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série - Page 2

  • Wonder boy

    À la découverte de Tapie, la dernière grande création de Netflix, on a envie de dire que cette série méritait une bonne dizaine d’épisodes supplémentaires, pour ne pas dire une deuxième saison, tant la vie du businessman français, homme politique, animateur, patron sportif de l’OM, chanteur (sic) et incarnation des eighties a été des plus riches.

    La série de Tristan Séguéla et Olivier Demangel suit l’ascension irrésistible puis la chute de l’ancien fils de chauffagiste, qui se rêvait chanteur à succès, avant de se lancer dans le commerce. Le jeune homme est bourré de ressources et frappe à toutes les portes. Après l’aventure d’une enseigne d’électro-ménager, Bernard Tapie trouve un filon : la reprise d’entreprises.

    Laurent Lafitte incarne le "wonderboy" avec un mélange d’élégance, de roublardise, de sensibilité… et d’ambition

    En sept épisodes, la production de Bruno Nahon retrace une période phare de la fin du XXe siècle : le début de la crise des seventies et les luxuriantes et tape-à-l’œil années 80. Et de ce point de vue, qui d’autre pouvait le mieux incarner cette période que Bernard Tapie ?

    Laurent Lafitte incarne le "wonderboy" avec un mélange d’élégance, de roublardise, de sensibilité… et d’ambition bien sûr. La ressemblance avec son modèle est frappante, jusque dans la voix. Il n’y a qu’à s’en rendre compte avec le générique de fin.

    Pour incarner Dominique Tapie, sa compagne et seconde épouse, Joséphine Japy endosse les habits d’une femme élégante, forte et d’un solide caractère. La véritable alter ego de Tapie. Que l’on se souvienne que l’actrice avait il y a peu pris les traits de la douce et discrète Eugénie Grandet dans l’adaptation balzacienne de Marc Dugain.

    Seul bémol à sa série : pour des raisons de production, les créateurs ont laissé de côté des périodes phares : la privatisation de TF1, l’affaire du Crédit Lyonnais, l’expérience théâtrale de Tapie et des derniers rebondissements financiers, quelques années avant sa mort. Mises à part ces manques, ce Tapie est d’une excellente facture. 

    Tapie, série française de Tristan Séguéla et Olivier Demangel,
    avec Laurent Lafitte et Joséphine Japy, 2023, saison unique, 7 épisodes

    https://www.netflix.com/fr/title/81087883

    Voir aussi : "Eugénie Grandet, classique et moderne"

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  • Je veux retourner à la maison

    Voilà une mini-série de six épisodes venue d’outre-Rhin à la fois passionnante et terrifiante. Chère Petite est proposée en ce moment sur Netflix. Nul doute qu’elle risque de laisser des traces et de longtemps s’interroger sur le pouvoir de la manipulation mentale.

    Le premier épisode commence avec la fuite d’une jeune femme, Lena. Elle fausse compagnie à l’homme qui la séquestre, traverse la campagne accompagnée d’une enfant, Hannah, mais est victime d’un accident de voiture. C’est paradoxalement une chance pour elle et pour la jeune fille qui est elle. Elles se retrouvent à l’hôpital. Une enquête de police commence. On apprend que Lena a laissé un garçon derrière lui. Il faut le retrouver. Une course contre la montre commence, mais aussi une investigation : qui est Lena ? 

    L’identité du kidnappeur s’avère secondaire à l’intrigue et à cette histoire de séquestration et de lavage de cerveaux

    Le spectateur risque fort d’être accroché et en même temps de devoir s’accrocher à cette série dont on dit que les jeunes acteurs ne connaissaient pas réellement les tenants et les aboutissements de cette histoire. Et on a envie d’ajouter : tant mieux. 
    L’identité du kidnappeur est révélée dans le dernier épisode mais s’avère finalement secondaire à l’intrigue et à cette histoire de séquestration et de lavage de cerveaux.

