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Amateurs de musique perchée – dans tous les sens du terme –, le nouvel album de Manuel Adnot est fait pour vous.
Le guitariste et compositeur, accompagné par le Macadam Ensemble dirigé par Étienne Ferchaud, propose avec Amor infiniti un de ces opus à la fois hors du temps, étrange et magnétique. Mais aussi sacrément ambitieux !
Une sorte de polyphonie du XXIe siècle, traversant plusieurs époques : l'Antiquité, le Moyen Âge, la Renaissance, le classicisme mais aussi le contemporain. Prenez le premier titre World Light : les voix éthérées et mystiques guident jusqu’à l’extase les cordes gracieuses et subtiles de Manuel Adnot, jusqu’à ce qu’il convient de nommer un vrai feu d’artifice musical.
La conception de cet opus et le travail musical méritent toute notre admiration !
Les trouvailles d’Amor infiniti, album atypique jusque dans la longueur de ses quatre titres (deux morceaux dépassent les 20 minutes), surfe sans cesse entre l’archaïsme (World Light), le religieux (Iceland -Stay still) et la pop-folk (We Will Meet The Sun).
La conception de cet opus et le travail musical méritent toute notre admiration ! Manuel Adnot et le Macadam Ensemble utilisent chaque nuance de corde et chaque subtilité de voix pour aboutir à une architecture musicale de très haute volée. L’album mérite de faire date dans sa manière de mêler méditation et musique des sphères (Le titre Amor infiniti a d’ailleurs été inspiré du essai de l’astrophysicien et écrivain vietnamo-américain Trinh Xuan Thuan, Désir d'infini).
Souveraineté du vide, qui, lui, renvoie à un livre de Christian Bobin, frappe par son ambition : les notes sont gracieusement maintenues par des voix aériennes, avant d’être ponctuées par de longs silences, comme pour leur donner du sens. Manuel Adnot unit de la plus belle des manières l'universel et l'humain, ce que le musicien commente avec les mots de Yasunari Kawabata : "Et la Voie lactée, dans une sorte de rugissement formidable, se coula en lui."
Thérésia Cabarrus et Maximilien Robespierre : de ces personnages, on connaît avant tout le deuxième. Le natif d’Arras, avocat et tribun surdoué est devenu la figure marquante de la Révolution française. Surnommé L’Incorruptible, il domine l’assemblée de La Convention et couvre, lorsqu’il ne les encourage pas, les excès de la Terreur. C’est une figure emblématique et crainte qui finit par tomber lors de la journée du 9 Thermidor (27 juillet 1794). Et c’est là qu’il convient de parler de l’autre personnage, cette Thérésia Cabarrus, aristocrate d’origine espagnole qui croupissait alors en prison en attendant son exécution. La chute de Robespierre a signifié la fin de La Terreur – et de la Révolution, a précisé François Furet – mais aussi la survie de cette jeune femme de vingt ans qui décédera bien plus tard, en 1835. Comme s’il fallait que l’un meurt pour que l’autre vive. Mais quel lien peut-il y avoir entre ces deux-là ?
C’est ce qu’entend montrer Thérèse Charles-Vallin dans son passionnant essai Thérésia / Robespierre, La Femme qui tua la Terreur (éd. de la Bisquine). À l’aide d’une solide documentation (plus importante, on s’en doute, s’agissant de L’Incorruptible), l’historienne entreprend de faire une biographie croisée de ces deux personnages, en s’attachant à les suivre pendant la durée de la Révolution française jusqu’aux journées thermidoriennes, "les seules années qui comptèrent vraiment pour [Thérésia]."
Alternant chapitres sur Robespierre et chapitres sur Thérésia Cabarrus, c’est toute une époque qui revit, car Thérèse Charles-Vallin n’oublie pas de prendre le pouls de cette société française, à travers par exemple la jeunesse malheureuse de Maximilien Robespierre, "typiquement un homme de l’Ancien Régime". C’est l’occasion pour l’auteure de revenir sur une légende, qui, si elle était vraie, ne manquerait pas d’ironie : "Le jeune homme fut-il choisi en juin 1775 pour adresser un compliment au roi Louis XVI de retour de son sacre ? Nombre de biographes l’ont prétendu et certes l’image saisit l’imagination mais les dates données ne correspondent pas à celle du passage du souverain."
