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  • Tripes hop

    En un autre temps, si un vocable pouvait s’appliquer à l’EP Dreamers de Purple Ashes, ce serait celui de "trip hop" : même voix éthérée à la Portishead, mêmes sons synthétiques, même travail sur la rythmique. Mais là où le groupe emblématique de la chanteuse britannique Beth Gibbons avait su construire une œuvre mystérieuse et fragile, le duo formé par la Française Clémence de la Taille et son acolyte Syan, avance avec volonté, aplomb et maîtrise ("Get My Way") dans leur nouvel EP.

    Si on reste dans le jeu des comparaisons, il y a de l’Eurythmics dans cette manière de proposer un court album étincelant qu’on s’approprie avec plaisir, à l’exemple du titre pop "Dreamers in Sleepless Night". "Et si les rêveurs ne dormaient plus ?", se demande en substance la musicienne.  Le clip détourne les films Métropolis, Faust et Nosferatu pour nous entraîner dans un rêve, ou plutôt un cauchemar.

    L’auditeur appréciera la sophistication de la composition et les constructions sonores de Purple Ashes, dans une pop-rock sachant puiser dans l’électro ("Nothins Is Better") pour servir des morceaux d’une belle complexité. On sera tout autant sensible au message engagé de Clémence de la Taille dans l’épidermique "Seasons Change" qui va droit aux tripes. Du bel ouvrage. 

    Purple Ashes, Dreamers, 2021
    https://www.ashes.fr
    https://www.facebook.com/purpleashes
    https://www.instagram.com/purpleashes_delataille

    Voir aussi : "Deux de jazz"

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  • Deux de jazz

    C’est en toute liberté, en nomades pour reprendre le titre de leur album (Nomad, Laborie Jazz/Socadisc), que Simon Denizart et Elli Miller Maboungou arpentent les terres du jazz dans leur court opus de huit titres.

    Nomad est le fruit de trois ans de collaboration entre le français Simon Denizart et le pianiste et percussionniste canadien Elli Miller Maboungou qui met en vedette principalement la calebasse (percussion d’Afrique de l’Ouest) dans cet album fin et subtil.

    Les deux musiciens font du piano le vrai héros de cette déambulation à la fois riche, élégante et lyrique, mêlant jazz ("Lost In Chegaga"), world music ("Nomad", "Zoha"), minimalisme contemporain ("Last Night In Houston") et même pop ("Manon"). C'est un univers métissé que proposent Simon Denizart et Elli Miller Maboungou, à l’exemple de "Zoha". Pour ce titre, les musiciens ont insufflé des mélodies et des rythmes venus d’Orient, donnant à ce morceau une immédiate connivence, pour ne pas dire familiarité.

    Dépaysant et nostalgique

    Tout aussi dépaysant et nostalgique, "Oldfield 2.0" est une respiration apaisante aux accents orientaux, avant une seconde partie plus world que jazz.

    Le duo parvient à sortir le jazz de ses derniers retranchements, non sans malice si l’on pense à "Square Viger, un morceau plus nerveux et enrichi d’improvisations enlevées. Pour "Last Night In Houston", les musiciens se font expérimentateurs en lorgnant vers le courant répétitif américain.

    Bien différent, "Manon", plus posé, plus pop et plus nostalgique, c’est du jazz comme on l’aime, attachant et contemplatif, avant qu’il ne se déploie avec générosité.

    "Lost In Chegaga" revient, lui, aux fondamentaux avec rythme et chaleur mais non sans des percussions d’une singulière richesse.

    L’album se termine avec l’étonnant "Outro" : 37 secondes seulement d’une ponctuation enchantée par deux amis décidément osés et aventuriers. 

    Simon Denizart et Elli Miller Maboungou, Nomad, Laborie Jazz / Socadisc, 2021
    https://www.simondenizart.com
    https://www.facebook.com/simondenizartmusic
    https://www.laboriejazz.fr

    Voir aussi : "Madeleine Cazenave derrière le piano"

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  • Transformations de Laughing Seabird

    Derrière le joli nom de Laughing Seabird se cache la Française Céline Mauge, à l’œuvre dans son très beau deuxième album, The Transformation Place,  avec ses 12 titres arrangés par Emmanuel Heyner.

    La chanteuse se fond à merveille dans un répertoire lorgnant tant du côté de l’Irlande ("My Shell"), de l’Angleterre ("Scarborough Fair"), des États-Unis ("In Spite Of") que de ce côté-ci de La Manche et de l’Atlantique ("Le somptueux règne des absents", "Karmen KéroZen", "Les filles sages et les autres").

