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Bla Bla Blog - Page 291

  • Prenez le train avec Monet et ses amis

    ©-Wikipedia-la-gare-saint-lazare-claude-monet-1877-1024x767.jpgLe festival Normandie Impressionniste a pour partenaire la SNCF qui a mis en place depuis Paris Gare Saint-Lazare un Train de l’Impressionnisme. Ce TER, cofinancé par la région Normandie, circule les week-end jusqu’au 26 septembre et a été custosmisé aux couleurs du festival. Il dessert Rouen, Le Havre et n’oublie pas la gare de Vernon-Giverny, la patrie de Claude Monet.

    Pourquoi Saint-Lazare ? Pour des raisons touristiques évidentes, mais également en référence à la série "Gare Saint-Lazare" réalisée par l’homme aux nymphéas. Douze tableaux différents sur le même lieu ont été peints, saisissant autant d’impressions différentes. La Vie du Rail souligne que d’autres gares SNCF – Le Havre, Rouen, Caen, Bernay, Lisieux et Saint-Lô – célèbrent elles aussi le festival Normandie Impressionniste en accueillant des expositions d’œuvres appartenant aux collections de musées normands.

    Voyager avec Monet et consorts au pays des Impressionnistes peut donc se vivre dès votre embarquement dans les TER normands.

    Train de Impressionnisme, du 16 avril au 26 septembre, depuis la Gare Paris Saint-Lazare
    Tarifs spéciaux pour les bénéficiaires de la carte du festival
    http://www.normandie-impressionniste.fr
    http://haute-normandie.ter.sncf.com
    http://basse-normandie.ter.sncf.com

  • L'ennui : vice ou vertu ?

    café philo,montargis,ennui,loiretLe café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance le vendredi 27 mai 2016, à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée. Le sujet de ce nouveau rendez-vous aura pour sujet : "L’ennui : vice ou vertu ?"

    Comment définir l’expérience de l’ennui, qu’il soit occasionnel ou existentiel ? Sénèque en parle comme d’un "mécontentement de soi et du va-et-vient d’une âme qui ne se fixe nulle part." L’ennui, cet "objet de haine", mérite d’être défini et débattu. Comment définir l’ennui ? L’ennui est-il à rechercher ou à fuir absolument ? Comment y échapper ? L’ennui peut-il avoir des vertus ?

    Voilà autant de questions qui seront abordées le vendredi 27 mai à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis pour un débat qui promet d’être tout sauf ennuyeux. La participation sera libre et gratuite.

    Café philosophique de Montargis

  • Moi, Lou, extralucide

    Maud Begon et Carole Martinez développent sur deux volumes, Bouche d’Ombre, le thème du surnaturel à travers le parcours de Lou. Cette pimpante fille découvre au lycée, durant les années 80, qu’elle est dotée de pouvoirs extralucides.

    Le premier volume de Bouche d’Ombre, Lou 1985, suit l'adolescente témoin d'un drame puis visitée par un fantôme qui se révèle particulièrement présent. Comment vivre avec un don supranormal et quelle est la place de nos souvenirs familiaux dans nos propre existences ? Ce sont les questions que Lou devra affronter dans ce premier tome, sur fond d'enquête et de spectre : "On entend d’une bouche en apparence humaine / Sortir des mots pareils à des rugissements, / Et que, dans d’autres lieux et dans d’autres moments, / On croit voir sur un front s’ouvrir des ailes d’anges" (Victor Hugo, Bouche d'ombre, Les Contemplations).

    Le deuxième volume, Lucie 1900, continue de suivre la jeune extralucide et entend expliquer les origines de son don. Lou est étudiante et s'est éprise de Marc, camarade de fac et photographe à ses heures. Un jour qu'il prend en photo sa petite amie, il capture du même coup un ectoplasme. Aiguillée par ses tantes Josette et Jeannette, Lou part à la recherche de ce fantôme mais aussi de son passé familial. Grâce à l'hypnose, ses recherches la transportent à Paris en 1900, durant l'exposition universelle. Lou se retrouve dans la peau de cet esprit, Lucie, qui est aussi son aïeule. Lou/Lucie découvre l'univers fascinant des sciences physiques et de l'occultisme durant la Belle Époque et croise par la même occasion Pierre et Marie Curie. Passé et présent se télescopent dans ce deuxième tome de Bouche d’Ombre, ample et aventureux à souhait, jusqu'au dénouement aussi poignant que surprenant.