Avec Thérésia, nous sommes dans le grand monde de l’Ancien Régime : lignée familiale prestigieuse, éducation chez les religieuses, mariage arrangé, un père financier à l’origine de la Banque San Carlos, future Banque d’Espagne, sans oublier un entourage impliqué dans les affaires du monde. Lorsque la Révolution éclate, "Teresa se rend vite compte que sa situation n’est plus tenable… Elle est, elle-même, sans doute impliquée et trop liée aux milieux constitutionnels."
Alors que Robespierre trace son chemin et devient l’un des députés les plus en vue du régime qui se met en place (c’est "une légende vivante", et ce dès 1790), celle qui est devenue suite à un premier mariage la Marquise Devin de Fontenay, se retrouve citoyenne lambda comme le prévoit la nouvelle Assemblée. La vie insouciante de cette jeune femme prend une autre tournure : la Révolution s’emballe suite notamment à la fuite du roi interrompue à Varennes le 20 juin 1791 ("Il a détruit irrémédiablement sa propre image aux yeux du peuple français comme à ceux de Robespierre") et la France plonge dans la violence, les guerres intérieures, les grands massacres, le génocide vendéen, les arrestations et les exécutions. C'est cette Terreur, qu’a conceptualisée et encouragée Robespierre.
Digne d’un véritable roman d’aventure
Thérèse Charles-Vallin consacre de longues pages aux luttes politiques – et souvent sanglantes – entre Girondins, Montagnards (dont Robespierre fait partie) et députés de la Plaine, plus modérés, sans oublier le Comité de Salut public, les Tribunaux révolutionnaires ou la Commune. Une période tourmentée, dont l’orchestrateur est Robespierre, agissant souvent en sous-main lorsqu’il ne harangue pas en tribune. Il est engagé dans La Révolution parfois jusqu’à la démesure, lorsqu’est décrété par exemple l’existence de l’Être Suprême et l’immortalité de l’âme le 7 mai 1794.
Pour être née aristocrate, et aussi étrangère par son père, Thérésia commence une cavale digne d’un véritable roman d’aventure. L’historienne s’interroge à ce sujet d’un épisode datant de 1793, lorsque la jeune femme part s’exiler pour Bordeaux. Elle voyage avec un jeune garçon au sujet duquel des spécialistes se sont interrogés : s'agissait-il de Louis XVII, le fils du roi décapité en début d’année ?
Ce qui est certain c’est que Thérésia, qui vient de divorcer, rencontre là-bas le troisième personnage du récit : Jean-Lambert Tallien, ancien publiciste introduit dans des cercles intellectuels, avant de devenir un acteur important de la Révolution française et un proche de Danton et de Marat. C’est un fervent acteur du nouveau régime. Il côtoie Robespierre, sans toutefois approuver tous ses excès, nuance l'auteure : "Tallien se sait mal vu de Robespierre en raison de son amitié avec Réal, proche des Girondins et Roederer, trop attaché à Louis XVI, et fera paraître une Adresse aux Citoyens où il l’attaque violemment sur ses méthodes."
Devenu "proconsul" de Bordeaux en 1793, Tallien rencontre Thérésia. La jeune femme le contacte pour une démarche en faveur de la veuve d’un député qui a été guillotiné. Une entreprise risquée en cette période troublée, le révolutionnaire faisant partie des plus engagés. L’auteure entreprend cependant de réhabiliter le révolutionnaire qui commence déjà à s’écarter des ultras : "Tallien put ainsi sauver de la guillotine plusieurs familles royalistes notoires." Entre l’ex-aristocrate lumineuse et irrésistible ("Et cet ensemble de gaîté [sic], de sensualité, d’idéalisme, d’assurance, de grâce, d’ironie, de force se fond harmonieusement en une physionomie piquante, vive en même temps que douce et bon-enfant") et le sémillant révolutionnaire ("Il portait bien la tête, une belle tête où les airs plébéiens, empruntés à la mode du temps, ne masquaient pas la fierté native") se noue un idylle ("Elle laissera au jeune député un souvenir ébloui. La Belle est arrivée dans sa vie et le Lion est amoureux"). Le climax de cette liaison seront les événements de Thermidor.
Au cours de l’année 1794, le sombre Robespierre devient la figure centrale de la Révolution française : "Il est porteur d’un extraordinaire syncrétisme. Il est le peuple…" L'Incorruptible dirige de fait la France dans un pouvoir de plus en plus dictatorial et que les représentants de la Convention craignent jusqu'à la "panique". Tallien, lui, est entre-temps devenu Président de la Convention lorsque Thérésia, que Robespierre a fait surveiller, est arrêtée dès son retour sur Paris. Le couple entre désormais dans la Grande Histoire, avec un Tallien aux avant-postes dans le déclenchement des événements du 9 thermidor et une Thérésia croupissant en prison, et dont la future exécution constitue l’une des clés de la mort de Robespierre.
