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terrorisme - Page 2

  • Réponds-moi

    Laurent Galandon, au scénario, et Dominique Mermoux, pour le dessin, signent une BD engagée en cette période de commémoration, deux ans après l'attentat contre Charlie Hebdo. Les auteurs s'intéressent à un aspect oublié du terrorisme. On sait que Daesh recrute essentiellement en draguant des jeunes gens, garçons ou filles, et parfois des adolescents mineurs. Mais que se passe-t-il dans les familles de ces fraîchement convertis au djihad ?

    L'Appel raconte l'histoire d'un garçon ordinaire, Benoît, parti du jour au lendemain en Turquie pour répondre à l'appel de l'organisation terroriste Daesh. Sa mère, Cécile, tente à la fois de le faire revenir avec elle mais aussi de comprendre ses motivations (le garçon n'a pas reçu d'éducation religieuse chez lui). Cette petite femme pugnace et courageuse s'aperçoit, au fur et à mesure d'une enquête qu'elle mène seule, qu'il s'est passé un événement traumatisant pour l'adolescent que personne n'avait su détecter.

    Cette BD suit le parcours d'une maman déboussolée. Tout en refusant le moindre pathos, L'Appel fait figure de témoignage pour que l'on n'oublie pas que derrière de jeunes convertis aveuglés, il y a aussi des parents déboussolés.  

    Laurent Galandon et Dominique Mermoux, L'Appel, éd. Glénat, 2016, 124 p. 

  • Connaître le monstre Daech

    kader abderrahim,daech,terrorisme,religionAlors que la guerre contre Daech se poursuit au Moyen-Orient et que l’Organisation de l’État islamique a fait de la France l’une de ses cibles favorites, il faut lire l’ouvrage de Kader A. Abderrahim, Daech, Histoire, enjeux et pratiques de l’Organisation de l’État islamique. Ce chercheur à l’Iris, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme se fait vulgarisateur et pédagogue pour expliquer les origines, les tenants et les aboutissants du groupe terroriste le plus redoutable que le monde ait enfanté.

    Trois parties composent cet essai, constitué de chapitres que l'auteur termine à chaque fois par un court résumé très pédagogique. La première partie traite de l’islamisme, si mal connu et propice à tous les malentendus. Des quatre écoles juridiques de l’islam au wahhabisme, en passant par le salafisme et la Nahda (Renaissance), le chercheur brosse en quelques pages synthétiques les courants théologico-politiques d’un islam protéiforme et à l’histoire complexe. Cette première partie se termine par trois chapitres sur les relations entre l’islam et le nationalisme, sur le cas particulier de la Turquie laïque puis sur "la sécularisation de l’islam en France".

    La deuxième partie de l’ouvrage de Kader A. Abderrahim retrace l’histoire du terrorisme islamique. Le découpage de l’auteur est à la fois clair et pertinent : à la fois chronologique et géographique, chaque chapitre traite de points chauds, de conflits, de crises graves et de rivalités qui ont été autant de jalons ayant conduit à la naissance d’un monstre politique. Le lecteur pourra se replonger dans quarante ans d’une histoire politico-religieuse : le djihad afghan (1979-1989) qui a vu monter un certain Oussama Ben Laden, la crise (1980-1987) puis la guerre civile algérienne avec les GIA (1992-1999), l’assassinat de Sadate en 1981 qui voit la naissance de l’islamisme égyptien avec notamment Ayman Al-Zawahiri, le développement des Frères Musulmans, l’islamisme tunisien, la particularité libyenne, l’émergence d’Al-Qaïda, le 11 septembre, le cas à part du Hezbollah, le nationalisme palestinien, l’intrusion de l’islamisme dans les Balkans et en Tchétchénie, le Kurdistan ("La revanche des Kurdes") et la France.