    Avec une fausse légèreté,  Laughing Seabird aborde des sujets sérieux et parfois même rarement traités, comme la grossophobie dans le titre "I Feel Hat" qui ouvre l’opus : "I feet fat today / I ate too much yesterday evening". Pour le morceau "Vivre (No Way Back)", c’est la dépression qui est au cœur de cet appel à se ressaisir et avancer : "Chaque jour, travaille à te grandir / Réveille-toi, la terre est bien ronde / Chaque jour, œuvre à ton avenir / Et tu trouveras la voie".

    Balançant sans cesse entre folk, brit pop et chanson française, la musicienne d'origine bretonne revendique ses inspirations musicales anglo-saxonnes et irlandaises, à l’instar de la reprise du chant traditionnel "Scarborough Fair". On se ballade avec plaisir dans The Transformation Place, tant Laughing Seabird sait allier mélodies travaillées, rythmes entraînants et textes sensibles ("Direction oubliée (Let Go)").  

    "The Transformation Place", le titre éponyme de l’album, s’avère l’un des plus réussi : lancinant, coloré et gourmand, il frappe justement par ses transformations incessantes, ses ruptures et ses contrastes, tout comme par le travail sur la voix de Laughing Seabird, toujours sur le fil dans cet appel à ne jamais abandonner ses rêves d’enfant et à ne pas se fier aux premières impressions ("You have just opened the doors of your perception"). Tout cela est chanté, joué et interprété non sans clins d’œil assumé pour la musique psychédélique des années 70 (on pense par exemple au fameux "Bicycle Race" de Queen).

    Lancinant, coloré et gourmand

    L’étonnant et passionnant album de Laughing Seabird a beau être très cohérent, il n’hésite pas à prendre des chemins détournés, lorsqu’elle choisit de nous emmener du côté de l’Irlande, dans un voyage dépaysant et amoureux ("Just won’t fall in the trap / Take the road without a map / Sure to find not look for / Any key to a door… / I become the laughing seabird / And you’re my shell", "My Shell").

    Dans sa facture pop-rock assez classique, "Le somptueux règne des absents" dévoile un peu plus des failles de la douée et prolifique Laughing Seabird, comédienne, doubleuse et, ici, musicienne et chanteuse. Derrière ce titre énigmatique, se cache un morceau poignant sur une disparition qui ne passe pas : "J’ai beau me dire / Qu’il faut tenir / L’hiver s’installe et le froid empire… / J’ai beau vouloir et vaillamment croire / Mes combats sont vains quand vient le soir" ("Le somptueux règne des absents"). "L’appel du monde" semble répondre à ce cri de douleur : partir, découvrir le monde, chante-t-elle, comme en écho à ce qu’elle disait dans " The Transformation Place".

    La superbe reprise de Sailor Song" de Rickie Lee Jones ("I could fly away / But i take the sea / For stranger days than these") ainsi que le rock régressif "Karmen KéroZen" ont été inclus dans la bande original du film Ça tourne à Saint Pierre et Miquelon, réalisé par Christian Monnier et dans lequel joue, comme par hasard, Céline Mauge. La musicienne propose là aussi de nouvelles invitations au voyage, en pleine mer. Idéal pour laisser derrière soi ses tourments : "KarmenZéro, j’ai brisé mes chaînes / Rompu les barreaux de ma cage / Je suis pour toujours en voyage. "

    Laughing Seabird choisit le talk-over pour la dernière chanson faussement insouciante, "Les filles sages et les autres" : avec humour, effronterie et non sans un vibrant message féministe, Céline Mauge égratigne les contes pour enfants qui s'avèrent souvent être de vraies prisons mentales : "Les filles sages vont au paradis / Les autres, où elles veulent / Moi je poréfère suivre mon envie / Car la liberté n’a pas de prix." À bonne entendeuse… 

    Laughing Seabird, The Transformation Place, Ad Libertam / L'Autre Distribution, 2021
    https://laughingseabird.com
    https://www.facebook.com/laughingseabird
    https://www.instagram.com/laughingseabird

    Voir aussi : "Madeleine Cazenave derrière le piano"

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  • Souvenirs de Piednoir

    Piednoir vient de sortir son premier EP,  Souvenirs de la houle. La houle en question est celle de sa Normandie natale. Et il est vrai qu’il souffle sur cet album un vent frais et la sensation que le musicien dessine des paysages qui lui sont familiers.

