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  • Jour 1

    Qui a dit que l’électro ne pouvait pas être charmeuse ? La preuve avec AVBE (il faut prononcer "Aube") et son premier EP, Dawn., qui nous propose un son électro-pop  ("Ever, Ever More") refusant la facilité et la virtuosité agressive.

    AVBE a travaillé deux ans, entre la France et les Etats-Unis, avant de proposer cet album aux multiples inspirations et où le plaisir musical est la seule règle : "Écoutez la musique. Ressentez la. Rigolez et pleurez - mais continuez à danser. Nous sommes tous des fous emplis d’émotions", annonce le musicien.

    Il y a de l’urbain dans "Day 0",  un premier titre aux rythmes enveloppées de réverbérations étranges, alors que le titre plus pop, "Who I Am", est traversé d’éclairs lumineux et mélancoliques, avec des pointes jazzy.

    Pour "Dawn", le morceau qui donne son titre à l’EP, c’est une balade mélancolique que propose AVBE, avec ce son acoustique et folk, mêlé à des teintes électro-jazz. Plus jazzy encore, "Where I Go", en featuring avec Sam H., se veut plus plus lumineux encore et même planant.

    Dawn adopte une facture franchement électro avec "Moon", grâce à ses pulsations organiques mais où la pop ne baisse pas les armes, grâce à une vraie recherche musicale. Des sons primitifs s’allient aux machines au service d’un morceau éthéré, s’envolant ailleurs, vers des jours cléments. 

    AVBE, Dawn, EP, 2020
    https://www.facebook.com/AVBEmusic

    Voir aussi : "Apple Jelly, hors-contrôle"

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  • Astérix de retour à la rentrée prochaine

    En ce début d’année, les créateurs d’Astérix, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, prenant la relève d’Uderzo, décédé l’an dernier, annoncent la sortie d’une nouvelle aventure du plus célèbre des Gaulois.Une bonne nouvelle, en cette période de cororonavirus et de crise sanitaire.

    La planche dévoilée en exclusivité présente le druide Panoramix perturbé par un rêve dans lequel un de ses vieux amis lui demande son aide. Ni une ni deux, le petit guerrier gaulois, son compagnon livreur de menhir et le chien Idéfix prennent la route, non sans emporter une solide ration de potion magique. 

    Cette nouvelle aventure devrait conduire Astérix et son ami Obélix bien loin de leur village armoricain. Lisons ce qu’en dit le scénariste Jean-Yves Ferri : "Avant même de commencer à plancher sur l’album, j’avais déjà pensé à faire voyager nos éternels irréductibles vers cette contrée qui… ah, excusez-moi, j’ai un double appel !"

    Vous l’aurez compris : il faudra attendre le 21 octobre prochain pour avoir toutes les réponses à cette 39e aventure – et la 5e du couple Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, en dignes héritiers d’Uderzo.

    Et gageons que les auteurs ne manqueront pas de faire quelques clin d’œil à un certain virus.  

    Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, Astérix, nouvel album, 21 octobre 2021
    https://www.asterix.com

    Voir aussi : "Astérix et la fille de Vercingétorix"

    © 2020 Les Éditions Albert René / Goscinny – Uderzo Astérix® - Obélix® - Idéfix®

     astérix,obélix,panoramix,uderzo,idéfix,jean-yves ferri,didier conrad

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  • Lorsque la réalité dépasse la science-fiction  

    Intelligences artificielles, robots, voyages dans l’espace, extraterrestre, fins du monde ou utopies environnementales : voilà les sujets traités par Ariel Kyrou pour son dernier livre, Dans les Imaginaires du Futur (éd. ActuSF), sorti cette année, terminé et publié alors que la planète connaissait sa première grande pandémie mondiale. Une actualité dont l’auteur ne se prive pas de faire référence, comme un pied de nez à ses réflexions sur les récits imaginés par nombre d’auteurs de SF, de films, de BD ou de séries a priori d’abord destinés au seul divertissement.