    La réalisatrice Isabel Kleefeld prend le parti des victimes, de Lena et des deux enfants dont les personnalités ont été complètement brisées (que l’on pense aux scènes de présentations des mains). Les histoires de viols et d’enlèvements sont légion dans la littérature policière, le cinéma et la télé. Mais celle-ci présente l’avantage d’aller au bout de la démarche. Du beau travail, tant on aura longtemps en tête les visages de Lena et de Sarah, une gamine inquiétante à souhait et une vraie révélation. 

    Chère Petite, mini-série germano-améraine d’Isabel Kleefeld,
    avec Julika Jenkins, Kim Riedle, Naila Schuberth, Netflix, 2023

    https://www.netflix.com/fr/title/81513233

    Voir aussi : "Menés en bateau"

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  • Tous (bientôt) fans du Dr Harrow

    Parmi la pléthore de figures télé médicales, il faut compter sur celle du Dr Harrow. Trois saisons sont d’ores et déjà disponibles sur Disney+, les producteurs hésitant encore à poursuivre l’aventure, ce qui serait un gâchis incroyable !

    Lorsque la série commence, le brillant praticien Daniel Harrow s’évertue à cacher un cadavre. Exercice à la fois pratique et peu orthodoxe pour ce professionnel exerçant comme médecin légiste. Le fil rouge de cette première saison est l’histoire de ce corps caché puis retrouvé. Outre cet épisode peu ordinaire, Harrow doit gérer son adolescente de fille Fern, son ex Stephanie Tolson et ses collègues, Simon, le policier Bryan Nichols et l'inénarrable Lyle Fairley. Sans oublier des cas de crimes et de morts suspects, tous aussi incroyables les uns que les autres. 

    Des personnages féminins très forts

    Un homme mangé par un crocodile, deux touristes retrouvés assassinés dans un hôtel de luxe après une soirée peu ordinaire, un accident de voiture dévoilant un secret de famille insupportable, la mort suspecte d’un retraité trop discret. Ce sont quelques-unes des affaires de la première saison que devra résoudre Harrow Sans compter cette histoire de cadavre au sujet duquel sa petite amie, Soroya commence à enquêter.

    Parlons justement des personnages féminins très forts, à commencer par Fern (Ella Newton), aussi insaisissable qu’attachante. On parlera aussi de Grace Molyneux, apparaissant dans la saison 2. Impossible de dévoiler à l'avance l’identité de cet autre personnage secondaire, joué par Jolene Anderson avec un mélange d’aisance, de détachement et de sex-appeal .

    Tout cela fait du sémillant Harrow un des personnages les plus réussies de la télévision. En ce moment sur Disney+.

    Dr Harrow, série policière australienne de Stephen M. Irwin et Leigh McGrath,
    avec Ioan Gruffudd, Ella Newton, Darren Gilshenan, Damien Garvey,
    Hunter Page-Lochard et Jolene Anderson, 3 saisons depuis 2019, Disney+.

    https://iview.abc.net.au/show/harrow
    https://www.disneyplus.com/fr-fr/series/dr-harrow

    Voir aussi : "Indiens et envahisseurs"

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  • Chiller avec les sœurs Berthollet

    Fans de séries et de musique, j’ai l’album qu’il vous faut, histoire de vous faire papillonner les oreilles durant cet été : l’album de Camille et Julie Berthollet, Series. Les deux divas du violon ont choisi depuis leurs débuts de rendre la musique classique attrayante, hypermoderne, sexy, en un mot : pop.

    Le medley Series (en anglais et sans accent) laisse de côté le répertoire de Vivaldi, Mozart ou Bach, au profit de revisites en musique de chambre ou avec grand orchestre de grands thèmes télévisés, adaptés avec talent par Matthieu Gonet.

