Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

bach

  • Bach, suites

    Les Suites anglaises de Bach font partie des chefs d’œuvre archi-enregistrés mais, comme on le dit, on revient toujours à Bach, tant chaque écoute apporte son lot de surprises supplémentaires. Pour cet album d'Accentus consacré aux Suites anglaises, c’est la discrète, anti-star et formidable pianiste chinoise Zhu Xiao-Mei qui se colle à l’exercice.

    Mais au fait, en quoi ces Suites sont-elles anglaises ? L’explication est floue et matière à interprétation. Elles ne sont certes pas plus anglaises que ces deux autres suites pour clavier sont françaises ou italiennes… Disons juste que, vraisemblablement, le compositeur allemand s’est inspiré de suites composées vers 1701 par le musicien français installé à Londres, Charles Dieupart (source : Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Suites_anglaises). Zhu Xiao-Mei elle-même s’interroge sur la date de conception de ces suites, écrites sans doute assez tôt dans la carrière du Cantor de Leipzig.

    La virtuosité et la technicité frappent dès les premières notes, celles précisément de la Suite n°3. Oui, la troisième Suite, car la pianiste n’a pas choisi l’ordre le numérotation pour son coffret. Le premier disque commence par la n°3, avant d’enchaîner sur la première puis la deuxième. Le deuxième CD opte, lui, pour les Suites n°5, 4 puis 6.

    Au clavier, se trouve l’exceptionnelle pianiste Zhu Xiao-Mei qui, après des années de souffrance en Chine, s’est installée depuis les années 80 en France où sa notoriété d’est allée qu'en grandissant. Elle est familière de l’œuvre de Bach dont elle a jouée l’essentiel – même si le concept d’intégral lui est "étrangère", comme elle le dit dans le livret de ce coffret proposé par Acentus. Après plusieurs déconvenues, dont l’une due à la pandémie du Covid, l’enregistrement a été fait en juin 2022 à la Chapelle de Saint-Antoine de Névache dans les Hautes-Alpes.

    Et si Jean-Sébastien Bach était plus mélodiste qu’on ne veuille bien le dire ?

    Les Suites anglaises de Bach (BWV  806 à 811) suivent grosso modo la même disposition : Prélude, Allemande, Courante, Sarabande, Gigue, avec parfois d'autres mouvements de danses traditionnelles – Menuet, Passepied, Gavotte et Bourrée. De là vient sans doute l’irrésistible attraction de ces suites.

    Et si Jean-Sébastien Bach était plus mélodiste qu’on ne veuille bien le dire, à l’image du Prélude de la Suite n°3 ? L’image d’un Bach "cérébral" – bien présent par exemple dans le long et passionnant Prélude de la Suite n°2 ou encore le Prélude de la Suite n°4 – est à relativiser à l’écoute de cet hypnotisant coffret, y compris lorsqu’il s’agit de mouvements aussi populaires pour l’époque que la gavotte (Gavotte I de la Suite n°3, Courante, Gigue de la Suite n°2 ou la Gigue de la n°4). L’auditeur sera frappé par la délicatesse que met Zhu Xiao-Mei dans l’interprétation de l’Allemande ou de l’envoûtante Sarabande dans la Suite n°1.

    L’auditeur retrouvera avec plaisir ce "tube" qu’est la Sarabande de la deuxième Suite, à la construction harmonique incroyable et qui vient attester les propos de Zhu Xiao-Mei sur le génie mélodique qu’était Bach. On pense aussi au Prélude de la Suite n°5 dont Zhu Xiao-Mei s’empare avec autorité. La retenue de l’interprète dans la Sarabande de la même Suite est bouleversante. Les notes se détachent avec délicatesse et une pudeur infinie. Bach surprend, y compris là où on ne l’attend pas. Pour s’en convaincre, il faut écouter les Gavottes I et II de la sixième Suite. On devine le plaisir de la pianiste dans ces deux mouvements faussement légers et réellement piégeux. Terminons par cette dernière Suite et sa Gigue endiablée et incroyablement moderne.