    Précisions d'emblée que les imaginaires dont parle l'auteur concernent d’abord la science-fiction. La fantasy est laissée de côté (si l’on excepte la place laissée à Game of Thrones), notre auteur ayant choisi finalement de parler d’anticipation, du futur et de réflexions sur notre monde et sur le futur.

    En quoi les imaginaires peuvent nourrir nos réflexions sur l’avenir de l’espèce humaine et de la terre ? Voilà l’objet de l’essai d’Ariel Kyrou, constitué de 5 grandes parties et d’une conclusion de 30 pages. À cela, s’ajoute ce que l’auteur appelle une "volte-face d’Alain Damasio", qui est en réalité, n'en déplaise à l'auteur, moins un contre-point à l’essai qu’une sorte de préface en plein milieu de l’ouvrage.

    Fort de sa culture immense, comme l’écrit Alain Damasio, Ariel Kyrou "ne cherche pas l’exhaustivité" en proposant un ouvrage encyclopédique, mais il s'évertue à raconter des récits de SF – souvent mâtinés de fantastiques – permettant de déchirer le rideau de l’imaginaire et "désincarcérer le futur". À ce sujet, il faut évoquer la brillante analyse du roman Je suis une légende de Richard Matheson et de ses adaptations cinématographiques.

    "L’imaginaire n’est ni positif ni négatif par lui-même", annonce-t-il, avant de préciser que son livre "n’oppose pas la raison à l’imaginaire, la quête rationnelle du « vrai » aux mensonges de ces « histoires » que nous racontent les pouvoirs asservissants." C’est d’abord sur une définition – ou plutôt des définitions – de l’imaginaire que s’attaque d'abord Ariel Kyrou, déroulant des réflexions sur les idéologies, les utopies et les dystopies. En quoi la science-fiction peut-elle avoir sa place dans le réel, et plus précisément dans l’anticipation – à l’instar de la Red Team de l’Agence de l’Innovation de Défense (AID) ?    

    Le deuxième chapitre de l’essai s’intéresse aux "créations technologiques" et au progrès, en abordant des thématiques très courantes dans la SF : l’intelligence artificielle, la "singularité technologique", le tout numérique, l'autonomie des machines ou les dérives prométhéennes des géants des nouvelles technologies – avec notamment des passages importants consacrés à Elon Musk (SpaceX). L’auteur considère que c’est "cette alliance entre des projections fictionnelles et la recherche scientifique qui constitue l’essence de ce qu’on appelle l’IA." Une telle considération amène naturellement l’écrivain à cette figure légendaire et inquiétante qu’est HAL, de 2001 L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick, tant progrès et déclin humain semblent être indubitablement liés. 

    "Retour sur terre"

    Voilà qui nous mène à l’une des parties les plus sombres du livre, "fins du monde" (chapitre III). C’est la "pluralité des effondrements" qui intéresse d'abord Ariel Kyrou : virus et contagion (l’écriture du livre a singulièrement couru pendant la crise sanitaire), destructions des écosystèmes, stérilité (La Route), dérèglement climatique et bouleversements sociaux (Le Transperceneige) amènent à des tableaux littéralement apocalyptiques et post-apocalyptiques. Et là, Ariel Kyrou a cette mise en garde : que "la fiction post-apocalyptique" ne soit pas "idéologique, voire réactionnaire" et que le "demain, après le cataclysme, [ne soit pas] une caricature de l’hier." Dit autrement, le futur peut-il être "la continuation sans surprise du présent" ? Des auteurs répondent par la négative grâce à des apocalypses originaux et délirants : J.G. Ballard, Philip K. Dick ou, plus récemment, Liu Cixin dans Le Problème à trois Corps).

    A contrario, pour l’auteur, "les fictions de fin du monde, ou plutôt de fins de notre monde, nous permettent de travailler nos peurs, même peut-être de les convertir en actions politiques, en espoirs et en pistes pour d’autres façons de vivre."  En bref, "un désir collectif de recommencer à zéro".

