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  • Les Part-Time Friends se sont bien trouvés 

    Les Part-Time Friends sont des artistes que l’on a plaisir à suivre, en raison de leur électro-pop sans chichi, admirablement bien produite et qui vous caresse doucement les tympans.

    Ils sortent ce printemps leur troisième album, Weddings & Funerals et continuent de tracer leur sillon. Le single phare de leur opus est "Paris en août", un titre qui n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, une déambulation dans la capitale en plein été mais, comme ils le disent eux-mêmes, "une allégorie naïve du sentiment que l'on ressent quand on trouve le ou la bonne personne. Quand la ville se vide de son monde, sous un soleil radieux, et que le quotidien s'en retrouve sublime et sublimé."

    Rencontrer la bonne personne, partager avec elle sa vie et ses passions : voilà qui doit forcément parler à Pauline et Florent, inséparables depuis 10 ans, et qui proposent avec "Weddings & funerals" un album personnel, attachant et au son acidulé. Ils le disent autrement : "Nos chansons sont des petits pansements pour l’âme. Nos textes parlent d’amour, de nos espoirs et de nos peurs… tous ces sujets qui comptent pour nous. Nous essayons de les exprimer avec des mots simples".

    Inséparables depuis 10 ans

    Dans un opus principalement en anglais et qui prouve les affinités des deux artistes avec la britpop ("Cold Hearts", "Looking Forward"), les Part-Time Friends chantent en français dans le morceau "Même si", qui peut se comprend autant comme une déclaration d’amour que comme un hymne du groupe : "Et si on est deux amis / Avec le temps on s’est compris..."  

    "Leave It All Behind" se présente comme une électro-pop enlevée et au son sophistiqué (on pense aussi à cet autre piste, "Sacrifice") et que l’on peut comparer avec le minimalisme bricolé de "2 AM" ou "Next Big Thing". C’est simple : il semble que nous nous baladions par moment dans la lo-fi des années 90, à l’instar du bien nommé "Sober".

    À la recherche de nouveaux terrains de jeu, le groupe ose la ballade folk avec le délicat "Dad" mais aussi l’électro-world avec un texte espagnol ("Mariposas").

    Les Part-Time Friends savent surprendre mais aussi séduire grâce à leur électro-pop séduisante et rafraîchissante. 

    Part-Time Friends, Weddings & Funerals, Un Plan Simple / Sony Music, 2021
    https://www.facebook.com/theparttimefriends
    https://www.instagram.com/parttimefriends

    Voir aussi : "Amis pour la vie"

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  • Pauline Paris,  parle-nous de Renée Vivien

    Il y a des découvertes comme ça qui sont à la fois bienvenues et de véritables plaisirs.  

    Renée Vivien (1877-1909) sera sans doute une étonnante révélation pour beaucoup. Femme de lettres de la fin du XIXe et du XXe siècle, elle a laissé l’image d’une artiste en marge, poétesse, féministe et figure du saphisme. Elle fut entre autres amante de Natalie Barney et proche amie de Colette ou de Pierre Louÿs. Il faut lire, et en l’occurrence écouter dans la version musicale de Pauline Paris, le poème "Avril" pour comprendre pourquoi la redécouverte de cette poétesse est indispensable.

    L’enregistrement de Pauline Paris, sobrement intitulé Treize poèmes de Renée Vivien, est un excellent moyen de découvrir cette formidable femme de lettres de la Belle Époque, victime d’une "dépression suicidaire" à l’âge de 32 ans. Nicole G. Albert souligne dans le texte de présentation que Renée Vivien se disait mauvaise musicienne, ajoutant aussitôt que "chaque grand poète est un musicien". Voilà qui rend pertinent l’opus présenté par Pauline Paris.

    Dans les 13 titres de l’album, la Parisienne a choisi avec soin des textes exprimant tous à leur manière le désir, dans une langue baudelairienne et parnassienne ("La pleureuse"). Hélène Hazera commente ainsi : "À l’écoute, on remarque à quel point la versification de Renée Vivien est parfaite. Vers de huit ou douze pieds, alternance de rimes féminines et de rimes masculines".

