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La musique du film, écrite et composée par Ludovic Bource, capitale dans un film muet, a été saluée elle aussi, cumulant un Oscar, un Bafta, un Golden Globe, un César, le Prix du Cinéma Européen ou le Critics’ Choice Movie Award de la meilleure Bande Originale de film.
The Artist est de retour en 2016 et 2017 pour une série de ciné-concerts live en France, en Suisse et en Belgique. Une vingtaine de dates sont déjà programmées. La tournée s’ouvre à la Philharmonie de Paris les 19 et 20 mars 2016 et se poursuivra tout au long de la saison 2016/2017, à Lille, Bordeaux, Lyon, Nice, puis Lucerne et Bruxelles.
"Je suis un insoumis et qui a redonné La Marseillaise son sens initial ! Et je vous demanderai de la chanter avec moi !"
La scène se passe le 4 janvier 1980 à Strasbourg, dans le cadre d’un concert de Serge Gainsbourg, concert qui, du reste, n’aura jamais lieu. L’essai de Laurent Balandras, La Marseillaise de Serge Gainsbourg, Anatomie d’un Scandale (éd. Textuel) s’ouvre sur ce moment phare de l’histoire de la chanson française, coup de tonnerre médiatique autant que virage artistique dans la carrière de l’homme à tête de chou.
L’essai de Laurent Balandras est exemplaire à bien des égards. En retraçant le contexte de La Marseillaise version reggae de Gainsbourg (et intitulée Aux Armes et cætera), il ausculte les tenants et les aboutissants d’un scandale qui dépasse largement le simple contexte musical.
En janvier 1979, Serge Gainsbourg, toujours en quête de renouvellement musical, enregistre en quelques jours à la Jamaïque l'album Aux Armes et cætera. L’auteur d’Initials BB a, par le passé, puisé son inspiration dans le jazz, les percussions africaines, la pop anglaise ou le rock. Cette fois, c’est sur le reggae que Gainsbourg jette son dévolu, convaincu par son directeur artistique Philippe Lerichomme après l’écoute de la première version de Marilou Reggae dans l’album L’Homme à Tête de Chou (1976). Parmi les 12 titres enregistrés figure cette fameuse Marseillaise revisitée dans un style reggae, "un chant révolutionnaire sur une musique révolutionnaire" comme l’expliquera inlassablement le chanteur en pleine tourmente.
L’album Aux Armes et cætera sort le 13 mars 1979. Le scandale éclate moins de trois mois plus tard lorsque le futur académicien Michel Droit publie dans Le Figaro Magazine une violente tribune contre "l’outrage à l’hymne national" que constitue cette Marseillaise reggae : "un rythme et une maladie vaguement caraïbe… à l’arrière-plan, un chœur de nymphettes émettant des onomatopées totalement inintelligibles… et au ras du micro, d’une voix mourante, exhalant comme on ferait des bulles dans de l’eau sale, des paroles empruntées à celles de … La Marseillaise." L’ancien résistant va plus loin en s’attaquant à l’artiste : "œil chassieux, barbe de trois jours, lippe dégoulinante… débraillé… crado…" La charge de Michel Droit atteint des sommets lorsqu’il considère qu’en adaptant La Marseillaise à des fins mercantiles ("en tirer profit aux guichets de la Sacem"), l’initiative du chanteur porte "un mauvais coup dans le dos de ses coreligionnaires". Autrement dit, par son acte "provocateur" contre l’hymne national, Serge Gainsbourg est accusé de favoriser l’antisémitisme… en raison de ses origines juives. Cet article donne le départ d'un scandale si brutal que Gainsbourg en restera définitivement meurtri.
Relatant cette affaire, Laurent Balandras ne se contente pas de dresser l’historique de ce qui n’était au départ qu’une adaptation moderne - et exotique - de l’œuvre de Rouget de Lisle. Il retrace aussi en quelques pages l’enfance du petit Lucien Ginsburg, fils d’immigrés russes et de culture juive. Il rappelle que, né en 1926, le futur Serge Gainsbourg a été élevé dans l’amour de la culture française, dans une famille laïque, naturalisée et amoureuse de son pays d’adoption. Musicien très jeune, pianiste classique, il échappe de peu à la déportation comme d’ailleurs ses parents et ses sœurs. Un véritable traumatisme, comme le rappelle Laurent Balandras et qui resurgira en 1979 à la faveur d’un article haineux écrit par l'ancien résistant Michel Droit.
