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  • D’un Strauss à l’autre

    De Richard Strauss, on connaît surtout ses opéras Salomé, Elektra ou Le Chevalier à la Rose, sans oublier bien sûr l’incroyable Ainsi parlait Zarathoustra dont tout le monde connaît au moins l’ouverture. C’est cependant un peu trop oublié que le compositeur, que l’on peut qualifier de dernier classique et dernier romantique du XXe siècle, est aussi l’auteur de musiques de chambre.

    Dans son dernier enregistrement du Trio Arnold, joué en novembre 2023 au Théâtre de Coumommiers,  proposé par b•records, on retrouve une œuvre de jeunesse, le Quatuor pour piano et cordes en ut mineur opus 13, datant de 1864 et les Métamorphoses TrV 290, achevées en avril 1945. Ces Métamorphoses sont proposées ici dans dans l’arrangement de Rudof Leopold pour septuor à cordes.

    Richard Strauss a tout juste vingt ans lorsqu’il écrit ce quatuor. Le romantisme continue de rythmer la musique allemande et européenne. Richard Wagner s’est éteint un an plus tôt mais son influence demeure intacte. Dans le même temps, le jeune Richard Strauss est en train de prendre la relève et de devenir une figure montante du mouvement avant le big-bang de la Seconde École de Vienne, celle d’Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton Webern.

    Quel contraste entre le Quatuor pour pianos et cordes des jeunes années de Strauss et ces Métamorphoses tardives ! 

    Mais restons dans le romantisme pur jus de Strauss. Le Quatuor pour pianos et cordes opus 13 est l’œuvre d’un compositeur jeune, et surdoué. L’"Allegro" se développe avec fraîcheur et vivacité. On pourrait même dire une certaine insouciance. Sans doute Strauss retrouvait-il le plaisir de l’intimité de la musique de chambre, après, coup sur coup, son concerto pour cor et orchestre (1883) et sa Symphonie en fa mineur (1884) ? Sans doute. Mais il y a aussi ce plaisir évident d’imposer une certaine modernité, à l’instar du "Scherzo : Presto", virevoltant et mené tambour battant.

    L’auditeur sera sans doute conquis par l’"Andante" à la belle délicatesse. Le quatuor se termine avec un "Finale Vivace", plus grave, plus sombre mais tout aussi élégant et dense. Strauss construut ici un vrai univers musical aux multiples arabesques.  

    Quel contraste entre le Quatuor pour pianos et cordes des jeunes années de Strauss et ces Métamorphoses tardives ! L’œuvre a été terminée en avril 1945, alors que l’Allemagne nazie est en train d’agoniser – le sinistre dictateur allemand n’en a plus que pour quelques semaines. Pour cette commande du chef d’orchestre et mécène suisse Paul Sacher, On sent l’octogénaire marqué par les événements des années 40, par quelques compromissions artistiques par les nazis avant d’être victime des procédures de dénazification à partir de 1945.  

    C’est un musicien sombre et pessimiste qui fait de cette œuvre tardive une preuve de son attachement au classicisme et au romantisme, déjà dépassés par les inventions audacieuses de la musique contemporaine. L’envoûtement est assuré dans ce septuor en un seul mouvement de presque trente minutes qui nous parle aussi de la fin d’un monde. Nous sommes en 1945. Quatre ans plus tard, Richard Strauss disparaît.

    Richard Strauss, Quatuor pour pianos et cordes & Métamorphoses, Trio Arnold, La Belle Saison Live, b•records, 2024
    Collection Schumann, Œuvres avec Instruments à vent, L’Estran Live, b•records, 2024
    https://www.b-records.fr

    Voir aussi : "Romantique et métaphysique Schumann"

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  • L’univers de Leo Courbot

    C’est une excellente idée que d’avoir choisi une création de Philippe Caza, dessinateur culte des années 70 (Les Humanoïdes Associés, Métal Hurlant). pour illustrer l’album de Leo Courbot, Passion At A Distance. Voilà un album rock et sidérale ("Dark *Matter") comme venu d’un autre temps, celui du psychédélisme en vogue dans les années 70 et au début des années 80 ("Multiverse").

    De la guitare, un rythme incroyable, de l’efficacité et une voix à la Prince ouvrent l’opus, avec le titre "The Girl with the celestial soul" qui va comme un gant avec le visuel de l’album. Nous parlions rock. Parlons aussi de ce son soul dont Léo Courbot s’empare avec bonheur ("Geodesic »).

    Le musicien belge, après un premier album remarqué (Vatic Vintage, révélation Jazz Magazine 2021), surprend son monde et propose sans doute l’album le plus cool et le plus frais que l’on ait entendu depuis longtemps, et cette fois sans esbroufe : guitares, batterie, claviers, la voix irrésistible de Leo Courbot, et un vrai univers – dans tous les sens du terme ("Geodesi", "Electron Clouds", "Multiverse").

