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guitare

  • La vie made in Galiana

    C’est sur une facture rock que début le dernier album de Paul Galiana, le bien nommé De la vie donnant son titre à l’opus, véritable cri contre les religions et hymne pour le vrai, "sans encens".

    La fraîcheur est évidente dans cet album pop-rock sur instruments acoustiques mais il y a aussi de la nostalgie (Ledru-Rollin, Le Signal, souvenir d’un lieu de son enfance, ou encore la ballade Entre le fleuve et la rivière), voire du spleen (le country-folk En ligne), rendant l'album De la vie immédiatement attachant. Pour autant, pas question de apitoyer sur son sort. En forme de bilan, ce nouvel opus de Paul Galina se veut celui d’une bande d’amis partis se frotter au monde, à l’instar de son duo avec Clément Verzi, Nous défendrons l’automne.

    L’un des meilleurs morceaux de l’album, Ta place, un des plus personnels titres, que le musicien consacre à son père, non sans amertume : "Tu n'es pas entré dans ce couplet / Tu n'as pas trouvé ta place / Et sans merci, sans s'il vous plaît / Tu as regagné cette ride dans ma glace". Pour autant, Paul Galiana n’a pas choisi d’en faire un morceau triste, comme il le dit lui-même : "Il était important pour moi que la fin du morceau soit presque festive, avec une belle bande de collègues et ami(e)s venu(e)s poser de joyeux “La la la”".

    Fin observateur

    La chanson française se marie avec le blues dans Genghini blues. L’étrange titre fait référence, les fans du ballon rond le savent sans doute, à Bernard Genghini, joueur et entraîneur de football, "fier et discret" et qui évoque des souvenirs d’enfance, de sport, de pelouses, de compétitions le dimanche et finalement de petits bonheurs ineffaçables. Un joli hommage pour l’ancien jour de Sochaux et le quatrième joueur de l’emblématique "carré magique".

    C’est un autre hommage que propose Paul Galina avec La fille du train pour Tallinn. Cette fois c’est l’Europe de l’Est qui est au cœur de cette chanson parlant d’exil, d’amitié et de guerre. L’auditeur aura évidemment en tête la guerre en Ukraine ("Tu t'es enfuie d’une ville à vif / De plaies de cratères de bombes de mines / - Va plutôt voir et raconter ce qui se vit à Kyiv").

    Dans Punchline, le chanteur laisse parler son agacement et à la vanité de la communication à sens unique : "C'est ta punchline, c'est un mic-drop / Tu ne parles pas pour qu'on te réponde / C'est ta punchline pour me dire stop / Pourquoi m'écouter ? Autant rester dans ce monde / Des punchline". Il est comme ça, Paul Galiana. Il suit sa route, tranquillement, avec bienveillance. Il le chante très bien dans le délicat et irrésistible Le goût de l'horchata ("Je suis celui qui naît, qui vit, qui tangue / Entre les hauts, les bas / Je suis celui qui garde au coin de la langue / Le goût de l'horchata").

    Paul Galiana est un fin observateur de ses contemporains, à l’image de l’incroyable Jeanne Pardon, portrait touchant et cruel d’une femme "innocente et de bon fond". Dans La main qui tremble, le musicien laisse parler sa sagesse et revendique son droit au doute et à ses interrogations ("Comment faites vous, sans faiblir / Sans bleus à l'âme et sans blessure / Sans boule au ventre, sans faillir / Et le geste sûr").

    Autre lieu, autre titre. Dans Sans Paris, c’est Bruxelles que chante Paul Galiana, sur les traces de Brel. Ce dernier titre folk se veut une jolie déclaration d’amour : "Mais je suis bien ici / Sans Paris / Infidèle / Elle me pardonnera / Quelques jours avec toi / Bruxelles". 
    Attachant Paul Galiana.   

    Paul Galiana, De la vie, 2024
    https://www.paulgaliana.com
    https://www.facebook.com/paulgalianamusique
    https://www.instagram.com/paulgalianamusique

    Voir aussi : "Électroband"

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  • Prenez garde à la fragile rose

    On est très heureux de revoir Lita Kira avec une reprise acoustique – voix et guitare – de son titre Épineuse, sorti en 2018. Ludo, compositeur du titre, l’accompagne à la guitare.

