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  • Une guerre des sexes

    Les Arcanes de la Maison Fleury mérite de figurer parmi les sagas de bande dessinée les plus étonnantes, les plus envoûtantes et les plus épicées de ces dernières années. Les éditions Tabou proposent une adaptation française de cette BD érotico-policière venue tout droit d'Italie. Gabriele Di Caro en est l'auteur pour le scénario et le dessin.

    Nous sommes à Londres au XIXe siècle, sous le règne de Victoria. La capitale anglaise est encore traumatisée par les crimes de Jack L’Éventreur lorsque survient une série de meurtres tout aussi atroces et perverses, et dont les victimes sont - là encore - des femmes. Le commissaire Barnes, secondé par l'inspecteur Reid, sont chargés de l'enquête. L'identité d'une victime les conduit au cœur d'une maison close tenue par Madame Fleury.

    L'établissement est renommé. Les femmes qui y logent se prostituent pour la bonne société. Une pensionnaire sort du lot. Elle se nomme Pearl et est étrangement isolée et "préservée". Elle intéresse le commissaire Pearl car elle a visiblement bien connu l'une des victimes du tueur en série. L'enquête commence alors que le bordel de Madame Fleury continue cahin-caha son commerce sulfureux. Entre en jeu un photographe qui propose un singulier marché à la tenancière, mais aussi à Pearl : faire des photos érotiques de celle-ci.

    Un récit où se mêlent sexe et violence, magie et sorcellerie, crimes et utopie, violences masculines et désirs d’émancipations féminines

    De multiples rebondissements attendent le lecteur des Arcanes de la Maison Fleury tout au long des trois tomes de la saga : crimes pervers, suspects (trop) évidents, fausses pistes, génies du mal, secrets intimes et paranormal. Gabriele Di Caro déploie un récit aux multiples ficelles sur fond de complots, mais aussi de sexe et d'érotisme.

    Le dessin assez classique de Di Caro lui permet d'entrer dans l'intimité de la maison close, sans rien cacher des ébats qui y ont lieu, et sans taire non plus le sordide de ces établissements particulièrement prisés par la bonne société.

    L'enquête policière et l'univers victorien renverront au fait divers et au serial killer le plus connu du monde – et aussi le plus mystérieux : Jack L’Éventreur. Mais c'est pour mieux s'en éloigner en proposant un récit où se mêlent sexe et violence, magie et sorcellerie, crimes et utopie, violences masculines et désirs d’émancipations féminines.

    Il faut aller jusqu'au troisième tome, sorti en ce début d'année, pour connaître le fin mot de l'histoire, avec deux figures qui sortent du lot : l'étrange et fascinante Pearl et un modeste boulanger muet, à qui l'auteur réserve un destin  inattendu.   

    Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 1, Le Rossignol, éd. Tabou, 2021, 56 p.
    Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 2, Les Coulisses, éd. Tabou, 2022, 56 p.
    Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 3, Utopie, éd. Tabou, 2023, 56 p.
    Traduction de Claire Nyman 
    http://www.tabou-editions.com/fr

    Voir aussi : "Libres et affranchies"

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  • Espions, Flemming, MI6, M, Q… mais sans 007 

    Un bien énigmatique titre pour une histoire qui ne l’est pas moins. La Ruse, film d’espionnage réalisé par John Madden et sorti en France l’an dernier, se présente comme un récit d’autant plus ahurissant qu’il se base sur une historie vraie, survenue en pleine seconde guerre mondiale. Et l’un des protagonistes – certes un des personnages secondaires – n’est autre que Ian Flemming, le père de James Bond.

    En 1943, les Alliés s’apprêtent à reconquérir l’Europe dominée par les armées hitlériennes. La première étape est un débarquement qui doit avoir lieu en Sicile, "le ventre mou de l’Europe", selon Churchill lui-même. Le hic c’est que les Allemands le savent aussi. Une opération de désinformation est lancée par les services secrets britanniques. Le moyen ? bâtir de toute pièce un récit sur un officier britannique retrouvé noyé sur les côtes espagnoles et transportant avec lui des faux-documents pour duper l’ennemi.   

    Derrière cette opération d’intoxication se cache une célébrité : Ian Flemming

    L’histoire de cette opération surnommée "Mincemeat" ("Chair à pâté") fait partie des opérations d’intoxication militaire les plus impressionnantes de l’Histoire. Elle a surtout permis d’épargner, nous dit le film, la vie de dizaine de milliers de soldats lors du Débarquement d’Italie en 1943. Autant dire que cela méritait bien un long-métrage et une reconstitution, depuis les discussions sur sa faisabilité jusqu’aux retournements complètement imprévus, en passant par le choix du cadavre et la création de l’identité du noyé. Le film s’avère de ce point de vue efficace.