    Odes amoureuses, chants de ruptures, déclarations enflammées : Pauline Paris s’approprie des textes mélancoliques, voire sombres, pour en faire des adaptations délicates ("Sans fleurs à votre front"), légères ("Fraîcheur éteinte") ou gourmandes ("Violettes d’automne"), comme autant de bouquets de renoncules. Pour autant, l’opus est traversé de vagues sombres ("Mon ombre suit comme un reproche… comme un remords", "Chanson pour mon ombre"). Pour faire vivre les Treize poèmes de Renée Vivien, Pauline Paris n’hésite pas à utiliser la pop-folk ("Sans fleurs à votre front"), le rock ("À l’amie"), le talk-over ("Chanson pour mon ombre"), le jazz ("Lassitude") et même la  pop tahitienne ("L’éternelle tentatrice").

    Surnommée "Sapho 1900", Renée Vivien propose des textes saphiques à la sophistication parnassienne : "Je t’aime d’être, ô sœur des reines de jadis, / Exilée au milieu des splendeurs de jadis, / Plus blanche qu’un reflet de lune sur un lys…"

    "Car j’osai concevoir / Qu’une vierge amoureuse est plus belle qu’un homme, / Et je cherchai des yeux de femme au fond du soir"

    "Parle-moi", à la facture parisienne période début XXe siècle, voit surgir des épines derrière un splendide texte au désespoir naissant et inéluctable : "Parle-moi, de ta voix pareille à l’eau courante, / Lorsque s’est ralenti le souffle des aveux. / Dis-moi des mots railleurs et cruels si tu veux, / Mais berce-moi de la mélopée enivrante."

    Dans "À l’amie", c’est une ode à une amante dont il est question, cette fois sur un rythme rock : "Ainsi nous troublerons longtemps la paix des cendres. / Je te dirai des mots de passion, et toi, / Le rêve ailleurs, longtemps, de tes vagues yeux tendres, / Tu suivras ton passé de souffrance et d’effroi."

    "Sans fleurs à votre front", l’un des plus brillants titre de cet album, se comprend autant comme le regret d’une amoureuse éconduite que comme une revendication assumée pour les amours saphiques : "Je ne suis point de ceux que la foule renomme, / Mais de ceux qu’elle hait… Car j’osai concevoir / Qu’une vierge amoureuse est plus belle qu’un homme, / Et je cherchai des yeux de femme au fond du soir".

    Née à Londres en 1877 (Pauline Mary Tarn dans le civil), Renée Vivien a proposé un poème en anglais, "The Fjord Undine" : Pauline Paris s’empare courageusement de ce conte gothique et romantique consacré à une ondine, dans un esprit très fin de siècle : "By one far-off autumn evening, beheld I the long-dreamed-of water-maiden, Undine..."

    Tout aussi lyrique et parnassienne, "Prolonge la nuit" est proposée par Pauline Paris dans une interprétation scandée, sombre et très contemporaine : "Prolonge la nuit, Déesse qui nous brûles ! / Éloigne de nous l'aube aux sandales d'or ! / Déjà, sur la mer, les premiers crépuscules / Ont pris leur essor".

    Impossible enfin de ne pas parler de l’album de Pauline Paris sans parler de ce très bel objet littéraire, éditorial, musical et graphique, car ces "Treize poèmes" se présentent comme une œuvre totale mêlant le CD de la chanteuse française, les textes de Renée Vivien, des textes de présentation et les magnifiques dessins à l’encre d’Élisa Frantz. Pour ce très bel album, Pauline Paris s’est vue décernée le Coup de Cœur de l’Académie Charles Cros 2020. Voilà qui est mérité. 