    Pour autant, Souvenirs de la houle est bien un pérégrination intérieure qui est un  appel à la vie, aux rencontres et à l’amour, y compris s’il peut décevoir ("Dis-moi que tout va bien / Mens moi juste une dernière fois" ,"Dis-moi" ).  "La tête haute", son premier titre, entend délivrer une série de messages bienvenus : avancer, assumer, affronter et, surtout, garder "la tête haute". 

    Les chansons de Piednoir sont plus complexes qu’il n’y parait. Les instruments acoustiques ("À nous deux") sont enrichis de sons électros mais aussi de rythmes urbains ("22H23").

    Comment ne pas conclure cette chronique par les mots de Piednoir lui-même ? Et d’abord, au sujet de son nom, justement : "Piednoir, c'est mon nom. Et parce que j'ai dû le porter, à présent je veux qu'il me porte. Je veux qu'il agisse comme un prisme pour dévoiler la poésie et le positif qu'il y a dans chaque sentiment qui me trouble, me perd, qui me rend vivant."

    Piednoir, Souvenirs de la houle, EP, 2021
    https://www.facebook.com/PiednoirMusic

    Voir aussi : "Je me fous de la chanson qui passe"

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  • Gino Bartali, Juste Champion

    Exceptionnels destin et carrière que ceux de Gino Bartali !

    Les fans de cyclisme connaissent le champion et ses deux victoires au Tour de France, l’une en début de carrière en 1938 et l’autre à la toute fin, dix ans plus tard, en 1948, alors que le champion italien va sur ses 40 printemps. L’exploit est encore inégalé à ce jour.

    La performance est d’autant plus remarquable que la carrière du cycliste a été stoppée net par la seconde guerre mondiale, et là est justement le cœur de la bande dessinée de Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes (éd. Marabulles).

    Figure sportive autant qu’héroïque, Gina Bartali naît en Italie dans un village près de Florence. Ses origines modestes le destinent à une existence modeste – maçon comme son père ou ouvrier agricole comme sa mère. Mais c’est le vélo, qu’il découvre jeune, qui le passionne. Côtoyer son cousin Armando mais aussi et surtout son ami Giacomo Godbenberg ont un impact décisif sur son existence et sur sa vie. D’abord parce que la bicyclette a eu une place prépondérante dans les jeunes années de ces garçons, et aussi en raison des origines juives du petit Giacomo, fils d’expatriés russes.

    Rapidement, de courses amateurs en critériums semi-professionnels, Gino Bartali excelle dans les courses à vélo, jusqu’à obtenir ses premiers prix. Sport déjà populaire, le cyclisme est également vu comme une arme idéologique et patriotique dans l’Italie mussolinienne.

    Attachant et comme invulnérable

    Compétiteur dans l’âme, Gino Bartali arrive au Tour de France 1937 comme favori mais il lui faut attendre un avant avant de remporter le Maillot Jaune. Il est le deuxième Italien à remporter la plus importante course du monde. C'est pain bénit pour Mussolini qui rêve de faire de Bartali un des nouveaux héros italiens, "mais dans son pays, le fait qu’il n’encense pas le fascisme et qu’il ne mentionne pas le Duce dans son discours de remerciement fut remarqué."

    Ce premier acte de courage n’est pas le dernier pour celui qui est le plus grand sportif italien de son époque. Sa carrière est cependant compromise avec la seconde guerre mondiale, et contre toute attente, Gino Bartali choisit de se mettre au service de la Résistance et de la lutte contre l'antisémitisme.

    Les fans de cyclisme se précipiteront sur cette bande dessinée élégante et sensible consacrée à une des figures majeurs du vélo, double vainqueur du Tour de France et véritable héros dans son pays. Gino Bartali a été un peu oublié de ce côté des Alpes et cette BD est un excellent moyen de se souvenir de lui, de son parcours, de ses choix et de sa carrière qui aurait pu être bien différente sans le conflit mondial de 39-45 et des dictatures nazies et fascistes du XXe siècle.

    Sur un scénario dense et héroïsant le champion péninsulaire, Lorena Canottiere, Grand Prix Artemisia 2018 pour l’album Verdad, utilise des couleurs pastel rose et orangées. Il y a une certaine douceur, pour ne pas dire naïveté, dans les traits de ses personnages. En dépit de la dureté de cette période, les événements les plus tragiques sont évoquées avec pudeur pour ne garder que l’essence de l’athlète italien, attachant, héroïque, généreux et comme invulnérable. 

    Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes,
    éd. Marabulles, 2021, 128 p.

    https://www.yadvashem.org/fr/justes/histoires/bartali.html

    Voir aussi : "Le philosophe aux plateaux"
    "Lev Yachine, l’araignée dorée"

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  • Madeleine Cazenave derrière le piano

    Titre énigmatique, Derrière Les Paupières se présente comme un envoûtant, magnétique et étonnant album de jazz proposé par le trio Rouge. Madeleine Cazenave, à la composition et au piano, est accompagnée de Sylvain Didou à la contrebasse et Boris Louvet à la batterie.

    Le jazz de Derrière Les Paupières, composé de seulement six titres de 6 à 9 minutes, se déploie avec un luxe de couleurs et de densité, tel le premier morceau, "Petit jour". Faussement simple, il commence sur la pointe des pieds avant de se déployer dans des vagues mélodiques et orientales.

    Ces accents orientaux sont plus présents encore dans "Étincelles", dans une fusion entre jazz cool et musique world et métissée traversée par un mouvement nostalgique absolument bouleversant. 

    Une invitation au dépaysement

    C’est une invitation au dépaysement que propose le trio Rouge, à l’instar du morceau de près de 8 minutes, "Abysses". Ce titre, toujours dominé par le piano de Madeleine Cazenave, peut s’écouter comme un voyage vers nulle part. L’auditeur est invité à s’aventurer dans des contrées musicales mêlant jazz, électro et contemporain, avec ce je ne sais quoi de sons zen dominés par la contrebasse proprement métaphysique de Sylvain Didou. Elle est la véritable héroïne de cette piste passionnante et envoûtante.

    Derrière Les Paupières n’est pas sans rappeler l’album Music for Egon Schiele qu’avait sorti le groupe Rachel’s en 1996. Il y a à la fois du lyrisme et de la modernité dans cette manière d’aborder le jazz ("Brumaire"). Le trio ne le quitte cependant jamais complètement, à l’exemple de "4 %", qui nous ramène à un son plus familier. Ce jazz cool est impeccablement servi par des interprètes à l’unisson, non sans des décrochages mélodiques au piano.

    "Cavale", le morceau qui clôt l’album, avance doucement avant de s’élancer, mais non sans une forme de mélancolie comme s’il y avait encore beaucoup à dire et à partager. 

    Rouge, Derrière Les Paupières, Laborie Jazz, 2021
    https://www.madeleinecazenave.com

    Voir aussi : "Sarah Lancman : « Oser oser ! »"

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  • Carole Masseport est bien à sa place

    Nous attendions avec curiosité le nouvel album de Carole Masseport, En Équilibre. Après la sortie d’un premier single, "On se remet de tout", la chanteuse confirme tout le bien que l’on pensait d’elle, grâce à un album écrit et produit avec soin, avec entre autres Albin de la Simone et JP Nataf, le chanteur des Innocents.

    Carole Masseport chante en équilibre dans un opus tout en finesse ("À ma place"). Le thème de l’amour est bel et bien là même s’il s’agit d’amours cabossés mais revivifiés par de nouvelles rencontres : "une seconde chance n’a rien de ridicule… Je suis là, hélas, et lasse / Je suis là à ma place".

    Sur des textes faussement légers ("On se remet de tout"), la chanteuse assume la simplicité de textes et de mélodies parlant de la vie à deux ("Rien n’y fera"), de la recherche de l’autre ("Si elle m’aime"). L’attachement, les confessions, les trahisons et les doutes : Carole Masseport les exprime de sa voix fragile à la Enzo Enzo, avec une économie de moyens.

    Faussement légers

    Tout cela est fait avec grâce, y compris lorsque la musicienne s’engage et aborde le problème des migrants ("Calais"), avec un regard plein d’acuité et presque avec légèreté ("Garavan").

    Il faut aussi parler de "Cœur de dentelle",  une jolie balade folk avec guitare et voix sur la fin implacable d’une relation, en raison d’un homme "qui tire sur la corde… le loup qui dévore c’est toi". Cette histoire d’un échec amoureux est chantée avec une retenue bienvenue, ce qui n'empêche pas des moments de confession : "Dans mon lit c’est Hiroshima / J’y ai cru toi et moi / Tu m’as crue je ne joue pas".

    Toujours pop-folk, l’album se termine par une étonnante reprise de "Hors-saison", le tube de Francis Cabrel. Et s’il fallait chercher là les influences de Carole Masseport ? 