    On y trouvera quelques standards incontournables – "La Panthère Rose" (Henri Mancini), "Mission Impossible" (Lalo Shiffrin), "Les Simpson" (Danny Effman), sans oublier le formidable "Amicalement Vôtre" de John Barry, au rythme, à la densité et à la tension intacts. Plus près de nous, impossible de ne pas louper non plus ces génériques télé passés désormais à la postérité : "Game of Thrones" de Ramin Djawadi, "Downton Abbey" de John Lunn, "The Crown" (composés par Lorne Balfe, Rupert Gregson-Williams et – excusez du peu – Hans Zimmer) ou, certes moins connu, "Le Jeu de la Dame"  avec l’envoûtant "The Queen’s Gambit" de Carlos Rafael Rivera.

    N'oublions pas "House of Cards" de Jeff Beal. Pour la musique de la série politique américaine, les sœurs Berthollet parviennent à en faire une création presque contemporaine capable de vous donner la chair de poule. Impossible non plus de ne pas citer le thème de "Stranger Things" de Kyle Dixon et Michael Stein, si bien visité (il faut bien sûr évoquer le gros travail de Matthieu Gonet et Ronan Maillard) qu’il semble être une authentique création.

    Qui dit adaptations dit parfois revisites surprenantes, à l’instar du "Bella Ciao", un traditionnel italien remis au jour par la série espagnole Casa del Papel.

    Cool, quoi

    L’auditeur s’arrêtera certainement avec un big smile aux lèvres sur le "Yakety sax" de James Q. Rich et Boots Randolph, popularisé par la série – pour certains ou certaines "honteuse" – Benny Hill, générique ultra-célèbre que les deux violonistes nous ressortent avec une belle audace.

    Dans ce mélange régressif et franchement plaisant, Camille et Julie Berthollet n’oublient pas de proposer des morceaux moins connus, tel que "The Skye Boat Song" aux accents écossais. Rien de plus normal pour ce thème d’Outlander, qui est lui aussi issu d’un répertoire populaire et traditionnel.

    L’auditeur découvrira sans doute ce titre de Marron 5, "Girls Like You", une singulière revisite en musique de chambre très XVIIIe siècle pour la série La Chronique des Bridgerton. Des bandes originales font figure de vraies belles découvertes. C’est le cas du nerveux et coloré "The Game Is On", un thème de David Arnold et Michael Price pour la série Sherlock ou de la non moins captivante musique et création "The Leftovers" de Max Richter.

    La France n’est pas absente de ce medley, car sont présents les thèmes de l’enjouée Dix pour cent de Loïk Dury et Christophe Mink et le succès tricolore Lupin ("Arsène" de Mathieu Lamboley, aux accents de musique française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle).

    Admettons quelques écarts avec le titre de l’album, puisque quelques thème de films – et non de séries – se glissent dans ce medley, en l’occurrence le délicieux "La La Land" de Justin Hurwitz, respecté à la lettre, y compris dans le mélange comédie musicale Broadway et jazz, mais aussi un extrait de la BO d’Intouchables, composée par le désormais culte Ludovico Einaudi.  

    Toujours aussi surprenantes, les sœurs Berthollet proposent deux inédits. Julie Bethollet a composé et chante le mélancolique "Flashback". Le morceau a été adapté par Camille Berthollet. Le second, justement intitulé "Générique" (proposé à la fin de l’album, évidemment) est un instrumental à la facture classique, s’écoutant comme un concerto pour piano. Il a été lui aussi composé par Julie Berthollet et arrangé par sa sœur.

    Les deux musiciennes ont eu l’excellente idée de proposer en bonus de leur album le sombre et déchirant  "Concerto de l’adieu" de Georges Delerue, extrait de la bande originale du film Diên Biên Phu.  

    Tout cela est cool, quoi. De quoi se réconcilier avec la musique classique, si encore on était fâché avec elle. 

