Musique ••• Chanson ••• Eva Marchal, 88
Une guerre des sexes
Les Arcanes de la Maison Fleury mérite de figurer parmi les sagas de bande dessinée les plus étonnantes, les plus envoûtantes et les plus épicées de ces dernières années. Les éditions Tabou proposent une adaptation française de cette BD érotico-policière venue tout droit d'Italie. Gabriele Di Caro en est l'auteur pour le scénario et le dessin.
Nous sommes à Londres au XIXe siècle, sous le règne de Victoria. La capitale anglaise est encore traumatisée par les crimes de Jack L’Éventreur lorsque survient une série de meurtres tout aussi atroces et perverses, et dont les victimes sont - là encore - des femmes. Le commissaire Barnes, secondé par l'inspecteur Reid, sont chargés de l'enquête. L'identité d'une victime les conduit au cœur d'une maison close tenue par Madame Fleury.
L'établissement est renommé. Les femmes qui y logent se prostituent pour la bonne société. Une pensionnaire sort du lot. Elle se nomme Pearl et est étrangement isolée et "préservée". Elle intéresse le commissaire Pearl car elle a visiblement bien connu l'une des victimes du tueur en série. L'enquête commence alors que le bordel de Madame Fleury continue cahin-caha son commerce sulfureux. Entre en jeu un photographe qui propose un singulier marché à la tenancière, mais aussi à Pearl : faire des photos érotiques de celle-ci.
Un récit où se mêlent sexe et violence, magie et sorcellerie, crimes et utopie, violences masculines et désirs d’émancipations féminines
De multiples rebondissements attendent le lecteur des Arcanes de la Maison Fleury tout au long des trois tomes de la saga : crimes pervers, suspects (trop) évidents, fausses pistes, génies du mal, secrets intimes et paranormal. Gabriele Di Caro déploie un récit aux multiples ficelles sur fond de complots, mais aussi de sexe et d'érotisme.
Le dessin assez classique de Di Caro lui permet d'entrer dans l'intimité de la maison close, sans rien cacher des ébats qui y ont lieu, et sans taire non plus le sordide de ces établissements particulièrement prisés par la bonne société.
L'enquête policière et l'univers victorien renverront au fait divers et au serial killer le plus connu du monde – et aussi le plus mystérieux : Jack L’Éventreur. Mais c'est pour mieux s'en éloigner en proposant un récit où se mêlent sexe et violence, magie et sorcellerie, crimes et utopie, violences masculines et désirs d’émancipations féminines.
Il faut aller jusqu'au troisième tome, sorti en ce début d'année, pour connaître le fin mot de l'histoire, avec deux figures qui sortent du lot : l'étrange et fascinante Pearl et un modeste boulanger muet, à qui l'auteur réserve un destin inattendu.
Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 1, Le Rossignol, éd. Tabou, 2021, 56 p.
Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 2, Les Coulisses, éd. Tabou, 2022, 56 p.
Gabriele Di Caro, Les Arcanes de la Maison Fleury, tome 3, Utopie, éd. Tabou, 2023, 56 p.
Traduction de Claire Nyman
http://www.tabou-editions.com/fr
Voir aussi : "Libres et affranchies"
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