    Pauline Paris, Treize poèmes de Renée Vivien, Quart de Lune / ErosOnyx, 2021
    http://www.paulineparis.com
    https://www.instagram.com/paulineparisofficiel
    https://madeinfrantz.com

    http://www.renee-vivien.com

    Voir aussi : "Claire Gimatt, libre"

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  • Le grand blond avec une guitare

    Revoilà le norvégien Bjørn Berge dans ses nouvelles aventures blues, avec son dernier album, Heavy Gauge. Une jolie surprise pour cet un opus de neuf titres relativement court (45 mn environ).

    Bjørn Berge, au micro et à la guitare, a fait le choix d’une orchestration brute, ramassée et efficace. Le grand blond norvégien est accompagné de Kjetil Ulland à la basse et Kim Christer Hylland au clavier et aux percussions. "The Wrangler Man" est un blues porté par la voix rocailleuse et inimitable du chanteur venu du nord et adulé bien au-delà de son pays. 

    C’est à Haugesund, ville de la côte ouest de la Norvège dont il est originaire qu’il a commencé à jouer de la guitare vers l'âge de 13 ans. Après avoir joué du bluegrass pendant plusieurs années, la révélation a lieu lorsqu'il découvre Robert Johnson, Elmore James, Leo Kottke et John Hammond Jr. qui seront ses influences majeures.

    Comme dans les plus belles heures du blues

    De sa voix caverneuse et sensuelle, Bjørn Berge propose du pop-blues de bon aloi avec des titres languides et à la profonde mélancolie, à l’exemple du titre "A Matter Of Time" ou de "Bottle Floats.

    Comme dans les plus belles heures du blues, l’artiste alterne moments menés tambour battant ("Alone Again"), titres plus apaisés sentant la route poussiéreuse de la ceinture dorée ("Coliseum") et morceaux sombres et mélancoliques : "Bound Of Ramble" ou le superbe "Stray Dog".

    Pour "I Got It Made", le Norvégien se fait plus rock and blues. Un rock dont Bjørn Berge ne se refuse pas d’arpenter les pentes les plus abruptes et sombres, à l’instar du survitaminé "Rip Off" ou de "Alone Again", plus pop-rock. Rien d’étonnant pour un guitariste avouant son admiration pour des artistes venus d’autres horizons, à l’exemple de Beck ou des Red Hot Chili Peppers.

    Et puis, il y a toujours ce timbre viril qui ne peut pas laisser indifférent. Le chanteur s’en sert comme d’un vrai instrument dans l’étonnante dernière piste, "Bottle Float". Le bues se fait alors déchirant de sincérité et d’une indéniable modernité. 

    Bjørn Berge, Heavy Gauge, Blue Mood Records/Pias, 2021
    https://www.facebook.com/stringmachine68
    http://mkartist.no/index.php/bjorn-berge-electric-band
    https://www.instagram.com/bjorn_berge_stringmachine

    Voir aussi : "La Norvège, l’autre pays du blues"

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  • Claire Gimatt, libre

    Avant de parler musique, il faut absolument parler de l’objet. Avec son dernier opus, Sorcières, Claire Gimatt propose un  album incroyable dans sa conception. Outre le CD physique, Sorcières ce sont aussi 10 cartes conçues comme des cartes postales à envoyer à vos proches, votre famille, vos amis ou la personne que vous aimez. Le recto est une photo et au verso, la chanteuse a prévu des QR code pour chaque chanson, accompagnée des paroles.

    Même le facteur, s’il est un peu curieux, pourra s’amuser à scanner en loucedé le code et profiter d’une chanson sur son portable. Bref. Faire de chaque chanson un objet et un cadeau à partager : ce n’était pas si sorcier que cela, mais il fallait y penser.

    Musicalement, Claire Gimatt a fait le choix d’un album faisant la part belle aux voyages et à la poésie, avec le sens du détail, de la précision mais aussi du rythme ("Tu bats des cils").

