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démocratie

  • Gaffe aux Gafam

    Voilà un essai a priori intimidant et peu sexy mais qui s’avère être d’une lecture à la fois stimulante – si l’on met toutefois de côté le vocabulaire parfois obscure ("Tryptique", "MétaStructure", "InfraSystème", etc.) – et qui donne à réfléchir sur notre horizon technologique, lorsque les outils ne sont pas carrément chez nous ou dans notre poche.

    L’auteure de Technopolitique, comment la technologie fait de nous des soldats (éd. Seuil) se nomme Asma Mhalla. C’est une grosse tête, chercheuse au CNRS, enseignante dans les écoles les plus prestigieuses (Columbia GC, Sciences Po et l’École Polytechnique) et accessoirement chroniqueuse. N’en jetez plus.

    Dans son essai Technopolitique, sorti il y a quelques semaines, l'auteure propose un tableau global sur le poids des nouvelles technologies (intelligence artificielle, drones, satellites, réseaux sociaux, notamment) et sur les dangers des grandes entreprises qui les exploitent (les fameux Gafam, mais pas que).

    Le cœur de cet essai ne porte pas tant sur les évolutions technologiques ("technologie totale", "hypervitesse", "information totale"), un peu trop banalisés comme le regrette l’auteure, que sur l’impact de ces outils et robots sur la souveraineté des États et sur la démocratie. 

    Ce tableau de la technopolitique, ces technologies mises au service de la politique, de la diplomatie ou de la géopolitique, fait peur

    On pourrait s’attendre à découvrir un ouvrage qui pointerait du doigt l’hyperpuissance de grandes entreprises, telles Meta, Google, SpaceX, Tesla, OpenAI ou Palantir pour parler d’une société moins connue. Pas si simple. Car si ces "BigTech" sont bien une menace pour la souveraineté des États, Asma Mhalla met en balance le poids des "BigState", avec les États-Unis et la Chine en tête.

    "Comment la technologie fait de nous des soldats", dit le sous-titre de l’essai. Une phrase est évidemment forte et parlante. Avec la déflagration de l’intime à cause des réseaux sociaux, sujet largement étudié, l’auteure met en garde contre les dangers de voir les citoyens des démocraties – et a fortiori des pays dictatoriaux, Chine et Russie en tête – devenir "militarisés" à leur dépend.

    Ce tableau de la technopolitique, ces technologies mises au service de la politique, de la diplomatie ou de la géopolitique, fait peur. Asma Mhalla n’oublie pas l’intelligence artificielle, pas si nouvelle que cela. Elle décrit les dangers de cette technologie surtout du point de vue militaire. La "militarisation du monde" est ce qui peut inquiéter le plus dans cet essai passionnant. La Chine et les États-Unis font figure de "BigStates" appelés à dominer le monde, voire à s’affronter ("hyperguerre"), avec une Europe au milieu, bien faiblement armée.    

    Alors, sommes-nous foutus ? Asma Mhalla termine son essai par plusieurs notes d’espoir. Il faut "armer cognitivement le citoyen" appuie-t-elle avec conviction, afin d’échapper à une militarisation des esprits, et pour que la démocratie puisse se régénérer. Et continuer à vivre. 

    Asma Mhalla, Technopolitique, Comment la technologie fait de nous des soldats,
    éd. Seuil, 2024, 288 p.

    https://www.seuil.com/ouvrage/technopolitique-asma-mhalla/9782021548549
    https://www.instagram.com/asma.mhalla

    Voir aussi : "Regarde de tous tes yeux, regarde"

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  • Anatomie d’un instant

    essai,confrérie,javier cercas,espagne,espagnol,franco,franquiste,putsch,1981,histoire,juan carlos,roi,royauté,démocratieLe 23 février 1981, dans la toute jeune démocratie espagnole à peine sortie de 40 ans de dictature franquiste, un groupe de militaires nostalgiques du Caudillo, prend en otage les députés du parlement espagnol. C'est le début du premier coup d'Etat médiatisé de l'Histoire qui va tenir en haleine des heures durant le monde entier.

    L'intervention ferme du jeune roi d'Espagne à la radio et à la télévision sonne la fin de cet événement fondateur de la démocratie espagnole. Javier Cercas conte avec minutie le putsh du lieutenant-colonel Tejero et de ses complices. Pourtant, le véritable intérêt de cette chronique est de suivre les principaux protagonistes et le chef du gouvernement Suarez en tout premier lieu. Très contesté, le premier chef de gouvernement de la démocratie espagnole - celui-là même qui l'a l'imposée quelques années plus tôt - s'apprête, le jour du coup d'Etat, a être démis de ses fonctions.

    Le putsh va être l'occasion pour lui d'un dernier coup d'éclat : malgré la menace des armes des conjurés, il est l'une des trois personnes à refuser de se coucher, les deux autres étant le général Mellado, vice-président du gouvernement et Santiago Carrillo, secrétaire du parti communiste espagnol : trois personnages contestés dans leur propre camp et figures héroïques ce soir du 23 février 1981. Un essai dense et passionnant qui se termine par un appel émouvant à la réconciliation et par l'hommage d'un fils à son père.   

    Javier Cercas, Anatomie d’un instant, éd. Actes Sud, 2013, 405 p. 
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/03/08/20579813.html
    https://www.actes-sud.fr

    Voir aussi : "La Scandaleuse histoire de Penny Parker-Jones"

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