    Ne vous fiez pas à l’allure fragile de la chanteuse nordiste. Lita Kira impose sa présence comme sa voix puissante, à donner des frissons. Épineuse, une chanson chère à Lita Kira et qui a donné son titre à son précédent album, se veut un hommage à Françoise Hardy et à son chef d’œuvre Mon amie la rose.

    Lita Kira parle elle aussi de la fragilité de la vie et de la beauté à travers l’image de la rose :"Entre les orties, elle se fraie un chemin, / Elle cherche la sortie dès le petit matin". Mais c’est aussi un hymne au combat et à la résilience : "Quand je sens que je tombe, je me rappelle / De me servir de mes épines / Dans les orties, envoyer sur les roses / ceux qui critiquent et parlent mais qui ne font rien".

    La jolie rose paraît fragile, chante Lita Kira, mais prenez garde à elle : elle a des épines !

    Une belle redécouverte par une artiste attachante à suivre de toute urgence !      

    Lita Kira, Épineuse, 2024
    https://www.facebook.com/LitaKira.music
    https://www.instagram.com/litakira
    https://www.tiktok.com/@litakira10

    https://www.youtube.com/@LitaKira
    https://open.spotify.com/intl-fr/artist/0Q1ix603wy1bN4stTR5zhA

    Voir aussi : "L’automne sera chaud dans les tee-shirts, dans les maillots"

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  • Roxane Elfasci : "La relation avec un instrument est assez conflictuelle, c’est presque comme une passion amoureuse"

    Roxane Elfasci est un des gros coups de cœur de cette fin d’année, avec un album consacré à la guitare et à des adaptations passionnantes, étonnantes, enivrantes et parfois surprenantes pour cet instrument. C’est l’objet de Poésie française et Hommage à Debussy. Nous avons voulu en savoir plus cet projet musical mêlant tubes classiques, standards français et coups de cœur. Rencontre inédite avec Roxane Elfasci qui a la guitare dans la peau. 

    Bla Bla Blog – Bonjour Roxane. Vous proposez, avec votre Poésie française un album de reprises et d’arrangement à la guitare deux albums en un. Pouvez-vous nous raconter la genèse de cet opus ? Tout est parti, je crois de Youtube et d’une première version du Clair de lune.

    Roxane Elfasci – Bonjour, et merci pour l’intérêt que vous portez à mon album ! J’ai toujours eu un grand amour pour la musique française, et en particulier celle du tournant du 20ème siècle. Debussy est un compositeur sans égal, qui a su amener énormément de délicatesse et de poésie dans ses compositions. J’ai eu très tôt l’envie de m’approprier sa musique à la guitare, par le biais d’arrangements. Le premier enregistrement que j’ai réalisé a été le Clair de Lune en effet, puis j’ai enregistré un premier album, sorti en 2021, entièrement consacré à la musique de Debussy et à des hommages à sa musique écrits par d’autres compositeurs. Après cela, je sentais que tout n’avait pas encore été dit, c’est pourquoi j’ai voulu enregistrer un second album intitulé Poésie Française : on y retrouve un nouvel arrangement de Debussy, pour duo de guitares : La Valse Romantique, mais également des références à d’autres compositeurs iconiques français comme Fauré, Satie ou encore Saint-Saëns. L’album est comme une mosaïque, un patchwork de la poésie musicale de ces années-là, en France.  

    BBB – L’auditeur découvrira sans doute tout l’éventail de nuances que propose la guitare. Quelle relation avez-vous d’ailleurs avec cet instrument, mais aussi avec la musique classique, un genre où la guitare est présente de manière plus discrète que le piano ou le violon ? 

