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En ex fan des eighties, Nicolas Vidal peut sans conteste revendiquer sa filiation avec Serge Gainsbourg, Jean-Louis Murat, Depeche Mode (The Executionner) ou Alain Chamfort, période Manureva. Son dernier album, Les Nuits sereines n’existent pas, place le chanteur dans la lignée des artistes lorgnant déjà du côté de la pop des années 80 et de la new wave. Dans la même veine figurent aussi Sarah Mitkovski et Mell que le bloggeur avait chroniquées il y a peu.
Nicolas Vidal se fait plus modeste mais aussi plus éclectique lorsqu’il se présente ainsi, non sans humour :"Je suis un auteur nourri de références variées que j’essaie d’utiliser avec légèreté et parcimonie en mélangeant allègrement Robyn et Martin Gore, Françoise Hardy et Au revoir Simone, Elli et Jacno, Carine Roitfeld et Rocky Balboa."
Un bon coup de régression, donc, attend l’auditeur qui va découvrir dans Les Nuits sereines n’existent – un joli titre plein de spleen – une musique minimaliste et aérienne.
Loin d’une nostalgie vaine, Nicolas Vidal se fait dandy baudelairien dans le premier titre, Pour Compléter La Parure : "Se parfumer de luxure / S’abreuver d’écume fatale / Un léger sourire obscur / Une partition végétale." L’auditeur pourrait y retrouver les traces d’Oscar Wilde voyageant dans le temps grâce à la fameuse machine de HG Wells, pour retrouver Serge Gainsbourg dans une fumerie d’opium.
C’est la même invite à la décadence et au snobisme qui nous est proposée dans Teenager : "Quelques psychotropes / Pour conjurer le sort / Un baiser sucré sur un canapé / un garçon qui dort." N’y aurait-il pas la trace de Baudelaire dans ce premier couplet ("Son coude dans les coussins, / Écoute pleurer les bassins ; / C'est la chambre de Dorothée", Bien loin d’ici, in Les Fleurs du Mal) Nicolas Vidal se drape dans un peu de lo-fi et beaucoup de maîtrise mélodique pour trousser un joli titre sur le thème de l’adolescence.
Ce thème également traité dans Comme Une Fille, semblant tout droit sorti du Top 50 pour jeunes filles en fleur : "Tu noies les causes / Les litanies / De tous ces hommes qui te renient… / Comme une fille avec le cœur qui scintille." Un joli brin d’hommage aux adolescentes qui rêvent "qu’un réciproque amour / se présentera" avant de foncer tête baissée, "les deux pieds au plancher."
Comédie Extravagante s’aventure sur les terrains vagues, suffocants et équivoques de l’amour, encore : "Je voudrais te voir nue / Entourée de malaises / Tel un pervers repus / Déblatérant des fadaises..." Nicolas Vidal, musicien bercé par la new wave, se fait une nouvelle fois poète décadent autant que désabusé : "Hélas / Je ne suis pas un as / Et l’amour ne m’a / Jamais aimée."
Après la balade Amore, moins convaincante (et qui n’est pas sans rappeler les tubes italiens des bandes FM), le single Les Nuits Sereines – qui donne le titre à l’album – s’impose par son onirisme : "Les nuits sereines n’existent pas / Et dans les songes que l’on voit / Des interstices de vie déjà / Prennent de temps en temps la poussière" proclame le chanteur dans un titre qu’Alain Chamfort n’aurait pas renié.
L’interlude Choix, instrumental électronique, pioche de son côté dans le répertoire jarrien, avant un nouveau grand saut dans le temps avec Mademoiselle R, digne de la new wave française, sur des paroles qu’un dandy en veste Members Only aurait pu chanter sur une scène du Palace: "Mademoiselle R / Autoritaire / D’un monde feutré / Chamarré / Dévoile ses envies / Et ses personnelles lubies."
L’album se termine par Dimanche, moins eighties mais tout aussi pop. Cet instrumental clôture non sans nostalgie une plongée dans une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Elle s’appelle Alys, a 21 ans, de longs cheveux bruns coiffés en tresse, a commencé sa carrière le 10 mars 2014, a déjà 14 000 fans sur les réseaux sociaux et fera son premier concert en salle, Rêve de Machine, au Trianon le 17 décembre prochain. La belle sera entourée de quatre musiciens pour un concert d’une heure trente très rock. Et pourtant, Alys n’existe pas.
