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japon

  • Sa vie de geisha

    On a peine à croire que le diptyque Geisha ou Le jeu du shamisen, publié chez Futuropolis en 2017 soit l’œuvre de deux auteurs bien de chez nous. Et pourtant, Christian Perrissin au scénario et Christian Durieux au dessin nous offrent une formidable plongée dans le Japon traditionnel. Ils s’intéressent aux geishas, des femmes suscitant encore fascination, fantasme et idées reçues. Il fallait bien deux tomes pour marcher sur les pas d’une de ces geishas, de la naissance dans un milieu pauvre jusqu’à ses derniers jours dans un Japon occidentalisé.

    Setsuko Tsuda naît pauvre dans un village "de la péninsule". Nous sommes dans les premières années du XXe siècle. Son père, un ancien samouraï désargenté, tente tant bien que mal de faire vivre sa famille, sa femme et ses deux filles grâce à la vente de modestes sculptures en bois. Setsuko et ses proches quittent la campagne pour rejoindre une grande ville de la Côte Est, sans doute Yokohama. Les espoirs d’une vie meilleure sont vites déçus. Lorsqu’elle a 10 ans, Stetsuko est vendue par son père à une maison qui forme des geishas pour vendre leurs services. Stetsuko est rebaptisée sous le nom de Kitsune.

    Désormais, son univers sera celui de ses "sœurs" et de ses supérieures. La tradition veut aussi que, "vendue" à l’okiya (la maison des geisha), la jeune geisha devra en réalité rembourser ce qui n’était qu’un "prêt". Les années passent et Kitsune parvient à se faire une place dans ce milieu singulier. Un shamishen, instrument de musique traditionnel, devient l’objet qu’elle ne quitte plus. 

    Le scénario se déploie sans à-coups, avec une fluidité enivrante

    Geisha ou Le jeu du shamisen, en  deux tomes, est une fiction tirée de plusieurs témoignages (Mémoires d’une Geisha d’Inoue Yuki, Ma vie de geisha d’Iwazaki Mineko, Du côté des saules et des fleurs de Kafu Nagai) mais aussi de documents, romans et chroniques. Par ailleurs, le personnage de Shuji Ariyoshi est inspiré de l’écrivain Osamu Dazaï. Voilà qui donne à cette histoire en deux volumes un parfum d’authenticité.

    Graphiquement, Christian Durieux orientalise son trait, donnant à cette bande dessinée française une facture proche du manga à la Jirō Taniguchi. Le scénario se déploie sans à-coups, avec une fluidité enivrante. Les auteurs évitent de tomber dans le piège du scabreux, sans pour autant cacher la réalité sordide de ces jeunes femmes utilisés comme objets sexuels, faire-valoir et dames de compagnie – pour ne pas dire prostituées.

    C’est la voix de Stetsuko/Kitsune qui se donne à entendre tout au long du récit. Elle ne cache ni la douleur de sa séparation – son insoutenable vente par son propre père – ni les liens forts qu’elle a pu avoir, y compris avec la responsable de l’okiya, Madame Tsushima. La musique devient un but dans sa vie et son shamisen un compagnon de vie. Dans le deuxième tome, la rencontre avec Shuji et l’amour deviennent centraux, alors que le Japon comme à se tourner vers la modernité et à se détourner de traditions ancestrales, à l’instar des geishas. Singulièrement, Kitsune y verra une évolution inéluctable mais non sans nostalgie.      

    Christian Durieux & Christian Perrissin, Geisha ou Le jeu du shamisen,
    éd. Futuropolis, 2 tomes, 88 p.  chacun, 2017

    https://www.futuropolis.fr/9782754812160/geisha-ou-le-jeu-du-shamisen-1.html
    https://www.instagram.com/christiandurieux33

    Voir aussi : "La femme qui aimait un homme qui aimait un homme qui était une femme"

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  • Autoportrait de l'auteur en coureur de fond

    récit,japon,japonais,murakami,confrérie,haruki murakami,sport,courseDans cet essai autobiographique, Haruki Murakami (devenu célèbre dans le monde entier grâce à sa trilogie inoubliable qu’est 1Q84) nous parle de sa grande passion pour la course à pied. Marathonien et triathlète, Murakami nous raconte comment lui, l'ancien barman, ancien fumeur, devenu romancier presque par hasard, a commencé à s'adonner à la course à pied.

