En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Il y a moins d'un an jour pour jour, le 6 janvier 2021, les États-Unis sombraient dans un chaos de plusieurs heures. Le genre d’événement qui peut faire basculer un pays tout entier. Il est vrai que tous les ingrédients étaient là pour faire exploser l'Amérique, au bord de la crise de nerf : un Président populiste, Donal Trump, utilisant jusqu’à plus soif fake news, provocations et appels à destination de militants survoltés, des élections quelques mois plus tôt qui avaient donné pour vainqueur un candidat démocrate, Jo Biden, après quatre années d’une Présidence décriée, un pays sur-armé et une passation de pouvoir sous très haute tension. C'est l'objet du documentaire Insurrection : 4 heures au Capitole.
Le 6 janvier 2021 était la date fixée par le Congrès américain pour valider les élections, habituellement une formalité pour une constitution américaine solide. Or, ce jour-là, Donald Trump organise un meeting de ses partisans qui a pour but de mettre un coup de pression sur les Parlementaires et reprendre la main : à savoir, faire invalider les élections et poursuivre son mandat.
Rapidement, la manifestation orageuse devient franchement menaçante : des centaines de militants trumpistes, massés autour du Capitole, entrent dans le bâtiment fédéral. La capitale américaine retient son souffle pendant les quatre heures que dure cette occupation par des citoyens ordinaires, galvanisés par le discours de leur leader. Ce sont ces quatre heures que décrit le documentaire de Jamie Roberts.
50 policiers luttant contre 15 000 manifestants
Le film retrace minute par minute ce que l’on peut qualifier rétrospectivement comme un putsch qui aurait pu changer radicalement le visage de l’Amérique et du monde. Grâce à des images tournées par les manifestants pour les réseaux sociaux, aux vidéos des policiers et des caméras de surveillance, aux reportages télé et à des interviews de politiques, de fonctionnaires, de policiers et d’insurgés - la plupart arrêtés après coup - le spectateur revit ces quatre heures qui ont choqué le pays de l’Oncle Sam.
On assiste, effaré, à la désorganisation des forces de sécurité du capitole et à la véritable bataille qui s’est engagée pour bloquer l’accès au tunnel d’accès au bâtiment fédéral. Le sang-froid du bataillon de 50 policiers luttant contre 15 000 manifestants est un des moments forts du reportage.
L’invasion du Capitole constitue, avec ces hordes de militants plus ou moins illuminés, l’autre moment phare du récit, avec notamment la figure du "chaman" et sa coiffe de bison. L’insurrection fait parfois figure de kermesse improvisée, sinon bon enfant, lorsque par exemple a lieu un échange de pétards sous les ors du Capitole. Mais l'invasion du Capitole devient aussi par moment une chasse à l’homme, ce dont témoignent avec émotion une assistante bouleversée de la parlementaire démocrate Nancy Pelosi, recherchée par des militants chauffés à blanc.
Il reste que ce putsch a été, sinon organisé par Trump, du moins encouragé. Ce qui n’a pas empêché l’ancien Président de s’en sortir blanchi, à défaut d’avoir pu profiter du coup de force de ces supporters, finalement bien seuls lorsqu’ils sont passés sous les fourches caudines de la justice américaine.
Ce dimanche, M6 diffusera un documentaire exceptionnel réalisé par le multi primé William Karel.
Avec son film Le Monde selon Trump, le cinéaste propose un éclairage intransigeant sur le 45e Président, que les électeurs américains vont réélire ou non, le 3 novembre prochain.
L’homme d’affaire et chef d’état républicain et populiste, candidat à sa propre succession, est lancée dans une course contre son concurrent Joe Biden pour l’emporter sur une élection que tous les observateurs considèrent comme capitale pour le pays… et aussi dangereuse pour la démocratie américaine.
Dans quel état Donald Trump laissera-t-il son pays après quatre années d'un mandat déjà marqué par un nombre incalculable de décisions ubuesques, de scandales et de tweet rageurs ? Le plus imprévisible des dirigeants de l'histoire des États-Unis pourra-t-il être réélu ?
