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Eskimo vient de sortir son premier album, Que faire de son cœur ?
Un album qui lance une artiste et une voix immédiatement attachante : la preuve, avec son premier single Sirène.
Nous voilà, grâce au clip, entre la France, la Scandinavie et le Japon (Eskimo-Hana est d’ailleurs l’autre single tiré de son EP).
Mais musicalement, c’est du côté de la pop neighties qu’il faut chercher les influences d'Eskimo : guitares rugueuses, sons saturés et lo-fi. Et l’apport d’instruments acoustiques, qui donnent à l'ensemble une aura et une authenticité certaine à ce flow poétique : "Où vas-tu ? / Où la laisses-tu ? / En arrière / En aval / En cale-pied / Son ancre / Beaucoup de houle / Ça tangue…"
Une vraie personnalité et un univers passionnant pour une artiste à suivre.
Scandale à tous les étages pour ce témoignage à ne pas mettre entre toutes les mains : son auteure, Adeline Lafouine, propose avec Fais-le bien et laisse dire (éd. Tabou) un document assez exceptionnel à plus d’un titre. Il commence par une affaire dont la Suisse dite "vertueuse" se serait bien passée.
Nous sommes en août 2014 lorsque la presse à scandale déniche un selfie sexy posté sur le compte Twitter d’une inconnue, mariée et mère d’un enfant. Elle se fait surnommer Adeline Lafouine. Là où le bât blesse est que la jeune femme est fonctionnaire d’État et que ces clichés dénudés ont été pris dans l’enceinte même du Palais fédéral helvétique. C’est déjà trop pour les autorités suisses qui, sous la pression de l’opinion et surtout de la presse à scandale, décident de licencier une employée expérimentée et très bien notée, mais dont la réputation pouvait ternir la réputation de la confédération helvétique. Rien que ça.
Adeline Lafouine revient sur cet événement qu’elle relate de son point de vue. Elle ne parle pas – et on peut le regretter – du contexte qui l’a amenée à faire le selfie incriminé, mais elle s’attarde par contre longuement sur l’impact vertigineux d’une simple photo qui avait vocation à rester privée. En quelques heures, la jeune femme devient une célébrité malgré elle, et aussi une cible pour des journaux et des sites Internet que rien n’arrête : "Est-ce que la presse a le droit de ruiner la vie d’une employée et mère de famille, uniquement pour remplir les pages d’un journal ?" s’interroge-t-elle. Le choc est rude pour elle et on ne peut que saluer sa capacité à avoir pu affronter cette épreuve. Les 100 premières pages de son témoignage reviennent sur le bouleversement de cette affaire mêlant sexe, moralité publique, réseaux sociaux, liberté et vie privée.
Mais Fais-le bien et laisse dire est bien plus que l’histoire d’une femme broyée par la machine de l’opinion : c’est aussi et surtout la confession d’une personnalité hors du commun, comme le remarque d’ailleurs un de ses partenaires dans son livre. Je dis bien "un de ses partenaires" car la suite du livre dévoile la vie sexuelle incroyable d’Adeline Lafouine.
Une vraie sportive de l’extrême
La deuxième partie du document, la plus ahurissante, déploie en effet sur près de 300 pages le parcours d’une Suisse romande devenue une figure du libertinage, jusqu’à être soutenue en toute discrétion par ses admirateurs (car elle est très suivie sur Internet et sur les réseaux sociaux). La plus scandaleuse des Helvètes, résidant aujourd’hui en France, explique "les « pourquoi » et les « comment »" de sa vie sexuelle tumultueuse – et aussi indissociable d’une grande histoire d’amour.
Adeline Lafouine a écrit son ouvrage – qui est digne de figurer dans tous les rayonnages de la littérature érotique et pornographique – à la manière d’une irrésistible montée en puissance, depuis la découverte du libertinage jusqu’aux pratiques les plus extrêmes (BDSM, gang bangs ou tournages de films X amateurs), en passant par la découverte d’Internet, ses rencontres dans des clubs ou des lieux interlopes et ses liens avec son mari et complice. Elle n’oublie pas la naissance de son fils et ses trésors d’inventivité pour le préserver de ses virées nocturnes. L’auteure revient à plusieurs reprises sur les difficultés à assumer à la fois sa carrière professionnelle, sa vie de maman et ses plaisirs : "Une sorte de double vie… Être à la fois la jeune maman et employée modèle, banale et sûrement ennuyeuse dans la vie de tous les jours, et d’un autre côté d’être une femme fatale qui mène une vie sexuelle hors-norme."
