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haddock

  • 2014-2024 : Top 10 de Bla Bla Blog

    Pour marquer les 10 ans de Bla Bla Blog, le bloggeur a souhaité faire un top 10 des articles ayant fait le plus de buzz. 
    Au programme, de la musique, des livres, de l’audace – et même beaucoup d’audace – et… une lampée de whisky – avec modération…  

    10/ "Fishbach, Y crois-tu ?"

    Fishbach.jpgEn attendant son prochain concert à La Cigale le 14 mars prochain, Fishbach, l'une des révélations dont nous avions parlé il y a peu sur Bla Bla Blog, s'est produite pour les sessions Son & Lumière de Télérama.

    Elle y interprète Y crois-tu, le premier titre de son nouvel album A ta merci…

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    9/ "Haddock et Loch Lomond"

    C'est de whisky dont il sera question dans cet article. De whisky mais aussi de bande dessinée. 

    Boisson longtemps confinée dans des cercles de connaisseurs, plus ou moins snobs, jamais le whisky ne s'est aussi bien porté qu'aujourd'hui. Alors que vingt ans plus tôt les distilleries peinaient à rester rentable, elles sont aujourd'hui confrontées à une révolution culturelle autant qu'à une vraie crise de croissance : difficulté à satisfaire la demande mondiale (+ 3 % par an), consommateurs de plus en plus ouverts aux whiskies autres que le sacro-saint blend ou le single malt écossais (boissons venues du Japon, des États-Unis, d'Australie ou de France), rachats de distilleries par de grands groupes (Diageo ou Pernod Ricard). La France se classait en 2013 premier pays consommateur au monde devant le Royaume-Uni et les États-Unis avec deux litres par personne et par an ! Il est aussi à noter que le premier pays producteur au monde de ce divin breuvage est... l'Inde ! Ce qui n'est pas forcément gage de qualité, les tords-boyaux y faisant florès…

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    8/ "Adrineh Simonian comme à la maison"

    Adrinehsimonian.jpgCette information est sortie de manière relativement confidentielle il y a une dizaine de jours.

    Nous apprenions que la mezzo-soprano autrichienne Adrineh Simonian a choisi une reconversion inattendue, passant de l’univers feutré et bienséant de l’opéra pour celui, plus sulfureux du porno... féministe.

    Après ans de carrière dans l’art lyrique, de Vienne à Nice en passant par Munich, la chanteuse lyrique a sauté le pas et s’est engagée dans une voie inattendue. C'est via son site Arthouse Vienna qu'elle  propose un catalogue de films X…

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    7/ "Aurélie Dubois unmakes sex"

    Aurelie dubois.jpg"Qui es-tu pour ne pas te reconnaître ?" annonce le site Internet d’Aurélie Dubois. La citation de Daniel Androvski, psychanalyste et écrivain, annonce la couleur : les œuvres qui sont proposées par l’artiste risquent d’en dérouter plus d’un et nous tendre un miroir dérangeant sur le corps, le désir, le fantasme et le sexe. Une démarche revendiquée par Aurélie Dubois, "artiste de garde", qui affirme ceci : "Je considère que je ne fais que traduire la météo des pulsions."

    Graphiquement, l’influence de la bande dessinée est flagrante dans les œuvres de l'artiste datées de 2006. Il y a aussi de l’Egon Schiele dans cette manière de représenter ses nus et ses scènes de couples : corps contorsionnés, visages grotesques, scènes de sexe caricaturales, travail sur les cadrages. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Aurélie Dubois reste une artiste au talent de portraitiste indéniable, comme le prouvent ces portraits de 2007 et 2012, ainsi que ces autres dessins de 2008 à 2010 d’une élégante maîtrise graphique – ce qui n’exclut pas son travail sur la déstructuration des corps…

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    6/ "Grey et sa secrétaire"

    Lasecretaire.jpgUne jeune Américaine mal dans sa peau tombe sous le charme vénéneux et érotique de Grey, son patron. Vous aurez bien sûr deviné le pitch du film... La Secrétaire.

    Alors que sort cette semaine le second volet de Cinquante Nuances de Grey, l'adaptation du best-seller de new romance de EL James , il n'est pas inutile de reparler de l'autre long-métrage notable sur le SM, sorti il y a une quinze d'années et qui prenait à bras le corps ce sujet sulfureux.