Cette chanteuse incapable de la moindre fausse note est en réalité une artiste virtuelle, créée par la start-up VoxWave qui entend bien présenter Alys au prochain concours Eurovision, pour représenter la France. Oui, le successeur de Marie Myriam pourrait bien être une machine !
Alys est un personnage numérique. Elle est projetée en 3D sur scène grâce à un écran holographique conçu par la société Auvitek Event. Plus important sans doute, la voix a été conçue grâce à un travail mené par VoxWave et la société Plogue Art et Technologie. "Artiste" électro pop, Alys pourrait bien faire le buzz les prochains mois. Le bloggeur ne sait pas si cette création virtuelle est une bonne chose ou non pour l’humanité, mais nul doute qu’elle pourrait bien bousculer la vieille dame de l’Eurovision.
Alys prépare son premier show live pour le 17 décembre 2016 au Trianon à Paris.
Mell vient de sortir Déprime & Collation, son sixième album, un vrai concept album d’une belle audace musicale. Les influences de la chanteuse, née du côté de Nancy et vivant depuis deux ans à Montréal, sont à chercher tous azimuts : rock anglais des années 70/80, new wave, folk nord américaine ou électro. Les vingt titres de Déprime & Collation, d’une grande variété mais paradoxalement aussi d’une grande cohérence, dessinent le visage d’une artiste aux facettes multiples, bien décidée à s’affranchir des barrières et à faire entendre sa voix.
L’album commence par un titre rock rugueux mâtiné d’électro, Ton corps j’ai crié. La voix androgyne de Mell parle sans artifice d’amour et de séparation : "Où est passé ton corps / Où est passé la mort / Que je frôlais chaque soir" dit la chanteuse dans ce titre brut et sans artifice, rude comme l’amour.
Son et guitare rock encore avec Snack & Blues. Non sans nostalgie et avec le parti pris du lofi neighties, Mell nous parle encore d’amour, une nuit de déprime et de gueule de bois : "Tour du monde / All night long / Serre-moi encore jusqu’à ma mort / Tout le monde rentre chez soi / Moi je m’écroule à chaque pas / De quoi j’ai l’air à cette heure là".
Mell puise aussi avec énergie dans les années 80 pour des chansons punk-rock coup de poing et enlevées. Hey,Mort de rire et Danse c’est The Clash ressuscité et dopé à l’électro par une musicienne qui n’a pas froid aux yeux. Mell carbure à la new wave dans Au cinéma, transportant l’auditeur dans une salle obscure pour une idylle sucrée et éphémère : "Emmène-moi au cinéma / Que je puisse te toucher dans le noir / Comme si c’était la première fois / Je tremblerai / Tu souriras" : injection de nostalgie garantie.
Le titre de l’album parle de déprime. Disons, pour être juste, que c’est vers la mélancolie et la nostalgie que penche la majorité des titres. C’est She said, ballade électro, Mon enterrement, une mélodie folk à l’ironie mordante, ou encore Tes yeux verts, titre folk lumineux et minimaliste : "Dans tes yeux clairs / J’ai vu la mer / Dans tes yeux verts / J’ai vu l’enfer… / Non je n’ai pas peur des tempêtes".
Où te caches-tu ? penche du côté de Nick Drake : "Où te caches-tu mon amour / Dans quel pays / Dans quel faubourg". Cette ballade folk, sur le thème de l’amour et de l’identité, est savamment mise en relief par petites touches, sans dénaturer une mélodie simple, une voix délicatement posée et une guitare sèche lofi.
Au Louvre c’est encore du côté de la pop-folk qu’il faut chercher l’influence de l’artiste pour une chanson qui parle d’une absence, de la recherche de sens et de l’évidence d’un manque au milieu des galeries immenses du célèbre musée parisien : "Des chats sauvages me tombent dessus / Et puis ton corps à moitié nu / Au-dessus du vide sous les étoiles".
Déprime & Collation est particulièrement riche de titres instrumentaux faisant la part belle aux synthétiseurs et à l’électronique, qui ne sont pas sans rappeler la mythique Trilogie berlinoise de David Bowie et Brian Eno ( Low,"Heroes" et Lodger). Comme aux plus belles heures des concept-albums, deux courts interludes viennent ponctuer l'album concept de la native de Lorraine: c’est Marécages invisibles et surtout Dot-111, formidable titre psychédélique pouvant faire penser à V-2 Schneider dans "Heroes".