Cet essai sur La Marseillaise de Gainsbourg abandonne le chanteur le temps d’un chapitre pour s’intéresser à l’histoire de l’hymne national. Il se nommait à l’origine Le Chant de l’Armée du Rhin, et a été composé en avril 1792 à Strasbourg (et oui !) par Claude Joseph Rouget de Lisle, modeste officier et musicien amateur. Un chant révolutionnaire donc, comme le rappellera Serge Gainsbourg deux siècles plus tard. Laurent Balandras rappelle l’histoire tumultueuse de ce chant patriotique qui est devenu un hymne national après pas mal de déboires… et d’adaptations, jusqu'à la version de Gainsbourg, Aux Armes et cætera.
Au sujet de ce titre, le chanteur rappellera qu’il respecte un manuscrit original de Rouget de Lisle. Laurent Balandras nuance cependant ses propos : "Les paroles reproduites dans le Larousse contiennent cette indication afin de ne pas réécrire sempiternellement le refrain. C’est presque vrai à cette nuance que la mention exacte est Aux armes, citoyens… etc."
L’album reggae de Gainsbourg, vendu à plus d’un million d’exemplaire, est un succès inédit pour le musicien. À 50 ans, l’auteur de La Chanson de Prévert ou de L’Eau à la Bouche devient un artiste populaire, adoré par la jeunesse et considéré avec respect par la profession. Le jour de gloire est arrivé, donc. Cependant, "la fête est brutalement gâchée par l’article scandaleux de Michel Droit." Serge Gainsbourg conservera toute sa vie dans ses archives les pièces qui ont constitué ce scandale de La Marseillaise "jamaïcaine" : lettres d’injures ou de soutiens, coupures de presse, photographies, télégrammes. La reproduction de quelques-unes de ces pièces à conviction constitue l’une des grandes richesses de l’ouvrage de Laurent Balandras. Elles illustrent à elles seules le degré de violence contre l’artiste, empêché à plusieurs reprises de se produire sur scène, ce qui ne l’empêchera pas de partir à la rencontre de son public. Mais c’est un homme blessé qui sort de cette épreuve : "Si les attaques de Michel Droit ont meurtri Gainsbourg, l’affront de Strasbourg l’a anéanti… Certes, il se doutait bien qu’une Marseillaise en reggae allait défriser quelques implants mais de là à menacer physiquement des saltimbanques…"
À partir de 1980, Serge Gainsbourg endosse un nouveau costume et se mue en Gainsbarre, son "double monstrueux" et provocateur, désinhibé, dépressif et (faussement?) alcoolisé. Sa vie privée est chambardée. Il quitte sa muse Jane Birkin, fréquente un temps Catherine Deneuve, avant de rencontrer sa dernière compagne, Bambou : Ecce homo, comme le dit la chanson phare de son album suivant Mauvaises Nouvelles des Étoiles (1981).
Mais l’ultime pied de nez de ce scandale, sur fond de patriotisme antisémite, viendra le 13 décembre 1981. Ce jour-là, contre vents et marées, Serge Gainsbourg achète pour 135 000 francs un manuscrit autographe de La Marseillaise rédigée en 1833 par Rouget de Lisle. Il racontera ainsi son retour de la salle des ventes, avec cette pièce historique : "Le retour de Versailles fut grandiose. J’étais accompagné par Phify, garde du corps, videur au Palace, d’origine polonaise. Il y avait Bambou, ma petite amie, une Niak. Moi, je suis russe, juif et la voiture c’était une Chevrolet, une américaine ! Et sur la banquette arrière, y’avait le manuscrit original de La Marseillaise ! Étonnant !"
Laurent Balandras, La Marseillaise de Serge Gainsbourg, Anatomie d’un Scandale, éd. Textuel, 159 p.
Niçoises et Niçois, l’exposition "Vos souvenirs de la Prom’" est la vôtre, à bien des égards.