    À sa sortie en 2002, La Secrétaire de Steven Shainberg, avec Maggie Gyllenhaal et James Spader dans les rôles principaux, a été accueilli par des critiques flatteuses et une fréquentation honorable pour une œuvre qui faisait de la soumission sexuelle son thème de prédilection. Un effet collatéral de l'affaire Clinton-Lewinsky qui venait à peine de s'achever et qui faisait à l'époque les gorges chaudes des médias ? On peut s'interroger…

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    5/ "Le petit monde d’Élodie Suigo"

    elodiesuigo.jpgOn ne parle pas assez de la radio, ce média ouvert, protéiforme et souvent inventif. J’ai envie de vous parler d’Élodie Suigo et de son émission quotidienne Le Monde d’Élodie, diffusé sur France Info.

    Mine de rien, cette série de chroniques a la capacité de vous accrocher très rapidement et de devenir un rendez-vous familier grâce à des qualités finalement très simples : des interviews courtes et sensibles, sans esbroufe ni sens de la provocation. La journaliste de France Info écoute ses invités et évite de se mettre en avant. C’est ce qui fait la richesse de ses chroniques. Une richesse telle que le catalogue de ses invités est impressionnant de richesse…

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    4/ "Où es-tu, Berry ?"

    Berry.jpgOn avait quitté Berry en 2012, avec l’album Les Passagers. La chanteuse avait choisi le fil conducteur du voyage pour des chansons délicates et pudiques, portées par une voix caressante, l’une des plus belle sans doute de la scène française. Est-elle revenue de ses voyages ? Où est-elle aujourd’hui et quelle est son actualité ?

    Il convient au préalable de faire quelques rappels sur la carrière de Berry, commencée en 2008 avec un premier album, Mademoiselle, remarqué par la critique et le grand public. Disque d'or, il a été suivi de plusieurs centaines de concerts en France comme à l'étranger (Brésil, Corée du Sud ou Serbie). Mademoiselle ce sont 10 joyaux musicaux que la chanteuse a sculpté avec ses acolytes Manou et Lionel Dudognon…

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    3/ "Différenciation de la vitesse d’évolution intellectuelle"

    Parlons pub avec cet excellent spot proposé par EDF et l’agence BETC/Havas Paris, Eva et Violette. Le film a été réalisé par Réalité, de l’agence Big.

    La vénérable entreprise nationale d’électricité choisit l’humour et le contre-pied pour parler de son énergie vertueuse ("97 % sans CO2, grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables").

    L’héroïne est Eva, chargée de surveiller sa nièce Violette, une enfant aussi surdouée que sa tante peut être bordélique, blasée et complexée par cette gamine trop parfaite. Eva ne peut que constater "qu’intellectuellement, on n’évolue pas tous à la même vitesse", sans se bercer d’illusion sur son propre compte. Sauf que grâce à EDF, la jeune femme va pouvoir avoir sa revanche sur une gamine décidément bien tête-à-claque : "Heureusement, de temps en temps, la vie fait bien les choses"…

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    2/ "Union TV : un nouveau média pour une nouvelle révolution sexuelle"

    Florecherry.jpgLe vénérable Union entrerait-il dans une nouvelle ère ? Créé en 1972, le magazine érotique et libertin fait lentement mais sûrement sa mue. Après l'édition web, c'est une chaîne de télévision qui vient de naître fin janvier (disponible sur la box SFR). Nous avons rencontré Flore Cherry, responsable de la transformation digitale à Union, pour en savoir plus sur ce nouveau média.

    Union TV a la spécificité par rapport à ses concurrents (Dorcel TV, XXL ou Pink TV) de ne pas proposer que des programmes hard. Ils sont certes visibles de minuit à 5 heures du matin, mais, plus tôt dans la nuit, de 23 heures à minuit, Union TV propose aussi des rubriques plus sérieuses mais tout aussi alléchantes. Des conseils de sexologues, sexothérapeutes confirmés, artistes et youtubeurs (Jessica Pirbay, M'sieur Jérémy ou Clémity Jane) proposent un "autre discours sur la sexualité" , indique Flore Cherry…

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    1/ "Deborah de Robertis l’ouvre"

    Deborahderobertis.jpgÇa s’est passé au Louvre le 15 avril 2017. Deborah de Robertis, artiste franco-luxembourgeoise féministe, engagée et aux performances sulfureuses, pose dénudée au milieu d’un parterre de touristes venus mitrailler et filmer La Joconde. Devant ce public médusé et vite acquis à sa cause, Deborah de Robertis expose son sexe, comme elle l’avait d’ailleurs fait au Musée d’Orsay en 2014 devant le tableau L’Origine du Monde de Gustave Courbet. La scène, brève et violente, est interrompue par les gardiens du musée et par l’auguste établissement qui choisit d’évacuer le public...

