Musique ••• Classique ••• Coups de roulis, opérette d’André Messager
La sagesse de la musique
On est heureux de retrouver le duo Kaori après trois ans d’absence. Ils débarquent cette fin d’année avec leur troisième opus, Dans l’attente d’un signe.
On les avait laissés avec leur lumineux album À Ciel ouvert. Les guitaristes proposent avec cette nouvelle publication un savant mélange de chansons françaises (Rue Marquet), de blues (Tu donneras ton chèque), de sons jazzy (le magnétique instrumental Un soir à Yaouhé) et de rythmes venus d’ailleurs (Femme, ô femme).
Il y a pourtant un je ne sais quoi de nostalgie et de mélancolie, à l’instar du titre qui donne son nom à l’album ("Envolée l’illusion / Enfouis les faux-semblants, / Sous les sables du temps, / Nos semelles de plomb / Nous collent à la terre / Retiennent nos prières"). Sans propos virulents, presque avec douceur, le groupe Kaori chante la fuite du temps, les rêves enfuis, sans pour autant appeler à baisser les bras ("Cueille au creux de ta main / Tes songes les plus clairs / Laisse-les flotter dans l’air", Dans l’attente d’un signe).
Oui, les musiciens ont beau parler et chanter comme deux sages remplis d’expériences (La parole des vieux), ils laissent la porte ouverte aux belles âmes humaines, à la générosité et à l’amitié – ils en savent quelque chose (Les chemins de la vie).
Belles âmes humaines
L’amour a aussi sa place dans ce bel album qui sait si bien réchauffer les cœurs en cette saison morne à tout point de vue. C’est la jolie déclaration d’amour et le singulier hommage féministe qu’est le jazzy Femme, ô femme. N’oublions pas non plus cet appel au carpe diem et à la jouissance sans entrave (Forçat de plaisir). C’est aussi Ma belle Ilienne qui nous transporte, y compris dans les sons, du côté de la Nouvelle-Calédonie dont sont originaires les deux musiciens. Une nostalgie pour la Nouvelle Calédonie exprimée encore dans Le ciel de mes rêves : "Je veux tant / Vivre aux îles où si peu est important, / Dans l’éternel été". On les comprend.
Le Kanak Alexis Diawari et le descendant de bagnard Thierry Folcher proposent là un exemple d’album généreux (le joli morceau mêlant blues et sons traditionnels, Se tendre la main) et proposant un message humaniste en faveur du dialogue, des mélanges, de l’optimisme envers et contre tous, bref de la liberté ("Je suis un homme libre : / Mon seul maître est le vent, / Je ne pense qu’à vivre / Et oublier le temps / Si tu crois qu’par esprit de lucre / J’vais faire le beau pour un su-sucre / … Tu peux garder ton chèque !", Tu donneras ton chèque).
On sort de cet album en passant par la Rue Marquet, jazzy à souhait. Bonne humeur et sourires assurés par un groupe qui a fait le choix de la vie.
Kaori sera en concert le jeudi 14 novembre au Sunset à Paris.
Kaori, Dans l’attente d’un signe, Absilone, 2024
Kaori en concert le jeudi 14 novembre au Sunset (Paris)
https://kaori-officiel.com
https://www.facebook.com/kaori.officiel
Voir aussi : "Kaori, toutes voiles dehors"
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