    La troisième partie, absolument passionnante, s’intéresse au cas de Daech et pourquoi son développement exceptionnel est en train de remodeler la carte du monde. Contrairement à Al-Qaïda, l’organisation criminelle de l’État islamique s’avère un monstre hybride capable d’imposer son calendrier aux diplomates et aux politiques : "Le terrorisme de Daech bouleverse nos grilles d’analyses traditionnelles et nous impose une redéfinition de notre rapport à ce Moyen-Orient". Kader A. Abderrahim montre à quel point l’Occident, et en premier lieu les Etats-Unis, sont tétanisés par la violence et les ambitions d'un groupe encore vigoureux, surmédiatisé et prêt à attaquer n'importe qui et n'importe quand. Le chercheur montre à quel point l’État islamique constitue un danger mondial pour des musulmans – d'autant plus déstabilisés que Daech profite de l'affrontement entre sunnites et chiites –, comme pour l'Europe impuissante et tétanisée.

    Plusieurs chapitres brossent un tableau géographique et idéologique de Daech : sa naissance, ses relais, son organisation, ses différences avec Al-Qaïda, ses différences antennes (Irak, Syrie, Afrique subsaharienne, Lybie, Maghreb, Turquie, Arabie Saoudite) et les dangers qui nous menacent : "Nous avons été frappés et nous sommes tétanisés par la peur d'être frappés à nouveau. C'est bien le piège que nous tend Daech, parvenir à nous paralyser et à obscurcir notre entendement". C'est à cet entendement que s'adresse finalement Kader A. Abderrahim. Un ouvrage salutaire à lire absolument.

    Kader A. Abderrahim, Daech, Histoire, enjeux et pratiques
    de l’Organisation de l’État islamique
    , éd. Eyrolles, 2016, 191 p.



  • Dans l’enfer du Taj Mahal

    Beaucoup d’entre nous sont passés à côté de Taj Mahal, sorti il y a un an peu après les attentats du 13 novembre, et qui mérite de figurer parmi les fleurons du suspense français. Nous avons droit à une séance de rattrapage en ce moment puisque Canal+ diffuse sur son bouquet de chaînes ce petit bijou.

    Aucune star pour le deuxième film de Nicolas Saada, auteur du remarqué Espion(s), aucun grand moyen et un film tourné ni en France ni aux États-Unis mais en Inde, une intrigue sèche comme un coup de trique et un sujet d’actualité – le terrorisme – traité avec minimalisme.

    Nous sommes en 2008. Louise (Stacy Martin), 18 ans, se trouve déracinée pour deux ans à Bombay avec sa mère et son père parti travailler en Inde. La famille est logée dans le froid et luxueux hôtel Taj Mahal. Un soir que Louise se trouve seule dans la suite familiale, une attaque terroriste a lieu dans l’établissement. La jeune fille n’a pour tout contact avec ses parents qu’un téléphone. Elle va devoir s’en sortir seule.

    Les films sur la survie sont pléthores (voir aussi cet article, "Flukt, alors !") mais on aurait tort de limiter Taj Mahal à l’histoire d’une adolescente terrorisée tentant d’échapper à l’enfer promis.

    Nicolas Saada se fait maître dans l’art d’instiller l’angoisse par petites touches. Dans le huis-clos d’une chambre d’hôtel, la peur surgit grâce à des détails, des bruits, des scènes suggérées, des coups de feu éclatant en échos. Pas d’effets spectaculaires mais tout se joue sur presque rien : le visage de Louise, la recherche d’un chargeur de portable, les progressions dangereuses à l’intérieur de la suite ou les effets d’ombres et de lumières.

    L’hyperréalisme est là, dans l’interprétation sans esbroufe, presque documentaire. Nicolas Saada prend à contre-pied le public habitué au sensationnel dans les films sur le terrorisme. Il y a par exemple cette scène où la mère – d’origine américaine – tente avec pathos de réconforter sa fille en lui chantant au téléphone une berceuse. Louise s’en étonne : "Maman, qu’est-ce que tu fais ? – J’essaye de te calmer. – Ça ne me calme pas du tout !"

    Taj Mahal fait monter la pression avec un réalisme acéré. Réaliste, Nicolas Saada l’est aussi lorsqu’il montre, dans la première partie du film, des rues de Bombay. Déracinée, la famille occidentale découvre un pays à la fois fascinant et inquiétant. Les habitants locaux adressent des regards accusateurs aux trois expatriés. Le spectateur devient témoin du malaise, annonciateur du drame qui va se jouer quelques minutes plus tard.