    Voilà qui finit de nous convaincre que, comme le dit Zhu Xiao-Mei, ces Suites anglaises ne sont pas des œuvres "comme les autres".

    J.S. Bach, The English Suites, Zhu Xiao-Mei, piano, Accentus Music, 2024
    https://accentus.com/discs/428
    https://www.zhuxiaomei.com

    Voir aussi : "La Bohême, la Bohême"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Un bon rafraîchissement pour les Suites de Bach 

    Les célébrissimes Suites pour violoncelle de Bach trouvent avec Henri Demarquette un nouveau souffle qui ne dépaysera pas les amateurs de classique. Dans le livret de l’album proposé par les éditions Evidence, Erik Orsenna rappelle que ces Suites sont un des quelques miracles qui font l’histoire de l’art. Œuvres copiées par la soprano et seconde épouse de Bach, Anna Magdalena Bach, les Suites furent "perdues" pendant plusieurs siècles avant d’être découvertes au XXe siècle par Pablo Casals. Depuis, elles sont devenues incontournables.  

    Certes, on reconnaîtra instantanément les premières notes du "Prélude" de la Suite n°1 BWV 1007. Par contre, le violoncelliste français choisit de la mener tambour battant (moins de deux minutes), avant de s’engager avec entrain dans la "Courante". Oui, assurément, mine de rien il souffle un vent de fraîcheur dans ces suites pour violoncelle qui font partie de ce qui s’est fait de meilleur en matière musicale. Pas moins.

    L’envoûtement indéniable dans l’incroyable "Sarabande". L’archer d’Henri Demarquette caresse les cordes avec amour, avant les deux "Minuets" et une "Gigue" enjouée. Il faut avouer que des Suites pour violoncelle, on ne connaît que la première. Pire, le premier mouvement. Voilà l’autre intérêt de s’arrêter à cette intégrale, avec par exemple une étonnante Suite n°2 BWV 1008 plus en tension, à l’instar de la "Prélude" que l’on dirait douloureuse, contrebalancée par une "Allemande", vivante et consolatrice. Henri Demarquette s’en empare avec une indéniable virtuosité. Virtuosité encore avec cette "Courante" à la belle densité. On est captivés par la "Sarabande" de cette deuxième Suite. Elle se déploie avec élégance mais aussi ce je ne sais quoi de mélancolie, comme si l’on était au bord d’un gouffre métaphysique. À qui parlait Bach lorsqu’il composait ce mouvement ? Qu’importe.

    L’auditeur se laissera vite embarqué par cet enregistrement à la fraîcheur indéniable. Arrêtons-nous deux secondes sur la suite "Minuets I & II". Ces menuets rappellent que Bach clôt avec génie la période baroque et une élégance hors-pair. Le rythme est au cœur de cette partie irrésistible et d’une belle fraîcheur. La "Gigue" qui vient conclure la deuxième suite a un souffle plus singulier encore. Bach y voit une manière de revenir aux traditions musicales de son pays, avec cet enthousiasme que retranscrit Henri Demarquette. 

    Mine de rien il souffle un vent de fraîcheur dans ces suites pour violoncelle

    La Suite n°3 BWV 1009 commence par un "Prélude" rutilant et impressionnant dans sa célérité, demandant au violoncelliste une virtuosité impeccable qui rend la modernité à cette entrée en matière. Suit une "Allemande" plus complexe mais aussi plus alerte. Autant certainement que la "Courante" de cette troisième Suite, avant la somptueuse et mélancolique "Sarabande".

    L’auditeur sera surpris d’entendre ces "Bourrées I & II" d’une singulière modernité. Captivantes, elles sont sans nulle doute, avec la "Sarabande", l’une des pièces maîtresses de cette Suite n°3. Elles viennent appuyer la conclusion donnée par une délicieuse "Gigue". Henri Demarquette s’en empare avec un plaisir intact et une solide maîtrise, indispensable pour qui veut s’emparer de ces œuvres de Bach.  

