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anonymes

  • Dames du temps jadis

    Voilà un genre musical et une époque qui passent complètement sous les radars. Le Moyen Âge. Une période injustement méprisée car mal connue, riche pourtant de chefs d’œuvres mais aussi et surtout de créations musicales que l’Ensemble Apotropïk propose de découvrir dans son magnifique album Bella donna, qui se veut une restitution et une découverte d’un vaste patrimoine musical encore méconnu. Le luthiste Clément Stagnol l’explique de manière passionnée et passionnante en présentation de l’album.

    Cet opus propose un mélange d’œuvres la plupart en vieux français du XIIe au XVe siècle, d’artistes divers, relativement méconnus – Comtesse de Dia ou Beatritz de Dia (fin du XIIe siècle), Bernard de Ventadour (v. 1125-v,1200), Guillaume Dufay (1397-1474) ou, plus célèbre, Guillaume de Machaut (v. 1300-1377) – mais le plus souvent anonymes ("Santa Maria amar", "Isabella").

    Cet album a été pertinemment partagé en trois parties, "Tempérance", "Charme" et "Tourment", donnant à cet opus une bonne cohérence, en dépit des sources disparates, s’étalant quand même sur cinq siècles !

    Un fil conducteur relie ces œuvres : celui de la figure féminine, qu’elle soit artiste (Beatriz de Dia) ou modèle célébrée, chantée, honorée, désirée, voire méprisée ("O cruel donna"). "Le pari de cet enregistrement est de donner voix à ces femmes, de façon plus ou moins détournée… Il s’agit de mettre en lumière (ces femmes), les faisant passer du rang d’objet à ce lui de sujet", explique Geneviève Brunel-Lobrichon. 

    Chantée, honorée, désirée, voire méprisée

    Quoi de plus logique, alors, que de faire commencer cet album par le sobre et délicat "A chantar m’er de so qu’eu no volria" de la Comtesse de Dia, avec ces paroles qui traversent les siècles et qui touchent encore : "Je veux savoir, mon cher et bel ami / Pourquoi vous m’êtes si farouche et endurci" (les paroles sont traduites en français moderne).

    Après un instrumental du troubadour Bernard de Ventadour ("Can l’erba fresc"), l’Ensemble Apostropaïk propose un chant religieux galaïco-portugais à la Vierge Marie, "Santa Maria leva", une manière aussi de marquer l’imprégnation profonde de la religion dans les arts du Moyen Âge, avec les deux figures marquantes dans la représentation féminine que furent Eve et s. Marie. Plus étonnant sans doute, le cantiga "Santa Maria amar" conte un miracle autour d’une abbesse tombée enceinte suite à un méfait du diable. "Nous devons beaucoup aimer…" répète le chant telle une litanie.

    Parmi les compositeurs connus, figure Guillaume de Machaut, dans le magnétique "Honte, paour, doubtance de meffaire", véritable illustration de la courtoisie médiévale – mais aussi du patriarcat : "Fidélité, amour et loyauté garder. / Tels sont les points que dans son cœur garde une dame / Qui de son honneur veut faire bonne garde". L’auditeur sera sans doute frappé par cette autre œuvre du chanoine français : "Phyton, le merveilleux serpent", étonnant chant faisant d’une femme éconduisant l’amoureux un monstre, mais un monstre plaisant et qui s’amuse du tourment.

    Autre compositeur masculin, Guillaume Dufay propose, après une longue introduction, un chant d’amour assez classique : une femme refuse le mariage qu’on lui impose et préfère mourir que voir son amoureux disparaître – condamné à mort. L’amour humain est encore présent dans l’album, parfois sous la forme de critiques. Inconstances, tromperies, dédains de la femme : tel est le sujet du chant tiré du Codex de Chantilly de la fin du XIVe et du début du XVe siècle, alors que la courtoisie en est à son chant du cygne.

    L’auditeur sera tout autant touché par cette complainte qu’est "Fortune, trop as vers moy grant tort" : "Il n’en est aucun qui croisse en réconfort / Et mon triste cœur tu l’as mis à la torture".

    Et si les dames du temps jadis n’avaient pas si changées que cela ? 

    Bella donna, Ensemble Apostropaïk, La Belle Abbesse, 2023
    Clémence Niclas (voix et flûtes à bec médiévales), Louise Bouedo (vièle à archet),
    Marie-Domitille Murez (harpe gothique), Clément Stagnol (luth médiéval)

    https://www.editionsdesabbesses.com
    https://www.apotropaik.eu

    Voir aussi : "Éternelle et musicale Norvège"

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  • Caryn Trinca de retour en duo avec Marius

    Nous avions parlé il y a plusieurs mois de Caryn Trinca.

    La chanteuse est de retour, cette fois en featuring avec Marius, pour son nouveau single, "Anonymes". Da sa voix cristalline, Caryn Trinca et Marius se font les porte-paroles de prisonniers oubliés, en Chine : le thème est suffisamment rare pour ne pas parler de ce single, porté avec conviction et talent. 

    "Anonymes" a été écrite par Caryn Trinca, composée et arrangée par Sébastien Debard. Elle illustre un duo particulièrement émouvant entre une mère et son fils et rendant hommage aux Ouïghours, un peuple opprimé en Chine. Sur ce fond d’actualité, Le titre raconte l’histoire fictive de deux anonymes dont les destins vont être liés malgré eux.

    "Je Veux Naître" et "Anonymes", les deux singles déjà disponibles de Caryn Trinca, annoncent un album prévu en 2022, et réalisé par Sébastien Debard. Tout au long de l'album, les orchestrations extrêmement lyriques sont mises au service de la mélodie et de la voix aérienne de la chanteuse.

    Caryn Trinca feat. Marius, Anonymes, 2021
    https://www.facebook.com/caryntrincalbum
    https://www.instagram.com/caryntrinca

    Voir aussi : "Future naissance"

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