    Alors que la partie s’est jouée, Nicolas Saada ose une ultime scène, cette fois à Paris. Avec une clairvoyance rarement vue dans un film sur le terrorisme, le réalisateur affronte le problème de l’indicible et des survivants devant affronter leurs démons. Un ultime coup de maître, génial et poignant.

    Taj Mahal, de Nicolas Saada, avec Stacy Martin,
    Gina McKee et Louis-Do de Lencquesaing, France, 2015, 143 mn

     

  • Du 11 septembre à Daech

    Il a été dit et prouvé comment Al Qaïda doit son existence aux pays occidentaux lorsque, en pleine guerre froide, les États-Unis ont armé, financé et formé des combattants islamiques afin de déloger les Soviétiques d’Afghanistan. La suite est connue : mainmise des Talibans sur le pays, développement de la cellule terroriste d’Oussama Ben Laden et les attentats du 11 septembre 2001, il y a quinze ans jour pour jour.

    Le reportage de Michael Kirk et Mike Wiser, Du 11 septembre au Califat, L’Histoire secrète de Daech, diffusé il y a quelques jours sur Arte et toujours disponible sur Internet, retrace le parcours d’une organisation terroriste tentaculaire née en fait sur les ruines des Twin Towers. Grâce à des images rares et des témoignages d’agents du FBI, spécialistes du terrorisme, de journalistes d’investigation mais aussi d’hommes au pouvoir ces dix dernières années (Chuck Hagel, Colin Powell, Paul Bremer ou David Petreus) les deux auteurs montrent ce que Daech doit aux aveuglements et aux choix politiques cyniques des dirigeants américains après le 11 septembre.

    Au lendemain de l’attentat contre les tours jumelles du World Trade Center, la préoccupation de George Bush semble être autant la lutte contre Al Qaïda et son chef Ben Laden que la mise hors d'état de nuire de l’Irak de Saddam Hussein. Or, à l’époque, un djihadiste dangereux est repéré par la CIA, un certain Abou Moussab Al-Zarqaoui, une ancienne petite frappe irakienne que Ben Laden jugeait lui-même peu fiable. Mais Al-Zarqaoui présente un grand avantage pour le gouvernement américain : étant irakien, ce djihadiste inconnu du public, pourrait être un maillon entre Ben Laden et Saddam Hussein. En tout cas, c'est ce que les faucons de l’administration américaine voudraient croire car cela voudrait dire que l’Irak a orchestré les attentats contre le 11 septembre. Mais les experts de la CIA sont formels : Al-Zarqaoui est certes un djihadiste dangereux mais il n'a pas pris part aux attaques meurtrières d'Al Qaïda. 

    Contre cette évidence, les hommes du Président George W. Bush établissent pourtant, via Al-Zarqaoui, un lien - imaginaire - entre Ben Laden et Saddam Hussein pour justifier l’invasion de l’Irak. Lors d’un des plus célèbres discours de Colin Powell à l’ONU, Al-Zarqaoui passe du jour au lendemain du statut d’obscur combattant islamique à celui d’ennemi numéro 1 – après Ben Laden et Saddam Hussein. "Vous vous rendez compte de l’effet de ce discours sur l’ego de Zarquaoui ? On parle de lui à l’ONU ! Maintenant, Ben Laden et Al Qaïda savent qui il est vraiment. Il devient une figure emblématique sans avoir fait quoi que ce soit" juge sévèrement une spécialiste.

    La guerre éclair menée par les États-Unis contre l’Irak en 2003 marque une étape capitale dans la carrière de Zarqaoui et aussi dans les origines de Daech. L’occupation désastreuse par les États-Unis de l’Irak pousse des milliers d’anciens soldats sunnites à prendre les armes contre l’armée américaine et les nouveaux gouvernants irakiens chiites. Al-Zarqaoui devient le principal instigateur de cette insurrection.