En 2015, dans le cadre de la candidature de Nice à l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO, la Mission Promenade des Anglais, initiée par la mairie de la "Capitale de l’Hiver", a proposé aux Niçois d’ouvrir leurs albums photos afin de montrer au public plus d’un siècle de Promenade des Anglais. Cette opération participative a trouvé un écho populaire : plusieurs centaines de clichés, issus d’archives privées et familiales, ont déjà été rassemblés et sont exposés gratuitement pour la Mission Promenade des Anglais.
Micro-événement local ? Initiative municipale n’intéressant que les Azuréens ? Promotion d’un lieu hautement touristique ? Pas si vite. Plusieurs choses se jouent en réalité dans cette manifestation.
Il s’agit d’abord d’un hommage, issu de centaines d’anonymes de Nice ou d’ailleurs, d’un lieu français des plus emblématiques. Ce qui est rassemblé dans cette exposition ce sont des clichés a priori anodins et souvent émouvants sur cette fameuse Promenade connue du monde entier : couples posant sur la plage, bande de copains en goguette sur la côte, vues de la traditionnelle Batailles de Fleurs ou du Negresco (inauguré en 1913), souvenirs de baignades, de bronzettes ou de sports d’hiver, compétitions de beach-volley ou d’Ironman, employés travaillant sur le littoral, sans compter tous ces autres événements locaux, historiques et climatiques qui font la petite et la grande histoire de Nice.
Ce dont il est également question dans ces moments immortalisés est bien un moment d’histoire sociologique, que Jean-Jacques Aillagon, président de la Mission Promenade des Anglais, traduit ainsi : "En s’attardant sur l’évolution des pratiques sociales, des modes vestimentaires, des changements de mobiliers urbains, des aménagements de loisirs, de la végétation, cette collection permet de comprendre, au travers de multiples détails insignes, les mutations d’un territoire." D’un territoire mais aussi de ses habitants, les vrais "héros" de cette exposition.
Ce qui est également en jeu dans cette manifestation, qui fleure bon les vacances et le farniente, c’est l’illustration de la popularisation de la photographie. Cet art s’est rapidement démocratisé à partir de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, contribuant à figer pour l'éternité les petits et les grands souvenirs personnels. L’exposition "Vos souvenirs de la Prom’" peut se lire autant comme un morceau de nostalgie (et beaucoup de Niçois y seront sans aucun doute sensible) que comme une présentation ethnologique et historique sur une ville française majeure. Louis Nucera écrivait ceci dans son roman Chemin de la Lanterne : "La ville est un aide-mémoire. On emprunte des rues, et des fragments d’existence réapparaissent. C’est la récolte du souvenir à chaque instant… Les feux d’artifice de la vie ont les leurs qui ne s’éteignent pas ; seraient-ils tragiques."
Connaissons-nous Confucius ? En nos latitudes, le nom de ce penseur chinois, né en -551 sous la dynastie des Zhou et mort à 72 ans en -479, n’est pas inconnu. Figure majeure de la pensée dans un pays dont la civilisation était ancienne de plusieurs millénaires à sa naissance, kŏng zĭ (maître Kong), plus que n’importe quel autre penseur, a laissé une postérité exceptionnelle : 3 000 disciples qu’il a formés, une généalogie de descendants estimé à trois millions de personnes et un héritage intellectuel qui continue de façonner la Chine d’aujourd’hui.
Quel philosophe occidental peut se targuer d’une telle influence ? Aucun.
Pour autant, Confucius reste plutôt discret en Occident. L’essai de Cyrille J.-D. Javary, Sagesse de Confucius (valeurs, propositions et aphorismes) est un brillant et passionnant moyen d’entrer en contact avec "le maître accompli" (kŏng fūzĭ).
La première traduction de ses Entretiens, retranscriptions a posteriori de ses enseignements oraux (à l’instar de Socrate) ne date "que" de 1687. Elle nous vient des Jésuites qui ont latinisé son nom, tout en faisant de lui une figure pré-christique (avec "l’intuition du message de Jésus" mais sans "la complète révélation chrétienne", dit l’auteur). En commettant ce contre-sens philosophique, les Jésuites ont paradoxalement contribué à asseoir la postérité de Confucius hors de Chine. En Europe, nous apprend Cyrille J.-D. Javary, Leibniz et Voltaire saluent en lui le "moraliste pragmatique", pouvant être comparé à Montaigne – et opposé à Machiavel. Diderot lui consacre un long article dans l’Encyclopédie. Par contre, Hegel n’aura pas de mots assez durs pour critiquer Confucius. À ses yeux, le penseur chinois ne méritait pas d’être traduit, son tort étant de n’avoir laissé aucun système philosophique digne de ce nom. Cette opposition Hegel-Confucius explique d’ailleurs le titre de cet article, tant le gouffre semble gigantesque entre ces deux intellectuels.