    L’influence de Prince saute aux oreille

    Répétons-le : l’influence de Prince saute aux oreilles, à l’instar du titre court et efficace "The Quantum Quake", interprété en featuring avec Pat Dorcean. Rock funk encore avec "Imaginary Niumber (feat. Oliver Green Lake).

    "Cantique des Quantiques", en featuring avec Stéphane Galland, est le titre phare de l’opus. Leo Courbot abandonne l’anglais pour un morceau en français, une belle déclaration d’amour commençant par ce vers à la fois poétique et sans ambiguïté : "Je vise l'intégrale, le cantique des quantiques… physique." L’univers, l’espace, l’éternité et la physique sont convoqués au service de l’amour, du désir et de l’attraction : "Et même ailleurs elle sera là / Comme si elle avait traversé / D'autres univers à tours de bras / Et nous pourrons nous embrasser".

    Le psychédélique "Wormholes", qui conclue Passion At A Distance, nous fait dire que coule dans les veines de Leo Courbot tout autant le sang du "kid de Minneapolis" que celui de David Bowie – période berlinoise. À découvrir pour en juger de toute pièce.

    Leo Courbot, Passion At A distance, 2024
    https://www.facebook.com/LeoCourbotMusic
    https://www.instagram.com/leocourbotmusic

    Voir aussi : "Avant les Grandes Panathénées"
    "C’est le moment pour Vanessa Philippe"

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  • À la cour du Roi Soleil

    Attention, choc musical avec cet album consacré au Te Deum de Jean-Baptiste Lully. L’enregistrement que nous propose le Château de Versailles, dans sa collection des Grands Motets, commence par la plus singulière des manières, avec une œuvre d’un presque inconnu, Jacques Danican Philidor (1657-1708) et sa puissante Marche de timballes, avant une (très) courte Marche Royalle de son frère André Danican Philidor, dit "L’aîné" (1652-1730).  

    Avec cette entrée en matière, nous voilà à plein dans la cour du Roi Soleil. Idéal pour ouvrir l’un le fameux Te Deum de Jean-Baptiste Lully (1637-1687), né Giovanni Battista Lulli. Stéphane Fuget et son ensemble baroque Les Épopées prend à bras le corps cette œuvre composée en 1686 pour le baptême de Louis, le fils aîné du souverain français. La première exécution a lieu le 9 septembre 1677 à Fontainebleau.

    Il faut se laisser imprégner par les vagues orchestrales et les chœurs ( les Pages et les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles) pour entrer à la cour du Roi Soleil. C’est là que la musique baroque a connu sa plus étonnante manifestation. Elle a su, grâce notamment à Lully, important surintendant de la Musique de la Chambre du roi, allier luxuriance, magnificence et retenue, souvent dans un objectif politique – disons-le – ce qui a sans doute contribué à la rendre moins visible – ou plutôt moins audible – dans les siècles suivants. 
    On doit au Château de Versailles de rendre hommage à Lully qui fut au XVIIe siècle sans doute l’un des plus grands compositeurs de son temps.       

    La petite et la grande histoire racontent que ce Te Deum fut tragique pour Lully

    Stéphane Fuget et son ensemble des Épopées mettent en valeur l’essence de ce Te Deum, œuvre sacrée autant que profane, avec sa part de pompe (le "Te deum" à l’ouverture) mais aussi de spiritualité ("Pleni sunt caeli et terra", "Quos pretioso sanguine redemisti"). Il y a aussi ces moments de respirations ("Te ergo quaesumus", "Dignare Domine die isto"). Les chroniqueurs de l’époque racontent que le roi fut si ravi de cette œuvre qu’il exigea de "l’entendre plus d’une fois".

    La petite et la grande histoire racontent que ce Te Deum fut tragique pour Lully. Il choisit de le remonter en septembre 1687 pour retrouver les bonnes grâces du roi, agacé par les mœurs dissolues du compositeur. Hélas, lors du concert, c’est en dirigeant ses musiciens et chanteurs que Lully se blesse gravement à l’aide de sa lourde canne. La gangrène gagne rapidement son pied et Lully décède quelques semaines plus tôt.

    Le motet Exaudiat te Dominus de Lully suit habituellement son Te Deum, et c’est tout naturellement qu’on le retrouve dans cet enregistrement du Château de Versailles. Il a été composé en 1687 pour le roi – bien évidemment – à l’occasion d’une bonne nouvelle : la santé recouvrée du souverain après de sérieux pépins de santé.