    Le reportage de Michael Kirk et Mike Wiser s’arrête de longues minutes sur la sanglante guerre civile qui déchire l’Irak à partir de 2003. Zarkaoui tire les marrons du feu en mettant en place une stratégie terroriste chaotique, devenant l’un des hommes les plus dangereux de la planète : attaques kamikazes, enlèvements, tortures, exécutions sauvages filmées et communiquées via Internet. L’origine de Daech (qui ne porte pas encore ce nom) est là : un groupe terroriste dont l’extrémisme est inédit et diablement séduisant pour des milliers de jeunes Sunnites. Avec un Ben Laden aux abois, Zarkaoui, l’homme que les États-Unis ont contribué à mettre au grand jour, prend la main sur le djihadisme qui n'est encore que localisée dans ce pays du Moyen-Orient.

    Sa tête est mise à prix pour 25 millions de dollars mais il est déjà trop tard. L’ennemi public numéro un n’a jamais été aussi puissant, devant l’égal de Ben Laden qui avait, ironie du sort, rejeté Zarqoui quelques années plus tôt : "Zarqaoui est la start-up qui marche et Ben Laden veut investir dedans. Il veut que Zarqaoui utilise la marque "Al-Qaïda". Al-Qaïda n’a plus rien fait depuis le 11 septembre. C’est donc une occasion rêvée pour Ben Landen d’entrer dans la partie."

    Ben Laden désavoue finalement son "protégé" lorsqu’il apparaît que ce sont les musulmans chiites qui sont en première ligne des actions de Zarkaoui, "le cheikh des égorgeurs". La guerre civile devient totale en Irak, attisée par une propagande efficace et ambitieuse. Pour la première fois, Zarkaoui annonce son objectif : mettre en place un califat, un état islamique. La rupture fondamentale avec Al-Qaïda est là, dans le rétablissement d’un empire musulman sur la planète.

    En 2006, une attaque de l’armée américaine permet l’élimination de Zarkaoui, suivie d’une nouvelle opération d’envergure de l’armée américaine afin de pacifier l’Irak mais il est déjà trop tard : les germes de l’organisation de l’État islamique sont là. Son nouveau leader, Abou Bakr al-Baghdadi, ancien universitaire et djihadiste forcené, rusé et pugnace, va mettre en place un califat dont rêvait son prédécesseur, aidé en cela par la guerre civile en Syrie.

    L’organisation État Islamique, officialisée quelques mois après la mort de Zarkaoui, n'aspire qu'à renaître. Elle va profiter de la tentative révolutionnaire contre Bacher el-Assad à partir de 2011 pour déplacer ses actions terroristes vers ce pays et attiser les braises de insurrection contre le dictateur. Les attentats prennent de l’ampleur, d’autant plus que les rebelles syriens modérés et laïques sont laissés pour compte. L’aide américaine est refusée par Obama qui ne souhaite pas que les États-Unis, échaudés par l'après 11 septembre, s’engagent dans une action extérieure. L’opposition à el-Assad prend la forme d’une organisation djihadiste, parvenant au centre d’un jeu politique délétère. Al-Baghdadi arrive à son but : créer un État islamique, avec pour capitale Raqqa.

    Daech, cette fois définitivement déconnectée d’Al-Qaïda, à terre après l'exécution par le services secrets de son leader Ben Laden en mai 2011, devient une menace de plus en plus sévère, d’autant plus que l’objectif suivant est de transporter le conflit vers l’Irak, de nouveau en pleine tourmente. Al-Bagdadi, en 2014, lance ses troupes vers ce pays et s’empare de de Falloujah puis Mossoul. Le 4 juillet 2014, al-Baghdadi réalise le rêve de Zarkaoui et se proclame calife et commandeur des croyants.

    Un spécialiste rappelle qu’en septembre 2011, 400 personnes avaient prêté allégeance à Ben Laden. 15 ans plus tard, Daech a des pays, des armées, des tanks, des missiles. L’organisation a pu renaître de ses cendres et a déjà commis plus de 90 attentats de par le monde, de Paris à San Bernardino en passant par Istanbul ou Copenhague.

    La menace est bien présente et nombre de dirigeants occidentaux n’y sont pas pour rien, comme le rappelle le reportage à charge de Michael Kirk et Mike Wiser. La question de la responsabilité des Présidents Bush et Obama est bien en jeu. Comme le dit un spécialiste américain : "Nous avons créé le chaos et nous l’avons laissé là." Un chaos qui a commencé il y a quinze ans, un 11 septembre, par une belle journée d'été.