Thérèse Charles-Vallin décrit heure par heure les événements thermidoriens dont la tête pensante a bien été Tallien. La tête de sa compagne est en jeu en même temps que la sienne, ce qui explique qu'il se lance corps et âmes dans une lutte à mort contre Robespierre. Plusieurs pages sont consacrées aux semaines sombres de la jeune captive, âgée de tout juste vingt ans. Comment a-t-elle vécu son emprisonnement ? A-t-elle fait connaissance là-bas de Joséphine de Beauharnais, la future épouse de Napoléon Ier ? Y a-t-il eu un complot orchestré de longue date pour faire tomber Robespierre et Saint-Just ?
Mine de rien, cet essai sur Thérésia et Robespierre fait un focus à la fois passionnant et romanesque sur la Révolution. Les passionnés d’histoire adoreront, sans aucun doute.
Revoilà Tropical Mannshaft, pour le troisième volet – pardon : troisième chapitre – de son projet musical. Derrière ce nom au doux parfum d’électro allemand se cache Florian von Künssberg, à la manœuvre et armé d’une belle ambition.
Le Chapter 3 de Tropical Mannshaft, son nouvel opus après le bien nommé To Be Continued…, est une électro qui entend aller "plus loin plus vite plus haut" comme ne le chante le musicien dans son Intro.
Car avec cette suite des aventures de Florian von Künssberg, nous voilà dans un condensé de sons lorgnant aussi bien du côté de Krafterwerk que de MLGMT, Metronomy… voire Pierre Henry.
Conceptuel oui, mais aussi pop et dansant , comme le prouve What A Night, avec ces vagues de synthétiseurs et de boîtes à rythme et aux gimmick eighties irrésistibles. Avec Out Of Time, on célèbre une noce sexy entre le hip hop et l’électro, grâce au featuring du rappeur britannique Jamie Broad. À noter que le clip a été réalisée et aussi dessiné par Christophe Perray.
Dans Ashes To Ashes Dust To Dust, l’auditeur verra un bel hommage à David Bowie dans un titre pop d’une élégance toute anglaise.
Et si l’on devait trouver d’un seul terme ce troisième volet de Tropical Mannshaft, ce serait très certainement celui de créativité, qui explose avec Fly Me Away, un morceau électro à la fois concrète et astral. Un vrai voyage intersidérale qui promet un futur chapitre prometteur.
Non, les quatre Parisiens d’Arrogant Criminals ne sont pas, comme leur nom ne l’indique pas, ces sales gosses venus piétiner les canons du rock. Depuis 2010, ils sont parvenus à se faire un nom dans la Grande-Bretagne d’Oasis, les États-Unis des Strokes et jusqu’au Japon. L’histoire du rock retiendra sans doute dans quelques années qu’après avoir été choisi pour le générique du dessins animé Les Dalton chez Xilam, les Arrogant Criminal ont vu en 2014, ironie du sort, l’enregistrement de leur premier album gâché par un braquage armé du studio Octopus (Pontoise). Leurs pistes d’enregistrements détruites, les Parisiens se sont malgré tout remis au travail, et ont sorti en 2017 leur deuxième EP, Boys Get Around. Six ans après ces déboires "criminels", les voici avec leur premier album, Fine & Dandy.
Ce premier opus démarre sur les chapeaux de roue avec son titre phare, Fine & Dandy. Les riffs de guitares sont poussés à plein régime pour ce morceau que l’on sera prié d’écouter à plein volume, confinement ou non. On est bien avec les Arrogant Criminals dans du pop-rock assumé : la preuve avec I’m A Fool For You, dont les influences sont à voir de l’autre côté de la Manche, du côté de chez Arctic Monkeys ou de Franz Ferdinand.
Saying Goodbye a ce goût de Beatlemania comme si la patine du temps était passée dessus : les guitares laissent place aux voix feutrés des quatre garçons dans vent, nostalgiques comme il se doit.
Un vrai cri d’amour
Voilà qui fait de l’opus Fine & Dandy un vrai retour aux sources, autant qu’une vaste revisite de la pop-rock. Ainsi, I Wanna Be Your Man adresse des clins d’œil appuyés en direction d’un blues rock aux guitares aussi musclées que les légendes de ZZ Top. Un vrai cri d’amour.