    L’album a été réalisé en collaboration avec le musicien-arrangeur Arthur Guyard qui mêle sons électroniques et acoustiques (piano, contrebasse, violon, guitare électriques, voix). L’univers de la chanteuse se dévoile par touches de couleur, à l’instar de "Dali", qui est une transcription d’une grande sensibilité de l’art du peintre espagnol: "Oh je saute dans le tableau de Dalí, là où les éléphants sont les reflets des cygnes".

    Tout aussi surréaliste, "L’orme" se présente comme une ode pour un arbre aventurier, "la nuit quand le monde dort". L’auteure part à la poursuite de cet arbre insaisissable : "Attends-moi… Je cours derrière le majestueux centenaire. Je courrai jusqu’à perdre haleine pour que le jour jamais ne vienne." Rarement un chant d’hommage à la nature n’aura été aussi poétique et onirique.

    Claire Gimatt n’est pas une artiste à se laisser enfermer dans des cases. Elle va puiser jusque dans l’Antiquité ses créations,  lorsqu’elle rend hommage à ces femmes oubliées des anciens temps, avec le délicat et comme suspendu "Les pleureuses".

    Un  album incroyable dans sa conception

    C’est la patte féministe de Claire Gimatt, visible également dans "L’aviatrice". La chanson a été écrite en hommage à Amelia Earhart, la première femme à avoir traversé l’Atlantique, et disparue en mer en 1937 à l’âge de 40 ans. Ce titre poignant nous parle aussi d’une aventurière taiseuse et dont l’univers se limitait à une étroite cabine de pilotage.

    Aventure encore, cette fois en mer, avec "Marine", dans un texte riche et visuel : "Marine prend le large / Divine sur la houle / L’orage gronde le vent tourne / Mais Marine est barge / Marine borde la grande voile / Elle part à la chasse au monstre / Au kraken, la pieuvre aux naufrages / Qui change les navires en sable".

    Nous parlions de féminisme à travers le personnage d’Amelia Earhart et, dans une moindre mesure, des pleureuses. Claire Gimatt aborde ce sujet d’une manière étonnante avec le titre "Sorcières" qui donne son nom à l’opus. On sait que les sorcières sont revenus en odeur de sainteté ces dernières années. Symbolisant à la fois la femme libre et persécutée, elles ont une forte portée symboliste féministe. Claire Gimatt prend à bras le corps ce personnage légendaire pour en faire le sujet d’une très belle ode : "Je cherche la sorcière / Des sous-bois / Celle qui enchante l’hiver / Prends-moi dans tes bras / Puissante la sorcière m’a rendu la voix".

    Il est encore question d’une femme rejetée dans "La baronne". La chanteuse, de son timbre à la Barbara, y fait le portrait touchant d’une aristocrate "déchue, un fantôme".

    L’auditeur sera sans doute étonné par l’avant-dernier titre, "Dans le noir". Cet étrange morceau personnel traite du besoin de rester dans le noir, "tapie dans l’ombre", loin de la lumière, "pour voir hors scène". La chanteuse s'en explique en off : "Je songe parfois combien il me plairait unifiant mes rêves de créer une vie seconde et ininterrompue où je passerais des jours entiers avec des convives imaginaires… Tout obéirait à un rythme de fausseté voluptueuse."

    Sorcières se termine avec "Grain de nuit". Dans ce nouveau portrait d’un "joli brun de fille au gilet rouge sombre", Claire Gimatt choisit une facture pop et plus urbaine, mais sans renier son lyrisme. Et tout ça avec un joli brin de voix, fragile comme un souffle de vent d’été finissant. 

    Claire Gimatt, Sorcières, Microculture, 2021
    https://www.facebook.com/clairegimatt
    https://www.clairegimatt.fr

    Voir aussi : "Herenger, bourlingueur"

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  • Les garçons de la plage

    Évidemment, The Forgotten Memory of the Beaches, le dernier album de Captain Rico & The Ghost Band  renvoie aux belles heures des plus célèbres garçons de la plage de l’histoire du rock que sont les Beach Boys. Le premier album du groupe de rock français est composé de 12 titres instrumentaux en hommage à la surf music : normal pour ces trois Basques passionnés par ce sport et cette culture, et vivant non loin de la côte atlantique.