    Il est vrai que l’allégresse est le terme qui caractérise le mieux l’ouverture du motet, en forme d’action de grâce : "Exaudiat te Dominus in die tribulationis". L’orchestre et les chœurs dirigés par Stéphane Fuget ne sont pas en reste. A l’instar du te Deum, moments d’exaltations et recueillement ("Domine, salvum fac regem") ponctuent régulièrement cette œuvre vraiment attachante. Que l’on pense au bref, délicieux et enlevé "Laetabimur in salutari tuo" ou à l’enflammé "Hi in curribus, et hi in equis".  Avec en prime une action de grâce ("Gloria Patri et Filio"). Louis XIV et Lully le valaient bien, sans doute.

    Et dire que tout s’est terminé avec une vilaine et stupide gangrène au pied !

    Jean-Baptiste Lully, Te Deum, Stéphane Fuget, Les Épopées, Lully – Grands motets, vol. 4, Château de Versailles Spectacles, 2024
    https://boutique.cmbv.fr/fr/lully-te-deum-vol4
    https://www.lesepopees.org/fr

    Voir aussi : "Brahms doublement suisse (et même triplement)"

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  • Un bon rafraîchissement pour les Suites de Bach 

    Les célébrissimes Suites pour violoncelle de Bach trouvent avec Henri Demarquette un nouveau souffle qui ne dépaysera pas les amateurs de classique. Dans le livret de l’album proposé par les éditions Evidence, Erik Orsenna rappelle que ces Suites sont un des quelques miracles qui font l’histoire de l’art. Œuvres copiées par la soprano et seconde épouse de Bach, Anna Magdalena Bach, les Suites furent "perdues" pendant plusieurs siècles avant d’être découvertes au XXe siècle par Pablo Casals. Depuis, elles sont devenues incontournables.  

    Certes, on reconnaîtra instantanément les premières notes du "Prélude" de la Suite n°1 BWV 1007. Par contre, le violoncelliste français choisit de la mener tambour battant (moins de deux minutes), avant de s’engager avec entrain dans la "Courante". Oui, assurément, mine de rien il souffle un vent de fraîcheur dans ces suites pour violoncelle qui font partie de ce qui s’est fait de meilleur en matière musicale. Pas moins.

    L’envoûtement indéniable dans l’incroyable "Sarabande". L’archer d’Henri Demarquette caresse les cordes avec amour, avant les deux "Minuets" et une "Gigue" enjouée. Il faut avouer que des Suites pour violoncelle, on ne connaît que la première. Pire, le premier mouvement. Voilà l’autre intérêt de s’arrêter à cette intégrale, avec par exemple une étonnante Suite n°2 BWV 1008 plus en tension, à l’instar de la "Prélude" que l’on dirait douloureuse, contrebalancée par une "Allemande", vivante et consolatrice. Henri Demarquette s’en empare avec une indéniable virtuosité. Virtuosité encore avec cette "Courante" à la belle densité. On est captivés par la "Sarabande" de cette deuxième Suite. Elle se déploie avec élégance mais aussi ce je ne sais quoi de mélancolie, comme si l’on était au bord d’un gouffre métaphysique. À qui parlait Bach lorsqu’il composait ce mouvement ? Qu’importe.

    L’auditeur se laissera vite embarqué par cet enregistrement à la fraîcheur indéniable. Arrêtons-nous deux secondes sur la suite "Minuets I & II". Ces menuets rappellent que Bach clôt avec génie la période baroque et une élégance hors-pair. Le rythme est au cœur de cette partie irrésistible et d’une belle fraîcheur. La "Gigue" qui vient conclure la deuxième suite a un souffle plus singulier encore. Bach y voit une manière de revenir aux traditions musicales de son pays, avec cet enthousiasme que retranscrit Henri Demarquette. 

    Mine de rien il souffle un vent de fraîcheur dans ces suites pour violoncelle

    La Suite n°3 BWV 1009 commence par un "Prélude" rutilant et impressionnant dans sa célérité, demandant au violoncelliste une virtuosité impeccable qui rend la modernité à cette entrée en matière. Suit une "Allemande" plus complexe mais aussi plus alerte. Autant certainement que la "Courante" de cette troisième Suite, avant la somptueuse et mélancolique "Sarabande".

    L’auditeur sera surpris d’entendre ces "Bourrées I & II" d’une singulière modernité. Captivantes, elles sont sans nulle doute, avec la "Sarabande", l’une des pièces maîtresses de cette Suite n°3. Elles viennent appuyer la conclusion donnée par une délicieuse "Gigue". Henri Demarquette s’en empare avec un plaisir intact et une solide maîtrise, indispensable pour qui veut s’emparer de ces œuvres de Bach.  