L’essai de Javary est construit avec un grand sens de la clarté et de la vulgarisation. L’auteur nous prend par la main pour nous emmener au plus près de la vie, de l’enseignement et de l’influence de ce philosophe fondamental. Sagesse de Confucius est partagé en trois parties : "Confucius et son temps", "De Confucius au confucianisme" et "L’enseignement de Confucius". L’ouvrage se termine par les traditionnels index et biographie, précédant 16 cartes illustrées détachables.
La première partie s’intéresse à la vie de Confucius et à son époque. C’est l’occasion pour l’auteur de brosser à grand trait un tableau de la Chine ancienne. Pour qui connaît peu cette civilisation (c’est le cas du bloggeur), ces cinquante premières pages sont une entrée en matière impeccable. La vie de Confucius, de sa naissance légendaire à son inhumation dans la forêt des Kong, est décrite au plus près, que ce soit dans son engagement philosophique ou dans son quotidien. Confucius, homme de pensées, se distingue tour à tour comme un homme d’affaire (intendant), homme d’enseignement (il ouvre la première école privée du monde) homme public, homme politique puis ministre, avant un exil. Confucius a suffisamment œuvré parmi ses contemporains pour propager les bases d’une philosophie pratique.
La portée de son enseignement est l’objet de la deuxième partie. Lorsque Hegel regrette chez Maître Kong l’absence d’un système philosophique "à l’occidental", il a raison. Mais c’est justement ce côté pragmatique – je parlais de philosophie pratique – qui fait encore aujourd’hui le triomphe de Confucius. Le triomphe mais aussi l’altération lorsque le confucianisme transforme la justesse d’un enseignement "par induction" (Confucius apprenait à ses élèves "à trouver en eux… Il n’explique pas, il incite") en un dogme récupéré par les pouvoirs chinois, au point de créer une nouvelle classe sociale : les "lettrés" confucéens. Le lecteur apprend du reste que le confucianisme, un temps méconnu et raillé, a bien failli disparaître, rejeté par le nouvel Empire Qin qui appréciait peu la liberté d’expression des successeurs de Confucius. En -213, l’empereur et son chancelier Li Shi imposent la destruction de tous les écrits confucéens, sous couvert d’une normalisation culturelle du pays. Mais non seulement les préceptes de Maître Kong échappent à cette proscription mais le confucianisme sort renforcé durant la dynastie suivante, celle des Han (-206 – 220), faisant du confucianisme puis du néo-confucianisme (à partir du XIIIe siècle, sous les Song) une idéologie officielle, dans ce qu’elle a de pire. Cyrille J.-D. Javary ne cache pas sa sévérité sur cette dérive, Confucius étant récupéré pour réformer, museler et corseter la société, "et, pire encore, torturer les femmes chinoises en faisant d’une mode stupide et cruelle, le bandage des pieds des petites filles… une « coutume » sanctifiée par le temps." Ce rigorisme va être lourd de conséquence durant le XXe siècle lorsque Mao et son Armée rouge font de la Chine un Empire communiste. Voué aux gémonies durant la révolution culturelle, Confucius est réhabilité après la mort de Mao - en partie à des fins idéologiques. Une préface officielle de ses Entretiens dit ceci : "[Ils] révèlent un homme de grande pensée, un parfait éducateur, procédant avec méthode, pour donner une excellente formation." Le Confucianisme constitue encore aujourd’hui, nous dit l’auteur, le fondement de la société chinoise – y compris par les adversaires du régime qui, en 1989, se référaient à Maître Kong pour dénoncer l’indignité des communistes au pouvoir…
Cette passionnante plongée dans l’histoire du confucianisme est suivie, en troisième partie, par un focus sur l’enseignement prodigué par le sage du VIe siècle av. JC. Cyrille J.-D. Javary traite des thèmes abordés par le sage du VIe s. av. JC : l’exemplarité du souverain, le respect aux défunts pour le bien-être des vivants, l’importance des rituels, la place de l’enrichissement du peuple pour l’ordre du monde ("Il est honteux de devenir riche et honoré quand le pays est mal gouverné. Il est honteux de demeurer pauvre et obscur quand le pays est bien gouverné"), un enrichissement qui doit aller de pair avec l’enseignement. Cyrille J.-D. Javary insiste également sur des notions "humanistes" qui ont fait écho chez les contemporains des Lumières : la rectitude, la moralité dans les actes, la justice, la modestie ("Le clou qui dépasse c’est celui qui reçoit le coup de marteau") et la simplicité, tout en consacrant une place non-négligeable à l’amitié, fondamentale pour le bonheur.