    RE – J’ai commencé la guitare très jeune et je ne l’ai jamais quittée depuis. Parfois, la relation avec un instrument est assez conflictuelle, c’est presque comme une passion amoureuse : il y a des moments de joies intenses, d’autres où on se sent malheureux, mais en fin de compte, je ne peux pas me passer de ma guitare, elle fait partie de ma vie et de mon quotidien. Je suis dépendante de son odeur, de la sensation tactile des doigts sur la touche, du son de ses six cordes, et de tous les effets que le travail d’un instrument procure sur les sens. Je n’écoute pas uniquement de la musique classique, mais il est vrai que mes plus grands émois musicaux proviennent de là. J’ai appris à l’écouter, à l’apprécier, à en connaître les secrets au fur et à mesure de mes études et c’est aussi ça qui me plaît : avoir cette écoute active, comprendre toutes les merveilles d’écriture d’une symphonie, d’un concerto, d’une sonate pour piano. Certes la guitare classique est un peu à part dans ce milieu, mais la volonté que j’ai eue de m’y consacrer entièrement est indissociable de l’amour que j’ai pour la musique classique et de la fascination que ce milieu exerce sur moi. 

    BBB – On est surpris de voir que la guitare sert admirablement bien des œuvres de Debussy, Satie ou Fauré. Pour vous, ces compositeurs allaient-ils de soi pour des adaptions à la guitare ? 

    RE – D’une manière générale, la guitare fonctionne très bien pour les adaptations d’énormément de styles musicaux différents. C’est un instrument polyvalent, polyphonique, et qui offre des ressources quasiment illimitées quant aux variétés de timbres ou de modes de jeu. Réaliser des arrangements a toujours été une tradition chez les guitaristes classiques. C’est aussi une manière pour nous de pallier les manquements de notre répertoire : Debussy, Satie et Fauré n’ont jamais écrit pour guitare par exemple. Toutes les œuvres ne sont pas arrangeables pour autant, et le travail de transcription commence d’abord là : choisir les œuvres qui fonctionneront, et déterminer également pour quelle formation de cordes pincées on va l’arranger : guitare seule, duo, quatuor… Dans l’album Hommage à Debussy, l’un des arrangements fait appel à une formation assez rare : un trio avec deux guitares et une guitare baryton (instrument peu commun): c’était la formation qui me semblait convenir le mieux pour recréer l’atmosphère énigmatique et profonde de La Plainte au loin du Faune de Paul Dukas, à l’origine écrite pour piano. 

    BBB – Pouvez-vous nous parler des adaptations en elles-mêmes, puisque vous êtes l’auteure de quelques-unes d’entre elles, dont les Gymnopédies de Satie, La Rêverie de Debussy ou sa première Arabesque. Quelles sont les difficultés lorsque l’on passe d’une œuvre composée pour le clavier à la guitare ? 

    RE – Le piano offre un très grand ambitus, avec plus de sept octaves de jeu. La guitare elle, a un ambitus beaucoup plus réduit, qui s’étend sur un peu plus de trois octaves, avec un accès déjà plus difficile aux suraigus pour la main gauche. Par ailleurs, le pianiste dispose de ses dix doigts sur le clavier, ce qui lui permet une grande facilité de phrasé. À la guitare, nous sommes limités par les quatre doigts de la main gauche. Mais c’est ce qui est formidable aussi avec la guitare : c’est qu’elle arrive à rendre possible ce qui semble parfois impossible ! Je me souviens que lorsque j’avais travaillé sur l’arrangement de l’Arabesque, j’avançais pas à pas, mais je trouvais à chaque fois des solutions étonnantes qui ravivaient mon amour pour la guitare car je prenais conscience de toutes ses possibilités. On trouve des astuces, des combinaisons d’arpèges, des choix d’octaviation, des scordatura arrangeantes, un usage approprié des harmoniques etc. qui permettent de s’en sortir. Un arrangement réussi, c’est lorsqu’on oublie quel a été l’instrument destinataire et qu’on se laisse entièrement convaincre par le nouvel instrument.  

    "Il y a certaines œuvres classiques qui sont devenus de tels "tubes" qu’ils sont presque passés dans le registre populaire"

    BBB – Parlons aussi d’Édith Piaf. Voilà une présence étonnante dans cet album. Pourquoi ce choix ? 