    Camille & Julie Berthollet, Series, Warner Classics, 2021
    Orchestre national d’Île-de-France, sous la direction d’Ernst van Tiel
    https://www.warnerclassics.com/fr/release/series
    https://www.camilleetjulieberthollet.com
    https://www.facebook.com/camilleetjulieberthollet
    https://www.instagram.com/julieberthollet/?hl=fr
    https://www.instagram.com/camilleberthollet/?hl=fr
    https://www.youtube.com/channel/UCd4tZR7nSGBtHF5Gbt4BZQg

    Voir aussi : "La la la ♫♪♫"

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  • Chiller avec les sœurs Berthollet

    Fans de séries et de musique, j’ai l’album qu’il vous faut, histoire de vous faire papillonner les oreilles durant cet été : l’album de Camille et Julie Berthollet, Series. Les deux divas du violon ont choisi depuis leurs débuts de rendre la musique classique attrayante, hypermoderne, sexy, en un mot : pop.

    Le medley Series (en anglais et sans accent) laisse de côté le répertoire de Vivaldi, Mozart ou Bach, au profit de revisites en musique de chambre ou avec grand orchestre de grands thèmes télévisés, adaptés avec talent par Matthieu Gonet.

    On y trouvera quelques standards incontournables – "La Panthère Rose" (Henri Mancini), "Mission Impossible" (Lalo Shiffrin), "Les Simpson" (Danny Effman), sans oublier le formidable "Amicalement Vôtre" de John Barry, au rythme, à la densité et à la tension intacts. Plus près de nous, impossible de ne pas louper non plus ces génériques télé passés désormais à la postérité : "Game of Thrones" de Ramin Djawadi, "Downton Abbey" de John Lunn, "The Crown" (composés par Lorne Balfe, Rupert Gregson-Williams et – excusez du peu – Hans Zimmer) ou, certes moins connu, "Le Jeu de la Dame"  avec l’envoûtant "The Queen’s Gambit" de Carlos Rafael Rivera.

    N'oublions pas "House of Cards" de Jeff Beal. Pour la musique de la série politique américaine, les sœurs Berthollet parviennent à en faire une création presque contemporaine capable de vous donner la chair de poule. Impossible non plus de ne pas citer le thème de "Stranger Things" de Kyle Dixon et Michael Stein, si bien visité (il faut bien sûr évoquer le gros travail de Matthieu Gonet et Ronan Maillard) qu’il semble être une authentique création.

    Qui dit adaptations dit parfois revisites surprenantes, à l’instar du "Bella Ciao", un traditionnel italien remis au jour par la série espagnole Casa del Papel.

    Cool, quoi

    L’auditeur s’arrêtera certainement avec un big smile aux lèvres sur le "Yakety sax" de James Q. Rich et Boots Randolph, popularisé par la série – pour certains ou certaines "honteuse" – Benny Hill, générique ultra-célèbre que les deux violonistes nous ressortent avec une belle audace.

    Dans ce mélange régressif et franchement plaisant, Camille et Julie Berthollet n’oublient pas de proposer des morceaux moins connus, tel que "The Skye Boat Song" aux accents écossais. Rien de plus normal pour ce thème d’Outlander, qui est lui aussi issu d’un répertoire populaire et traditionnel.

    L’auditeur découvrira sans doute ce titre de Marron 5, "Girls Like You", une singulière revisite en musique de chambre très XVIIIe siècle pour la série La Chronique des Bridgerton. Des bandes originales font figure de vraies belles découvertes. C’est le cas du nerveux et coloré "The Game Is On", un thème de David Arnold et Michael Price pour la série Sherlock ou de la non moins captivante musique et création "The Leftovers" de Max Richter.

    La France n’est pas absente de ce medley, car sont présents les thèmes de l’enjouée Dix pour cent de Loïk Dury et Christophe Mink et le succès tricolore Lupin ("Arsène" de Mathieu Lamboley, aux accents de musique française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle).

    Admettons quelques écarts avec le titre de l’album, puisque quelques thème de films – et non de séries – se glissent dans ce medley, en l’occurrence le délicieux "La La Land" de Justin Hurwitz, respecté à la lettre, y compris dans le mélange comédie musicale Broadway et jazz, mais aussi un extrait de la BO d’Intouchables, composée par le désormais culte Ludovico Einaudi.  