    Dans son double album, le deuxième disque est consacré aux Suites N° 4, 5 et 6. Véritable marathon musical donc pour s’approprier ce qui est un des joyaux du répertoire classique occidental. Le magique dans l’histoire est que le compositeur allemand parvient à surprendre son auditeur en dépit de la structure identique : prélude, allemande, courante et sarabande. Après s’être joué du rythme dans le "Prélude" de la Suite n°4, Bach choisit de construire son "Allemande" comme une onde nonchalante mais néanmoins enjouée. Moins vive cependant que sa Courante" à la fois joyeuse et espiègle. On remarquera dans cette quatrième Suite pour violoncelle sa durée sensiblement plus longue que pour les précédentes. Ce que confirment les deux Suites suivantes. La "Sarabande" de la quatrième ne déroge pas à cette remarque. Elle se déploie tel un adagio poignant. Les "Bourrées I & II" viennent apporter de la fraîcheur et de la vitalité, avant une "Gigue" dans le plus pur style du Kantor de Leipzig.

    L’ouverture ("Prélude") de la cinquième Suite BWV 1011 cueille à froid l’auditeur : lente, sombre pour ne pas dire funèbre, avant de se déployer dans toutes ses couleurs. Pour l’"Allemande", Henri Demarquette utilise toute la palette de son instrument, avec un mélange de virtuosité et de fraîcheur. Après une "Courante" menée efficacement, l’auditeur trouvera la "Sarabande" de la cinquième Suite poignante dans sa singulière pureté. Bach surprend avec le choix de la gavotte pour l’avant-dernière partie. Il s’agit de danses traditionnelles. Le compositeur allemande s’approprie ces rythmes populaires pour en faire des œuvres d’art passionnantes et touchantes. Comme pour les autres Suites, une "Gigue" vient conclure la cinquième avec une grâce indéniable.

    Terminons avec la Sixième et dernière Suite BWV 1012. L’auditeur y trouvera une légèreté que n’avait certes pas la précédente œuvre. La virtuosité est indispensable pour qui veut bien s’emparer de passages à la fois dangereux et fascinants ("Prélude"). L’"Allemande" qui la suit est le plus long morceau de l’album. Lent, nostalgique, mélancolique, cette partie séduit par sa simplicité. Après une "Courante" à la jolie prestance, place à une "Sarabande". Là encore, Bach prouve qu’il est à jamais indissociable de cette danse. Cette sarabande se déplie avec onctuosité. Le violoncelle lui donne des allures de chant humain amoureux.

    On a souvent vanté, à juste titre, les vertus pédagogiques de ces Suites. Il faut ici les écouter – et c’est toute la qualité de l’enregistrement d’Henri Demarquette – comme de vraies créations musicales où l’âme de Jean-Sébastien Bach se livre, à l’instar de cette superbe sarabande. Une nouvelle fois, c’est la gavotte ("Gavottes I & II") qui est au cœur de l’avant-dernière partie des Suites pour violoncelle de Bach. Bach magnifie la gavotte comme jamais. Henri Demarquette est impeccable ici dans l’interprétation majuscule, avant la "Gigue" toute en nuances de la sixième Suite, rafraîchissante comme tout le reste du double album.  

    Jean-Sébastien Bach, Suites pour violoncelle, Henri Demarquette, Evidence, 2024
    https://henridemarquette.fr
    https://evidenceclassics.bandcamp.com/album/bach-the-complete-cello-suites
    https://www.facebook.com/evidenceclassics/?locale=fr_FR
    https://www.facebook.com/HenriDemarquetteOfficiel/?locale=fr_FR

    Voir aussi : "Brahms doublement suisse (et même triplement)"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Majeur !

    Derrière le singulier titre Bach’s Book Of Zen se cache l’une des œuvres musicales les plus exceptionnelles de l’histoire de la musique. La pianiste Edna Stern s’attaque en vérité à une véritable montagne : Le Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, et plus précisément le livre I.

