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Un premier opus est souvent un autoportrait. Celui d’Axel Zimmermann, Exister, ne déroge pas à la règle. Dès les premières mesures, dans un morceau qui donne son titre à l’album, l’artiste s’y dévoile avec sincérité et dans un son pop-rock : "J’voudrais sentir ce que ça fait d’avoir le frisson de l’excès / D’avoir une vie, une vraie", Exister). L’impression d’étouffer dans une existence morne et grise trouve sa réponse dans l’extrait suivant, Justine, dans lequel Axel Zimmermann, sur un rythme envolé, se félicite d’être sous l’emprise d’une drogue planante et bien vivante : "Je suis comme sous morphine, / Je suis sûr, je suis sous Justine").
Comment vivre vraiment sa vie ? C’est la question centrale de cet album. Axel Zimmermann interroge son propre art tout autant que la vanité de nos existences et le temps qui passe (Rien n’a changé). Le titre plus léger, l’estival et dansant Summer Santana, cache mal un album sobre et sombre, imaginé par l’ancien guitariste métalleux du groupe BlackRain. Le titre Buy n’Obey, l’un des meilleurs sans doute de l’opus, fait d’ailleurs la part belle aux riffs de gratte dans un morceau où le chanteur ne cache, là encore, ni son mal-être ni son amertume face aux faux-semblants, y compris dans les relations humaines et amoureuses ("Il faut se faire adopter pour avoir ton numéro / La seule chose qu’on te donne, c’est du mauvais porno").
Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles
L’auditeur sera sans doute attendri pas cette singulière page de tendresse qu’est La reine du Queen. Il y fait le portrait d’une artiste de la nuit, avec sincérité, sensibilité et sans cacher la noirceur de ces existences festives et nocturnes : "Elle n’est plus si fraîche, quant au petit matin / Elle retrouve un lit vide, personne pour lui tenir la main / Elle veut se persuader qu’elle s’est bien amusée / Elle finira quand même par pleurer dans son oreiller".
"N’abandonne jamais tes rêves d’enfant", chante-t-il encore dans le très joli titre Mon père m’a dit qui est aussi un remerciement et un hommage à son paternel ("Je peux lui dire merci").
Artiste sans fard et brut, Axel Zimmerman sait se dévoiler avec grâce, à l’instar du formidable Une fleur en hiver, une déclaration touchante à une femme partie mais que le chanteur ne veut pas oublier : "Mais moi, j’y croyais, à tes yeux clairs / Mais toi, tu te fanais, comme une fleur en hiver". Il y a aussi cet autre portrait tout autant attachant, celui de son enfant (Petit rubis).
Exister se termine ainsi, sur des notes personnelles, comme si la vanité du début de l’opus laissait place à l’essentiel : les proches, la famille et les êtres que l’on aime. Rien ne s’éternise, le dernier titre est d’ailleurs un autre portrait, celui d’un homme simple et ordinaire, le propre grand-père de l’artiste. Un dernier hommage en forme d’apaisement.
Partons à la découverte d’Yves-Marie Bellot. Après Grand Plongeoir, il nous revient avec son nouvel album, Corps silex. On entre dans son univers en douceur. Sa chanson française se déploie avec une belle élégance et grâce à une facture acoustique de bon aloi.
Yves-Marie Bellot, troubadour de notre temps, entend nous ouvrir les yeux sur notre époque et notre mal-être. Il y a un "problème" comme il le chante dans le premier titre de l’opus : "Ce n’est pas ta lenteur le problème mais tes incohérences". Il met en garde contre les pièges de notre société et à ses illusions ("Encore une dose, encore une dose, encore une dose…" (Le problème).
Dans Joli songe, l’artiste s’interroge sur une rencontre et un amour inexplicable : "Serais-tu mon amour ou pas ? Je ne connais ni ton nom ni le son de ta voix". Là encore, c’est l’ultra-moderne solitude qui est coupable : l’incommunicabilité et l’écran tactile qui est pour beaucoup devenu l’unique moyen de rencontre ("Tes doigts glissent, soli songe, sur ton écran tactile, absorbée parce fil qui défile quand moi je t’envoie des signes", Joli songe).
Loin des artifices modernes, Yves-Marie Bellot entend revenir vers le cœur de l’humain : la rencontre, la tendresse, les souvenirs, la nostalgie et finalement l’amour (Nos plus beaux souvenirs).