    Toujours aussi surprenantes, les sœurs Berthollet proposent deux inédits. Julie Bethollet a composé et chante le mélancolique "Flashback". Le morceau a été adapté par Camille Berthollet. Le second, justement intitulé "Générique" (proposé à la fin de l’album, évidemment) est un instrumental à la facture classique, s’écoutant comme un concerto pour piano. Il a été lui aussi composé par Julie Berthollet et arrangé par sa sœur.

    Les deux musiciennes ont eu l’excellente idée de proposer en bonus de leur album le sombre et déchirant  "Concerto de l’adieu" de Georges Delerue, extrait de la bande originale du film Diên Biên Phu.  

    Tout cela est cool, quoi. De quoi se réconcilier avec la musique classique, si encore on était fâché avec elle. 

    Camille & Julie Berthollet, Series, Warner Classics, 2021
    Orchestre national d’Île-de-France, sous la direction d’Ernst van Tiel
    https://www.warnerclassics.com/fr/release/series
    https://www.camilleetjulieberthollet.com
    https://www.facebook.com/camilleetjulieberthollet
    https://www.instagram.com/julieberthollet/?hl=fr
    https://www.instagram.com/camilleberthollet/?hl=fr
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    Voir aussi : "La la la ♫♪♫"

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  • De Fondation à Foundation

    C’est avec l’adaptation de Fondation, la saga d’Isaac Asimov, qu’Apple+ a fait son entrée dans la production de séries. Et, pour le moins, ce projet ne manquait pas d’ambition. Comment les scénaristes allaient-ils se sortir d’une histoire de hard SF se situant au XIIIe millénaire, avec des technologies scientifiques avancées, des vaisseaux spatiaux en veux-tu en voilà, des planètes colonisées aux confins de l’univers que l’on atteint à la vitesse de la lumière et des cultures imaginées grâce au cerveau fertile d’un écrivain génial ? Apple+ avait mis la barre très haut. Pour quel résultat ? 

    Plus de vingt mille ans dans le futur, un empire galactique règne sur des millions de planètes peuplées par des milliards d’humains qui ont oublié jusqu’à l’existence de la Terre, reléguée à une lointaine légende que personne n’a pu ou su vérifier.

    Le premier volume écrit de Fondation, en 1951 (Prélude à Fondation et L'Aube de Fondation ont été écrits sur le tard, entre 1988 et 1993), est constitué de cinq nouvelles s’étalant sur plusieurs siècles. Sur Trantor, la capitale de l’Empire, Hari Seldon, brillant psychohistorien – la psychohistoire est une science mêlant histoire, sociologie, statistiques et mathématiques –, prévoit que l’Empire doit bientôt s’écrouler, une décadence qui sera suivie de près de 30 000 ans de barbarie, avant la naissance d’un nouvel Empire. Le savant a cependant un plan pour réduire les temps sombres à quelques centaines d’années.

    Affolées par ces prédictions, les autorités impériales l’exilent, lui et son équipe, dont une brillante tête en mathématiques, Gaal Dornick, sur la planète Terminus. C’est ce qu’avait prévu Hari Seldon. La colonisation de Terminus, planète de savants et de psychohistoriens, peut commencer, avec des voisins pour le moins turbulent. 

    Au fur et à mesure que la série se déploie, le bon et le moins bon se succèdent

    La première saison de Foundation, la série d’Apple+, reprend dans les grandes lignes les cinq premières nouvelles de Fondation. Les moyens financiers de cette adaptation sont évidents. La planète Trantor a été imaginée avec soin. De ce point de vue, les lecteurs d’Asimov ne seront pas trahis.

    Ils le seront sans doute un peu plus avec les deux personnages principaux, Gaal Dornick et Salvor Hardin. Deux actrices (dans le roman, ce sont des hommes - mais pourquoi pas ?) endossent, pour l’une le rôle du mathématicien rejoignant Hari Seldon, pour l’autre le Maire de Terminus des décennies plus tard. En réalité, dans la série, Salvor Hardin devient la "Gardienne" de la planète colonisée et elle a plus le profil d’une tête brûlée que d’une stratège ou d’une politicienne. Quant à Jared Harris, il incarne le savant génial avec conviction – au point que les scénaristes se sont refusés de le voir disparaître trop vite. Ce qui est paradoxalement dommage.