    L’opus s’ouvre sur le coloré "The Forgotten Memory Of The Beaches", derrière lequel se lit l’insouciance, la nostalgie, la mélancolie mais aussi une bonne dose de joie de vivre. On pense aussi au morceau "The Giant Turtle Is The Memory Of The Beaches".

    Tout l’album n’est qu’hommage à cette période de la fin des années 50 et du début des années 60, bercée par la surf music. Ne manquent ni les guitares fiévreuses, ni les réverbérations, les ni les rythmes endiablés et encore moins la plage et le soleil californien ("Running In The Wind", "Epic Wave").

    On trouvera également une brillante inspiration au "Misirlou" de Dick Dale ("Tame The Wave"), que les amateurs de Pulp Fiction auront reconnu dès les premières mesures. 

    Tout l’album n’est qu’hommage à la surf music

    Il y a une étrangeté dans cet album d’une autre époque mais balançant entre les sixties et la première moitié du XXIe siècle, comme si les Captain Rico se faisaient un bon shoot spatio-temporel ("The Drunk Shake"). Mais l'hommage n’empêche pas l’inventivité et l’apport de sons venus de ce siècle-ci afin que l’inspiration ne se transforme pas en pastiche encroûté. C’est l’électronique de "Giant Turtle", le rock progressif de "Hang-Glider"ou les guitares saturées et lo-fi de "V8 Interceptor".

    Avec "The Lost Lagoon",  nous voilà cette fois dans une voyage au long cours exotique mais aussi étrange sur une île paradisiaque, bien loin de la Californie ou du Nouveau Mexique de "Mexican Road Trip".

    Le terme de nostalgie n’est pas galvaudé pour cet étrange album qui nous rappelle que les Beach Boys reste l’un des groupes les plus géniaux de l’histoire du rock et auquel les trois garçons basques de Captain Rico rendent hommage avec un mélange d’aplomb et de regrets ("The Engulfed Monastery").

    Captain Rico & The Ghost Band, The Forgotten Memory of the Beaches, Spider Music, 2021
    https://www.facebook.com/cptricoandtheghostband

    Voir aussi : "On the road again"

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  • Destination Pondicergy, France

    Pondicergy Airlines : derrière ce titre en forme de boutade se cache un opus étonnant à la musique pop et world éclatante de fraîcheur et de rythmes. Pour être plus explicite sur le nom de l’album, ce dernier nous transporte entre Pondichéry d'où vient la famille de Stéphane Edouard et Cergy où a grandi le musicien. L’instrumental éponyme qui ouvre l’opus offre une belle entrée en matière, avec un morceau faisant appel à la tabla, au kanjira, à la flûte mais aussi aux guitares.

    L'artiste témoigne ainsi : "Cet album est le fruit de mon histoire symbolisée par les rencontres, les voyages, les destins. Au départ, Pondichéry, cet ancien comptoir français du sud de l’Inde d’où sont originaires mes parents, pour arriver à Cergy, la ville de mon enfance. L’Inde, à travers ses senteurs et sa musique, a marqué ma jeunesse et représente le noyau de cet album autour duquel orbitent des inspirations musicales venues de tous les continents. Cergy représente une autre part de mon enfance vécue en parallèle : le rock, le jazz, la world m'ont ouvert de nouveaux horizons totalement exaltants. Mon cœur a trouvé la juste mesure entre ces deux cultures".

    Pour le clip de "Pondicergy Airlines", le musicien a fait le choix d’images colorée et d’une mise en scène fluide et ébouriffante d’inventivité. 

