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  • Restons vigilants avec The Oversleep

    Parenthèse étymologique sur le terme d’oversleep : "The Oversleep. n.m [ði ˌəʊvəˈsliːp]. État propre à une période de sommeil excessive, impliquant une suspension prolongée de la vigilance et un contexte onirique agité. Peut perdurer après le réveil, se manifestant à travers une perte des repères spatio-temporels, une impression de déréalisation, et un ensemble de sentiments confus." Mais The Oversleep est également le nom d’un duo musical bordelais qui a choisi de créer une œuvre électronique planante.

    Nous avons écouté et regardé leur clip Like Blood On Snow, un étonnant et subjuguant titre psychédélique. Des voix aériennes soutiennent de une orchestration minimaliste au son trip hop. C’est du reste de ce mouvement musical des années 90, quasi oublié aujourd’hui mais qui risque bien d’ici peu de revenir en force, qui est revendiqué par le duo français.

    L’auditeur – et le spectateur – de Like Blood On Snow est entraîné dans une déambulation onirique à la suite du personnage du clip. Sommeil ou réalité ? Rêve ou cauchemar ? Jour ou nuit ? The Oversleep laissent planer le doute et démontrent un sacré savoir-faire musical et vidéo. S’agissant de la suite de leur carrière, la vigilance s’imposera.

    The Oversleep, Like Blood On Snow, 2018
    https://fr-fr.facebook.com/theoversleep
    http://www.la-tangente.fr/the-oversleep

    Voir aussi : "Trip en trip hop avec Otis Stacks"

  • Le bleu piscine va bien à Nicolas Vidal

    Revoilà Nicolas Vidal. L’ex-fan des eighties avait fait l’objet d’une chronique sur Bla Bla Blog. Il est revenu cet été avec Bleu piscine.

    Sans surprise, ce troisième album est un retour aux années 80, devenues particulièrement hype ces derniers temps. Cette décennie, longtemps malmenée, pour ne pas dire ringardisée, a été depuis réhabilitée grâce notamment à la nouvelle scène electro-pop. Ce mois ci le magazine Magic fait même de 1988 la plus grande année du rock. Ni plus ni moins.

    Mais là n'est pas le sujet. Les années 80 font depuis longtemps parti de l'univers de Nicolas Vidal à l’exemple de Bleu Piscine, dont le titre renvoie au Pull Marine, le tube emblématique d’Isabelle Adjaini. Le moins que l'on puisse dire est que cette couleur va bien à Nicolas Vidal. Le musicien alterne rythmes, variations et sonorités renvoyant aux eighties, à l’exemple de ces titres pop acidulés que sont Ar (Mon Amour) et Roche. Ils côtoient d’autres titres plus électros (L’Amour qui penche), et toujours avec des textes finement écrits : "Jouir de la vie sans entrave / avec un pardessus moiré / Jurer à la saison des braves / De ne jamais s’ennuyer / Déclarer à la littérature / Son unique fidélité / Puis inspirer des murmures / À la faune électrisée / Voilà un été dandy / À digérer tes frasques / Nous à l’été dandy / Immaculés fantasques / Surprenant été dandy / Élégant iconoclaste" (Été dandy).

    Balades noctambules à Londres ou dans le Paris du Palace

    La new wave tient une bonne place dans cet album chaleureux (Transe) qui, si il est écrit en français, n’en reste pas moins marqué par l’influence de la pop anglaise post-Beatles, à l’exemple du très réussi John, en featuring avec Une Femme Mariée. Impossible également de ne pas citer Alain Chamfort (Été dandy) et bien entendu le Gainsbourg dernière époque (Bleu Piscine).

    Non sans mélancolie (Balboa, Pop Boy à Paris ou John), Nicolas Vidal semble déambuler dans ces "hauts quartiers de peine" comme le chantait Dominique A : ses balades noctambules à Londres ou dans le Paris du Palace est aussi la peinture baroque d’une époque passée dans la postérité pour son mauvais goût devenu légendaire. Nicolas Vidal en fait une oraison électro gothique dans Été Dandy et une balades romantique (Sous ton ombrelle).

    Certaines et certains pourront s'agacer d'un album à la nostalgie assumée (La Vie D'avant) ; beaucoup pourront par contre se laisser prendre au piège par un opus qui semble faire un grand retour vers le futur.

