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La violoncelliste franco-belge Camille Thomas met à l’honneur la musique en même temps que Paris, en se mettant en scène lors de concerts solos qui ont fait le tour du monde depuis le premier confinement.
Ces vidéos entendent aussi rappeler le sort de ces artistes privés de salles de représentation. Quoi de mieux qu’Internet pour offrir quelques minutes de Ravel, de Donizetti ou d’Edith Piaf ?
Après le Musée des Arts Décoratifs, la violoncelliste prévoit de jouer à Versailles, à Orsay, au Musée Rodin, au Jardin des Plantes ou au Palais Garnier.
Camille Thomas, concerts lives à Paris Camille Thomas, Voice Of Hope, Deutsche Grammophon, 2020 https://www.camillethomas.com
Sombre et attachant est l’univers de Camicela qui a fait du violoncelle, son instrument fétiche, le compagnon de chansons intimistes, dures et fragiles à la fois. Elle nous slame, dans le premier titre de son EP Parfois Si Sombre, être "en perte de repères / Pour ne pas perdre pied." Et d’ajouter : “J’ai mes sens qui partent en vrille / Mon corps qui me renie / La folie est l’essence même de mon être / Ma lâché elle aussi / Je sais plus qui je suis" (Parfois Si Sombre).
"Foutu caractère indomptable" que cette musicienne qui sait utiliser le plus classique des instruments – le violoncelle – dans des chansons hyper actuelles, personnelles et gothiques.
Une artiste d’aujourd’hui, Camicela l’est assurément. L’influence de Camille est présente dans le titre Tu sais. La voix juvénile accompagne le violoncelle, tel un fil conducteur faisant vibrer cette chanson faussement enlevée. La musicienne nous parle de rupture, de l’abandon et de la recherche de soi : "Depuis que la vie m’a fait faux-bond / J’ai perdu la raison / Après ces longues discussions / Avec mon esprit défiant / Mon cœur mon âme mes démons / C’est la vie qui m’a fait faux-bond."
Dans Tempete, titre électro-pop, l’artiste laisse son instrument fétiche au second plan, au profit de claviers cristallins très 80’s, donnant à cette histoire d’amour déçue l’allure d’un chant funèbre. : "Je resterais figé / Chaque jour que la vie fait / Le long de ce rivage / Où tu es parti faire ce voyage / Je te suivrais à l’horizon / Je crierais ton nom."
Les premières notes de Venins sonnent comme un slam interprété lors d’un concert de musique de chambre, avant que Camicela ne s’aventure sur un air de habanera : "Tu as soif de ce venin malsain / Tu en as besoin / Il te comble sans fin / Je te le dis / Et sans moindre dédain / Prends garde à toi." Camicela, nouvelle Carmen nourrie au classique comme à la musique urbaine, serait-elle cette femme fatale à l’instar de l’héroïne de Bizet ?
Sans doute. L’artiste serait donc définitivement cette grande et sombre romantique. C’est du moins ce qu’elle montre dans le dernier titre de son EP, Poivre Et Sel, un morceau sombre et bouleversant à la mélodie entêtante : "Poivre et seul / Sans ami sans amant / Sans désir d’avenir / Pas sans toi / Poivre et sel / sans envie dans le temps / Avec seulement / L’espoir que tu reviennes vers moi." Impossible de ne pas flancher à l’écoute de cette "histoire sans lendemain" qui parle d’un idéal qui ne reviendra plus : "Des heures à voir ce reflet / Reflet de mon visage incertain / Des jours des mois des années / Reflet de notre histoire sans lendemain." Camicela chante ces chagrins éternels et nous parle du choix de "passer à côté d’histoires poivrées et d’histoires salées", "quitte à venir vieille et folle / Échevelée et sans dent."
Rien que pour ce titre, le dernier EP mérite la découverte de cette foutue fille au violoncelle, indomptable et déchirante.