Le silex, cette matière peu noble mais néanmoins essentielle dans l’histoire de l’humanité, devient un symbole fort : les corps vivants, l’authenticité et finalement l’amour ("Laisser place au feu de nos deux corps silex").
Filles "cabossées"
Yves-Marie Bellot croit en l’aventure de l’amour, même pour ces filles "cabossées" et "légèrement abîmées" (le souriant titre Julie). Le risque sentimental, il faut le prendre et ne pas le regretter, comme il le chante dans la belle déclaration Collée contre moi : "C’est toi que je veux maintenant collée contre moi".
C’est sur du rock blues que le chanteur doute d’un amour et parle d’une relation biaisée, pleine de non-dits douloureux. L’amant n’en est pas dupe : "Tout se sait, tout se sait, tout se sait, un jour ou l’autre. Je le sais, je le sais, je le sais, qu’il y en a un autre" (Tout se sait). Ses yeux sont ouverts sur une relation bientôt amenée à se dissoudre.
Yves-Marie Bellot se fait sage et philosophe dans cet autre morceau, Sans peine pas de victoire. Oui, réussir est difficile malgré beaucoup d’efforts. À quoi bon ? Pour autant, pas de quoi désespérer, dit-il à son interlocuteur, "petit homme plein de courage" : "Attends encore. Laisse le temps changer le plombe en or".
Du temps, il en fait aussi pour une histoire d’amour, la faire durer, y croire, continuer à se plaire. C’est le sujet du très joli titre Des nœuds. Il le répète en guise de conclusion : "Faire de notre mieux ce n’est pas assez si pour nous deux c’est pas s’parler et faire des nœuds qu’on ne dénouera jamais".
Et si cela ne marche pas ? Dans Les étincelles éternelles, lucide, Yves-Marie Bellot fait le constat de la cruauté de "la fin d’un amour". L’artiste n’est pas dupe qu’il ne sert à rien d’écrire des poèmes, de beaux discours et mettre "les formes". Quand c’est mort, c’est mort.
Une fois parti, est-il possible de positiver ? Non, chante Yves-Marie Bellot, on a beau dire que "ça va aller", en réalité "je vois ce que je perds et seulement ce que je perds". Cruel et inconsolable.
Comment passer l’orage après tout ça ? Dans le duo Après l’orage, Yves-Marie Bellot parle aussi bien des tourments de l’existence, des erreurs, de la solitude dans ces moments de défaite, mais aussi aux futures victoires et à la vie sans "nuages" après l’orage. Une jolie éclaircie pour terminer l’opus, en somme.
Comme chaque année, Bla Bla Blog propose son top 10 des publications phares de cette année, celles qui ont fait le buzz et celles qui sont les plus populaires. Comme souvent, elles sont représentatives de Bla Bla Blog, le site des découvertes culturelles et artistiques. Qu’y trouve-t-on dans ce florilège ? Rimbaud et son actualité poétique autant que technologique (certes très critiquable !), de la musique avec du jazz (très bien représenté) mais aussi Gabriel Fauré dont nous fêtions en 2024 les 100 ans de sa mort. La chanson et la pop ne sont pas en reste, pas plus qu’une série télé que nous avons trouvé formidable ! Et pour épicer le tout, du sexe, avec un roman à ne pas mettre entre toutes les mains… Bref, il y a de tout pour faire un monde, et c’est très bien comme ça.
"Bobbie, c’est l’une des révélations du moment. Mais attention, pas n’importe quelle révélation ! La jeune chanteuse française a puisé dans l’Amérique profonde les sources de son album The Sacred In The Ordinary.
Les influences de Bobby s’appellent Joni Mitchell, Dolly Parton ou Bob Dylan. Un opus en anglais où la pop (Last Ride, Back Home) fait la part belle à la country, à l’instar du morceau Losing You qui ouvre ce délicieux album ou encore le formidable et enlevé The Sacred In The Ordinary qui lui donne son nom…"
"Hervé Sellin propose de nouvelles adaptations jazz dans son Jazz Impressions. Après Debussy, c’est Gabriel Fauré et Maurice Ravel qui ont les honneurs du pianiste français.