    Ce qui l’est moins est la partie sentimentale : une sémillante secrétaire et fonctionnaire (Kelly Macdonald) courtisée par deux brillants officiers (Colin Firth et Matthew Macfadyen). Cette jeune veuve assez peu éplorée est prête à tomber dans les bras d'un mari dont le couple flanche, sous les yeux d'un agent jaloux en mal de reconnaissance. Cette partie du film est la moins convaincante et tend à alourdir un film d’espionnage qui tenait largement la rampe avec cette histoire de manipulations, d’imprévus et de coups tordus.  

    C’est là aussi qu’il faut parler de ce qui s’avère être le vrai sel de La Ruse. Car, derrière cette opération d’intoxication se cache une célébrité : Ian Flemming, le créateur de James Bond. Les scénaristes ont fait du futur écrivain la voix off du récit. Une liberté, certes, mais qui cache aussi les origines du célèbre et fictionnel 007 : l’amiral John Henry Godfrey, le supérieur de Flemming, surnommé M, et Q trouvent leurs origines dans l’opération "Mincemeat". Et si James Bond était réellement né durant ces années de sang et de feu ? 

    La Ruse, film d’espionnage et de guerre britannico_américain de John Madden,
    avec Colin Firth, Kelly Macdonald, Matthew Macfadyen,
    Penelope Wilton et Johnny Flynn, 2021, 128 mn, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/la-ruse/h/19150840_50001

    Voir aussi : "Les liens du sang"
    "Un Churchill costaud et massif"

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  • Zones grises

    Derrière le personnage de Kate Woodcroft, l'une des figures centrales de la série Anatomie d'un scandale, les fans de Downton Abbey reconnaîtront certainement l’actrice qui incarnait la charmante et insupportable Mary Crawley. Ici, Michelle Doherty se mue en implacable procureure de la couronne, en charge d’un sujet hautement sensible et qui va elle-même se mettre dans de sales draps.

    L’affaire en question tourne autour de James Whitehouse (Rupert Friend, que l’on a vu dans Homeland), brillant et séduisant homme politique britannique, protégé par le premier ministre conservateur du Pays de Sa Majesté. La presse révèle une liaison qu’il a eu avec une assistante. L’affaire est très embarrassante pour cet homme marié et père de deux enfants. Mais tout se complique lorsque sa maîtresse l’accuse quelques jours plus tard de viol. Un procès s’ouvre pour comprendre ce qui a pu se passer. Ce qui se joue est finalement moins la question de l'adultère que le problème du consentement sexuel et des zones grises.

    L'épisode 4 propose un retournement inattendu

    La mini-série Anatomie d’un scandale a été, nous annonce Netflix qui le propose sur sa plateforme, un grand succès en Grande-Bretagne. Bien que produit aux États-Unis, c’est bien à Londres que se passe le récit : le Londres des beaux-quartiers, du Parlement et des prestigieuses écoles – car le passé va avoir son importance dans cette histoire scabreuse et imaginaire (la série est tirée du roman éponyme de Sarah Vaughan).

    Si vous êtes fans des films de procès, vous allez être gâtés, d’autant plus que l’épisode 4 propose un retournement inattendu dans ses dernières minutes, ce qui va complètement changer la tournure des événements.

    Même si la culpabilité de James Whitehouse est au cœur de la série, ce sont bien deux femmes qui portent à bout de bras le récit : Michelle Doherty, bien entendu, mais aussi l’excellente Sienna Miller (The Lost City of Z), dans le rôle de la femme trompée et qui porte comme un fardeau les doutes qu’elle a au sujet de son mari.

    Voilà une série certes peu révolutionnaire mais qui se boit comme du petit lait. Une vraie addiction, jusqu’à l’épilogue finale. 

    Anatomie d’un scandale, mini-série américaine de     S. J. Clarkson, avec Sienna Miller, Michelle Dockery, Rupert Friend, Naomi Scott et Joshua McGuire, six épisodes, 2022, Netflix
    https://www.netflix.com/fr/title/81152788

    Voir aussi : "Crimes, flegme et glamour"
    "Maîtres et serviteurs à Downton Abbey"

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  • Les plus grands sous le plus petit chapiteau du monde

    Imaginez deux minutes un concert qui réunirait les Rolling Stones au complet, les Who, John Lennon et sa compagne Yoko Ono alors que les Beatles sont encore formés. Il y aurait aussi Marianne Faithfull, Eric Clapton, le guitariste Taj Mahal, le violoniste classique Ivry Gitlis, mais encore des trapézistes, des cracheurs de feu et des acrobates . Tout ce petit monde se réunirait sous la tente d’un chapiteau de cirque éphémère, avec Mick Jagger en Monsieur Loyal. Et puisqu’un show de ce genre n’existerait pas sans un public, des spectateurs serait également là, installés dans des gradins, des "spectateurs tirés sur le volet [qui] ignorent qu’ils seront très longtemps les seuls à pouvoir s’en repasser mentalement les images."