    Il a été beaucoup écrit au sujet de cette œuvre à la fois magnétique, conceptuelle et pédagogique, dans laquelle Bach a composé 24 préludes et fugues dans toutes les tonalités (do majeur et do mineur, ré majeur et ré mineur, etc.).

    La fascination pour Le Clavier bien tempéré doit sans doute beaucoup à Glenn Gould qui en a fait, au XXe siècle, de passionnantes relectures.  Edna Stern s’y attaque elle aussi dans ce passionnant enregistrement, moins rythmé que Glenn Gould, mais d’un très beau classicisme, presque romantique (le Prélude n°7 en mi bémol majeur, le Prélude n°10 en mi mineur ou encore le Prélude n°18 en sol dièse mineur), et non sans puissance (la magnétique Fugue n°4 en do dièse mineur).

    L’auditeur y trouvera les véritables "tubes" que sont le premier Prélude en do majeur BWV 846 et le deuxième Prélude BWV 848 en do dièse majeur qui semble avancer masqué, comme si la pianiste se montrait tout en retenue. On prend tout autant plaisir à redécouvrir le célèbre Prélude n°6 en ré mineur.

    Il y a du modernisme dans ce Bach’s Book Of Zen, à l’instar de la sixième Fugue en ré mineur, tout comme ce je ne sais quoi de récréatif (la septième Fugue en mi bémol majeur). Il semble qu’à tout moment le "cantor de Leipzig" prenne son monde par surprise. Que l’on pense aux sophistiqués Prélude et Fugue n°19 en la majeur ou encore au plus ludique Prélude n°20 en la mineur.

    Une véritable montagne

    Dans cette œuvre pédagogique, le génie Bach insuffle ces moments de grâce, bouleversants (le Prélude n°8 en mi bémol et ré dièse mineur ou la Fugue n°11 en fa majeur BWV 856).  

    Tout l’esprit Bach est dans cette superbe interprétation du Clavier Bien Tempéré, que ce soit dans ce mélange et de justesse (les Prélude et Fugue n°13 en fa dièse majeur BWV 858), l’harmonie élevée au rang de création géniale (Prélude n°17 en la bémol majeur). L’auditeur devra écouter à ce sujet le bouleversant Prélude n°14, cette fois en fa dièse mineur, à la concision – on aimerait même dire efficacité – remarquable. Bach a déployé tout son talent dans cette œuvre, y compris dans des morceaux brefs, de moins d’une minute (le Prélude n°15 en sol majeur BWV 860 en sol majeur) ou au contraire plus longs et se déployant sans esbroufe (La Fugue n°20 en la mineur d’un peu plus de quatre minutes).

    Edna Stern se révèle aussi impeccable lorsqu’elle se laisse aller à une certaine langueur (Prélude n°16 BWV 861 en sol mineur) ou au contraire lorsqu’elle s’approprie l’étonnante et moderne Fugue en sol mineur. La pianiste parvient à étonner l’auditeur lorsqu’elle fait le choix d’un jeu "gouldien" dans la Fugue n°18 en sol dièse mineur. Edna Stern sait jouer de la nuance, comme le montre le délicat Prélude n°22 en si bémol mineur ou encore la magnétique Fugue n°23 en si majeur.

    On sort de Bach’s Book Of Zen de la plus belle manière, avec les Préludes et Fugues n° 24 les plus longs du premier volume du Clavier bien tempéré. Comme si le cantor de Leipzig et son interprète proposait une dernière promenade musicale. Avant bien sûr de se pencher sur le Livre II

    Bach, Bach’s Book Of Zen, Edna Stern, piano, 2 CD, Audio Note Music, 2023
    https://www.edna-stern.com
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100015246303750
    https://www.youtube.com/channel/UC8xTdVDa1sRrvtGdlz7Xp3g/featured

    Voir aussi : "Amour, musique et nostalgie"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Histoires de tangos par Lucienne Renaudin Vary

    Dans la sphère classique, c’est la trompette qu’a choisie Lucienne Renaudin Vary. Un instrument moins courant que le piano, le violon ou le violoncelle dans le répertoire solo mais qui porte chance à la jeune musicienne. Ses tournées dans le monde entier lui permettent de faire découvrir un répertoire moins connu mais passionnant, grâce à un instrument au timbre coloré et éclatant.