    RE – Il y a certaines œuvres classiques qui sont devenus de tels "tubes" qu’ils sont presque passés dans le registre populaire : c’est le cas de la Gymnopédie n°1 de Satie ou encore du Cygne de Saint-Saëns, et à l’inverse, des musiques populaires d’une telle richesse mélodique et orchestrale, qu’on les considère comme des "grands classiques". J’ai voulu illustrer cette perméabilité de la frontière entre musique classique et musique populaire en insérant ces deux pièces chantées par Édith Piaf à la fin de l’album. Je trouve qu’elles illustrent tout autant la poésie française que la Gymnopédie de Satie par exemple. Par ailleurs les arrangements de ces deux chansons de Piaf sont incroyables : ils ont été réalisés par Roland Dyens qui est probablement l’un des guitaristes que j’admire le plus, tant pour son exceptionnelle inventivité de compositeur et de transcripteur que pour ses qualités uniques d’interprète et d’improvisateur. 

    BBB – L’auditeur sera frappé par cette Marseillaise de Baden Powell, si mélancolique, si romantique… On sent que vous avez pris plaisir à surprendre et désarçonner.

    RE – J’avais découvert cette version de La Marseillaise il y a quelques années déjà, et j’avais tout de suite été séduite par la douceur de ses harmonies et la sobriété de l’écriture, à contre-pied de l’ambition martiale de l’hymne français. Cet arrangement a été écrit par Baden Powell, un guitariste et compositeur brésilien que j’affectionne beaucoup. On peut trouver sur YouTube une vidéo où on l’entend jouer cette Marseillaise. La partition n’est qu’une retranscription de ce moment live. J’ai depuis le début cette idée d’insérer La Marseillaise dans l’album Poésie Française, car ce disque est aussi une manière pour moi de manifester mon patriotisme. Je suis en effet une grande admiratrice de la culture française : son histoire, sa musique, sa littérature, sa gastronomie, ses paysages… C’est elle qui a nourri ma sensibilité et mon approche artistique, et j’ai souhaité lui rendre hommage ainsi avec ma guitare. 

    BBB – Quels sont vos projets pour 2024 ? Un nouvel album ? Une tournée ?

    RE – J’aimerais consacrer du temps en 2024 à promouvoir ce nouvel album. De nouvelles vidéos doivent encore sortir, notamment celle de la Valse Romantique, et quelques concerts sont prévus pour l’instant. J’ai toujours en tête de nouvelles idées d’albums, et je suis actuellement en train de travailler avec mon duettiste Baptiste Erard sur un projet autour de la musique de Philip Glass. J’ai par ailleurs un nouveau projet musical avec une chanteuse lyrique mezzo-soprano, Marthe Alexandre, que j’avais rencontrée il y a quelques années lors de concerts aux Arènes de Montmartre l’été. Nous commençons à jouer notre programme en public, et nous cherchons à multiplier progressivement les concerts en 2024. Je travaille également régulièrement avec mon quatuor de guitares, la Quatuor Iberia ; nous venons de sortir notre première vidéo sur YouTube, il s’agit d’une valse vénézuélienne composée par Jorge Cardoso. Nous avons également pour projet d’enregistrer un disque très prochainement. 

    BBB – Merci, Roxane.

    Roxane Elfasci, Poésie française et Hommage à Debussy, Amigo, 2023
    https://roxane-elfasci.com
    https://www.instagram.com/roxanelfasci
    http://amigo-musik.se/en

    Voir aussi : "Guitare et classique by Roxane Elfasci"

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  • Guitare et classique by Roxane Elfasci

    Voilà un des plus beaux albums classiques de cet automne. Un vrai voyage poétique – Poésie française est, du reste le titre de l’opus – proposé par la guitariste Roxane Elfasci.

    Deux parties composent cet album, Hommage à Debussy et Poésie française, avec quelques reprises peu étonnantes tellement elles semblent avoir été écrites pour la guitare. On pense à la première "Gymnopédie" de Satie ou à la délicieuse "Valse romantique" de Claude Debussy. Comment ne pas parler non plus plus de ce morceau romantique qu’est "Le cygne" de Camille Saint-Saëns, véritable tube du répertoire classique, même si l’on a souvent du mal à mettre un nom sur cette pièce archi-connue.

    Disons-le : Roxane Elfasci est géniale dans ces arrangements pour un instrument aussi populaire que peu goutté des compositeurs classiques. Que l’on pense à sa manière de s’emparer des "Romances sans paroles op. 17",  numéros 1 et 3, de Gabriel Fauré. L’élégance est là, la simplicité aussi, sans affectation ni sensiblerie. Impossible non plus de ne pas parler du bel "Hommage à Ravel", à la fois classique dans sa forme et hispanisant.

