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  • Un jeune chef portugais déjà remarqué à Dresde

    Focus aujourd’hui sur une nomination a priori anecdotique mais qui pourrait bien annoncer un futur grand chef, au terme d’auditions des plus serrées.

    L'Orchestre Philharmonique de Dresde, dirigé par Sir Donald Runnicles, a choisi cet automne son premier assistant. Il s’agit du jeune maestro portugais Miguel Sepúlveda, au pedigree déjà impressionnant : né en 1998, il a été lauréat du Prix Prémio Jovens Músicos du Portugal en 2022, l'année suivante il a dirigé Suor Angelica de Puccini lors de l'Operafest Lisboa et a fait ses débuts avec l'Orchestre Gulbenkian, ce qui lui a aussitôt valu d'être réinvité. Au Royaume-Uni, il a dirigé le Philharmonique de la BBC, l'Orchestre symphonique écossais de la BBC et la Camerata de Manchester. Il a également assisté Domingo Hindoyan et Vasily Petrenko à l'Orchestre philharmonique royal de Liverpool. À noter qu’il a déjà atteint la demi-finale du Concours de Direction d'Orchestre Malko en avril 2024, où il a dirigé l'Orchestre Symphonique National du Danemark.

    "Ouvrir la voie à la prochaine génération de chefs d'orchestre"

    Sepúlveda assistera le chef Sir Donald Runnicles dans ses missions à la Philharmonie de Dresde en décembre 2024 et février 2025. Au cours de la saison 2025-2026, il dirigera également son propre projet. Miguel Sepúlveda participera activement à la préparation des concerts du Nouvel An en décembre 2024 et du concert commémoratif en février 2025.

    Sir Donald Runnicles a déclaré ceci : "Il est important pour l'orchestre et moi-même de promouvoir de jeunes collègues exceptionnels et d'ouvrir la voie à la prochaine génération de chefs d'orchestre en leur permettant d'acquérir de l'expérience et en leur donnant l'espace nécessaire pour se développer dans ce rôle très complexe. Je suis d'autant plus heureux d'avoir découvert Miguel Sepúlveda, qui nous a vraiment impressionnés lors des auditions. J'ai hâte de l'accompagner dans son parcours artistique."

    Nous aussi et nous avons hâte de savoir ce que Miguel Sepúlveda a dans le ventre. Gageons qu’un nouveau maestro portugais est en train de naître. À suivre, donc.

    https://www.dresdnerphilharmonie.de
    https://www.miguelsepulvedaconductor.com

    Voir aussi : "L’indicible en musique"

    © Diana Tinoco

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  • Gerhard Richter, sans le dire

    Il s’agit au préalable de définir ce que peut être cette publication des éditions Saint-Simon, L’œuvre sans auteur.

    Évidemment, le livre de Florian Henckel von Donnersmarck renvoie au film du même nom, sorti il y a deux ans, et dont il est le réalisateur (on lui devait auparavant La Vie des Autres, archi récompensé). Une adaptation donc, et par Florian Henckel von Donnersmarck lui-même, qui a signé le scénario du long-métrage.

    Scénario, roman, adaptation : en vérité, nous avons affaire ici à un objet littéraire hybride, qui échappe à la sécheresse du genre scénaristique, tout en adoptant son efficacité et la force des dialogues. Le lecteur, qui n’a pas vu le film (ou du moins les films, puisque le long-métrage allemand était en deux parties), trouvera dans la version écrite de L’œuvre sans auteur ce qui s’en rapproche le plus.

    Mais il existe également une autre particularité dans L’œuvre sans auteur qui rend le roman, mais aussi le film, remarquable. En fin de livre, dans l’entretien que Florian Henckel von Donnersmarck a accordé au journaliste Thomas Schultze, l’écrivain, scénariste et cinéaste explique la genèse de cette œuvre qui est indissociable de la vie du peintre Gerhardt Richter, même si son nom n’est jamais cité. Henckel von Donnersmarck raconte que l’idée de raconter le début de sa carrière, commencée en RDA quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale, n’a été rendue possible par Richter qu’à condition que les noms des personnages soient changés et que les tableaux du peintre ne soient pas utilisés. Le cinéaste précise que pour le tournage de son long-métrage, ce sont d’autres toiles qui ont été spécialement utilisées, grâce à des élèves de Richter lui-même.

    Scénario, roman, adaptation : en vérité, nous avons affaire ici à un objet littéraire hybride

    "Un récit inspiré de personnages réels", est-il précisé dans le roman publié par les éditions Saint-Simon. Kurt Barnety est Gerhardt Richter, l’une des plus grandes figures de la peinture du XXe et du XXIe siècle. Elizabeth May est Marianne Schönfelder, sa tante internée puis exécutée comme malade mentale pendant le IIIe Reich. Carl Seeband est Heinrich Eufinger, gynécologue, chirurgien, membre de la SS et impliqué dans le programme d’euthanasie à grande échelle mis en place par le régime nazi. Il deviendra plus tard le beau-père de Richter, après le mariage de ce dernier avec sa fille Elizabeth ou Ellie (Ema Eufinger dans la vie réelle).

    Voilà pour les protagonistes de cette histoire allemande, dans lequel les grandes tragédies du XXe siècle, les traumatismes de la seconde guerre mondiale, les histoires familiales et l’art se percutent de plein fouet.

    Karl est un artiste jeune et très doué lorsqu’il commence à Dresde un cursus dans les beaux-arts. Nous sommes à la fin des années 40 et l’Allemagne est scindée en deux pays : la RFA occidentale et la RDA communiste, où le peintre prometteur doit s’adapter à l’académisme et au réalisme soviétique. Quelques années plus tôt, sa tante Elizabeth lui faisait découvrir l’art moderne (dit "dégénéré"), avant d’être internée et tuée en raison de sa schizophrénie. À Dresde, Kurt rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux. Elle s’appelle Elizabeth, elle aussi, et elle est la fille de Carl Seeband, l’un des responsables du programme qui a envoyé à la mort des centaines de milliers de malades mentaux. Mais ça, Kurt l’ignore. Par amour pour Ellie, il se fond bon gréé mal gréé dans cette famille au lourd passé. Et lorsque son beau-père décide de quitter la RDA pour la RFA en raison d’une enquête soviétique sur les anciens criminels de guerre nazis, Kurt le suit pour ne pas quitter Elizabeth. Il arrive dans un nouveau pays et doit trouver sa voie artistique.

    Ce passionnant itinéraire personnel autant qu’artistique est aussi une histoire d’amour se heurtant aux souffrances du passé. Grâce au choix littéraire de Florian Henckel von Donnersmarck, L’œuvre sans auteur se lit d’une traite et a l’immense intérêt de pousser à découvrir l’œuvre de Gerhardt Richter. L’un des plus grand peintres vivants, sans aucun doute.

    Florian Henckel von Donnersmarck, L’œuvre sans auteur,
    Le destin tragique d’une famille allemande
    Trad. Olivier Mannoni, éd. Saint-Simon, 2019, 167 p.

    http://www.editions-saintsimon.com/livres/oeuvre-sans-auteur
    http://diaphana.fr/film/l-oeuvre-sans-auteur
    https://www.gerhard-richter.com

    Voir aussi : "Sage et libre comme un poisson rouge"

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