    Une section est consacrée à des thèmes que la SF a largement abordés et "imaginés" : les extraterrestres, la conquête spatiale (largement "ancrée dans la vieille logique productiviste. Capitaliste. Extractiviste" est-il écrit), la conquête de Mars (vue sous sa dimension imaginaire, pour ne pas dire délirante) et l’articulation entre Dieu et la vie extra-terrestre. Avec cette question finale bien plus capitale qu'il n'y paraît : est-il vraiment opportun et surtout prudent d’envoyer un salut amical aux aliens ? Est-ce bien raisonnable d’avoir la tête dans les étoiles ? s'interroge encore Ariel Kyrou, qui écrit ceci : "Le souci du sol et de nos interactions avec les agents de Gaïa ne s’oppose pas, mais au contraire se marie à merveille avec l’exploration des étoiles.

    "Retour sur terre" donc pour la dernière section du livre consacrée justement à Gaïa, dans laquelle le spécialiste réunit "imaginaires de l’écologie et de la technologie." Dans ce chapitre V, à la fois plus engagé, plus sombre et plus complexe, Ariel Kyrou dépasse le thème de l’imaginaire pour aborder celui de des utopies, non sans l’utilisation de termes qui pourront dérouter pas mal de lecteurs et lectrices : "entropie", "néguentropie", "luddite", "homo-ingénierie" ou "biotopie." L'imaginaire prend ici véritablement corps grâce à des réflexions autour des utopies et des dystopies, avec ces questions fondamentales à se poser : "Qu'est-ce qui est souhaitable et qu'est-ce qui ne l'est pas ? " Dans cette dernière partie, l'auteur se risque à l'engagement : "L'utopie peut d'un même élan contribuer à la réinvention de concepts comme l'argent ou le travail selon d'autres principes, plus solidaires dans leurs mécanismes mêmes."

    Cela ne veut pas dire pour autant que l’auteur veuille tisser un scénario pour le futur, ni faire des prophéties de Cassandre : "Ballard nous rappelle que ni l’enfer ni le paradis ne sont pour demain, pas plus que ne le sont le rêve transhumanisme et son miroir inversé, la fin du monde, que nous vivons d’ores et déjà au quotidien." La réalité frappe à la porte de cet essai qui a pour épicentre l’imaginaire et le futur. En abordant ces événements que sont les accidents nucléaires de Tchernobyl ou de Fukushima ou bien encore le projet social et alternatif de ZAD à Notre-Dame-des-Landes, Ariel Kyrou entend "désincarcérer le futur"  et le rendre perméables à notre présent. Et de nous prévenir au sujet des avertissements sombres liés à l’environnement : "Notre planète n’est guère menacée à très long terme… [Mais] pour nous, microbes humanoïdes qui nous agitons sur son corps pluriel et imprévisible, c’est une autre histoire."

    Ariel Kyrou, Dans les Imaginaires du Futur, éd. Actusf, coll. Trois Souhaits, 2020, 621 p.
    https://www.editions-actusf.fr/a/anonyme/dans-les-imaginaires-du-futur
    @ArielKyrou

    Voir aussi : "Les veilleurs immobiles"
    "Quand la science-fiction chinoise s'éveillera"

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  • "The Kid" mis à l’honneur par La Poste

    Nous fêterons en 2021 le centenaire du chef d’œuvre de Charlie Chaplin, The Kid.

    À cette occasion, la vénérable institution de La Poste rend hommage à Charlie Chaplin et à ce film majeur en sortant un timbre spécial.

    The Kid, réalisé et joué par Charlie Chaplin, sort en 1921 et remporte très vite un succès énorme. Il est par la suite choisi pour entrer au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain, comme étant "culturellement, historiquement ou esthétiquement importants ". Il est encore considéré comme le film de Chaplin le plus personnel de son œuvre : "À l’orphelinat, ou quand j’errais dans la rue cherchant un bout de pain pour survivre, sans cesse je m’imaginais être le plus grand acteur du monde. Je devais tenir cette exubérance qui provient d’une confiance totale en soi – sans quoi la défaite est certaine", disait-il. Des propos qui portent le visage du petit Jackie Coogan, dans le rôle du fameux "kid", pris sous son aile par Charlot. The Kid est un film inoubliable, mêlant le drame à la comédie grâce au duo entre le vagabond le plus célèbre du monde et un gamin de 5 ans.