Mell n'est pas non plus avare en titres instrumentaux longs mais aussi exigeants : Les crocodiles qui somnolent, Absurdistan,I love u at five o’clock ou Poisson chat qui conclut l'album. Astronaute de son corps est une belle page électro tout en voyage, mêlant guitare aérienne et synthétiseurs. No barricade se révèle être un instrumental harmonieux et séduisant où les guitares décrochent un rôle de premier choix. Rarement des accords de cordes n’ont parus aussi évidents. Canaille mayonnaise mêle quant à lui des guitares rock rugueuses et un son électronique comme venu d’outre-tombe.
Album audacieux, déstabilisant, et pas si déprimant que cela, Mell offre un diamant musical, riche de surprises mais aussi de promesses.
Comment Benjamin Thompson, obscur fils de fermier américain dans ce qui était alors les colonies anglaises, devenu par la suite Comte Rumford – le seul noble américain –, avec une carrière politique et scientifique hors du commun dans la vieille Europe, a-t-il pu tomber dans un oubli largement immérité ? Regardez la maigre page Wikipédia qui lui est consacré et vous en aurez une illustration frappante. C’est cette injustice que se propose de réparer Eric Sartori, dans une passionnante biographie du comte Rumford, aux éditions de la Bisquine.
Les premières années du jeune Benjamin Thompson ressemblent à celle d’un ambitieux, un self-made-man comme les Américains en raffolent : le jeune homme se trouve orphelin très jeune, vivote grâce à de petits emplois et s’accroche à une ambition inébranlable comme à des capacités intellectuelles hors du commun. Très vite, il se passionne pour les expériences scientifiques – nous sommes encore en plein Siècle des Lumières – avant de commencer une carrière de modeste enseignant.
Un mariage de circonstance avec la veuve d’un grand propriétaire terrien américain permet au jeune homme de rencontrer le gouverneur anglais Wentworth avec qui il sympathise. Le modeste Thompson se voit proposer un poste de major dans une milice du New Hampshire. Cet événement est le premier exemple de la capacité du futur comte Rumford à s’attirer des ennemis. Car, non-content de s’attirer la jalousie de miliciens expérimentés, cette nomination dans l’armée anglaise le condamne aux yeux des insurgés américains en lutte pour l'indépendance américaine : Benjamin Thompson assume son patriotisme à la couronne britannique jusqu’à se faire espion – grâce notamment à des inventions scientifiques que n’aurait pas renié Q, cher à James Bond !
Les indépendantistes américains ne pardonneront jamais à Thomson ce choix de soutenir le colonisateur britannique. En 1814, après son décès, l’université de Harvard n’acceptera son leg qu’à contrecœur, et que parce que le héros français des jeunes Etats-Unis, le général La Fayette, l’avait demandé... Cette rancune tenace contre Rumford ne sera pas la dernière inimitié de cet homme décidément peu aimé et insaisissable.
En 1776, dans les colonies américaines la situation est intenable pour les partisans anglais et Thompson rejoint "sa Patrie", Londres. Par la même occasion, il se fait anoblir, est élevé au rang de colonel et obtient du roi George III une mission en Bavière, dans un rôle qui lui va à merveille : l’espionnage – encore. Mais la carrière de Thompson connaît un nouveau virage : le Foreign Office découvre qu’au fur et à mesure qu’il côtoie le duc-électeur bavarois Charles Théodore, les rapports de l'espion britannique deviennent de plus en plus faméliques.
Est-ce par opportunisme du colonel Thompson ou parce que la noblesse anglaise a pris de haut ce roturier américain ? En tout état de cause, c’est auprès de l’ennemi que le futur Comte Rumford propose ses services. L’électeur de Bavière le charge de réorganiser son armée, ce que ce dernier accomplit avec zèle et surtout méthode scientifique. La nourriture et l’habillement des soldats étaient des gouffres financiers : l’ancien espion britannique imagine l’institution de jardins militaires et étudie la conductivité thermique des vêtements pour imaginer des tissus plus efficaces et plus isolants. Cette première mission inaugure plus de dix ans d’activités politico-scientifiques en Bavière. À partir de 1788, il invente, dans un pays dans lequel il a été parachuté par la royauté anglaise, le concept de complexe militaro-industriel : écoles militaires, habillements gratuits, augmentation des soldes et création de manufactures gérées par l'armée sont pensées et appliquées avec une audace sans pareil pour l’époque. Que l’on pense à ce 1er janvier 1790 au cours duquel il fit rafler tous les mendiants de Munich afin de les faire travailler dans un atelier militaire contre une vie plus douce (nourriture, logement et soins) : "Rendre les pauvres heureux avant de les rendre vertueux, au lieu de leur prêcher la vertu en espérant que leur sort s’améliorera." Preuve de son pragmatisme autant que de son attention pour la population, il créé à Munich un jardin anglais, premier exemple de parc public installé au cœur des villes qui assoit encore plus la popularité de l’ancien espion britannique.