Long Ago (part I et II) revendique sa facture rock vintage : c’est diablement bien écrit et délicieusement régressif. Démarrant presque avec langueur, la partie I enchaîne sur un rythme rockabilly comme si la bande des Gallagher avait fusionné avec les Baseballs. La partie II prend singulièrement à contre-pied l’auditeur avec cette fois une pop californienne très seventies, dans laquelle les guitares se marient à des claviers planants, avant une orgie de riffs. Dans Fallin’ et Ending, il semble que cette fois plane au-dessus des Arrogant Criminals les mânes de Jim Morrisson.
Mais les Arrogant Criminals savent aussi dépasser la nostalgie et l’hommage au passé, comme le prouvent La tempête, fascinante envolée instrumentale faite de percussions, de machines et de rythmiques tribaux ou le Midnight Revelation, moins indus et plus pop. Là, nous voilà transporté du côté de l’Amérique des eighties, à bord d’une Buick se traînant sur les trottoirs humides de Brooklyn. Parce que la critique musicale n’est souvent qu’affaire d’interprétations, ne pourrions-nous pas voir derrière le morceau Time traveler et son funk talk-over un hommage au You’re Under Arrest de Serge Gainsbourg ? De nouveau une question d’hommage : on revient toujours à nos racines.
Les ouvrages sur les violences aux enfants ne manquent pas. Pensons par exemple à l’indépassable Vipère au Poing d’Hervé Bazin. Sur un sujet aussi douloureux que celui-ci, il est difficile pour un ou une auteure, reconnaissons-le, de faire œuvre de littérature.
Isabelle Vouin parvient pourtant dans son dernier roman, Qui aime bien (éd. Talents Hauts), à faire une lecture singulière de la violence aux enfants – en parlant d’un autre acte de violence. C’est en effet d’une gifle dont il est question, la gifle d’une adolescente, Valentine : "C’est parti tout seul. Aujourd’hui, j’ai giflé ma mère." Une gifle d'autodéfense.
Dans ce court récit – bref roman ou longue nouvelle – écrit à la première personne, la jeune fille revient sur l’histoire d’une éducation rude qui semble, hélas, trop bien illustrer le proverbe : "Qui aime bien châtie bien."
Valentine décrit son chemin de croix d’une violence trop ordinaire par une mère que très peu verraient en tortionnaire : "Le chic absolu", "pas du tout grosse ni vulgaire", qui "a dû en faire tourner des têtes", avec son "tailleur impeccable et ses talons hauts pour aller bosser au tribunal..." Car, ironie du sort, cette Folcoche du XXIe siècle, est une greffière et habituée des cours de justice.
En devenant son double Colombine, Valentine parvient à devenir ce qu’elle est
Cette fameuse gifle est l’élément déclencheur autant que l’aboutissement d’un processus de libération d’une jeune fille qui a compris sur le tard qu’il se passait quelque chose d’anormal avec ces coups domestiques, ces "roustres" qu’elle trouve, pendant des années, "normales", et ces humiliations quotidiennes. Si Isabelle Vouin parle de son père, c’est pour parler d’un autre drame : celui d’un deuil, qui explique également la démarche de Valentine : "Pour moi, Papa c’était Dieu, alors il ne risquait rien. Du coup, moi aussi je lui ai dit d’y aller. Mais Dieu a glissé."
La libération de l’adolescente passera par son amour pour Lorenzo mais aussi par un projet artistique et professionnel : devenir clown. En devenant son double Colombine, Valentine parvient à devenir ce qu’elle est : "Quand je mets mon nez rouge, c’est instantané, je passe direct dans une autre dimension, un autre espace-temps. Et là, je suis dans ma vraie vie."
À bien des égards, Qui aime bien est l’histoire d’une série de dévoilements : de la violence domestique, d’un rêve de spectacles, d’un secret familial (admirablement mis en scène dans la scène du cimetière), et finalement de la mise au grand jour ("J'écarte le tissus et je les vois assis autour de la piste") de cette mère violente, dans un avant-dernier chapitre où tout se noue et se libère.
Soyons honnêtes : Le dernier livre de Flore Cherry, L’Écriture érotique (éd. La Musardine) aurait sans doute mérité le pluriel. Car les écritures érotiques ont des visées et des objectifs différents ? Quoi de commun en effet entre la création d’un roman, la rédaction d’une lettre à un amant ou à une maîtresse, l’envoi de sextos ou la publication de posts plus ou moins personnels sur un blog ? Un dénominateur rassemble ces écritures : comment exprimer le désir ?
