, un couple de baltringues, sans compter tous ces personnages secondaires pris volontairement ou non dans une histoire mêlant crimes, écologie, vengeance et pulsions.

    En Simenon pyrénéen, Sylvain Matoré semble se désintéresser du meurtre de cette jeune femme qui, "à première vue… s’était baignée au mauvais endroit, au plus mauvais des moments." Son attention se porte plutôt sur la petite société de ce coin enclavé. Les habitants, nous dit l’auteur, sont d’abord dépendants de cette nature impressionnante, pour ne pas dire intimidante : "Les constructions humaines sont plus modestes, mais l’harmonie et l’équilibre y règnent, conséquences du respect des habitants pour la nature… Ici, les hommes n’ont jamais eu la prétention de faire une compétition de la beauté avec la nature, ils savent que ce serait perdu d’avance".

    La mort de cette jeune femme est d’autant plus un choc dans ce village peuplé de gens modestes qu’il semble que la cause en soit une usine, construite comme un défi à la nature.

    On peut lire À l’abri du mal comme un polar écologique, un sous-genre en vogue en cette période où l’environnement est dans tous les esprits. Sauf que Sylvain Matoré brouille les pistes en passant d’un personnage à un autre : la mort d’une jeune femme innocente devient le prétexte à une opération de pieds nickelés qui va vite montrer ses limites, pour ne pas dire qu'elle va s'avérer vaine et destructrice à bien des égards.

    Personne n’est réellement à sauver dans cette histoire dense et crépusculaire où "les cols et les pics se tirent la bourre". Face aux éléments, aux montagnes, à une rivière insaisissable et à une vallée semblant vivre en autarcie, l’homme se révèle dans toute sa cruauté, son égoïsme, ses penchants et, finalement, son animalité naturelle.     

    Sylvain Matoré, À l’abri du mal, éd. Le Mot et le reste, 2021, 312 p.
    https://lemotetlereste.com/litteratures/alabridumal
    https://www.facebook.com/lemotetlereste

    Voir aussi : "Le prix de la misère"

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  • Vaudou en musique

    Étrange album : avec Pelerinaj, Érol Josué transporte l’auditeur du côté des Caraïbes dans une musique mêlant avec bonheur world , électro, pop, chanson, jazz… et vaudou haïtien.

    Oui, vaudou. Car Érol Josué, chanteur, danseur, conteur, chorégraphe, anthropologue mais aussi prêtre vaudou ("houngan"), fait de son opus aux 18 titres un vrai pèlerinage (d’où le titre de l’album) dans un pays riche, coloré, bruyant, complexe mais aussi blessé. C’est ainsi que l’on doit comprendre le titre créole "Je suis grand nèg" qui est aussi le chant d’un haïtien portant la voix de son peuple et des cinq piliers de ses souffrances :  division, colonisation, division, évangélisation et corruption.

    À l’image de ce pays, c’est le syncrétisme musical qui domine dans cet album riche, solide et cohérent. Syncrétisme car la place du religieux est bien présent, que ce soit dans les chœurs de "Mitolo", dans l’harmonium de "Pèlerinaj fla vodou" ou encore dans cette reprise folk et créole de l’"Ave Maria" de Gounod ("Palave Maria").

    Chanteur, danseur, conteur, chorégraphe mais aussi prêtre vaudou

    Érol Josué a pris son temps pour cet album personnel a plus d’un égard. La voix du chanteur s’envole avec grâce ("Badji") tout en se jouant de tous les registres :  douleur ("Je suis grand nèg"), retenue ("Tchèbè tchèbè"), tendresse ("Avelekete"), sans jamais renier les traditions musicales haïtiennes ("Kafou", "Kase tonèl").

    Le travail sur les sons est remarquable dans cet opus balançant sans cesse entre traditions et modernité. Pour "Gede Nibo" c’est du côté du jazz que s’aventure Erol Josué dans une musique métissée qui ne fait pas l’impasse sur les sons caribéens. "Sim goute w" est sans doute aussi le meilleur exemple de cette pop-folk teintée de musique traditionnelle… à moins que ce ne soit l’inverse.  Quant à "Ati sole", on est dans cette musique vaudou mâtinée de sons rock, au service de l’identité haïtienne. L’électro n’est pas en reste ("Rèn sobo","Ati sole"), pas plus que ces recherches de sons inattendus, que ce soit des riffs de guitares ou des claquements de fouets ("Erzulie").

    L’auditeur s’arrêtera assurément sur le morceau "Kwi a". Tout est là : l’efficacité de l’orchestration, le texte en créole et les percussions irrésistibles de justesse et de subtilité. Envoûtant, Pelerinaj l’est jusqu’aux dernières notes de "Kase tonèl", aux rythmiques envoûtantes. Sans oublier ces chœurs qui font toute la richesse d’un album bigarré, dense et ambitieux. 