L’opus commence par un véritable tour de force. En l'occurrence, Gabriel Fauré et son Requiem en mode jazz, avec une "Introduction" et un "Kyrie", moins funèbre que sombre et mélancolique. On peinera à retrouver l’aspect liturgique de ces premières Impressions. L’"Agnus Dei" sonne comme un chant d’amour paisible, avec des improvisations au piano qui ont toute leur place. Le lyrisme du "Libera Me" originel est plus intimiste et personnel dans cette revisite. Plus paisible aussi. Une vraie libération, aurions-nous envie d’écrire. Les connaisseurs de Fauré et de son Requiem peineront sans doute à reconnaître l’œuvre originale, en particulier dans cet extrait, léger et rafraîchissant…"
"Peu d’instruments sont aussi à la fois élégants et humains que le violoncelle. Et si vous ajoutez à cela un répertoire de la classe de Gabriel Fauré, voilà qui devrait définitivement vous convaincre de découvrir l’album que Pauline Bartissol – au violoncelle, donc – et le pianiste Laurent Wagschal consacrent à l’auteur du fameux Requiem.
En cette année Fauré (le compositeur est mort en 1924), Laurent Wagschal consacre une intégrale de ses œuvres pour piano. Pauline Bartissol le rejoint dans ses enregistrements consacrés au violoncelle et au piano. Au programme, les deux Sonates op. 109 et 117 pour violoncelle et piano et des pièces de musiques de chambre devenues universelles, à savoir la Sérénade op. 98, la célèbre Élégie op. 24, la Romance op. 69, la naturaliste pièce intitulée Papillon op. 77 et la délicieuse Sicilienne op. 78…"
"Qui était vraiment Rimbaud ? Que reste-t-il de lui ? Quelques (vraies) photos, une correspondance et surtout une œuvre brève (Une saison en enfer et Les Illuminations, sans compter de nombreux poèmes en vrac). Pour autant, son importance et son influence sur la littérature est exceptionnelle. Précurseur de la poésie moderne, Arthur Rimbaud a produit une œuvre révolutionnaire avant ses 20 ans. Il abandonne définitivement la poésie en 1875, jusqu’à son décès en 1891 à l’âge de 37 ans.
C’est sur les années 1870-1875 que se concentre la biographie de Luc Loiseaux, Rimbaud est vivant (éd. Gallimard), c’est-à-dire de son premier séjour à Paris – qui se termine en prison – jusqu’au décès de Vitalie, la jeune sœur de Rimbaud. Ce deuil marque aussi la fin de sa carrière littéraire…"
"Une chose est sûre. Mattieu Lavagna et Michel Onfray ne passerons pas leurs vacances ensemble, comme aurait dit un journaliste sportif.
Depuis le temps que le philosophe Michel Onfray truste les plateaux télé et propose sa "bonne parole", il fallait bien que quelques voix discordantes vienne susciter la polémique. C’est le cas avec cette Libre réponse à Michel Onfray proposé par les éditions Artège.
Ce n’est pas un mais plusieurs ouvrages qui intéressent le philosophe et théologien Matthieu Lavagna : Traité d’Athéologie (2005), Décadence, Vie et Mort du Christianisme (2017) et Anima (2023). Le tort de Michel Onfray ? Affirmer que Jésus n’a jamais existé, ni plus ni moins, et que sa vie n’est jamais qu’un mythe. C’est la "thèse mythiste", très ancienne, pour ne pas dire datée. Dès la préface, Matthieu Lavagna cogne, et dur..."
"C’est par une œuvre collective que commence cet enregistrement d’œuvres de Robert Schumann pour violon et piano. La Sonate F.A.E. nous vient de deux figures majeures du romantisme – Brahms (pour le troisième mouvement Allegro (Scherzo) et Schumann pour les deuxième et quatrième mouvements, Intermezzo et Finale.
Le troisième est Albert Dietricht, compositeur du premier mouvement Allegro. Les trois amis écrivent en 1853 cette sonate au nom étrange mais plein de sens : F.A.E. pour Frei Aber Einsam ("libre mais solitaire"). Elle a été offerte cette année-là au violoniste Joseph Joachim. Ce dernier l’a d’ailleurs joué, tout comme Clara Schumann…"
"En ce début d’année, et alors que nous sommes toujours nombreux à trouver une bonne série à se mettre sous les dents, pourquoi ne pas se tourner vers la télévision publique ? La série Sambre avait, à juste titre, suscité l’enthousiasme. L’une des meilleures de 2023, osons le dire. Bla Bla Blog en avait parlé. Voilà une autre qui mérite tout notre intérêt.
Elle se nomme Les Invisibles et se présente comme une passionnante saga policière. Nous suivons un groupe de quatre enquêteurs du Nord, sous la direction du commandant Darius. Il est secondé par l’expérimentée et râleuse Marijo, la jeune lieutenant fraîchement recrutée surnommée Duchesse, sans oublier Ben, un autre lieutenant, père de famille exemplaire capable de jouer des poings en cas de besoin.