    La modernisation de Fondation pour le petit écran pose sans aucun doute quelques problèmes. L’aspect politique et scientifique laisse la place à des scènes d’action sur Terminus, assez classiques mais qui ternissent l’aspect novateur d’Asimov.

    Au fur et à mesure que la série se déploie, le bon (les manœuvres du trio impérial) et le moins bon (les pérégrinations peu crédibles de Gaal Dornick dans l’espace-temps) se succèdent. En voulant raccrocher les wagons des premières nouvelles de Fondation, Foundation perd beaucoup de la saga originelle, jusqu’aux dernières minutes de la saison, où l’on assiste à une rencontre tirée par les cheveux et pas du tout convaincante.

    Certes, on peut saluer l’adaptation risquée et ambitieuse de l’une des plus grandes sagas de la SF. Mais pour pleinement goûter à Fondation, il faut sans aucun doute préférer les livres à la série. Cependant, si la version filmée donne envie de lire les livres, pourquoi pas ?

    Une deuxième de saison de Foundation est de toute manière déjà en chantier, preuve que l’adaptation a, au final, su convaincre beaucoup et trouver son public.   

    Isaac Asimov, Fondation, éd. Folio, 1951, 256 p.
    Foundation, série de science-fiction américaine de David S. Goyer,
    avec Jared Harris, Lee Pace, Lou Llobell, Leah Harvey, Laura Birn,
    Terrence Mann et Cassian Bilton, saison 1, 10 épisodes, 2021

    http://www.asimovonline.com/asimov_home_page.html
    https://tv.apple.com/fr

    Voir aussi : "Sans modération"

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  • La cavalière du désert

    Le western a fait les beaux jours du cinéma, au point d’avoir tari le genre. La preuve, les films contemporains comme les séries qui font florès ont peu exploré le western, à de très rares exceptions près.

    Or, voilà que nous arrive sur Canal+, en même temps que sur Amazon Prime, la série The English, se déroulant dans l’Ouest américain de la fin du XIXe siècle. Cornelia Locke est une Anglaise venue aux États-Unis pour se venger de la mort de son fils. Le dépaysement est total pour cette étrangère, arrivant dans un pays sauvage, violent et sans foi ni loi.

    Elle trouve sur son passager Eli Whipp, un Indien de la tribu des Pawnee, un ancien soldat démobilisé (nous sommes peu de temps après la Guerre de Sécession). Contre toute attente, l’un et l’autre vont se trouver des points communs derrière leur différence et s’allier contre des criminels. Ils forment l’un des couples les plus improbables, les plus pertinents et les plus passionnants de l’histoire du western. Plane aussi au-dessus d’eux le souvenir d’un massacre d’Indiens des années plus tôt.

    L’un des couples les plus improbables, les plus pertinents et les plus passionnants de l’histoire du western

    Les grands espaces, les cow-boys, les indiens, les détrousseurs de diligences, les hors-la-loi – avec une mention spéciale pour l’inquiétante Mog aux yeux pochés et ses deux fils. Il ne manque que peu de choses pour ce western  aux apparences traditionnelles.

    Sauf qu’Hugo Blick, le créateur de cette mini-série, détourne et modernise les canons du western traditionnel au service de messages pour la réconciliation, l’entraide, la condamnation du génocide indien par les Américains et aussi le féminisme – The English met en avant deux figures féminines, avec bien sûr Emily Blunt dans le rôle-titre mais aussi Valerie Pachner en jeune veuve obstiné.

    La figure centrale de The English reste cependant Chaske Spencer, un Pawnee perdu sur ses propres terres et tenaillé entre son identité indienne et son choix de devenir américain.