    Dans son double album, le deuxième disque est consacré aux Suites N° 4, 5 et 6. Véritable marathon musical donc pour s’approprier ce qui est un des joyaux du répertoire classique occidental. Le magique dans l’histoire est que le compositeur allemand parvient à surprendre son auditeur en dépit de la structure identique : prélude, allemande, courante et sarabande. Après s’être joué du rythme dans le "Prélude" de la Suite n°4, Bach choisit de construire son "Allemande" comme une onde nonchalante mais néanmoins enjouée. Moins vive cependant que sa Courante" à la fois joyeuse et espiègle. On remarquera dans cette quatrième Suite pour violoncelle sa durée sensiblement plus longue que pour les précédentes. Ce que confirment les deux Suites suivantes. La "Sarabande" de la quatrième ne déroge pas à cette remarque. Elle se déploie tel un adagio poignant. Les "Bourrées I & II" viennent apporter de la fraîcheur et de la vitalité, avant une "Gigue" dans le plus pur style du Kantor de Leipzig.

    L’ouverture ("Prélude") de la cinquième Suite BWV 1011 cueille à froid l’auditeur : lente, sombre pour ne pas dire funèbre, avant de se déployer dans toutes ses couleurs. Pour l’"Allemande", Henri Demarquette utilise toute la palette de son instrument, avec un mélange de virtuosité et de fraîcheur. Après une "Courante" menée efficacement, l’auditeur trouvera la "Sarabande" de la cinquième Suite poignante dans sa singulière pureté. Bach surprend avec le choix de la gavotte pour l’avant-dernière partie. Il s’agit de danses traditionnelles. Le compositeur allemande s’approprie ces rythmes populaires pour en faire des œuvres d’art passionnantes et touchantes. Comme pour les autres Suites, une "Gigue" vient conclure la cinquième avec une grâce indéniable.

    Terminons avec la Sixième et dernière Suite BWV 1012. L’auditeur y trouvera une légèreté que n’avait certes pas la précédente œuvre. La virtuosité est indispensable pour qui veut bien s’emparer de passages à la fois dangereux et fascinants ("Prélude"). L’"Allemande" qui la suit est le plus long morceau de l’album. Lent, nostalgique, mélancolique, cette partie séduit par sa simplicité. Après une "Courante" à la jolie prestance, place à une "Sarabande". Là encore, Bach prouve qu’il est à jamais indissociable de cette danse. Cette sarabande se déplie avec onctuosité. Le violoncelle lui donne des allures de chant humain amoureux.

    On a souvent vanté, à juste titre, les vertus pédagogiques de ces Suites. Il faut ici les écouter – et c’est toute la qualité de l’enregistrement d’Henri Demarquette – comme de vraies créations musicales où l’âme de Jean-Sébastien Bach se livre, à l’instar de cette superbe sarabande. Une nouvelle fois, c’est la gavotte ("Gavottes I & II") qui est au cœur de l’avant-dernière partie des Suites pour violoncelle de Bach. Bach magnifie la gavotte comme jamais. Henri Demarquette est impeccable ici dans l’interprétation majuscule, avant la "Gigue" toute en nuances de la sixième Suite, rafraîchissante comme tout le reste du double album.  

    Jean-Sébastien Bach, Suites pour violoncelle, Henri Demarquette, Evidence, 2024
    https://henridemarquette.fr
    https://evidenceclassics.bandcamp.com/album/bach-the-complete-cello-suites
    https://www.facebook.com/evidenceclassics/?locale=fr_FR
    https://www.facebook.com/HenriDemarquetteOfficiel/?locale=fr_FR

    Voir aussi : "Brahms doublement suisse (et même triplement)"

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  • C’est le moment pour Vanessa Philippe

    Il y a deux ans, Vanessa Philippe sortait Soudain les oiseaux, un opus aussi formidable que bouleversant. L’artiste y parlait de la mort soudaine de sa sœur. Il est d’autant plus enthousiasmant de revoir Vanessa Philippe dans son nouvel album, L’Amour c’est chiant, que la musicienne revient avec une œuvre plus apaisée où la force reste à la vie et à l’amour.

    Dans une facture chanson française et électro-pop, Vanessa Philippe continue à s’adresser à sa défunte sœur, mais cette fois sous forme d’un adieu qui n’en est pas un, avec un titre éloquent : "La nuit repart" : "Je vois / Dans ton départ / Quelque chose / De l’arrogance / Je sens / A ton départ / Un au revoir / Qui n’en est pas".  