Intransigeant
William Karel retrace quatre années d'une présidence hors-normes qui a laissé l'Amérique profondément divisée. Pour raconter Donald Trump au pouvoir, de l'intérieur, William Karel a interviewé plusieurs de ses anciens proches collaborateurs, comme John Bolton, ex-conseiller à la sécurité nationale, et Anthony Scaramucci, ex-directeur de la communication de la Maison-Blanche, mais aussi des journalistes vedettes qu'il a pris pour cible dans sa croisade contre la presse. Le réalisateur a également rencontré des psychologues et des psychiatres qui ont étudié la personnalité de Trump et aussi les responsables sanitaires, une militante de Black Lives Matter et un pasteur évangélique qui, lui, le soutient sans réserve.
William Karel (Le Monde selon Bush, Opération Lune ou Poison d'avril) propose au final un portrait engagé, implacable et sans concessions sur le plus controversé des présidents américains, à quelques jours d'une élection décisive pour l'avenir des États-Unis.
L’actrice américaine (Scream, Le Dahlia noir ou la série Charmed), en dénonçant Harvey Weinstein pour agressions sexuelles, a provoqué cette révolution féministe qu’est #MeToo et #Balancetonporc.
Depuis, celle qui dit avoir toujours su qu’elle aurait un destin exceptionnel, a abandonné Hollywood qu’elle considère comme une secte (et Rose McGowan s’y connaît, elle qui a grandi dans la secte des Enfants de Dieu avant de s’en sortir) et vit aujourd’hui à Londres. Ruinée, ayant abandonné toute idée de revenir au cinéma comme comédienne, elle continue son combat et a été élue "homme de l’année" par le magazine "masculin" GQ, tout en se préparant au procès du siècle contre Harvey Weinstein.
Le magazine Society du mois de septembre propose une interview exceptionnelle de Rose McGowan (mais aussi, dans le même numéro, du procureur Cyrus Vance Jr. et de Benjamin Brafman, respectivement procureur et avocat dans ce procès).
Rose McGowan, "homme de l’année" par le magazine "masculin" GQ
Il faut absolument lire cet entretien réalisé par Hélène Coutard et Lucas Minisini pour découvrir une femme à la combativité intacte, et soumise à des pressions considérables pour la faire taire : "Si je voulais, je pourrais faire cramer Hollywood," dit-elle, consciente aussi que son combat qu’elle mène maintenant en Europe ("Je [m’y] sens beaucoup mieux") est devenu un mouvement de fond planétaire en faveur de la cause des femmes. Celle qui s’est lancée dans la réalisation depuis quatre ans (plusieurs courts-métrages, dont Heresy, sorti en 2016) considère que l’élection de Donald Trump – qui a été aussi le triomphe de la misogynie – a rendu possible le déclenchement de #MeToo.
La pugnacité de Rose McGowan dans cette affaire Weinstein et son combat dans un mouvement féministe révolutionnaire nous fait dire que l’Académie Nobel serait bien inspirée de lui décerner un Prix Nobel de la Paix. Ce serait aussi la plus belle des réponses de l’académie norvégienne après des accusations de scandales sexuelles au sein de la vénérable institution. Rose McGowan, Prix Nobel de la Paix 2019 : voilà une récompense qui ferait date. Ce serait aussi d'une très grande classe.
"Un idiot entouré de clowns" : c’est le punchline en quatrième de couverture de l’essai qui a déstabilisé la Maison Blanche de Donald Trump. C’est à Michael Wolff, écrivain et journaliste américain que l’on doit Le Feu et la Fureur (éd. Robert Laffont), véritable réquisitoire contre le Président américain populiste, arrivé au pouvoir il y a à peine deux ans, à la surprise générale.
Parlons justement de cette prise de pouvoir. Le 8 novembre 2016, Trump et son équipe s’apprêtent à laisser la Maison Blanche à Hillary Clinton : "Il ne va pas gagner! Ou alors, perdre c’est gagner." Cette défaite annoncée jusque dans l’équipe du candidat républicain sonne en réalité comme un triomphe et un gage de futures victoires : Trump pourrait devenir un véritable martyr politique et asseoir une popularité mondiale, sa fille Ivanka et son gendre Jared Kushner deviendraient des célébrités et permettraient de développer la marque Trump, Steve Bannon, l’idéologue, prendrait la tête du Tea Party et des néoconservateurs et le Parti Républicain retournerait à son fonctionnement habituel après cette parenthèse électorale – un véritable cauchemar pour leurs augustes représentants.