    Ces deux bandes dessinées confirment le talent de la dessinatrice de Maud Begon, que j'avais chroniquée pour Je n'ai jamais connu la Guerre ("Fix me"), et séduisent pour son sens de la narration due à la scénariste Carole Martinez.

    Maud Begon et Carole Martinez, Bouche d'Ombre, 1, Lou 1985, éd. Casterman, 2014, 70 p.
    Maud Begon et Carole Martinez, Bouche d'Ombre, 2, Lucie 1900, éd. Casterman, 2015, 90 p.
    "Fix me"
    Maud Begon sera présente au salon "Montargis Coince la Bulle" les 28 et 29 mai 2016
    Le Tumblr de Maud Begon

  • Fix me

    Dans Je n’ai jamais connu la Guerre de Maud Begon et Joseph Safieddine, Darius, homme d’affaire cynique, odieux, roublard, méprisant et séducteur impénitent, fait commerce de rêves à coups d’injonctions chimiques. Et c’est peu dire que cela marche : le business est florissant et la société ne s’en sort pas plus mal. Le fix contrôlé et marchandisé est, a priori, un excellent moyen gérer ses frustrations. Lorsque Cerise, une ancienne petite amie de Darius, lui demande à son tour "d’acheter des souvenirs", ce dernier s’en trouve bouleversé.

    Utopie ou dystopie ? Cette question n’a pas vraiment de sens pour cette bande dessinée de Maud Begon et Joseph Safieddine. 145 pages illustrées servent une pérégrination complexe au pays du souvenir, des rêves, des regrets et de la vanité du temps qui passe. Le lecteur peine à trouver au début de ce roman graphique la logique d’une histoire alternant flash-back, scènes oniriques dignes de Dali et intrigue puisant dans le mouvement cyberpunk.

    C’est à partir de la page 95 que ce qui était une histoire "à la Cronenberg" prend des allures proustiennes : le temps qui passe, les souvenirs authentiques ou les êtres disparus refaisant surface. Les auteurs mettent en scène Darius et Cerise dans un tête-à-tête poignant construit avec subtilité sur 25 pages. Le lecteur pourra s’amuser à déceler les références à La Recherche du Temps perdu : le début du Côté de chez Swann ("Longtemps, je me suis couché de bonne heure"), La Prisonnière, Le Temps retrouvé, Sodome et Gomorrhe… Clins d’œils réels ou involontaires ?

    Je n’ai jamais connu la Guerre est en tout cas est aussi riche par ce qu’elle évoque que par ce qu’elle tait. Le titre de l’ouvrage porte en lui un non-dit et un traumatisme que le lecteur découvre dans ses dernières pages. Un traumatisme qui nous éclaire sur le personnage de Darius dont la cuirasse fêlée dévoile les plaies. La dernière partie du livre est également riche d’interprétations sur le personnage de Cerise, apparue dans la vie de Darius à la manière d’un oasis mais aussi d’une révélation cruelle. Qui est-elle ? Quels sont ses liens avec son ami ? Ce personnage est sans doute la plus belle création de cette bande dessinée. Mystérieuse, complexe et fascinante, Cerise semble ne pas se fixer dans l’histoire mais nager dans un océan de rêves.

    Maud Begon et Joseph Safieddine, Je n’ai jamais connu la Guerre, éd. KSTR, 2013, 145 p.
    Maud Begon sera présente au salon "Montargis Coince la Bulle" les 28 et 29 mai 2016
    Le Tumblr de Maud Begon

    Demain, je vous parlerai de Lou, une autre héroïne de Maud Begon

  • Ramsay, le beau salaud

    Ils sont de retour : Tyrion Lannister, Daenerys Targaryen, Cercei ou les derniers Stark ayant échappé aux tueries des précédents épisodes de Game of Thrones. La saison 6, diffusée depuis quelques semaines, continue de passionner les fans de cette série culte où les trahisons, les supplices, et les batailles testostéronées sont élevées au rang des beaux arts.

    Parmi les personnages suivis avec un délice coupable figure Ramsay Bolton, arrivé seulement lors de la saison 3. Il figure aujourd'hui parmi les plus beaux salauds de Game of Thrones , au point de détrôner dans la perfidie le jeune roi Joffrey Baratheon ou bien Cersei Lannister, plus shakespearienne que jamais.