    Pour Piazzolla Stories, son dernier album, Lucienne Renaudin Vary rend un hommage appuyé au compositeur argentin qui a su non seulement dépoussiéré le tango mais a surtout su lui donner ses lettres de noblesse. Cette année, le compositeur aurait eu 100 ans. La musicienne donne à ces morceaux choisis une lecture pleine de relief et de sensualité, à l’exemple de "Chin Chin" et d’"Oblivion", autant jazz que tango. Lucienne Renaudin Vary sait transporter l’auditeur dans des paysages lointains, évidemment d’abord du côté la pampa.

    À côté de morceaux de tango mélancoliques et nostalgiques ("Chau Paris", "Ave Maria"Tanti anni prima" ou encore "Chiquilín de Bachín", avec Thibaut Garcia à la guitare), Piazzolla apparaît comme un authentique compositeur classique : celui par exemple de María de Buenos Aires. La musicienne française propose un extrait éponyme de son opéra sur un livret d’Horacio Ferrer. Accompagnée par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Sascha Goetzel, la trompettiste déploie 12 minutes d’un air lyrique et enlevé comme une comédie musicale. 

    Éclectisme

    Il faut aussi absolument évoquer le superbe "Tango pour Claude", l’adaptation majestueuse et bouleversante par Richard Galliano de "Vie violence" qu’il avait composé pour le regretté Claude Nougaro.

    Il est également question de jazz avec les titres "Years of Solitude" et "Close Your Eyes and Listen". Ces fusions étonnantes et passionnantes de tango et de jazz cool sont adaptés de l’album Summit (1974) d’Astor Piazzolla et du jazzman et saxophoniste Gerry Mulligan.

    Lucienne Renaudin Vary fait également une incursion dans l’univers classique qu’elle connaît bien avec le célèbre Caprice n°24 de Nicccolo Paganini et la Sonate n° 1 en sol mineur BWV 1001 de Bach, adaptée pour l’occasion à la trompette. Toujours férue éclectisme, l'instrumentiste s’attaque également à Nadia Boulanger et à son "Lux aeterna", un cantique de 1909, dans une version solo.

    Les fans de tango ne seront pas surpris par le dernier morceau de l’album, qui est un standard incontournable du tango : le "Volver" de Carlos Gardel. Il ne pouvait en être autrement.

    Lucienne Renaudin Vary, Piazzolla Stories, Warner Classics, 2021
    https://www.facebook.com/luciennetrumpet
    https://www.warnerclassics.com/fr/artist/lucienne-renaudin-vary

    Voir aussi : "En suivant le fil de Khatia Buniatishvili"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • En suivant le fil de Khatia Buniatishvili

    Dans l’univers du classique, Khatia Buniatishvili fait partie des très grandes stars, à côté de figures comme Lang Lang ou Yuja Wang, pianistes comme elle.

    Aussi française que géorgienne, son pays d’origine, Khatia Buniatishvili a sorti il y a quelques semaines sa compilation, Labyrinth, que la musicienne décrit ainsi : "Le labyrinthe est notre esprit, souvenirs de notre enfance dans une perspective d’adulte… Le labyrinthe est notre destin et notre création."

    La pianiste laisse de côté les grands incontournables de cet instrument – si l’on excepte la première Gymnopédie de Satie, la Badinerie enlevée et jazzy de Bach et le Prélude op. 28/4 de Chopin – au profit de morceaux choisis avec soin pour illustrer les aspirations de l’instrumentiste dont le public d’admirateurs ne cesse de croître : "les rêves brisés" ("Le thème de Deborah"), "la Mère Nature" (la "Suite Orchestrale" de Bach), les émois adolescents (une "Vocalise" de Rachmaninoff), l’amour ("La Javanaise") ou la consolation (Liszt).