Apprécié de son protecteur Charles Théodore, méprisé par la cour bavaroise et populaire auprès de la population, celui qui est devenu le Comte de Rumford en 1792 bâtit sa légende de scientifique expérimental doublé d’un sens de la philanthropie exceptionnel – malgré son caractère égocentrique et ses attitudes dures et cassantes lorsqu’il est en société. Un paradoxe vivant, s'il en est !
La nutrition est au cœur des premières expériences de Rumford qui s’attache à vouloir nourrir la population militaire mais aussi civile au moindre coût. Il met au point ce qui restera comme une de ses idées de génie : la fameuse "soupe à la Rumford", un repas chaud préparée de manière industrielle et composée d’orge, de pois et de pommes de terre et qui, précise Eric Sartori contribua à faire disparaître la famine dans les États allemands.
Après la découverte des courants de convection, celui qui est devenu Major-Général puis ministre de la guerre en Bavière, s’attache à travailler sur la chaleur et le meilleur moyen de se chauffer et de cuisiner. On lui doit l’invention des cuisines modernes, "avec son feu enfermé dans un four clos, son ouverture frontale et ses réchauds sur la plaque supérieure du four" : une véritable révolution bientôt généralisée en Bavière puis en Europe dans les hôpitaux, les orphelinats puis chez quelques riches particuliers. On lui doit aussi, précise l’auteur, de multiples inventions : des fours, la cuisine sous pression, les premières cocottes-minutes et sans oublier, vers la fin de sa vie… la cafetière à filtre. Dans son essai, Eric Sartori développe les expérimentations incessantes de ce scientifique hors-norme, sur la lumière mais aussi – de nouveau – sur la chaleur.
Thompson revient à Londres en 1795, avec une réputation de traître qui l’emporte sur celle de scientifique doué et très investi. Rumford garde cependant une foi inébranlable dans son désir de "traquer l’inefficacité, la misère, la maladie, les injustices sociales et d’appliquer la science à l’amélioration de la société pour tous." Fort de cet état d’esprit, il met au point un nouveau type de cheminées, basées sur sa théorie des courants de convection : gorge étroite, corniche séparant l’air chaud ascendant de l’air froid descendant et invention du rabat. Une telle invention était fondamentale pour économiser 50 à 60 % des combustibles et contribuer à libérer Londres du smog. La cheminée Rumford fait des émules.
Ce dernier lance dans la foulée deux prix scientifiques dotés de sommes d’argent : la médaille Rumford décerné en Angleterre par la Royal Society et – pas rancunier – le Prix Rumford délivré par l’American Academy for Arts and Science.
La dernière partie de l’existence du Comte américain est marqué par l’affirmation d’une ambition politique autant que l’institutionnalisation de ses idées pour la diffusion des sciences et l’enseignement des connaissances scientifiques. Il fonde en 1799 la Royal Institution, concurrente de la Royal Society, jugée "trop mondaine." Rumford fait face à cette époque à une vive controverse : celle des brevets. Obsédé par une science éclairée au service de la société, l’inventeur de ses célèbres "soupes" est, contrairement à James Watt, pour l’utilisation publique des inventions – y compris des siennes : Eric Sartori se demande, non sans pertinence, si Rumford ne serait pas un précurseur de l’"open source"). Le fondateur de la Royal Institution embauche pour des conférences de futurs grands noms : Thomas Young, Humphry Davy ou Faraday.
Les dernières années de sa vie, Rumford les passe en France où il reçoit l’accueil enthousiaste de Napoléon et de ses homologues scientifiques français : Laplace, Berthollet, Fourcroy et Lagrange. Le comte américain apprécie la vie parisienne, se marie avec la veuve de Lavoisier avant de s’en séparer. La gloire vient de l’Institut où Rumford présente une série de travaux, tout en continuant ses expérimentations : les lampes Rumford, l’invention du chauffage central, ses observations sur le verre dépoli et la conception du café-filtre.