    Improbable, non ? Et pourtant, ce projet musical, The Rock and Roll Circus, a bien eu lieu en décembre 1968, a été enregistré par la télé anglaise – mais jamais diffusé à l’époque – et a constitué un virage dans la carrière des Rolling Stones. Le public n’a pu découvrir ce concert étonnant que 28 ans plus tard, en 1996 au cinéma puis en DVD et Blu-ray.

    C’est ce grand foutraque que nous raconte Édouard Graham dans son essai The Rolling Stones Rock And Roll Circus (éd. Le mot et le reste). L’auteur nous raconte, dans son ouvrage dense et précis, les origines, le déroulé et les aléas de ce projet musical resté à la fois unique et copié (le Rock’n’Roll Circus des Strawbs en 1970 ou le Johnny Hallyday Circus deux ans plus tard). Si les Rolling Stones ont l’idée de créer un concert unique autour du cirque (une thématique déjà utilisée parle chanteur Donovan, les Beatles et même les Stones pour Between The Buttons, un titre de 1966), c’est avant tout pour une raison commerciale : leur dernier album Beggars Banquet vient de sortir et il s’agit d’utiliser la télé à des fins promotionnelles.

    Mick Jagger porte ce projet : "Ce ne sont pas les spectateurs qui viendront aux Rolling Stones, ce sont les Stones qui s’inviteront chez eux par le biais de la télévision… L’idée [du cirque] sera (…) centrale". Le mercredi 11 décembre 1968, les studios d’Intertel Television, à Wembley accueillent dont les artistes transformés en forains d’un soir et un public de fans trié sur le volet pour le film The Rock and Roll Circus, réalisé par Michael Lindsay-Hogg.

    Édouard Graham consacre bien évidemment l’essentiel de son livre au show, au cours duquel se succèdent des figures majeures de la pop : le groupe britannique Jethro Tull, Marianne Faithfull, les Who, qui réalisèrent ce soir, d’après des témoins, la meilleure prestation ou encore le bluesman Taj Mahal, qui réalise lui aussi un show remarqué ("L’un des meilleurs moments de ma vie", reconnaît le musicien qui commence en 1968 sa longue carrière.

    Ivri Gitlis qui semble se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère 

    De longues pages sont consacrées à la participation de John Lennon, de son groupe éphémère... et de sa nouvelle compagne Yoko Ono. On connaît la vraie fausse rivalité des Stones et des Beatles. Or, pour le Rolling Stones Rock And Roll Circus, le moins que l’on puisse dire est que le co-leader des Beatles joue complètement le jeu de son ami Mick Jagger : il se prête à une fausse interview potache, présentant le groupe Dirty Mac, créé de toute pièce avec les Stones, Lennon et aussi Eric Clapton, tout juste parti des Cream. Au cours de ce concert,  unique dans tous les sens du terme, Édouard Graham ne manque pas d’évoquer la prestation improbable de Yoko Ono dans une performance artistique et "politico-philosophique", parvenant à faire de l’ombre au violoniste Ivri Gitlis qui semble se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère. 

    Puisque Mick Jagger et son groupe sont à l’origine du Rolling Stones Rock And Roll Circus, les Stones se taillent la part du lion avec une prestation qui entend être le clou du spectacle. Les interprétations de "Jumpin’ Jack Flash", "Parachute Woman", "No Expectations" ou "Sympathy For The Devil" sont l’occasion pour l’auteur de revenir sur les tensions au sein du groupe, avec un Brian Jones de plus en plus mis à l’écart, quelques mois avant son décès tragique. Édouard Grahams ausculte les relations devenues complexes entre le véritable créateur des Stones et ses comparses devenus des leaders charismatiques et qui finiront d’autant plus par faire plonger Brian Jones que des rivalités amoureuses – Anita Pallenberg, Marianne Faithfull – viennent s’immiscer entre les membres des Stones. "Vers la fin, c’était le genre de gars qu’on redoutait d’avoir au téléphone", a confié crûment John Lennon.