Sauf que rien ne se passe comme prévu : lorsque après 20 heures les résultats tombent, les témoins croisent le futur Président désigné fantomatique. Quant à sa femme, Melania, elle est en larmes, "et ce ne sont pas des larmes de joie." Seul Banon semble être amusé par ce coup de poker incroyable qui voit accéder le plus improbable des candidats à la tête de la plus grande démocratie du monde.
Steve Bannon est paradoxalement le personnage principal du récit vrai de l’accession au pouvoir du néocon "idiot" et arriviste qu'est Trump. Des chapitres entiers sont consacrés à ce véritable aventurier de la politique américaine qui a fait du Président son instrument pour faire triompher ses thèses d’extrême-droite et faire "crever la bulle du ‘gauchisme internationaliste...’"
"Jarvanka"
Un drôle d’instrument en vérité, car Trump se révèle, sans surprise, comme particulièrement retors à comprendre, voire à maîtriser lorsque la diplomatie exige du sang-froid. Le 45e Président américain s’avère être tout aussi atypique dans le paysage politique outre-atlantique que Bannon : capricieux, rancunier, insaisissable et atterrissant dans une Maison Blanche dont il ne comprend pas le fonctionnement.
Autres personnages de cette saga présidentielle : le couple Ivanka-Jared, dénommés "Jarvanka, telle une entité unique. La fille et le gendre de Trump c’est la famille au pouvoir. Ils bénéficient d’un statut à part et de responsabilités étendues. Trump confie même à son beau-fils le dossier du proche-Orient. Vaste défi pour un tel néophyte ; mais Trump ne l’est-il pas lui-même ?
Michael Wolff consacre de longues pages, bien documentées, à l’affaire russe, qui continue d’empoisonner la vie politique américaine. La question brûlante est posée : l’équipe Trump a-t-elle truqué les élections à l’aide des Russes ? La justice et les médias s’engouffrent dans cette affaire d’État. Le scandale pousse Trump à surréagir à coup de colères, de limogeages et de fake news.
Le lecteur français a droit, dans Le Feu et la Fureur, à une véritable plongée dans l’Amérique politique américaine, au point parfois de se perdre au milieu de personnages publics ou médiatiques inconnus de ce côté-ci de l’Amérique. Un index permet, heureusement, de s’y retrouver, et l’on découvre un pays devenu comme fou et sans boussole depuis qu’un con et un néocon a pris la main sur la plus grande démocratie du monde, pour quatre ans – sinon plus.
Au secours : les populistes sont au pouvoir !
Michael Wolff, Le Feu et la Fureur, Trump à la Maison Blanche, éd. Robert Laffont, 2018, 370 p.
America, la revue d’investigation politique, sociale et culturelle sur les USA, a été imaginée et conçue par François Busnel après l’élection de Donald Trump. Ce trimestriel allie enquêtes de fond, textes littéraires inédits, reportages photos, interviews et focus afin de comprendre le visage des États-Unis, toujours traumatisés – ou plutôt "trumpatisés" – après l’accession à la Présidence américaine d’un aventurier de la politique, populiste et inquiétant.
À raison d’un numéro par trimestre pendant quatre ans – à moins que les citoyens américains ne choisissent de donner à l’occupant de la Maison Blanche un second mandat de quatre ans – America se veut le baromètre d’une Amérique que nous ne connaissons finalement pas tant que cela.
Pour son troisième numéro sorti cet automne, un large dossier est consacré au FBI. Cette enquête est particulièrement opportune tant il est vrai que c’est au cœur de cette administration hautement sensible et régulièrement abonnée aux coups les plus tordus (cf. l’assassinat de JFK) que se joue l’avenir politique du président populiste. "Le FBI aura-t-il la peau Donald Trump ?" s’interroge d’ailleurs le magazine en couverture. Julien Bisson en profite pour retracer plus d’un siècle d’histoire de cette agence dominée par la figure quasi impériale de J. Edgar Hoover.