L’essai de Cyrille J.-D. Javary brille par sa concision, son érudition, sa connaissance de la culture et de la langue chinoise, comme par ses allers-retours entre sagesse confucéenne et penseurs occidentaux. Lorsque Confucius édicte cette règle, "Ne jamais faire aux autres ce qu’on n’aimerait pas qu’ils nous fassent", n’y trouve-t-on pas des références familières pour un Européen ?
Cyrille J.-D. Javary, Sagesse de Confucius, éd. Eyrolles, 181 p.
La réforme de l’orthographe a été contre toute attente le sujet polémique de ces dernières semaines.
En décidant d’appliquer dès la rentrée prochaine un dépoussiérage général de la langue de Molière, qui avait été acté en 1990 (sic), les éditeurs de manuel scolaires ne s’attendaient sans doute pas à un tel ramdam. Le moins que l’on puisse dire est que la décision d’autoriser l’écriture du mot "oignon" en "ognon" ou "entraîner" en "entrainer" (par contre, contrairement à ce qui a été écrit un peu partout, les mots "mûr", "dû", "jeûne" et "sûr"continueront à porter leur accent) a fait du bruit dans Landerneau, que ce soit dans les réseaux sociaux (qui ont été les premiers à mettre le feu aux poudres), les médias traditionnels et jusque dans les repas de famille. Le bloggeur émet toutefois l’opinion que ce qui a sans doute choqué réside moins dans ces variantes orthographiques que dans une décision publique entendant répondre au fléau des fautes d’orthographe par une phonétisation même partielle de la langue écrite. Est-ce en simplifiant le français que la langue française sera mieux maîtrisée ? Beaucoup répondent par la négative, y voyant même une forme de "lâcheté".
La passion du débat sur cette langue française dans tous ses états rend d’autant plus intéressante la Semaine de la langue française et de la Francophonie qui a lieu du 12 au 20 mars 2016. Son mot d’ordre est : "Attache ta tuque !', 'C'est caillou !'… 1001 expressions à découvrir". Un vrai pied-de-nez à cette affaire de réforme de l’orthographe. Plusieurs personnalités, dont l’humoriste Jamel Debbouze, la journaliste Elsa Boublil ou encore l’écrivaine Marguerite Abouet ont accepté de parrainer cet événement.
Lors de ce rendez-vous des amoureux des mots, 1 500 manifestations seront organisées dans 70 pays : expositions, ateliers d’écriture, animations, spectacles, concours, dictées, slam…200 librairies seront mobilisées et près de 100 villes et villages sont partenaires de l’opération. Le bloggeur a noté quelques événements qui méritent le détour : le spectacle du conteur québécois Fred Pellerin au Théâtre de la Ville (le 12 mars), les Nuits du slam (du 17 au 20 mars), le grand concert de musique francophone dans les studios de Radio France (le 19 mars) et la Dictée pour les Nuls lors du Salon du Livre au cours duquel le 31e Prix du Jeune Écrivain de Langue Française sera remis (le 19 mars).
Cette année, la Semaine de la langue française et de la Francophonie proposera aussi de partir à la découverte du français parlé de Bruxelles à Kinshasa, de Genève à Montréal. Ce sera l’occasion de montrer les multiples visages du français dans les 70 États qui le pratiquent couramment. Loin d’être sclérosé, le français offre une richesse infinie. Ainsi, le "bleuet", qui désigne une petite fleur bleue en France, fait référence à une myrtille au Québec. Le "dîner" (ou "diner"?), qui correspond au repas du soir pour les habitants de l’Hexagone, désigne au contraire celui de midi en Belgique. De même, lorsque l’on "tombe amoureux" en France, on "tombe en amour" au Québec, on "glissepour quelqu’un" au Cameroun et on est "bleu de quelqu’un" en Belgique.
