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nazis

  • De l’or pour le brave

    Partons à la découverte d’un petit film de série B venu tout droit de Finlande (même s’il a été produit en partie aux Etats-Unis). Sisu, car c’est de lui qu’il s’agit, est sous-titré "De l’or et du sang", des termes qui vont un gant à ce long-métrage d’action ne lésinant pas sur l’hémoglobine.

    Les premières images sont un peu trompeuses. Car si le cadre de Sisu est la Finlande en 1944, pays pris en tenaille entre l’URSS communiste et l’Allemagne nazie, l’histoire laisse vite de côté la géostratégie militaire pour s’arrêter sur un chercheur d’or, ancien militaire pour le moins rustre, tombant nez à nez avec une troupe de soldats du IIIe Reich.

    Les sbires d’Hitler vont regretter – du moins ceux qui survivront suffisamment longtemps – d’être tombés sur cet homme solitaire prêt à tout pour défendre son or.

    C’est du côté d’Inglorious Basterds et de Tarantino qu’il faut aller chercher les références de ce petit film européen

    C’est du côté d’Inglorious Basterds et de Tarantino qu’il faut aller chercher les références de ce petit film européen bâti sur un scénario tenant sur une page à peine. Il n’y a quasiment pas de dialogue et le fil conducteur est la survie d’un homme dans une région à feu et à sang. Au passage, notre "poor lonesome gold digger" va tomber sur des captives de la Laponie, utilisées comme objets sexuels par des soldats allemands dont la cruauté va être punie à sa juste mesure.

    Dans un paysage désertique, notre héros, rustre, taiseux et sachant se servir aussi bien d’un fusil, d’un couteau que d’une pioche, incarne moins l’esprit de résistance – un rôle plus dévolu aux prisonnières dans la scène de la poursuite en camion – que la nature brute, la solitude et l'appât du gain.

    Le sang coule à flot dans Sisu, non sans humour noir. C’est tellement énorme que cela en devient surréaliste, à l’instar du premier Kill Bill. Un vrai film de série B, disions-nous, qui se regarde non sans plaisir. Et avec curiosité. 

    Sisu, de l'or et du sang, film d’action historique finnois et américain de Jalmari Helander,
    avec Jorma Tommila et Aksel Hennie, 2022, 91 mn, Canal+ 

    https://www.canalplus.com/cinema/sisu-de-l-or-et-du-sang/h/22549177_40099

    Voir aussi : "OTAN, O mœurs"
    "Flukt, alors !"

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  • Espagne, année 0

    Le thriller espagnol fait des vagues, à telle enseigne que l’on peut deviner dans les prochaines années un réel engouement, à l’image des polars venus du froid. Mais nous n’en sommes pas encore là. En attendant, intéressons-nous à un film passé complètement sous les radars et qui vaut pourtant son pesant de cacahuètes.

    The Replacement a choisi l’année 1982, date fondamentale pour l’Espagne post-franquiste, sur le point d’élire le premier gouvernement démocratique et socialiste. Un tournant, un an après le coup d’état manqué d’une junte nostalgique de Franco, mort 7 ans plus tôt. 1982 est également l’année de la coupe du monde de football, compétition dont les Français se souviennent… C’est cette année que débarque à Dénia, sur la Costa Brava, Andrès. Ce policier, aussi taiseux que mû par un idéalisme qui lui a sans doute coûté sa mutation, débarque sur ce port apparemment paisible avec femme et enfant.

    Arrivé à son poste, il rencontre ses collègues, dont Columbo, un policier antipathique, abîmé par le tabac et l’alcool. Andrès découvre qu’il remplace un collègue mort d’une overdose. Rapidement, les opérations de surveillance de la police autour de villas luxueuses le troublent. Mais Colombo lui demande de ne pas faire de vague. 

    Óscar Aibar gratte le vernis de la société espagnole post-franquiste

    Des vagues, il va pourtant y avoir, grâce à Andrès (Ricardo Gómez) mais aussi Columbo (le formidable Pere Ponce). Dans une facture classique – le flic bad boy et le vieux policier bourru se lancent dans une enquête borderline – Óscar Aibar gratte le vernis de la société espagnole post-franquiste. 40 ans de dictature fasciste ne s’effacent pas d’un trait de plume, est-il rappelé, comme le montre une scène du bar au cours de laquelle le salut fasciste réapparaît très vite.

    En situant son récit au début des années 80, le spectateur peut se délecter des reconstitutions historiques : vêtements, coiffures, voitures, mobiliers... et omniprésence de la cigarette. Le réalisateur a la bonne idée de donner à l’histoire le cadre de la coupe du monde de football (mais pas la fameuse demi-finale France-Allemagne…).

    Le cœur du récit est un épisode passé sous silence : celle d’une Espagne devenue un asile pour des centaines d’anciens officiers nazis. The replacement est tiré d’une histoire vraie, ce qui donne au film un trouble supplémentaire. Seul bémol : Óscar Aibar ne joue pas toujours dans la subtilité.

    En tout cas, le message transmis par le cinéaste, après un dernier retournement, a le mérite de sonner comme une alarme : après la disparition d’une génération persécutée, le mal est prêt à revenir et à frapper de nouveau. Nous voilà prévenus.  

    The replacement, thriller historique espagnol d’Óscar Aibar,
    avec Ricardo Gómez, Vicky Luengo, Pere Ponce, Joaquín Climent
    et Susi Sánchez, 2022, 117 mn, VOD, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/the-replacement/h/17689951_40099

    Voir aussi : "Amour, musique, matelas et autres contrariétés"

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