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    Voir aussi : "Bon anniversaire, Bla Bla Blog (10 ans !)"
    "Top 10 de Bla Bla Blog en 2023"

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  • Hergé au musée

    Il ne reste plus que deux jours pour voir l’impressionnante exposition au Grand Palais consacrée à Hergé, objet également d'un catalogue complet (éd. Moulinsart et RMN).

    Une manifestation sur Hergé ou sur Tintin ?

    Il est vrai que la question mérite d'être posée, tant le créateur et sa créature sont indissociablement liés. Il est bon aussi de rappeler qu'aucun personnage de bande dessinée n’a eu autant d’impact que le jeune reporter à la houppe. Ses aventures – comme d’ailleurs celles de ses amis Haddock, Tournesol, les Dupondt, sans oublier le fidèle compagnon à quatre pattes, Milou – ont fait l’objet de pléthores d’ouvrages, d’essais, d’analyses, d’inspirations et d'exégèses dignes des plus grands génies, ce que, du reste, Hergé est.

    Le dessinateur belge, né Georges Rémi en 1907 et décédé en 1983, est célébré au Grand Palais, à l’image de ces brillants artistes peintres qu’il admirait tant. Que de chemins parcourus depuis le gamin belge élevé dans la grande tradition catholique, gribouilleur dès l'âge de quatre ans et scout dans l'âme, jusqu'à ce créateur adulé et admiré, et qui est parvenu à faire de Tintin une figure mythologique et de la BD un des neuvième art !

    L’exposition Hergé fait d’ailleurs une large part aux beaux-arts et, en particulier, à la peinture moderne et contemporaine. C’est d’ailleurs un aspect souvent oublié chez l’auteur du Secret de la Licorne (1943) : son amour et son admiration (parfois réciproque si l’on pense à Andy Warhol) pour les beaux-arts. Hergé voulait consacrer son dernier album, L’Alph Art (posth. 1983), que l’on ne peut lire qu’à l’état de story-board, à l’art contemporain. Outre la production d'affiches et de logos remarquables, domaine dans lequel le jeune Hergé excelle au début de sa carrière, ce dernier s’est également essayé lui-même à la peinture, dans des toiles honnêtes mais où ne ressortent pas le même lâcher prise, la même vie, le même enthousiasme et la même maîtrise technique que ses albums.

    L’exposition Hergé, en entrant dans les secrets du créateur, montre aussi la sueur versée pour accoucher d'aventures calibrées au millimètre et maîtrisées à l'obsession. Hergé, c’est un horloger et un orfèvre capable de reprendre au crayon les traits d’un personnage jusqu’à en perforer la feuille. Les nombreuses planches originales présentées à Paris témoignent du chemin accompli entre les ébauches brouillonnes, énergiques, voire furieuses, du début jusqu’aux cases finales à la ligne claire, d'une perfection ahurissante.

    Perfectionniste, Hergé l'est encore dans son travail de documentaliste, tant le dessinateur avait à cœur de donner à ses albums d'aventure un caractère réaliste – et quelle importance si les aventures de l'éternel jeune reporter se passent dans une Syldavie imaginaire (Le Sceptre d'Ottokar, 1939) ou bercent dans la science-fiction (On a marché sur la Lune, 1954) ! Si un objet pouvait illustrer ce travail de scénariste et documentaliste (mais aussi accessoiriste, décorateur, costumier, etc.), ce serait sans nul doute une petite statuette péruvienne en bois de la culture Chimù (1100-1400 ap. JC). C'est celle-là même qui a servi de modèle pour L'Oreille cassée (1937). Nous sommes au tournant des années 30 et Hergé, qui impose déjà son style et ses personnages (Haddock, Tournesol ou La Castafiore ne sont certes pas encore là), démontre déjà à la fois son goût pour les arts (premiers, ici) mais aussi pour un sens du réalisme capable de séduire autant les enfants que les adultes.