Réseaux sociaux, télévisions, radios ou établissements culturels sont déjà sur le pont pour faire découvrir au grand public les subtilités de la langue française aux quatre coins du monde. "Attache ta tuque !", comme on le dit au Québec ("Attache ta tuque avec d'la broche, attache ta tuque pis tes bretelles"), dit autrement : "Attention, c’est parti !"
Et si, en cette journée internationale pour les droits des femmes, on parlait… des hommes ? Ou plutôt des "Bonhommes" comme le dit la bloggeuse Evingel.
Celle qui se surnomme le "Couteau suisse humain" (graphiste, photographe, réalisatrice, professionnelle dans l’événementiel, et j’en passe) a choisi, dans son Manuel du Bonhomme, disponible pour l'instant uniquement sur Internet, de mettre en avant la galanterie et de donner quelques leçons aux hommes.
Evingel, Vanessa Fataccy de son vrai nom, n’est pourtant pas dans une posture passéiste mais au contraire dans une réflexion moderne sur la vie en société. Dit autrement, il s’agit bien de savoir-vivre et de bien vivre ensemble dont il est question, ce qui n’exclue pas l’émancipation féministe : "Force est de constater que la galanterie a disparu de nos jours, j’ai trouvé intéressant de comparer certains comportements. Ce que les hommes font et qui nous plaît, ce qu’ils font et qui nous déplaît et ce que nous attendons d’eux sans l’exprimer. Les hommes n’ont pas toujours tort, les femmes n’ont pas toujours raison. On essaye de nous faire croire que nous sommes égaux, alors que nous ne faisons que nous compléter, d’où cette perte de galanterie au nom de l’ÉGALITÉ." C’est elle qui souligne.
Son cheval de bataille est ce retour à la galanterie, patiemment détricotée de 1789 à 1968. Au risque de passer pour une "réac", Evingel constate qu’avec l’émancipation féminine se passer des hommes est devenu, pour beaucoup de célibataires, à la fois simple et séduisant : "On pense que l’on peut se passer des hommes. Résultat ? Les hommes ne trouvent plus leur place et se laissent de plus en plus aller" (Amina, mars 2016). Que ces propos viennent de la bouche d’une femme – trentenaire, ambitieuse et indépendante – ouvre un débat intéressant. Evingel n’est pas tendre avec nous, les homme, dont elles fustige le comportement en société, le manque de galanterie, le laisser-aller, le je-m’en-foutisme et la difficulté à assumer ses responsabilités.
Et puisqu’Evingel n’est pas rancunière avec nous, elle propose de nous faire quelques leçons sur la manière d’être un "Bonhomme" : sincère (y compris et surtout avec les femmes), pouvant assumer ses choix, mais aussi élégant, courtois et gentleman. C’est précisément l’objet du Manuel du Bonhomme qu’elle propose sur son blog : un ouvrage sous forme de chroniques drôles et pertinentes. Parodiant les guides de bonnes manières qui faisaient florès au XIXe siècle, l’auteure assène quelques leçons pour nous, les hommes : "Le garçon demande à une femme s’il peut l’embrasser, le Bonhomme le fait, quitte à se ramasser une claque !" (leçon 1), "Le garçon donne son dos après avoir fait l’amour à une femme, le Bonhomme la prend dans ses bras" (leçon 7), "Le garçon va faire à manger à une femme une fois en se vantant de l’avoir fait, le Bonhomme va le faire 2 jours de suite sans rien dire" (leçon 17), "Le garçon demande à une femme si elle veut qu’il porte son lourd sac, le Bonhomme le fait" (leçon 21).
Si avec ça les hommes n’arrivent pas à mieux se tenir, ce sera à désespérer du genre masculin.
La première saison de la webserie Authentik avait fait l'objet d'un billet sur ce lien. Ben, Nawel et Gros Moussa remettent le couvert, toujours sous la houlette d'Anthony Lemaitre devant et derrière la caméra. Le premier épisode est en ligne depuis le 28 février 2016. La suite sera à découvrir chaque dimanche.