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Homa signe avec son premier album éponyme une vague électro onctueuse, spatiale et sophistiquée. Le terme de "vague" n'est du reste pas galvaudé tant l'auditeur est enveloppé de flots lyriques (Almost All or Nothing), délicats (One Day), plus sombres (The taste of old times) ou franchement pop (The silence marching).
Album ne dédaignant pas l'expérimentation électronique, dans la veine de la trilogie berlinoise de Bowie et Eno (Maybe et Solar Cycle), Homa ne se veux pourtant pas expérimental. L’opus se nourrit des transgressions électroniques (One day), voire d’une ponctuation acoustique de bon aloi avec Follow Me.
Mais au fait, qui se cache derrière Homa ? Le responsable de cet album, dont les références à Robert Wyatt, MGMT, Jean-Michel Jarre et Phoenix sont revendiquées, se nomme Alexandre Barberon. Sa biographie nous apprend qu’il est né en 1985 et que son premier choc esthétique fait suite à un accident domestique en pleine leçon de piano de sa sœur.
En 2002 Alexandre Barberon fonde le groupe pop-rock In furs, alias Ellen pears. Suit, en 2005, Ranelagh, avant une plongée dans l'étude de la musique classique, d’abord avec Sylvie Carbonel, puis avec Jeanine Boutin, pianiste-concertiste et élève de Messiaen. C’est dire les références du jeune homme… À l’écoute de Homa, l’auditeur ne sera pas surpris qu’Alexandre Barberon se trouve des affinités électives avec Scriabine.
En 2013, Alexandre Barberon rencontre Étienne de Nanteuil (Octopus Production / Les Éditions du Poulpe) et signe le début du projet Homa. En 2015 sort Google Only Knows, son premier EP, quasi intégralement instrumental. Les prémices du son Homa sont déjà là.
C'est finalement bien de chez nous, home sweet home, que vient cet album electro écrit entièrement en anglais. French touch not dead.
Déjà six album, mais connaît-on vraiment Brisa Roché ? Bla Bla Blog avoue honnêtement que non, du moins jusqu’à la sortie de son dernier album, Father.
Brisa Roché, avec ce prénom et ce patronyme qui fleure bon la France, nous vient de Californie. En fait, l’Américaine connaît bien notre pays. Elle a même écrit une partie de Father à Paris. Un album du reste produit par John Parish, producteur notamment de l’emblématique To Bring You my Love de PJ Harvey.
Brisa Roché est un oiseau rare à mi-chemin entre Alanis Morissette... et PJ Harvey justement. Sa voix est un mélange d’hypersensibilité et d’âpreté, servie par une orchestration essentiellement acoustique.
Comme le nom de l’album l’indique, dans Father il est beaucoup question de paternité. Brisa Roché nous parle, dans le titre Folk 48, de l’amour quasi incestueux pour son père, dealer et mort lorsqu’elle avait seize ans. Il est encore question de lui et de ses relations avec la cocaïne dans Holy Badness, ainsi que dans le dernier morceau atypique de l’album, Trout Fishing Again, sur lequel résonne la voix de son père, écrivain et professeur de littérature. La figure de la mère n’est pas pour autant absente : Brisa Roché consacre un titre tout en délicatesse à la sienne dans Patience.
Alanis Morissette et PJ Harvey
Il y a un feu ardent à la Bukowski qui brûle dans cet album dominé par des guitares et la voix au cordeau de la chanteuse américaine. Cypress a cette simplicité rugueuse et naturelle, comme si la chanteuse nous proposait un bœuf au milieu des séquoias.
Brisa Roché c’est du son pop-folk comme venu des grands espaces, dans l’Amérique hippie des années 70, non sans une touche de clavier et d’électro (Engine Off). Le choix pop de la plus parisienne des Californiennes sait se faire délicat et sombre avec Blue Night, poignant et lo-fi avec Can’t Control ou plus rude et sophistiqué avec Carnation.
Délicate, poignante, sombre, à fleur de peau, sophistiquée et rude : autant de qualificatifs pour la plus française des californiennes.
Brisa Roché, Father, Wagram / BlackAsh, sortie le 25 mai 2018 Brisa Roché, en concert à la Boule Noire (Paris), le mercredi 20 juin 2019 à 19 heures 30 www.brisaroche.com
Dans sa préface des Précieuses Ridicules, qui lui avait sans doute coûté, Molière considérait que "le succès [d’une] représentation était assez beau pour en rester là." Il est vrai que même si elle fut un succès de librairie lors de sa sortie en 1659, c’est sur scène que les Précieuses Ridicules sont à voir et à vivre.