    Pour aller plus loin, rendez-vous également sur cette critique de l'album d'Erol Josué par Patrick Dallongeville.

    Erol Josué, Pelerinaj, Geomuse, 2021
    https://www.facebook.com/OfficialErolJosue
    https://www.instagram.com/erol_josue
    https://geomuse.ffm.to/pelerinaj.oyd

    Voir aussi : "Éloge de la folie"

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  • Faire tomber le masque

    Et si, en pleine pandémie, nous avions besoin d’extérioriser notre énergie ? C’est le propos du photographe Christophe Keip qui a proposé à 521 personnes de faire tomber le masque pour "Hurler à la vie".

    Entre janvier et mars 2021, au début de la crise sanitaire et du Grand Confinement, des centaines de personnes sont venues crier devant l’objectif de Christophe Keip leurs colères, leurs frustrations ou leur désespoir. Mais il y a aussi et surtout ces expressions de désir de vivre ou de partager une joie.

    Des portes ouvertes aux émotions

    Si pour chacun, il s’agit d’une expérience libératrice qui répond aux besoins d’une situation conjoncturelle, cette expérience est pour beaucoup un acte révélateur, une prise de conscience, un pas insoupçonné vers l’écoute de soi. Autant de portes ouvertes aux émotions.

    Le travail de Christophe Keip pose une autre question : cette crise sanitaire et les chamboulements émotionnels qu’elle nous a fait traverser, ne nous aurait-elle pas aussi conduit vers une métamorphose ? Vers un autre nous, resté en silence, que nous pourrions découvrir ?

    A partir du 25 juin et jusqu’au 11 septembre, les 521 témoignages photographiques seront exposés à la Galerie Zola d’Aix en Provence.

    Christophe Keip, exposition "Hurler à la vie"
    https://www.hurlealavie.com
    https://www.ckeip.com

    Voir aussi : "Hopare au Forum des Halles"
    Hors-série "Grand Confinement"

    © Christophe Keip

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  • Lignes de fuite

    Retour aux sources pour MØSI – si tant est que le duo originaire de Quimper les ait jamais perdues. Pour leur dernier album Noble dans la défaite, sorti en mai dernier, et après plusieurs années au Québec, c’est en Bretagne que MØSI a fui et posé ses bagages et ses guitares pour un opus très rock. Les frères Marien et Melen Joly signent là un album âpre, musclé mais aussi engagé.

    Car l’engagement, MØSI n’en manque pas, à l'exemple de "Sol Main", un titre mystérieux qui cache en réalité un hommage aux millions de victimes de l’esclavagisme : "La traite, le code et les réserves / La canne à sucre, les coups de fouet / Je ne veux pas oublier".

    Engagement encore en faveur de la planète et de l’environnement dans le morceau "Le bourdon malade" où le duo breton se montre à la fois féroce et désillusionné : "Nous vivons une époque formidable / Je ne vous fais pas un dessin… / À chaque siècle son cycle noir, noir comme la peste / Noir comme la suie, noir comme le carbone que l'on rejette".

    "À nos plumes d'infinies lignes de fuite / Il faudra continuer à faire face"

    Dans cet album rock noisy aux influences lo-fi ne manquent ni les riffs de guitares ni les effets larsen, donnant à l’opus une facture brute à l’image du séduisant "Alaska" ou de l’étonnant et imparable "Sous la pluie Les Deux Sèvres".

    L’album faussement aride et cinglant de MØSI cache en réalité derrière son rock implacable une poésie inspirée et désespérée ("La défaite s’annonce / Mais j’y jette tout mon corps / Il n’y a guère que le temps qui soit compté / Et pour tromper le temps / Comme le font les éléphants / J’ai inventé un sort / Pour dénuder l’aurore / Quand la nuit s’évapore / Je prends la part des anges",  "La part des anges"), lorsqu’elle ne se fait pas mélancolique lorsque le duo parle de son pays dans son dernier single, "Octobre" : "Mon pays ce n'est pas un pays, c'est la pluie / C'est la terre qui nous nourrit / C'est les nuits à l'eau de vie / Pour foutre la paix au ruisseau".

    Nobles dans la défaite, les frères Joly le sont sans doute, mais ils entendent aussi ne perdre ni leur âme ni leurs combats ni leurs origines : "Nous guettions mille après mille / L'horizon et son encre de sel / À nos plumes d'infinies lignes de fuite / Il faudra continuer à faire face."

    MØSI, Noble dans la défaite, Terre Ferme/Inouïe distribution, 2021
    https://www.facebook.com/mosiband
    https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%98SI

    Voir aussi : "À cause des garçons"
    "Le club des cinq sous acide"

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