Ces quatre-là ont une semaine pour identifier des morts anonymes, surnommés des "invisibles". Une chasse à l’identité qui devient vite une course à l’assassin..."
"Attention, voici un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains. Plurielles, paru aux éditions Tabou, est un roman qui nous transporte vers un milieu peu courant, celui du BDSM.
Son autrice, Éva Delambre fait partie de ces noms fameux de la littérature érotique, jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle interroge des thèmes de la soumission et de la BDSM.
Plurielles nous propose une plongée plus vraie que nature dans un milieu vivant dans la discrétion.
Éva Delambre en profite pour le désacraliser et de le faire découvrir, parfois dans toute sa crudité…"
"Lorsque la chanson française se pare de jazz, ça donne A French Songbook, un album du Antoine Delaunay Quintette, un ensemble mené par Antoine Delaunay, avec la chanteuse Mélanie Dahan en vedette, Gilles Barikosky au sax ténor, Marc-Michel Le Bévillon à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie.
L’opus commence dans le mystère et la mélancolie avec la reprise des Passantes le classique de Brassens, sur un air de jazz épuré, chanté par Mélanie Dahan, une vraie revisite jazz. "Je veux dédier ce poème / À toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets".
On sera sans doute un peu plus décontenancée par cette Jolie Môme, moins espiègle que la version de Léo Ferré. On a là une promenade germanopratine et joyeuse propre à autant éclairer les cœurs que la Jolie Môme originelle, avec en plus les improvisations d’Antoine Delaunay…"
Eva Marchal c’est d’abord une voix fragile qui délivre pour son nouvel album, 88, ses confidences, ses interrogations sur le temps qui passe et sur l’amour. À l’instar du premier titre Je plane, avec une économie de mots, elle parle de mal-être, de mal de vivre et finalement de réconciliation avec soi-même : "Comme les nuages ont de beaux costumes / C’est là devant moi sur écran géant / Les chaos de mon âme se consument / J’ai laissé venir, il était temps de grandir". La chanteuse fait le constat d’un apaisement qui vient finalement, avec le temps : "Laisser-aller au gré du vent / Tous mes tourments / Se sont envolés" (Je plane).
L’auditeur sera sans doute touché par Cigarettes de papier qui fait de souvenirs nostalgiques, simples et touchants, le portrait d’une femme qui a finalement fait ce qu’elle a pu ("Mais tu te dis que tu as fait / Ce que tu as pu / Tes rêves ont bien combattu / Au-delà de tes espérances"), avec des cigarettes de papier en guise de talisman.
Le temps qui passe et l’amour fragile semblent être le fil conducteur de cet opus. Or, ce temps qui passe n’est pas évoqué dans toute sa cruauté mais avec une forme de sagesse. Eva Marchal chante, sur des paroles de Sophie Brugeille : "J’voudrais être vieille / Et pleine de rires / Avec une bouche qui garde / Le goût des souvenirs", mais pas trop vite cependant : "Donne moi le temps d’aimer / Donne moi le temps d’oser / Défier le temps Satan" (J’voudrais être vieille).
"Rien que toi dans ma ligne de mire / Je te salue la liberté"
Pas si sage que ça, la chanteuse parle d’amour, même s’il est brut et sans concession : le titre pop en anglais Crush, franchement emballant, est une déclaration ("I dare to play at love, I’m just playing / I want to break away and set you free / I’m a lover, I’m a lover"), sans fard et même brutal ("I will share a car with you / I’ll even crush that car / Crush that car").
Femme libre, l’artiste parle de "Règles du jeu / Pour ne pas paraître trop vieux" pour garder intact un amour et un couple passionné (On s’est gardés). Mais sommes-nous pour autant à l’abri de la lassitude, de l’épuisement et de la morosité ? ("Es-tu happy ou sad? / Dis, sommes-nous crazy now, dis ? / Derrière ton visage emoji / Au bal des faux semblants / Es-tu toujours / Encore celui d’avant?", Sans Emoji).
Dans la ballade Peine perdue (paroles de Sophie Brugeille), c’est un amour disparu que pleure la chanteuse. Le deuil sentimental qu’elle constate est aussi le début d’une reconstruction : "Aujourd’hui, j’ai la force de voir plus loin que toi / Là je sens que j’amorce un long chemin vers moi". La voix à fleur de peau et presque enfantine d’Eva Marchal se fait onirique dans cet extrait mêlant chanson et électro-pop. L’amer parle aussi de départ et de séparation : "Garde le ton amour / La mer l’a emportée / La mer te le renvoie / Avant que je ne me noie".