    Une rare ambition musicale

    Dans l'album de Stéphane Edouard, les influences indiennes du musicien sont là ("Bada Khana", "Radjai Kanigal", "Salt March"), influences donnant à l’album une très grande richesse musicale. Ainsi, "Satya & Sohane" est un chant d’amour en hindou, digne de figurer dans un film de Bollywood grâce à un mariage entre la word music, la pop et le rock.

    Dans ce grand voyage musical proposé par Stéphane Edouard, il ne faut pas oublier les haltes dépaysantes du côté du jazz contemporain ("A Song For Sara"). Le jazz : voilà aussi l’autre affaire du musicien multi-instrumentiste qui ne se prive pas de montrer que le cool est aussi à l’aise du côté de Londres, New York ou Paris que de Delhi ("Full Metal" ou le luxuriant "Appa")

    Pop, world et jazz viennent donc se mêler avec une singulière évidence ("One Last Time"). L’auditeur sera amené dans un périple incroyable mêlant sons et rythmes ("Oh My Ghosh!", "Ondine" avec la sitar de Michel Guay), donnant au jazz un nouveau lustre et des sensations rarement entendues ("Rue du haut lieu").

    Né en France, Stéphane Edouard n’oublie pas le pays où il est né, avec le merveilleux chant d’amour à sa mère, "Mother’s Love (Amma)", un pur joyau aussi bouleversant et tendre que coloré et syncrétique.

    "Xol Naleu", un titre pop aux teintes jazzy et hindoues, écrit et interprété par Julia Sarr, vient clôturer un album d’une rare ambition musicale. 

    Stéphane Edouard, Pondicergy Airlines, Cjazz Productions / Absilone, 2021
    https://stephane-edouard.com
    https://www.facebook.com

    Voir aussi : "Les histoires caribéennes de Samy Thiébault"

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  • Des héros à l’infini

    Voilà une BD souriante, intelligente, bien construit, au graphisme moderne et qui devrait intéresser un très marge public. Les Mythes grec en BD de James Davies est proposé par les éditions Larousse. La vénérable institution propose de dépoussiérer l’apprentissage de la mythologie grecque grâce à un album fantaisiste et humoristique, mais sans pour autant trahir l’histoire de ces mythes, héros et légendes qui ont traversé les siècles.

    Après une présentation sur deux planches de la Grèce antique et de la mythologie, l’auteur anglais passe directement dans le vif du sujet avec un récit imaginé du chaos et de la création du monde. Grâce à James Davies, les noms de Gaïa, Cronos ou Atlas ne seront plus un mystère, pas plus que la naissance de la génération suivante de dieux et déesses : Déméter, Hestia, Héra, Hadès, Poséidon et, the last but not the least, Zeus.

    Sans pour autant trahir l’histoire de ces mythes

    S’ensuit une présentation de ces personnages imaginaires mais fondamentaux dans la pensée grecque. Et l'auteur le fait avec pédagogie. Là justement est l’apport des Mythes grec en BD : à côté d’histoires racontées en 6 pages, avec humour et non sans nombreux clins d’œil ("La boîte de Pandore", "Thésée et le Minotaure", "Persée et Méduse", "Orphée et Eurydice", "Le Cheval de Troie" et "Les Douze travaux d’Hercule"), James Davies intercale à chaque fois deux planches explicatives et thématiques, mettant en perspective la mythologie dans la pensée et la société grecque : comment les mythes servaient à expliquer le monde, une galerie des héros expliquée par le centaure Chiron, les créatures fantastiques ou le monde souterrain après la mort.

    Plus intéressant encore, l’auteur parle de l’importance du destin dans l’histoire de ces mythes et met en parallèle la carte géographique de la Grèce avec les lieux de personnages légendaires : le Minotaure en Crête, l’île d’Ithaque où vivait Ulysse et bien entendu la cité de Troie dans l'actuelle Turquie. Pour ce dernier exemple, remarquons aussi que la légende racontée par Homère et l’histoire se rejoignent de manière troublante. 