François Busnel reste dans cette Amérique grise avec une interview passionnante de James Ellroy. L’auteur du Dahlia noir ou d’American Tabloid se dévoile en écrivain ambitieux, caustique mais aussi volontiers roublard. Il reste l’artiste sur qui l’on peut compter pour comprendre l’Amérique des années 50 à 70 : "Je vis dans le passé : à Los Angeles entre 1941 et 1972" affirme-t-il, ne dévoilant finalement que peu de chose des États-Unis de Trump.
Tout aussi noire est la chronique de Douglas Kennedy au sujet du film de John Frankenheimer, L’Opération diabolique (Seconds, 1966). C’est encore une fois une Amérique trouble et cynique dont il est question : un "pacte faustien" entre un businessman ordinaire et une entreprise bien décidée à s’offrir les services d’un citoyen au-dessus de tout soupçon , en échange d’une nouvelle jeunesse.
America s’arrête entre autres sur la série Les Simpson, qui fêtera en 2018 sa 30e saison. Bart, Homer, Marge, Lisa et Maggie illustrent les torts et les travers d’une Amérique prise au piège de la société de consommation, de la télévision, de la corruption et d’une foule d’incapables aux commandes d’un pays sans boussole. Les Simpson, série caustique de la Fox, toujours bien inspirée et à la durée de vie exceptionnelle, ne représente pourtant pas, selon Julien Bisson, loin s’en faut, l’alpha et l’oméga de la contestation aux États-Unis : "Si elle se moque de la famille, ce n’est que pour mieux la sacraliser, en tant que valeur cardinale d’une Amérique en plein doute."
Le lecteur d’America pourra enfin découvrir le portrait d’une figure tutélaire de la littérature américaine. Mark Twain est l’auteur d’Huckleberry Finn, le premier grand roman de ce jeune pays : "Toute la littérature américaine vient de ce roman. Il n’y avait rien avant. Il n’y a jamais rien eu depuis" disait Ernest Hemingway à ce sujet.
America est la revue indispensable pour qui veut comprendre les réalités, les turpitudes, les excès et les trumpatismes de la première démocratie mondiale.
Les récits de guerres sont nombreux, beaucoup moins ceux concernant la Guerre de Corée (1950-1953), un conflit oublié et pourtant fondamental dans l’histoire de la Guerre froide. La Guerre de Corée prend une résonance particulière aujourd’hui avec la crise nord-coréenne et les tensions entre le Président américain Donald Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.
Leonard Adreon, ancien lobbyiste puis conseiller auprès de Ronald Reagan, est l’auteur d’un récit sur son passé de soldat pendant la guerre de Corée : Hilltop Doc (éd. BookBaby, non-traduit en français).
Leonard Adreon a vécu certains des pires carnages de la guerre de Corée mais aussi des moments plein d'humanité. Sa description saisissante donne vie à la guerre entre l'armée chinoise et les Marines américains, au cours de batailles faisant rage pour la conquête de collines en Corée. Aide-soignant dans les Marines, Leonard Adreon raconte son histoire, celle d'un jeune homme de Saint-Louis sans expérience médicale mais chargé de sauver des vies au milieu du chaos sanglant de la guerre. Il décrit des scènes sinistres, bouleversantes et parfois comiques des champs de bataille, avec sa propre histoire en arrière-fond – qui est aussi celle de ses erreurs et des vicissitudes de l'armée qui l'ont fait atterrir sur le 38e parallèle.
Leonard Adreon a accepté de répondre à nos questions. Il nous parle de son expérience de vétéran, nous livre sa vision de la crise nord-coréenne et propose des leçons à tirer de la guerre à laquelle il a participé.