Le titre Who I Am évoque une rencontre bouleversante avec son père biologique, teintée de quête d’identité. Quant au morceau Tu regagnes le port, c'est une chanson poignante sur Alzheimer et la peur d’oublier ceux qui nous sont chers.
Eva Marchal est comme ça, à la fois femme libre et amoureuse passionnée capable de s’aliéner dans le désir ("Viens avec ingéniosité / Hacker mon cœur / Viens l’apprivoiser / Déverrouiller ses arcanes / Raviver dedans ce qui se fane", Hacker mon cœur). Mais lorsque l’on est quittés, quelle douleur ! Elle chante la séparation douloureuse ("Alors je me raccroche / Dès que tu regagnes le port / Je me raccroche / Dès que tu regagnes le port / Je t’agrippe fort", / Tu regagnes le port) mais aussi l’impossibilité de se dire vraiment adieu (Other shore).
L’auditeur sera sensible à cet autre titre en anglais qu’est la vibrante déclaration This Woman’s Work. L’influence de Kate Bush est évidente dans cette jolie ballade à la facture eighties.
Finalement, Tout roule, chante Eva Marchal en conclusion de son très bel album. Ce titre nous renvoie à des souvenirs d’enfance et aux courses insouciantes en bécane, comme une allégorie de la vie et du temps qui passe. La chanteuse a ces mots magnifiques qui résument tout l’opus : "Rien que toi dans ma ligne de mire / Je te salue la liberté".
Vanessa Philippe dévoile cet automne son dernier clip, Je cours devant, le sixième extrait de mon album, L'amour c'est chiant. La chanteuse s’offre le luxe de réaliser ses propres clips. Bien lui en a pris. Sa démarche, son "univers DIY" (fait à la maison), comme elle le dit, lui a valu plusieurs distinctions dans des Festivals Internationaux, notamment pour L’amour c’est chiant qui a remporté le prix du “meilleur clip pop” à Los Angeles.
Cette fois, c’est le garage de ses parents qui sert de décor à l’artiste. Le climat claustrophobe du clip sert bien les paroles d’une chanson qui parle du "temps qui passe", de l’absurdité de l’existence et du fait que "tout fout le camp".
Ambiance, ambiance. Avancer, courir malgré tout. Voilà le propos de Vanessa Philippe qui constate plus qu’elle ne prône la fuite en avant.
On reconnaît son électro-pop efficace et sa voix fragile, des atouts certains pour cette artiste complète et formidable.
On est heureux de retrouver le duo Kaori après trois ans d’absence. Ils débarquent cette fin d’année avec leur troisième opus, Dans l’attente d’un signe.
On les avait laissés avec leur lumineux album À Ciel ouvert. Les guitaristes proposent avec cette nouvelle publication un savant mélange de chansons françaises (Rue Marquet), de blues (Tu donneras ton chèque), de sons jazzy (le magnétique instrumental Un soir à Yaouhé) et de rythmes venus d’ailleurs (Femme, ô femme).
Il y a pourtant un je ne sais quoi de nostalgie et de mélancolie, à l’instar du titre qui donne son nom à l’album ("Envolée l’illusion / Enfouis les faux-semblants, / Sous les sables du temps, / Nos semelles de plomb / Nous collent à la terre / Retiennent nos prières"). Sans propos virulents, presque avec douceur, le groupe Kaori chante la fuite du temps, les rêves enfuis, sans pour autant appeler à baisser les bras ("Cueille au creux de ta main / Tes songes les plus clairs / Laisse-les flotter dans l’air", Dans l’attente d’un signe).
Oui, les musiciens ont beau parler et chanter comme deux sages remplis d’expériences (La parole des vieux), ils laissent la porte ouverte aux belles âmes humaines, à la générosité et à l’amitié – ils en savent quelque chose (Les chemins de la vie).
Belles âmes humaines
L’amour a aussi sa place dans ce bel album qui sait si bien réchauffer les cœurs en cette saison morne à tout point de vue. C’est la jolie déclaration d’amour et le singulier hommage féministe qu’est le jazzy Femme, ô femme. N’oublions pas non plus cet appel au carpe diem et à la jouissance sans entrave (Forçat de plaisir). C’est aussi Ma belle Ilienne qui nous transporte, y compris dans les sons, du côté de la Nouvelle-Calédonie dont sont originaires les deux musiciens. Une nostalgie pour la Nouvelle Calédonie exprimée encore dans Le ciel de mes rêves : "Je veux tant / Vivre aux îles où si peu est important, / Dans l’éternel été". On les comprend.