    Cette approche universelle, Hergé l'a acquise à la faveur d'une rencontre phare : celle de Tchang Tchong-jen, un jeune étudiant chinois présenté à Hergé lors de la conception d'un de ses chefs d'œuvre, Le Lotus bleu (1936). Cet album phare, dédié à l'amitié et à l'entente entre les peuples, fait véritablement de Tintin le jeune héros au cœur pur et à l'altruisme exemplaire qu'il ne perdra plus. Tchang, double chinois d'Hergé, réapparaît plus tard dans l'autre ouvrage majeur du dessinateur belge : Tintin au Tibet (1960). Cet album emblématique, le plus personnel sans doute d'Hergé, est commenté dans la vulgate tintinesque comme un livre psychanalytique, conçu pendant une éprouvante période dépressive de son auteur. L'aventure du journaliste à la houppe, à la recherche de son ami Tchang dans les paysages blancs du Tibet après un accident d'avion, renvoie à une quête personnelle de son auteur, avec, en ligne de mire, son ami de toujours, Tchang, qu'il ne reverra qu'à la fin de sa vie.

    Suit, dans la production du dessinateur belge, un album diamétralement opposé mais tout autant important, Les Bijoux de la Castafiore (1963). Tintin, après avoir parcouru en long et en large la terre entière – et même la lune –, fait l'objet d'une aventure en huis-clos, entre les murs de Moulinsart. Ici, pas d'enlèvements, pas de crimes, pas de malfaiteurs, pas de Rastapopoulos et pas de voyages épiques. Presque rien : tout juste une entorse au pied du capitaine Haddock, la visite impromptue à Moulinsart de la chanteuse lyrique Bianca Castafiore, des romanichels accueillis au château, des bijoux égarés et quelques secrets, pour ne pas dire des cachotteries. Dans Les Bijoux de la Castafiore, Les héros d'Hergé jouent une comédie humaine drôle, virevoltante, mais également d'une grande profondeur humaniste. Ce qui s'apparente au repos des héros Tintin, Milou et Haddock est en réalité une mise en scène audacieuse et comme apaisée de l'univers d'Hergé, après l'album du tourment intérieur qu'était Tintin au Tibet.

    Hergé, graphiste génial et passionnant raconteur d'histoire est un humoriste à la grandeur d'âme universelle que des albums controversés comme Tintin au Pays des Soviets (1930) ou Tintin au Congo (1931) ne parviennent pas à relativiser. Hergé est surtout cet artiste, auteur d'une œuvre profonde et personnelle : "Tintin (et tous les autres) c'est moi, exactement comme Flaubert qui disait : « Madame Bovary c'est moi : » Ce sont mes yeux, mes poumons, mes tripes ! Je crois que je suis le seul à pouvoir l'animer dans le sens de lui donner une âme. C'est une œuvre personnelle au même titre que l'œuvre d'un peintre ou d'un romancier. Ce n'est pas une industrie ! Si d'autres reprenaient Tintin ils le feraient peut-être mieux, peut-être moins bien. Une chose est certaine, ils le feraient autrement et, du coup, ce ne serait plus Tintin."

    Exposition Hergé au Grand Palais, Paris, jusqu'au 15 janvier 2017
    Hergé, Catalogue d'exposition, éd. Moulinsart, RMN, 2016, 304 p.
    "Bla Bla Blog s'est fait insulter par le Capitaine Haddock"
    http://fr.tintin.com/herge

     

  • Haddock et Loch Lomond

    C'est de whisky dont il sera question dans cet article. De whisky mais aussi de bande dessinée. 

    Boisson longtemps confinée dans des cercles de connaisseurs, plus ou moins snobs, jamais le whisky ne s'est aussi bien porté qu'aujourd'hui. Alors que vingt ans plus tôt les distilleries peinaient à rester rentable, elles sont aujourd'hui confrontées à une révolution culturelle autant qu'à une vraie crise de croissance : difficulté à satisfaire la demande mondiale (+ 3 % par an), consommateurs de plus en plus ouverts aux whiskies autres que le sacro-saint blend ou le single malt écossais (boissons venues du Japon, des États-Unis, d'Australie ou de France), rachats de distilleries par de grands groupes (Diageo ou Pernod Ricard). La France se classait en 2013 premier pays consommateur au monde devant le Royaume-Uni et les États-Unis avec deux litres par personne et par an ! Il est aussi à noter que le premier pays producteur au monde de ce divin breuvage est... l'Inde ! Ce qui n'est pas forcément gage de qualité, les tords-boyaux y faisant florès.