Bla Bla Blog : Pensez-vous que la Guerre de Corée soit une "guerre oubliée" ? Leonard Adreon : Oui, la guerre de Corée est une guerre oubliée. Elle était coincée entre la monumentale seconde guerre mondiale et la tragique guerre controversée du Vietnam. Elle a commencé sur le 38e parallèle et s'est terminée sur le 38e parallèle. La perception en Amérique est qu’elle avait lieu au milieu de nulle part et qu’elle n’a rien changé. Les 50 millions de personnes qui ont été sauvées en Corée du Sud seraient en désaccord avec cette perception. BBB : Cette guerre est inconnue par une majorité de Français. Et les Américains ? LA : Ma précédente déclaration répond à cette question sur la méconnaissance de cette guerre par les Américains. BBB : Pourquoi êtes-vous allé à la guerre ? Quel âge aviez-vous ? Le regrettez-vous aujourd’hui ? LA : J'ai été enrôlé à l'âge de 17 ans en 1944. J’ai rejoint les réserves, avant d’être libéré de mes obligations. Puis, j’ai été remobilisé en 1950 lorsque la guerre de Corée a commencé. BBB : Vous parlez dans votre livre de la Dog Company (Compagnie des Chiens) Qu'est-ce que la Dog Company ? LA : Les compagnies marines étaient désignées par des lettres. Ma compagnie était la compagnie D. Elles étaient ensuite surnommées à partir de ces lettres : Able, Baker, Charlie, Dog, et Easy, etc. BBB : Sur quels champs de bataille avez-vous été ? LA : Les champs de bataille étaient les collines et les vallées autour du 38e parallèle. BBB : Pourquoi avoir attendu 60 ans pour raconter votre histoire, et pourquoi avez vous décider de parler maintenant ? LA : J'ai attendu plus de 60 ans parce que quand j'ai quitté la Corée, moi et les membres de mon peloton avons décidé que nous allions mettre l'expérience coréenne derrière nous et passer à autre chose dans nos vies quand nous retournerions à la maison et si nous y pouvions y retourner. J'ai décidé de parler maintenant parce que ma mémoire est claire et précise sur ce qui s'était passé. Par ailleurs, la faculté de l'Université Washington de Saint Louis, où j’exerce dans le cadre de cours d'écriture, a découvert que j'avais fait la guerre et m'a encouragé à écrire un livre. BBB : Quels camarades et amis proches avez-vous perdu là-bas ? Qu'aimeriez-vous leur dire aujourd'hui ? LA : J'ai perdu un certain nombre de camarades de Marines très proches. Je parle d’eux dans HilltopDoc. Je voudrais leur dire qu'après un long silence, j'ai écrit ce livre pour les honorer et que je penserai à eux jusqu'à ma mort. BBB : Pouvez-vous nous parler d'un événement en Corée qui vous a particulièrement touché ? LA : Dans le prologue du livre, je fais référence à Big Mike, un Marine de carrière qui avait survécu aux affreuses batailles d'Iwo Jima [février-mars 1945] pour finalement perdre la vie sur une colline en Corée. Il a succombé après que ses instincts affûtés m’aient sauvé de la mort moi et son équipe de pompiers à cause d’une grenade chinoise. Par la suite, je n'ai pas réussi à le sauver. Je l'ai porté en bas de la colline et j'ai aidé à charger son corps sur un camion, avant son long voyage de retour. Je lui devais ma vie. Cela m’a profondément affecté. BBB : Êtes-vous retourné en Corée après la fin de la guerre ? LA : Non, je ne suis pas retourné en Corée. BBB : Avez-vous parlé à vos enfants de votre expérience de soldat ? LA : Mes filles en ont entendu parler quand j'ai commencé à écrire ce livre. BBB : Qu'aimeriez-vous dire à vos petits-enfants au sujet de votre expérience militaire ? LA : Je veux dire à mes six petits-enfants que la guerre est le pire des règlements lorsqu’il y a un différend entre parties. S'ils lisent Hilltop Doc, ils devraient comprendre le message. BBB : Est-ce que la situation en Corée vous inquiète ? Pourquoi ? LA : Je suis préoccupé par la situation aujourd'hui. À moins que la Chine n'intervienne et que Kim Jon-un abandonne son programme nucléaire en échange d'une garantie de survie de la Corée du Nord, la menace d'une conflagration majeure risque de tuer beaucoup de personnes en Corée du Nord, en Corée du Sud et dans de nombreux endroits d’Asie du Sud-Est, sans compter aux États-Unis. BBB : Pensez-vous que nous pouvons revivre aujourd'hui ce qui s'est passé il y a 60 ans ? LA : Nous ne pouvons pas revivre ce qui s'est passé il y a 60 ans, mais nous pouvons comprendre cet événement. En tout cas, c’est ce que mon livre tente de faire. BBB : Si vous pouviez conseiller le président Trump, que lui diriez-vous ? LA : J'espère que le président Trump épuisera toutes les possibilités de faire pression sur Kim Jong-un, probablement via la Chine, pour mettre un terme à ses programmes nucléaires potentiellement désastreux. Si la Chine ne peut ou ne veut pas le faire, le président devrait chercher un changement de régime. Attaquer la Corée du Nord est un dernier recours désespéré. BBB : Si vous pouviez dire quelque chose au président français Emmanuel Macron au sujet de la guerre de Corée et de la Corée de Kim Jong, qu'est-ce que ce serait ? LA : J'espère que le président français se joindra à d'autres pays du monde pour forcer la Corée du Nord à cesser ses programmes nucléaires intercontinentaux. BBB : Comment pouvons-nous mieux aider les anciens combattants de la guerre de Corée et et des autres guerres ? LA : Les vétérans de la guerre de Corée diminuent en nombre. Je pense que la meilleure chose que nous pouvons faire est de les honorer pour leur service en se souvenant de cette guerre oubliée. Les vétérans, vivants et morts, comme les victimes de la guerre, méritent de ne pas être oubliés et d’être respectés. BBB : Merci pour vos réponses, Leonard Adreon.