Décédé en 1814, le scientifique reçoit une foule d’hommage de ses contemporains, des plus élogieux aux plus ambigus : "Honoré des Français et des étrangers, estimé des amis des sciences, partageant leurs travaux, aidant de son avis jusqu’aux moindres artisans, gratifiant noblement le public de tout ce qu’il inventait chaque jour d’utile" dit de lui Cuvier, avant d’ajouter dans son "curieux" hommage posthume : "C’était sans les aimer et les estimer qu’il avait rendu tous ses services à ses semblables." En un mot, un un philanthrope misanthrope.
La réputation exécrable de Rumford pourrait expliquer le relatif oubli dans lequel est tombé un homme des Lumières : un être froid, calculateur, dépourvu d’humour, égoïste, snob, "la personnalité la plus détestable de l’histoire des sciences depuis Newton." Rien que ça.
L'essai d'Eric Sartori est d'un intérêt indéniable. Sans faire l'impasse sur les écarts et les défauts de Benjamin Thompson, il convient que les apports scientifiques et la vie aventurière de cet homme soit redécouverts : "Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et le Comte Rumford sont les trois plus grands esprits que l’Amérique ait produits" disait de lui Franklin D. Roosevelt.
Science & Vie Junior tire les leçons d’Histoire d’Assassin’s Creed. Pour son dernier hors-série, la rédaction du magazine de vulgarisation scientifique s’est plongé dans l’univers d’Assassin’s Creed, pour analyser l’Histoire et ses périodes à travers ce jeu, qui tend à devenir mythique.
En effet Ubisoft, l’éditeur du jeu, met énormément de soin à reconstituer des moments clés de l’Histoire, des personnages du passé et surtout des villes entières dans l’état où elles étaient il y 100, 200 ou 800 ans.
Ce hors-série de 100 pages met en avant les 6 périodes de l’Histoire présentes dans le jeu, en répondant à des questions de science et d’Histoire. Notamment grâce à des parallèles entre la réalité et le jeu. Comme le dossier de 8 pages, pour lequel la rédaction de Science & Vie Junior a traduit scientifiquement le Saut de l’Ange, ce saut mythique des personnages principaux d’Assassin’s Creed.
Vendu à près de 100 millions d’exemplaires ce jeu est omniprésent dans la vie des adolescents du monde entier, qu'ils soient gamers ou non.
Assassin's Creed aura également sa version cinéma, avec la sortie du film à la fin de l'année.
Science & Vie Junior, hors-série Les leçons d'histoire d'Assassin’s Creed, novembre 2016
Sur la pochette de son premier EP, L’été n’existe plus, le profil hiératique de Mârie Adôre donnerait à cette nouvelle figure de la chanson française une lointaine parenté entre Barbara et Marie Callas. Là s’arrête pourtant la ressemblance car, en réalité, c’est du côté de l’easy listening qu’il faut sans doute chercher les influences de Mârie Adôre.
L’artiste puise dans la pop des années 50 et 60 l’inspiration pour un premier album élégant tout entier dédié à l’amour. Guitares langoureuses, cordes délicates, instruments acoustiques et voix assurée sont au service de chansons pop sucrées et acidulées.
Mârie Adôre tourne autour de l’amour, qu’il soit passionné, grisant ou cruel : celui, éphémère, des amours d’été ("Coquillages et trucs cassés / Mon cœur s’est arrêté… / L’été a volé mon amour" dans L’été n’existe plus), l’amour aliénant qui peut être celui d’une femme fatale et inaccessible ("C'est comme un revolver capricieux, / elle te met en poussière quand elle veut", Et toi) ou de ces sirènes séductrices en diable ("Fiancé de passage / ma providence / ton naufrage / viens goûter le sel sur ma peau / viens voguer sur mes flots", Les Sirènes). La grande aventure de l’amour trouve son illustration la plus géniale dans le dernier titre, Un dernier baiser, composé à la manière d’une bande originale… de western. Et pourquoi pas ?
Mârie Adôre offre à l’auditeur un premier EP travaillé avec soin. La pop sixties, mâtinée de blues et de jazz, est au service de chansons justes, cinématographiques et lyriques, interprétées par une artiste au tempérament bien trempé – et déjà attachante. Mârie Adôre : une "mauvaise fille", comme elle le chante ? Allons, allons…
À partir du samedi 1er octobre et durant toute la saison, le club Les Étoiles se transforme en cabaret déjanté !