    Arrêtons-nous un instant sur Loch Lomond, une marque qui n'est certes pas la plus réputée dans ce milieu. 

    Loch Lomond. Le nom frappera les oreilles des tintinophiles car il s'agit de la marque de whisky préférée du Capitaine Haddock. Buveur invétéré, c'est en état fortement alcoolisé que le lecteur et Tintin font sa connaissance dans Le Crabe aux Pinces d'Or (1953). Le whisky trône déjà en bonne place sur la table du Capitaine Haddock, sans pour autant que la marque de ce breuvage n'apparaisse. La mention de Loch Lomond n'apparaît qu'en 1966, dans L'Île Noire : le célèbre journaliste trouve refuge sur un train de fret transportant des citernes de whisky. La version moderne de cet album, qui a été publié dans une première édition en 1943, mentionne pour la première fois le Loch Lomond. Les spécialistes ont noté justement que Hergé avait choisi un autre distillateur dans la première version de sa bande dessinée, puisque la fameuse citerne mentionnait la marque Johnny Walker.

    Le whisky est présent tout au long des aventures de Haddock, transportant sa boisson préférée à l'autre bout du monde (L’Étoile mystérieuse, 1946), voire jusque sur la lune (On a marché sur la Lune, 1954). 

    Mais la contribution la plus importante de Loch Lomond dans une aventure de Tintin se retrouve dans le dernier album terminé par Hergé, Tintin et les Picaros (1976). Cette boisson est même un des éléments importants de l'intrigue qui emmène Tintin et Haddock en Amérique du Sud. Alors que le capitaine se trouve du jour au lendemain allergique à toute boisson alcoolisée – et à son whisky préféré – nos deux héros doivent résoudre l'alcoolisme désastreux dont sont victimes les rebelles du Général Alcazar, les Picaros. Ce mal a été provoqué par son adversaire, le Général Tapioca, qui a fait parachuter en pleine forêt tropicale, où se cachent les rebelles, des caisses de whisky Loch Lomond. Une manière diablement efficace pour rendre inoffensif les guérilleros d'Alcazar. La solution à ce problème d’ébriété généralisée viendra du professeur Tournesol. 

    Il y a un mystère dans l'omniprésence de cette marque de whisky, qui n'est certes pas la plus connue ni la plus réputée dans l'univers du whisky. Pourquoi ce choix d'Hergé ? Il est bon de préciser que l'actuelle distillerie Loch Lomond a été créée en 1965 (la marque existait depuis 1814, nous apprend le site Internet du groupe Loch Lomond), soit un an avant son apparition officielle dans L'Île Noire version 1966. Ce choix de l'auteur belge est d'autant plus surprenant que Loch Lomond ne paraît pas en adéquation avec un personnage aussi tempétueux et caractériel que Haddock. Avouons qu'il aurait été moins surprenant que le goût du capitaine au long cours se porte sur une marque plus typée, un whisky tourbé par exemple (Talisker, Laphroaig ou Lagavulin). Le Guide des Whiskies du Monde décrit la version single malt classique de Loch Lomond comme "assez jeune... à l'arôme léger et frais, sans grande influence de bois". Le blend Signature de Loch Lomond accrédite le caractère léger et passe-partout d'un whisky plutôt fruité et facile d'accès. Subtilité, notes fruitées légères, accents floraux sont les caractéristiques de ces whiskies très "féminins", que ce soit en blend ou en single malt. Le capitaine Haddock aurait-il réellement jeté son dévolu sur la distillerie Loch Lomond ? En tout cas, il en a fait une jolie promotion, rendant cette marque légendaire.

    Loch Lomond Group
    Charles McClean, Whiskies du Monde, éd. Prisma, 2010, 352 p.
    Hergé, L'Île Noire, éd. Casterman, 1943, 1966
    Hergé, Le Crabe aux Pinces d'Or, éd. Casterman, 1953
    Hergé, Tintin et les Picaros, éd. Casterman, 1976
    Tintin Wiki
    Le whisky est à consommer avec modération