The books about wars are numerous, much less those concerning the Korean War (1950-1953), a conflict that is fundamental in the history of the Cold War. We are talking today about this war forgotten because of the North Korean crisis and the tensions between US President Donald Trump and North Korean dictator Kim Jong-un.
Leonard Adreon, a former lobbyist and Ronald Reagan advisor, is the author of a story about his past as a soldier during the Korean War: Hilltop Doc (BookBaby).
As a Marine corpsman, Leonard Adreon saw some of the worst of the Korean War’s carnage and the best of its humanity. His gripping description brings to life the war between the Chinese army and the U.S. Marines as they battled to take the high ground. As a corpsman, Adreon tells the story from the unique perspective of a young man from St. Louis, with no medical background, thrown into the role of saving lives amid the war’s violence. He leavens the grim, emotional, and sometimes ironic battlefield scenes with his background story – of how his own mistakes and the military’s bumbling landed him at Korea’s 38th Parallel.
Leonard Adreon accepted to answer our questions. He talks about his experience as a veteran, tells us his vision of the North Korean crisis and gives some lessons after his military past in Korea.
Bla Bla Blog: Do you think that the Korean War is a “Forgotten War” ? Leonard Adreon: The Korean War is a forgotten war. It was squeezed in between the monumental WW 2 and the tragic, controversial Viet Nam War. It started at the 38th Parallel and ended at the 38th Parallel. The perception in America was that it went nowhere and accomplished nothing. The 50 million people of South Korea who were saved would disagree with that perception. BBB: This war is unknown by a majority of French. What about the Americans? LA: My statement above answers the question about American’s knowledge of the war. BBB: Why did you go to war?" How old were you ? Do you regret it? LA: I was drafted at age 17 in 1944. Joined the reserves when released from service and called back in 1950 when the Korean War began. BBB: You're talking about the Dog Company (Chapter 15) What is the Dog Company? LA: Marine companies were designated by letters. My company was D Company. Companies were called Able, Baker, Charlie, Dog, and Easy etc. BBB: On what battlefield have you been? LA: The battlefields were the hills and valleys in the area of the 38th Parallel. BBB : Why do you waited 60 years to tell tour story, and why do you decide to speak now? LA : I waited more than 60 years because when I left Korea the members of my platoon decided that we were going to put the Korean experience behind us and move on with our lives when and if we made it home. I decided to speak now because my memory was vivid and clear about what happened and the faculty of Washington University of St. Louis, where I facilitate writing classes, discovered that I was in the war and urged me to write a book. BBB : What companions and close friends have you lost there? What would you like to tell them today? LA : I lost a number of close Marine buddies and I have written about them in Hilltop Doc. I would like to tell them that, after a long delay, I wrote a book to honor them and that I will think of them until I die. BBB : Can you tell us about an event in Korea that particularly affected you? LA : In the prologue of the book I make reference to Big Mike, a career Marine who had survived the horrible battles of Iwo Jima [february-march 1945] only to loose his life on a hillside in Korea. He lost his life after his quick instincts saved me and his fire team from death by a Chinese grenade. After I was unsuccessful in saving him, I carried him down the hill and helped load his body on a truck to start his long journey home. I owed him my life. It had a profound effect on me. BBB : Did you return to Korea after the end of the war? LA : I did not return to Korea. BBB: Have you talked to your children about your experience as a soldier? LA: My daughters heard from me about it when I proceeded to write the book. BBB: What would you like to tell your grandchildren about your military experience? LA : I tell my 6 grandchildren that war is worse alternative to settling