Le Kanak Alexis Diawari et le descendant de bagnard Thierry Folcher proposent là un exemple d’album généreux (le joli morceau mêlant blues et sons traditionnels, Se tendre la main) et proposant un message humaniste en faveur du dialogue, des mélanges, de l’optimisme envers et contre tous, bref de la liberté ("Je suis un homme libre : / Mon seul maître est le vent, / Je ne pense qu’à vivre / Et oublier le temps / Si tu crois qu’par esprit de lucre / J’vais faire le beau pour un su-sucre / … Tu peux garder ton chèque !", Tu donneras ton chèque).
On sort de cet album en passant par la Rue Marquet, jazzy à souhait. Bonne humeur et sourires assurés par un groupe qui a fait le choix de la vie.
Kaori sera en concert le jeudi 14 novembre au Sunset à Paris.
L’amoureux du jazz qu’était Claude Nougaro n’aurait pas craché sur ces revisites d’Yvan Cuijous et Louis Winsberg. Leur projet musical, 1 Voix, 6 Cordes, maintenant sur disque, c’est 10 chefs d’œuvre de Nougaro, du "Cinéma" à "Toulouse", en passant par "Armstrong", " À bout de souffle" ou "Cécile ma fille".
Pour cet album hommage, Yvan Cujious et Louis Winsberg se sont entourés de featurings prestigieux – et parfois locaux. Francis Cabrel vient chanter "Cécile ma fille", gardant la douceur et la tendresse de la version initiale. Thomas Dutronc rejoint Yvan Cujious et Louis Winsberg pour une jolie version colorée et jazzy d’"Armstrong". Anne Silla s’empare, quant à elle, de "Rimes", un titre moins connu du poète et chanteur toulousain. L’auditeur y découvrira une superbe œuvre que magnifie la voix veloutée de l'une de nos meilleures chanteuses du moment.
Les Toulousains Big Flo & Oli ne pouvaient pas être en reste
L’auditeur découvrira ou redécouvrira "La pluie fait des claquettes", visitée avec un joli naturalisme et avec presque rien : des cordes pincées et une rythmique jazzy, donnant du lustre et une nouvelle lecture de la version originale. "Dom Juan" fait, de son côté, le pari de l’humour et de la légèreté. "Pour "Le jazz et la java", c’est le nom de Django Reinhardt qui vient en tête. Yvan Cujious & Louis Winsberg reprennent avec émotion "Une petite fille", sans toutefois la même noirceur et le désespoir originels de Claude Nougaro. La virtuosité demandée pour ces revisites est évidente, à l’instar de la belle énergie de "À bout de souffle".
Les Toulousains Big Flo & Oli ne pouvaient pas être en reste et c’est bien évidemment le tube "Toulouse" que les deux rappeurs interprètent pour clore l’opus. Le duo n’abandonne pas leur style urbain et rap. Ils offrent à Nougaro une déclaration d’amour slammée résolument moderne et s'écartant beaucoup de la version connue. La mélodie de "Toulouse" est gardée mais le texte original est abandonné. Une autre manière de rendre hommage au Grand Claude.
Partons à la découverte de Margot Cavalier, une nouvelle voix de la chanson française. Elle est en mano à mano avec Trash Candide pour un joli titre justement intitulé Mano.
Commençant comme un triste constat ("Regarde un peu Mano comme tout a glissé de nos mains dans le vent / Tout était presque beau tout s’est envolé tout a foutu le camps / Maintenant faut que j’respire j’te foutrai pas sur la gueule et tant mieux / Ça pourrait être pire et tu sais dans le fond j’suis pas vraiment mieux"), cette chanson portée par la voix délicate de Margot Chevalier entend ne pas se résigner. Oui, les coups durs et les échecs existent mais il souffle cependant un vent d’optimisme et de joie sur ce joli titre.
Margot Cavalier ne prétend pas refaire le monde mais, plus modestement, inviter à la reconstruction, aux petits bonheurs et au pardon pour un avenir meilleur ("Tout ce que l’on fera de beau, tout ce que l’on fera de beau / Le cœur détendu écrire nos vies un tas d’histoires"). C’est peu mais c’est déjà beaucoup.