    Dans une pérégrination mêlant romantisme, classicisme, modernisme, audace, revisites et clins d’œil, Khatia Buniatishvili s’amuse à sauter à pieds joints d’un siècle et d’une époque à l’autre, sans se soucier des époques et des styles : sa version funèbre du "Thème de Deborah" d’Ennio Morricone côtoie "La Sicilienne" de Vivaldi et Bach, un "Intermezzo" de Brahms, une sonate de Scarlatti mais aussi les somptueuses "Barricades mystérieuses" de François Couperin.

    Une pérégrination mêlant romantisme, classicisme, modernisme, audace, revisites et clins d’œil

    Le contemporain a une place de choix avec Philip Glass ("I’m Going To Make A Cake"), Heitor Villa-Lobos ("Valsa da dor"), Arvo Pärt ("Pari intervallo") ou l’étude "Arc-en-ciel" de György Ligeti, un morceau aux envolées cosmiques, ponctuées de trouées sombres et de perles de pluie.

    Serge Gainsbourg a même les honneurs de la pianiste : l’admirateur de Chopin et Sibelius apprécierait certainement. À ce sujet, les fans de Gainsbourg et de Jane Birkin auront très certainement deviné derrière le "Prélude en mi mineur" de Chopin le thème de "Jane B." Plus étonnant encore, Khatia Buniatishvili propose une 17e piste intitulée 4’33’’ : l’auditeur n’entendra aucun son de ce morceau de John Cage qui propose 4 minutes 33 de silence métaphysique !

    La pianiste franco-géorgienne cache décidément bien son jeu : elle se fait également arrangeuse pour "La Sicilienne" de Vivaldi et Bach ou la célèbre "Badinerie" du Cantor de Leipzig, et même joueuse de jazz dans son adaptation de "La Javanaise" de Gainsbourg.

    Khatia Buniatishvili sort indéniablement des sentiers battus avec cet album classique mais aussi très personnel, à l’image de son interprétation bouleversante et de son commentaire sur l’Adagio de Bach réarrangé par Alessandro Marcello, qu'elle commente ainsi : "Si elle n’avait pas été absente, elle aurait marché pieds nus sur la terre chaude, elle aurait pensé : « Le printemps d’un autre est agréable regarder aussi. »"

    Khatia Buniatishvili, Labyrinth, Sony Classical, 2020
    https://www.facebook.com/khatiabuniatishvili
    http://www.khatiabuniatishvili.com

    Voir aussi : "Le trio Sōra vous souhaite un joyeux anniversaire, M. Beethoven"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

    Suivez aussi Arsène K. sur Twitter et Facebook

  • Violoncelles confinés

    Le violoncelle est à l’honneur avec le documentaire signé par le Duo Brady, Et le violoncelle dans tout ça ? Le violoncelle, mais aussi la musique en général, un secteur bien mal en point depuis l’apparition d’un certain virus chinois.

    Cela fait un an que le monde entier semble avoir retenu son souffle : des pans entiers de la société et de l’économie ont été mis en veille en attendant le retour de jours meilleurs. Le monde de l’art a été particulièrement impacté. Le 14 novembre 2020, au cœur du second confinement, 12 violoncellistes et plusieurs techniciens se sont rencontrés au Lavoir Moderne Parisien pour témoigner sur la manière dont ils vivent leur travail et leur art.

    Le film s’articule autour de trois questions posées : "L’impact de l’arrêt des concerts", "Et la culture dans tour ça ?" et "« Un temps donné ?"

    Pour répondre au premier point, au-delà de l’aspect matériel et financier, les musiciens et musiciennes avouent leur désarroi : "On a du mal à se projeter", dit l’une d’elle. L’ingénieure du son Anaïs Georgel déplore n’avoir travaillé que sur un seul concert en un an. Et même si le système d’intermittence du spectacle permet au moins de tenir financièrement, reconnaît Louis Rodde, les conditions des artistes sont de plus en plus compliquées.  