disputes between people. If they read Hilltop Doc they will get the message. BBB : Does the situation in Korea worry you? Why ? LA : I am concerned about the situation today. Unless China steps in and causes Kim Jon-Un to give up its nuclear program in exchange for a guarantee by China of North Korea’s survival, there is a serious danger of a major conflagration that will kill many in North Korea, South Korea and, possibly, in many places in Southeast Asia and the United States. BBB : Do you think that we can relive today what happened 60 years ago? LA : We can’t relive what happened 60 years ago, but we can understand it which is what my book attempts to do. BBB : If you could advise President Trump, what would you tell him? LA : I hope President Trump will exhaust all possibilities of pressuring Kim Jong-Un, probably via China, to discontinue his potentially disastrous nuclear programs. If China can’t or won’t do it, the President should seek regime change. Attacking North Korea is a desperate last resort. BBB : If you could say something to french President Emmanuel Macron about the Korean War and the Korea of Kim Jong un, what would that be? LA : I hope the French President will join with other world nations to force North Korea to cease its intercontinental nuclear programs. BBB : How we can better serve veterans of the Korean War and beyond? LA : The veterans of the Korean War are diminishing in numbers. I think the best thing we can do is to honor them for their service by remembering the forgotten war. The veterans, living and dead, and the casualties of the war deserve to be remembered and appreciated. BBB : Thank you for your answers, Leonard Adreon.
Leonard Adreon, Hilltop Doc: A Marine Corpsman Fighting Through the Mud and Blood of the Korean War, BookBaby, 244p. 2017 http://www.hilltopdoc.com
Le dossier que la revue Pour la Science consacre à la désinformation sur les réseaux sociaux est de ceux que l’on souhaite promouvoir. L’enquête menée par l’équipe de chercheurs italiens menée par Walter Quattrociocchi au Laboratoire de sciences sociales computationnelles à Lucques (école MIT des hautes études) s’est intéressée à la manière dont sont diffusées les informations fausses et les théories conspirationnistes les plus aberrantes. Les exemples en la matière ne manquent pas : traînées de condensation d’avions destinées à manipuler le climat voire les populations (chemtrails), liens entre vaccins et maladies, attentats du World Trate Center, l’alunissages d’Apollon 11 en 1969, et cetera. Ces théories fumeuses ne pourraient être qu’anecdotiques si l’on oubliait leur influence parfois désastreuse : l’affaire du "Pizzagate" en pleine élection américaine, imaginant un réseau de pédophilie auquel aurait été liée Hillary Clinton, a contribué à perturber l’électorat américain particulièrement volatile.
L’équipe de Walter Quattrociocchi a passé à la moulinette plusieurs millions de données d’internautes italiens entre septembre 2012 et février 2013, alors que ce pays était en pleine campagne électorale : un contexte idéal pour étudier à la loupe les comportements de citoyens lorsqu’ils sont en présence de sources classiques, alternatives et politiquement influentes.
L’article du magazine scientifique rappelle qu’Internet a révolutionné la manière dont mes citoyens sont informés – et mésinformés. Trois facteurs fondamentaux expliquent la désinformation. L’analphabétisme fonctionnel, tout d’abord, qui est cette incapacité à comprendre un texte : cela concerne près de la moitié des Italiens ou Français âgés de 16 à 65 ans. Un autre facteur est le "biais de confirmation", autrement dit la propension que nous avons à rechercher des informations qui viennent étayer et confirmer nos goûts et nos préjugés. Le dernier facteur est celui, inédit depuis la naissance des réseaux sociaux type Facebook ou Twitter, d’une information numérique directe, sans contrôle ni vérification préalable avant diffusion. Ce dernier facteur est considéré par nombre de spécialistes comme une menace particulièrement dangereuse, ce qui fait dire ceci à Walter Quattrociocchi : "On fait souvent l’hypothèse que l’être humain est rationnel, mais l’étude quantitative de ces phénomènes indique plutôt le contraire" !