    La chanteuse, également réalisatrice de ses formidables clips multi primés, a beau parler d’amour ("Embrasse-moi") et s’affirmer comme une vraie poétesse ("Au bord du ciel" : "M’asseoir au bord du ciel / Tout près des étoiles / Les mains dans la nuit / Du fleuve / Je nage dans les nuages"), elle peut se laisser aller au spleen, voire à la profonde mélancolie lorsqu’elle parle du "temps qui passe" ("Je cours devant") ou bien lorsqu’elle parle de sa sœur qui lui manque toujours ("C’est quand / La dernière fois / Celle où j’étais / Dans tes bras… C’est quand / La dernière fois / Où on / Riait tout bas… Qu’on jouait / Seuls toi et moi", "La dernière fois").

    Il y a dans ce formidable opus un univers attachant que la musique vient accompagner et jamais étouffer

    Elle chante avec une voix juvénile, avec une simplicité désarmante ("Clair de lune"). Avec la même économie de moyens, Vanessa Philippe parle des tourments de l’amour qui nous laissent souvent démunis ("Tu me manques quand t’es pas là / Tu me manques quant t’es là", "L’amour c’est chiant"), lorsque ce n’est pas la vie elle-même qui se dévoile comme absurde ("On n’y peut rien / Si le ciel est mouvant / Si la terre est mouillée / Ce n’est pas le moment", "Sous les violons"), avec la mort et la souffrance jamais tout à fait absents dans des titres très personnels (le mystérieux et sombre "Jeanne", dédié à sa grand-mère).

    Il y a dans ce formidable opus un univers attachant que la musique vient accompagner et jamais étouffer. Vanessa Philippe se révèle en artisane, travaillant quasi seule au son comme à l’image (nous parlions de ses clips, à découvrir eux aussi absolument). Fragile et forte, poétesse et musicienne, sombre et non-dénuée d’humour, on ne peut que se féliciter de voir une telle personnalité sur la scène française, capable de punchlines qui restent dans la tête ("Beauté fatale / Est-ce que sans toi / Je me tire une balle", "Beauté fatale").

    C’est le moment vraiment de la découvrir, si ce n’est pas déjà fait.

    Vanessa Philippe, L’Amour c’est chiant, Le Poisson Spatial, 2024
    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi
    https://www.youtube.com/channel/UCrOo-oJyf-lzK6NHjqnyHqA

    Voir aussi : "Soudain, Vanessa Philippe"
    "L’amour, comme un jeu vidéo"
    "Pas la dernière pour Vanessa Philippe"
    "Encore un mot d’Alba"

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  • Brahms doublement suisse (et même triplement)

    On connaît plus Brahms pour ses œuvres pour piano, ses Danses hongroises, ses Symphonies ou son Requiem allemand que pour ses Sonates pour violon et piano. Elles n’en restent pas moins essentielles pour qui se passionne pour le compositeur romantique allemand. Rachel Kolly d'Alba au violon et Christian Chamorel au piano, deux brillants et demandés instrumentistes suisses proposent les trois sonates pour violon et piano dans un tout récent enregistrement d’Indésens Calliope

    Dès le premier mouvement "Vivace ma non troppo" de la première sonate op. 78 nous voilà transportés dans un beau voyage à la fois aérien et vivifiant. Peu dissert en matière d’indications de jeu, Brahms aurait sans doute apprécié ce jeu tout en finesse – "à la française", même si ce sont deux musiciens suisses qui s’emparent de l’affaire. Le romantisme, ici, est synonyme de pudeur et de retenue, jusqu’aux dernières notes aux belles envolées.

    Au sujet du 2e mouvement "Adagio", il faut parler de ce qui en fait le cœur : la mort prématurée de Félix Schumann, le fils de ses amis Robert et Clara Schumann, à l’âge de 24 ans. Nous sommes en 1878, date de composition de la sonate. Brahms pense bien évidemment à sa chère Clara lorsqu’il écrit ce mouvement à l’accent funèbre et pathétique. Il lui conseillera par ailleurs de le jouer "très lentement". Clara Schumann vouera une très grande gratitude à Brahms pour cette composition grave et bouleversante.  

    Cette première sonate est habituellement surnommée "Sonate de la pluie". C’est précisément le troisième mouvement "Allegro molto moderato" qui évoque le mieux cette expression. Faussement léger et vraiment vivifiant, Brahms se fait coloriste autant que musicien. Les gouttes d’eau mais aussi les larmes tombent, comme un rappel à la tristesse qui étreint à l’époque le couple Schumann suite au décès de leur fils de 24 ans. Vie et mort semblent ainsi se partager le terrain. Brahms ne l’oublie pas qui demandera à son éditeur de verser ses honoraires pour cette œuvre à ses amis. Et à sa chère Clara, bien entendu. 