    Comment s'organise ses journées - car Murakami effectue au moins 10 kilomètres par jour ? Quels sont ses premiers et ses plus mémorables souvenirs ? Quel est le rapport entre ce sport et le travail de romancier ? Pourquoi la course de fond peut s'apparenter à une philosophie de vie ? Murakami répond à ces questions avec justesse, sensibilité, sans rien cacher de ses faiblesses ou de ses échecs.

    Un admirable essai qui donne envie de chausser ses baskets !       

    Haruki Murakami, Autoportrait de l'auteur en coureur de fond,
    éd. Belfond, 2011, 224 pages

    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2013/09/29/28115488.html
    https://www.lisez.com

    Voir aussi : "Terrorismes, Violence et Propagande"
    "1Q84 ou 1984 ?"

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  • Celle qui va mourir vous salue

    Comment parler de la mort ? Comment parler de la fin de vie ? Comment évoquer les derniers mois tragiques d’une jeune femme qui se sait déjà condamnée ? C’est tout l’objet du formidable roman de la Japonaise Ogawa Ito, Le Goûter du Lion, traduit par Déborah Pierret-Watanabe et paru il y a deux ans aux éditions Picquier.

    Le livre démarre à l’arrivé de Shizuku à la Maison du Lieu, un endroit paradisiaque situé sur l’île aux citrons, dans la Mer Intérieure du Japon. La jeune femme, trentenaire, se sait condamner à cause d’un cancer. Il ne lui reste que quelques mois à vivre, ce qu’elle a caché par pudeur à ses proches, à commencer par son père.

    À son arrivée dans la propriété, elle est accueillie par sa responsable, Madonna. Il y a aussi ces autres locataires, attendant comme elle la mort. Des rites sont mis en place pour adoucir leurs derniers moments et les rendre inoubliable, dont les fameux goûters.

    L’absente ne l’est pas complètement 

    Peu de livres ont aussi bien parlé d’un sujet aussi grave et douloureux que la mort et son attente. Car il s’agit bien de cela. De Shizuku, le lecteur apprendra à partir de la deuxième moitié du roman son passé et les relations avec son père et la raison pour laquelle ils se sont perdus de vue. En attendant, elle découvre ce lieu où l’humanité, la tendresse, la générosité et l’amour sont placés au centre de la vie de cette Maison du Lion.

    La trentenaire en phase terminale fait d’un chien, devenu un  locataire habituel – mais plein de vie, lui – un compagnon qui ne la quittera plus. Rokka devient le témoin de ses promenades, avec souvent vue sur la mer. Elle y rencontre aussi Tahichi, un des quelques autochtones. L’amour serait-il possible entre ces deux-là ?

    La mort est omniprésente, mais elle n'est jamais inquiétante ni non plus lourde à porter. Elle se fait même légère, comme le corps de plus en plus maigre de Shizuku. La fin est abordée avec sagesse, y compris et surtout lorsqu’elle permet une réconciliation bouleversante, que l’auteure relate par une scène familiale avec le père de Shizuku, sa deuxième épouse et sa fille. L’absente ne l’est pas complètement en dépit du fait qu’elle manque terriblement. Rarement le terme de beauté n’a paru si approprié pour un roman.   

    Ogawa Ito, Le Goûter du Lion, éd. Picquier, 2022, 272 p.
    https://www.editions-picquier.com/produit/le-gouter-du-lion
    https://ogawa-ito.com/en

    Voir aussi : "Un coupable parfait et un crime qui ne l’est pas moins"

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  • Le Pavillon d'or

    81Tc9BK9FJL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgEn juillet 1950, les Japonais apprennent, médusés, que le Pavillon d'Or, joyau de l'architecture nippone et lieu sacré, a été détruit, incendié, par un jeune moine bouddhiste (ce temple sera construit à l'identique quelques années plus tard).

    Mishima choisit, dans ce roman qui l'a fait connaître en Occident, de retracer ce fait divers en se plaçant dans la tête du pyromane. Il retrace la vie de ce jeune homme déséquilibré, bègue, esseulé, dégoûté par ses proches mais surtout fasciné par ce Pavillon d'Or.

    Fasciné jusqu'à être prisonnier de la beauté de ce monument ; l'acte criminel s’avéra être une sorte de libération pour le moine déséquilibré.

    Un très grand classique de la littérature japonaise, écrit dans un style d'un extrême raffinement. Un bijou.   