    Ramsay devient dans cette saison 6 un personnage majeur de la série de fantasy. Sa cruauté, son absence de scrupule, son machiavélisme et son intelligence font de lui un personnage ignoble que l’on adore détester. Iwan Rheon, son interprète, lui apporte une aura supplémentaire et une certaine allure, bien éloignée du personnage du roman de GRR Martin. L’écrivain décrivait Ramsay Bolton (ou Ramsay Snow) comme un homme au physique peu avenant, rond et au teint maladif. Dans la série, le bâtard des Bolton est un jeune homme gracieux, au port aristocrate, mais qu’aucun crime ne rebute : viols, tortures, morts par les supplices les plus terribles.

    Si toute fiction digne de ce nom se doit de posséder les meilleurs salauds qui puissent se faire, nul doute que Game of Thrones tient ses promesses. Jusqu'au jour (peut-être) où les auteurs de la série décideront de faire disparaître Ramsay comme (presque) tous les autres.

    Wiki Game of Thrones : Ramsay Bolton

  • Femmes de papier

    12795462_1715771775362931_4402653180996076033_n.jpgL’auteur de bandes dessinées Alex Varenne est l’invité des Écrits Polissons, ateliers d’écriture ludiques organisé par Flore Cherry, le 11 mai 2016 au 153, rue Saint-Martin, à Paris.

    Alex Varenne, auteur mythique des séries Ardeur (1980-1987), Erma Jaguar (1988-1992) et des romans graphiques Angoisse et Colère (1988) ou Gully Traver (1993) ou, plus récemment, La Molécule du Désir (2014) viendra présenter ses splendides femmes de papier, qu’elles soient aventurières, dominatrices, aimantes ou prudes.

    Cette rencontre avec un auteur mythique ayant participé à Charlie Mensuel et l’Écho des Savanes sera au centre d’une soirée d’ateliers d’écritures, de dessins, de nouvelles, de concours et de travail en groupe. Le tout sous les yeux d’un maître averti.

    Flore Cherry pour plus d'informations
    Cherry Erotic Corner

    Les Écrits polissons, mercredi 13 avril
    au 153, rue Saint-Martin - 75003 Paris
    (Métro - Les Halles ou Rambuteau)
    19H30 à 21H30
    Entrée : 10 € (boissons non comprises)

  • Jamais domptées

    Mustang sort cette semaine en DVD. C’est l’occasion de découvrir ou revoir un des chocs cinématographiques de l’année 2015.

    La réalisatrice franco-turque Deniz Ganze Ergüven a reçu le tour de force de susciter l’enthousiasme avec un film exigeant joué par des acteurs inconnus. Ou plutôt des actrices inconnues, car Mustang s’intéresse à cinq sœurs, enfants et adolescentes, qu’une innocente excursion sur la plage un dernier jour d’école suscite la désapprobation dans un village turc traditionnel. Humiliée par les ragots qui courent au sujet des cinq filles, leur grand-mère décide de les isoler des tentations du monde extérieur et de les enfermer dans la demeure familiale, en attendant de les marier.

    Dans ce qui est devenu une forteresse domestique, les cinq filles font corps avec une solidarité et une soif de vivre exceptionnelles. Elles tentent de grappiller à leur grand-mère et à un oncle complice quelques parcelles de libertés : des jeux, des rires, des regards lancés en catimini à des garçons ou une partie de football à Istanbul. Les jeunes filles ne se considèrent pas comme domptées et veulent trouver une autre voie que le désespoir ou la résignation.

    Cinq adolescentes enfermées par leur famille pour les isoler des tentations du monde extérieur : la référence au Virgin Suicides de Sofia Coppola (1999) est évidente. Là s’arrête pourtant la similitude entre les deux films. Là où la réalisatrice américaine dévoilait dès le début au spectateur le dénouement tragique des cinq sœurs recluses par des parents catholiques traditionalistes, Deniz Ganze Ergüven déroule un scénario parfaitement huilé, avec son lot d’incertitudes jusqu’à la fin. 

    Mustang est un film de combat, bien plus sans doute que Virgin Suicides, émouvante œuvre désenchantée sur l’adolescence et sur le souvenir de jeunes filles broyées. La réalisatrice franco-turque aborde frontalement le thème de la domination patriarcale et des traditions religieuses aliénantes, pourtant acceptées majoritairement car considérées comme "soft". Cette "domination soft" a une réalité : la toute puissance de la famille, l’aliénation de jeunes filles dont l’émancipation est devenue quasi impossible, la recherche d’une pureté impossible (la scène du mariage et de la nuit de noce est un subtil mélange de tragédie et de comédie noire) et l’importance donnée au mariage, la seule issue donnée à ces jeunes filles. Les cinq sœurs turques ne sont pas les victimes résignées de traditions religieuses mais des guerrières qui ne peuvent être domptées, des mustangs qui n’ont pas renoncé à leur liberté, à commencer par la plus jeune, Lale (Güneş Nezihe Şensoy).