    "Et la culture dans tour ça ?" À cette question, les musiciens parlent de son importance capitale, comme du manque flagrant de concerts, de représentations, de rencontres avec le public mais aussi avec leurs homologues, "ce qui ne sera jamais compensé par le distanciel." La question de faire de l’art en pleine crise sanitaire s’avère être un problème insoluble. Michèle Pierre, du Duo Brady, avoue son dépit, certes avec le sourire : démarcher devient vite autant fastidieux que décourageant et, ajoute son acolyte  Romain Chauvet, les cours à distance ont pu être amusants lors du premier confinement, mais ils finissent par ne plus faire rire personne, quand ils ne découragent pas.  

    Violoncelliste et fromager

    La question "Un temps donné ?" s’interroge sur la manière de mettre à profit ces périodes de confinement, sans spectacles, sans cours en présentiel et sans interventions publiques dans les écoles ou les hôpitaux :  le temps doit être mis à profit pour s’arrêter de courir et ne plus être dans le stress, réagit Amandine Robilliard. Cet état d’esprit était présent pendant le Grand Confinement de Printemps. Les artistes interrogés reconnaissent aussi que cette période hors-norme peut être un moyen de "forger le son" de son instrument, de travailler sur un répertoire, de créer… voire de s'essayer au chant !

    Des plages musicales ponctuent ces entretiens montés de manière dynamique : Le chant des oiseaux de Pablo Casals par Justine Metral du Trio Metral,  la Suite pour violoncelle de Cassado, (3e mouvement) par Romain Chauvet et Bach, évidemment, par Amandine Robilliard. Côté création, le documentaire permet de découvrir  NH,, une création du Duo Brady ainsi qu’une improvisation afro-brésilienne par Olivier Schlelgelmilch. Louis Rodde, du trio Karenine, interprète de son côté Henri Dutilleux et sa première des Trois Strophes sur le nom de Sacher, tandis qu’Ela Jarrige s’attaque à la première suite de Benjamin Britten.

    L’un des beaux passages du film est un trio de Chloé Lucas (contrebassiste), Gauthier Broutin (violoncelle baroque) et Agnès Boissonnot (viole de gambe), trois des quatre membres du quatuor Cet Étrange Éclat, avec une délicate sonate de Francesco Geminiani.

    Et le violoncelle dans tout ça ? parvient à déjouer le piège de l’apitoiement. Pour preuve, ce focus sur Frédéric Deville, violoncelliste parisien free-lance et… fromager. Il présente l’une de ses créations, Eurydice, un morceau mélancolique et traversé d’espoir tout en même temps.

    Le spectateur découvrira avec plaisir et émotion cette bande de musiciens, partageant en commun l’amour de leur instrument, de leur art, et l’envie de  "jouer avec les copains".  Ce qu’a permis cette rencontre du Lavoir Moderne.

    Duo Brady, Et le violoncelle dans tout ça ?, réalisé par Michèle Pierre et Paul Colomb
    Interviews conduites par Guillaume Ulmann,
    documentaire français, 2020, 50 mn

    http://www.duobrady.com
    https://www.facebook.com/duobrady

    Voir aussi : "Le trio Sōra vous souhaite un joyeux anniversaire, M. Beethoven"
    Hors-série Grand Confinement

    Photo : HL MMOSCONI - Documentaire Duo Brady

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

    Suivez aussi Arsène K. sur Twitter et Facebook

  • Confinement live stream de Lise de la Salle

    Les artistes de classique aussi se mettent au live sur leur compte Facebook ou Instagram. Lise de la Salle, dont le premier album sur Ravel et Rachmaninov avait marqué les esprits, avant un brillant enregistrement des concerts pour piano de Chostakovitch et Prokofiev, propose sur sa page Facebook une série de récitals au piano depuis son appartement.

