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Anaïs Nin, prête à sortir du cocon
Figure féministe incontestable et auteure culte du XXe siècle, Anaïs Nin est surtout connu pour ses ouvrages très intimes (son Journal non-censuré) et ses nouvelles érotiques d’une grande liberté, pour ne pas dire audace.
L’Intemporalité perdue et autres Nouvelles, paru aux éditions Nil il y a quelques années, dévoile un aspect plus étonnant de l’auteure américano-française. Paru en 2020, ce recueil rassemble des textes situés entre 1929 et 1931.
À l’époque, Anaïs Nin est mariée, vit en couple et côtoie la bonne société parisienne avec un mari banquier, attentionné et féru d’arts. Mais Anaïs Nin n’est pas à sa place. Femme libre et passionnée, elle s’ennuie dans ce milieu nanti, ce dont plusieurs nouvelles témoignent, dont "La peur de Nice", "Un parfum dangereux", "Les plumes de paon" et surtout "Fidélité" dans laquelle Anaïs Nin porte un regard amer et cruel sur une"chère petite épouse honnête et fidèle" qu’elle ne veut certainement pas être.
En attendant, c’est dans l’écriture que se lance la future grande écrivaine du XXe siècle pour qui liberté, émancipation, érotisme et séduction ne veulent pas dire rejet des hommes – bien au contraire. Elle y proclame aussi sa satisfaction et sa reconnaissance d’être une femme ("Je voulais des roses rouges. Peut-être est-ce mal. Mais si je te les offre, alors ce n’est plus mal. Prends-les. Je suis une femme… Elles me brûlent. Maintenant, c’est pour toi qu’elles brûlent. Mais je conserve la joie, cette joie d’être une femme", "Les roses rouges").
La vie d’Anaïs Nin allait prendre le virage de la liberté et de l’audace
L’imaginaire d’Anaïs Nin se dévoile de manière inattendue dans ce recueil. Dans les années 1920, l’art est largement dominé par le surréalisme, ce dont témoigne la nouvelle qui donne son nom au livre ou l’étonnant texte sur un voyage impossible ("Tishnar"). Tout aussi poétique, "La chanson dans le jardin" est le récit d’une enfant puis toute jeune femme découvrant son mental, sa sensibilité et ses combats intérieurs. L’art est omniprésent dans le recueil, que ce soit la danse et le flamenco ("Le sentiment tzigane", "La danse qui ne pouvait pas être dansée"), l’écriture ("Alchimie") ou la peinture ("L’idéaliste").
Et puis, il y a l’amour, certes moins présent et moins provocante que dans l’œuvre postérieure d’Anaïs Nin. Cette dernière reste dans la retenue ou dans un rêve éveillé et vaguement romantique. Il faut citer le récit des retrouvailles d’un homme et d’une femme, épris d’un amour inabouti ("Fiancés par l’esprit"). C’est l’Anaïs Nin de ses jeunes années, celle d’une épouse rangée, qui s’exprime. Toutefois, elle s’apprête à sortir de son cocon. "Certains baisers (…) peuvent faire voler en éclats tout un projet de vie", constate, amère et réaliste, une des personnages de la nouvelle "Un parfum dangereux". Peu de temps après l’écriture de ces nouvelles, la vie d’Anaïs Nin allait prendre le virage de la liberté et de l’audace, de quoi bouleverser son existence, comme la littérature mondiale.
Anaïs Nin, L’Intemporalité perdue et autres Nouvelles,
éd. Nil, 2020, 234 p., éd. Robert Laffont, coll. Pavillons Poche, 2021, 240 p.
https://www.lisez.com/livre-de-poche/lintemporalite-perdue-et-autres-nouvelles
https://theanaisninfoundation.org
https://anaisnin.org
Voir aussi : "Qui n’aime pas Anaïs Nin ?"
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