    Les surprises de l’opus viennent de ces coups de cœur populaires de la guitariste. Édith Piaf a droit à deux arrangements de Roland Dyens : "La foule" et le non moins célèbre "Hymne à l’amour", proposé dans une version d’une profonde mélancolie. Suit un morceau jazz de Baden Powell : la fameuse "Marseillaise" de Rouget de Lisle. L’auditeur sera frappé de constater que la charge guerrière de l’hymne française a totalement disparu, au profit d’un morceau d’une profonde tristesse, comme si le jazzman américain avait voulu proposer un hommage aux héros de la liberté.

    Un immense succès sur Youtube, avec plusieurs millions d’auditeurs

    Retour à Debussy dans la seconde partie de l’album, cet Hommage à Debussy qui avait fait l’objet d’un disque à part de Roxane Elfasci. Le "Clair de lune" de Claude Debussy (arrangé par James Bishop-Edwards) est bien entendu présent. À noter que le premier enregistrement de la musicienne a connu un immense succès sur Youtube à sa sortie en 2016, avec plusieurs millions d’auditeurs. L’auditeur y retrouvera les nuances impressionnistes du chef d’œuvre grâce au jeu subtil de la guitariste. On se prend à penser que ce joyau musical trouve dans la guitare un médium naturel – pour ne pas dire évident.

    Roxane Elfasci est adaptatrice elle-même de la "Rêverie". Le passage à la guitare permet de voir sous un œil différent des œuvres de Debussy, à l’instar de "Doctor Gradus and Parnassum". L'Hommage à Debussy est de ce point de vue une réelle redécouverte du compositeur français, même lorsqu’il s’agit de morceaux légendaires ("Arabesque n°1"). Disons aussi que la guitare prend tout son sens lorsqu’il s’agit de pièces hispanisantes dans l’esprit (le coloré et attendrissant "Soirée dans Grenade", adapté par James F. Smith).

    L’Hommage à Debussy fait place, dans la fin de cette partie, à des pièces d’autres compositeurs. Il y les classiques et ses contemporains Manuel de Falla (le "Tombeau de Claude Debussy", sombre et hispanisant) et Paul Dukas (l’étrange "Plainte au loin du Faune").

    L’opus se termine avec des créations. Georges Migot propose "Pour un hommage à Claude Debussy" en trois mouvements, "Prélude", "Pastorale" et "Postlude". Des morceaux méditerranéens, modernes qui ne trahissent pas l’esprit impressionniste du compositeur symboliste. Philippe Lemaigre propose enfin un "Prélude en hommage à Claude Debussy". L’auditeur y trouvera les échos du "Clair de lune".

    Envoûtant. Un cadeau idéal pour les fêtes. 

    Roxane Elfasci, Poésie française et Hommage à Debussy, Amigo, 2023
    https://roxane-elfasci.com
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    https://www.instagram.com/roxanelfasci
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    Voir aussi : "Harpe et Basson au rooftop" 

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  • Le rock dans tous ses états

    Salah Khaïli est de retour dans une nouvelle aventure, avec cette fois Christophe "Tito" Taddei à la guitare. Le nom de leur projet ? Electric Blue Cats : un live placé sous les auspices du rock, de la rythmique et de la guitare – électrique, bien sûr.

    "High Fly" en est un avant-goût, avec ce smooth et ces couleurs chaudes qui invite à planer. Créé en 2020, le duo composé de Salah Khaïli et Christophe "Tito" Taddei a été vite rejoint par un bassiste, Emmanuel. La formule trio est la bonne pour multiplier les interactions musicales.

    La joie de vivre est au rendez-vous dans cet opus plein d’enthousiasme, et de groove, comme l’annonce le bien nommé "Groov’on The Eggs" qui entend bien marcher sur des œufs, avec gourmandise et pour le bonheur de tous. La guitare de Christophe Taddei y fait carrément merveille pour sa virtuosité, avant de proposer dans "Coconut Desert" un périple pop tout en luxuriance, sur des rythmes et des accents antillais.

    "Fresh Spring", avec cette facture groove que les Kool & The Gang (clin d’œil "Fresh", évidemment) n’auraient pas renié, abandonne un instant le rock pour un titre eighties parfait pour les pistes de danse.