La compagnie des Gavroches Chapeautés s’est attelée à cette comédie en un acte d’abord à la Comédie Saint-Michel en juin puis au festival Off d’Avignon du 6 au 29 juillet, la transposant à notre époque, sans pour autant lui ôter son caractère de farce. Mais comment parler de la préciosité en 2018 ? Il est vrai que le télescopage entre ces stéréotypes féminins de la commedia dell'arte et le mouvement du féminisme était de nature à piéger la mise en scène de Malu Monroe. Elle s’en sort cependant très bien, sans trahir l’essence de la pièce, une farce autour de deux jeunes femmes prétentieuses et méchamment remises à leur place.
Parlons justement des deux personnages principaux, Cathos (Manon Nobili) et Marotte (Lara Pichet), venues tout droit de Province pour suivre à Paris leur père et oncle Gorgibus (Bruno Noury). Le respectable bourgeois est bien décidé à les marier et à se débarrasser d’elles par la même occasion. Mais les jeunes femmes trouvent dans la capitale de quoi nourrir leur soif de galanterie, d’élégance et de "pommade pour les lèvres." Deux amants parisiens, La Grange (Adrien Wadih) et Du Croizy (Charles Vasner), éconduits lors d’une visite, décident de se venger d’elles en utilisant un de leur valet Mascarille (Jean-Baptise Sintès), "un extravagant qui s'est mis dans la tête de vouloir faire l'homme de condition."
Les Gavroches Chapeautés proposent des Précieuses Ridicules à l’époque de Tinder, de la carte bleue et du smartphone. La pièce de Molière ne perd rien de sa férocité et la jeune troupe ose dépoussiérer une comédie inscrite dans son époque, tout en parvenant à bluffer le public contemporain : expressions modernes ("What’s the fuck!"), musiques allant d’un prélude de Bach à Ma Benz en passant par Aïcha, mise en abîme ("Molière n’aurait jamais écrit ça"), sans oublier quelques entorses volontaires au texte original que l’auteur pardonnera certainement.
Interprètes des personnages phares de ce premier énorme succès de Molière, Manon Nobili et Lara Pichet sont comme sous ecstasy. Elles jouent à merveille les pétasses exubérantes et magnifiques, plongées dans le grand bain de la Capitale, au grand désespoir d’un Gorgibus complètement dépassé. Le bourgeois provincial est interprété par un solide et convaincant Bruno Noury.
Des Précieuses Ridicules à l’époque de Tinder, de la carte bleue et du smartphone
Ce qui était en jeu au XVIIe siècle, et qui l’est toujours au XXIe siècle, est la peinture burlesque du "m’as-tu vu" – qu’il soit homme ou femme. La vanité essaime aussi bien dans le soirées mondaines de l’Ancien Régime, dans les salons feutrés des bobos parisiens... ou sur les réseaux sociaux, avec ou sans filtres Instagram. Nos deux précieuses ridicules deviennent grâce à la mise en scène burlesque de Malu Monroe deux adolescentes éprises de liberté, aveuglées par l’illusion comique de l’esbroufe et tombant dans le piège de la flagornerie.
Cette flagornerie est endossée avec talent par Jean-Baptise Sintès. Le jeune acteur est parfait en Mascarille, devenu marquis de l’esbroufe, bonimenteur autant que donneur de leçons, puis lui-même bluffé par ses maîtres La Grange et Du Croisy. La scène de l’impromptu est un moment précieux (sic) du spectacle qui n’a rien perdu de sa force comique. Force comique mais aussi dimension sombre d’une pièce toujours aussi mordante : " Ô fortune ! quelle est ton inconstance !" s’exclame Mascarille avant d’être dépouillé de tout par ses maîtres. C’est Gorgibus qui a le dernier mot, envoyant au diable autant ces précieuses qui l’ont humilié que ce qui est "cause de leur folie."
Il ne reste que quelques représentations à Paris pour découvrir cette pièce mordante et drôle, avant des séances de rattrapage au festival d’Avignon cet été.
Molière, Les Précieuses Ridicules, mise en scène de Malu Monroe, Compagnie des Gavroches Chapeautés, avec Manon Nobili, Bruno Noury, Lara Pichet, Jean-Baptiste Sintès, Alexis Vandendaelen, Charles Vasner et Adrien Wadih Comédie Saint-Michel, en juin, tous les samedis à 21h30, 95 Boulevard Saint-Michel, Paris Au Festival Off 2018, Avignon, 6 au 29 juillet 2018 (relâche les 10, 17 et 24), 14 heures au Théâtre La Tache d'Encre, 1 rue de la Tarasque, Avignon http://lesgavrocheschapeautes.fr
Promettez-moi une chose : si cet été, ou plus tard, vous allez en Bretagne, pensez à mettre dans vos bagages l’album éponyme des Odylane. Pour une plongée dans la culture breizh, c’est l’idéal, avec en plus ce je ne sais quoi de punch et d’énergie.
