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bruce greenwood

  • Lutte des classes au Chastain Hospital

    Encore une série médicale, me direz-vous… Il est vrai que depuis les aventures de inénarrable docteur House, que l’on aimait détester, il semblait que la télé n’avait plus grand-chose de neuf à raconter autour des hôpitaux… américains – en attendant bien sûr que la crise sanitaire inspire les showrunners et autres scénaristes. Et c’est pourtant dans cette période de confinement et d’urgences réelles dues au Covid-19 qu’est arrivée sur TF1 la série The Resident.

    Cette production de la Fox avait un insolent parfum de provocation, à telle enseigne que TF1 aurait pu programmer pour des jours meilleurs cette histoire de blouses blanches. C’était bien mal les connaître, et on peut les remercier d’avoir non seulement tenu bon, mais en plus d’avoir anticipé la programmation de la saison 2.

    The Resident suit l’équipe urgentiste du Dr Conrad Hawkins, aussi beau gosse que non-conformiste. Dès le premier épisode, en tant que référent à l’hôpital Chastain d’Atlanta il prend sous son aile le fraîchement diplômé Devon Pravesh, un premier de la classe qui va vite déchanter. La tension maximale est garantie dans un établissement où travaille le très influent chirurgien Randolph Bell, dont la réputation est salie par des erreurs à répétition et qu’il tente de cacher tant bien que mal. Au cœur de cet hôpital, qui est autant un centre de santé qu’une machine à fric, il y a aussi l’infirmière idéaliste et têtue Nicolette (Emily VanCamp), l’interne hyper douée Mina Okafor (Shaunette Renée Wilson), la directrice impitoyable Claire Thorpe (Merrin Dungey) et l’inquiétante et manipulatrice oncologue Lane Hunter (Melina Kanakaredes) qui est au cœur de la saison 1. Et puis, il y a tous ces malades et ces patients, de tous âges, de toutes origines, de tout revenu, et de toutes affections...

    Machine à fric

    Si vous aimez les courses dans les couloirs, les dialogues musclés avec un sabir médical auquel personne ne comprend, les opérations gores, les symptômes qui vous soulèvent le cœur, les diagnostics étonnants – pour ne pas dire improbables – ou les romances entre internes et infirmières, vous serez servis.

    Mais les scénaristes ont également choisi un autre angle pour une création télé populaire qui, mine de rien, tire à boulet rouge sur le système médical à l’américaine. L’argent est à chaque virage d’une série bien plus critique qu’il n’y paraît : faut-il soigner tel ou tel malade ? Cette patiente est-elle assurée ? Comment faire des bénéfices et des économies ?

    Ce n’est bien entendu pas la préoccupation des sémillants résidents du Chastain, mais ces questions semblent guider chacun de leur geste, comme si une lutte des classes venait s’immiscer jusque sur les tables d’opération. Et lorsqu’une oncologue utilise une jeune femme cancéreuse pour faire fonctionner sa clinique – privée, bien entendu – on peut faire confiance à Nicolette et Conrad pour faire éclater la vérité.

    The Resident, série médicale américaine d’Amy Holden Jones,
    Hayley Schore et Roshan Sethi,
    avec Matt Czuchry, Emily VanCamp, Manish Dayal,
    Bruce Greenwood et Shaunette Wilson, saison 2, TF1

    https://www.fox.com/the-resident
    https://www.tf1.fr/tf1/the-resident

    Voir aussi : "Cours, Etsy, cours"

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  • Jessie, la femme frigo

    Jessie, le personnage du roman éponyme de Stephen King s'apprête à passer un week-end en amoureux avec son mari. Sauf qu'une partie de jambe en l'air finit en tragédie. Notre chroniqueur de L'Œil du frigo ne va pas nous parler de l'intrigue de ce thriller mais d'un frigo au début du film. De quoi se pourlécher les babines.  

    Voici Jessie, femme frigo par excellence, qui se penche sur de la viande et s'en découpe un morceau. Magnifique film tiré d'une nouvelle de Stephen King qui, de façon très abrupte, parle des traumatismes de l'enfance avec toujours cette petite partie de fantastique qui donne une épaisseur au récit.

    Carla Gugino vit une liberté dans sa démarche quand elle est au bord de la mer : on la sent libre, elle vogue au dessus du sable. Dès qu'elle rentre en contact avec le frigo, puis la chair, la viande, rien ne va plus. L'étrange se met en place. Comme si, tant qu'elle est emballée, cette magnifique tranche de bœuf reste inoffensive, mais dès qu'elle la sort du frigo et dès qu'elle la tranche, on sent son rapport au corps se dégrader, se trancher. L'opposition de son alliance et de la viande n'est pas là pour rien. La protection du frigo est essentielle, furtive mais bien présente. Elle ne prend pas la peine de découper la salade, l'ananas ou de se prendre une bière. Non : avec son visage qui se fige juste un instant avant de se saisir de la viande, elle choisit le paquet qui dans l'ensemble de l'histoire résume le film. Une fois de plus, dès son ouverture, le frigo lie les aliments et les protagonistes dans l'histoire que l'on va vivre. Jessie va, elle aussi, se déballer et trancher dans le vif !

    Evidemment je ne vais pas vous raconter tout le film, parce que je sais que vous allez le voir, mais ce frigo du début est un vrai bonheur. Personnellement, je ferai bien rissoler quelques échalotes puis une gousse d'ail écrasée. Ensuite, y ajouter un bon verre de vin et faire réduire le tout. Faire griller les tranches de viande pour qu’elles restent saignantes puis les servir avec cette sauce et un peu de thym par dessus. Ne pas rajouter d'accompagnement : la salade dans le frigo suffira pour que ce goût reste impérial sur le palais. Enfin, finir par un carpaccio d’ananas flambé au cognac. On choisira de manger ce magnifique framboisier pour le goûter. Le seul mauvais goût de ce frigo est la bière. Mais bon c'est l'Amérique : alors forcément...

    Il n'y pas de fioriture dans ce frigo, c'est un frigo de week-end. Juste de la nourriture posée et qui doit être dévorée dans les plus brefs délais. C'est bien pour cela que nous n'avons pas de plan sur la porte du frigo. Rien à faire des condiments : il n'y en a pas. Pas de vieux pot de cornichons entamé, pas de ketchup, pas de moutarde aux quatre saveurs et encore moins de sauce soja périmée.

    Le récit saignant tant pour l'âme que pour le corps est en route. Bon, je vous laisse : j'ai faim.

    ODF

    Jessie, thriller de Mike Flanagan
    avec Carla Gugino et Bruce Greenwood
    États-Unis, 2017, 103 mn

    Voir aussi : "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    "Jessie Frigo"

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