Plus qu’une mise au point sur le scandale des selfies du Parlement helvétique, Fais-le bien et laisse dire est aussi et surtout une longue confession crue, d’une honnêteté à couper le souffle mais aussi regorgeant de scènes que l’on peut qualifier sans exagération de spectaculaires. L’humour est omniprésent dans ce récit, qui est aussi la plongée dans un milieu secret aux rituels souvent très codifiés. Adeline Lafouine ne cache rien au lecteur de ses pratiques, assumant "le grand écart entre le libertinage et le porno" : une vraie sportive de l’extrême, comme elle le reconnaît elle-même.
Des regrets, l’ancienne fonctionnaire suisse, clouée au piloris pour quelques selfies finalement bien innocents, n’en a pas. Son leitmotiv ? Vivre librement et s’amuser.
Les années 80 continuent d’être revisitées et d’inspirer les musiciens actuels. Dernier exemple en date : William Sheller et son tube, devenu un classique : Un Homme Heureux.
La version originale déroulait une ballade voix et piano, à la sombre mélancolie. Yves Carini a choisi d’en faire une bossanova douce amère.
Un Homme Heureux est le deuxième extrait de son nouvel album, The Way You Are, attendu pour cet automne, après une adaptation d’un autre standard, L’Hymne à l'Amour, en version jazz symphonique.
Pour Un Homme Heureux, Yves Carini a su s’entourer d’une belle équipe : Jorge Calandrelli, l’arrangeur et réalisateur de Tony Bennett, Andrea Bocelli, Stevie Wonder ou Michael Bublé mais aussi de Randy Waldman (Seal, Barbara Streisand ou Beyoncé).
Voilà qui nous promet un futur album soigné, produit avec un professionnalisme à l’américaine. En tout cas, ce nouvel extriat est une jolie manière de revenir vers le passé et vibrer de nouveau aux mots délicats et déchirants de William Sheller : "Pourquoi les gens qui s'aiment / Sont-ils toujours un peu les mêmes / Ils ont quand ils s'en viennent / Le même regard d'un seul désir pour deux / Ce sont des gens heureux."
Cela fait longtemps que le manga a su gagné ses lettres de noblesse bien au-delà du Japon. S’essayant à tous les genres, les mangakas ont aussi investi le domaine de l’histoire : la preuve avec Funestes Vaisseaux du scénariste Wilson Michel Sean et de la dessinatrice Akiko Shimojima.
L’histoire racontée dans cette bande dessinée, à la facture plutôt classique dans son découpage comme dans son dessin, raconte une période peu connue sous nos contrées : celle de la crise de l’époque Edo, dont l’un des épisodes les plus emblématiques fut la pression des Occidentaux, bien décidés à réitérer le même coup de force qu’ils avaient accomplis en Chine (les deux Guerres de l’Opium et le traité de Nankin). L’Asie est un territoire immense qui aiguise l’appétit des Russes, des Britanniques, des Néerlandais, des Français mais aussi des États-Unis, qui ne sont pas encore la grande puissance qu’ils seront quelques décennies plus tard, mais qu’ils aspirent à devenir : car tel est bien l’enjeu de cet épisode qui va traumatiser le Japon, autant qu’il va permettre de consolider une identité commune.
En mai 1853, le contre-amiral américain Perry arrive avec trois navires au large des îles Ryuku. Ces "funestes bateaux noirs" ("kurofune") vont bientôt devenir l’obsession des Shoguns au pouvoir ? Perry est chargé par le Président américain Franklin Pierce d’exiger des droits commerciaux et l’installation de mandats commerciaux au cœur du Japon.
Des conséquences incommensurables
La jeune nation a des ambitions géopolitiques très gourmandes, et entend bien asseoir sa position, au détriment d’un pays, le Japon, d’autant plus tétanisé par l’agressivité du militaire que le pays est resté replié sur lui-même depuis deux siècles. Seul le port de Nagasaki est ouvert au commerce étranger. Dans ce contexte favorable pour lui et son pays, Perry menace de prendre de force la capitale Edo – future Tokyo. Bientôt, les trois navires arrivent dans la baie de la capitale japonaise. La période d’intimidation commence vraiment, et elle aura des conséquences incommensurables.
Wilson Michel Sean(The Garden,The Minamata Story) et Akiko Shimojima (Les 47 Ronins, Les Secrets du Ninja) retracent un an d’un épisode important dans l’histoire du pays du Soleil Levant. Un gros travail de documentation autant que de scénarisation permet d’avoir ce manga à la fois passionnant, vivant et accessible. Akiko Shimojima électrise le récit grâce à un découpage des cases très cinématographique. Les traits des personnages sont expressifs et un soin particulier est donné aux décors et aux bateaux.
Funestes vaisseaux se veut aussi une introduction au Crépuscule des Samouraïs, autre volume de cette collection consacrée à l’histoire du Japon en manga.
Yadam n’est pas tout à fait un inconnu. Le grand public l’a découvert en 2017 dans l’émission Nouvelle Star, au cours de laquelle il est brillamment sorti deuxième.