À l’origine de ces soirées, Franck Bompani, organisateur de soirées (La Boumette ou La Paillotte de L’Opéra) et Le Lettingo Cabaret (cabaret burlesque parisien) ont décidé d’unir leurs savoir-faire et créer les soirées Cirkus pour le plus grand plaisir des parisiens.
Les soirées Cirkus s’inspirent des fêtes folles des années 80’s remises au goût du jour via un savant mélange entre clubbing actuel et cabaret d’autrefois. Circus transporte ses convives à travers une soirée clubbing décadente ou les dj’s jouent sur scène accompagnés de trapézistes, de dresseurs de perroquets, de clowns et de superbes effeuilleuses. Des happenings artistiques rythment la fête… Laissez la magie opérer ! Une soirée burlesque et glamour réunissant jusqu’à 600 noctambules sur le meilleur de la Disco, House & Deep House.
Le club Les Etoiles a ouvert en 1876 comme café-concert géré par l’administrateur des Folies Bergères puis en tant que salle de cinéma de 1946 à 1965.Le dernier usage connu du lieu est celui de cabaret dans les années 90 dont la façade néo-classique est encore en place. En 2011, après un coup de cœur pour l’histoire et le potentiel du lieu, le duo Franck Bompani, & Vincent le Gall , fort de leur longue expérience dans l’évènementiel et épaulé par le cabinet d’architectes Mur Mur, décident d’y entreprendre des travaux. Le théâtre des Etoiles renaît de ses cendres en 2015 et propose de multiples expériences artistiques et sonores
Tous les samedis à partir du 1er octobre aux Étoiles 00h-06h 61 rue du château d’eau, 75010 Paris Entrée : 10€, gratuit avant 1h pour les filles
Avant de parler de l’essai de Maurice Ulrich, Heidegger et le Golem du Nazisme (éd. Arcane 17), il est sans doute bon de revenir sur la carrière de Martin Heidegger (1889-1976), fréquemment considéré comme le philosophe le plus important du XXe siècle. Ce penseur a été autant admiré pour ses travaux que décrié en raison de son adhésion au parti nazi durant les années 30 et de son zèle patriotique dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir : élu recteur de l’université de Fribourg-en-Brisgau en 1933, il prononce un discours d’allégeance au parti nazi (Le Discours du Rectorat) qui pèse encore lourd sur sa réputation. Pour preuve, en 1945 l’illustre professeur allemand est interdit d’enseignement pendant six années au terme d’un procès de dénazification, et ce en dépit de la défense à son ancienne maîtresse, la philosophe – juive – Hanna Arendt. La publication des Cahiers noirs du philosophe a terni un peu plus sa réputation scandaleusement antisémite.
Martin Heidegger continue pourtant d’avoir ses ardents défenseurs, soucieux de préserver ses apports dans l’histoire de la pensée. En quoi consistent-ils justement ? Voici quelques éclaircissements qui permettront de situer l’ouvrage de Maurice Ulrich.
L'essai de Martin Heidegger, Être et Temps (1926), s’interroge sur la question de l’être : "La question de l’être est aujourd’hui tombée dans l’oubli" écrit-il. Ce sujet, qui intéressait les présocratiques (Parménide et Héraclite, notamment), fait son grand retour dans la philosophie occidentale grâce à Martin Heidegger. Il définit l'Étant comme cet homme empirique doué de paroles et de pensées. Mais Heidegger va utiliser un autre vocable, le Dasein (Être-là), qui est au cœur de l’essai de Maurice Ulrich. Grâce à l‘herméneutique mais aussi la phénoménologie, le Dasein est capable de s’interroger sur son propre être. Sans Dasein, le monde serait en quelque sorte vide, peuplé d’Étants, mais sans Être.
Maurice Ulrich place le Dasein (écrit dans son ouvrage : "D a s e i n") au cœur de son livre Heidegger et le Golem du Nazisme, un essai à la fois pointu, pertinent et féroce sur les concepts philosophiques d’un penseur complexe et controversé.
Dans son avant-propos, l’auteur, "un journaliste qui n’est pas un professionnel de la philosophie", explique sa démarche : plutôt que de "démontrer quoi que ce soit des liens de Heidegger avec le nazisme", Maurice Ulrich, éditorialiste à L’Humanité, entend expliquer, commenter et démonter les ressorts et les concepts philosophiques souvent obscurs de l’ancien élève de Husserl. En un mot : "démolir Heidegger".