    Nicolas Vidal, Bleu Piscine, n(ouvelle)v(ersion), 2018
    https://www.difymusic.com/nicolasvidal
    https://www.faceszine.com
    Pierre Evil, "1988", in Magic, septembre-octobre 2018

    Voir aussi : "Ex fan des eighties"

  • Cocktail Ginkgoa

    Le duo franco – américain Ginkgoa est le cocktail idéal pour ces derniers jours d’été. Nicole Rochelle, qui est new-yorkaise malgré ce que laisserait supposer son nom, propose avec le Français Antoine Chatenet leur nouvel EP One Time, une pop fusion aux pulsations endiablées.

    Le groupe ne s’embarrasse pas de suivre des sentiers battus, et le moins que l’on puisse dire c’est que leur choix artistique a fait mouche tant auprès des festivaliers de techno (le Fusion Fest de Lärz), de chanson (Francofolies de La Rochelle) qu’auprès des amateurs de jazz (Festival International de Jazz de Montréal ou le Montreux Jazz Festival).

    Ginkgoa a choisi son credo : faire danser, et surtout faire danser sur des rythmes inattendues et remixés comme si Nicole Rochelle s’invitait aux soirées de Gatsby Le Magnifique. La chanteuse américaine déploie une énergie monstrueuse au service d’un EP à l’enthousiasme communicatif. Grâce à Antoine Chatenet, le charleston et le swing semblent être passés dans la moulinette d’un sorcier fantasque.

    Coloré, rythmé, saturé de percussions et d’une joie de vivre incroyable, One Time pourrait bien faire la joie de quelques nightclubbers, en attendant de les découvrir prochainement en concert.

    Ginkgoa, One Time, EP, 2018
    https://www.ginkgoa.com

    Voir aussi : "Quelques pas d’électro-swing avec Scratchophone Orchestra"

  • Lucy, Racquel et moi

    Dans l’avalanche de musiques électro et de rap, voilà un album qui tranche par son parti pris qui sent bon la fin de cette belle saison et l’été indien. Le trio Lucy, Racquel And Me propose ni plus ni moins qu’un retour aux seventies avec leur premier album, Where The Moon Never Sets.

    Le moins que l’on puisse dire c’est que ces trois-là ne renient absolument pas cette Amérique que l’on adore : celle du power flower, des road-movies en combi orange, du surf, des The Mamas and the Papas, des Eagles ou des Beach Boys. Les Lucy, Racquel And Me ne cachent pas leurs influences : The Wings, Fleetwood Mac, Elton John, Supertramp, America, Electric Light Orchestra ou Cat Stevens.

    Les guitares résonnent et s’appuient sur des chœurs légers comme des brises californiennes. Les cordes s’élèvent comme aux plus belles heures du pop rock des années 60 et 70 (Unravel). Les mélodies ont le mérite de l’efficacité et sont portées par la voix caressante de Racquel (Millions out There). Les riffs de guitare à la Santana (Inside My Vault) et le rock psychédélique ne sont pas en reste non plus (Pool down the moon).

    Un piège à filles

    Parmi les titres proposés par le groupe, certains mériteraient de figurer parmi les standards que l’on prendrait plaisir à jouer sur une plage à la tombée du soir : de vrais pièges à filles, à l’exemple du délicieux Grey, acoustique, mélodique et délicat à souhait.

    Mais qui est au juste ce trio que l’on a vu débarquer cette année ? Là réside sans aucun doute la particularité d’un groupe séparé par quelques milliers de kilomètres. Les membres de Lucy, Racquel And Me travaillent à distance, depuis l’Australie pour Lucy, la Californie pour Racquel et la région parisienne pour Philippe, le compositeur. Une démarche artistique inédite et qui fonctionne, dans un album que certaines mauvaises langues qualifieraient de régressif.

    Autre prise de risque de ce trio : proposer ce premier album gratuitement sur Internet (sur Spotify, Soundcloud, Youtube , Deezer, Bandcamp et sur leur site). Le public sera ravi. Il le sera moins en apprenant que ce groupe, que l’on peut qualifier de virtuel, ne prévoit ni formation physique, ni concerts. Dommage.

    Lucy, Racquel And Me, Where The Moon Never Sets, Records DK, 2018
    https://lucy-racquel-and-me.com

  • Le joyeux boxon de VortexVortex

    Attention les yeux et les oreilles : le groupe toulousain VortexVortex s'apprête à prendre ses aises et s'installer sur la scène électro et hip hop. Leur dernière production, Ninjah Death Party, est déjà visible sur Youtube. Suivront à partir d'octobre 2018 leur premier EP ainsi que leur prochain clip, Kawaii.