Safeplace est son premier album, un EP de cinq titres dans lequel le jeune homme impose une identité forte, lui qui a déjà connu mille vies, entre une naissance au Venezuela, une enfance aux États-Unis, une victoire de chant organisé par l’Alliance française en 2017, suivie d’un exil en France et une participation éclatante au célèbre télé-crochet.
Les 5 titres proposés par Yadam, qui chante autant en anglais (The Place), qu’en français (Yadam) et en espagnol (Vacio), sa langue natale, révèlent d’abord une voix singulière, éthérée et comme venue d’un autre monde, à l’exemple de (SayYou're) sorry ("I don't wanna let you go / Tell me what I wanna know / Say you, say you / Need me").
L’électropop de Safeplace ne craint pas le minimalisme (Yadam), pas plus que le rythme hip-hop (Empty Doors), voire le son eighties (The Place).
Chemin personnel et artistique
À bien d’un égard, cet EP marque la naissance d’un authentique artiste qui propose avec Safeplace bien plus qu’un galop d’essai : son album est aussi un chemin personnel et artistique, comme le prouve le morceau Empty Doors ou le titre intégral de l’album (Safeplace : a true story by Yadam).
Après un parcours particulièrement riche, il semble bien que ce soit la France et Paris que l’artiste ait choisi pour faire sa place – grâce à l’appui de confrères et consœurs (Lolo Zouaï, Ibeyi, Woodkid ou Rosalia) mais aussi d’une communauté de fans déjà importante. Un espoir que Yadam chante ainsi : "Paname, ce soir je me sens ivre / Je sens que j’ai le droit de vivre / Peut-être qu’il y a bien une étoile / Qui veille sur nous."
Mystic Señor est le troisième album d’un cycle de cinq, proposé par Sam Franck Blunier. Une pentalogie que l’artiste a fort justement nommée The Five Album Concept. Cette démarche artistique ambitieuse est à saluer pour un artiste qui manie avec justesse chanson française, pop et rock. Après les deux premiers volets, Il fait beau (2015) et Des Filles (2016), voici donc, cette année, Mystic Señor, un album qui frappe autant par son spleen pop-rock, sa masculinité fragile que par sa poésie.
L’auditeur y trouvera la marque de brillantes références, à commencer par Alain Bashung dans le premier titre, Évidemment : "Et rien ne s’oppose à l’amour / Plus rien ne s’oppose à l’amour."
Le titre Le verbe, plus enlevé, délaisse l'hommage appuyé pour l'auteur de Résident de la République au profit d’une démarche plus originale surfant du côté de la pop à la fois rugueuse et insolente d'un Patrick Coutin : "On m’a dit moche / J’ai dit tant mieux / On m’a dit croche / J’ai dit fuck off."
Électro-poèmes
"Le verbe est plus important que nous / Le verbe est plus important que tout", chante Sam Franck Blunier dans un troisième opus où le désabusement affleure à chaque note et chaque mot : l’aliénation de l’amour (Poings liés), l’anticonformisme (Le verbe), l’absurdité de l’existence (Des questions). Mais il y aussi ces éclairs d’espoir, d’amour et de spiritualité (d'où, bien sûr, le titre de l'album), à l’exemple du Verbe et de ses Électro-poèmes :La prière des mots, Le Beau et Les mains des hommes.
Les mots du chanteur sont portés par une voix à la mâle assurance, sombre et faussement détachée. Mystic Señor est l’album d’un noctambule, et à certains égards gothique. Avec Salut beauté, nous voilà dans un pop-rock XIXe et baudelairien à la sèche beauté : "Salut Beauté inouïe, est-ce toi qui nous porte ? / Beauté si fragile / Je sais bien que tu m’attends, au-delà des vallées et des cimes, / Par delà les lacs et les toits de tuile."
Quand on pensait le chanteur perdu dans des volutes de fumée de nuits au Palace le voilà pris dans une ballade, Fragile, qu'une chanteuse comme Françoise Hardy pourrait interpréter avec la même fragilité, justement.
Appréhender le premier roman de Valérian Guillaume, Nul si découvert (éd. De l’Olivier) peut rebuter, en raison du double choix stylistique de l’auteur : proposer le long discours intérieur d’un narrateur sous la forme de phrases sans ponctuation.
Certes la forme n’est pas une nouveauté (que l’on pense à L’Automne du Patriarche de Gabriel García Márquez), mais cela reste tout de même suffisamment rare pour le signaler et pour décontenancer le lecteur. Quant au monologue à la Molly Bloom, s’il nous plonge dans le cerveau du narrateur grâce à ces flow de pensées, il a la particularité de nous donner peu d’informations sur lui. Tout juste sait-on que ce narrateur pour le moins déséquilibré est un jeune homme issu d’un milieu défavorisé, vivant seul (sa mère est morte et ses cendres sont conservée chez lui dans une urne), et dont les journées se passent essentiellement au cœur d’une cité sans âme.