    Concert unique, faussement enfantin et coloré,  The Rolling Stones Rock And Roll Circus est un moment à part dans l’histoire du rock, avec sa part d’ombres, de légendes et de mystères. Peut-être existe-t-il aussi une malédiction dans ce spectacle charnière se déroulant en 1968, année révolutionnaire s’il en est : Brian Jones est retrouvé mort dans sa piscine quelques mois plus tard, les Beatles n’ont plus qu’un an d’existence, Eric Clapton commence une nouvelle carrière après celle au sein des Cream et cette année 68 marque l’arrivée fracassante de Taj Mahal sur la scène blues.

    Resté dans l’ombre, le concert forain des Stones va mettre 28 ans avant d’être diffusé, après des tractations juridiques et des coupes dans les montages. Maintenant qu’une nouvelle édition vient de sortir, l’histoire est-elle finie ? "D’autres fragments inédits émergeront-ils un jour, à la faveur d’une nouvelle action de marketing ? Ce n’est pas impossible", conclue l’auteur. 

    Édouard Graham, The Rolling Stones Rock And Roll Circus, éd. Le mot et le reste, 2021, 180 p.
    https://lemotetlereste.com/musiques/therollingstonesrockandrollcircus
    https://www.imdb.com/title/tt0122689/reference
    https://rollingstones.com

    Voir aussi : "Clatpton, toujours debout"
    "Faites que ça se termine vite"

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  • Le premier EP de Mary Sané a besoin de vous

    Bla Bla Blog a choisi de faire un coup de projecteur sur un premier EP de Mary Sané, en phase de production. Cette période de confinement y est peu propice, ce qui explique pourquoi elle a besoin de vous.

    Cette jeune artiste a écrit son premier mini-album entre Paris et Londres. Elle s’est entourée de Sébastien Levanneur, Tim Campanella, David Marion et Benjamin Nussbaumer pour une première production indépendante financé en partie grâce à la plateforme KissKissBank.

    Le financement permettra l'enregistrement en studio de l'EP, ainsi que de payer les musiciens ayant participé à la production musicale. Cela permettra aussi de fair appel à une équipe en charge du mix et du mastering.

    Bla Bla Blog ne doute pas que cette campagne de crowdfunding permettra la sortie au cours de ce printemps de l’EP de Mary Sané. D’ici là, son univers musical est à découvrir sur Internet, notamment une reprise du Jardin d’hiver, tout en douceur et des titres pop-folk qui laissent augurer une jolie carrière (Destiny Cover, Rome wasn't built in a day).

    Mary Sané, premier EP en production
    https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/premier-ep-mary-sane-2
    https://m.soundcloud.com/marysanemusic
    https://m.facebook.com/marysanemusic

    Voir aussi : "Du plaisir à Eugene avec Loftän"

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  • Suivons Tiger & The Homertons

    Tiger est de retour avec un quatre titres à la fois sobre, mélancolique et voyageur. Rien d’étonnant pour ce bourlingueur et chanteur qui nous offre un nouvel EP cool et indispensable en cette période troublée qui ne nous invite qu’à l’évasion et au zen.

    "C’est un voyage qui alterne les ballades rêveuses et intemporelles. Des harmonies réconfortantes, mélancoliques, de la fin de l'été au milieu de l'automne émanent de la douceur des harmonies, en équilibre parfait avec la puissance et les mélodies de la guitare électrique," explique le songwriter.

    Mais Tiger n’est pas seul dans cette aventure. Il est accompagné de ses amis des Homertons, à savoir la chanteuse et pianiste Célia Kleindienst, le guitariste Dário Ferreira et le bassiste et ingénieur du son Fabio Gentilin, rencontrés à Homerton High Street, à Londres – d’où le nom de ce groupe, indissociable de Tiger.

    En attendant la sortie de leur premier album prévu cette année, Tiger & The Homertons proposent avec Shadow In The Dark un son pop-folk qui s’est nourri des influences de Neil Young ou de Tracy Chapman, mais aussi du rock psychédélique, à l'instar du titre qui donne son nom à l'EP. À maints égards, un vrai retour aux années 70 (Somewhere Else).

    Aux riffs de guitares de Shadow in the Dark viennent répondre la simplicité, pour ne pas dire le minimalisme, de Winter et Follow You. Tout cela donne un EP impeccable, produit à la perfection, et qui s’écoute sans modération.

    Tiger & The Homertons, Shadow in the Dark, EP, 2019
    https://www.tigerandthehomertons.com
    https://www.facebook.com/tigerandthehomertons
    https://www.instagram.com/tigerandthehomertons

    Voir aussi : "Lucy, Racquel et moi"

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  • L’avons-nous bien achevée?