    Pour les 100 ans de ce film impérissable, La Poste a eu la bonne idée d’imprimer un timbre hommage, qui sera vendu à partir du 1er mars 2021 dans tous les bureaux de Poste ou par correspondance. Le timbre sera vendu en avant-première les vendredi 26 et samedi 27 février à au Carré d’Encre, à Paris.

    Timbre "The Kid", La Poste
    Illustration : Stéphane Humlbvert-Basset, Gravure : Pierre Bara
    Impression : taille-douce, 31 x 52 mm
    Valeur faciale : 1,50 € International
    https://www.laposte.fr/boutique
    Le timbre sera vendu en avant-première les vendredi 26 et samedi 27 février 
    Le Carré d’Encre, 10H 17H, 13 bis rue des Mathurins, 75009 Paris
    https://www.lecarredencre.fr
    The Kid, comédie dramatique de Charlie Chapin, avec Charlie Chaplin  et Jackie Coogan 2021, 52 mn
    https://www.charliechaplin.com/en/articles/69-Le-Kid

    Création Stéphane Humbert-Basset, gravure Pierre Bara.
    Charlie Chaplin™©Bubbles Incorporated SA

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  • Apple Jelly, hors-contrôle

    Die, Motherfucker Die !!! des Apple Jelly est le genre d’album fait entre potes, avec une bonne dose de synthétiseurs, de boites à rythme et d’enthousiasme. Leur troisième opus, enregistré en 2013 et joué en live pendant des années, a attendu 2020 pour être présenté officiellement à son public.

    "Die, Motherfucker Die !!!" : on peut dire que le titre du morceau qui donne son nom à l’opus a cette irrévérence propre à des sales gosses, particulièrement doués avec leur électro-pop seventies, à la fois rock et impertinente.

    Singulièrement régressif, "Control", avec la même facture eighties que "Synchronized", commence sur une rythmique proche du tube "Popcorn", mais en moins fun et même plus neurasthénique, serions-nous tentés de dire. Une sorte de new wave qui se serait téléportée en 2021, à l’exemple de "Girls Of Paris", un morceau dans lequel on décèlera l’influence des Cure et de leur tube interplanétaire "Lullaby".

    Il n’est pas absurde de lire le morceau "Dance With Me", plus dansant comme un clin d’œil à la fameuse BO de Midnight Express de Giorgio Moroder : années 80, une nouvelle fois.

    Avec "Take It Or Leave It" le groupe lyonnais marche cette fois sur les pas des Clash avec un titre provocateur et endiablé, que l’on pourrait traduire par : "Prends-le/la ou tire-toi".

    Singulièrement régressif, "Control", a la même facture eighties que "Synchronized"

    L’influence de la musique industrielle est là aussi, avec le sombre et néanmoins enthousiaste "Money Me", que l’on pourrait qualifier comme le morceau d’une bande de gamins turbulents partis se faire un gros bœuf dans le garage, avec force synthétiseurs, guitares et boîtes à rythme.

    Les Apple Jelly ne restent pas pour autant bloqués dans les couloirs du temps : "Walking Bass" se veut plus dansant, mais avec de singuliers changements de rythmes, témoignant d’une réelle recherche chez ces sales gosses. À l’antipode, le groupe opte pour "Leaving 2012" le choix du minimalisme.

    "The End Of Our Age", qui clôt l’opus, est une descente vertigineuse vers une électro-pop plus mystérieuse, où l’on reconnaîtra l’influence de David Bowie (le fameux "Sons Of The Silent Age" dans le désormais classique Heroes). "This is the end of our age", chantent les Apple Jelly, accompagnés de sons comme issus d’un univers d’ectoplasmes. Un vrai hommage au rock psychédélique des années 70 avec ce morceau de presque 8 minutes, en dehors des formats classiques.