Odyssée et Gauloise c’est la tradition celtique "très rock’n roll" comme le dirait notre inénarrable Philippe Manœuvre. En parlant de tradition, on en est en plein dedans, avec l’envoûtant titre Le Diable. Cette chanson nous plonge dans le folklore breton, plus précisément dans un bar interlope de la Rue de la Soif : "Ce soir j’ai vu le diable / Aux ruses impeccables / Je suis tombé dans le panneau / On a pris l’apéro."
Dans un bar interlope de la Rue de la Soif
Du bon breizh’n roll donc, avec des sonorités celtes, rock mais aussi méditerranéennes (Un Italien en Irlande), pour un album autoproduit par un groupe... de la région de Strasbourg. Guillaume Levy et Quentin Bangert, accompagnés de leurs deux autres comparses Valentin Descourvières et Piel Benoit utilisent pour leur album une guitare classique, un bouzouki irlandais, un violon et d’un cajón, une sorte de caisse venue tout droit du Pérou.
Dépaysement assuré donc pour ce groupe qui assume à 100 % ses influences traditionnelles (Polka du Cerf), pop rock (Soleil Levant) world et ethnique (La Prisonnière du Désert), même si c’est bien la musique celte qui domine dans leur album Odrylane, à l’exemple de Faune Sauvage et surtout de Galv an Dans, offrant une reprise mixée de Tri martelod et de La Jument de Michao.
L’autre chanson à texte de cet album, Sous les Étoiles, est un titre hip hop qui n’est pas sans rappeler Manau et sa Tribu de Dana, avec le sens de l’engagement en plus : "Je vis à une époque / Où tout semble en toc / Il n’y a que des images / Où sont passés les sages."
Du Breizh’n roll, d’accord. Mais aussi de l’exigence et de la chaleur (Un Italien en Irlande) dans un très bel album à mettre dans vos bagages pour cet été.
C’est une plage de sable fin le long de la Costa de la Luz, cerclée par des dunes. Ce sera aussi le titre du prochain album de Fred Netché – alias Frédéric Nevchehirlian.
L’homme s’est bâti une solide réputation d’artiste exigeant, nourri à des influences tous azimuts : musique populaire, poésie, slam, électro ou chanson.
Sa biographie nous rappelle que son premier album a reçu le prix Printemps de Bourges 2005 et FAIR 2008 et que Fred Nevché a vendu en toute discrétion pas moins de 20 000 albums et s’est produit dans 400 concerts.
Il sort son nouvel EP Besoin de la Nuit, avec Simon Henner aux arrangements. Ce sont trois titres à l’univers si particulier de Nevché, où électro et chansons se répondent et se servent mutuellement (Le Besoin de la Nuit), comme si le musicien voulait donner à ces vagues électro somptueuses un supplément d’âme grâce à un des mots, aussi simples soient-ils.
Dans Si tu vas, Fred Nevché privilégie le texte et le minimalisme (claviers et voix) : "Rien ne sera aussi beau / Qu’un dauphin d’Ajaccio / Si tu vas / Pour un vers de Garcia Lorca."
Le voyage et le road-movie (ou plutôt le "road-music") est le thème de Moi Je Rêve de Johnny Souvent. Dans ce slam coloré, exotique et rythmé, c’est sans doute à Valdevaqueros que nous entraîne Nevché, sur ces plages espagnoles, avec ces "panneaux publicitaires de paysages utopiques en 3D."
Dépaysement musical et dépaysement tout court assuré pour cet EP d’un artiste dont la sortie du nouvel album est attendu le 21 septembre prochain.
Fred Nevché, Besoin de la Nuit, Internexterne, sortie le 8 juin 2018 Fred Nevché, Valdevaqueros, Internexterne, sortie le 21 septembre 2018 http://nevchehirlian.com
Il y a quelque chose de dépaysant dans le deuxième album des Part-Time Friends, Born To Try. Moins folk et plus eighties que leur premier opus (Fingers Crossed), le duo formé par Pauline Lopez de Ayora et Florent Biolchini propose un rendez-vous musical où l’électro éthéré et planant se taille la part du lion, à l’exemple de Ghost away. Dans ce titre, les deux voix planantes, tels des fantômes rassurants, nous susurrent à l’oreille des mots réconfortants: "I wanna understand / I wanna see the end / You wrecked me everyday / Remember my birthday."