    "Aucune œuvre de Johannes ne m'a ravie aussi complètement"

    Sept ans après cet opus, Brahms récidive avec une deuxième sonate pour violon et piano op. 100 qu’il compose cette fois en Suisse, sur les rives du lac de Thoune, près de Berne. Tiens, tiens. Voilà, qui rend la version helvète de Rachel Kolly et Christian Chamorel particulièrement intéressante et éloquente. Le deuil des Schumann semble être loin dans cette œuvre apaisée, pour ne pas dire poétique et lumineuse. Rachel Kolly et Christian Chamorel s’en emparent avec grâce et une certaine volupté, à l’instar du premier mouvement "Allegro amabile".

    Le romantisme est à l’œuvre, alors que le XIXe siècle décline doucement et que la modernité est sur le point de frapper à la porte. Mais la place est encore à la mélodie et à l’harmonie, avec un "Andante tranquillo – Vivace" d’une belle richesse, balançant entre le calme, la douceur amoureuse et la joie de vivre. Joie de vivre encore avec le dernier mouvement "Allegretto grazioso (quasi andante)" tout en prestance et en retenue, se déployant pourtant peu à peu jusqu’à l’expression de la passion amoureuse qui vient surprendre l’auditeur, tant ce mouvement frappe par sa relative brièveté (un peu plus de cinq minutes) et son efficacité. Clara Schumann – toujours elle – a vu dans cette deuxième sonate une œuvre brillante et joyeuse – l’une des meilleures sans doute de Brahms – qui a sans nul doute dû contribuer à apaiser ses tourments : "Aucune œuvre de Johannes ne m'a ravie aussi complètement. J'en ai été heureuse comme je ne l'aurai été depuis bien longtemps", écrit-elle à son ami Johannes Brahms.  

    La troisième sonate op. 108 a la première particularité d’avoir été composée sur une relative longue période, de 1878 à 1887. Brahms l’a lui même jouée lors de sa première à Budapest en 1888. Par rapport aux deux premières sonates, celle-ci comporte quatre mouvements et non pas trois. Nous sommes là dans une œuvre écrite avec un soin particulier par un artiste qui, au crépuscule de sa vie, n’a plus rien à prouver. L’aisance est là, la maîtrise aussi. Brahms se joue des mélodies, des variations, du rythme, donnant au premier mouvement "Allegro" une palette de couleurs pour ne pas dire de sentiments… et de saisons. En parlant de saisons, n’est-ce pas l’automne qui s’annonce dans le deuxième mouvement "Adagio" ? Lent et nostalgique, Brahms y parle sans nul doute de cette vieillesse et du temps qui passe. Notons par ailleurs que le violon est un peu plus mis en avant que dans la précédente partie. Le violon mais aussi, singulièrement, le silence.

    Plus court (moins de trois minutes), le mouvement "Un poco presto e con sentimento" ressemble à une friandise délicate, une sorte de danse que l’on imagine avoir été composée avec plaisir et gourmandise par Brahms. La sonate se termine par un final du plus bel effet. Il est joué "presto agitado" par les deux interprètes suisses. Vif, vigoureux et nerveux, le mouvement clôt la sonate avec majesté.  

    C’est là qu’il faut parler de la dernière sonate pour violon et piano qui clôt cette intégrale. Il s’agit du Scherzo en do mineur WoO 2. Un seul mouvement donc pour cette œuvre qui fait en réalité partie d’une sonate en quatre mouvements composée à trois par Robert Schumann, Albert Dietricht et Johannes Brahms qui s’est occupé du troisième. Cette œuvre commune est surnommée "F.A.E." pour "Frei Aber Einsam" ("libre mais solitaire"). Composée en 1853, elle est précoce dans la carrière de Brahms, et a été écrite en hommage au violoniste Joseph Joachim. C’est la jeunesse, la fougue et l’enthousiasme qui caractérisent ce "Scherzo" souvent joué seul et qualifié à raison de sonate à part entière. L’auditeur ne devra pas passer à côté de cet opus interprété avec virtuosité, tendresse et fraîcheur par Rachel Kolly et Christian Chamorel. L’un des plus beaux hommages au compositeur romantique, sans aucun doute. À l’époque, il n’avait que vingt ans.

    Johannes Brahms, Violin Sonatas, Rachel Kolly (violon) & Christian Chamorel (piano),  
    Indésens Calliope, 2024
    https://indesenscalliope.com/boutique/brahms-sonatas
    http://rachelkolly.com
    https://www.facebook.com/rachelkolly
    https://www.facebook.com/rachelkolly
    https://christianchamorel.ch
    https://www.facebook.com/chrischamorelpiano

    Voir aussi : "Cher maître, doux élève"
    "Pour l’amour de Clara"

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  • Cher maître, doux élève

    Le baroque. Voici un genre musical qui était, dans les années 80, très populaire dans la musique classique – et même populaire dans la musique tout court. C’est avec un bonheur évident que l’on retrouve, dans l’album Dolce Pupillo, mené par Sonia Prina, Luan Góes et l’ensemble Les Furiosi Galantes, une compilation d’œuvres pour l’essentiel italiennes – et vocales.