    James Davies, Les Mythes grec en BD, éd. Larousse Jeunesse, 2021, 61 p.
    https://www.editions-larousse.fr
    http://www.drawjamesdraw.com
    @drawjamesdraw

    Voir aussi : "Les aventuriers de l'Arche perdue"

    James davies,bd,bande dessinée,mythe,mythologie,grèce,antiquité

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  • À Karim Berrouka, la fantasy reconnaissante

    Les fans et spécialistes auront immédiatement identifié Karim Berrouka comme l’ex-chanteur du groupe punk-rock emblématique Ludwig von 88. Pour autant, c’est de l’auteur de fantasy dont il sera question dans cette chronique.

    Il sort en effet en ce début d’année son dernier roman au titre provocateur et annonçant tout de suite la couleur : Le Jour où l’Humanité a niqué la Fantasy (éd. ActuSF). Comme on ne se refait pas, Karim Berrouka ne manque pas de consacrer plusieurs chapitres à une bande de punks en 1989, en bien fâcheuse posture au cours d’un festival autant déjanté que capital pour le récit. 

    Il faut dire que le roman part sur ce sacrées bases. Dans une obscure médiathèque, une prise d’otage a lieu. L’auteur est un étrange personnage habillé en lutin et au nom imprononçable (Puckamspinnrade) et dont les revendications et les menaces sont pour le moins étonnantes : "Vous avez niqué la fantasy !" Au même moment,  l'une des héroïnes du récit, Olga, a jeté son dévolu sur un coup d’un soir, un étrange personnage qui finit par ruiner son appartement en mitraillant son intérieur… à l’aide de son sexe ! La jeune femme s’en sort en se défendant à coup de batte et tuant du même coup celui qu’elle a eu tort de faire entrer chez elle. Sauf que son cadavre disparaît quelques heures plus tard. Aurait-elle rêvé ? 

    Des auteurs réels pris en otage pour les besoins du livre

    Voilà pour l’entrée en matière de Le Jour où l’Humanité a niqué la Fantasy. Si je vous dit qu’il est aussi question d’un enfant "schizophrène" conversant avec un démon, d’un étrange couple de spécialistes ès surnaturel, d’auteurs de fantasy séquestrés, de fées mal intentionnées, de vagues apocalyptiques, de boutons de manchette magiques ou de sacrifices humaines, vous comprendrez que Karim Berrouka entend bien donner un bon coup de pied dans la fourmilière dans un milieu littéraire toujours en plein renouvellement du genre.

    Le moins que l’on puisse dire c’est que l’écrivain ne s’embarrasse pas de précautions d’usage dans son roman mixant avec bonheur récit azimuté, personnages court-circuités, références littéraires assumées, clins d’œil appuyés et dialogues mêlant drôlerie et férocité.

    Karim Berrouka va jusqu’à mettre en scène des auteurs réels pris en otage pour les besoins du livre : en l’occurrence, Li-Cam, Elisabeth Ebory et Stefan Platteau. Les fans de fantasy seront aux anges. Karim Berrouka  s’offre même le luxe de faire intervenir son propre éditeur, Jérôme Vincent, auteur du dernier chapitre ("Scène finale post-narrative") qui est plus une présentation de la politique d’ActuSF qu’une réelle conclusion d'un récit complètement dingue.

    Tout cela donne un livre sous amphétamine qui se dévore d’une traite et qui fait de la fantasy le sujet principal de ce roman… de fantasy. Karim Berrouka entend ainsi montrer que ce genre sait non seulement se renouveler mais est également capable de ne pas se prendre au sérieux. Rien que pour ça, merci monsieur Berrouka.

    Karim Berrouka, Le Jour où l’Humanité a niqué la Fantasy, éd. ActuSF, 2021, 430 p.
    https://www.editions-actusf.fr/a/anonyme/le-jour-ou-l-humanite-a-nique-la-fantasy
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Karim_Berrouka

    Voir aussi : "Lorsque la réalité dépasse la science-fiction"

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