    Beaucoup plus dingue, le titre relativement court (un peu plus de deux minutes), "Crazy House", propose une incursion électro ne se prenant pas au sérieux. Pour ce morceau, Electric Blue Cats aménage dans une maison hantée peuplée de robots disjonctées, de mouflets capricieux et de musiciens en roue libre.  

    La joie de vivre est au rendez-vous dans cet opus plein d’enthousiasme, et de groove

    L’auditeur sera sans doute plus touché par "A Wind Of Freedom" : normal pour un morceau engagé, en ce qu’il porte l’étendard de tous les opprimés de la terre, avec de nouveau la guitare de Christophe Taddei alliant nuances et puissance, sans oublier ces paroles pleines d'humanité : "Nous allons jouer pour la musique de demain / La musique nous sauvera car elle ne sert à rien…"

    Outre "Jungle Pursuit", un titre rock se piquant d’électro et de sons metaleux, inquiétant et dangereux, le rock se met dans tous ses états. Il ne pouvait pas ne pas faire une incursion du côté de l’urbain : chose faite avec "Change Your Partner". Voilà qui tranche de la facture résolument funk et groove que propose le trio, à l’instar de "The Joke" ou du de "Funky Mad Man" ou le très dansant "Dark Floor".

    Le formidable Electric Blue Cats se termine avec un dernier voyage : cette fois du côté du continent africain. Le rock se pare de ses plus belles couleurs, habité par la guitare sans faille de Christophe Taddei et les baguettes inspirées de Salah Khaïli.

    Electric Blue Cats, Electric Blue Cats, 2022
    https://salahkhailimusic.com/electric-blue-cats
    https://www.facebook.com/salah.khaili
    https://www.instagram.com/electricbluecats

    Voir aussi : "Experience rock of the Salator"

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  • Temps couvert mais éclaircies en fin de matinée

    Le temps, il en est question dans le nouvel EP de LAïUS – Luc Gaignard dans le civil –, sorti ce printemps, après un premier album intitulé Avant-matin. Prémices d’avant midi est le nom assez mystérieux, mais somme toute logique, de son dernier opus. C’est un temps qui n’en finit pas de se prolonger, de s’étirer et de lancer ses échos.

    Prenez le morceau "L’arrière-pays". LAïUS y fait le portrait d’une région de notre pays dans le grand vide français. Il parle sans esbroufe des "platanes alignés", des parkings peuplés de camions en transit, des grands chapiteaux, des patrouilles de louveteaux, des soirées loto – "mais aucun pouce levé". Tel un troubadour de notre époque, LAïUS chante les "haut-fourneaux à l’arrêt", les "bail à céder", les villages silencieux et les "âmes qui s’isolent" : "Peu à peu les feuilles se fanent sur le sol et au loin s’envolent les rires des écoles". Le constat est cruel mais il dépeint avec sensibilité une réalité socio-économique : celle de la Province et des pays ruraux.

    Le constat est cruel mais il dépeint avec sensibilité une réalité socio-économique

    Le temps c’est aussi ces souvenirs qui tardent à s’éteindre. Et lorsque finalement une histoire finit par se conclure, cela donne "Il m’en a fallu du temps". LAïUS revient sur une relation qui s’achève définitivement avec un oubli bienfaiteur et libérateur, ouvrant la porte à autre chose : "Mais aujourd’hui je marche / Et demain on verra / Hier est maintenant derrière moi".

    Oui, le temps peut guérir. C’est ce que l’artiste semble dire, sur un rythme rock, à cette femme "sous emprise" pour qui partir semble impossible ("Car s’en est trop").

    Parmi les six titres de Prémices d’avant midi, se lit clairement l’influence d’une chanson française parlant de "romances du quotidien" et de choses vues, dans la veine de Francis Cabrel, avec instruments acoustiques et orchestration ramassée. Que l’on pense au morceau "Un moment comme ça", sur la vie à deux ou au très beau et contemplatif "Un flocon d’hiver", avec le froid comme une première fois, "comme un rêve d’hier".