    En attendant cette future actualité musicale, penchons-nous sur ce Ninja Death Party, un boxon endiablé, à la fois joyeux et vénéneux, sur fond de musique électro et hip hop.

    On peut accrocher ou pas à cette musique rythmée, à la sauvagerie sophistiquée et au parti-pris scénique de ces drôles de phénomènes. Par contre, il est impossible de ne pas saluer le travail de mise en scène, dans un clip où les membres de VortexVortex ainsi que les figurants mettent du leur pour construire un vrai show musical.

    Une anomalie spatio-temporelle

    Une "anomalie spatio-temporelle," expliquent les trois membres du groupe, Milu Milpop, la chanteuse, musicienne et DJ venue de Pologne, Citizen JiF, photographe et membre de l'ex trio Le Catcheur, la Pute et le Dealer (ça ne s'invente pas...) et Simon Boissard, le chanteur, musicien, compositeur et membre du groupe Mobkiss.

    C’est une invitation à la fête que nous offre VortexVortex dans une débauche de rythmiques sauvages, de flows débridés, de folies visuelles, de provocations, d’humour, de looks improbables et de fulgurances poétiques et post-punks. Cet univers est absolument à découvrir sur scène pour des spectacles calibrés comme des shows d’envergure et où se mêlent musiques, danses, vidéos, machines et de l’énergie à revendre. VortexVortex est à surveiller de très près, sans aucun doute.

    Vortex Vortex, Ninja Death Party, sur Spotify et Deezer, 2018
    VortexVortex sur Facebook
    VortexVortex sur Youtube

  • Glass Museum, une certaine vision du jazz

    Glass Museum : "musée de verre" ou hommage appuyé au minimalisme de Philip Glass et du courant répétitif américain ? Une chose est sûre, Glass Museum est un duo belge composé du pianiste Antoine Flipo et du batteur Martin Grégoire. En juin 2016, les deux acolytes ont remporté la finale du Festival de Dour. Deux ans plus tard, Glass Museum sort son premier EP, Deux, et propose leur propre univers jazz.

    Les artistes citent volontiers quelques références : GoGo Penguin, BadBadNotGood, Jon Hopkins ou Floating Points. À écouter Deux, l’électro-jazz de Glass Museum va puiser loin ses influences, du côté de la pop, du rock, de l’électro mais aussi du classique et du contemporain.

    Avec une ouverture sobre à la fois jazz, classique et pop (Opening), l'auditeur peut se laisser happer par Shadow's Faces. La structure harmonique, charpentée et enjouée insuffle un beau rythme endiablé.

    Le titre Tribal Coffee donne au jazz des Glass Museum un air de tango sombre et mystérieux où se mêlent électronique, claviers et instruments acoustiques.

    Wu s'aventure dans un autre univers éthérée et zen. Cette fois c'est sans doute du côté de Steve Reich et de Philip Glass que l'on peut voir l'influence d'un titre semblant puiser ses influences dans le courant répétitif américain. Tout aussi zen est Electric Silence : dans ce jazz mélodique, les sons électroniques sont injectés à grands coups de vagues intenses.

    Glass Museum choisit de repousser les frontières du jazz : Waves lorgne du côté de la pop et du rock progressif à la Mike Oldfield.

    Cette musique naturaliste, rythmée et aux mélodies soignées est une vraie belle découverte, que vous soyez amateur de jazz ou non. Et si j'étais metteur en scène, j'engagerais tout de suite les Glass Museum pour faire la BO de mon prochain film.

    Glass Museum, Deux, EP, JauneOrange / [PIAS], 2018
    http://jauneorange.be/bandfr/57

    Voir aussi : "Cinquante nuances de spleen"

  • L’ennui avec les princesses

    Stella Tanagra, la petite princesse de l’érotisme, est de retour, cette fois dans un roman, Les Dessous de l’Innocence (éd. Tabou). On l’avait laissée avec Sexe primé, des nouvelles à la fois efficaces et aventurières, parvenant à décliner l’érotisme sous toutes ses variantes, le déflorant, le libérant et le faisant exploser et gicler de manière la plus inattendue qui soit : un vrai exercice de style par une auteure qui s’annonce comme une des plumes prometteuses de la littérature érotique.