    Carole Masseport, En Équilibre, L’autre distribution, 2021
    https://www.carolemasseport.fr
    https://www.facebook.com/carolemasseportmusic

    Voir aussi : "Consolation"

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  • La disparition d’un curé de campagne

    alain denizet,châteney,curé,église,fuite,france inter,le vif de l’histoire,eure-et-loire,chartresIl est probable que le fait divers rapporté et étudié par Alain Denizet (Le roman vrai du curé de Châtenay, Ella Edition) ne vous dise rien. Il a pourtant défrayé la chronique dans les premières années du XXe siècle avant de tomber dans l’oubli. Tout l’intérêt de cet essai historique est de faire remonter à la surface une affaire qui a suscité l’émoi en France, bien des années avant l’arrivée de nos réseaux sociaux. Et à l’époque, c’est la presse écrite, qu’elle soit de gauche ou de droite, engagée ou non, qui a utilisé cette histoire peu banale à des fins politiques, morales, religieuses ou tout simplement mercantiles.

    L’histoire commence le 24 juillet 1906 à Châtenay, un modeste village d’Eure-et-Loire, à quelques kilomètres de Chartres. Joseph Delarue, un enfant du cru passé par un séminaire de la région, y est prêtre depuis 1898. Ce jeune curé y est apprécié pour son engagement, son "modernisme" et sa piété, allant jusqu’à s’investir pour créer une école privée, un projet qui ne sera pas sans conséquence pour la suite. À l’époque, la France est secouée par des luttes entre religieux et laïcs. En 1905, un an avant qu’éclate l’affaire, la Loi de séparation des Églises et de l'État a été votée dans un climat de division. De plus, comme le précise l'auteur Alain Denizet, "les églises se vident, il faut aller au-devant des âmes, s’extraire de la routine, mettre en œuvre des actions visibles, combattre la propagande anticléricale en développant un réseau associatif et en maintenant, coûte que coûte, les écoles privées".

    C’est dans ce climat tendu que se déclenche l’affaire : le 24 juillet 1906, après un court séjour à Paris, le prêtre disparaît subitement. Il devait revenir dans sa région où il est attendu, notamment par sa sœur qui s’occupe du presbytère. Le village puis la région s’en émeuvent et un juge est nommé pour enquêter sur sa disparition mystérieuse du prêtre de 35 ans. La presse lui emboîte le pas et le fait divers devient national : "Journaux parisiens et journaux provinciaux tirent quotidiennement à près de dix millions d’exemplaires, l’humble curé de campagne devient au fil du temps une célébrité."

    L’humble curé de campagne devient au fil du temps une célébrité

    Une célébrité dont on se serait bien passé en vérité, car ce que montre Alain Denizet, au-delà de l’affaire rocambolesque, ce sont les tiraillements au sein de la société. À la question de savoir ce qui s’est passé, si le prêtre est mort, s’il a été assassiné ou s'il a fuit, les journaux en viennent à gloser : l’histoire du curé de Châtenay est-elle un complot politique ? S’agit-il d’une disparition orchestrée par les autorités religieuses ? Les journaux, dont Le Matin, orchestrent de véritables enquêtes, proposent une prime et vont jusqu’à faire venir des occultistes, un mage hindou et même... une hyène. L’affaire rebondit quelques mois plus tard, cette fois en Belgique, avec la participation inattendue de Théodore Botrel, l'auteur-compositeur breton.

    Cette passionnante affaire est relatée avec précision par Alain Denizet. Jour après jour, on suit les rebondissements ahurissants de cette histoire de disparition qui a fait les choux gras de la presse de l’époque qui n’a pas hésité à échafauder des interprétations et des histoires de complots, sans hésiter à déverser leur fiel. Ça ne vous rappelle rien ?

    Le roman vrai du curé de Châtenay est intelligemment mis en perspective avec les mentalités et les événements de la France de la Belle Époque, quelques années après l'affaire Dreyfus et avant le déclenchement de la première guerre mondiale, un conflit qui, paradoxalement, va avoir ce rôle dans l’aplanissement de ce fait divers à la fois ordinaire et hors du commun. 

    L'essai d'Alain Denizet, qui devrait passionner les amoureux de l'histoire et des faits divers, liront avec grand intérêt cette enquête qui vient nous rappeler que la propagation de rumeurs, d'insultes et de complots ne date pas de nos moyens modernes de communication. Il faut enfin noter que l’émission de France Inter Le vif de l’histoire a récemment fait une chronique sur cette affaire.

    Alain Denizet, Le roman vrai du curé de Châtenay 1871-1914,
    Préface Olivier Cojan, Ella Edition, 2021, 375 p.

    https://alaindenizet.fr
    http://www.ella-editions.com
    https://www.franceinter.fr/emissions/le-vif-de-l-histoire

    Voir aussi : "Lev Yachine, l’araignée dorée"

       

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