    Le 24 mars dernier, pour son 2e live de confinement à Paris, la pianiste française a rappelé l’importance du confinement et s’est confiée sur sa manière de vivre cette période : "Ici, à Paris, les journées sont longues et n’ont pas vraiment de structure. On est un petit peu dans une faille spatio-temporelle. Et j’en profite pour jouer beaucoup, pour me faire plaisir, des œuvres qui me plaisent, qui me font du bien, sans la pression de les préparer pour le concert."

    Faille spatio-temporelle

    Pour ce concert sur Internet, Lise de la Salle propose le Prélude et fugue en la mineur pour orgue de Jean-Sébastien Bach, transcrite fidèlement au piano par Franz Liszt. Frisons garantis lors du passage à la fugue dont la noirceur est percée d’éclairs fulgurants.

    Après la lecture d’un extrait des Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, Lise de la Salle propose un lied de Robert Schumann, Liebeslied, dans une transcription pour piano seul de Liszt, tout en contraste, en relief et en romantisme.

    Le Confinement live de ce 24 mars se termine avec Regret, une des Romances sans parole de Félix Mendelssohn.

    Un récital magnifique, en attendant "que la vie reprenne son cours", pour reprendre les mots de Lise de la Salle. C’est à suivre en ce moment sur sa page Faceebook chaque mardi et samedi à 19 heures.

    Lise de la Salle, Confinement live stream
    Sur Facebook, le mardi et le semaedi à 19 heures

    https://www.facebook.com/lisedelasalleofficiel
    http://lisedelasalle.com

    Voir aussi : "Keren Ann en live, voix et guitare, chez elle" 

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Scott Ross, la rock-star du clavecin

    Scott Ross, je l'ai découvert il y a quelques années, à la faveur d'une pièce d'Antoine Forqueray, Jupiter. Un choc inoubliable ! Dès la première écoute, l'auditeur est happé par la puissance de cette interprétation. 

    Scott Ross, claveciniste américain décédé en France du VIH à l'âge de 38 ans, détonnait par son look de rock-star et a contribué à populariser le clavecin. Oublions deux secondes son allure vestimentaire. Comme pour Glenn Gould, décédé six ans plus tôt (voir aussi cet article), c'est autant ses postures qui ont séduit ses contemporains que ses interprétations inspirées du répertoire baroque. Des interprétations colorées et dépoussiérant un genre considéré à tort comme élitiste et ringard. Grâce à Scott Ross, le clavecin n'était plus cet objet  intimidant et vieillot mais un instrument moderne, plein de fougue et de couleurs. 

    Un disque paru chez Erato, un enregistrement compilant des œuvres de Bach, Scarlatti, Haendel et Soler (mais pas Forqueray) permet de se faire une idée du génie de Scott Ross, l'homme qui est parvenu à faire du clavecin un instrument tour à tour divin et démoniaque. 

    L'album rassemble des pièces peu connues du grand public, à l'exception peut-être du Concerto italien de Bach. Scott Ross y étale sa virtuosité, son sens du rythme et sa fougue. La Sonate en ré mineur K9 de Domenico Scarlatti invite à découvrir le compositeur fétiche de Scott Ross, qui enregistra ses 555 sonates pour clavecin (en 1984, Ross en écrivit et en interpréta une 556e, un pastiche qui mystifia le public de l'époque). Alors que la passacaille de la Septième Suite de Haendel propose un moment contemplatif, l'air de la Cinquième Suite allie l'assurance à la vivacité. Cet album de compilation de Scott Ross, une excellente introduction à cette "rock-star du clavecin", se termine par deux pièces enlevées et mélodieuses d'Antonio Soler, un compositeur classique espagnol redécouvert par Scott Ross. 

    Fermez les yeux, plongez dans ce disque et redécouvrez celui qui reste le plus Français des interprètes américains. 

    L'Art de Scott Ross: Bach-Scarlatti-Handel–Soler, Erato, 2002
    http://scott.ross.voila.net