Musique ••• Chanson ••• Eva Marchal, 88
Une louve pour l’homme
Revenge est sorti en 2017. Si je vous parle de cette date c’est qu’elle est capitale pour comprendre le contexte d’un film sorti l’année du déclenchement de l’Affaire Weinstein et le début du mouvement féministe MeToo.
Revenge se présentait pourtant comme un film d’action de série B, avec son lot d’hémoglobine, de cris, de scènes à réserver à un public averti, et avec pour intrigue une femme décidée à se venger suite à un viol.
Jennifer, jouée par l’Italienne Matilda Lutz, a accepté un week-end en amoureux avec son amant Richard, marié, chef d’entreprise, et profitant de sa villégiature en plein désert pour roucouler. Mais il est rejoint par deux amis qui s’invitent chez lui. Après une soirée bien arrosée, Richard part quelques heures laissant Jennifer seule dans la maison. Ou pas tout à fait seule : un des deux impromptus la viole. Les trois amis décident de cacher l’agression et de se débarrasser d’elle en plein désert. Mal leur en prend : ils n’en ont pas fini avec elle, bien décidée à se venger.
Matilda Lutz, impeccable dans le rôle d’une Némésis moderne
Revenge, derrière un scénario hyper basique et très efficace, est bien plus malin qu’il n’y paraît. On doit à sa réalisatrice Coralie Fargeat de se servir d’un film d’action pure pour asséner quelques messages, ce qui a fait que Revenge a marqué les esprits.
Précisons l’univers de ce film. Il a beau se dérouler de nos jours, il reste universel : pas de lieux défini – un désert et une maison luxueuse – et pas de noms pour les personnages – seulement des prénoms. Que sait-on d’eux ? Pas grand-chose. Ils sont réduits à des corps et de vagues identités : une femme fatale – dans tous les sens du terme – rêvant de célébrité et trois quadras, chefs d’entreprise, à l’origine indéfinie. La symbolique est d’autant plus forte que le spectateur a des doutes quant aux péripéties de la victime. C’est là sans doute que Revenge revêt un aspect fantastique, pour ne pas dire mythologique : une vengeance impitoyable s’abat sur ces hommes qui ont osé souiller et abuser une innocente.
Drame antique, récit d’action et sanglant ou film engagé à l’heure du retour du féminisme ? Un peu de tout cela à la fois. Avec une scène finale de tuerie jouant la carte de l’humour noir et du grand-guignol.
Revenge est à découvrir, si ce n’est pas déjà fait. Citons enfin Matilda Lutz, impeccable dans le rôle de cette Némésis moderne, car si l'homme peut être un loup pour l'homme, la femme peut être une louve.
Revenge, action et horreur français de Coralie Fargeat,
avec Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe et Guillaume Bouchède, 2017, 108 mn, Canal+
https://www.mesproductions.fr/revenge
https://www.canalplus.com/cinema/revenge/h/9541427_40099
Voir aussi : "Qu'as-tu vu ?"
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