    Preuve que le retour des Apple Jelly est loin d’être anodin, le Festival Berlin Music Video Awards a sélectionné le clip "Die, Motherfucker! Die!!!" aux côtés de The Chemical Brothers, Thom Yorke, Foals ou encore Travis Scott. Si ce n'est pas un  signe...   

    Apple Jelly, Die, Motherfucker ! Die !!!, Nobody Can See Us, 2020
    https://www.facebook.com/WeareApplejelly

    Voir aussi : "Électros nuits de Noël"

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  • Une nuit étoilée avec Sarah Brightman

    Il n’y avait qu’en cette fin d’année que nous pouvions parler de l’album de Sarah Brightman, France. Un opus qui brille de mille feux, même s’il n’a pas été conçu pour susciter l’unanimité. Avec cette nouveauté, la chanteuse anglaise lorgne bien évidemment de ce côté de la Manche, en faisant appel à des artistes populaires (Florent Pagny, Roch Voisine, Andrea Boccelli, I Muvrini et même Jean-Jacques Goldman).

    Entendons-nous bien : derrière sa facture de pop internationale, l’opus de la diva a pour unique ambition d’offrir une heure de voyage romanesque et romantique – en France, serions-nous tentés d’ajouter – où ne manquent ni la luxuriance, ni les nappes de violons amoureux, ni les envolées lyriques, ni ce je ne sais quoi de clinquant qui pourra en agacer certaines et certains.

    Mais laissons de côté les critiques tièdes et intéressons-nous à cette diva britannique, désignée comme "la soprano la plus vendue au monde" (30 millions d'albums, 180 Platinum & Gold Award dans 40 pays sur 5 continents, sans compter son apparition aux ouvertures des JO de Barcelone et de Pékin). L'artiste a choisi de concilier le lyrique et le classique à la pop, voire au rock à l’instar de la reprise d'un extrait du Fantôme de l'opéra, qui l'a rendue célèbre et qu’elle interprète en duo avec Vincent Niclo. Cette initiative de faire un pont entre des genres qui ont pour fâcheuse habitude de se regarder en chiens de faïence, mérite d’être relevée, même si elle n’est pas inédite.  

    À cet égard, la découverte du titre "A Question Of Honour" mérite d’être relevée : après l’ouverture sur l’air célèbre de La Wally ("Ebben? Ne andrò lontana"), la soprano fait le choix d’une rythmique électro-pop et de vagues mêlant synthétiseurs et guitares, avant de clôturer sur les célèbres mesures d’Alfredo Catalani.

    Andrea Boccelli ("Time To Say Goodbye"), Florent Pagny ("Just Show Me How To Love You"), Vincent Niclo ("There For Me"), Roch Voisine ("Ne viens pas"), Alessandro Safina ("Sarai Qui") ou I Muvrini ("Tu quieres volver") accompagnent Sarah Brightman pour des duos étincelants et produits avec soin. 

    "Just Show Me How To Love You", qu’elle interprète avec Florent Pagny, l’une des plus belles voix masculines de la chanson française, a tout pour devenir un futur tube pour les guimauves que nous sommes : de l’amour, du vrai, du lyrique, des serments éternels, avec une sérieuse dose d'exubérance et de classe, comme si nous étions invités à une bal des débutants au Château de Versailles, avec grand orchestre s’il vous plaît.

    Un pont entre des genres qui ont pour fâcheuse habitude de se regarder en chiens de faïence

    Amour de nouveau avec la belle déclaration "Sogni", écrite par Frank Peterson et Chiara Ferrau : "Amore mio, dove sei stato? / Nei miei sogni io ti ho cercato / Giorno o notte mi sei mancato" ("Mon amour, où étais-tu? / Dans mes rêves je te cherchais / Tu m'as manqué jour ou nuit"). On pourrait tout aussi citer "Sarai Qui" avec Alessandro Safina : "Quando penso ai giorni che / Ho passato insieme a te / Io vorrei che tu tornassi qui / Per non lasciarmi mai" ("Quand je pense aux jours que / J'ai passés avec toi / j'aimerais que tu reviennes ici / Pour ne jamais me quitter").