Voilà un vrai challenge, voire même une "science" comme le déclare l’auteure qui a fait de l’écriture érotique un vrai travail – comme l’attestent ses ateliers des "Écrits polissons", son Salon de la littérature érotique, ses fonctions au magazine Unionou ses chroniques pour Sud Radio.
L’Écriture érotique entend donner au lecteur des outils, des idées mais aussi de l’inspiration pour exprimer sur papier – ou sur ordinateur – le désir, l’excitation et la tension sexuelle. Avec, dès l’introduction, cette remarque : "Et la différence entre écriture "érotique" et "pornographique", alors ? Personnellement, je pense qu’elle est là où vous placez votre morale, votre pudeur et votre expérience de lecture."
Flore Cherry consacre les premiers chapitres de son manuel à un préliminaire : "À quoi ça sert de bien écrire du cul ?" Voilà une question pas si anodine que cela, sauf si, comme elle le dit, vous choisissez d’esquiver le sujet en considérant que l’indicible – ici, le désir, l’attirance, les pulsions sexuelles – ne s’écrit pas. Pourtant, l’auteure voit bien des avantages à se lancer dans l’écriture érotique : commencer, voire entretenir, un lien intime avec son ou sa partenaire, vivre pleinement des fantasmes via la plume ou le clavier, "mieux se comprendre soi-même", s’affirmer et passer au-dessus de sa timidité naturelle et, pourquoi pas, "participer à une révolution." Car la littérature érotique est depuis longtemps un genre qui a su dépasser le stade de création légère. Elle porte aujourd’hui "l’étendard d’autres combats plus sociétaux. On pourrait citer en premier lieu celui des luttes féministes." Les exemples de manquent pas : Virginie Despentes (Baise-moi), Catherine Millet (La Vie sexuelle de Catherine M.) ou, moins connus, Marie-Anne Paveau (Le Discours pornographique, éd.La Musardine) et Françoise Simpère (Ce qui trouble Lola, éd. Blanche).
Oscar Wilde, Anaïs Nin, Roald Dahl Jean de la Fontaine et même… Emmanuel Macron
La deuxième partie de l’essai de Flore Cherry aborde le cœur de ce qu’est l’écriture érotique, et comment se lancer. Et pour cela, la créatrice des "Écrits polissons" propose une série de réflexions et d’entraînements autour de différents thèmes : la description physique, la description sensuelle, les sentiments, les rapports de pouvoir, le jeu ou l’humour.
Mieux que de simples exercices – avec tout de même ce qu’il faut de théorie – Flore Cherry n’oublie pas de proposer des passages savamment épicées : le lecteur trouvera ainsi une série de déclinaisons sur l’art d’écrire sur la fellation sur un mode factuel, amoureux, violent, transgressif ou dégoûté.
Avec la dernière partie de L’Écriture érotique vient enfin l’objectif ultime qui est de se retrousser les manches et de mettre en application les conseils prodigués dans l’ouvrage. Le lecteur – et, gageons-le, futur auteur – trouvera là de quoi passer au-dessus de la leucosélophobie – autrement dit la "peur de la page blanche." Des conseils qui peuvent s’appliquer à l’écriture de manière plus générale. Là d’ailleurs est aussi l’intérêt du manuel qui peut faire office de vade-mecum pour un écrivain en herbe quel qu’il soit : Où écrire ? Avec quels outils (plume, crayon, ordinateur… ou smartphone...) ? Comment trouver le temps ? Preuve du sérieux de cet ouvrage, Flore Cherry insiste sur l’importance du vocabulaire – particulièrement capital dans la littérature érotique –, de la ponctuation mais aussi de l’orthographe, un sujet qu’elle sait dédramatiser. Le lecteur trouvera enfin des chapitres spécifiques "pour écrire un texte érotique, quel qu’il soit et quelle que soit sa fonction" : lettres d’amour, sextos, journal intime, roman, théâtre, blog, voire chanson paillarde ! Flore Cherry a enrichi son manuel de trucs, d’idées, de fiches pratiques (en fin de volume) et de multiples fiches d’entraînement.