    Tout d’abord, un mot sur le titre donné à cette compilation d’airs baroques. "Dolce pupillo", littéralement "doux élève",  rend hommage à la transmission maître-disciple, chaque morceau constituant une sorte de fil parental entre des compositeurs européens, qu’ils soient connus – Händel, Vivaldi, Scarlatti – ou plus au contraire confidentiels – Porpora, Bononcini ou Lotti.

    Dans la présentation du disque (on ne saurait, au passage, que conseiller aux auditeurs de se procurer l’album au format physique), Luan Góes explique que "chaque plage [du] disque est consacré à un compositeur successivement en lien (maître-élève) avec le suivant". Ainsi, le premier compositeur Nicola Porpora est suivi d’Alessandro Scarlatti, un de ses élèves, pareillement pour Händel suivi de  Vivaldi. Quant à Vivaldi, il a son pendant et élève en la personne de Johann Kaspar Kerll. Voilà qui est une idée à la fois géniale et pertinente, pour ne pas dire unique dans l’histoire de l’édition musicale.  Pour mener ce projet artistique passionnant, il y a deux artistes, le contre-ténor et chef d’orchestre Luan Góes – justement – et l’excellente contralto italienne Sonia Prina.  

    Nous voici dans un voyage baroque entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, période capitale dans le développement et le mûrissement de la musique classique. On ne saura jamais exprimer l’étonnement et l’admiration pour cette relative période qui a su faire émerger tant de génies – parfois méconnues – et d’œuvres éclatantes, colorées et au rythme parfois infernal l’aria "Empi se mai disciolgo" de Nicola Porpora dans l’opéra Germanico in Germania). Voilà qui tranche singulièrement avec son élève Scarlatti et son paisible "Dormi o fulmine di guerra" dans l’oratorio La giuditta (Nutrice). 

    Une idée à la fois géniale et pertinente, unique dans l’histoire de l’édition musicale

    Sonia Prina et Luan Góes se succèdent quand ils ne chantent pas en duo avec bonheur, que ce soit avec le "Son nata a lagrimar" de l’opéra Giulio Cesare de Händel ou le duetto "Pur ch’il and’io m’infiammo" de Giovanni Legrenzi. L’auditeur se plongera avec curiosité et sans aucun doute émerveillement sur des morceaux vocaux typiques du baroque : instruments anciens, timbres angéliques de contre-ténor (masculin) et contralto (féminin), sans compter l’expressivité des airs, si typiques de ce mouvement musical.

    Quelques morceaux sont certes purement instrumentaux, à l’instar de la Sinfonia Dorilla in Tempe de Vivaldi, la Sinfonia de l’oratori  Mosè de Giovanni Paolo Colonna, celle de l’opéra Alcina d’Händel, la Sonate XII pour deux violons solistes de Johannn Kaspar Kerll, très admiré en son temps par ses contemporains et un extrait du Concerto d’Henrico Albicastro. On retrouvera pareillement les "stars" du classique que sont Vivaldi (l’énergique et très vivaldien "Gelido in Ogni Vena", extrait de son opéra Farnace ou Händel, avec des extraits de ses opéras Giulio Cesare, Partenope et Alcina.  

    L’auditeur ira de découverte en découverte dans cet album au parfum onctueux et sucré qui va si bien au répertoire baroque. Pensons au magnifique et bouleversant aria "l’Augeletto finché stretto nel suo carcere" de Giovanni Bononcini interprété avec délicatesse par Sonia Prina ou, de la même chanteuse, le délicat "Discordi Pensieri" d’Antonio Lotti, l’un des maîtres du plus célèbres Carissimi. Parlons justement de Giacomo Carissimi, à l’honneur et interprété en duo par Sonia Prina et Luan Góes. A ce sujet, l’auditeur s’arrêtera sur le relativement court aria – un peu plus de deux minutes – "Rimanti in pace omai". Carissimi est resté comme l’inventeur de l’oratorio et est devenu un personnage capital dans la musique baroque – l’un des plus grands compositeurs italiens d’après certains.

    Le compositeur Agostino Steffani, l’un des élèves de Johann Kaspar Kell a droit à deux morceaux, dont un court récitatif de l’opéra Tassilone, suivi d’un aria, "Deh, non far colle tue lagrime al moi cor la morte amara". Luan Góes met toute son expressivité dans cet air bouleversant. Steffani est encore présent plus loin dans l’album avec un autre aria, le "Lumi, potete piangere". On est là dans une œuvre dont la retenue sied parfaitement bien au contre-ténor brésilien. Pouvons-nous dire que nous découvrons là une des plus belles voix baroques masculines actuelles ?