    La diva anglaise se frotte avec le même plaisir à la pop : "Tout ce que je sais", "Ne viens pas" de et avec Roch Voisine ou "He Doesn’t See Me", écrit en partie par Jean-Jacques Goldman.

    "Nella Fantasia" mérite que l’on s’y arrête : l’artiste lyrique a choisi de proposer une version du désormais classique "Gabriel's Oboe", écrit par Ennio Morricone pour le film Mission.

    "Tu quieres volver", que Sarah Brightlman chante avec I Muvrini constitue l’un des très bons morceaux de cet album. Fusion du lyrique et de la chanson, alliance de l’espagnol et du corse : la soprano, le groupe de Jean-François Bernardini et le London Symphony Orchestra font merveille, avec ce souffle romanesque et puissant.

    Le classique est bien entendu présent dans cet album, avec des succès multiséculaires remis au goût du jour : l'étude n° 3 "Tristesse" de Chopin ("Dans la nuit"), l’Adagio d’Albinioni dans une version singulièrement sombre et rythmée ("Anything Anywhere"), la marche funèbre de la 7e Symphonie de Beethoven ou l’"Ave Maria" de Schubert, dans une facture plus traditionnelle.

    On peut reconnaître à la soprano anglaise qu'elle est aussi à l'aise dans l'interprétation de grands airs d’opéra, à l’instar du "O Mio Babbino Caro" ou du  "Nessum Dorma" de Giacomo Puccini (respectivement tirés des opéras Gianni Schicchi et Turandot). Toujours classique, ou plutôt néo-classique, la chanteuse propose une nouvelle version du Pie Jesu du compositeur anglais contemporain Andrew Lloyd Webber, qu’elle met également à l’honneur avec son interprétation, nous l'avons dit, d’un extrait de The Phantom of the Opera. Un clin d’œil pour celle qui est devenue une star planétaire grâce à son rôle de Christine dans la célèbre comédie musicale.

    Il était inévitable que la soprano ne pouvait pas nous quitter sans sa version du tube "Time To Say Goodbye", avec le non moins célèbre Andrea Boccelli. De quoi garder en tête pour un bon bout de temps ce morceau intemporel : "Time to say goodbye / Paesi che non ho mai / Veduto e vissuto con te…"

    Vous connaissez la suite.

    Sarah Brightman, France, SaFran / Pias, 2020
    https://sarahbrightman.com
    https://www.facebook.com/SarahBrightmanMusic

    Voir aussi : "Le trio Sōra vous souhaite un joyeux anniversaire, M. Beethoven"

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  • Water music

    Mais qu’est ce qui lui a pris, au jazzman Gaël Rouilhac d’avoir composé un morceau intitulé "La valse des parachutistes belges ", dans son premier album d’une pureté magnifique ? Mais qu’on ne se fie pas à ce titre loufoque car cette vraie valse respire la joie de vivre. Fermer les yeux c’est voir virevolter des corps sous les lampions et les jupes parachutes.

    Il souffle dans Waterworks un souffle chaleureux, servi par les deux autres membres de son trio, Caroline Bugala au violon (de formation classique, elle a été l’élève Didier Lockwood et a aussi partagé la scène avec lui) et Roberto Gervasi à l'accordéon, véritable révélation de la scène italienne. 

    Gaël Rouilhac dit ceci au sujet de son premier opus : "Encore beaucoup de projets menés de front encore cette année, mais si il y en a un qui me tient à cœur et m'occupe beaucoup en ce moment, c'est mon premier groupe en tant que leader et compositeur."

    Entre tradition et modernité

    Waterworks, naviguant entre tradition et modernité, propose une série de rencontres entre le jazz et le tango, avec un violon à la la Lockwood ("Cap Cod") et un accordéon à la Piazzola ("Home"), sans oublier la merveilleuse guitare manouche de Gaël Rouilhac ("Un point c’est tout"). Mais sans percussions, ce qui est singulier pour un album de jazz.