    Le spectateur se laissera porter pas cette mini-série à la superbe photographie, aux interprétations impeccables des deux protagonistes principaux et à un méchant à la fourberie incroyable. Le récit parle de vengeance impossible mais aussi du génocide indien. Pour cela, il n’est pas avare en ellipses, en non-dits ou en secrets qui le resteront jusqu’à la fin, avec une pudeur rare dans ce genre, y compris dans les scènes les plus brutales.

    Les créateurs de la série offrent une singulières mise en abîme à la toute fin de la série lorsqu’ils proposent une mise en scène de l’histoire de Whipp sur le vieux continent, avec une Cornelia transformée. Je ne vous dis pas comment ni pourquoi.  

    The English, mini-série américaine de Hugo Blick, avec Chaske Spencer, Emily Blunt,
    Rafe Spall, Tom Hughes, Nichola McAuliffe et Ciarán Hinds,
    Saison 1, 6 épisodes, 2022, Canal+, Amazon Prime

    https://www.canalplus.com/divertissement/the-english/h/20260366_50001
    https://www.amazon.com/The-English-Season-One/dp/B0B8KTTTQZ
     
    Voir aussi : "Menés en bateau"

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  • Menés en bateau

    Fiction historique, drame psychologique ou récit fantastique ? Le moins que l’on puisse dire c’est que la série 1899 proposé par Netflix embrouille à souhait les spectateur tout au long de ses huit épisodes. Le suspense, les chausse-trappes et les pièges ne manquent pas. C’est d’ailleurs à l’image de ces passages secrets dissimulés dans les différentes parties du Kerberos.

    Ce bateau doit relier l’Europe et New-York, emportant avec lui plusieurs centaines de passagers, de toutes origines et de toute culture. Nous sommes à l’orée du XXe siècle. Dans le bâtiment, aussi gigantesque qu’inquiétant, il y a ce couple français mal assorti, mal heureux, avec un mari cocaïnomane, une jeune Japonaise et son inquiétante servante ou encore deux frères espagnols dont l’un est prêtre. Il y a aussi une jeune femme, Maura Franklin, à la recherche de son frère qui était sur le navire jumeau du Kerberos, le Prometheus, mystérieusement disparu. C’est sans compter non plus sur les nombreux passagers de la troisième classe et sur les membres de l’équipage, dont le Capitaine Eyk Larsen.

    Pendant le long voyage, un message de détresse du Prometheus est reçu. Le cauchemar peut commencer. 

    Un univers steampunk

    Jantje Friese et Baran bo Odar, les créateurs de la série Dark, ont su ménager leurs effets pour cette série, prenant un malin plaisir à multiplier les personnages, les intrigues, les indices et les détails parfois les plus insolites : des trappes indiquées par des logos kabbalistiques, une petite pyramide, deux passagers clandestins dont un enfant, des machineries étranges nous renvoyant dans un univers à la Jules Verne. Après tout, nous sommes en 1899 et l’auteur des Voyages fantastiques est encore bien frais dans les mémoires.

    Cet univers steam-punk est servi par d’incroyables décors et un casting cosmopolite où les acteurs jouent dans leur propre langue. Les effets visuels désarçonnent et servent un récit sans cesse entre le drame intime, la folie, le rêve et le fantastique.

    Le spectateur doit attendre les dernières minutes du dernier épisode pour avoir le fin mot de cette étrange histoire. Rien que pour cela, cela aura valu le coup de s’accrocher.

    1899, série dramatique germano-allemande de Jantje Friese et Baran bo Odar,
    avec Emily Beecham, Aneurin Barnard, Andreas Pietschmann, Miguel Bernardeau,
    Maciej Musiał, Anton Lesser, Yann Gael, Mathilde Ollivier,
    José Pimentão, Isabella Wei, Gabby Wong et Jonas Bloquet, Netflix, 2022, 8 épisodes

    https://www.netflix.com/fr/title/80214497

    Voir aussi : "Guillermo del Toro, entre Hitchcock et Twilight Zone"

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