Le tour de force de Maurice Ulrich est de prendre à bras le corps dès la première partie ("Heidegger et le Golem") l’œuvre de Martin Heidegger, "Une forteresse vide, fermée sur un désert sans amour, sans sujets et sans liberté." Le concept du Dasein est au centre de son analyse, un concept promis à un avenir brillant, mais qui ne serait en réalité qu’un prête-nom (un Deckname). Le style complexe (pour ne pas dire ampoulé) du philosophe allemand semblerait avoir conduit à un malentendu au sujet de ce Dasein : "Il est vrai que leDasein, entendu comme Être-là, semblait de nature à fournir une base à une philosophie de l’Existence". Mais aurions-nous été enfumés par Heidegger lui-même ? C’est ce que Maurice Ulrich défend avec conviction : "La fumée de l’être sortie de la bouteille va prendre la forme du peuple allemand et de son destin « historial »".
Le heideggérisme n’est pas un humanisme, dit en substance l’auteur. Le "Dasein, vide d’humanité Heidegger va le chercher dans sa glaise pour en faire une créature à sa façon et adaptée à ce qu’il appellera de manière récurrente, la nouvelle volonté allemande. C’est un Golem." Paradoxalement, et non sans ironie, cet être imaginaire et monstrueux, sans conscient, est une créature tirée de la tradition juive. Maurice Ulrich ajoute que, dans un cours de 1933-1934 (Être et vérité), Martin Heidegger parle de "l’extermination totale de l’ennemi intérieur." Mais quel est cet ennemi ? Maurice Ulrich est explicite tout au long de son essai et les heideggeriens ne manqueront pas de s'étouffer.
La deuxième partie de l’essai compile des extraits d’ouvrages du philosophe : Être et Temps (1926), Introduction à la Métaphysique (1935), Apports à la philosophie – De l’Avenance (1935-1936) et Qu’appelle-t-on penser ? (1951-1952). Maurice Ulrich commente Heidegger dans le texte, avec toujours en point de mire ce Dasein, une "aventure partagée" (du peuple allemand), que l’ancien recteur de Fribourg enrobe dans une syntaxe souvent difficile à maîtriser pour un non-spécialiste : "La question en suspens, celle qui porte sur un propre être-entier duDasein et sur sa condition existentiale, ne sera amené sur un sol phénoménal éprouvé que quand elle pourra se tenir à une possible propriété de son être attestée par leDasein lui-même." Les exemples de ce genre sont nombreux. Le lecteur peut remercier Maurice Ulrich de le prendre par la main pour voir plus clair dans les travaux du philosophe allemand.
L’essai aborde frontalement la question de la Shoah et des "usines de la mort". La réputation de Martin Heidegger n’en sort pas indemne. Le plus grand philosophe du XXe siècle se montre d’un cynisme glacial, pour ne pas dire "insensé", lorsqu’il affirme ceci en 1949, lors de la Conférence Le Dis-positif : "L’agriculture est aujourd’hui une industrie d’alimentation motorisée, sans son essence la même chose que la fabrication de cadavres dans les chambres à gaz et les camps d’extermination… la même chose que la fabrication de bombes à hydrogène." Maurice Ulrich écrit plus loin : "La motorisation de la Wermacht" pourrait bien s’apparenter à un acte "métaphysique."
Dans ses dernières pages, particulièrement engagées (le chapitre "Maintenant"), Maurice Ulrich enfonce le clou : "La pensée de Heidegger est bien, quoi que l’on veuille, une philosophie, perverse, mais une philosophie (...) recyclable et peut-être revendiquée par de multiples courants idéologiques qui sont loin de se limiter aux nostalgiques du nazisme en Europe, mais remettent en circulation les thèmes de l’identité, de la souche, des racines qui ne sont jamais que d’autres appellations du Dasein et de la division des « étants »."
Cet essai musclé laisse la parole de fin à Thomas Bernhard : "Heidegger était en quelque sorte un escroc philosophique… Aujourd’hui, Heidegger n’a pas encore été entièrement percé à jour, si la vache Heidegger a bien maigri, on continue toujours à tirer le lait heideggerien." Le portrait cinglant du dramaturge autrichien sonne comme un véritable enterrement de première classe.
Maurice Ulrich, Heidegger et le Golem du Nazisme, éd. Arcane 17, 2016, 153 p.