    Pour le morceau "Diamant rouge", le trio nous invite à de savoureuses balades que l’on croirait méditerranéennes, après le titre "Cap Cod", mélancolique et bouleversant.

    Tour à tour lyrique, frais ou léger, le groupe de Gaël Rouilhac invite au farniente au cœur d’une nature vivifiante ("La montagne verte").

    Le guitariste signe avec "Time flies" une complainte sur la fuite du temps, avec ces trémolos déchirants, avant cette danse endiablée à la Django Reinhardt nous sauvant d’une fin inexorable.

    "Solo" est une très belle ballade à la guitare  interprétée par Gaël Rouilhac. "Mood", une étude plus qu’une envolée jazz, et qui propose un voyage au long cours dans un Combi brinquebalant sur la côte irlandaise : il suffit juste de fermer les yeux.

    L’opus se termine avec dernier titre à la facture cette fois contemporaine, "Ça c’est l’enfer mon frère".

    Gaël Rouilhac, Waterworks, Laborie Jazz, 2020
    https://www.laboriejazz.fr
    https://www.gaelrouilhac.com

    Voir aussi : "Fiona Monbet a plus d’une corde à son archet"

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  • David Linx, trouble-fait 

    Virtuose et incandescent : voilà les premiers mots qui viennent à l’écoute du dernier album de David Linx, Skin In The Game. 40 ans de carrière et toujours la flamme chez le jazzman, l’inventeur du "chanteur de jazz européen", qui a brûlé les planches à 14 ans seulement.

    L’artiste bruxellois, et parisien d’adoption, a le sens du lyrique ("Azadi"), aidé en cela par la formation qui l’accompagne, et en premier lieu Grégory Privat au piano.

    Avec "Here I Can See", nous sommes dans un jazz à la Michel Legrand, coloré et vivifiant – mais en anglais. Une vraie composition digne d’une comédie musicale de Jacques Demy. Classique et imparable. Les vagues pianistiques virtuoses et rythmées de Grégory Privat font là encore merveille.

    Pour "Changed In Every Day", Languissant et sensuel à force d’être mélancolique, David Linx propose un chant et un voyage astral et amoureux, bien loin de la photo âpre et sombre du jazzman sur la pochette de son album. De même, "Prophet Birds" peut s’écouter comme une incantation mystique, une prosopopée chantée avec justesse et une grande douceur, grâce à sa voix riche et étendue.

    Une des plus belles voix de la scène jazz

    Dans un tout autre univers, pour "Skin In The Game", qui donne le titre à l’opus, le jazz se pare de couleurs urbaines. David Linx chante en featuring avec Marlon Moore pour ce, morceau plus sombre et comme déconstruit. "Night Wind" a cette même facture urbaine, comme si le jazz américain entrait de plein pied dans un futur mystérieux et fantasmagorique. Fantasmagorique, pour ne pas dire métaphysique, à l’exemple des titres lents et planants "On The Other Side Of Time" ou "To The End Of An Idea".

    Tout aussi américain, avec "Walkaway Dreams", nous sommes dans un jazz mêlant esprit new-yorkais et influences contemporaines européennes, avec un David Linx semblant énormément s’amuser.

    Dans un album à l’univers étendu, le chanteur belge sait jouer le "trouble-fait", à l’instar du bien-nommé "Troublemakers" : il s’agit d’un morceau inventif, caractéristique d’un chanteur ayant pour boussole sa voix, et que l’auditeur, même non-expert, identifiera vite. Et avec toujours ce piano virevoltant de Grégory Privat. 

    L’album se termine avec "A Fool’s Paradise", une ballade jazzy sucrée et lancinante, comme une jolie promenade avec un musicien à la fois lumineux et attachant, et qui est aussi une des plus belles voix de la scène jazz.

    David Linx, Skin in The Game, Cristal Records, 2020
    http://www.davidlinx-official.com
    https://www.facebook.com/DavidLinxOfficiel

    Voir aussi : "Un tour du jazz à la voile"

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