    Je ne sais pas si c’est le genre d’info pour laquelle on doit se réjouir ou s’attrister. La firme chinoise Huawei a annoncé avoir terminé la Symphonie n°8 "inachevée" de Franz Schubert lors d'un concert au Cadogan Hall de Londres grâce à l’intelligence artificielle. Cela s’est passé le 4 février 2019, une date qui risque bien de rester dans les annales, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

    Vous allez me dire que ce travail sur une œuvre posthume n’est pas inédite. Après tout, Franz Xaver Süßmayr s’était bien chargé de terminer le Requiem de Mozart sans que cela ne fasse bondir les amateurs de classique. Sauf que cela s’était passé après la mort du compositeur et que c’était un homme et musicien qui s’était penché sur les partitions inachevées du Requiem. Rien de tel, ici.

    La version "terminée" de la symphonie de Schubert a vu le jour, elle, grâce à l’utilisation d’une intelligence artificielle bénéficiant directement de la puissance de traitement… d’un téléphone portable, le smartphone Huawei Mate 20 Pro, doté d’une IA intégrée.

    Un téléphone portable doté d'une IA intégrée

    L’intervention humaine a par contre joué un rôle important dans ce projet. Huawei a collaboré avec le compositeur Lucas Cantor pour la création d'une partition d’orchestre à partir de mélodie générées par l’intelligence artificielle. La machine a été capable d’analyser le timbre, le mouvement et la métrique de mouvements existants pour créer d’autres mesures. Le compositeur a retravaillé ce matériau pour qu’il reste fidèle au style de la Symphonie n°8 de Schubert qui était inachevée depuis près de 200 ans.

    Lucas Cantor explique d’ailleurs ceci : "Mon rôle était d’exploiter les bonnes idées de l’Intelligence Artificielle et de combler les manques pour permettre à la production finale d’être jouée par un orchestre symphonique. Le résultat de cette collaboration avec l’Intelligence Artificielle démontre que la technologie offre des possibilités incroyables et peut avoir un impact majeur et positif sur la culture moderne."

    Une prouesse technique très impressionnante, mais qui soulève aussi la question de la création artistique comme de la place de l’intelligence artificielle dans l’art. Huawei se réjouit de cette prouesse technologique, qui est aussi un joli coup publicitaire. Il se pourrait bien que ce soit une occasion pour les intellectuels et les philosophes de se pencher sur la place de l’intelligence humaine face à une IA dont les progrès semblent ne pas connaître de limites. Voilà qui est riche d’espérances autant que d’inquiétudes pour l’avenir.

    https://www.huawei.com/fr

    Voir aussi : "Machines : 1 – Humains : 0"

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  • Notre meilleure tueuse

    Quelques bonnes séries ont fait leur apparition cette année. Parmi celles-ci, Killing Eve mérite que l’on s’y arrête. Killing Eve est un de ces excellentes créations, à mi-chemin entre le roman d’espionnage et le polar psychologique.

    Eve Polastri (Sandra Oh) est une fonctionnaire anonyme travaillant pour le MI5. Une femme ordinaire, à l’humour mordant, et surtout douée d’une intuition assez peu commune. Lorsqu’elle tombe sur une affaire en cours, le crime d’un homme à Vienne, elle devine que certains détails ne collent pas. Et elle tombe du même coup sur Villanelle (Jodie Comer), une redoutable et subjuguante tueuse à gage. Les routes de ces deux femmes que tout oppose vont bientôt se croiser.

    Impossible de ne pas accrocher dès les premières minutes de Killing Eve. Cette série américano-britannique séduit par les caractères antinomiques mais bien trempées de l’agent du contre-espionnage et de la tueuse au sang froid. Les auteurs, malins, ont renversé les rôles, en donnant le plus beau rôle à une fonctionnaire ressemblant à madame tout-le-monde. Les amateurs de Grey’s Anatomy reconnaîtront Sandra Oh dans un personnage attachant. Dans le rôle de la femme fatale, Jodie Comer (Journal d'une ado hors norme, Thirteen) est un authentique caméléon – sa véritable force, capable de déstabiliser jusqu’au spectateur.

    L’affrontement entre la fonctionnaire teigneuse et malicieuse et la criminelle rapace et psychopathe promet des étincelles.

    Kiling Eve, saison 1 de Emerald Fennell et Phoebe Waller-Bridge
    avec Sandra Oh, Jodie Comer, Fiona Shaw, Kim Bodnia et Owen McDonnell
    USA et Grande-Bretagne, 8 épisodes, 2018
    en ce moment sur Canal+

    Voir aussi : "Kidding, à en rire ou à en pleurer"