    Deniz Ganze Ergüven s’est battue pour bâtir un film bouleversant, aidée par une équipe d’actrices impeccables et de seconds rôles tout aussi brillants. Le résultat est Mustang, une œuvre inoubliable et un cri d’amour en faveur de la liberté, de l’adolescence et du combat contre tous les fanatismes.

    Mustang, film dramatique germano-franco-turco-qatari de Deniz Gamze Ergüven,
    avec Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Tuğba Sunguroğlu, Elit İşcan, İlayda Akdoğan, Ayberk Pekcan et Nihal Koldaş, 2015, 97 mn, en DVD

  • Dans la peau d’un djihadiste

    Soldats d’Allah est un documentaire exceptionnel, engagé et rude que tout citoyen devrait regarder pour saisir une partie – et une partie seulement – de la réalité du djihadisme en France.

    Pendant six mois, des journalistes (bien qu’un seul prenne la parole, visage caché et voix dissimulée) ont infiltré un réseau de partisans de DAESH installés en France. Les enquêteurs, restés dans anonymat pour des raisons de sécurité, sont parvenus, via les réseaux sociaux et des contacts directs, à sympathiser avec des "soldats" de l'Etat Islamique puis à les suivre dans leur quête folle d’un djihad en France. Ils ont filmé en caméra cachée pendant six mois cette plongée dans un de ces groupuscules ultra-violents et hyper fanatisés.

    Étonnamment, la cellule dormante qu'ils ont infiltrée ne se situe pas dans un quartier fiévreux de la région parisienne ou dans un des quartiers nord de Marseille mais au cœur de la France profonde, à Châteauroux (Indre). On y suit Ossama, 20 ans, gamin perdu et frustré et complètement radicalisé, avec la foi enchaînée au corps, à la recherche du paradis après sa mort en "martyr".

    C’est du reste la seule trace de religion dans cette enquête dangereuse. On devine les connaissances religieuses de ces djihadistes plus que succinctes et le reportage aborde peu les motivations politico-stratégiques de ces soldats de Daesh. Il est question dans les conversations d’Ossama et de ses sbires de guerre sainte, de plans d’attaques plus ou moins élaborées, d’entraînements militaires, de recherches d’armes, de discours enflammés au vocabulaire "daeshien" et de précautions pour maintenir leur clandestinité (bien que la plupart des individus rencontrés sont "surveillés" par les forces antiterroristes).

    La clandestinité passe par une utilisation prudente des moyens de communiquer : dans des fast-foods, des jardins publics, par courrier détruit après lecture ou via des réseaux sociaux sécurisés comme Telegram que les journalistes critiquent pour son refus de collaborer avec les autorités.

    Des informations et des moments surprenants parsèment cette enquête hors du commun : la haine rédhibitoire entre salafistes et partisans de Daesh (alors que les deux vocables sont en général indistinctement utilisés et confondus), la méfiance des djihadises pour la quasi-totalité des mosquées françaises et la personnalité de ces candidats au djihad - de jeunes hommes frustrés et aveuglés. Et puis, il y a ces scènes hallucinantes : un mariage célébré par téléphone en plein jardin public, un attentat suicide par un Français parti mourir au Moyen-Orient, les échanges de missives pour organiser des coups, les témoignages du père d’Ossama, impuissant à freiner les pulsions de son fils, ou les réactions des candidats du djihad à l’annonce des attentats du Bataclan et du Stade de France. Du reste, ces attentats marquent la dissolution du groupuscule qui s’apprêtait à s'attaquer à une caserne d'Orléans, cible privilégiée d'Ossama qui semble porter une rancune personnelle tenace à l'égard de l'Armée française.

    Soldats d’Allah est un documentaire hallucinant, engagé et démonstratif, non sans effets de mise en scène. Un reportage choc sur une enquête au terme de laquelle un journaliste, lui-même de culture musulmane, avoue que durant ces six mois il n’a pas vu Allah !

    Soldats d’Allah de Marc Armone et Saïd Ramzy, 2016, 1H27
    Canal + Investigations, jusqu’au 15 mai 2016