    On saluera la puissance, l’énergie, les couleurs et la sensualité des deux interprètes vedettes de l’album. Il n’y a qu’à écouter le "Furibondo spira il vento" de l’opéra d’Händel, Partenope, sans aucun doute l’un des plus beaux moments de l’opus. Sonia Prina, incroyable de maîtrise et de virtuosité, propose un morceau qui restera longtemps dans les mémoires.

    Le duo maître-élève Händel-Bononcini viennent clore un album fort bien conçu qui nous parle finalement de la transmission du Baroque, un genre musical entré dans la postérité et qui est l’une des meilleurs portes d’entrée vers la musique classique.

    Dolce Pupillo, Sonia Prina & Luan Góes, Les Furiosi Galantes, Indesens Calliope Records, 2024
    https://indesenscalliope.com/boutique/dolce-pupillo
    https://www.facebook.com/luangoescontretenor
    https://www.instagram.com/soniaprina13

    Voir aussi : "Pour l’amour de Clara"

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  • Adieu, Tintin ?

    Il a souvent été question de Tintin dans Bla Bla Blog. Ce personnage de bande dessinée, invention géniale du dessinateur belge Hergé, n’en a pas terminé de susciter commentaires, exégèses et études (près de 600 essais depuis la mort d’Hergé en 1983). Voilà ici un nouvel avatar de cette passion incroyable. Il s’agit d’un recueil d’interviews de Renaud Nuttiez. Demain Tintin ?, sous-titré Entretiens avec "7 fils de Tintin" (éd. 1000 Sabords).

    L’auteur a interrogé sept passionnés du journaliste à la houppette. Le plus connu est Albert Algoud. Il y a aussi Jean-Marie Apostolidès, le biographe Pierre Assouline, les moins connus Philippe Goddin et Jacques Langlois, et enfin les références en la matière que sont Benoît Peeters et Numa Sadoul, auteur d’une série d’entrevues avec Hergé devenues essentielles pour connaître l’auteur de BD. L’ouvrage est précédé d’une préface d’un tintinophile célèbre, Hubert Védrine. Que des hommes, donc. Ce qui met déjà en avant un premier point faible de taille dans l'œuvre d'Herge : la quasi absence de femmes passionnées, et même de personnages féminins importants parmi la galerie tournant autour de Tintin – hormis la Castafiore "castratrice".

    Aucun album original et des produits dérivés hors de prix

    L’un des points forts de l’ouvrage est d’interroger ces sept "fils de Tintin" avec des questions identiques : Comment ont-ils découvert Tintin ? Peut-on apprécier Tintin à plus de 40 ans ? Faut-il contextualiser des albums d’Hergé, à l’instar de Tintin au Congo ? Quelle pérennité Tintin peut-il avoir dans quelques dizaines d’années ? S’ajoutent des questions sur la jeunesse d’Hergé, sur des rumeurs concernant sa jeunesse, sans oublier un sujet des plus débattu, celui des droits du dessinateur belge et de l’absence d’albums depuis la mort de ce dernier en 1983.

    Les fans d’Hergé ne manqueront surtout pas se procurer cet ouvrage à la fois nostalgique, vibrant chant d’amour pour un personnage et une œuvre majeure, et en même temps constat que Tintin est devenu un personnage mythique mais aussi figé (nous n'utiliserons pas le terme de "poussiéreux") qui n’a pas su renouveler son public. Les interviewés avouent presque tous qu’il est difficile d’être captés par Tintin passé quarante ans. Faute de nouvelles aventures du reporter belge, les enfants et les adolescents actuels ne sont plus réceptifs à ces livres maintenant datés de plus de 50 ans.

    Pire, les ayant droits ont tellement verrouillés juridiquement une création juteuse, avec aucun album original et des produits dérivés hors de prix, qu’il paraît difficile que Tintin ne devienne autre chose qu’un grand classique de la littérature, sans nouvelle aventure, au contraire de Spirou ou Blake et Mortimer. Il reste peut-être quelques raisons d’espérer : le film Le Secret de la Licorne en motion-capture de Steven Spielberg – certes imparfait – ou les expositions immersives proposées par la Fondation Culturespaces et Tintinimaginatio. Quant à un futur album, seul Numa Sadoul y est favorable et voit une leur d’espoir de ce côté. Espérons qu’il ait raison car il est temps sans doute qu'un nouveau dessinateur prenne la suite d'Hergé pour faire revivre le célèbre reporter belge.   

    Renaud Nattiez, Demain Tintin ?, éd. 1000 Sabords, 2024, 184 p.
    https://www.editions-1000-sabords.fr

    Voir aussi : "Exégèse tintinesque"

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