C’est là justement la grande puissance de ce roman qui met le style au service d’un message sur notre monde contemporain, à plus d’un égard déshumanisé.
Cette déshumanisation est en effet au cœur du propos de Valérian Guillaume qui propose ici son premier roman. Il faut noter à ce sujet que l’artiste est également dramaturge (Désirades, Eclipses– et c’était quand même très bon, La Course), acteur (Les Oubliés de Julie Bertin et de Jade Herbulot à la Comédie Française), mais aussi scénariste pour la bande dessinée (prix Jeunes Talents 2018 du Festival International d’Angoulême avec le dessinateur Thibault Le Page).
Un roman qui met le style au service d’un message sur notre monde contemporain
Nul si découvert est une plongée dans un coin de France comme il en existe des milliers, avec ces zones périurbaines, ces parkings immenses, ces centres commerciaux sans âme et ses enseignes franchisées. Un de ces habitants, ce jeune homme paumé, vit là, se contentant de cet environnement froid, y voyant même une forme de poésie : "le complexe vient d’ouvrir il y a à peine deux mois c’était long mais ça en valait la peine parce que tout est hyper neuf et très joli il y a même des palmiers tropicaux à l’entrée ce qui fait que c’est vraiment immersif tout est éclairé avec une lumière bleu foncé et des étoiles de mer des dauphins et des baleineaux sont suspendus au plafond ce qui fait qu’on entre dans LaBaleine comme on entre dans une histoire."
Une "petite vie" bien à lui, comme il le dit lui-même, avec ces longues promenades au milieu de rayonnages de biens de consommation, mais aussi ces instants de bonheur, lorsque par exemple il croise au centre nautique une jeune caissière, Leslie, qui finit par l'obséder : "j’imaginais Leslie partout dans la douceur j’imaginais Leslie de toutes les façons avec des coupes marrantes et des tenues charmantes le matin est le temps de l’invention et du ravissement." De trop brefs moments de plaisirs, vains en réalité, car tout est morne, gris ou tout simplement noir dans cet univers de PMU sordides, de rayons d’hypermarchés vendant quelques mirages de plaisir (que l’on pense à la grinçante scène de l’opération commerciale pour un jeu-concours), de prétendus amis et surtout de solitude abyssale.
La détresse du personnage est à chaque page de cet impitoyable roman. Un roman aussi et surtout sur l’abandon : abandon de la mère, abandon du jeune homme dans une zone déshumanisée, abandon même de sa personnalité lorsque son "démon" prend le dessus sur lui.
Valérian Guillaume déroule, impitoyable, son message pour sauver ce qui peut l’être dans notre société de consommation. Il le fait avec une écriture qui abandonne elle aussi toute ponctuation, comme s’il y avait un caractère d’urgence dans ce court roman, cinglant comme une gifle.
Nul si découvert a été le lauréat de l'aide nationale à la création de texte dramatique – ARTCENA et sélection du prix Première de la RTBF et prix du premier roman de printemps 2020.
On s’en souviens ou non – et cela est du moins ignoré pour les moins de vingt ans – mais l’Italie a eu son heure de gloire pendant la période pop du début des années 80. Ils s’appelaient Gazebo (I Like Chopin), Ryan Paris (Dolce Vita), P. Lion (Happy Children), Lune de miel (Paradise mi amor), Tony Esposito (Kalimba De Luna) ou Baltimora (Tarzan Boy). Faites un petit tour sur ce site pour vous rafraîchir la mémoire.
L’écoute du dernier EP de Spaghetti25c, Dance With Me, a une facture qui nous renvoie à ces années dingues et plus italienne qu’on ne le croit, une période qui mêlait disco, électro, new wave et pop anglaise.
Spaghetti25c : le nom de groupe aux consonances péninsulaires cache en fait un trio de vrais/faux franco-italiens : Federico Pellegrini (The Little Rabbits) au texte et au chant, François Pavan (Hatt) et Vincent Choquet (DBFC, AeroBrasil).
On peut remercier ces trois là de nous proposer un EP aux sonorités eighties, mêlant rythmes syncopés (Dance With Me), électro (Be) et voix sombres. C’est une sorte de new wave revisitée que l’on pourrait (presque) qualifier de vintage (Most Of My Best Friends), et qui nous transporte dans les nuits sombres et dansantes du Palace période années 80, avec toujours cette touche italienne à la Giorgio Moroder (Buongiorno Amore).
Un solide et convaincant projet musical, que les artistes entendent lier avec la création vidéo (Most of My Best Friends, Cello Version).