    Parlons encore des influences de LAïUS avec le titre qui vient conclure son album. Pour "La vie est là", c’est avec une facture pop-folk, qui semble faire la jonction entre Cabrel et Bashung, que le chanteur parle, de nouveau de pays et de campagne. Il évoque une maison ancienne qui, en dépit de ses défauts, est devenue un havre de paix : "La vie est là en filigrane / Cette maison là deviendra chamane".

    Et si nous faisions confiance au temps qui passe ? 

    LAïUS, Prémices d'avant-midi, EP, 2022
    https://www.laius.org
    https://www.instagram.com/laius.chanson

    Voir aussi : "Maxence Cyrin, entre gris clair et gris foncé"

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  • Le petit monde de Yohann Le Ferrand

    Dans Yeko, Yohann Le Ferrand ouvre grand les bras à ses amis et amies. Il entend parler avec eux de partage, de générosité, d’humanisme, d’universalité, d’engagement et de cultures se répondant les unes aux autres.

    Le guitariste français, après des débuts en musique traditionnelle bretonne, s’est adjoint le compagnonnage de prestigieux artistes africains, particulièrement maliens, comme Mamani Keita, Salimata "Tina" Traoré, Khaïra Arby, Mylmo, Koko Dembélé, et Kandy Guira.

    "Yerna Fassè" ouvre le bal de bien belle façon avec ce mixte entre world music, traditions africaines et pop et rock énergique et endiablée avec Khaira Arby, "le rossignol de Tombouctou", chantant en langue sonraï le récit de cette caravane qui descend vers le sud pour distribuer le précieux sel.

    L’étincelant Yohann Le Ferrand fait preuve d’une énergie communicative avec Mylmo pour le titre "Doussoubaya" qui sort la world de ses retranchements en y insufflant un son urbain : "Lève-toi et ose !" proclame l’artiste aux "Mille mots" avec plein d’optimisme.

    La guitare de Yohann Le Ferrand se fait caressante dans le très beau "Dunia" avec  Salimata "Tina" Traoré, dans un message sur le combat et la résilience, on ne peut plus bienvenu dans cette période compliquée.

    Un instrument magique aux accents bouleversants

    Avec "Konya", nous voilà pleinement du côté de l’Afrique avec la voix unique de Mamani Keita. Il  y est encore question de résilience mais aussi de détachement face aux problèmes sociétaux liés à la jalousie.

    Tout aussi engagé,  Koko Dembélé, venu du pays Dogon, chante en cinq langues un hommage aux victimes du Mali avec un morceau exceptionnel et inoubliable : "Sauver". La guitare de Yohann Le Ferrand devient un instrument magique aux accents bouleversants, aux subtilités incroyables et à la puissance qui fait se dresser les poils de l’auditeur. Le duo que forment Koko Dembélé et Yohann Le Ferrand lance une alerte destinée à tous les décideurs afin de réagir face à la situation très critique en Afrique subsaharienne.

    "Yellema", avec Kandy Guira, vient compléter un album d’une générosité et d’un humanisme précieux. La voix dansante de Kandy Guira habite l’opus avec son énergie communicative et un message d’une brûlante actualité : quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? chante-t-elle en substance. 

    Yohann Le Ferrand, Yeko, Bam Production, 2022
    https://www.facebook.com/yohannleferrandyeko
    https://www.instagram.com/yohannleferrand_yeko

    Voir aussi : "Cet étrange Monsieur Klein"

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  • David Linx invite

    Revoilà le jazzman belge David Linx, dans une série de performances vocales, mais cette fois pour un album de duos et de featurings, Be My Guest. C’est peu dire que, véritable athlète de la voix, David Linx, le plus parisien des jazzmen bruxellois, nous avait tapé dans l’œil avec son précédent album, Skin in The Game, sorti en 2020. Le musicien invite cette fois du beau monde dans un opus produit avec soin et se jouant des frontières musicales. Pensez un peu : le pianiste argentin  Gustavo Beytelmann, le guitariste Nguyên Lê, le pianiste israélien Or Solomon ou le percussionniste belge Bart Quartier. Grâce à de pareilles pointures, le jazzman ne pouvait que proposer des créations ou des reprises d’une incroyable diversité et originalité.