La première conclusion de l’étude sociologique montre que les trois sources étudiées (classiques, alternatives et politisées) ont, dans leur propagation et leur diffusion (nombre de likes, de partages ou de commentaires) des statistiques similaires. Autre similitude : la polarisation des internautes sur les sources d’actualité qu’ils ont l’habitude de suivre. Autrement dit, une personne suivant des actualités scientifiques réagira peu ou pas du tout à des sources alternatives – et inversement. Une première distinction apparaît lorsqu’il s’agit d’étudier les trolls, ces messages parodiques dont l’objectif est de perturber volontairement une discussion (par exemple, la mise en relation de la fièvre Ebola avec des photos de chatons). Il apparaît que ces trolls suscitent d’abord des réactions de la part des internautes suivant les sources d’informations alternatives : "Parmi les 1279 utilisateurs classés comme une orientation bien définie, 55 % de ceux qui ont cliqué "J’aime" sur les trolls considérés sont des amateurs de sources alternatives, contre 23 % et 22 % respectivement pour les amateurs de sources classiques et de mouvements politiques." Walter Quattrociocchi pointe du doigt un paradoxe frappant : "Les internautes les plus attentifs à la prétendue manipulation perpétrée par les médias orthodoxes sont les plus enclins à interagir avec des sources d’informations intentionnellement fausses." Dit autrement, les pourfendeurs de la manipulation sont aussi ceux les plus enclins à être manipulés !
Mais qu’est-ce qui différencie les sources d’information scientifiques et celles provenant de médias alternatives ? La première est que l’information scientifique fait référence à des travaux et des auteurs précisément tracés. Par contre, les articles conspirationnistes s’appuient sur des machinations secrètes, ourdies par des individus puissants mais jamais clairement identifiés. D’autre part, alors que les sources scientifiques s’appuient sur des faits empiriques, ceux appartenant à la sphère conspirationniste trouvent des explications simples – pour ne pas dire simplistes – à des phénomènes complexes. Internet, on le sait, est une caisse de résonance formidablement puissante et est un véhicule efficace, pour le meilleur, mais aussi pour le pire (voir à ce sujet le graphique Matteo Pavanati au sujet des complots diffusés sur Facebook).
Comment désintoxiquer et empêcher la diffusion de fausses informations ? Walter Quattrociocchi considère qu’essayer de convaincre que les chemtrails (les fumées d’avion dangereuses) n’existe pas est vaine. L’interaction des utilisateurs d’une même sphère est si présente que tenter de convaincre un conspirationniste produit l’effet inverse de celui recherché. D’une manière générale, chacun tendra à ignorer tout ce qui ne conforte pas leur propre préjugé ("biais de confirmation"). De plus, précise le chercheur italien, plus une discussion sur un post est longue plus elle aboutira à "une dégénérescence négative."
Dans ce même dossier de Pour la Science, Gérard Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot salue les travaux de ses confrères italiens comme les analyses, confirmant d’autres études sociologiques. S’agissant des moyens d’empêcher la mésinformation et la désinformation, il compare l’attrait pour le conspirationnisme avec la croyance à des mouvements sectaires, ajoutant que s’affranchir d’une secte est toujours possible, "sous les coups de boutoir de la réalité." Oui, dit-il, il convient d’apporter la contradiction face à des visions du monde simplistes et erronées, même si c’est un travail de longue haleine. L’entreprise est d’autant plus ardue lorsque des hommes de pouvoir comme Donald Trump parviennent à réveiller "des préjugés enfouis" chez des électeurs : le manichéisme, la peur ou la croyance en solutions simplistes. On sait que le Président américain s’est habillement servi de médias alternatifs sur les réseaux sociaux pour diffuser des informations susceptibles de déstabiliser son adversaire démocrate. Walter Quattrociocchi a cette conclusion frappante : "Ne faudrait-il pas cesser de parler de l’ère de l’information et parler plutôt de l’ère de la crédulité ?"