L’ultime conseil de Flore Cherry est pour les lecteurs ou lectrices encore réfractaires à un genre encore mal considéré : arrêtons de nous "trouver des excuses", dit-elle. Et de rappeler que la littérature érotique regorge de célébrités qui s’y sont adonnées : outre Sade, elle cite Oscar Wilde, Anaïs Nin, Roald Dahl (l’auteur de Charlie et la Chocolaterie), Jean de la Fontaine et même… Emmanuel Macron.
Aziz Sahmaoui est de retour avec son groupe University Of Gnawa pour Poetic Trance, un troisième album formidable où se mêlent pop-rock, sons marocains, jazz et musique gnawa. Dix ans sont passés depuis la création de cette formation mêlant des artistes sénégalais, maghrébins ou français.
La voix du co-fondateur de L’Orchestre National de Barbès est toujours là : vibrante et envoûtante. Elle sert une musique sans frontière que le joueur de mandole et de n’goni propose dans une world ensoleillée, entre Maghreb et Sénégal (Janna Ifrikia).
Poetic Trance c’est un pont entre Maghreb (Ganga Sound Of Mbirika), Afrique subsaharienne (les rythmes hypnotique de La peur - Nogcha) mais aussi l’Occident avec ces riffs, ces accents de rock progressif (Sotanbi) de de pop enlevée et dansante (Nouria).
Les sons sénégalais sont très présents dans un album produit par Martin Meissonnier à la production qui entend être une rencontre encore cultures, comme le laisse entendre le titre du morceau Entre voisins.
L’opus devient franchement mélancolique et touchant avec des deux excellents titres, la balade Coquelicots et Soudani ya yémma.
Je vous parlais il y a quelques mois de Fatbabs et de sa bande de potes qui nous proposait son EP Holidays, réjouissant et, dirions-nous, estival. Le producteur et beatmaker enfonce le clou avec son album Music Is For Kids, tout aussi festif et créatif. Un opus rafraîchissant et ensoleillé pour nous, les gamins que nous sommes tous. Ça tombe bien : il fait beau et nous sommes enfermés chez nous. "Si j’avais le temps / Je ferais rien / Si j’avais le temps / Je le ferais bien / C’est jamais le moment" (A quoi tu penses ?). Cela ne vous parle pas ?
Pour son nouvel opus, Fatbabs a su s’entourer, et même de bien s’entourer. Il propose des featurings à la pelle pour un album souriant :Naâman, Sizzla, Demi Portion, Soom T, Jahneration, Marcus Gad, Volodia, Kenyon, Naë, Françis, Scars, Mardjenal, Cheeko, D’Clik, Mood Supachild, Joey Larsé, Rachel Lacroix, Jazz P, MC Kaur, Floretha, Madeline et Adil Smaali. Vingt invités pour un premier album réellement ambitieux.
Le résultat ? Une pop décomplexée matinée d’urbain (Life is Child, avec Madeline en featuring), d’électro (Inspiration, CelestialDance avec Floretha et Joey Larsé), de rap (Like A Melody, avec Naâman et Mood Supachild ou Woman avec Jazz P., MC Kaur ou Demi Portion) et même de reggae (Close To Me avec Jahneration, Look Out avec Sizzla et Relate avec Marcus Gad.
"Si j’avais le temps / Je ferais rien / Si j’avais le temps / Je le ferais bien"
Oui, du reggae également. Il faut dire que depuis 2012, Fatbabs est le beatmaker fétiche de Naâman, figure emblématique du reggae français. Il produira d’ailleurs ses trois prochains albums, dont un en Jamaïque.
On en saura jamais trop remercier Fatbabs pour ses titres merveilleux de rythme, de soleil, à l’exemple de Music Is For Kid, qui donne son nom à l'album, ou encore et surtout du fantastique morceau Sad Owl, avec Rachel Lacroix dont on découvre l’immense talent.
On retrouve dans Music Is For Kids le titre Keep on Rollin avec Naâman et Demi Portion, qui était déjà présent dans le EP Holidays. Au sujet de ce mini-album, j’avais déjà souligné tout l’aspect festif du titre sautillant Lalala, présent également ici. Comme si Fatbabs avait rameuté pour l’occasion sa bande de potes, Naâman, Jahneration, Volodia, Kenyon, Mardjenal, Francis, Cheeko, D’click et Scars.
Vrai album de fusion, Music Is For Kids est une ouverture généreuse au monde, à l’instar de Look Out avec Sizzla et Relate avec Marcus Gad : énergie, plaisir et passion. Fatbabs dit à sa manière que la musique est pour les grands enfants que nous sommes.