    “Ce projet est venu à moi très naturellement tel un inventaire qui se réclame, un peu comme si je retournais à l’école. Il est un hommage à la transmission, à l’esprit de curiosité indissociable et indispensable à cet apprentissage par soi-même" a expliqué David Linx pour présenter son nouvel album.

    Au minimalisme contemporain et étrange de "Close To You" avec Magic Malik à la flûte répond la mélancolie de "Making Do, Making News" avec Eric-Maria Couturier au violoncelle. La voix de Linx s’empare des lignes mélodiques d’Elgar avec délectation. "My Bee", avec le guitariste Nguyên Lê est un jazz apaisé puisant des inspirations dans un ailleurs que sert admirablement le guitariste français, avec la voix autant en nuances qu’en puissance du chanteur belge.     

    Avec "By The Seine, nous voilà maintenant à Paris dans une création mélancolique du percussionniste Bart Quartier ("By the Seine I walk, I deam / Sitting down, letting off steam…". David Linx retrouve aussi Diederik Wissels pour le titre "The Bystander effect". La complicité des deux artistes est évidente dans cette manière de mixer jazz, électro et musique urbaine, dans une fusion incroyable de jazz et d’électro à la Kraftwerk.

    Écoutons maintenant "Vanguard » avec Ran Blake : là, les qualités de crooner de David Linx font sens, non sans une facture très contemporaine et des expressions sombres et tourmentées, tels des fantômes rôdant autour des artistes : "Soon the night is here / They all reappear / The shadows of thought are real". 

    David Linx a pour instrument une voix aux possibilités presque infinies

    David Linx a pour instrument une voix aux possibilités presque infinies, promettant d’emmener l’auditeur vers des territoires musicaux dépaysants. On pense bien évidemment à "Waves" que le musicien interprète avec Theo Bleckmann.  

    Après "Letter to Trevor", un premier titre slam interprété avec Trevor Baldwin, c’est une reprise de Björk, "Hunter", que le Belge met à la sauce jazz avec le piano d’Or Solomon, tout en nappes irréelles.

    Le jazz de David Linx se pare en vérité de mille couleurs, à l’instar de "Pagina de Dor", en featuring avec Hamilton de Holanda au cavaquinho. Il s’agit là d’une autre reprise, cette fois d’un titre brésilien traditionnel  de Cãndido Das Neves et Pixinguinha.

    L’amateur de jazz retrouvera d’autres visites, dont une pas si étonnante que cela : "Round Midnight". Pour cette reprise de ce standard incontournable, le chanteur belge s’est entouré du pianiste arménien multi récompensé Tigran Hamasyan. La voix posée de David Linx choisit la sobriété, la concentration et la précision au cordeau pour servir ce classique du jazz.

    Revisite encore, avec "Tonight You Belong To Me". Rani Weatherby  accompagne au ukulélé le jazzman donnant tout sa fraîcheur et son exotisme à ce classique de la musique populaire américaine des années 1920.

    Avec "I Think It’s Going To Rain Today", avec le guitariste belge Peter Hertmans en featuring, c’est un autre standard, cette fois de Randy Newman, qui est remis au goût du jour, dans une ballade toute en nonchalance : "Lonely, Lonely, / Tin can at my feet. / Think I`ll kick it down the street, / That`s the way to treat a friend."

    "Emportez-moi" avec Marc Ducret est la seule chanson française de l’album de duos. Elle a été écrite par le guitariste français sur des paroles d’Henri Michaux, sur des notes volontairement discordantes, bienvenues pour mettre en musique le poème surréaliste de l’écrivain belge : "Emportez-moi sans me briser, dans les baisers, / Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent, / Sur les tapis des paumes et leur sourire,/ Dans les corridors des os longs et des articulations."

    La chanson argentine emblématique "Como La Cigarra", de María Elena Walsh est reprise avec Gustavo Beytelmann, dans un tango lent et mélancolique terminant magnifiquement cet album d’amitié et de passions : "Tantas veces me mataron / Tantas veces me morí / Sin embargo estoy aquí / Resucitando".  

    David Linx, Be My Guest, The Duos Project, Cristal Records, 2021
    http://www.davidlinx-official.com
    https://www.facebook.com/DavidLinxOfficiel
    https://www.instagram.com/linxdavid

    Voir aussi : "David Linx, trouble-fait"

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