Voilà ce qui fait le charme des Part-Time Friends : des lignes mélodiques d’une grande limpidité (Born to try), et non sans cette touche électro mâtinée d’une japanese touch (I Don’t Mind), une influence nippone que le duo revendique à travers la pochette de l’album.
Le duo formé par Pauline et Florent ose un son plus pop-rock dans Understand ou Hurricanes et ses rythmiques sombres et appuyées et tout droit sorti des années 80 : "Le retour des eighties a duré plus longtemps que les eighties, pour le pire comme le meilleur. Certains font la blague en jouant sur l'attitude et le second degré, mais on ne s'est jamais retrouvés là-dedans," dit à ce sujet Florent Biolchini.
Japanese touch
Plus folk, Hear that sound pourrait très bien atterrir dans les playlists de la toute jeune génération, qui peut être séduite par les gimmicks de Streets And Stories comme les lignes mélodiques de Letter You’ll Never Read. Pourquoi ne pas imaginer Born To Try comme une bande-son représentative de la pop-culture, à l’exemple de I Don’t Mind, pour sa facture amphétaminé, juvénile et délicieusement régressive ?
Dans un son volontiers électronique, Part-Time Friends ne se refuse pas les envolées planantes (Glitter in My Eyes) et follement romantiques. Romantique, comme l’est à sa manière le très pop La La La in L.A., dans lequel on verra – évidemment – un joli et dansant hommage à la célèbre comédie musicale de Damien Chazelle.
Voilà qui fait de cet album le fruit d’un couple d’amis musicaux pour la vie. À moins qu’il ne faille prendre au pied de la lettre le dernier titre comme un sombre et funeste message : We Are Not a Band Anymore. Pourvu que ce ne soit pas vrai...
Sur la pochette du premier album de Palatine, se tient une silhouette mystérieuse au regard triste, menaçant et sombre. Sombre ou plutôt rouge, car c’est bien la couleur dominante de Grand Paon de Nuit. La voix androgyne à la M de Vincent Ehrhart-Devay plane sur un album pop aux images obsédantes.
Et avec toujours ce rouge, véritable fil conducteur : rouge rassurant (Comme ce Rouge me plaît), rouge passion (Stockholm), rouge violence (Ecchymose) ou le rouge dépaysant d’un road-movie dans le sud des États-Unis (Baton Rouge).
Le grand paon est un animal de nuit annonce Palace dans le rock nimbé d’électro, City Of Light, et dans Paris - L’ombre où le noctambule parle de ses défauts sublimés.
Fil rouge conducteur
Les quatre garçons de Palace, JB Soulard, Adrien Deygas, Toma Milteau et bien entendu Vincent Ehrhart-Devay, proposent onze titres alternant le rock sombre à la PJ Harvey (Golden Trickets), l’easy-listening (Marions-nous), l’électro pop (City Of Light) ou encore la chanson française, celle d’Alain Bashung ou de Christophe (Faux-Brouillards). Baton Rouge est un voyage dans les bayou, grâce à un électro country-folk aux guitares joueuses. Ce titre avait déjà été enregistré dans une version publique pour le premier EP de Palace, sorti en 2015.
Beaucoup plus sombre, Ecchymose est un titre aux accents grunge, aussi torturé, provocateur et paradoxalement lumineux que le Where The Wild Roses Grow de Nick Cave & The Bad Seeds et Kylie Minogue : "Bye-bye bye-bye / Je dois partir / Là où mes mains se posent / Poussent des ecchymoses."
Palace c’est aussi du symbolisme mis en musique comme la chanson titre, Grand Paon de Nuit : "J’ai les yeux rouge / Je sors seulement la nuit/ Personne ne bouge / J’aime le silence."
Il y a quelque chose d’unique et de fatal dans ce premier album, obsédant comme cette femme croisée dans C’était un Loup : "On voyait tout / mais pas son âme / C’était un loup sous une peau de femme." De nouveau, le rouge passion.
Palatine, Grand Paon de Nuit, Yotanka, 2018 En concert au Café de la Danse le 15 mai 2018 http://palatinemusic.fr
Après l’album de Sarah Lancman, À Contretemps, qui sortait en début d’année, voilà que la jazzwoman sort son premier lyric vidéo pour son titre phare, À contretemps.
On doit cette mise en image à Jon Verleysen, par ailleurs chanteur, auteur et compositeur du groupe Elephanz.