    Du 11 septembre au Califat, L’Histoire secrète de Daech
    de Michael Kirk et Mike Wiser, 52 mn

  • En pensant à Orlando, en parlant de Superfeat

    Orlando_superfeat.jpg

    Orlando ou le "Bataclan américain".

    L'attentat terroriste de DAESH contre une boîte de nuit gay est aussi une attaque monstrueuse contre la communauté homosexuelle.

    Superfeat a réalisé ce dessin en 2011.   

    "Super prouesses de Superfeat"

  • Dans la peau d’un djihadiste

    Soldats d’Allah est un documentaire exceptionnel, engagé et rude que tout citoyen devrait regarder pour saisir une partie – et une partie seulement – de la réalité du djihadisme en France.

    Pendant six mois, des journalistes (bien qu’un seul prenne la parole, visage caché et voix dissimulée) ont infiltré un réseau de partisans de DAESH installés en France. Les enquêteurs, restés dans anonymat pour des raisons de sécurité, sont parvenus, via les réseaux sociaux et des contacts directs, à sympathiser avec des "soldats" de l'Etat Islamique puis à les suivre dans leur quête folle d’un djihad en France. Ils ont filmé en caméra cachée pendant six mois cette plongée dans un de ces groupuscules ultra-violents et hyper fanatisés.

    Étonnamment, la cellule dormante qu'ils ont infiltrée ne se situe pas dans un quartier fiévreux de la région parisienne ou dans un des quartiers nord de Marseille mais au cœur de la France profonde, à Châteauroux (Indre). On y suit Ossama, 20 ans, gamin perdu et frustré et complètement radicalisé, avec la foi enchaînée au corps, à la recherche du paradis après sa mort en "martyr".

    C’est du reste la seule trace de religion dans cette enquête dangereuse. On devine les connaissances religieuses de ces djihadistes plus que succinctes et le reportage aborde peu les motivations politico-stratégiques de ces soldats de Daesh. Il est question dans les conversations d’Ossama et de ses sbires de guerre sainte, de plans d’attaques plus ou moins élaborées, d’entraînements militaires, de recherches d’armes, de discours enflammés au vocabulaire "daeshien" et de précautions pour maintenir leur clandestinité (bien que la plupart des individus rencontrés sont "surveillés" par les forces antiterroristes).

    La clandestinité passe par une utilisation prudente des moyens de communiquer : dans des fast-foods, des jardins publics, par courrier détruit après lecture ou via des réseaux sociaux sécurisés comme Telegram que les journalistes critiquent pour son refus de collaborer avec les autorités.

    Des informations et des moments surprenants parsèment cette enquête hors du commun : la haine rédhibitoire entre salafistes et partisans de Daesh (alors que les deux vocables sont en général indistinctement utilisés et confondus), la méfiance des djihadises pour la quasi-totalité des mosquées françaises et la personnalité de ces candidats au djihad - de jeunes hommes frustrés et aveuglés. Et puis, il y a ces scènes hallucinantes : un mariage célébré par téléphone en plein jardin public, un attentat suicide par un Français parti mourir au Moyen-Orient, les échanges de missives pour organiser des coups, les témoignages du père d’Ossama, impuissant à freiner les pulsions de son fils, ou les réactions des candidats du djihad à l’annonce des attentats du Bataclan et du Stade de France. Du reste, ces attentats marquent la dissolution du groupuscule qui s’apprêtait à s'attaquer à une caserne d'Orléans, cible privilégiée d'Ossama qui semble porter une rancune personnelle tenace à l'égard de l'Armée française.

    Soldats d’Allah est un documentaire hallucinant, engagé et démonstratif, non sans effets de mise en scène. Un reportage choc sur une enquête au terme de laquelle un journaliste, lui-même de culture musulmane, avoue que durant ces six mois il n’a pas vu Allah !

    Soldats d’Allah de Marc Armone et Saïd Ramzy, 2016, 1H27
    Canal + Investigations, jusqu’au 15 mai 2016

  • Nous n'oublierons pas

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