    Dans son premier roman, Les Dessous de l’Innocence, Stella Tanagra nous parle d’une autre princesse des temps modernes, Tilda Lornat. Cette jeune professeure spécialisée, à qui rien ne manque apparemment, ne respire que pour son Thomas, un militaire souvent en mission et la laissant (trop) souvent seule dans une belle mais froide demeure bourgeoise. L’ennui avec les princesses c’est que le bovarysme n’est jamais très loin : "Les jours sont longs lorsque l’on est institutrice dans un établissement pour enfants handicapés… Cette vie aurait pu être une romance idyllique. Tous les ingrédients y sont.

    Tilda rêve sa vie plus qu'elle ne vit son rêve, qui semble n’être qu’un triste conte de fée au cours de journées rythmées par l’attente du soldat parti à la guerre et quelques travaux ménagers : "La première impression donne le ton de la suite des événements. Elle n’omet donc aucune infime dorure à reluire. Cendrillon danse avec son balai pour qu’incessamment son hall parqueté puisse accueillir son corps étendu et trémulant sous les coups de reins du prince charmant aux allures de bad boy." Le conte de fée n’en est finalement pas un : "La table est tapissée d’une nappe rouge. Le service disposé brille sous l’éclat du feu de cheminée se reflétant des verres aux couverts. Même les chandelles trônent aux abords de la table. Tilda a toujours voulu être cette princesse. Cela dit, les contes de fées n’ont jamais sous-entendu que la princesse peut avoir une libido débordante, ni indiqué la manière de l’assouvir."

    Tilda rêve sa vie plus qu'elle ne vit son rêve

    Ses fantasmes viennent égayer des journées mornes, fantasmes de plus en sophistiquées et qui, bientôt, vont prendre corps en la personne d’un séduisant kiné, Edgar. Il arrive ce qui devait arriver dans la vie de cette "petite fille modèle..."

    Stella Tanagra use de sa langue tonique, un mélange de verdeur, de lyrisme et de descriptions triviales, pour entrer dans l’intimité de Tilda et de ses étreintes de succube : "À l’image d’une pucelle, elle arpente avec exaltation, les plaisirs de la chair. Son corps ressuscité répond aux provocations de son amant de quelques coups de reins réflectifs." Les dialogues secs et empruntés entre les personnages sont ceux de simulacres sociaux auxquels répondent la seule vérité qui soit : celle des corps qui se cherchent, qui se plaquent les uns les autres et qui se livrent sans artifice, loin des conventions sociales. "Sous le joug de diktats ancestraux réduisant les rôles sociaux des hommes et des femmes, Tilda se meurt étouffée sous ses désirs qui ne devraient rien avoir d’interdit."

    Stella Tanagra ouvre la dernière partie du livre avec le retour du soldat que Tilda n’attendait plus. Après La Belle au Bois Dormant – quoique bien réveillée après les baisers d’Edgar – c’est Lady Chatterley accueillant son héros de soldat, un "colosse au pied d’argile" brisé et peinant à assouvir les fantasmes de sa femme. Reste à savoir qui jouera le rôle du garde-forestier... À moins que la jeune femme ne doive se résoudre à fermer la parenthèse de ses intercades...

    Les Dessous de l’Innocence se déflore d’abord doucement, dans une torpeur érotique et tropicale. Le lecteur se coule dans la vie paresseuse et languide d’une jeune professeur assaillie par ses pulsions et ses fantasmes. Puis, par paliers successifs, Stella Tanagra parvient à électriser son premier roman et à faire monter la pression, jusqu’à un dernier chapitre épicé comme seule elle sait le faire.

    Stella Tanagra, Les Dessous de l’Innocence, éd. Tabou, 2018, 160 p.
    http://stellatanagra.com

    Voir aussi : "Ma chair et tendre"

  • "Étélectro" et Beauté sauvage

    C’est une électro estivale que je vous invite à découvrir avec le premier EP de Beauté Sauvage, The Sound of the Waves.

    Impossible de ne pas se laisser enrouler dans les vagues synthétiques de ce single langoureux. Les flux et les reflux de la mer accompagnent un album pop, chill et minéral (The Sound of the Waves).

    Zen attitude requise pour le duo parisien mené par Jay-b Bricklear, aux manettes d’un mini-album au son french touch, électro-pop et funky (Sunset). Les voix chaleureuses accompagnent un EP parfait pour accompagner ces chaudes et paresseuses journées d’été. 

    Leur premier EP est disponible sur Soundcloud.

    Beauté Sauvage, The Sound of the Waves, Beauté Sauvage, juillet 2018
    Disponible sur Soundcloud

    Page Facebook de Beauté Sauvage

    Voir aussi : "Nouvelle vague"