    Yukio Mishima, Le Pavillon d'or, éd. Gallimard Folio, 1975, 375 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/05/15/24270237.html
    https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070358465-le-pavillon-d-or-yukio-mishima-gerard-siary

    Voir aussi : "1Q84, III"

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  • 1Q84, III

    confrérie,murakami,1q84,japon,japonais,fantastiqueVoici la dernière partie de la trilogie culte de Murakami, 1Q84, une trilogie en passe de devenir sans doute un grand classique d'ici peu. On retrouve les personnages centraux d'Aomamé et Tengo dans le monde déstabilisant et dangereux de 1Q84. Un troisième protagoniste - une troisième voix, dirions-nous - prend une place importante : Ushikawa.

    La sortie de ce troisième opus a pu décevoir certains lecteurs ; cela n'a pas été mon cas. Certes, ce dernier volet est plus introspectif, avec moins de rebondissements que le livre 2, qui allait tambour battant ; certes, toutes les réponses ne sont pas données, un choix sans aucun doute de Murakami d'entretenir le mystère de cette œuvre complexe. Il reste que ce Livre 3 est riche de révélations, de symboles forts (sur la place du père, sur l'enfance et sur la transmission, notamment), de coups de théâtre et de moments poignants.

    Il est impossible de rester insensible aux dernières pages de cette trilogie particulièrement riche (et qui mériterait sans doute d'être relue plusieurs fois). On referme en tout cas ce dernier volume de 1Q84 avec le regret de devoir abandonner Aomamé et Tengo.  

    Haruki Murakami, 1Q84, Livre 3 (octobtre-décembre), éd. Belfond, 2010, 530 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/07/22/24753748.html

    Voir aussi : "1Q84, II"

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  • 1Q84, II

    confrérie,murakami,1q84,japon,japonais,fantastiquePour celles et ceux qui n’auraient pas lu le premier tome de cette trilogie, il serait cruel de dévoiler l’histoire de ce cette deuxième partie. Disons simplement que nous retrouvons les deux personnages principaux, Aomamé et Tengo, tous deux plongés dans l’univers d’1Q84.

    Des personnages apparaissent, d’autres disparaissent. Quelques réponses sont données et de nouvelles questions surgissent dans ce livre mené tambour battant. Il s’agit d’une œuvre prodigieuse, mystérieuse et protéiforme, mêlant enquête policière, fable fantastique, onirisme et récits intimistes. 1Q84 est réellement une trilogie à découvrir, par un grand auteur japonais. 

    Haruki Murakami, 1Q84, Livre 2 (juillet-septembre), éd. Belfond, 2009, 526 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/07/17/24726989.html

    Voir aussi : "1Q84, I"

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  • Le Mal n’existe pas

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Le Mal n’existe pas. Il sera visible du 24 au 30 avril 2024. Soirée débat le mardi 30 avril à 20 heures 30.

    Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d’un « camping glamour » dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l’équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois...

    Le Mal n’existe pas, drame japonais  Film belge de Ryūsuke Hamaguchi 
    avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa, Ayaka Shibutani, 2024, 107 mn
    Titre original : Aku wa sonzai shinai]
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1440
    https://diaphana.fr/film/evil-does-not-exist

    Voir aussi : "Holly"

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  • 1Q84, I

    confrérie,murakami,1q84,japon,japonais,fantastiqueIl y a fort à parier qu’une fois commencées les premières lignes de ce roman il vous sera difficile de le refermer. Il se pourrait même que vous vous précipitiez sur les deux tomes suivants, car 1Q84 constitue une trilogie qui est en passe de devenir culte.

    Ce roman au titre énigmatique (dont l’explication est distillée au fil des pages) suit en parallèle le parcours des deux personnages principaux, Aomamé et Tengo.

    Sans dévoiler l’intrigue tordue à souhait, disons qu’il est question dans ce premier tome d’un livre mystérieux écrit par une lycéenne qui l’est tout autant, d’un professeur de mathématiques et écrivain embarqué dans un projet artistique risqué, d’une tueuse à gage, d’une secte dangereuse et des "little people"… Il est aussi question du temps qui passe, d’amour, des traumatismes de l’enfance et de la poursuite de nos rêves. C’est aussi le début d’une grande aventure pour Tengo et Aomamé, deux personnages extraordinaires que vous n’êtes pas prêts d’oublier.

    Haruki Murakami, 1Q84, Livre 1 (avril-juin), éd. Belfond, 2009, 534 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/06/06/24437567.html

    Voir aussi : "Miso Soup"

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